USA, Hard rock (Silver Lining, 2020)
Lorsqu’on évoque Alcatrazz, on pense soit à la prison d’où « on ne s’évade pas », une île à quelques encablures de San Francisco – mais suffisamment éloignée des terres et cernée de courants forts et contraires pour décourager les meilleurs nageurs – une prison désormais devenue lieu de visites touristiques, soit au groupe fondé au début des années 1980 par Graham Bonnet, chanteur passé au sein du Rainbow de Richie Blackmore ou du MSG de Michael Schenker. La première mouture du groupe avait accueilli un jeune Yngwie Malmsteen, prodige de la guitare devenu référence de nombreux six cordistes, amateurs ou professionnels. Mais avec un line-up instable, et malgré 3 albums de qualité, jamais Alcatrazz ne réussit à franchir le cap des challengers. Aujourd’hui, à plus de 70 ans, Graham Bonnet reprend son micro et s’entoure d’une équipe efficace avec laquelle il propose, 34 ans après le dernier album studio, Born innocent, un album qui fleure bon le bon vieux temps. Celui où les manches de guitares déversaient un flot de notes et de mélodies, où le chant signifiait quelque chose, où l’efficacité et l’attitude primaient sur le reste. Les 13 titres de ce nouvel album renouent avec ce passé lointain mais pourtant si familier et proche. C’est sans doute la seule faiblesse de ce disque varié, à la production irréprochable: être trop nostalgique, proposer une musique quelque peu datée. Mais la voix de Bonnet est bluffante, tout comme le jeu de Joe Stump, un guitariste à suivre de près. La mélodie omni présente et le refrain qui fait mouche parviennent aisément à faire de cet album « sans prétention » un moment de plaisir simple et intense. Ne vous attendez pas à une révolution, Born innocent entre simplement dans la catégorie des albums rafraichissants. A l’image du sourire que Bonnet affiche dans le livret intérieur.