Interview: LODZ

Interview LODZ – Entretien avec Julien (basse) – Propos recueillis par téléphone le 23 février 2023

Photo promo LODZ 2023

Deux mois après la sortie de leur dernier opus, Moons & hideaways, Lodz s’attaque à la promo. Julien, le bassiste du groupe nous dit tout de ce nouvel opus mais… la communication très brouillée nous empêche de bien comprendre les premières minutes de nos échanges. Le temps que Julien récupère un autre téléphone, et c’est reparti !

Moons and hideaways est le troisième album de Lodz. Il y a eu de nombreux changements dans le groupe puisque toi-même, et le batteur êtes arrivés en 2018. C’est votre premier album avec Lodz ?

Oui, c’est notre premier album.

Tu connaissais déjà le groupe avant ?

Complètement. C’est un groupe que je suivais depuis longtemps et j’ai vu passer l’annonce disant qu’ils cherchaient un nouveau bassiste. Je me suis lancé et ça a tout de suite matché, que ce soit sur le plan humain ou musical.

Avec 2 nouveaux membres dans une formation, il y a forcément une approche différente. Toi qui connaissais déjà le groupe, comment analyserais-tu l’évolution de Lodz entre ses deux derniers albums ?

Je pense que je suis arrivé au bon moment parce qu’ils pensaient déjà changer musicalement. Dans leur fonctionnement, il y a vraiment eu un avant et un après, même pour la composition. Pour cet album, le processus a été complètement différent. On s’est posé la question de savoir ce que nous pouvions faire pour proposer vraiment la musique qu’on veut. Ça passait par un changement de méthode de composition qui consistait à s’isoler. On partait 3 ou 4 jours dans une maison à la campagne, on mettait les téléphones et ordis de côté et on ne faisait que composer et tester, jour et nuit. C’est nouveau, tester, prendre des risques, des riffs, les mettre dans tous les sens, chercher le son… C’est quelque chose qu’on n’avait jamais pu faire avant et qui est vraiment nouveau. Cet album, sonne un peu différemment, c’est un peu l’album de la maturité.

Tu me dis donc que chacun a son mot à dire dans la composition…

C’est ça, il y a une vraie cohésion. Olivier, notre guitariste, est très à l’aise avec tout ce qui est home studio, ce qui fait qu’on peut vraiment essayer beaucoup de choses en quelques clics. « Je voudrais bien voir ce que ça donne en deux fois plus long… » On peut tester et tout de suite mettre tout le monde d’accord.

Quel est ton cursus musical ?

Je suis bassiste depuis une quinzaine d’années. Je suis plutôt de l’école de la musique des années 90, Pearl jam, Alice In Chains, toute la mouvance grunge. Après, avec mon éducation musicale, je me suis rapproché des styles un peu plus extrêmes – je suis un grand fan de punk, hardcore – et le tronc commun dans tout ce que j’ai toujours aimé jouer c’est l’émotion, la sensation. Je n’étais pas forcément le plus grand fan de Katatonia avant d’entrer dans Lodz, mais dans un groupe comme Alice In Chains, une influence aussi, il y a beaucoup d’émotion, et c’est ce qui m’a plu dans Lodz. Ce sont des choses qu’on peut trouver dans différents genres de musique, même si l’émotion est intense de différentes manières.

Sur Ghost of confusion, j’ai noté des ambiances très atmosphériques (il confirme), et il y a un instrumental, Pyramids, qui ouvre cet album. C’est assez osé de débuter un disque avec un instru, qu’on trouve habituellement à mi-parcours…

Oui, c’est vrai que c’est osé, et c’est quelque chose qu’on n’aurait peut-être pas fait avant. Ca rentre dans la démarche dont je te parlais. Pas de tabous. Ça ne rentre pas dans les codes ? tant pis. Si ça nous plait, allons-y. Et je pense aussi à Fast rewind qui est presque indus, presque une ballade un peu amère, c’est un titre qu’on adore et qu’on a voulu placer dans l’album même s’il est différent de ce qu’on a fait jusqu’à maintenant.

Trois morceaux complètement différents… J’ai même trouvé des influences à la Pink Floyd, dans la légèreté des guitares, par exemple.

C’est clair, même si, aujourd’hui, on n’entend moins de groupe se dire influencés par les années 70. Pourtant, oui. C’est un bon rapprochement… J’en suis très friand et ça se retrouve dans nos compos.

Ca ne signifie pas, bien sûr, que tout soit influencé par le rock des 70’s. Il y a des choses beaucoup plus modernes, notamment dans les mélanges de chant – clair et très agressif. Il y a un parti pris, là aussi ?

Clairement. Pour autant, si on devait faire un titre uniquement en chant clair ou uniquement en scream, on le ferait. Ce mélange, c’est en effet un parti pris dans la mesure où on joue sur plusieurs émotions. Parfois c’est triste, parfois, plutôt déprimant, nostalgique. Là, le chant clair est parfait, tandis que les moments de colère, les moments plus intenses, le scream tient parfaitement son rôle.

Si tu devais décrire la musique de Lodz pour inciter quelqu’un qui ne vous connait pas à aller vous découvrir, que lui dirais-tu ?

Déjà, il ne faut pas qu’il ait peur d’aller remuer des émotions. Notre musique est très intense, volontairement. Il faut être prêt à faire un voyage, une sorte d’introspection, aller explorer tout ce qu’on peut ressentir. Tous… on parle de dépression, de nostalgie, de tristesse, des choses que tout le monde peut ressentir. Il faut aussi écouter le disque entièrement. On a eu beaucoup de chroniques qui disaient que c’est un disque à écouter d’une traite pour tout saisir.

Tu me parle de variété, d’introspection mais je n’ai pas le temps là… Alors, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Moons and hideaways pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Lodz, ce serait lequel ?

Je dirais qu’il faut écouter You’ll become a memory, le second morceau. Le premier, c’est une introduction, mais celui-là, c’est un peu une carte de visite. On y trouve un peu tout ce qu’il y a dans l’album. On a aussi sorti un clip pour ce morceau, d’ailleurs. Je conseille donc à quelqu’un qui veut nous découvrir d’aller écouter ce morceau sur YouTube, et si ça lui plait, le reste lui plaira aussi, ce n’est que le développement de ce que l’on commence à aborder dans ce morceau.

J’avais en effet noté que c’est un titre plus heavy, puis il devient soft, il y a du chant clair, un refrain enragé, un mix vocal entre clair et guttural. J’ai même parfois l’impression qu’il y a plusieurs chanteurs, dont une femme. C’est le cas ?

Non… En fait, Éric, notre chanteur, a doublé énormément de voix pour avoir ce résultat. Sur scène, le guitariste se charge des chœurs, mais là, c’est 100% la voix d’Éric qui est parti dans plein de directions… Il s’est peu mis en danger, il a vraiment pris des risques par rapport à ce qu’il faisait maintenant.

La pochette de l’album, c’est l’œuvre de qui ?

Déjà, il y a cette présence féminine sur la pochette. C’est un peu le fil rouge, dans Lodz, il y a toujours eu une présence féminine. (Note de MP : là, je me dis qu’il n’a pas compris ou pas bien entendu ma question. Mais laissons, il apporte d’autres éléments) Je pense que c’est une forme de personnification de tout ce dont on parle en termes d’émotions. C’est un peu l’image du groupe, des paroles, de notre univers. Et cette porte, une seconde dimension qui symbolise cette invitation à nous rejoindre. Quand on ouvre le CD, on se retrouve à l’intérieur de cette dimension.

Un groupe de rock, c’est aussi la scène. Avez-vous des projets en ce sens ?

Absolument, ça commence à arriver et on est en pleine préparation. On a seulement annoncé notre participation à des festivale, dont un à Lyon, en juin, avec des noms comme Rotting Christ, Belphegor… Une autre date organisée par festirock, et là, on attend des confirmations mais d’autres dates seront annoncées dans les jours à venir. Nous, ce qu’on veut, c’est jouer… Notre groupe est encore indépendant, on a un super label, mais tout ce qui est booking, les contacts, les mails, c’est nous ! Si vous voulez nous voir jouer chez vous, envoyez-nous un mail, ce sera avec grand plaisir. L’idée, c’est de défendre cet album dont on est très fier. On est sur tous les réseaux – on n’a pas de site à proprement parler. On est assez facile à trouver même si on a un nom de ville polonaise…

Peux-tu imaginer une devise pour Lodz ?

Une devise ? Oh, la ! Tu me poses une colle là ! j’ai envie de dire « n’ayez pas peur »… de venir faire ce voyage avec nous, de vous ouvrir aux émotions. Oui, « n’ayez pas peur ».

Moons and hideaways est un titre assez mystérieux…

Oui… L’explication derrière tout ça ? La lune représente un peu ces humeurs que nous pouvons tous avoir, envers soi ou envers les autres. Les cachettes (« hideaways »), ce sont tous ces endroits où l’on peut se réfugier pour, au final, affronter tout ça.

C’est donc aussi en lien avec cette introspection dont tu parlais plus tôt…

Exactement…

Souhaites-tu ajouter quelque chose pour conclure ?

Je pense qu’on a fait le tour, je voulais juste saluer le travail qu’on a fait avec Nikita Kamprad, c’est le guitariste d’un groupe de Black metal qui s’appelle der Weg Einer Freiheit. Ils font un style complètement différent de ce qu’on fait mais, si nos styles sont complètement différents, il a une façon de travailler qui apporte une dynamique à notre musique. C’est quelque chose qui se perd un peu en ce moment. On lui a donc proposé, ça lui a plu, et il a accepté de produire notre album. Ca fait plaisir de travailler avec des gens qui travaillent « à l’ancienne »…

Ça veut dire que vous avez enregistré sur bandes ?

(il rit) Non, non, quand même pas ! c’st plus dans l’approche du mix, de faire le choix de privilégier ceci ou cela, le son naturel… Je trouve que le travail qu’on a fait avec lui est vraiment super. Alors, si des groupes cherchent un producteur, écoutez ce qu’il fait et contactez-le !