Interview: SILENCE OF THE ABYSS

Interview SILENCE OF THE ABYSS : entretien avec David (guitare). Propos recueillis par téléphone, le 29 avril 2020

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Metal-Eyes : C’est la première fois que nous nous parlons, alors peux-tu commencer par me raconter l’histoire du groupe ?

David : Diane et moi, on est en couple depuis 14 ans. On est tous les deux fans de metal et on fait beaucoup de musique. Ça fait plus de 20 ans que je suis dans le monde de la musique, mais pas dans le metal. Diane, pareil. Un jour, on s’est dit qu’il faudrait aussi penser à se faire plaisir. C’est bien, l’alimentaire, mais on n’a jamais fait notre musique préférée. Etienne a eu, en 2017, l’envie de monter un groupe de metal. J’avais un élève qui chantait plutôt pas mal et je lui ai demandé s’il voulait faire un essai avec nous. On a fait des reprises de Motörhead et dans la foulée, on a commencé à composer et on a sorti notre premier Ep en 2018.

 

Metal-Eyes : Quelle est l’origine du nom du groupe ?

David : Alors… Là, il y a plusieurs choses… On voulait le mot abysse parce qu’on est proche de la mer et qu’on ne peut pas s’empêcher de la voir tout le temps…

 

Metal-Eyes : Vous n’êtes pas proche de la mer, vous êtes entourés par la mer ! Vous êtes Corses, c’est pour ça que la mer a décidé de vous entourer…

David : C’est ça, surement pour qu’on ne fasse pas de conneries (rires) ! Non, je déconne !

 

Metal-Eyes : Oui, moi aussi. Pour une fois qu’on peut déconner avec un Corse sans risquer de se prendre une bombe…

David : Tu as raison, il faut en profiter ! Je déconne encore !

 

Metal-Eyes : C’est surtout parce qu’on est très loin et confinés… Je ne dirais pas ça en face, tu t’en doutes! 

David : Attention à après le déconfinage (rires)! Un jour, on a pris une feuille et chacun a dit son mot. On a dit énormément de conneries, jusqu’au jour où quelqu’un a dit « Silence », on a joué avec les deux mot, Silence Of The Abyss est sorti, on a kiffé alors c’est resté.

 

Metal-Eyes : Comment définirais tu la musique de Silence Of The Abyss pour quelqu’un qui ne vous connais pas ?

David : C’est compliqué parce qu’on a déjà du mal à nous placer dans une catégorie… On a entendu plein de trucs, post thrash, death progressif… On ne s’y retrouve pas parce qu’on a beaucoup d’influences, et on essaie de créer des harmonies qui nous appartienne. On cherche des harmonies, des accords très enrichis, qui parfois nous posent des problèmes pour poser des mélodies dessus. Le truc qu’on avait trouvé, on dirait qu’on fait du metal tout court ou du metal méditerranéen. Quand on dit ça les gens nous disent que ça représente bien ce que l’on fait…

 

Metal-Eyes : Oui, ça me parle aussi.

David : On joue là-dessus, on se rapproche de ces deux styles. En plus, avec cet album, on s’est lâchés, on est partis dans tous les sens, en le faisant le plus sincèrement possible. Et en nous amusant, aussi. Jouer de la musique c’est « jouer », ce n’est pas que travailler. Des fois, il y a des gens qui me disent « là, là, ça ressemble à du Machine Head ! » J’ai jamais écouté Machine Head de ma vie, c’est un truc de fous !

 

Metal-Eyes : J’aime bien le terme de « metal méditerranéen dans la mesure où vous avez une musique assez explosive – pour des Corses, ce n’est pas étonnant.

David : C’est tout à fait normal, même (rires)!

 

Metal-Eyes : Je pense que ça va être dur cette interview (rires)! Quand j’ai écouté votre album, j’y ai trouvé des influences thash, metal, metal moderne, aussi, mais c’est un peu fourre-tout comme terme. J’ai aussi senti quelques influences orientales.

David : Oui, ça… On est en Méditerranée, c’est quelque chose qui nous appartient depuis qu’on est nés. Presque tout le monde ici est né avec une guitare dans les mains. Il y a la culture corse, les chants…

 

Metal-Eyes : Il y a aussi une culture latine, hispanique…

David : Oui, on aime beaucoup ces choses-là, la musique cubaine aussi. On adore les instruments acoustiques, tout ce qui est percussion, aussi. Si on peut l’intégrer à Silence, on le fait. Ça fait partie de nous !

 

Metal-Eyes : Il n’y a pas de limite à votre musique. Si ça vous parle, vous le mettrez dedans.

David : C’est ça. Si demain on a le plus gros riff du monde mais qu’on ne le ressent pas, on le jette. Tant qu’on respecte ce qu’on fait, qu’on le ressent…

 

Metal-Eyes : D’autant plus que les deux tiers du groupe sont en couple, alors ça permet d’éviter les engueulades à la maison !

David : C’est ça ! Parce qu’on s’est bien défoulés ailleurs aussi !

 

Metal-Eyes : Comment analyserais-tu l’évolution de SOTA entre votre Ep, il y a deux ans, et votre album, Unease and unfairness ?

David : Il y a beaucoup plus de maturité sur l’album. On a beaucoup bossé entre les deux, et la maturité qui s’est dégagée a été très rapide. Les encouragements des chroniques, les compliments qu’on a reçus, je pense que nous ça nous a motivés pour bosser, bosser et trouver encore plus cette harmonie qu’on cherche depuis longtemps. Que ce soit assez original. En plus, maintenant qu’il y a Jean-Bernard, le nouveau chanteur, ça fait 15 ans qu’on le connait. Ce trio, ça fait un peu vie de famille…

 

Metal-Eyes : Votre pochette est aussi pleine d’influences : on y voit une réinterprétation de l’homme de Vitruve de de Vinci, de la science-fiction avec cette femme qui porte un masque à gaz, sa position évoque aussi la religion chrétienne avec la crucifixion. En plus, vous ne pouviez pas l’envisager, mais il y a cette boule verte qui ressemble à un virus, même s’il n’a pas la même couleur que le Covid… Vous avez voulu exprimer quoi ?

David : C’est assez incroyable, on l’a sorti le 13 mars et juste après il y a eu ce Covid… On a laissé ça à Kahinienn graphix. Quand il nous a demandé ce qu’on voulait, il nous a demandé les thèmes de nos chansons. Maltraitance animale, nihilisme, post-apocalyptique. On lui a envoyé les maquettes de chansons, il a écouté et nous a dit ce que ça lui évoquait. On a trouvé ça super, ce qu’il nous a dit collait vraiment.

 

Metal-Eyes : Ça colle aussi avec le titre : Mal-être et injustice

David : C’est exactement ça, et cette pochette évoque tous les thèmes qu’on aborde dans l’album.

 

Metal-Eyes : Quels sont les thèmes que vous abordez, justement ?

David : Ah… Ça dépend de qui écrit les textes, s c’est JB ou Diane. JB est prof de philo, alors ça peut partir loin (rires). Si j’ai vu un reportage qui m’a touché, je vais écrire la musique, eux, c’est pareil. Sur cet album, il y a la maltraitance animale, surtout, et humaine. Avant le virus, on sentait que les choses étaient en train de changer. Si c’est pas maintenant, ce sera dans 20 ou 30 ans, mais quelque chose change, d’où l’optique post apocalyptique. Ce qu’on essaie de faire, que ce soit dans la musique ou dans le textes, c’est de toujours laisser une lueur d’espoir.

 

Metal-Eyes : Metallica a une influence particulière pour vous ?

David : Pff… Oui, je crois que Metallica, ça m’a toujours suivi en musique. Énormément, oui ! Ca ne m’a jamais quitté, Metallica.

 

Metal-Eyes : Ça se sent particulièrement sur Lunar…

David : Oui, c’est fou, je n’y ai même pas pensé ! Lunar a été créé très simplement : il y a un fou qui a mis le feu, ici, chez nous et ça a cramé je ne sais pas combien de milliers d’hectares, ça a tué je ne sais pas combien de milliers d’animaux. On avait ça sous les yeux parce que la maison est très proche. On avait la haine, et de suite, les accords qui sont tombés ont été la base de Lunar. C’est un titre qu’on a fait en un jour ou deux ! La batterie a été tracée en… une demi journée, tellement on avait la haine.

 

Metal-Eyes : C’est un instrumental : pourquoi avez-vous décidé de clore ce disque avec un instrumental.

David : On l’a senti comme ça, il n’y a ni pourquoi, ni comment. On ne sentait pas de voix dessus – on a quand même essayé quelques chœurs par ci par là, mais… Il y a des morceaux qui doivent être que instrumental. Il est chargé quand même, et c’est compliqué de mettre des voix dessus.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Unease and unfairness pour expliquer ce qu’est Silence Of The Abyss, ce serait lequel ?  

David : C’est très compliqué… C’est un album qui part dans tous les sens et chaque chanson nous évoque quelque chose. C’est un album où chacun a la sienne…

 

Metal-Eyes : Et toi, si tu rencontres quelqu’un demain – bon, tu n’as pas le droit de rencontrer quelqu’un demain, tu es sensé être chez toi – mais à l’avenir, tu veux faire comprendre à cette personne ce qu’est votre musique avec un seul titre, tu lui ferais écouter lequel ?

David : Ah, c’est compliqué… Allez, Nothing at all, parce que c’est le plus représentatif de ce qu’on fait : il y a beaucoup de choses dedans, du lourd, on speed à la fin, il y a des harmonies. Mais je ne suis pas sûr du tout de ce que je dis !

 

Metal-Eyes : Quelle pourrait être la devise Silence Of The Abyss en 2020 ?

David : Ah… « toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort », une connerie comme ça ! Si on est motivés, qu’on voit que les gens kiffent et qu’on a de bons retours, c’est une devise qui pourrait nous aller.

 

Metal-Eyes : Donc on passe des abysses, des profondeurs, à des sommets beaucoup plus élevés ?

David : Oui, pourquoi pas ? Bien sûr !

 

Metal-Eyes : Est-ce que vous profitez de ce temps de confinement pour préparer la suite ?

David : C’est ce qu’on s’est dit au départ, on a la chance d’avoir la batterie à la maison, d’être confinés Diane et moi. Donc, c’est super. On a cette chance énorme de pouvoir travailler. Mais bizarrement… moi, le confinement, ça m’a coupé les jambes. En créativité, ça m’a ruiné. Je n’avais même pas envie de prendre une guitare, c’est quelque chose qui ne m’est jamais arrivé. Ça a duré 3 semaines, un mois où j’avais envie de rien. Là c’est reparti, on travaille sur deux nouveaux titres qu’on a commencé à maquetter. L’envie était dure à retrouver… Diane, pas du tout, elle le vit comme un rêve absolu, le confinement, elle trouve ça super génial (rires) ! Là, on répète le show pour plus tard, on profite de ce temps pour mettre en place les choses pour après. On est sur différentes idées de nouvelles chansons…