C’est désormais une habitude… Toujours privés de concerts, Metal Eyes continue de de revisiter certains albums live au travers de la rubrique « Concerts from home ». Cette semaine, c’est un monstre qui est décortiqué. Enjoy et… Bang that head that doesn’t bang!
Et là, il y a de quoi faire! Parce que pour son premier vrai live, Metallica ne fait pas les choses en double mais voit aussi grand qu’il est devenu! Ce coffret regorge de tout ce qu’il faut pour devenir indispensable. Alors décortiquons le dans ce nouvel épisode de votre rubrique hebdomadaire!
METALLICA : Live shit : binge & purge (Electra, 1993)
Avec plusieurs millions d’exemplaires écoulés, un premier grammy et une entrée parmi les 40 albums les plus vendus des de la décennie, … And justice for all, en 1988, n’a fait que mettre Metallica sur la voie des géants du rock. Son successeur, le communément appelé Black album, a propulsé le groupe de la Bay Area au firmament des stars, et la tournée qui a suivi a fait entrer Metallica au panthéon des monstres sacrés du rock. Alors Metallica fait les choses de manière monstrueuse : une tournée qui s’étale à n’en plus finir, une scène centrale (sans doute inspirée de celle de Def Leppard sur la tournée Hysteria) en forme de diamant avec un cœur rempli de fans (appelé Snakepit – la fosse aux serpents), et un temps de jeu… Bref, Metallica a décidé de conquérir le monde et s’en donne largement les moyens avec le Wherever we may roam tour qui s’étale de Des Moines, dans l’Iowa, le 6 novembre 1991 pour – enfin – se conclure avec deux soirées à Buenos Aires, en Argentine, les 7 et 8 mai 1993 ! Une tournée qui aura vu Metallica et sa petite troupe de plusieurs dizaines de techniciens (la liste des crédits est digne du générique d’un film de SF…) mettre à genou le monde entier ou presque, des USA à l’Europe en passant par l’Asie, la Russie, l’Amérique du Sud, en remplissant des stades de plus en plus importants, en assurant la tête d’affiche de festivals majeurs comme feu les Monsters of Rock… Bref, Metallica prend la place de leader incontesté du metal à une époque où le grunge fait des ravages dans ce milieu, faisant carrément passer Maiden au second plan. Le 23 novembre 1993, les fans découvrent – en fonction de leurs moyens financiers et techniques (bien que très répandu, tout le monde n’a pas de magnétoscope…) – ce Live shit : binge and purge tant attendu. Si les Four Horsemen ont publié quelques extraits live en face B de divers Ep et Cd singles, ils n’ont pour autant jamais proposé d’album live à leur public. Alors, pour son premier live officiel, Metallica fait très, très fort. Live shit : binge & purge, c’est un luxueux coffret en forme de flight case qui contient des heures de son et d’images ainsi qu’un livre de 72 pages bourrées de photos de cette tournée désormais mythique. Le triple CD relate les concerts de Mexico City enregistrés le 25, 26, 27 février et 1er mars 1993 au Sports Palace. Metallica y interprète 22 titres, dont 3 reprises, plus un medley d’extraits de Justice. De bout en bout, le groupe affiche une forme sans pareille, et le public, en folie, pousse les hommes en noir dans leurs retranchements. Un échange d’une puissance totale qui ne se dément pas tout au long des plus de deux heures que dure le set. Les VHS quant à elles ont été filmées sur deux tournées : tout d’abord, San Diego où Metallica investit le Sports Arena les 13 et 14 janvier 1992. Plus d’une année sépare ce concert de celui de Mexico et pourtant… Les images parlent d’elles-mêmes : avant même de monter sur scène, le groupe harangue le public, va le chercher en s’adressant aux fans depuis les loges, décomptant le temps restant avant de se livrer tout entier. Le public est intenable, bien que contenu dans ses quartiers par la sécurité. Des images brutes – on est encore à l’ère de la VHS et du format 4/3– parfois granuleuses, un montage nerveux (qui pourrait, au regard de certaines séquences, avoir inspiré le live stroboscopique Paris de Rammstein) et un spectacle… On sent le quatuor très complice même si certains gimmicks sont prévisibles. On se délecte cependant des soli dont le duo à la batterie, sorte de duel rituel entre Lars et James, encore vierge de tatouages. Si la tournée Justice avait pour clou l’effondrement de Doris, la statue représentant la justice, ici, pas ou peu de fioritures : Jaymz, Lars, Jason et Kirk donnent tant d’énergie que rien de plus n’est utile. Seuls quelques effets pyrotechniques sont proposés, dont une série d’explosions qui introduit One, mais guère plus. Si, pour le second concert, Metallica aurait pu proposer un second show de cette même tournée, il préfère nous faire remonter dans le temps avec cet enregistrement des 29 et 30 août 1989 de ses concerts du Seattle Coliseum, à… Seattle captés lors de la tournée précédente qui l’a vu mettre, enfin et définitivement, les USA à ses pieds. Là encore, la formation est en forme, le spectacle d’une puissance exceptionnelle comme seuls les grands savent le faire. Démarrant avec des images qui remontent le temps, des remerciements de James à la fin du concert de San Diego jusqu’à cette actuelle journée de 1989, en passant par l’accident de James qui s’est grièvement brûlé au tabassage en règle du public par la milice russe lors du passage des Monsters of Rock en 1991… Le public de Seattle est tout aussi dingue que les autres, Metallica proposant un concert « traditionnel » avec, en guise de décor la façade d’un palais de justice qui dissimule Doris, la statue « justice aveugle ». Ce n’est que sur The thing that should not be que, telle une Venus de Milo décapitée, elle apparaît depuis un côté de la scène, tandis que les piliers du palais commencent à s’effondrer – dommage qu’on ne les voit qu’une fois tombés au sol… Reste qu’au niveau des lumières, de la mise en scène et de la puissance de feu que dégage Metallica, ce concert, dont le spectateur peut se délecter à chaque seconde, frise la perfection. Plutôt que de vous narrer dans le détail ce concert, le mieux n’est-il pas, simplement de le redécouvrir, ainsi que les deux autres ? Des heures de plaisir… Cette pièce rapidement devenue incontournable et difficilement trouvable fut enfin rééditée en 2002 avec remplacement des vidéos par 2 DVD. Il ne s’agit que d’un boitier CD, avec fourreau type « flight case » contrairement au produit original, tant pis. Si l’on y retrouve, en plus du concert audio de Mexico et des deux concerts vidéo, les goodies – un pochoir du « Scary guy » et une reproduction d’un pass pour le Snakepit, le livret ne contient que 8 pages de crédits et d’info. Exit donc le bouquin de 72 pages que l’on peut toutefois découvrir dans son intégralité sur le second DVD. Un must, un produit phare à (re)découvrir sans hésiter. Monstrueux.