Interview: PYOGENESIS

Entretien Pyogenesis. Rencontre avec Flo Schwarz (chant, guitare). Propos recueillis à Paris le 28 mars 2017

 

Paru fin février 2017, A kingdom to disappear, le nouvel album des Allemands de Pyogenesis  le second volet d’une trilogie traitant de l’ère industrielle. Un appel à se replonger dans nos cours d’histoire que nous raconte Flo Schwarz, son chanteur, guitariste, compositeur et capitaine qui revient aussi sur les motifs d’une bien longue absence.

 

Metal-Eyes : Que se passe-t-il, Flo ? Il vous a fallu 13 ans entre A century in the curse of time et votre album précédent, mais seulement deux ans séparent A century et A kingdom to disappear, votre dernier né ?

Flo Schwarz : En fait, il ne s’est écoulé que 18 mois entre ces 2 disques… En 2002, j’ai créé une entreprise parce que je ne savais pas si Pyogenesis me nourrirait toute ma vie. Alors j’ai fondé Hamburg records qui est une entreprise de management de groupes. Nous avons ces connaissances du management grâce à toutes les erreurs que j’ai pu commettre avec mon groupe dans le passé, et je sais ce qu’il faut éviter avec d’autres groupes. Au début, ça m’a demandé beaucoup de temps – je faisais tout tout seul. Et l’entreprise a grossi, j’ai eu assez d’employés ce qui me permet de retrouver un peu d’activité avec Pyogenesis. Avec Pyogensis, j’ai gagné assez pour fonder Hamburg records, et aujourd’hui, Hamburg records me donne assez d’autonomie financière pour relancer Pyogenesis. Les deux avancent main dans la main.

Metal-Eyes : Une relation gagnant-gagnant, donc. Ce qui explique, j’imagine en partie, les divers changements de line-up…

Flo Schwarz : Il y a encore un ancien membre, et deux nouveaux,  oui. Notre guitariste, Peter, a changé de sexe, il est aujourd’hui Sophie, et quand nous avons commencé à envisager la reformation nous en avons parlé et elle nous a dit que ça ne convenait pas à sa nouvelle vie.

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu l’évolution du groupe entre A century in the curse of time et A kingdom to disappear ?

Flo Schwarz : Je ne crois pas qu’ils soient si différents. Il s’agit d’une trilogie, A kingdom en est la seconde partie. Tu sais, pour moi, un disque doit… Au fil du temps, j’ai écrit des morceaux qui ne sont pas sur un disque. Aujourd’hui, il me semble plus important que toutes les chansons aillent ensemble, qu’elles soient organisée, je cherche à avoir une dramaturgie théâtrale – une intro, de la tension, un relâchement – et c’est ce que nous avons fait avec ce disque. A la fin de la trilogie, je veux que les trois disques puissent être écoutés d’affilée. Bien sûr, ce n’est pas une copie du précédent même s’ils vont ensemble d’un point de vue de l’esprit musical, de la production… Mais ce ne sont pas les mêmes chansons.

Metal-Eyes : Ce qui signifie que le prochain album est prévu pour fin 2018 ?

Flo Schwarz : Je ne sais pas… (rires)

Metal-Eyes : Qu’as-tu mis dans ce disque? Qu’est-ce qui t’a inspiré, musicalement ?

Flo Schwarz : J’ai un studio, chez moi, et ma passion, c’est la musique. C’est un hobby de m’asseoir, de jouer de la guitare et de composer. Quand je joue, j’enregistre ce que je compose, tout. Alors le processus d’enregistrement correspond au processus d’écriture. On ne se dit pas « on a besoin d’un titre comme ci, d’une chanson comme ça, comment peut-on faire ça ? » Non, on s’installe, on va dans différentes directions et à la fin, on obtient certains sons communs, qui vont bien ensemble. C’est comme ça que nous travaillons notre musique ensemble.

Metal-Eyes : Certains groupes que tu écoutes, des livres que tu lis t’ont-ils inspirés ?  

Flo Schwarz : Des livres, oui, bien sûr, pour les paroles. Elles n’ont pas seulement été inspirées, en fait. On traite du changement de société qui a eu lieu au XIX° siècle, et ce dont je parle est vraiment arrivé. Le livre d’Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, est devenu une chanson, I have seen my soul. Ce fut une première approche dans la littérature d’horreur. Sur l’album précédent, je me suis inspiré d’un auteur français, Jules Vernes, 20.000 lieux sous les mers qui a été la première approche de la science fiction. Il l’a inventée, au XIX° siècle et aujourd’hui, la science fiction envahit le cinéma et la télé !

Metal-Eyes : Serais-tu d’accord pour dire que le logo a suivi l’évolution musicale du groupe ? Selon moi, et je ne connais pas toute l’histoire de Pyogenesis, votre musique est devenue… Pas plus calme, mais moins agressive musicalement que ce qu’elle n’était, bien qu’elle le reste toujours, et votre logo est devenu également plus « facile à lire ».

Flo Schwarz : Oui (il rit)… Je vois une analogie, mais… tu as sans doute raison, mais ce n’était pas volontaire. Je vois ce que tu eux dire… Il faudra que j’y pense plus, peut-être… Tu sais, au final, notre premier logo était une sorte de crachat, et nous étions à cette époque vraiment inspirés par d’autres groupes de ce style. Je crois que le logo devrait te permettre d’imaginer à quel type de musique tu as affaire. Je crois aussi qu’aujourd’hui, un logo doit être lisible (rires). Il doit être simple, reconnaissable…

Metal-Eyes : Bien qu’il s’agisse aujourd’hui d’une trilogie basée sur l’évolution de la société, y a-t-il des thèmes que tu refuses d’aborder avec Pyogenesis, et d’autres, au contraire dont tu souhaites toujours traiter.

Flo Schwarz : Un thème serait la politique. Nous traitons de politique, mais à travaers l’histoire, les faits. La politique actuelle n’a pas sa place, bien sûr dans la trilogie, mais en plus, je ne pense pas que ce soit un sujet ppour un groupe comme Pyogenesis. Dans Pyogenesis, on doit raconter quelque chose aux gens, leur raconter l’histoire, leur rappeler d’où ils viennent. En Allemagne, il y avait Helmut Khol, qui était chancelier à la fin des années 80 et qui était ami avec François Mitterrand. Il disait que si on ne connait pas le passé, on ne peut comprendre le présent et on ne pourra pas orienter le futur. Et c’est si vrai. Avec une phrase, il a rendu un concept si compréhensible. Un exemple : le conflit entre Israël et la Palestine : si tu ne connais pas l’histoire de ces territoires, tu ne peux pas comprendre ce qu’il se passe – quand je parle du passé, c’est 2.000 ans en arrière. C’est important d’expliquer ces choses à des amateurs de musique, par les faits. C’est un bon moyen de parler de notre histoire à tous.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de A kingdom to disappear pour expliquer ce qu’est Pyogenesis aujourd’hui, la quelle serait-ce, et pour quelle raison ?

Flo Schwarz (Il réfléchit longuement) : Ce serait soit Every man for himself and God against all ou I have seen my soul, ou encore Blaze, my northern flame. Toutes trois ont fait l’objet d’un clip (rires)! Elles incluent tout ce qui fait ce que nous sommes: elles sont heavy, mélodique, mélancoliques, et elles ont un aspect plus dur, comme de courts passages de blast beats – pas parce qu’il faut qu’on joue vite et fort, simplement utilisés comme un effet.

Metal-Eyes : L’une de ces trois chansons, alors…

Flo Schwarz : Prends les toutes les trois ! Prend tout l’album ! (rires)

Metal-Eyes : Une dernière chose, quelle a été la meilleure question qu’on t’a posée aujourd’hui?

Flo Schwarz : Tu n’as pas une autre question avant, que je puisse ensuite te dire que c’est celle là,

Metal-Eyes : Alors, si: j’imagine que vous allez défendre cet album sur scène. Quels sont vos projets de tournée ?

Flo Schwarz : On tourne en ce moment en Suisse, Italie et en Autriche. Ensuite on va aller jouer au Full metal cruise, ce festival sur un paquebot – oh, que je suis impatient d’y être ! C’est dingue – et ensuite, on a quelques festivals d’été mais je ne sais pas encore lesquels sont confirmés. On n’a pas envie de donner 120 concerts par an comme on le faisait avant le break. Moins de concert, mais on continue de s’amuser.

Metal-Eyes : Alors, quelle est la meilleure question qu’on t’a posée aujourd’hui ?

Flo Schwarz : Celle que tu viens de me poser ! (rires). Vraiment, et personne d’autre ne demande ça ! Des questions inhabituelles, j’aime, ça.