Interview Parallyx. Entretien avec Lina (chant), Corentin (basse) et Adrien (guitare), le 16 septembre 2024.
Je vais commencer avec une question qu’on ne vous a certainement pas encore posée…
L : Ah ?
Vous pouvez me raconter l’histoire de Parallyx ?
L (rires) : Ah, c’est la première fois qu’on nous le demande ! Parallyx, c’est moi qui l’ai créé, je t’en avais certainement touché un mot l’année dernière au Hellfest. C’est venu de ma volonté de raconter des histoires et de créer une musique que j’aimerai moi-même écouter à la salle. Parce que j’écoute beaucoup de musique quand je suis à la salle de sports et que je cours. Pour une fois, j’avais envie de faire cette musique que j’aime beaucoup. De fil en aiguille, j’ai rencontré Robin qui a été le premier membre à rejoindre Parallyx et qui a ramené avec lui son copain Corentin avec qui ils avaient collaboré sur d’autres projets.
C : Quand j’ai rejoint Parallyx, on cherchait un guitariste et j’ai proposé Adrien avec qui j’avais déjà fait d’autres projet. Ensuite, Matthis (NdMp : j’imagine qu’il s’agit du guitariste…), on avait fait des plateaux ensemble.
La formation est née quand ?
L : Sous ce format, elle existe depuis janvier 2024. L’idée et l’identité officielle de Parallyx, c’était en aout 2023, donc à peine plus d’un an, mais la formation actuelle existe depuis plus d’un an.
Vous sortez un album, le processus de composition a été assez rapide, alors…
L : Oui. On a travaillé en résidence, en fait. On a travaillé pendant une semaine dans une grande maison en Suisse, on avait déjà deux morceaux et on a écrit les 7 restants pendant cette résidence. On est revenus et on a utilisé les deux mois suivants pour fignoler tout ça. On sortait les morceaux en même temps parce que ce qu’on voulait, c’était avoir des choses fraiches qui nous représentent sur l’instant… On n’avait pas envie de faire comme tant d’autres groupes en proposant un album 2 ans après l’avoir composé.
L’album s’intitule The cult – donc à ne pas confondre avec le groupe du même nom qui pourrait sortir un album intitulé Parallyx… Que pouvez-vous nous en dire ?
L : The cult s’adresse non seulement aux personnes qui s’intéressent à la musique mais aussi à celles qui s’intéressent aux paroles. Ce que je voulais, c’était raconter des histoires. Sur cet album, je raconte l’histoire d’une secte, la secte Magdalena Solice. Cette secte a une particularité : Magadalena Solice a été embrigadée par ses frères comme prostituée. Les frères sont arrivés au Mexique en se disant qu’ils allaient se faire de l’argent sur le dos des gens en faisant croire qu’ils avaient trouvé la réincarnation d’une déesse inca. Les gens de ce village sont très croyants et très crédules parce que peu éduqués. Ils ont donc mis en place ce système où les gens donnent de l’argent contre faveur sexuelle de Magdalena. Sauf que peu a peu, elle s’est mise à disjoncter et à croire à ces histoires, elle se pensait vraiment être la réincarnation d’une déesse inca. Dans The cult, je parle de cette descente aux enfers et de l’emprise qu’elle a eu sur les fanatiques de la secte, du moment où la secte a commencé à prendre forme jusqu’au jour où Magadalena a été emprisonnée. Il faut savoir qu’à ce jour, Magdalena a purgé sa peine mais elle a disparu… On ne sait pas où elle est !
Rassure-moi, ce n’est pas autobiographique quand même ? (Rire général)
L : Non, non, pas du tout !
Ceci dit, il y a un côté qui résonne cruellement avec l’actualité puisqu’on parle énormément du procès des viols de Mazan… Il y a 9 titres sur l’album. Vous avez déjà testé cet album sur scène puisque vous avez pas mal tourné cet été. Il y a eu le festival 666 à Cercoux et le Furious Fest en aout. Quels ont été les retours de ces prestations ?
A : On les a très bien vécus. Le projet étant assez jeune, c’était notre première saison de concerts et de festivals et c’était un peu un challenge, techniquement… Il fallait composer les morceaux, les produire, finir de les enregistrer et en même temps préparer un show, ce qui est un travail complètement différent ! Il fallait faire tout ça en même temps et ça s’est plutôt bien passé…
C : On l’a très bien vécu parce que c’était nos premiers concerts, les retours de ces prestations on été très positifs, ce qui n’annonce que du bon pour la suitre, ce qui nous a donné envie de continuer à travailler notre live.
A : De très bonnes expériences sur scène, avec le public au rendez-vous à chaque fois. C’est difficile parce que ce n’est pas parce qu’il s’agit de premières scènes d’un groupe qui sort un peu de nulle part que les gens n’applaudissent pas. Ça peut être risqué mais on s’est rendu compte que les gens on vraiment bien réagis au show. On a pu rencontrer les gens après les concerts. Ça a été de très belles opportunités, que ce soit le festival 666 ou le Furious fest, ou même les autres concerts qu’on adonnés…
L : En fait, notre nombre d’écoutes et de followers a doublé en moins de deux semaines. On le prend comme un bon indicateur.
Vous le dites tout les trois, un concert se prépare. Lina, on se connait déjà donc je ne te le demande pas, mais Adrien et Corentin, vous venez d’où ?
C : Moi, pour faire court, je viens du conservatoire classique. J’ai commencé très jeune et à l’adolescence, je suis passé de la contrebasse à la basse, j’ai monté mes premiers groupes de rock avec les copains et petit à petit, j’ai monté de plus en plus de projet tout en continuant le conservatoire. A un moment, je me suis dit que ce serait sympa d’en faire mon métier. J’ai monté plusieurs projets avec Robin, le batteur avec qui j’ai pu rencontrer Parallyx. J’ai donc pu travailler dans divers projets de types différents, du reggae, du ska punk, de la… Mais finalement, tous les chemins mènent au metal !
A : Moi, c’est un peu pareil : j’ai commencé au conservatoire où j’ai fait de la clarinette pendant quelques années. Ensuite j’ai fait de la trompette avant de découvrir la guitare vers 14 ans. J’ai continué tous ces instruments et j’en ai appris d’autres… Je suis multi instrumentiste ce qui me sert parce que je fais aussi de la composition pour d’autres dans d’autres styles. J’ai aussi la casquette d’ingé son en live et en studio. Toutes ces expériences me sont bine utiles pour monter le show de Parallyx, par exemple.
Vous avez déjà réalisé quelques clips, je crois…
A : Oui, je crois qu’on a déjà sortis 4 clips… Avec des esthétiques assez différentes. On voulait explorer des univers différents…
Il y a du feu, de la technologie pixélisée, des choses en effet différentes…
A : Oui, on voulait donner de l’importance à chacun de ces morceaux en leur donnant une esthétique particulière, ce qui va aussi bien avec le fait de sortir ces morceaux en singles plutôt qu’en album uniquement.
Comment décririez-vous chacun la musique de Parallyx pour quelqu’un qui ne vous connait pas ?
C : On va mettre en premier l’étiquette de « metal moderne », qui est en fait un mélange de metalcore, de djent sur certains aspects…
Quels aspects ? Dans ce que j’ai pu écouter, je ne le trouve pas…
C : Il y a quelques passages. Il n’ya pas de morceau purement djent, on retrouve des touches à quelques endroits dans Pandémonium, quelques lignes de basse…
A : C’est vrai que ce n’est pas ce qui ressort le plus de l’album… Il y a du metalcore, du hardcore aussi et tout un coté plus éthéré et pop avec les arrangements et les refrains un peu grandiloquents, de synthés et de couches de voix différentes.
L : On est entre énergie et mélodie, avec plein de choses dedans.
Le chant hurlé, c’est toi aussi, Lina ?
L : C’est moi ! Je fais toutes les voix et tous les bruits bizarres qui sortent par la voix…
Donc il y a une belle palette vocale aussi.
L : Merci !
A : Ce qui était très pratique pour la composition puisqu’on n’a pas eu à se mettre de barrières. Si on voulait un couplet très calme et un refrain qui screame, ou inversement, on pouvait tout faire… En fait, ce type de voix, c’est très pratique, très cool…
Varié et riche, mais ça ne doit pas être évident sur scène…
L : Non ! Je confirme ! C’est fatigant, et c’est très fun…
Si vous deviez, chacun, ne retenir qu’un seul titre de The cult qui soit le plus représentatif de ce qu’est Parallyx, ce serait lequel ?
A : Pour moi, ce sera Pandemonium…
L : Pour moi aussi !
C : Probablement moi aussi… Ou peut-être Matriochka… Est-ce que ça défini ce qu’est Parallyx ?
A : Non, il n’y a pas tous les éléments…
L : On adore le jouer sur scène, mais ce n’est pas celui qui regroupe tous les éléments. Pandemonium recouvre tout : le metalcore, le djent, l’aspect mélodique, un refrain super mélodique…
A : Ca screame sur certaines parties, il y a une petite partie en arabe, ça chante, il y a du gros riffing, des refrains qui font pleurer…
Justement, le côté arabisant vient d’où ?
L : De moi (rires) ! Il vient du fait que je suis Marocaine et du fait que je me dise que c’est dommage : le metal, au Maroc, et dans la communauté maghrébine… Il commence à se développer mais au niveau des femmes, j’ose dire que je tire une certaine fierté d’être une des seules femmes marocaines à faire du metal, en tout cas à mon échelle. S’il y en a d’autres, je voudrais bien qu’on me les présente. Je suis sure qu’il y en a… Mais je voulais faire quelque chose pour mettre cet aspect-là en valeur…
En matière de groupe de metal maghrébin, tout le monde connait Myrath, mais ce n’est pas du tout le même style.
L : Exactement, mais ce sont des garçons !
Il y a donc le côté féministe (elle approuve) mais ce n’est pas une musique propagandiste…
L : Non, pas du tout ! On essaye de véhiculer… Rien du tout en fait, on ne parle pas de nos valeurs, on raconte seulement des histoires. On se tient loin de toute forme de propagande.
Et, à toi toute seule, tu représentes déjà 3 femmes du metal avec tous tes projets…
L (elle rit) : Oui, mais Parallyx reste quand même celui que j’ai fondé… Les autres existaient déjà avant que je n’arrive. Là, Parallyx, on peut dire que c’est moi qui gère la stratégie du groupe, même si on est tous au même niveau dedans. Mais je gère le groupe…
On sait très bien, d’autant plus pour un jeune groupe, qu’on ne vit pas des activités du groupe. Quelles sont vos activités à tous les 5 ?
A : En fait, on vit tous de la musique. On est tous intermittents ou très proche de le devenir. On est à 100% dans la musique, que ce soit avec nos projets annexes, de l’événementiel, des prestations un peu partout…
L : Moi, c’est un peu à part puisque je suis prof de chant – j’ouvre d’ailleurs une école de chant avec des collègues, je donne des cours depuis quelques années. J’enseigne à pas mal de gens qui sont dans des groupes de metal. C’est ma principale source de revenus.
Quelle pourrait être la devise de Parallyx ?
L : J’en ai une, je peux la proposer, les gars me diront s’ils sont d’accord.
Ils peuvent en proposer une autre…
L : Oui. Moi, ma devise c’est « de l’égo mais pour le projet ». On aime bien dire que pour être musicien, et pour avancer dans ce milieu, il faut avoir de l’égo. Notre but c’est avant tout de servir le projet, donc pas d’égo mal placé. Il faut des idées pour des compos, mais si au final on ne le retient pas, il ne faut pas le prendre mal, c’est que ça ne sert pas le projet. On ne se met pas de limites non plus.
On termine avec ceci, et là, c’est vraiment individuel : quels sont les 5 album que vous avez le plus écoutés dans votre vie ?
L : Je sais qu’il y en a d’Avenged Sevenfold – City of evil et Nightmare, ça en fait déjà 2 – le premier album de Bloodywood, Rakshak, Welcome to horrorwood de Ice Nine Kills et… Techno, de Electric Callboy.
A : The way of all flesh, de Gojira. Peut être un album de Whitechapel. Ensuite… We like it here de Snarky Puppy dans une veine jazz. Il y aura aussi un album de reggae… ça va être dur de choisir ! sans doute un album de Max Romeo, Words from the brave. Ensuite, une petite OST de Ori and the blind forest.
L: Oh oui!
C: C’est dur… Je vais commencer avec Meteora de Linkin Park. The second law de Muse, l’intégralité des albums de Against The Current – je dirais Fever. Il m’en reste 2, c’est ça ? Sans doute Misery de The Amity Affliction et pour terminer… un album de Insane The rainy Music qui s’appelle Sinovation (Lina se marre). C’est un album d’arrangements, c’est un peu perché mais j’adore ça
Avez-vous quelque chose à ajouter avant de terminer ?
A : Oui, abonnez-vous, dans un premier temps, et, surtout, venez nous voir le 8 novembre à Anthony pour notre release party. On a des invités super cool et on va jouer tous les titres de l’album. Ecoutez l’album, on y a mis beaucoup de tripes, de cœur…
L : D’argent aussi !
A : Et pour cet argent, achetez notre merch, ça aidera pour le prochain album. Ecoutez le et dites ce que vous en pensez, même si vous n’avez pas aimé. Ecrivez le, dites que vous avez trouvé ça nul !
L : Carrément, on prend toutes les critiques ! Maintenant, ce n’est que le début !