Michael Monroe à Paris, c’est un événement rare. La Maroquinerie qui l’accueille aujourd’hui est plus que correctement remplie bien que n’affichant pas sold out. Peu importe, car ce soir, l’adage disant que les absents ont toujours tort va de nouveau prendre tout son sens. Et ceux qui croient que ce public n’est composé que d’anciens se trompent. De nombreux jeunes sont ce soir présents, certaines ayant découvert le phénomène au travers du biopic The Dirt. Et ont craqué pour le dandy électrique au point de vouloir le découvrir en vrai.
D’abord, ce sont les Polonais de Chemia qui ont pour mission de chauffer la salle. Si les trois premiers titres ne me parlent guère, la suite, rock et groovy, se fait plus intéressante. Il s’avère difficile pour les 5 de se déplacer sur cette petite scène qui voit la batterie reléguée côté cour. Un espace restreint qui n’empêche pas le chanteur Luke Drapala d’afficher un grand sourire.
Naturellement orienté sur le second album, Chemia démarre toutefois avec Bondage of love, extrait de son premier album de 2013. Et tout au long des 10 morceaux interprétés, le groupe réserve une ou deux exclu au public parisien, dont ce Gotta love me (si ma mémoire est juste) que Chemia joue pour la première fois. Et Luke de rajouter que, de toutes façons, c’est la première fois pour toutes les chansons puisqu’ils ne sont jamais encore venus à Paris. Un peu d’humour qui indique sans doute que l’homme est détendu.
Détendu et à sa place lorsqu’il invite, à deux reprises, le public à participer, d’une part sur le susmentionné Gotta love me puis, à la fin du set sur I love you so much au rythme ultra groovy, entraînant et dansant, auquel le public répond d’ailleurs très positivement. Sans révolutionner le genre, Chemia se révèle une agréable mise en bouche.
La salle rétrécit petit à petit. Ou plutôt, le public se fait plus dense. Les attentes sont nombreuses ce soir et l’on peut comprendre pourquoi. Son dernier passage « parisien » remonte au mois d’octobre 2015, au Forum de Vauréal. Et je me souviens avoir vu l’ex-leader d’Hanoi Rock à Cannes avec Hanoi Revisited, au début du millénaire. Rare, vous dit-on.
Entouré de son fidèle bassiste Samy Yaffa, Steve Conte à la guitare et Karl Rockfist à la batterie, Michael est également accompagné par Rich Jones venu remplacé Dregen rentré chez ses Backyard Babies. L’entrée sur scène voit le chanteur – à la voix ce soir quelque peu éraillée – attaquer, une sorte de lampion à son effigie à la main (certains voient un godemichet lumineux, je ne suis pas spécialiste…), avec 3 extraits de son dernier album en date, One man gang: le titre éponyme, le superbe Last train to Tokyo et Junk planet qui a tout du hit potentiel. Le public bouge, se serre et met rapidement une ambiance de feu.
Michael, lui, fait le show sans avoir besoin de se faire prier. Entre accessoires lumineux, chapeaux et casquettes diverses, le gaillard affiche une forme quasi olympique. Il saute,danse, transpire et n’hésite pas à faire le grand écart devant un public ébahi par tant d’énergie. Et ce n’est là qu’un début. S’emparant dès que possible d’un harmonica, il souffle également dans les bronche d’un superbe sax rouge.
Passant en revue l’ensemble de sa carrière – qui n’attend pas de pouvoir enfin écouter du Hanoi Rocks en live? – Michael Monroe s’inquiète, après ’78, pour deux jeunes filles écrasées par un public un peu trop enthousiaste : « Soyez sympa, ne poussez pas trop, ces deux jeunes filles n’arrivent pas à respirer ». Et ça repart pour un tour dès Black ties and red tape.
Hard, rock, punk, avec Michael Monroe, tout y passe. Entre sa désormais riche carrière solo, son brillant passé avec Hanoi Rocks, son passage moins remarqué avec Demolition 23, il y a l’embarras du choix. Ce qui ne l’empêche nullement de proposer quelques reprises de classiques, tels que Up around the bend (Credence Clearwater Revival) ou une conclusion simplement superbe avec I feel alright (The Stooges).
En un peu plus d’une heure trente, le dandy dégingandé a conquis le public qui repart ravi et avec une promesse qu’on espère voir se concrétiser, celle d’un retour prochain en nos terres. En cette période de paris, peut-on rêver d’un passage à Clisson?