REJECT THE SICKNESS: Signs of the end

Belgique, Death/Black metal (Autoproduction, 2025)

Avec un patronyme pareil – Reject The Sickness – une pochette comme celle-là et un titre d’album qui en dit long – Signs of the end – on se doute bien qu’on ne va pas avoir à faire à des enfants de choeur. Bien que les Belges de Reject The Sickness aient choisi un nom tout droit issu de la crise sanitaire, le groupe existe depuis 2008 avec l’union du hurleur enragé Guy Vercruysse et du guitariste Ruben Van Der Beken qui finalisent le line-up deux ans plus tard et publient une première démo, Slack muscles heal. 2010 marque ainsi la vrai naissance de Reject The Sickness qui célèbre aujourd’hui son 15ème anniversaire. Pour l’occasion, le groupe publie Signs of the end qui puise autant dans le hardcore enragé que dans le death/thrash, tout en lorgnant du côté du black malsain. On retrouve ici des traces de Amon Amarth ou de Hypocrisy dans des versions volontairement brutales. Le groupe (complété de Zoran Van Bellegem/guitare, Jonas Messiaen/basse et Jannick Govaert/batterie) ne met jamais le pied sur le frein mais parvient à créer des ambiances sombres et inquiétantes (pessimistes?) offrant ainsi une palette violemment variée. Brutal et efficace.

PRÉVISIONS second semestre 2025

Même si le second semestre est déjà bien entamé – juillet est passé et août sera calme, profitons tous de ces moments de repos mérités – la rentrée et la fin d’année s’annoncent déjà très prometteuses, tant du point de vue des albums attendus que des concerts à venir.

On attendait tout d’abord le retour des mighty Saxon aux Zénith de Paris, Nantes et Toulouse les 11, 12 et 13 septembre. Mais les Anglais ont publié récemment le live Eagles over Hellfest et annoncé le Castles and eagles tour en France, promettant d’interpréter l’intégralité de l’incontournable Wheels of steel avant de se voir contraints d’annuler 10 concerts cet été, Biff Byford, le chanteur de 74 ans, ayant dû subir une opération d’urgence. Une opération cardiaque qui a révélé, comme il l’a annoncé ce 15 août sur les réseaux, que les médecins lui ont également découvert un cancer. Les prestations annoncées en Europe sont ainsi reportées au printemps 2026. Nous ne pouvons que souhaiter à Biff un prompt rétablissement, qu’il se soigne, prenne soin de lui et soit totalement rétabli pour ce cinquième Zénith de Paris (quatrième en tête d’affiche, cf. le récap de l’histoire du groupe avec la salle) avec Sortilège en guest de luxe et son nouveau membre permanent, Michaël Zurita (il a notamment travaillé avec Satan Jokers – et connait donc bien Olivier Spitzer, l’autre guitariste de Sortilège – Furious Zoo, Gogol 1er, Big Ben, Fiona Gelin…) qui remplace feu Bruno Ramos. Une superbe affiche proposée par GDP pour une belle reprise d’activité.

On se rattrapera alors avec le duo américain le plus barré du moment, j’ai nommé KrashKarma qui, sur son World on fire tour, propose rien moins que 5 dates en France entre le 4 septembre (à Fontenay le Comte) au 13 septembre (à Belfort)! Metal Eyes sera présent au Dropkick bar d’Orléans le 11 septembre pour un nouveau moment qu’on imagine à la fois festif et explosif. Ralf et Nikki iront-ils chercher le public jusque dans la rue? Seuls les présents le sauront !

On ira sans doute ensuite à l’Olympia à Paris le 11 octobre pour célébrer comme il se doit Sidilarsen qui vient clôre sa tournée soutenant son dernier album en date, Que la lumière soit, sorti il y a maintenant plus d’un an. Le concert produit par Veryshow promet d’être grandiose tant les Toulousains sont en forme.

Comment manquer la venue de Disturbed qui sera, accompagné d’une première partie de choix (Megadeth), au Zénith de Paris le lendemain, 12 octobre. Une soirée proposée par Live Nation, tout à la fois brute et pleine d’émotion à n’en pas douter. Le groupe propose en effet une soirée spéciale célébrant les 25 ans de son album The sickness qui sera joué dans son intégralité ainsi qu’un Best-of de sa très riche carrière.

C’est ensuite la venue de Paradise Lost qui pourrait nous tenter… Garmonbozia propose 3 dates des Anglais en France: le 19 octobre à l’Aéronef de Lille, le 20 à l’Élysée Montmartre de Paris et le 21 à la Rayonnerie de Lyon. Il seront pour l’occasion accompagnés de Messa et, sur les deux dernière dates, Lacrimas Profundere.

Décidément, 2025 et GDP célèbrent les anniversaires! Après la publication de son nouvel album, Giants and monsters, en bacs le 29 août, les Allemands de Helloween viennent célébrer 40 ans de carrière au Zénith de Paris le 22 octobre. Ils seront pour l’occasion accompagnés de Beast in Black. Les Allemands s’étant montrés très en forme ces dernières années, nul doute que le spectacle sera à la hauteur des attentes du public.

Nous retournerons sans doute au Zénith pour une touche plus explosive. Arch Enemy viendra enflammer la salle le 27 octobre prochain, quatre jours après son passage à Lyon (le 23 au Radiant Bellevue) avec, là encore, une affiche plus qu’alléchante puisque le Bloody Dynasty tour produit par AEG réunira Gatekeeper, Amorphis et Eluveitie autour de la tête d’affiche.

Direction ensuite Issoudun pour y retrouver la nouvelle édition de la Firemaster convention les 24, 25 et 26 octobre. Trois journées dédiées au metal, entre conférences, expos et concerts divers. Cette année, l’orga nous propose de retrouver rien moins que les Français de Shâarghot, Locomuerte, Les Tambours du Bronx, Lofofora, mais aussi de découvrir Sun et son Brutal Pop ainsi que retrouver le Chris Slade Timeline venu pour nous faire une nouvelle fois voyager dans le temps.

Le mois d’octobre pourrait se conclure avec la venue des Anglais de The Darkness à l’Élysée Montmartre de Paris le 29. Un concert proposé par Veryshow qui promet d’être haut en couleurs, voire même croustillant, comme son dernier album, Dreams on toast, sorti en mars dernier.

Le 2 novembre marquera le grand retour des Danois de Volbeat qui viendront, produits par GDP, présenter leur nouveau guitariste, Flemming C. Lund, ex-The Arcane Order au Zénith de Paris. Ensemble, ils célèbreront la sortie du nouvel album God of angels trust, accompagnés de Bush.

Quelques mois après avoir enflammé la cité de Carcassone, les Français de Gojira lancent leur nouvelle tournée française qui débute le 27 à l’Arena de Reims pour se terminer le 12 décembre au Zénith de Strasbourg. Une douzaine de dates produites par GDP, dont Paris (Accor Arena, le 30 novembre), Marseille (Le Dôme, le 6 décembre) ou Lyon (LDLC Arena, le 10 décembre).

Rien ne semble pouvoir arrêter la croissance de la popularité des guerriers de Sabaton qui reviennent avec The Legendary tour – faisant référence à leur nouvel album, Legends, disponible dès le 17 octobre prochain. Année après année, le public se fait plus massif, les fidèles permettant aux Suédois d’investir des salles de plus en plus importantes, passant, ne serait-ce qu’à Paris, en une quinzaine d’années de l’Alhambra au Zénith, investissant également le Bataclan, le Trianon ou l’Élysée Montmartre avant de se retrouver, cette fois, à l’Accor Arena de Paris (le 28 novembre) puis, le lendemain au LDLC de Lyon. On attend comme toujours un show, une nouvelle fois produit par GDP, haut en couleurs.

EUROCKEENNES DE BELFORT: Iron Maiden, Avatar et The Raven Age: report de la première journée – jeudi 3 juillet 2025.

Pour fêter son 35ème anniversaire, l’incontournable festival Les Eurockéennes a décroché la timbale avec une tête d’affiche de choix, Iron Maiden, qui, de son côté, célèbre 50 ans d’existence. C’était pour Metal Eyes l’occasion de se déplacer pour la première fois à Belfort et découvrir ce mythique festival. J’arrive malheureusement trop tard pour faire l’interview prévue de The Raven Age (qui va s’avérer être mon groupe maudit de la journée!)

@EUROCKEENNES 2025

Après une longue route, c’est une très tout aussi longue file de voitures qui s’étend le long d’une simple voie. Une fois enfin installés sur le parking – le terrain de l’aérodrome transformé comme tous les ans en lieu d’accueil de véhicules – nous rejoignons une autre file, celles des festivaliers qui attendent tranquillement de pouvoir monter dans une des très nombreuses navettes nous menant à l’entrée du site. Arrivé sur place, je découvre un lieu qui, en temps normal, doit être paisible. La presqu’île du Malsaucy est située sur un vaste plan d’eau qui offre un décor exceptionnel.

@EUROCKEENNES 2025

Jusque-là, l’organisation est parfaite. Avant même d’entamer le voyage, l’accueil et la communication sont au top. C’est ma première venue, et à peine ai-je demandé à Ephélide, en charge des RP du festival (et aussi de Rock en Seine, de Solidays et d’autres évènements) s’il était possible de venir couvrir le festival que je reçois une réponse des plus chaleureuses. Puis, quelques jours avant, je reçois par mail confirmation des interviews planifiées. La veille au soir, c’est un mail expliquant les conditions photos et, enfin, le jeudi matin, premier jour du festival, une des attachées de presse d’Ephélide communique les noms des photographes accrédités pour le concert d’Iron Maiden. Des réponses par mail rapides, pas de stress, pas d’attente, c’est clair, efficace, et plus qu’appréciable et apprécié. plus encore, bien que nous soyons, médias, privilégiés, nous sommes tous conviés, le premier soir, à un « pot metal ». L’occasion de faire connaissance avec les journalistes et photographes que nous ne connaissons pas encore, d’échanger avec Kem, l’organisateur et de passer un moment simplement convivial.

@EUROCKEENNES 2025

Alors que je m’apprête à aller photographier The Raven Age, premier des 3 groupes à jouer aujourd’hui, je réalise que l’accueil ne m’a pas donné mon pass photo… Il faut donc qu’un des membres du service médias file à vélo pour le récupérer à l’autre bout du site mais… Lorsqu’il me remet enfin le sésame, il est trop tard, les trois premiers titres sont terminés. Dommage car si musicalement The Raven Age propose un metal à la fois moderne et classique, la formation a travaillé son look, les musiciens apparaissant tous le corps grimé de noir, du torse jusque sous la mâchoire. L’effet interpelle sans détourner pour autant l’attention du propos musical.

Le public semble réceptif mais, on le sait, même s’il s’agit du groupe fondé par George Harris, le fils de Steve, la foule est présente uniquement pour Iron Maiden. Tant et si bien que, le lendemain, L’Est Républicain rapportera cet « incident surprise » (et, heureusement, sans conséquence) lié à l’ouverture des portes: c’est devenu une tradition que le directeur du festival accueille le premier festivalier à accéder aux Eurockéennes pour lui offrir des cadeaux. Là, il s’est retrouvé face à des fans courant pour arriver au premier rang lui disant « on n’a pas le temps« ! Le sac de goodies sera donc offert au premier festivalier le lendemain.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Ceux qui sont au premier rang ne bougent pas. Le reste de la foule s’éparpille quelque peu le temps du changement de plateau. La colline faisant face à la Grande Scène se remplit de nouveau à l’approche de l’heure tant attendue. Quelques spectateurs, proches du malaise ou simplement trop serrées par la foule compacte, sont évacués par la sécu juste avant que ne retentissent les premières mesures de Doctor, doctor (UFO). C’est parti, la folie s’empare de la marée humaine qui hurle sa joie. Puis, en intro, The ides of march, l’instrumental qui introduit l’album Killers retentit tandis que le gigantesque écran de fond de scène diffuse des animations relatant les premières années de la Vierge de Fer.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

La folie s’empare du public dès l’arrivée des six sur scène pour un premier moment d’anthologie, un Murders in the rue Morgue pas joué depuis 2005 suivi de Wrathchild, quant à lui bien intégré aux setlists. Puis c’es au tour de Killers, plus rare encore puisque sorti des setlist depuis… 1999! Et voici la première apparition d’Eddie, gigantesque monstre en colère qui vient, armé d’une hache, tenter de s’en prendre aux musiciens. Heureusement, super Bruce est là qui vient lui glisser une main dans l’entrejambe, ce qui perturbe la mascotte qui se plie et se retire.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Bruce s’adresse ensuite au public, annonçant, en français évidemment, que « ce soir, c’est une naissance et un anniversaire! Une naissance parceque c’est la première fois qu’on joue à ce festival, et un anniversaire parce qu’on fête les 50 ans d’Iron Maiden« . En faut-il plus pour que le public entame un « Joyeux anniversaire » avant que Maiden enchaine sur Phantom of the opera pas joué depuis une bonne décennie?

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Chacun se montre dans une forme éblouissante, Janick Gers toujours aussi virevoltant, Adrian Smith concentré dans un esprit « force tranquille », Steve Harris, maitre de cérémonie, allant chercher le public, Dave Murray toujours souriant et simplement heureux d’être là, et, s’il saute moins dans tous les sens qu’il y a quelques années, Bruce Dickinson continue d’arpenter la scène en tous sens et d’haranguer la foule qui lui mange dans la main! Et puis, aussi, il y a le nouveau batteur, Simon Dawson que les fans connaissent déjà pour être le compagnon de scène de Steve Harris au sein de British Lion. Si j’ai maintenant vu le groupe plus de 20 fois, c’est mon premier témoignage avec ce line-up (la seule formation que je n’ai jamais vue est celle de 1981 marquant l’arrivée de Smith), et on ne peux que constater que si le batteur n’a pas le charisme ni la côte de popularité de Nicko McBrain, sa frappe est redoutable et efficace. Mieux, il apporte de temps à autres une touche personnelle.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

L’écran géant diffuse des animations complémentaires aux chansons et pendant deux heures, Iron Maiden revisite ses premières années, de Iron Maiden jusqu’à Fear of the dark. Powerslave est particulièrement à l’honneur avec 4 titres (d’affilée, Powerslave avec un énorme Eddie sphinx en 3D qui envahi l’écran tandis que Bruce revêt un masque à plumes comme sur le World slavery tour de 84/85, 2 minutes to midnight, sur lequel la pluie commence à tomber, et le gigantesque Rime of the ancient mariner, Aces high arrivant quant à lui en rappel). Killers fait part égale avec The number of the beast, ce dernier alignant également 3 extraits ( le morceau titre, Run to the hills et Hallowed be thy name avec Bruce enfermé dans une cage sombre et inquiétante).

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Iron Maiden a certes décidé de ressortir quelques morceaux plus joués depuis des lustres, dont The Clairvoyant de nouveau disparu après la tournée Maiden England de 2014, mais reste fidèle à ses classiques. The trooper voit un nouvel Eddie tunique rouge débouler, celui-ci, bien connu du public, Bruce portant la même tunique mais allant échanger son drapeau anglais pour revenir avec celui de notre pays, ce qui ne manque naturellement pas de faire hurler la foule.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Avec Iron Maiden, on le sait, le concert touche à sa fin. Le groupe quitte quelques instants la scène, puis le discours de Churchill annonce la rappel qui débute avec Aces high. Là encore, Iron Maiden surprend en interprétant Fear of the dark à la suite, là où cet hymne faisait partie du corps principal du show. Mais plus encore, le concert se termine, étonnamment selon moi, avec le superbe Wasted years… Que veut nous dire Iron Maiden? Que ces 50 ans ont été gâchés? ou alors que cette tournée marque un nouveau départ? Peu impporte au final, car Iron Maiden a livré ce soir, pour sa première date française du Run for your lives tour, un concert dantesque qui prouve une fois de plus que le groupe est encore dans une forme olympique. Superbe concert de bout en bout!

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Alors que retentit le désormais incontournable Always look on the bright side of life qui accompagne les spectateurs vers la sortie, nous filons vers la Plage pour le concert d’Avatar. Au fil des ans et de leurs nombreux concerts en France, les Suédois se sont eu aussi forgés une solide fan base. Une bonne partie du public est grimée comme le Joker représenté par le chanteur Johannes Eckestrom. Qui a déjà vu Avatar live le sait, là encore, le spectacle est plus qu’une promesse.

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

Un serviteur (ou serait-ce un bourreau?) quelque peu mal à l’aise arrive sur scène transportant une grosse boite cadeau, la pose devant la batterie. Satisfait, il en retire le chapeau, le pose et se retourne vers le public, incitant ce dernier à applaudir. résultat: un ballon rouge s’élève au bout d’une corde, suivi d’un chapeau et du chanteur qui sort tranquillement, le regard à la fois interpellé et narquois. Il s’avance vers le micro, malaxe le ballon qui explose, transformant instantanément le personnage en fou furieux incontrôlable. Dance devil dance lance les hostilités et donne le top départ aux slammers qui vont occuper la sécu tout le long du concert.

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

The eagle has landed (et ses « ladies and gentlemen… » chantants et repris en chœur par le public) offre un premier moment plus… calme suivi d’une nouveauté étonnante et efficace, Captain goat, titre à l’issue duquel Johannes informe le public que, ce soir, c’est le premier concert d’Avatar depuis bientôt 9 mois et que c’est la première fois qu’ils interprètent ce morceau sur scène. « On n’a jamais joué ce morceau live… Peut-être devrions nous en jouer un autre? » In the airwaves, vraisemblablement prévu au prochain album est une exclu du soir et se révèle tout aussi efficace et furieux que ce qu’on attend maintenant d’Avatar.

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

Les désormais classiques sont aussi au rendez-vous, principalement issus du gigantesque Hail the apocalypse (Bloody angel, Tower et le morceau titre qui vient clore le concert) mais c’est l’ensemble de la discographie du groupe qui est passée en revue, même le quelque peu décalé Avatar country qui lance le rappel avec, après le chant fédérateur Glory to our king, Welcome to Avatar country.

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

Ce soir encore, Avatar a livré une prestation exceptionnelle, un spectacle de haut niveau comme le groupe en a désormais l’habitude. Et si ce premier concert n’était qu’un « tour de chauffe », alors on attend la suite avec impatience. rendez-vous au Zénith de Paris? En tout cas, ce set d’Avatar est une très belle manière de terminer cette longue journée. Un dodo s’impose avant de revenir demain!

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

Report de la seconde journée à suivre…

CORPORAL PUNISHEMENT: Inverted demise

France, Death metal (M&O, 2025)

Depuis sa formation à Toulouse en 2019, Corporal Punishement propose un death metal speedé, direct et, cependant, empli de nuances. Rien ne sert de tabasser sauvagement, le groupe l’a bien compris. La période de crise sanitaire lui permet de peaufiner son sujet, de stabiliser son line up en 2021 et, après un Ep, The new plague, le groupe revient aujourd’hui armé de ce Inverted demise explosif. Les 11 titres évoquent tour à tour Death ou Morbid Angel, et, si la rythmique (Fabien Wheeler, membre fondateur, et François Bresson, respectivement à la basse et à la batterie) pilonne sévèrement, si le chant d’Alexandre Fischer, également fondateur, est rugueux comme l’impose le genre, Corporal Punishement sais mettre le pied sur le frein pour offrir quelques instants de respiration bienvenus. Ce n’est que pour mieux repartir avec des guitares qui charcutent (toutes deux tenues par Kevin Carrière et Félix Desfrances) . Brutal de bout en bout, ce premier album nous présente un groupe plein de promesses. A suivre, donc.

Interview: SLAVES OF IMPERIUM

Interview SLAVES OF IMPERIUM. Entretien avec Matthew Barry (guitare lead) le 13 mai 2024

Comme c’est la première fois que nous parlons, commençons par la question la plus originale, décalée et rock’n’roll qui soit : Slaves Of Imperium c’est quoi, c’est qui, vous venez d’où ? Ça a été monté quand et pourquoi ?

Ah ouais… C’est une grosse question (rires) !

Je t’ai posé toutes les questions de l’interview en une seule !

C’est bien. Alors… Slaves Of Imperium s’est formé en 2019 à partir de deux autres groupes de la scène bretonne. On était tous dans d’autres groupes avant et on s’est rencontrés sur les scènes locales. On avait la volonté de créer quelque chose qui nous correspondait plus que ce qu’on faisait.

Vous étiez dans quels groupes tous ?

J’étais dans un groupe de reprises hard rock, Backstage, on tournait sur les scènes du Morbihan principalement. Cédric (Sébastian, chant), David (Péné, guitare rythmique) et Kristen (Gachet, batterie) étaient dans un groupe de metal symphonique, Inimorality. C’était sympa, mais ça ne nous convenait plus. On a monté Slaves Of Imperium ensemble pour subvenir aux besoins créatifs de chacun. Malheureusement… on a choisi le meilleur moment pour former un groupe, juste au début du Covid. Les concerts, c’était mort, donc on en a profité pour composer. Le premier album est sorti en 2022, le nouveau, New waves of cynicism est sorti le 15 mars. Il était déjà composé, un tiers ou à moitié, avant la sortie du premier album.

J’imagine que vous avez aussi pu tirer profit de cette situation afin d’avancer sur la cohésion du groupe et la composition…

Oui, ne serait-ce que d’apprendre à se connaitre musicalement. Au départ, les compos étaient basiques, histoire d’apprendre à jouer ensemble. Mais par la suite, une fois qu’on se connait un peu mieux, on compose des choses qui nous correspondent un peu mieux.

Le groupe a naturellement dû évoluer (il confirme). Quand j’écoute l’album, ça n’a rien à voir avec les styles dont tu parlais avec vos anciens groupes. Comment décrirais-tu la musique de Slaves Of Imperium à quelqu’un qui ne vous connait pas ?

C’est une musique qui est composée et mise au service de l’émotion qu’on veut véhiculer, avec des thèmes, des textes qu’on veut mettre en avant. On n’a pas de style… Enfin, si, il y a une base qui est plutôt death/thrash metal, du fait de nos influences respectives. Moi, j’écoute plutôt du thrash ou du death, Raphaël (Fournier, basse) écoute du black et du prog, on a tous nos influences… Pour autant, on ne cherche pas à rester dans un style spécifique, ce qui sort, c’est naturel.

Quels sont les thèmes « littéraires » que vous abordez ?

On a une influence qui est assez littéraire en effet. Notre chanteur, quand on lui demande quelles sont ses influences en musique, il va citer des écrivains… Les deux albums sont une suite logique, en fait : dans le premier album, on analyse les émotions de l’être humain, et on les décortique. Dans le second, on va encore plus loin et on regarde ce qu’il se passe dans notre cercle familial, privé. Et on se rend compte qu’il y a des horreurs abominables qui se passent parfois juste en bas de chez soi… et personne n’en parle, on ne s’en rend pas compte. On fait le lien avec ces deux albums entre l’humain et ce qui peut lui arriver de pire.

Le premier album c’était Observe. Analyze. Sanitize. qui est sorti il y a maintenant deux ans. Comment analyserais-tu l’évolution, humaine et musicale, du groupe entre ces deux albums ?

L’évolution humaine est logique : on commence à composer alors qu’on ne se connait pas… On se connaissait un peu, mais pas au niveau d’aujourd’hui. Plus on travaille ensemble, plus on sait ce qu’il faut faire pour que ça corresponde à chacun, et que ça intègre les envies créatives de chacun. Musicalement… Le premier album est, on peut dire, plutôt simple dans son approche. Justement parce qu’on ne se connaissait pas suffisamment. On avait un thème, des morceaux qui était composés un peu chacun de son côté. J’en avais composé avant même de monter ce groupe, Cédric aussi. On a mélangé tout ça comme on a pu. New waves of cynicism a été composé ensemble, avec l’expérience de chacun.

Donc c’est de ce côté qu’il faut chercher l’évolution, chacun ayant pris part à la composition et ayant pu donner son avis.

Exactement. Du coup, le résultat est beaucoup plus varié, contrasté, dynamique… lourd et sombre, aussi. C’est vrai que le premier album avait une base thrash bien présente, tandis que là, on n’hésite pas à briser les codes de notre genre pour mettre la musique au service de l’émotion qu’on veut véhiculer. Si on estime que le morceau, les paroles seraient mieux mis en avant avec une orchestration ou des arrangements autres que ce qu’on retrouve de manière classique, on le fait. C’est là-dessus qu’on a évolué. D’une part, c’est ce qui nous fait plaisir, et d’autre part, c’est ce qui rend notre musique intéressante, donc on va continuer dans ce sens. On n’a pas encore composé de morceaux pour un troisième album, mais on a déjà le thème, les textes sont quasiment terminés, on a des bouts de riffs… On ne va pas tarder à se mettre au travail et on ira encore plus dans ce sens, ne pas hésiter à incorporer d’autres influences, d’autres style que simplement du thrash et du death metal.

Avec quelques touches de black aussi, notamment dans le chant qui peut être très agressif…

Tout à fait, c’est un peu la patte de Raphaël, notre bassiste. C’est ce qu’il aime, le black !

Tu parlais du fait de constater ce qui peut se passer sur nos paliers. Au-delà de l’évolution musicale, tu peux envisager que vous puissiez pousser votre analyse de notre société actuelle encore plus loin ?

Justement, c’est ce qu’on cherche à faire. Je pense qu’à chaque fois qu’on avancera, on ira un petit peu plus loin à ce niveau. Le concept du troisième album est dans cette veine, on va chercher à aller plus profondément encore. On n’apporte pas des réponses, on est que des êtres humains, on s’interroge… Après chacun est libre d’interpréter les choses à sa manière. Quand on trouve un thème intéressant, on veut simplement le pointer du doigt, le montrer… « hé, oh… il se passe ça ».

Vous voulez montrer ce qu’il se passe. Etes-vous, individuellement, engagé dans des actions, les uns et les autres ?

Non, on ne peut pas dire qu’on soit engagés. On entend des histoires qui nous choquent… Les thèmes qu’on aborde, ce n’est pas des choses qu’on a forcément vécues individuellement, mais ce sont des histoires qu’on entend et qui nous font mal… Je ne sais plus quelle était l’idée de départ mais on se rend compte, avec le temps, que quand on compose la musique, c’est l’émotion qu’on ressent quand on apprend ce qui peut arriver près de chez nous qui est traduite, c’est le carburant de notre musique. Elle sort grâce à ça.

Il y a sur l’album un titre en français, Sarmat. Quelle était votre volonté en incluant ce morceau ?

Au départ, quand on a commencé à composer, notre chanteur a écrit directement en anglais. Ce n’est pas sa langue natale, mais tous les titres du premier album ont été composés de cette façon. Il s’est rendu compte par la suite que le fait d’écrire d’abord en français et qu’on traduise tous ensemble ensuite ouvrait beaucoup plus de portes au niveau du vocabulaire. Quand on a écrit Sarmat et qu’on l’a lu, on s’est dit que ça sonnait super bien en français. C’est une traduction qui aurait pu se faire, mais on aurait perdu quelque choses… Donc, on l’a laissé en français, et pourquoi pas, d’ailleurs ? On est un groupe français, alors, qu’est-ce qui nous empêche de le faire ? On souhaite quand même rester principalement en anglais car ça ouvre plus de portes à l’international. On restera là-dessus mais pourquoi pas, sur les prochains albums, avoir un ou deux morceaux en français. Il y en a déjà un qui est prévu parce que le thème le demande…

Ce qui signifie que Slaves Of Imperium a aussi des ambitions internationales (il confirme). Un groupe de rock, c’est aussi la scène, quels sont vos projets pour défendre cet album ?

Là, on vient tout juste de rentrer d’une tournée européenne, qui correspondait à la date de sortie de l’album. Le prochain objectif est de défendre l’album en France. Mais, entre la production de l’album, sa sortie et la tournée européenne, on n’a pas vraiment eu le temps de se projeter sur la fin d’année. On vient de rentrer, on se pose et on va organiser quelque chose en France pour la fin d’année, début d’année prochaine.

Vous revenez de tournée. Vous avez tourné où et avec qui ?

On l’a organisée seuls, cette tournée, on n’a pas accompagné d’autres groupe en tant que première partie. On a joué avec des groupes locaux : on est partis de Paris, on est ensuite allés à Berlin, Prague, Cracovie, on a fait trois dates en Roumanie, on a fait la Slovaquie, la Slovénie, l’Italie… tout ça en 15 jours trois semaines… On a fait, je crois, onze concerts d’affilée !

Vous avez bien bougé !

Oui, oui. On n’avait jamais fait autant de concerts d’affilée. On a commencé un peu fort !

C’était un autre rythme…

Exactement ! C’était très enrichissant d’un point de vue « musicien » mais aussi d’un point de vue humain. Ça nous apprend à travailler le live de manière beaucoup plus efficace : se mettre en place, faire les balances, monter et ramasser le matériel… C’est un bon entrainement pour la suite.

Et j’imagine que d’un point de vue humain ça permet de découvrir certaines qualités ou non qualités des uns et des autres…

Absolument, ça permet déjà de savoir si on se supporte dans un même véhicule, les uns sur les autres pendant trois semaines (rires) !

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de New waves of cynicism pour expliquer à quelqu’un ce qu’est l’esprit de Slaves Of Imperium, ce serait lequel ?

Waow, compliqué ! Un seul titre ? C’est compliqué parce que nos morceaux sont assez variés… Je ne sais pas s’il y en a un qui nous représente suffisamment… Après, on a fait un choix sur l’album, mettre Parasites en premier, parce que c’est un morceau qui rentre dans le lard tout de suite et qui reste assez riche en matière de composition. Oui, pour faire découvrir mon groupe à quelqu’un qui ne nous connait pas je pense que je dirai Parasites, mais, vraiment, la question est difficile…

Vous démarrez depuis quelques années avec ce groupe. On sait pertinemment qu’en France, un groupe de rock ne vit pas de sa musique. Quelles sont vos activités dans vos autres vies ?

On a tous nos boulots : je suis mécanicien, Raphaël est architecte, Kristen était boulanger mais il est en train de se réorienter, david est chauffeur poids lourds, et Cédric est responsable de ligne dans une usine agro-alimentaire.

Tu disais au début de notre entretien que vous ne vous connaissiez pas quand vous avez monté le groupe. Qu’est-ce qui fait que, à un moment donné, vous avez décidé de vous retrouver, de vous réunir autour de cette nouvelle entité ?

Pour être tout à fait honnête, c’est…

L’argent !

Ouais, carrément, oui ! Tout à fait (rires) ! Au départ, c’était vraiment parce que la scène dans notre localité était limitée, et on n’avait pas la possibilité de chercher d’autres personnes avec qui monter un groupe. Il n’y a pas 50.000 personnes dans notre coin qui voulaient faire de la musique… dès lors que tu rencontre quelqu’un qui est sur la même longueur d’ondes que toi, t’es obligé de tenter quelque chose. Pas sûr que tu aies une autre possibilité de le faire après… Coup de chance, on s’est rendu compte qu’on est vraiment tous sur la même longueur d’ondes, et on a de la chance de se trouver là !

C’est un peu un choix par défaut…

Je ne dirai pas « par défaut », même si je comprends ce que tu veux dire… Musicalement on savait qu’on allait pouvoir faire quelque chose. Humainement, c’est vrai qu’on ne se connaissait pas plus que ça, et… Oui, quelque part, c’est un peu « par défaut », comme tu dis, parce qu’on n’est pas très nombreux dans notre bled…

Si tu devais penser à une devise pour Slaves Of Imperium, ce serait quoi ?

(Rires) C’est compliqué encore comme question ! Je pense que chacun répondrait différemment…

Ça tombe bien, c’est à toi que je pose cette question !

Attends, il faut que je réfléchisse là… Une devise ? Vraiment dur… Si je devais être dans la déconne, je dirais « Live fast and die drunk », mais là, on n’est pas dans la déconne… (NdMP : en même temps, les gars ont fait produire des bières à leur nom)

Quoique, quelque part, c’est assez cynique…

Oui, c’est vrai, mais c’est un délire entre nous. Ce n’est pas ce que j’aurai répondu…

Tu as encore un peu de temps pour y réfléchir alors… Parlons de la pochette de l’album : elle présente deux personnages, un squelette habillé en costume, une autre personne, assez féminine et musculeuse, qui tient un couteau… Il y a une forme de dualité entre la confrontation de la mort et de la vie, la mort éclairée et la vie dans le côté sombre, la mort qui semble assez pacifique et la vie très menaçante avec son couteau dans le dos…

C’est intéressant d’écouter ta description… Il y a beaucoup de détails qui laissent libre court à chacun de se faire son interprétation. Pour ma part, ce serait une explication plus simple : cette image, pour moi, représente parfaitement le cynisme. Le fait d’avoir cette poignée de main et d’avoir un couteau dan s le dos… On sert la main à quelqu’un mais dans le dos, il y ale cynisme, le manque de confiance, la méfiance qui est là. C’est une image qui représente pour moi parfaitement le titre. Maintenant, il y a pas mal de détails, cette pochette est assez riche à ce niveau-là.

TEMPT FATE: Holy deformity

France, Death metal (Autoproduction, 2023)

Après un premier album, Human Trap, paru en 2018, les Toulousains de Tempt Fate reviennent avec Holy deformity. Dire que la rentrée sera calme serait jouer la politique de l’autruche. Car ce nouvel album n’est que brutalité. Composé de 8 titres aussi volontairement explosif que directement « dans ta face », Tempt Fate ne laisse aucune place à une quelconque possibilité de paix sonore ou de réconciliation de l’humain avec lui même. Du virulent titre d’ouverture, Deadlights, à l’explosive sortie de route Erlebnis, on a l’impression que le combo règle ses compte avec ses pairs (le morceau titre, Filth of life, purge), la religion (God ends here, Grind fate)… Mais Tempt Fate ne nous offre pas qu’un album brutal, il nous propose aussi un disque sombre et inquiétant. Pour public averti et/ou amateur de sensations fortes.

ORKHYS, HEVIUS et ARAE live à Orléans – Dropkick bar, le 27 mai 2023

Retrouvez ici la galerie du concert

C’est sans doute la première véritable journée complète de temps chaleureux et presque estival qui accompagne les Franciliens de Hevius, initiateurs de cette soirée metal varié, au Dropkick d’Orléans. Varié car ce sont ce soir trois groupes aux styles différents et complémentaires que le public va pouvoir écouter et voir. Un public qui va grossir très rapidement grâce à l’ambiance et la bonne humeur qui viennent de la salle en sous sol (qui, aujourd’hui, heureusement, propose un peu plus que d’affreuses lumières rouge – complètement disparues, d’ailleurs).

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

C’est Orkhys qui ouvre le bal. Le quintette vient défendre son dernier album, A way (dont vous pouvez ici retrouver la chronique) et semble à la fois en forme et concentré. Le heavy de la formation « à la harpe » est plus direct et moins symphonique en live que sur disque, Laurène et ses compagnons se donnant à fond tout au long des 50 minutes allouées à chacun des groupes. L’ambiance se faisant plus légère et festive au gré des titres, le public croit en nombre et en personnalités. Impossible de ne pas remarquer ce presque septuagénaire qui fait ses doléances à la chanteuse et donne ses conseils et avis entre chaque titre! Impossible également de ne pas  le voir arriver, marteau en main et casque sur la tête, le phénomène Thor – ou sa version féminisée – qui lui aussi approuve chacun des morceaux proposés par un groupe en forme!

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

Un groupe dont l’entente est visible – tant sur scène qu’en dehors – et la complémentarité entre les guitaristes – Brice et Henri – exemplaire. la section rythmique – Lancelot à la basse et Jean-Yves « PanPan » à la batterie apporte une solidité structurelle à cet ensemble plus que festif.

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

A way est ce soir à l’honneur avec 4 des 8 morceaux originaux proposés – A way (en intro), Brand new world, The devil & the impudent et Blood Ties, son EP se voyant honoré par les deux tiers des compos (Guardians of our lives et The end of lies).

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

La harpe de Laurène apporte une touche sonore des plus originales aux morceaux, harpe dont elle inaugure ce soir les éclairages led qui lui permettent de mieux voir les cordes et dont elle demande son avis au public. Oui, on garde, d’autant que les effets de lumière sont sympa.

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

Avant de conclure ce concert, Lancelot, s’offre un petit tour dans le public avant que Laurène présente ses compagnons de jeu et interpelle le public lui ordonnant presque de chanter le dernier morceau, l’imparable The Clansman d’Iron Maiden dans une versions fidèle bien que plus teintée de folk grâce aux apports de la harpe.

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

Les Parisiens de Hevius viennent quant à eux défendre leur dernier album, Millénaire (la chro est toujours ici) dont Julien Ferrier, le fondateur nous avait parlé en pleine crise sanitaire (voir ici l’interview débridée). Le style radicalement plus heavy metal de Hevius est contrebalancé par la bonne humeur tant des musiciens (sérieux s’abstenir, svp) que le côté festif de la musique (sans toutefois se transformer en parodie de Happy metal). La musique et le fun comme thérapie, en somme, et le public est très réceptif.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Le groupe démarre pied au plancher avec les speedé De l’autre côté du miroir, premier titre qui nous montre une formation très en place avec des gimmicks efficaces (balancements et mouvements de guitares simultanés) Julien haranguant le public bientôt et régulièrement, toujours avec le sourire.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Public au sein duquel on trouve également ses énergumènes, dont ce  jeune gars en costume qui s’agenouille à l’issue de chaque chanson comme pour vénérer les musiciens, scandant des « exceptionnel! » ou autre « extraordinaire! » dès qu’il le peut. Mais demandant aussi à interrompre le concert parce qu’il a… perdu un bouton! A chacun son public, hein!

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Même si on circule aisément, le public fait la fête, pogotant, faisant une sorte de ronde avec Thor, sautant en tout sens… Le public est partie prenante de l’ambiance de ce set, réagissant à la bonne humeur des musiciens – le guitariste Olivier Louis-Servais souriant presque tout au long du concert, Ugo (basse) appliqué et complice en conneries, Florian (clavier) qui teste aujourd’hui sa Keytar, son nouveau jouet lui permettant plus de mobilité sur scène et Alex, seul coincé derrière sa batterie mais au sourire facile.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Le marteau de Thor et son casque – qu’il place sur la tête d’Olivier, ensuite récupéré par une Laurène très participative – sont sujets à amusement tout au long des festifs extraits de Millénaire (De l’autre côté du miroir, Millénaire, Une autre vie, Aux armes, Hevius et versa – la reprise du Vice versa des Inconnus!) Hevius nous fait aussi l’honneur de présenter ce soir deux nouveaux titres encore jamais joués live – l’engagé Ma Terre et Eternelle – avant de conclure avec un public qui chante à tue tête Nous sommes des rois, titre pendant lequel Laurène et Brice s’invitent sur scène pour une joyeuse zizanie.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Avec un public chaud comme la braise, Hevius a donné un concert impeccable de bout en bout. une ambiance comme on les aime qui se retrouve bientôt à l’extérieur, le temps de débarrasser le plateau pour laisser la place à Arae.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Le temps de discuter un peu avec les musiciens, je redescend pour une petite rasade de Death metal dispensé par les Tourangeaux d’Arae. A peine arrivé en bas, je découvre Nicolas Hirondelle, le guitariste soliste, qui prend la pose, à genoux ou presque sur la scène, sa guitare à plat sur ses jambes. Son compère Nicolas Macabrey, à la guitare et au chant, hurle ses paroles accompagné brutalement par Valentin Smolinski, au départ concentré sur sa basse et se lâchant rapidement, et Flo Aemeth qui fait souffrir ses peaux.

Arae @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Si le death n’est pas mon truc, nous ne pouvons que reconnaitre que les quatre sont appliqués, forgeant des riffs inspirés par les grands du thrash au death, des rythmes de plombs, Nicolas C. allant régulièrement chercher le public tandis que l’autre Nicolas (fut un temps, ils y en avait 3, des Nicolas… un critère de sélection?)reprend sa pose au sol… Mais la pose s’avère être plutôt de la souffrance, le guitariste ayant du mal à se relever et à tenir debout. Il terminera le concert assis sur une chaise, quelque peu soulagé.

Arae @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Brutal et efficace, je laisse Arae conclure cette soirée haute en couleurs dont on ne pourra que déplorer le manque de public, même si la salle était correctement fournie. On saluera la sympathie des groupes présents qui ont fait de cette première soirée estivale (les températures, pas la date) une soirée plus que festive.

Arae @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Retrouvez ici la galerie du concert

Interview: EXCEPT ONE

 

Après avoir exploré le très violent nouvel album de Except One, Metal Eyes a pu tranquillement échanger avec Naty, le batteur du groupe parisien formé dans les années 2010 par la « chanteuse » Estelle et Junior, l’un des deux guitaristes. Naty a rejoint la formation au moment du second Ep et a donc pu enregistrer le deux albums, Fallen en 2018 et Broken, le nouveau brûlot de 2022. Il définit Except One comme « un groupe de Death mélodique et metalcore qui a tourné avec des groupes comme Dagoba ou Jinger. On avait une tournée prévue juste avant le Covid, mais voilà… Le dernier album, Broken, a été composé à moitié avant la pandémie et l’autre moitié pendant le confinement« .

La pandémie a naturellement dû impacter la réalisation de ce second album, mais dans quelle mesure le groupe ayant commencé à le composer avant? « Le Covid a donné quelque chose de positif, c’est qu’on a eu du temps. On n’avait pas de concert, ce qui nous a donné plus de temps pour composer, se poser, travailler d’un point de vue technique aussi. Il a influencé les paroles également, on était dans une période incertaine… Ce qui donne ce nouvel album, Broken »

La voix d’Estelle n’a quant à elle rien de cassé (il rit). Au delà de cette furie vocale, comment Naty définirait-il la musique du groupe à quelqu’un qui ne connait pas Except One? « Si on parle en termes techniques, je dirais que c’est du death old school mélangé à du death moderne et du deathcore, arrivé plus tard, et du metalcore. On a tous des influences différentes dans le groupe…  Du black, du thrash, du hardcore, et le mélange de tout ça donne Broken, et ça peut parler à tout le monde… Il y a de tout, mais pas du metal symphonique. » Chacun apporte ses idées, c’est un travail commun qui donne ce résultat?  » C’est plus sur des riffs de guitare. Tim compose les bases, apporte ses riffs et ensuite, on étoffe et le morceau se compose. On va modifier certaines parties, mais c’est plutôt la base d’une personne consolidées par tous. »

La prod est puissante, le son est gras et laisse de la place à chaque instrument. « On a travaillé avec un directeur artistique, on a enregistré chez lui. On a travaillé différemment de Fallen où on avait pas cet apport d’un directeur artistique. On lui a dit ce qu’on voulait et on a pu trouver des compromis« . L’album a été enregistré d’une autre manière, alors comment Naty analyse-t-il l’évolution du groupe entre fallen et Broken? « Il y a une évolution technique, on a vraiment mis l’accent dessus. On voulait garder la puissance de Fallen mais on a mis plus d’ambiances aussi, d’où l’apport de samples qu’on ne trouvait pas avant. Ca donne une ambiance plus sombre et plus aérienne par moment, ça met en évidences les breakdowns. On est parti sur quelque chose de plus sombre et de plus techniques. » Ouais, plus »aérien » si on veut, mais alors chargé de nuages sombres, lourds et menaçants…

Si Naty devait ne me présenter qu’un seul des dix titres de ce nouvel album qui soit le plus représentatif de ce qu’est aujourd’hui Except One, il « pense que ce serait In nomine, le plus représentatif de l’album, celui qui a fait l’objet d’un clip. Il y a un riff d’enfer, un breakdown au milieu, la voix guttural mais aussi du chant clair sur un bridge. » In nomine évoque la religion, alors le groupe a-t-il des sujets de prédilection? « Pas forcément, on parle de choses qui nous touchent. Ca peut être la dépression, des choses plus émotionnelles, certains morceaux comme Seeds of revolt ou Blood of the underdog traitent plus de colère de la civilisation, des sociétés. Il peut aussi y avoir des choses plus personnelles comme le rejet parental sur Still alive… En revanche, on évite de parler de thèmes politiques. Ca n’a pas sa place dans ce qu’on fait et on n’a pas la prétention de maitriser suffisamment ce sujet pour en parler. Mais il n’y a pas vraiment d’interdits...  »

Terminons avec la devise du groupe, étonnante: « Ah, une devise? On en avait une avant, qui colle un peu moins aujourd’hui, mais bon: « des fleurs, des oiseaux, des bébés, le tout dans un mixeur »… Je dirais qu’on pourrait ajouter aujourd’hui une touche un peu plus sombre, un peu moins thrash. »

Propos recueillis par téléphone le 14 février 2022.

Interview: ARKAN

Interview ARKAN: entretien avec Samir (basse) Propos recueillis par téléphone, le 9 octobre 2020

Photo promo

Metal-Eyes : Samir, Arkan sort son cinquième album. La première chose : pourquoi ce titre Lila H qui est l’anagramme de Hilal, votre album de 2008…

Samir : Ahhhh ! Tu as trouvé le truc (rires) ! C’est quelque chose qu’on n’a pas dit, on la laissé en mode « off », donc, chapeau ! En fait, il veut dire beaucoup de choses… c’est en effet l’anagramme de notre premier album, Hilal, mais en arabe, ça veut dire « pour Dieu ». Tu connais le concept de l’album, qui parle de ces fous de Dieu qui ont fait tous ces massacres pendant la décennie noire en Algérie. Lila, ça veut dire « la nuit », donc cette période sombre de l’Algérie, cette période sombre dans nos vies, pour tous ceux qui ont grandi pendant cette période-là. Et Lila, c’est aussi un prénom féminin. Pour nous, c’est un peu le petit enfant qui se balade dans les décombres. C’est un personnage que tu vas trouver dans un de nos clips, Broken existences.

 

Metal-Eyes : Ces décombres qui remontent à 1991 d’après le making of que vous avez posté… Comment en êtes-vous arrivés à faire ressortir ces évènements ? Vous ne les avez pas tous vécus ?

Samir :  Non, pas tous. Mus (El Kamal, guitares) avons grandi en Algérie. Je suis arrivé en France, j’avais 25 ans. Toute cette période-là, effectivement, on l’a vécue de plein fouet. On avait 11 ans en 90, et toutes les années qui ont suivi, de 11 à 21 ans… Normalement, ces années là, celles de l’adolescence, sont les plus belles d’une vie, ben, voilà, nous on l’a vécu comme ça : entre des attentats, des alertes, des massacres… On en entendait tous les jours. On a eu de la chance, on n’a pas été touchés dans notre chair, mais c’est toute une génération qui a vécu cette époque.

 

Metal-Eyes : J’imagine qu’écrire un album comme ça est aussi une sorte d’exutoire. Qu’est-ce qui a été le déclencheur ?

Samir : A la sortie de Kelem, notre quatrième album, on se posait la question du suivant. On aime bien composer, Mus arrive toujours avec de nouvelles idées, et au fur et à mesure de nos discussions, Manu (manuel Munoz, chant), qui est arrivé pour Kelem, apprenait à nous connaitre. Il commençait à entendre toutes nos histoires et je pense qu’e ça l’a un peu choqué. En plus, nous, quand on les raconte, on met un peu de légèreté, mais c’est une sorte de défense… Florent (Jannier, chant et guitare) a proposé de raconter ça pour l’album suivant. C’est comme ça que c’est venu.

 

Metal-Eyes : Et ça fait du bien ?

Samir : Ecoute… Je n’ai pas suivi de psychothérapie après cette décennie, mais c’est clair qu’en parler, vulgariser quelque chose que tout le monde ne connait pas forcément, c’est important. Nos potes, nos amis qui ont vu ça quand ils étaient ados, ils l’ont vécu de loin. C’est important qu’ils sachent comment on l’a vécu, et aussi, pour les générations actuelles en Algérie, c’est important de retranscrire cette époque pour qu’ils ne retombent pas dans les mêmes travers …

 

Metal-Eyes : Justement : l’Algérie, c’est ton pays d’origine. Quelle est la situation d’Arkan en Algérie, quel impact pouvez-vous y avoir ?

Samir : On a déjà joué en Algérie il y a trois ans pour un festival, ça s’est super bien passé. Je pense qu’à un certain moment, quand on fait des gros concerts – on a déjà joué avec des groupes comme Paradise Lost, Arch Enemy ou Sceptic Flesh – nos compatriotes sont contents de voir que certains Algériens qui ont commencé dans la scène metal algérienne – on avait déjà un groupe quand on était en Algérie – ont évolué. Je pense qu’on est plutôt bien perçus.

 

Metal-Eyes : Dans la vidéo de présentation de Lila H, vous dites « Arkan a le souhait de transmettre des valeurs ». Quelles sont les valeurs d’Arkan ? C’est seulement pour te démontrer que je suis allé le voir, hein…

Samir (il rit) : Ben… C’est bien ! Déjà, tu m’as bluffé avec l’anagramme, donc, c’est bon (rires). Nos valeurs ? Chaque album qu’on fait, c’est un concept, on cherche à raconter des histoires. La musique, c’est un langage universel, qui raconte plein de choses. Que tu comprennes ou pas un titre, tu es emmené, c’est un peu un voyage. On veut pouvoir faire voyager nos auditeurs et nos fans. Nos valeurs, c’est surtout cette musicalité qu’on veut partager.

 

Metal-Eyes : Justement ? en parlant de musiclité… La musique d’Arkan est à la fois très extrême et très variée, vous avez deux chanteurs qui ne se cantonnent pas que aux hurlements caractéristiques du death mais qui vont moduler tout au long de l’album. Vous travaillez comment ces voix ? Par rapport au message de chaque chanson ?

Samir : Il faut savoir que nos chanteurs bossent ensemble. Beaucoup. Et le chant, death ou clair, est travaillé d’un commun accord. Comme je te disais, nous, on travaille par rapport à des concepts, eux travaillent en rapport avec les paroles. Si l’intensité des paroles requiert quelque chose de très dur et percutant, ce sera du death, s’il faut un peu d’aération, c’est Manu qui reprend avec un chant clair, aérien. C’est un tout, travaillé d’après la musique et les paroles.

 

Metal-Eyes : Elle a commencé quand la conception de cet album ?

Samir : Ouh, il y a très longtemps ! En 2018, fin 2017…

 

Metal-Eyes : Donc après la sortie de Kelem, qui est paru en 2016…

Samir : Voilà. On a commencé à travailler dessus en 2017, et il a eu le temps de mûrir, de changer, de bouger. On est assez perfectionnistes dans notre musique, donc un titre finalisé le dimanche peut être remis en cause le jeudi.

 

Metal-Eyes : Comment analyserais-tu l’évolution d’Arkan entre Kelem et Lila-H ?

Samir : Je pense qu’il y a une certaine continuité. La particularité de Kelem, c’est l’arrivée de Manu au chant. Il a réussi à retranscrire cette voix claire dans notre univers. Je pense que là, il s’est vraiment affirmé sur certains titres, comme sur Crawl où il s’occupe du chant de bout en bout. Il retranscrit très bien l’univers de la musique et des textes.

 

Metal-Eyes : Et vous avez fait évoluer voter manière de composer ?

Samir : A la base, c’est toujours la même… Mus, c’est un volcan d’idées, de riffs et de mélodies. On essaie de travailler autour de la guitare, des mélodies, et à partir de là, le chant arrive avec tout ce qui vient en parallèle. Après, on s’occupe des arrangements. C’est vraiment un travail de groupe.

 

Metal-Eyes : Il a été enregistré où et produit par qui ?

Samir : Il a été enregistré au studio XXXXXXX, à Goteborg, chez Frederik Norstom.

 

Metal-Eyes : C’est pas le première fois que vous travaillez avec lui…

Samir : Non, c’est la quatrième fois ! C’est une sommité, et pour cet album, on voulait un son puissant, le bon détail, la bonne sonorité entre les instruments traditionnels et les guitares. On sait ce qu’il fait, c’est un super pro qui nous connait très bien, il sait où on veut aller et il sait aussi nous arrêter quand, parfois, on en fait peut-être un peu trop. C’est le gars qu’il nous fallait pour cet album.

 

Metal-Eyes : Parlons maintenant de Lila-H : comment pourrais-tu me le vendre, me convaincre d’aller l’acheter la semaine prochaine ?

Samir : Mmmhhh… bonne question ! Je ne suis pas un bon commercial ! Mais je dirai que c’est un album sincère, authentique. On a essayé de retranscrire des émotions, des petites histoires. Ce n’est pas un album documentaire, on ne se met pas à la place de médias, on a simplement raconté des choses que nous avons vécues, Mus et moi. On a été sincères dans notre démarche.

 

Metal-Eyes : Alors, pour quelqu’un qui ne vous connait pas, comment pourrais-tu décrire votre musique ?

Samir : Notre musique ? C’est un mélange, un brassage de cultures. C’est effectivement du metal, musique qu’on a toujours aimée et écoutée depuis notre adolescence, avec une culture, qui, pour ma part, est celle dans laquelle j’ai grandi, la culture arabe, berbère… On a voulu retranscrire ces sonorités dans cette musique metal qu’on aime, comme l’ont fait déjà certains groupes.

 

Metal-Eyes : Donc c’est un peu plus fusion que folk comme certains aiment à vous décrire ?

Samir : Ben, c’est un peu le problème, qu’on ne puisse pas nous coller une étiquette… Quand certains festivals nous disent que c’est un peu prog, mais le festival est plus pagan… Nous, dans notre musique, on fait ce qu’on aime, au moment où on veut le faire. C’est-à-dire que si on a envie d’une sonorité pagan, alors ce sera du pagan. On ne fait pas uniquement du death, ou du pagan, ou du prog. On y met tout ce qu’on sait faire et tout ce qu’on aime. Tant que ça colle à ce qu’on veut faire, aux paroles, s’il faut que ça passe par un changement de tempo, d’autres instruments, changement de voix… On a deux chanteurs dans le groupe, c’est justement pour nous accorder cette possibilité de changer d’ambiance.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul des titres de Lila-H pour expliquer ce qu’est Arkan aujourd’hui, ce serait lequel ?

Samir : Il y a tellement de différentes ambiances que c’est un peu compliqué…

 

Metal-Eyes : Je sais, mais tu dois séduire ton auditeur avec un seul titre…

Samir : Un seul… Alors je choisirai Broken existences… C’est un titre que je trouve percuttant, on rentre directement dans le vif du sujet avec un gros son de guitares, une basse très profonde et une batterie très présente, ainsi qu’un chant growl hyper percutant et on arrive sur un refrain plus clair, très entrainant. C’est un titre qui représente bien la variété de ce que fait Arkan.

 

Metal-Eyes : Et le titre lui-même, « les existences brisées », colle bien au thème de l’album. Une dernière chose : quelle pourrait être la devise d’Arkan ?

Samir : Une devise ? Je sais pas… En fait, aujourd’hui, tu veux me poser que des colles, toi ! (rires)

 

Metal-Eyes : Non… En tant que journaliste amateur, je fais quelques recherches et j’attends avec impatience le jour où un musicien fera pareil et me dira « attends, je suis allé voir les questions que tu poses, et celle-là, elle revient tout le temps, alors voilà ! »

Samir (il rit) : Tu as raison ! Alors… Une devise ? « Fraternité ». Parce que, simplement, on est de vieux potes, ça fait 15 ans qu’Arkan existe.

 

Metal-Eyes : As-tu quelque chose à rajouter ?

Samir : J’espère que cet album parlera au gens et qu’il leur permettra de s’informer sur ces années 90 en Algérie.

 

 

 

Interview: CARCARIASS

Interview Carcariass : rencontre avec Raphaël Couturier (basse). Propos recueillis au Black Dog à Paris, le 12 février 2020 2020

Metal-Eyes : Raphaël, commençons par les nouvelles du moment puisque Carcariass a recruté un . Que peux-tu nous dire de plus pour expliquer ce choix ?

Raphaël : Pascal Lanquetin compose tous les morceaux, et sur scène, on a toujours joué à joué. On s’est dit que, maintenant qu’il y a un nouveau chanteur, une guitare supplémentaire ne serait pas de trop. On a donc proposé à Bob de venir jouer avec nous.

 

Metal-Eyes : Présente nous Bob, justement.

Raphaël : Alors, Bob… Pourquoi Bob ? Parce qu’il joue dans un autre groupe dans lequel joue aussi Pascal, Mindwarp, en Suisse.

 

Metal-Eyes : Bob, c’est son vrai nom ?

Raphaël : C’est son nom de scène. Il n’a pas de vrai nom…

 

Metal-Eyes : Dommage, la vie est dure parfois…

Raphaël (rire) : Non, c’est lui, je sais pas… Ca fait un certain temps qu’il joue avec Pascal, mais c’est à peu près tout ce que je peux t’en dire, je ne connais pas bien son background…

 

Metal-Eyes : Carcariass a été absent pendant une dizaine d’années, depuis X-tinction…

Raphaël : Alors, non, c’est faux ! On a été absents de fin 2005 à 2016, mais entre temps on a enregistré, en 2008, l’album X-tinction. On ne jouait plus en live, du moins pas ensemble parce qu’on vit tous à des endroits différents, mais on jouait chacun chez nous. On a sorti l’album, et on fait un clip.Là, on a repris en 2016, le temps de faire l’album, on a fait quelque concerts, le temps de se demander si on veut jouer ensemble ou pas – la réponse, c’est oui. Entre le moment où on compose et celui où on enregistre et on sort l’album, il se passe un peu de temps…

 

Metal-Eyes : Qu’est-ce qui a motivé votre retour, justement ?

Raphaël : L’argent (rires) ! Il y a différentes choses qui ont fait qu’on a dû arrêter, le boulot, nos situations familiales. En 2016, Pascal a rejoué avec Bertrand dans Mindwarp, pas longtemps mais assez pour qu’il se dise avoir envie de remonter Carcariass. Ils m’ont demandé, on a essayé et on a vu qu’on était tous motivés. Il y a un contexte qui faisait qu’on avait envie de rejoué et qu’on en est encore capables.

 

Metal-Eyes : C’était le bon moment, donc ?

Raphaël : C’était le bon moment. On jouait tous de la musique à côté, mais jouer ensemble, c’ets bien plus intéressant.

 

Metal-Eyes : Vous revenez aujourd’hui avec cet album, Planet chaos qui va plus loin que le simple death metal pour lequel on vous connait, ou, plutôt, auquel vous êtes affiliés. Que peux-tu nous dire sur la conception, les origines de ce disque ?

Raphaël : Il y a des morceaux qui remontent à longtemps, que Pascal avait enregistrés dans son coin et quand on s’est revus, on s’est dit que ce serait bien d’enregistrer quelque chose. Lui, il avait déjà préparé des morceaux. Lui, il compose, nous, on est là pour jouer les méchants et lui dire ce qu’on aime et ce qu’on trouve moins bien. Il n’est pas content(il sourit) mais c’est le processus qui fait qu’il accepte des critiques, parfois pas facilement, mais ça fini par arriver.

 

Metal-Eyes : Et j’imagine qu’elles sont faites dans l’intérêt du groupe…

Raphaël : Bien sûr. Après nos différentes discussions de ce genre, on aboutit à quelque chose qui plait à tout le monde. Donc au départ, il compose dans son coin, ensuite, il nous fait écouter et on lui donne notre avis. Après, il faut enregistrer une maquette, on rajoute a batterie. Après on travaille la basse et enfin, on regarde s’il y a de la place pour le chant. Comme toujours, il y a des morceaux sans chant parce qu’on se rend compte que ce n’est pas intéressant ou qu’on n’a pas envie d’en mettre. Pour cet album, on voulait changer aussi le chant : moi, je suis capable de chanter d’une certaine manière mais pas autrement et c’est pour ça qu’on a demandé à Jérôme Thomas qui est avec Disorder Of Science de faire des essais avec nous. Ils ont été concluant, il est capable de chanter en chant clair et de bien plus moduler sa voix, ce dont je ne suis pas capable. Je connais mes limites, aussi. On lui a dit qu’on trouvait ça super, et on lui a confié tout le chant de l’album. Et il sera là pour la suite aussi.

 

Metal-Eyes : La plus grande différence entre Planet chaos et vos albums précédents réside-t-elle dans le chant ? Il y a une variation qui est marquante…

Raphaël : Oui et non… Il y a d’autres variations : Pascal a ajouté des synthés à certains endroits, ce que, clairement, on ne faisait pas avant. La manière de composer, aussi, il a pris beaucoup plus de temps pour que ce soit plus propre. Mais, effectivement, les grosses différences c’est le chant et le synthé, surtout pour les intros. On a plus de morceaux et on a plus pris notre temps. Au final, ça donne ça.

 

Metal-Eyes : Ça donne un résultat assez sombre, à l’image de la pochette, et en même temps…  pas atmosphérique mais plutôt spatial. Quelles ont été vos sources d’inspiration pour ce nouvel album ?

Raphaël : Eh bien, voilà, justement : une fois qu’on a réfléchi à la musique, on voulait une ambiance qui soit SF. Tous les titres ne sont pas, Letter from the trenches parle des Poilus de la première guerre mondiale, mais on voulait qu’il y ait une certaine thématique. Pour l’écriture des paroles et des messages, on voulait quelque chose qui soit du Carcariass, pas forcément très joyeux parce qu’on fait de la musique qui est comme ça. Après, on a envie que ça nous plaise. Le but, c’est de faire la musique qui nous plaise, et tant mieux si ça plait à d’autres.

 

Metal-Eyes : Au sujet des etxtes : le titre de l’album est assez explicite, surtout quand on regarde le monde dans lequel on vit, tu viens de citer Letter from the trehnches qui par de la grande guerre, qui est également une période de grand chaos. Y a-t-il des thèmes de prédilections et, au contrairs des sujets que vous n’aborderez jamais ?

Raphaël : On fait du metal, on ne va pas parler de… je veux dire que, dans le metal, il y a quand même certains types, des stéreotypes, même, au niveau des paroles. On n’est pas un groupe qui veut faire passer des messages politique, religieux ou je ne sais quoi, donc, ça, on ne fera jamais. Après, on reste assez classique, on ne va pas dire qu’on est originaux par rapport aux paroles.Je trouve que ce qui est original dans Carcariass, c’est la musique. La guitare y est pour quelque chose. Si tu es guitariste, tu reconnais vite la touche de Pascal Lanquetin. Il est capable de faire des choses variées, mais il a son phrasé, une manière de composer qui lui est propre, son identité.

Metal-Eyes : En 15 ans, il y a beaucoup de choses qui ont changé dans la musique. Comment analyserais-tu l’évolution de Carcariass entre vos deux derniers albums, chant mis à part ?

Raphaël : Avant, on disait qu’on ne mettrait jamais de synthés, mais ça c’était avant. On en met sur certaines intros parce que ça apporte quelque chose de plus. Avant on se définissait comme un groupe de death metal, maintenant, est-ce qu’on en fait encore ou pas ? On s’en fout, on fiat la musique qui nous plait.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Planet chaos pour présenter à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est Carcariass aujourd’hui, ce serait lequel ?

Raphaël : Eh bien, je choisirai Letter from the trenches. On a mis des morceaux en ligne, il y en a quatre avec des vidéos et c’est celui qui a le plus plu. Au final, il représente bien Carcariass. Ce n’est peut-être pas le meilleur morceau mais il est très représentatif. Il y a du chant, il est plus enjoué.

 

Metal-Eyes : Quelle pourrait être en 2020 la devise de Carcariass ?

Raphaël : Pas facile… Qu’est-ce qu’on a envie de faire en 2020 ? Des concerts…

 

Metal-Eyes : On va en parler. Je te demande la devise qui pourrait être la vôtre…

Raphaël : Carcariass est de retour… Je sais pas comment répondre à ça. « Carcariass est toujours là », la preuve.

 

Metal-Eyes : « Toujours là », ça me va. Tu viens d’en parler, un album, ça se défend sur scène. Quels sont vos projets ?

Raphaël : Ce qu’on aime bien faire ces temps-ci, c’est des festivals, parce que, dans les festivals, il y a du monde, plus que dans une tournée. Et une tournée, ça demande plus d’organisation : maintenant on est cinq, il faut qu’on soit tous dispo.

 

Metal-Eyes : Deux membres de plus, pratiquement 50% de plus, ça signifie aussi au moins une chambre d’hôtel de plus, de la logistique supplémentaire

Raphaël : Voilà, plus de contraintes aussi quand on veut répéter… Des festivals, alors. Il y aura le Lyon Fest en juin et d’autres qui sont en cours, mais rien n’est encore arrêté donc il faut s’informer en direct sur le site du groupe. On ne vit pas de la musique, donc on étudie les propositions, on vérifie si ça colle ou pas, en fonction aussi des contraintes de chacun, et on accepte. Ou pas.