METALLICA: 72 seasons

USA, Thrash (Blackened, 2023)

Ne confondons pas vitesse et précipitation, s’il vous plait! Alors que sort – enfin – le nouvel, onzième, album de Metallica, il serait dommage de foncer tête baissée pour être parmi les premiers à commenter et disséquer ce 72 seasons tant attendu. Car là où les « grands » médias n’ont pu se faire qu’une première idée sur une écoute unique, nous, « petits » médias – webzines, radios… – avons le privilège de pouvoir écouter ce disque à plusieurs reprises et à notre rythme. Alors profitons en. Car s’il est vrai que les Mets ont souvent déstabilisé leurs fans depuis …And justice for all – les errances du renouvellement de la période Load/Reload, la sombre souffrance de St Anger, un son de batterie perturbant sur Death Magnetic (sans parler de l’ovni Lulu) – Hardwired… to self destruct semblait vouloir remettre le pendules à l’heure. Metallica a toujours été un groupe de heavy thrash, certes, mais de ceux qui se lancent de nouveaux défis pour ne pas se répéter. La musique comme exutoire et terrain de jeu d’expression de ses sentiments. Venons en à ce nouvel album, voulez-vous? Une fois passé le cap de cette pochette d’un jaune canari – peut-on l’envisager comme futur décor de scène, ce lit de bébé qui, telle une Doris à l’époque de la tournée Justice, serait monté tout au long du concert avant d’être carbonisé en éparpillant les divers objets de ladite pochette? – un premier constat s’impose: l’album est long. Il dépasse les 75′ pour 12 titres dont deux seulement n’atteignent pas les 5′ : le premier single, Lux aeterna (3’21), un titre accrocheur et nerveux, et Too far gone ? (4’33) particulièrement thrash, direct et saccadé. Deux titres qui, à eux seuls, démontrent qu’il est inutile de vouloir trop en faire, ce qui se révèle rapidement le travers principal de ce nouvel album. C’est le morceau éponyme, 72 seasons, qui ouvre les hostilités. Son intro très Motörhead est claire: Metallica sait encore jouer heavy. Efficace même si l’ensemble se fait répétitif et aurait gagné à être raccourci pour se concentrer sur le chant de James ou ce solo de Kirk autant que sur le si souvent inutilement et à tort critiqué jeu de batterie de Lars. C’est cette répétitivité de certains plans qu’on peut sans doute le plus reprocher à ce disque par ailleurs riche de trouvailles, de brutalité contrôlée, de riffs et de soli qui tuent et entrent dans le crane, et qui est truffé de références un peu partout. Si on a déjà évoqué Motörhead, Metallica salue ici cette période bénie qui a réuni James et Lars il y a plus de 40 ans: partout on trouve des clins d’œil à cette NWOBHM, que ce soit directement (Lux aeterna fait explicitement référence au Ligntning to the nations de Diamond Head) ou des mélodies dignes des plus grands noms du genre, Saxon et Maiden en tête mais parmi d’autres, et fait même référence à sa propre histoire, de Kill ’em all à Hardwired – je vous laisse chercher! 72 seasons se révèle, comme sa pochette, à double face: d’un côté Metallica est toujours animé par ce heavy thrash des grands jours mais se perd parfois en propos par trop répétitifs, voire en plans dont on se serait passés, comme ce If darkness had a son, surprenant et déstabilisant troisième single. Le groupe, cependant, sait toujours prendre des risques et le démontre avec ce pavé qui vient clore l’album: Inamorata et ses 11’10 – sans doute le morceau e plus long jamais proposé par Metallica – s’il débute de manière presque oppressante et inquiétante se fait rapidement plus varié, parfois mélancolique ou plus simplement « passe partout » dans un esprit classic rock. Si 72 seasons aurait gagné à durer moins longtemps, Metallica nous offre un album très riche, une œuvre dense qui mérite plusieurs écoutes avant d’être totalement apprivoisée. Un album qui ne laissera personne indifférent. Rendez-vous les 17 et 19 mai prochain au Stade De France avec un lit à barreaux en guise de snakepit ?

HELLFEST XV part 2: 23 au 26 juin 2022

Ce report est dédié à la mémoire de notre amie photographe Carine Mancuso (« la fée verte photographie ») qui nous a quittés le 16 juillet dernier après un long combat contre le cancer. RIP

Certains sont restés sur place entre les deux week ends, d’autres non et reviennent pour cette seconde partie de quatre jours. La météo annoncée est moins clémente, la température a chuté, certes, et les jours qui viennent vont s’avérer tout aussi compliqués à cause de la pluie qui, dès le vendredi, transforme le terrain solide en une surface boueuse et glissante… Une seconde partie qu’on aurait très bien pu nommer « beyond madness ».

Plus de photos se trouvent dans la galerie Hellfest part 2

Jeudi 23 juin

Le jeudi, pour les amateurs de metal « traditionnel », est la journée idéale. Le gratin qui défile dès 15h30 sur les main stages est impressionnant. Pour moi, c’est simple, je n’en décolle pas – ou presque – de la journée…

On débute avec un peu de merch tout en écoutant Phil Campbell and the Bastard Sons. Une setlist faite pour séduire les fans de Motörhead, un set sans grande prise de risque ce qui, quand on connait la (petite) discographie du combo, est un peu dommage car on dirait que le Gallois se complait à ne plus jouer que dans un tribute band – ce qui ne fut pourtant pas le cas en avril dernier lors de la tournée française. Mais on est au Hellfest et ce soir, les cendres de Lemmy doivent être déposées au pied de sa statue, alors, ce concert serait-il un dernier hommage ?

Tyler Bryant & the Shakedown se fraie un chemin sur la route des grands. Le rock vintage, ou comme le désignent certains « classic rock », chaleureux et entrainant du gang fait mouche. Il n’y a simplement ici rien à redire, c’est direct et classe. On ne peut qu’espérer voir ce groupe grandir encore plus et plus vite.

Thunder… Voici quelques temps que je les attends en terres clissonnaises. Là aussi, les Anglais proposent un rock entrainant, efficace et qui a depuis longtemps fait ses preuves, et ses dernières productions sont simplement irréprochables. Mais la prestation de Thunder est simple et sans surprise. Les classiques (trois extraits du premier album : Higher ground, Back street symphony et Dirty love) défilent aux côtés de titres plus récents – de futurs classiques du groupe – mais il manque peut-être un peu de folie à ce set au demeurant plus que sympathique mais certainement trop court.

Les New-Yorkais de The Last Internationale sont sans doute la surprise du jour. La chanteuse à la voix suave et puissante et au look brillant fait le show. Dans l’incapacité de se poser, elle arpente cette énorme scène et va chercher le public. L’esprit évoque celui de Blues Pills (tiens… le groupe sera présent ici même le lendemain…) par l’énergie dégagée et l’esprit musical festif bien que moins « disco ». Une bien belle découverte de ce début de seconde partie, un groupe à suivre de près.

On se retrouve devant la MS pour célébrer un UFO au visage vieillissant et au line up presque entièrement réinventé (on ne compte plus le nombre de musiciens passés dans ce groupe mythique…) Alors viendrait-on plus célébrer l’irremplaçable Phil Mogg et son compagnon de route Paul Raymond ? Oui, et le set se révèle bien trop court. Sept petits titres (ok, il y a les grands classiques Rock bottom, Lights out et Doctor, doctor) c’est peu, mais on devra s’en contenter. Une jolie prestation d’un groupe de légende.

On file du côté de Steve Vai, ex guitariste de Whistesnake (qui, tiens donc, passe à côté juste après…) qui se donne à fond avec ses classiques instrumentaux. Il le sait, un set basé uniquement sur la guitare peut lasser rapidement les non musiciens, surtout si le gratteux joue la démonstration. Mais Vai n’est pas de ceux-là, jouant avec ses musiciens et le public, grimaçant et ayant l’air surpris tout au long du set. On n’est pas que dans la démonstration, on est aussi dans le visuel fun et pas sérieux. Un beau et bon concert.

Son ancien boss, David Coverdale, déboule avec son Whitesnake que je n’ai pas vu depuis… pfiou… Et si la pêche est là, le constat est malheureusement sans équivoque : le chanteur a vraiment perdu sa voix, incapable de tenir longtemps une note sans le soutien de ses musiciens qui prennent dès que possible le relais. Coverdale est tout sourire, heureux d’être là, et, avant de démarrer l’incalculable nombre de « fuck » dans ses interventions – il est plus aisé de compter ses « here’s a song for ya ! » immortalisé depuis Live…in the heart of the city – il s’amuse du fait de la présence de Vai sur la scène d’à côté… « Once a snake, always a snake… » annonce-t-il avec un large sourire bienveillant – et présente sa bassiste, Tanya O’Callaghan, la première femme membre su Snake. Et la bassiste déménage et se donne du plaisir au côté du guitariste Joel Hoekstra. Un show plein de couleurs et de classiques qui se termine avec la venue de – « Once a Snake, always a snake » – Steve Vai (non ? quelle surprise !) sur le final Still of the night. Une voix à la ramasse mais un concert au top.

Un gros rideau masque la scène, le public se masse devant pour accueillir, enfin – ça fait depuis 2013 qu’on ne les a pas vus à Clisson – les citrouilles allemandes de Helloween. Même si l’évènement n’est plus aussi attendu qu’il y a trois ans, les Pumkins United telle qu’on les appelle depuis le retour au bercail de Kiske et Hansen, sont là pour marquer de nouveaux points d’autant plus après avoir publié un album aussi bon que leur dernier éponyme. La recette fonctionne ici toujours aussi bien, entre trio de guitares, duos/trios ou presque de chant, le groupe propose une setlist de classiques imparables (Eagle fly free, Dr Stein, Future world, I want out…) et semble uni comme jamais. Une superbe prestation de bout en bout d’un groupe au meilleur de sa forme.

La soirée est allemande puisque la tête d’affiche n’est autre que les fidèles Scorpions qui, à l’origine, devaient clore cette seconde partie du Hellfest. Mais la venue de vous savez qui a aussi poussé Barbaud et son équipe à penser à cette quatrième journée. Meine et sa bande ont accepté de clore cette journée du jeudi et c’est tant mieux. Car même si le chanteur semble parfois en mode diesel – lent à démarrer – le groupe trouve rapidement sa vitesse de croisière. Avec Scorpions, on sait exactement ce qu’on va avoir : un chanteur qui distribue l’équivalent de la forêt amazonienne en baguettes, un break de ballades intemporelles (avec un Wind of Change revisité en hommage à l’Ukraine) et une large place laissée au nouvel album (avec, de mémoire, au moins cinq titres extraits de Rock believer), un show son et lumières rodé et d’une efficacité sans pareille, une guitare qui fume… Oui, les anciens savent exactement quoi faire pour satisfaire leur public et c’est tant mieux, car Scorpions se donne toujours avec autant de bonheur et sait satisfaire son public. Un très beau show qui vient presque conclure cette première journée par un duo avec l’ami Campbell (sur Rock you like a hurricane).

La soirée se conclue par un pèlerinage vers la statue de Lemmy après un hommage à l’issue du concert de Scorpions. L’équipe du Hellfest accompagnée de Phil Campbell et Mikkey Dee a déposé une partie des cendres de Lemmy Kilmister au pied de sa statue dominant la Warzone. Un hommage aussi émouvant que la présentation de la première statue il y a quelques années.

Vendredi 24 juin

Etonnante journée que ce vendredi. Il ne pleut pas encore mais il vaut mieux prévoir de quoi se couvrir. J’arrive sur place pour découvrir Fauxx sur la MS. Derrière la batterie, mais… oui, c’est bien lui, Job, le batteur de Tagada Jones. Ok, le gaillard va passer le week end sur place et, nous ne le savons pas encore, en sera un des héros. Nous y reviendrons. Pour l’heure – la demi-heure, plus précisément – le public découvre un groupe rock direct et rentre dedans, et l’amuse gueule de la journée est appétissant. A suivre.

Disconnected avait ouvert pour Judas Priest à Paris en 2019. Une première grosse scène, mais rien de comparable avec ce HF. Les musiciens sont au taquet, qui hurlant sa rage, qui n’épargnant pas sa guitare, tous allant chercher le public qui répond présent. Disconnected est une vraie machine et on ne peut qu’espérer voir le groupe grandir et trouver son public au niveau international.

Quelques interviews sont programmées cet après midi, et je rate pas mal de choses sur la MS1. Mais sur la scène voisine, en revanche, il y en a pour tous les goûts et toutes les humeurs. Crisix revient au Hellfest pour la troisième fois (sans compter sa participation à la récente tournée Warm-up). Après Altar en 2017, on retrouve les Espagnols invités l’an dernier pour le HF from home. La fidélité paye et c’est aujourd’hui, même un peu tôt, sur une mainstage qu’on les retrouve. Oui, mais… Le chanteur, Julian, débute le concert par un speech : leur batteur a été testé positif au covid et ne peut donc jouer… « On fait quoi ? on annule ou on demande à des amis un coup de main ? » Solution numéro 2, Job – oui, le même qu’on a déjà vu ce matin – a pris le temps d’apprendre quelques titres et se dirige, acclamé, derrière la batterie. Et Crisix lance les hostilités avec puissance et bonne humeur. Job se retire sous les hourras après deux titres et les thrashers fous reprennent leurs habitudes, permutant les rôles sous forme de quatuor. Sourire, bonne humeur et sérieux sont de mises, le public est mis à contribution dès l’arrivée, derrière les futs, de Paul, batteur habituel de Gama Bomb. La sécurité voit le duo de guitaristes, Albert et BB foncer vers le public et s’y enfoncer. Le duo se fraye un chemin au centre de la fosse qui entame un circle pit rituel et joyeux sous le regard hilare de Julian qui a perdu de vue ses compagnons. Qui, naturellement, reviennent terminer ce concert de folie en fendant la foule avant de remonter sur scène, heureux. Sans doute mon concert préféré de l’ensemble de cette édition. Crisix marque incontestablement encore des points.

Blues Pills prend la suite. Les Suédois proposent une musique toujours festive et entrainante et, même si l’on peut s’étonner des choix vestimentaires de leur chanteuse, l’énergie et la bonne humeur sont communicatives.

De son côté, Danko Jones, pas revenu au HF depuis 2013, fonce dans le tas sans se prendre la tête. Son rock punkisant et burné fait sauter et se trémousser le public. Et, en bon râleur rebelle, le voilà qui s’en prend à « ces putains de photographes… Ils restent 3 chansons, et après, ils font quoi ? Ils restent dans le public ? Non, ils se barrent… C’est pas comme vous qui êtes là ! » Euh, oui, Danko, certains restent et assistent aux concerts, mais rappelle-toi aussi que, parfois, les photographes sont dirigés vers la sortie même s’ils souhaitent rester… Heureusement que tu nous offres des moments simplement fun et débridés, un rock pas prise de tête et direct !

Avec DragonForce, on sait qu’on va avoir droit à un show aussi visuel que technique et quelque peu « frime ». Ceux qui ont assisté à la dernière tournée du groupe retrouvent, en version XXL, un décor de jeux vidéo avec des consoles qui servent de promontoires géants et, naturellement, un dragon en fond de scène. Annoncée en remplacement, la bassiste Alicia Vigil est toujours présente et la complicité avec les autres musiciens, Herman Li et Sam Totman en tête, est réelle. Une place permanente pour elle ? Le groupe est enjoué, alternant entre alignement de notes et tempi plus calmes, toujours avec bonne humeur. La promesse d’un bon moment est tenue.

On passe à des choses plus « sérieuses » avec le retour des Allemands de Kreator – OK, il y a désormais notre Fred Leclerc – ex… DragonForce – national à la basse et les regards se tournent naturellement vers lui. Mille Petrozza est en forme, sérieux et hargneux. Les nouveaux titres de Hate über alles passent superbement ‘exercice de la scène. La pyro est de sortie pour un show tout feu tout flamme. Fred Leclerc impose sa présence avec une énergie sans pareille et Kreator donne  simplement un concert impeccable de bout en bout.

La pluie continue de battre son plein lorsqu’Alice Cooper. On ne le sait pas encore, mais Nita Strauss, la guitariste – une des guitaristes, ils sont 3 – qui accompagnent le Coop depuis quelques années annoncera bientôt son départ du groupe. Mais en attendant, là encore, avec Alice Cooper, on sait à quoi s’attendre : du spectacle théâtral et totalement visuel, des billets qui volent, une décapitation en public et une résurrection. Tout est là, le maitre de cérémonie inquiétant comme toujours, et les classiques défilent. Un grand moment du festival qui, pour moi vient clore la journée. Trop de pluie et le froid auront eu raison de moi et comme je ne suis pas un grand amateur de Nine Inch Nails, même si la venue de Trent Reznor est un évènement, un peu de repos est prioritaire.

 

Samedi 25 juin

Il pleut… pas envie de me lever ou d’affronter cette météo qui tape sur les nerfs… Je rate la prestation d’Existance avec quelques regrets, mais le froid, la pluie et la fatigue commencent à avoir le dessus. Pas question cependant de rater tous les groupes français, d’autant que Manigance ne va pas tarder. Au moment de partir, il se remet à pleuvoir… Pas envie de bouger… Pourtant, j’y vais et arrive à temps pour découvrir un terrain plus que boueux (ce n’est qu’un début) et assister à la fin de la prestation du groupe de François Merle. Le Bal des ombres, dernier album du combo, mérite d’être présenté au public dans ces conditions. Et le groupe a visiblement du plaisir à se trouver là, sa première fois au Hellfest. La prestation se conclue par un duo avec Julian Izard, guitariste/chanteur d’Existance. Une belle prestation qui réchauffe un peu l’ambiance.

Ceux qui y étaient se souviennent encore de ce show explosif de Michael Monroe en 2019 à Paris. Armé d’un nouvel album, l’ex-chanteur de Hanoi Rocks attire aujourd’hui une foule conséquente et propose un show tout aussi explosif, simplement rock, direct et enjoué. Il n’hésite pas à aller au contact du public – OK, sans jamais, comme d’autres, franchir les barrières – et se permet encore d’impressionner en faisant le grand écart. Le show est visuellement et musicalement sans failles, et le bougre marque encore ici des points. Last train to Tokyo ? ce serait plutôt First train to Hellfest ! On espère bien le revoir en aussi grande forme.

GloryHammer c’est tout aussi visuel et dans un autre registre. La mise en scène, les costume, les bagarres, tout est ici second (voire douzième) degré. Fun de bout en bout mais franchement pas exceptionnel, on vient voir GloryHammer pour son coté volontairement kitsch. Et on passe un bon moment. Nul doute que les enfants présents ont dû adorer ça !

Changement radical de registre avec Ayron Jones, la nouvelle sensation rock américaine. Un premier album remarqué, une première série de dates en France, une belle place à l’affiche de ce Hellfest – sous un peu de soleil, svp ! – et, à venir, la première partie française des Rolling Stones… S’il y a un concert à voir, c’est sans doute celui-ci, et si c’est le nom du guitariste chanteur qui est à l’affiche, les musiciens qui l’accompagnent sont tout aussi exceptionnels, bassiste et guitariste n’hésitant jamais à prendre la pose et se faire remarquer. Un concert qui souffre sans doute d’un léger manque de confiance mais qui place Ayron Jones, le groupe, parmi les gros espoirs de demain. A suivre de très près !

Je rate Nightmare pour je ne sais plus quelle raison (sans doute une interview) et revient devant la MS pour découvrir un autre black américain, également guitariste chanteur, Gary Clarke Jr. Ce dernier évolue dans un style radicalement différent. Son blues n’a rien d’extrême mais est superbement interprété et fait du bien à ce moment de la journée. Etonnant choix pour le festival des musiques extrêmes mais, après tout, le blues est à l’origine aussi du hard et du metal, et le Hellfest a toujours montré son ouverture d’esprit. Une belle découverte.

J’ai craqué pour le dernier album de Sorcerer alors je file découvrir ce que ça donne sous Temple. Sobre, doom, et efficace, le groupe propose un concert simple et concentré. Pas mémorable pour autant sauf pour la lourdeur de son propos.

On se prépare pour accueillir devant les MS un Epica très attendu. La scène, dominée de part et d’autre par deux gigantesques serpents de fer, est lumineuse. Simone Simons et Mark Jensen sont toujours aussi complices sur scène, les flammes toujours aussi nombreuses, mais j’ai l’impression de voir un groupe en mode automatique. Oui, le show est impressionnant et carré, mais en dehors de certains détails visuels, j’ai l’impression d’assister à une redite efficace mais sans surprise.

Passer de la flamboyance d’Epica à la sobriété de Myles Kennedy and company… Peut-être attendais-je trop de ce concert mais voici le meneur d’Alter Bridge et chanteur plus qu’occasionnel de Slash pour un « seul en scène » ou presque. Il est accompagné de sa « Company » mais il y a peu d’effort dans ce concert. J’ai même l’impression que l’ensemble manque d’envie… 9 titres pourtant connus mais peu de pêche. Une déception…

Après une courte pause méritée, il est temps de retourner voir Airbourne pour son second passage de la semaine. Mais le terrain est déjà tellement envahi qu’il est difficile voire impossible de circuler. La setlist est rallongée – tous les titre de la semaines précédente sont là – et les Australiens n’ont aucune difficulté à mettre le feu même si, on le sait, tous les regards sont portés sur Joel O’Keefe, pile électrique inusable.

Nightwish et le Hellfest, c’est une longue histoire. Nightwish au Hellfest et moi, c’en est une autre. Jamais encore je n’ai pu les photographier et, de nouveau, impossible d’approcher… Le show est pourtant léché, soigné mais assister de si loin à ce type de concert est dommage. Alors à la moitié je décide de filer sous Temple pour assister à une bonne du set de Kadavar dans une très grande forme, tenant son public dans la paume de sa main. Impressionnant de bout en bout, le trio déploie une divine énergie transformant ce concert en grand messe rock’n’roll. Kadavar, dont on retrouve le batteur en tenue de scène au bar VIP dès la fin du concert, vient de nous donner une claque, et ça fait du bien !

La venue de Guns’n’Roses à Clisson est plus qu’un évènement. Même si le nom figurait à l’affiche du fest en 2012, ce n’était guère plus que Axl Rose interprétant avec ses musiciens d’alors le répertoire de GNR. Là, ce n’est pas tout à fait le Guns des grands jours mais celui alignant Axl, Slash et Duff, et ça, c’est déjà bien. Si visuellement le show reste intense, grâce, notamment, à une animation très vive en écrans de fond de scène, certains des musiciens ne sont pas forcément à leur place, offrant une prestation quelque peu entendue. Mais surtout, Axl semble en fin de course vocale. Le chanteur à la voix fut un temps en or, semble ne plus avoir le contrôle de ses cordes vocales et manque clairement de puissance. Et puis, aussi, ces guitares souvent imprécises, ces notes qui craquent… A ce niveau, on peut se poser des questions. Ok, on aura vu les Guns. Mais on en retiendra quoi ?

Dimanche 26 juin

Voiture en panne… Le temps que le dépanneur arrive, je rate avec regrets la prestation de MolyBaron, pourtant un de mes objectifs. Et visiblement, j’ai vraiment raté quelque chose, d’autant plus que le temps semble vouloir se faire un peu plus clément…

Novelists. Certains parlent de génie dans leur musique, perso, je n’ai pas compris grand-chose. Et puis arriver sur scène en tenue aussi banale, pardon, mais le visuel joue beaucoup aussi pour un groupe. Aujourd’hui, plus d’une formation arrivera ainsi, sans marqueur visuel. Sans doute devrais-je prendre le temps de me pencher plus sur la musique de Novelists car là, je ne suis simplement pas interpelé.

Eux, on en parle à tous les étages de ces ovnis néo-zélandais d’Alien Weaponry. Une intro sous forme de Haka – cette danse rituelle popularisée mondialement par les All-Blacks – et c’est parti pour un thrash tribal qui, là encore, me laisse froid.  Franchement, c’est ça l’avenir du thrash, du metal ? peut-être suis-je trop vieux, qui sait ? Ou peut-être ce septième jour me voit-il simplement trop fatigué pour être vraiment réceptif. Visuellement, cependant, ça le fait, le trio parvient à occuper la scène et sait aller chercher le public.

Angelus Apatrida avait déjà foulé une main stage il y a quelques années, en 2014, et c’est un plaisir de retrouver les thrashers espagnols qui doivent ressentir une certaine satisfaction à jouer sur la scène que fouleront ce soir les Mets. Pas de chi-chNi, ici, Angelus Apatrida envoie la sauce et va chercher le public pour le prendre à la gorge et ne plus le lâcher. Un concert puissant de bout en bout.

Headcharger fait partie de ces groupes mystérieux… Absent musicalement pendant quelques années, les voici qui réapparaissent avec un nouvel album de belle facture et rapidement remarqué. Alors autant dire qu’on les attend un peu sur scène. Mais là encore, Sébastien Pierre et sa bande débarquent en tenue de ville, sans aucun artifice (est-ce dû à l’impossibilité de tendre une sorte de décor à cause de la scène des Mets ?) et visuellement, les Caennais donnent l’impression de ne tabler que sur leur musique. Mais est-ce suffisant, ici, en festival, à cette heure de la journée ? Sans doute pas… Dommage, vraiment.

D’autant plus avec ce qui arrive sur la MS 2 : Tagada Jones a préparé sa venue, et comme me le dira Job plus tard en off, « s’il y a des gens qui râlent parce qu’on joue sur une Main et pas sur la warzone, c’est qu’ils n’ont rien compris. Notre place, là sur la mainstage, elle prouve que quand on bosse et qu’on s’accroche, on peut y arriver. Et on ira plus loin, tu verras ! ». Oui, cette venue est préparée, avec un décor de bidons qui s’enflamment plus qu’à leur tour dès A feu et à sang qui assoit le public, déjà à fond derrière les Rennais. Niko va le chercher, ce public, l’invective et l’invite à s’amuser. Ça bouge, ça saute, et ça exulte. Et la participation des Bidons de l’an fer en grand final, avec toujours autant de flammes et de chaleur, fini de mettre le feu à ce concert. Tagada Jones est maintenant, trente ans après ses débuts, dans la cour des grands du rock français. C’est mérité. Que du bonheur !

Pour quelle raison ai-je raté le retour d’Ugly Kid Joe ? Je n’en sais fichtre rien… Je n’ai même pas le souvenir d’avoir entendu l’indispensable Everything about you… Je reviens en revanche pour le nouveau show d’Avatar venu défendre Hunter gatherer. Ce groupe se réinvente à chaque nouvel album, et réinvente son show à chaque nouvelle tournée. Alors, oui, ici, un décor sobre voit le groupe évoluer en plein jour. Johannes Eckestrom, le chanteur dingo, le Joker de service, tombe rapidement la veste mais se délecte régulièrement d’un breuvage qu’il boit depuis un bidon d’essence. Peu d’esbrouffe, du visuel et de nouveau un show de folie. A revoir en salle sans aucun doute.

La suite des évènements m’empêchera de tout suivre : l’espace presse fermant ce soir, il est temps de démonter et ranger l’expo photos, de filer à la voiture ranger le tout avant de revenir. Je rate, sans grands regrets, Bring Me The horizon et, avec plus de regrets, Black Label Society, n’assistant, de loin qu’à la fin du show. Je file cependant voir Pentagram pour trouver un groupe particulièrement en forme et un Bobby Liebling d’humeur joyeuse. Un show doom à la fois sérieux et détendu d’un groupe rare en France qui, ce soir, se fait plaisir et nous fait plaisir.

 

Une dernière grosse déflagration sous altar avec une visite qux furieux de napalm Death. Un groupe toujours aussi engagé et explosif qui offre une grosse prestation sur fond de discours anti arme et pacifique. Si ça pouvait porter ses fruits…

Ok, on le sait, circuler devant les Main est quasi impossible depuis 17 heures. Alors s’approcher pour assister au show de Sabaton est très compliqué (je ne vous propose même pas de photos, devinez pourquoi…)  c’est donc de loin que j’assiste à ce concert d’un des groupes les plus fédérateurs de notre époque qui, lui aussi, sait se renouveler à chaque tournée. Joackim Broden rappelle le lien unique qui existe entre Sabaton et le Hellfest, rappelant que Sabaton sera toujours présent si l’orga l’invite. « C’est sans doute le meilleur festival du monde, et on sera toujours là pour le Hellfest » annonce-t-il. Ce n’est pas démago, c’est simplement vrai et pas uniquement parce que 2019. Le groupe donne un concert sans surprise mais toujours aussi efficace, alignant une bonne heure durant une collection de titres fédérateurs (Sweedish pagans, Carolus Rex, Great war, The red baron…)

Pendant ce temps, un chant aigu sort de Temple. Mince… J’ai failli oublier Merciful Fate. Même si je n’ai jamais aimé le chant de King Diamond, impossible de ne pas assister à une partie de ce show. Le chanteur revêt un masque le temps des premières chanson – une tête de bouc cornu – arpentant une scène inquiétante. Mais voilà, alors que jusque là il suffisait de patienter, les photographes se voient refuser l’accès au pit au bout de 3 chansons… Reste à assister à un spectacle carré avant de retourner prendre position pour ceux que pas loin de 70.000 personnes sont venues voir.

It’s a long way to the top (if you want to rock n roll) (AC/DC) annonce la venue des Mets. Les images de Le bon, la brute et le truand et l’indissociable BO d’Enio Morricone The ecstasy of gold voient le public s’impatienter et exploser dès les premières notes d’un Whiplash qui met les choses au clair. Ce soir, pour la première venue au Hellfest de Metallica, c’est un défilé de classiques auquel le public à droit. Creeping death, superbe, Enter sandman et la première intervention de James Hetfield – « maintenant que ça c’est fait, on va vous jouer quoi ? ». Simple, Les Mets visitent leurs principaux albums et prennent même quelques risques en explorant le mal aimé – et sous estimé aussi – St Anger avec Dirty windows. Les artifices sont moins nombreux que ce à quoi on pouvait s’attendre (explosions et flammes pour annoncer Harvester of sorrow) et les écrans cubiques servent d’animation sympathique. Mais… trop éloigné de la scène pour vraiment profiter de ce show autrement que par écrans interposés, et rincé, je n’assiste pas à la fin du concert. Ni au feu d’artifices qui attire nombre de clissonnais qui prennent place autour du site, derrière les mains et sur les ponts. On aura vu, de loin, Metallica

Cette édition monumentale aura tenue toutes ses promesses : de la folie, de la démesure, oui, mais… Deux week end à ce rythme, c’est trop. Usant, éreintant même au point que le plaisir s’estompe avec le temps tant la fatigue prend sa place. Certes, la météo, suffocante le premier week end, pluvieuse et presque froide le suivant, n’a pas arrangé les choses, ni même ce Covid qui a trouvé un terrain de jeu sans pareil, mais au final, que retiens-je ? un superbe premier week-end, un jeudi dantesque pour les amoureux de metal « classique », et une suite et fin de second week end assez brouillons. On parle de plus de 60.000 personnes pour le concert de Guns, pas loin de 70.000 pour Metallica ? C’est simple, l’accès aux main stages était bloqué… Impossible d’avancer, de circuler, de tenter de faire quelques photos tant la foule était compacte. Et même si avec des setlists sublimes, voir ces grosses têtes d’affiche sur des écrans, ben… bof en fait. Il y a quelques années le Hellfest avait annoncé avoir atteint sa capacité maximale, il l’a largement dépassée ces deux derniers jours et ça retire beaucoup de plaisir. Mais des points positifs, il y en a, plein aussi : un Crisix impérial, des valeurs sûres chez les anciens, même si sans grande surprise (Judas Priest, majestueux, Scorpions, impeccable), une organisation sans faille, une équipe « accueil » au top comme toujours, des agents de sécurité « on se demande parfois où ils sont allés les chercher » mais sympa aussi, bref, tout ce qui fait que le Hellfest reste unique en son genre. Et à peine rentré, les paris sur la 16ème sont lancés (pour moi, les grosses têtes d’affiche seront Def Leppard, Iron Maiden et Rammstein, on en reparlera dans quelques semaines).

BACK IN TIME : METALLICA: Kill ’em all

Thrash metal, USA (Megaforce/Music For Nations, 1983)

Personne, ou presque, ne l’a vue venir cette déferlante là. En 1983, la NWOBHM connait ses dernières heures, Iron Maiden, Saxon et Def Leppard squattant les charts metalliques européens, Van Halen ou Mötley Crüe, ceux des USA. Le heavy metal, tel un phénix, et rené de ses cendres et fait des envieux partout dans le monde. En comparaison, les groupes de hard rock américains sont, pour le uns, gentiment énervés (la vague hard FM proprette) et pour les autres, chantres du hair metal, totalement outranciers.

Mais c’était sans compter sur la virulence de certains rebelles, Californiens principalement.

Jon Zazula a convié James Hetfield (guitare, chant), Lars Ulrich (batterie), Cliff Burton (basse) à investir les studios Music America, situés à Rochester, New York. Mais Metallica, puisque c’est de lui dont il est ici question, vient de limoger Dave Mustaine, le second guitariste, et doit  en urgence trouver un remplaçant. le groupe invite alors Kirk Hammett, guitariste du très en vue Exodus, à prendre la place laissée vacante. Hammett, saute dans un bus, quitte la Californie pour rallier l’Etat de New York pour rejoindre ses nouveaux compères – il ne quittera jamais Metallica – et travaille d’arrache pieds pour être au point. En studio, Jon Z produit le disque, aidé dans sa tache par Paul Curcio à la production. Le son est quant à lui confié à Chris Bubacz, assisté d’Andy Wroblewski. Autant dire que même avec de petit moyens, Jon Z croit en ses poulains et met le paquet. l’enregistrement se déroule ainsi tout au long du mois de mai 1983, avant que l’album ne soit mixé et pressé. Metallica doit cependant faire un choix: celui du titre de l’album… Jonnhy Z leur déconseille fortement l’idée de base qui verrait les distributeurs potentiels refuser un disque intitulé Metal up your ass… En tout cas aux USA.

Si certains acharnés ont pu, par le biais d’échange – le fameux « tape trading » – découvrir les nouvelle sonorités de la côte ouest des USA, le premier album de Metallica, en prend plus d’un à la gorge à sa sortie en juillet 1983. A peine sorti du studio, Metallica balance sa première galette à la face du monde. Kill ‘em all, s’il reçoit dans un premier temps quelques échos positifs aux Etats-Unis se fait plus que remarquer sur le continent européen. Les critiques, et le public, sont estomaqués par la violence et la rage qui émanent de cet album, qui relègue Motörhead et Venom au rang de groupes de rock à peine excités ! Oui, Kill ‘em all est un album qui transpire la crasse et les relents de bière chaude. Pas un morceau ne laisse assez de temps à l’auditeur pour souffler. Pas même le phénoménal solo de basse ((Anesthesia) – Pulling teeth) qui change quelque peu des soli de guitares. Ici pourtant, la guitare est omniprésente, ultra rapide et saturée… Hit the lights, No remorse, Seek and destroy, The four horsemen… Le metal prend, avec ce disque, une tournure nouvelle qui laisse présager un avenir bien plus violent, sombre et direct. John Zazula a eut le nez fin en soutenant ce groupe, mais ses moyens sont tellement minces qu’il ne peut distribuer l’album en Europe. Par contre, son réseau relationnel, par le biais d’échanges de cassettes au niveau international, est tel qu’il propose à MFN de s’occuper du marché européen. Cette décision risquée savérera à l’avenir la meilleure pour tous les intervenants malgré les risques. Metallica ne vise vraisemblablement pas les radios. Non seulement les compositions sont violentes (rien n’arrive aujourd’hui à la cheville de Whiplash), mais le groupe sort du format habituel en écrivant pas moins de quatre titres de longues durée, au delà de trois minutes réglementaires (dans l’ordre : The four horsemen – 7’08, No remorse – 6’24, Seek and destroy – 6’50 et  Metal militia – 5’11). Les dix titres de ce disque sont tous devenus des classique du metal.

Les chevaliers de apocalypse sont là… Jeunes, boutonneux, déterminés à vaincre. La face de la musique s’en trouve métamorphosée, car Metallica démontre avec brio qu’il est possible d’allier technique, mélodie et brutalité, ce que Venom, repoussant les limites de l’extrême, n’avait pas su faire… Au fait, quant on leur demande comment ils définissent leur musique, ils répondent que c’est du « thrash metal ». Avec un H, svp! Un nouveau style qui, bientôt, entre dans les chaumières.

Histoire d’une légende: METALLICA

www.metal-eyes.com vous propose une nouvelle rubrique non régulière. Histoire d’une légende vous propose de découvrir ou redécouvrir la carrière des groupes entrés dans la légende. Alors qu’ils seront bientôt – enfin – de retour à Paris, nous avons choisi de consacrer cette première biographie à l’un des groupes fondateurs du thrash: Metallica.  D’autres suivront, au gré de l’actualité. pour l’heure, bonne lecture!

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Evoquer Metallica, c’est (presque comme) passer en revue plus de trois décennies de souvenirs. De la découverte de Kill ‘Em All grâce à un ami qui le programmait en guise de réveil matin les lendemains de concerts parisiens à son grand renouveau avec son dernier né, Hardwired… to self destruct, les Four Horsemen ont rythmé une grande partie de mon quotidien. Si je conserve des souvenirs par dizaines (avoir vu Cliff live par deux fois, avoir presque pu les rencontrer et les photographier en février 1987 au Zénith de Paris alors que je collaborais au fanzine Mercenaire – non, Denis, je ne te remercie pas pour ce raté ! Mais je ne t’en veux pas. Ou plus… – avoir attendu la sortie de Load alors que je me trouvais en formation aux USA…), ils ne sont toutefois pas assez nombreux pour évoquer une saga longue de trente et quelques années. Alors je m’en tiendrais aux faits. Rien qu’aux faits pour que justice soit ici rendue à ces cavaliers de l’apocalypse.

Pas forcément toujours exemplaire, Metallica est toutefois parvenu à se hisser plus haut que le panthéon du Metal : devenu une véritable institution mondiale, le groupe fondé en 1982 par Lars Ulrich et James Hetfield peut aujourd’hui (presque) tout se permettre. Ce privilège, c’est celui réservé à ces élus qui ont su braver les années, les décennies et, bien que devenus multimillionnaires, le commerce à outrance. Car Metallica, dans son exubérance, a su rester proche de ses fans. Autant que possible, en tout cas, comme il l’a encore récemment prouvé. Mais avant, repartons dans le passé, celui qui a construit cette légende moderne, ce monstre vivant…

On pourrait dater les origines de Metallica au 26 décembre 1963, date de la naissance de Lars Ulrich près de Copenhague au Danemark.

Ou plus tôt, même, au 3 août 1963, date du premier cri de James Hetfield dans la banlieue de Los Angeles

Mais un groupe nait plus tard, lorsque la passion commune fait se rencontrer ceux qui en deviendront les têtes pensantes.

À l’âge de 10 ans, Lars accompagne son père, tennisman professionnel, à un concert de Deep Purple. Ce soir-là, une véritable passion nait. Le jeune Lars, entre deux cours de tennis, s’enquiert des dernières sorties Rock, et Hard Rock. Sa grand-mère lui offre même, en 1977, son premier kit de batterie. Mais, afin de lui donner toutes ses chances et lui permettre de progresser au tennis, sa famille au grand complet émigre en 1979 aux USA et s’installe à Newport Beach, en Californie, afin que Lars se professionnalise, comme son père, dans le tennis. Mais rien ne semble pouvoir entamer sa passion pour le Metal…

Alors que James Hetfield joue avec Leather Charms, Lars Ulrich se voit débouté du poste de batteur pour lequel il a auditionné en avril 1981. « Pas assez bon », voire « trop mauvais » est l’impression qu’il laisse après sa prestation… Il pourtant reviendra à la charge après avoir pris des cours et, surtout, après avoir passé l’été en Angleterre où il suit Diamond Head et se lie d’amitié avec eux. Lars revient de ce séjour les valises pleines de découvertes locales. Du bon gros Metal qu’on ne trouve que difficilement aux USA. Trop direct, trop crade, trop… punk.

A Los Angeles, son ami Brian Slagel vient de monter son label, Metal Blade Records. Il envisage de publier une compilation et propose à Lars d’y figurer à la seule condition que ce dernier lui propose un groupe. Le jeune et déterminé batteur contacte alors de nouveau James Hetfield et lui propose de se lancer avec lui dans l’aventure. Le guitariste, alléché par l’opportunité décide qu’il est temps de lancer sa carrière. Ils recrutent le guitariste Lloyd GRANT qui fait des allées et venues au sein de la formation et finalise Hit The Lights, la chanson qui figurera sur ladite compilation.

Parallèlement, Ron Quintina, un ami animé de la même passion, demande conseil à Lars pour trouver un nom pour le fanzine qu’il a décidé de créer. Un fanzine consacré au Metal florissant. Quelques idées retiennent l’attention du batteur qui convainc Ron de conserver Metal Mania plutôt que Metallica, que Lars « subtilise » pour son profit. Son groupe se nommera donc Metallica. Un autre Ron, Mc Govney, compagnon de James Hetfield au sein de Leather Charm, rejoint Metallica en décembre 1981 au poste de bassiste. Le groupe ainsi formé peut donc être présenté à Brian Slagel, qui retient Hit The Lights pour sa compilation.

Dave Mustaine répond à une annonce et intègre, après auditions, Metallica début 1982. La sortie repoussée de la compilation Metal Massacre permet à Mustaine d’ajouter quelques soli au titre. Le 14 mars, le quatuor donne son premier concert au Radio City d’Anaheim, en banlieue de Los Angeles puis enregistre une démo (qui comprend la version de Hit The Lights qui paraitra sur la compilation) afin de décrocher la première partie des Anglais de Saxon qui viennent défendre Denim and leather au mythique Whisky A GoGo les 27 et 28 mars. La chance s’en mêle, Metallica n’étant pas le premier choix de Saxon. Mais le groupe retenu ne pouvant jouer, c’est le quatuor qui est appelé à la rescousse.

Après avoir tenté – une semaine durant – la formule à 5, James se concentrant sur le chant, et donné sous une forme ou une autre plusieurs concerts, Metallica voit enfin ses efforts récompensés avec la sortie, en juin 82, de Metal Massacre, compilation réunissant, avec Metallica, d’autres jeunes formations énervées et prometteuses comme Black’n’Blue, Bitch ou Malice.

Au mois de juillet, le groupe enregistre sa troisième démo. No Life ‘Til Leather contient 7 des titres qui figureront sur le premier album du groupe et fera l’objet de nombreux échanges sur le marché du « tape trading ».

La fin de l’année est remplie de tensions, et Mustaine se voit même évincé du groupe pendant une semaine. À la fin du mois d’octobre, alors qu’il assiste au concert donné au Troubadour, autre club de L.A., par le groupe de San Francisco Trauma, Brian Slagel remarque le bassiste et envisage de faire figurer cette formation sur un futur « volume 2 » de sa compilation. Lorsque Lars Ulrich fait part de ses doutes au sujet de l’implication de McGovney au sein de Metallica, Slagel lui parle de Cliff Burton. Les deux hommes se rencontrent après un concert de Trauma au Whisky, mais le bassiste refuse catégoriquement de quitter son groupe. Tant pis…

Metallica se rend à San Francisco afin d’y donner son premier concert en tête d’affiche, le 29 novembre 1982, au Old Waldorf. La première partie est Exodus, dont l’un des guitaristes se nomme Kirk Hammett. Mais pour l’heure, Lars Ulrich en est convaincu, il faut changer de bassiste… A force de le harceler, Cliff Burton fini par céder aux demandes de Hetfield et Ulrich. Mais il pose ses conditions pour rejoindre Metallica, la plus importante étant que Metallica quitte Los Angeles, ville de poseurs, pour rejoindre San Francisco. Le bassiste obtient gain de cause et intègre officiellement Metallica après un concert donné le 28 décembre 1982. Le style de Burton dénote en effet complètement de ce que l’on trouve à L.A. : le gaillard est autant fasciné par la musique classique que par l’insolence des Misfits, adore les films d’horreur et la littérature de H.P. Lovecraft, et il semble être sorti des années hippies avec ses pantalons à pattes d’éléphant…

Metallica pose officiellement ses valises et flight cases à SF le 12 février 1983. Alors que le groupe vit ensemble, Dave Mustaine décide de s’installer chez la grand-mère du road manager. En mars, Metalllica enregistre une nouvelle démo deux titres. Whiplash et No remorse sont les premiers enregistrements avec Cliff Burton… et les derniers avec Dave Mustaine.

Ron Quintina, pas rancunier pour un rond que Lars lui ait piqué le nom de Metallica, met le quatuor en relation avec un correspondant new-yorkais, Johnny Z (John Zazula), disquaire underground, qui s’avère intéressé par la musique du groupe et souhaite les voir jouer sur NYC. Metallica n’ayant pas l’argent nécessaire pour faire le voyage, ledit Johnny Z leur envoie 1500 dollars pour que les quatre puissent faire le déplacement de SF à NYC en avril. Le voyage en camionnette ne se passe pas bien. Chacun se relaye au volant mais Dave Mustaine est constamment saoul, même lorsqu’il doit conduire.

Arrivés à New York, les quatre sont hébergés par les Zazula et vendent leur démo No Life ‘Til Leather pour financer les frais d’hébergement. Un concert est donné en compagnie de Vandenberg et de Venom le 9 avril au L’amour’s, un club réputé du quartier de Brooklyn. Ce même soir, James, Lars et Cliff décident que l’aventure avec Dave doit cesser. Ils contactent Kirk Hammett, guitariste d’Exodus, afin qu’il les rejoigne et, alors que ce dernier arrive sur New York, le 11, James annonce à Dave son renvoi et lui donne un billet de retour à San Francisco en car.

Kirk travaille d’arrache-pied pour intégrer le répertoire de Metallica avec qui il donne son premier concert le 16 avril, en ouverture de The Rods, au Showplace de New York. Puis, le quatuor enregistre son premier album, financé par les Zazula qui investissent quelques 15.000 dollars dans cette petite affaire. Metallica veut intituler son album Metal Up Your Ass, mais Johnny Z. les en dissuade arguant que l’album ne sera, avec un titre pareil, jamais distribué. Lars, déjà lassé parle business musical, propose alors Kill ‘em all , et l’album parait sous ce titre au mois de juillet 1983 aux USA.

Kill ‘em all deviendra bientôt une pierre angulaire du Heavy Metal. Brutal de bout en bout, Metallica propose une musique radicalement différente de ce à quoi les jeunes Américains sont habitués. Que ce soit au niveau de leur apparence – quatre jeunes boutonneux en jeans troués et crades – ou de leur musique – directe, violente, saturée et sans concession – Metallica pose les base d’un genre nouveau. Et effrayant. Des morceaux comme Seek and destroy, Hit the lights, Jump in the fire, The four horsemen, Whiplash ou encore le solo de basse Anesthesia-(pulling teeth), s’ils deviendront de véritables classiques qui vont révolutionner le genre, intriguent (au mieux, et effraient, au pire) une jeunesse assoiffée de décibels. Puisant son inspiration au cœur du mouvement désigné comme la NWOBHM, grande passion de Lars Ulrich, Metallica a l’intelligence d’associer à la vitesse et la violence de Venom ou Motörhead son approche mélodique, puisée chez Diamond Head, Saxon ou Iron Maiden, un ensemble qui mêle une remarquable précision d’exécution à un bordel punkisant totalement contrôlé. Une musique radicale et à l’opposé de ce que propose MTV avec des clips de hardos permanentés et de strass habillés… Tout ce qu’exècrent Lars & Co.

Le groupe s’embarque alors dans une tournée américaine en compagnie des furieux Anglais de Raven qui viennent de sortir All for one. Le Kill ‘Em All For One Tour débute le 27 juillet à New Brunswick (New Jersey) et se terminera le 18 décembre, à Cleveland, dans l’Ohio.

1984 est l’année de tous les défis. Metallica doit venir fouler quelques planches européennes en compagnie, entre autres, de Venom. Le public du vieux continent est plus réceptif, son attitude plus en accord et son oreille déjà plus habituée au style musical que propose Metallica. Mais tout son matériel est volé juste avant que le quatuor ne décolle pour cette aventure. Lars réussit à négocier la location du matériel à Londres, autorisant de fait la tenue de cette tournée qui démarre à Zurich (Suisse) le 3 Février et prend fin le 12 au festival belge de Poperinge. Les quatre se rendent dès le lendemain au Danemark, afin de prendre la température du studio Sweet Silence de Copenhague et y préparer leur second album. La localisation géographique est importante, symbolique même, pour Lars qui renoue ainsi avec ses origines, d’une part, mais peut enregistrer sur le continent dont nombre de groupes ont fait et font encore vibrer lui et ses compagnons.

L’enregistrement démarre au mois de mars 84 sous la houlette du producteur Flemming Rasmussen. Au cours du mois, le groupe se rendra à Londres pour jouer au Marquee à deux reprises, les 14 et 27 mars. Mais une personne fait part de ses inquiétudes : John Zazula qui voit l’enregistrement durer… et son budget passer de 20.000 à 30.000 dollars. Les sessions d’enregistrement prennent fin au mois de mai, puis le groupe investit de nouveau les scènes européennes, dont 5 dates allemandes et hollandaises avec Twisted Sister que suivra le Heavy Sound festival de Poperinge qui se tient le 10 juin devant 15.000 spectateurs venus applaudir Motörhead, Merciful Fate, Baron Rojo ou encore H-Bomb.

Après avoir été approchés par diverses organisations, Metallica signe un contrat de management avec Q Prime . Les enfants terribles seront désormais pris en charge par Peter Mensch et Cliff Bernstein, juste avant que ne sorte, en juillet, Ride the lightning. Le duo se charge déjà des affaires de groupes de l’ampleur de AC/DC, Def Leppard, Ted Nugent…

Ce second album voit Metallica faire un pas de géant. Si la brutalité demeure l’idée directrice, le son concocté par Rasmussen met en avant toutes les qualités techniques de ce groupe à part. C’est simple : la précision est chirurgicale. Cependant, et contrairement à ce que l’on serait tentés de croire, le feeling domine. Le résultat se traduit par des morceaux puissants et épiques, des épopées d’un genre nouveau qui se nomment Creeping death, For whom the bell tolls, les plus violents Fight fire with fire, Ride the lightning, ou le long et majestueux instrumental The call of ktulu. Le groupe est, de plus, parvenu à affiner des textes qui traitent gravement de thèmes aussi variés que la peine de mort (Ride the lightning) ou la religion (l’histoire de Pharaon et Moïse et les sept plaies d’Egypte sur Creeping death) ou, tout simplement, la bêtise vengeresse humaine (Fight fire with fire). L’ensemble est si compact et séduisant que l’album restera une année presque entière (50 semaines) dans le Billboard américain !

Après avoir marqué les esprits lors de son passage au Breaking Sound Festival de Paris – au Bourget, plus précisément (deux jours pendant lesquels défilent pas moins que Ozzy Osbourne, Dio, Blue Oyster Cult, Sortilege, High Power, Daytona, Heavy Pettin’…) le 29 août, Metallica retourne en ses terres assister à son triomphe. La signature chez Elektra records lui ouvre certainement des portes… En tout cas, le label est déjà alléché par les 75.000 exemplaires de Ride the lightning qui se sont écoulés en à peine deux mois sur le territoire américain…

Metallica sait cependant qu’il a tout pour rapidement faire tomber le public européen, plus naturellement disposé à accepter ce genre de musique extrême qu’outre-Atlantique. Le groupe revient pour une série de concerts sur le vieux continent, dont une belle tournée française de huit dates, avant de se rendre en Allemagne, en Scandinavie et en Angleterre.

À peine l’année 1985 démarre-t-elle que Metallica repart réchauffer le bitume pour une durée de trois mois (la tournée se terminera à Portland, Oregon, le 19 mars). Dès le 10, le groupe joue en compagnie de W.A.S.P (qui quittera la tournée courant février à causes de relations… difficiles) et d’Armoured Saint (qui restera grâce à des relations.. chaleureuses).

Après quelques semaines de repos, Metallica traverse de nouveau l’Atlantique afin de participer à l’incontournable festival anglais Monters Of Rock de Castle Donington. Il y figure comme Une sorte d’ovni. Seul groupe de sa catégorie à l’affiche, Metallica joue avec Ratt, Magnum, Marillion, Bon Jovi et ZZ Top et remporte un franc et vif succès. Après le carton plein, le quatuor participe à plusieurs festivals dont, de retour à la maison, le Day On The Green d’Oakland avec Ratt, Victory, Y&T, Yngwie Malmsteen et Scorpions. Là encore, les styles se mélangent étonamment et Metallica, avec sa brutalité naturelle, se démarque, parvenant ainsi à attirer de nouveaux fans.

Afin de donner naissance au successeur de Ride the lightning, Metallica retourne en septembre 85 au Sweet Silence de Copenhague et enregistre une nouvelle fois sous la direction de Flemming Rasmussen. L’enregistrement prend fin mi-décembre, les quatre s’accordant quelques jours de repos pour la période des fêtes.

La nouvelle année démarre (le 1er janvier, donc, de 1986 cette fois… Merci de suivre ! ) avec un concert donné à San Francisco en compagnie d’Exodus et Metal Church, concert auquel participe également Dave Mustaine avant que Lars ne s’envole pour l’Europe afin d’y assurer la promotion de Master Of Puppets qui y sera commercialisé le 7 mars, cependant que Michael Wagener finalise le mastering de l’album.

Dès sa sortir, ce nouveau méfait marque par une maturité et un professionnalisme qui n’entament en rien l’esprit thrash des débuts. Utilisant la même organisation dans l’agencement des morceaux que sur Ride the ligntining (un titre court et violent ouvre l’album totalisant huit titres dont un instrumental), Master of puppets se révèle bien vite un monstre d’efficacité. Démarrant sur les chapeaux de roues (Battery), Metallica propose de longs morceaux rentre dedans qui alternent vitesse d’exécution, mélodie et brutalité, le tout bénéficiant d’un son offrant à chaque instrument sa juste place. Les thèmes abordés continuent d’être sérieux (l’emprise des narcotiques – Master of puppets – l’imbécillité de la guerre – Disposable heroes – ou de la religion – Leper messiah…). En quelques mois, Master of puppets devient disque d’or aux USA en dépassant les 500.000 ventes.

Une nouvelle tournée démarre, en ouverture du mythe vivant Ozzy Osbourne, dans le Kansas, à Wichita, le 27 mars. Le périple américain continue jusqu’en juin 1986. En tout cas, la première partie de cette tournée. Car le groupe va faire une courte escapade en Europe afin d’y asseoir son statut.

La tournée européenne démarre en Finlande le 5 juillet et Metallica rentre (déjà!) aux USA après le concert danois du 6, y tourne pendant deux semaines avant que James, grand fan de planche à roulettes, ne heurte un mur et se brise la poignet le 26 juillet… Le concert prévu à Evansville (Indiana) le soir même est annulé, mais la tournée continue. James est remplacé à la guitare par John Marshall, roadie et ami de Kirk Hammett de longue date, et, accessoirement, guitariste de Metal Chrurch, tandis qu’il se « contente » de chanter. La tournée américaine se termine le 3 août en Virginie et Metallica se prépare pour ses concerts sur le vieux continent. Le tour y débute, à Cardiff, Angleterre, le 10 septembre, toujours sous forme de quintette et avec les moshers new yorkais d’Anthrax en ouverture.

Le Royaume-Uni cède sous les coups de boutoirs d’un groupe au meilleur de sa forme qui, après 10 dates se rend en Scandinavie. Metallica joue à Lund le 24, le lendemain à Oslo et James Hetfield reprend la guitare le 26 à Stockholm. Après le concert, le groupe repart sur la route en tour bus. Le matin du 27, près de la ville danoise de Ljungby, le bus glisse sur une plaque de verglas (semble-t-il), dérape et se retourne, éjectant ses passagers qui, choqués par ce réveil brutal, tentent de retrouver leurs esprits. Ils se rendent comptent, alors, qu’un des leurs est resté coincé sous le car. Le corps sans vie de Cliff Burton est retrouvé écrasé. Le reste de la tournée est dès lors naturellement annulé, et Metallica envisage sérieusement d’arrêter. Pourtant, c’est avec la conviction de rendre hommage à son défunt bassiste que le groupe continue et se remet rapidement au travail encouragé tant par son management que par les parents de Cliff.

La recherche d’un nouveau membre débute et Metallica annonce fin octobre avoir fait son choix, et intègre le bassiste de Flotsam & Jetsam, Jason Newsted, dans l’équipe. Dès lors, le quatuor douloureusement recomposé s’engage dans la suite de sa tournée en commençant par le Japon, et continue, en décembre, par les Etats-Unis et le Canada.

L’Europe est de nouveau investie, avec Metal Church (et Anthrax sur certaines dates), dès janvier 87. Metallica jouera, jusqu’au 13 février, en France, Espagne, Allemagne, Italie, Belgique, Danemark, Suède… et s’impose comme un groupe irréprochable sur scène. Jason passe haut la main, auprès du public en tous les cas, le test de la scène.

Sale gosse s’il en est, James Hetfield, de retour à la maison, a un nouvel accident de skateboard. Cette fois, c’est le bras qu’il se casse. Il est obligé de porter une broche afin de consolider ce membre trop sollicité. James Hetfield devra à l’avenir faire un choix : le skate ou sa carrière musicale… On connait la suite.

Pendant la convalescence de son frontman, Metallica monte son propre studio de répétitions. La rééducation de James se termine en juin et le groupe enregistre en l’espace d’à peine une semaine The $5.98 Ep – Garage days, composé de reprises. Mais plus que de sortir un produit pour son label, cet Ep est une sorte de test vinylique pour Jason Newsted.

Les cavalier de l’apocalypse sont une nouvelle fois invités à jouer aux Monsters Of Rock le 22 août. L’affiche est tout aussi surprenante puisque le nom de Metallica y côtoie ceux de Cinderella, W.A.S.P, Dio ou Bon Jovi. Heureusement, un autre représentant de la scène extrême est présent, les potes moshers new-yorkais d’Anthrax. De plus, les Monsters se déclinent désormais dans différents pays européens, et Metallica est à l’affiche à chaque fois.

En octobre, Metallica annonce la sortie prochaine d’un documentaire vidéo et trahit ainsi son engagement de longue date de ne pas utiliser ce moyen de communication à la solde de MTV. Car des leurs débuts, Lars ULRICH et James Hetfield ont préféré encourager leurs fans à pirater, enregistrer, photographier ou filmer leurs prestations, prétextant que le succès, un groupe doit l’acquérir live, face à son public. Arguant aussi, surtout, que l’utilisation de la vidéo commerciale diffusée en boucle sur MTV ne garantit rien d’autre qu’une belle augmentation des ventes d’un album. Et là, Metallica annonce commercialiser une vidéo? ! ? Sauf que Cliff ‘Em All a seulement pour objectif de rendre hommage à Cliff Burton par le biais des enregistrements vidéos pirates que les fans ont pu tourner au fil des ans. Le document parait en novembre 1987 et si la qualité (sonore ou visuelle) n’a rien de professionnel, l’hommage est unanimement salué tant par la critique que par les fans qui font de ce document un immense succès commercial.

Armé de nouvelles compositions, Metallica entre en studio, non pas à Copenhague mais à Los Angeles. Cette fois, Rasmussen est trop occupé pour pouvoir se libérer avant le mois de janvier 88 et Metallica engage Mike Clink, qui vient récemment de finir de travailler sur un certain Appetite For Destruction, pour superviser la production. L’année se termine, et, comme prévu, Flemming Rasmussen rejoint l’équipe pour finaliser, quelques mois durant, le travail sur ce nouvel opus.

Metallica se lance dans une nouvelle tournée qui débute les 27, 28 et 29 mai par trois Monsters Of Rock américains. Cette édition réunit Van Halen, Dokken, Scorpions et Kingdom Come. Puis, la tournée continue alors que la sortie de l’album, prévue en juillet, est repoussée.

… And Justice For All parait enfin en septembre 1988, précédé, le 23 août, d’un premier extrait : Harvester Of Sorrow. Le 17 septembre, soit neuf jours à peine après sa sortie, Justice trouve une belle 4ème position dans les charts anglais. L’album profite des nouvelles technologies que propose l’époque, et parait dans tous les supports imaginables: double vinyle, cassette et CD. L’œuvre est longue (plus d’une heure) et surprend par son côté froid, voire glacial. La basse de Jason Newsted est étonnamment absente, comme effacée, alors que les morceaux, épiques et presque progressifs – dont tous sauf deux dépassent les 6’ – exigent la présence de cette partie rythmique. Ce n’est là qu’un des aspects du « nouveau » Metallica qui explore subtilement de nouvelles possibilités musicales, souvent moins axées sur la vitesse. Ce nouveau départ du quatuor est également marqué par la diffusion, dès septembre, de la toute première vidéo commerciale illustrant One, chanson inspirée par le film Johnny got his gun – Johnny s’en va-t-en guerre.

Sans surprise, désormais c’est la routine, Metallica repart une nouvelle fois sillonner l’Europe et lance sa tournée par un concert à Budapest le 11 septembre, avant de retourner aux USA en décembre où il reçoit sont tout premier disque de platine récompensant plus d’un million d’exemplaires vendus de … And Justice For All qui atteint la 24ème place du Billboard. Metallica, dès lors, commence à prendre conscience de l’impact que peut avoir la diffusion sur MTV d’une simple vidéo. Le mnde change, les gens aussi.

Surfant sur son succès, Metallica, toujours en tournée aux USA, est nominé aux Grammy Awards dans la catégorie « meilleur groupe de Metal ». Le quatuor commence à fréquenter les notables mais voit, le 22 février1989 la récompense lui échapper au profit de Jethro Tull.

La tournée continue, entraînant Metallica plus loin que jamais : les nouveaux maitres du Metal mondial découvrent ainsi la Nouvelle Zélande, l’Australie, le Japon avant de revenir aux USA pour y assurer une tournée estivale, puis se rendent au Brésil et en Argentine après avoir annulé leur venue européenne. Mais le groupe promet d’y revenir. Pour l’heure, il est temps de songer à alimenter la faim des fans, de plus en plus nombreux, avec un nouvel album. A concevoir, et à enregistrer…

Cependant, avant de retourner en studio, Metallica annonce les dates d’une mini tournée européenne. Le vieux continent est donc investi au cours du mois de mai 1990. L’Angleterre, l’Allemagne, la Hollande, la France auront les honneurs de quelques rares concerts avant que Metallica ne s’envole de nouveau pour les USA et le Canada.

En moins d’une décennie, Lars Ulrich et James Hetfield sont parvenus à imposer Metallica, un groupe immature composé de sales mômes irresponsables, hargneux bruyants et loin d’être des sex symbols, aux côtés de Judas Priest, Iron Maiden , Black Sabbath ou Motörhead, comme une formation majeure du monde du Heavy Metal. Les années 80, pourtant, ne furent qu’un début… Metallica n’aura de cesse, au cours des années à venir, de s’imposer comme Le groupe de Metal, LA référence mondiale.

Nous sommes au mois d’août 1990. Lars Ulrich et James Hetfield ont un rendez-vous des plus surprenants. Ils se rendent à Vancouver afin de rencontrer le producteur Bob Rock, notamment connu pour son travail avec Bon Jovi ou Mötley Crüe. Pas tout à fait le même style que ceux que l’on surnomme les Four Horsemen… Les fans les plus acharnés commencent à remettre en cause l’intégrité de leurs héros qui, après avoir quitté L.A., la ville des poseurs, engagent celui qui a donné tant de platine à ces mêmes poseurs…

Au mois de septembre parait une double compilation mise sur pied depuis le mois d’avril par Lars Ulrich et Geoff Barton, rédacteur en chef de la bible anglaise du Metal, Kerrang !! NWOBHM, ’79 revisited retrace sur un double album (ou double CD, incluant des titres supplémentaires) l’aventure des débuts du mouvement anglais en compilant divers morceaux rares et démos de Saxon, Jaguar, Def Leppard, Iron Maiden, Venom, Angel Witch, ou encore Diamond Head, évidemment… Totalement culte et introuvable aujourd’hui !

Les discussions avec Bob Rock ont abouti, et le groupe tout entier se retrouve au studio One on One de L.A. au mois d’octobre afin d’enregistrer le successeur de Justice. Les sessions s’étalent jusqu’en mai 1991. La sortie de Metallica, le titre de l’album bientôt rebaptisé le Black album, est annoncé pour le milieu de l’été, alors que Metallica participera, le 17, une nouvelle fois aux Monsters Of Rock en compagnie d’AC/DC, Mötley Crüe , Queensryche et The Black Crowes. Cependant, Metallica a décidé d’offrir une pré-écoute de l’album le 3 août au Madison Square Garden de New York (en petit comité : près de 20.000 fans y assistent !) et au Hammersmith Odeon de Londres. Sans doute les rumeurs ont-elles été à l’origine d’une telle opération… On subodore que Metallica a vendu son âme au dieu dollar en choisissant un producteur aussi peu Thrash que Bob Rock et en ayant annoncé avoir enregistré… une ballade (ce que le groupe avait déjà abordé sur Master of puppets, pour mémoire.) De plus, donner à son cinquième album est plus que symbolique. Nombres de formations l’ont fait avec leur premier enregistrement (Led Zeppelin, Iron Maiden, Black Sabbath…) et, pour les Four Horsemen, cela sonne comme un nouveau départ. Et dès la sortie américaine de Metallica, le 13 août 1991 à 00h00, c’est la ruée des fans.

Plus encore que … And Justice For All, Metallica présente un groupe plus orienté que jamais vers l’avenir. Le Thrash tel que voulu sur les trois premiers albums, Metallica en a fait le tour. Le côté épique, progressif de Justice ne fonctionnera pas tout le temps. Trop complexe pour garantir l’adhésion durable de millions de fans. Metallica revient donc à ses bases, explore les moindres aspects de ce qui forgea et fait encore le Heavy Metal. Et ratisse large : aucun titre n’est à jeter, aucun de démérite en comparaison des autres. Le travail de Bob Rock est exemplaire, celui de Metallica époustouflant. Simplement. Et la conjonction de ces entités a priori opposées donne ce résultat qui propulse Metallica au rang d’incontournable groupe de Rock, et de Metal. Un nouveau groupe de légende.

Mais ce groupe, lui, a débuté la tourné européenne des Monsters deux jours avant, tournée suivie de ses propres escapades, en Pologne, Hongrie. Le bloc de l’Est est alors en train de tomber et s’ouvre de plus en plus à la culture occidentale. Ainsi, Moscou accueille les Monsters Of Rock et les groupes à l’affiche jouent devant plus de 500.000 personnes !

La tournée américaine démarre en octobre. Metallica peut désormais s’offrir tous ses plus gros délires, et décide, en guise de première partie, de diffuser un film de 30’ racontant son histoire. Egalement, les hommes en noir (couleur désormais obligatoire pour tout le staff Metallica) proposent, comme l’avait fait Def Leppard quelques années auparavant, une scène centrale. Celle-ci est en forme de diamant et permet, ce qui avait été testé plus tôt, à quelques dizaines de fans d’investir le snake-pit, espace au centre de la scène permettant d’être au plus près du groupe. Les autres encerclent cette scène sur laquelle se trouvent plusieurs éléments mobiles, comme la batterie. Le coup d’envoi de cette nouvelle aventure est donné le 12 octobre à Oakland, en Californie, propulsant Metallica à travers le monde jusqu’au 4 juillet… 1993, à Wercher, en Belgique !

Alors que certains fans de la première heure – et autres collègues musiciens (Slayer en tête) – avaient tiré à boulet rouge sur Metallica, désigné comme « traitre à la cause du Thrash », « groupe ayant retourné sa veste », etc, etc… l’album avoisine les 5 millions de ventes mondiales avant que l’année ne se termine, et se voit célébré par la presse internationale. Kerrang !! parmi d’autres désigne Metallica comme Album de l’année.

En pleine tournée américaine, Metallica se rend à L.A. en février 1992 pour la cérémonie de Grammy Awards et y interpréte Enter Sandman. Cette fois, le groupe se voit décerner le trophée dans la catégorie Meilleur album Metal.

En avril, le 20, Metallica joue au stade de Wembley dans le cadre du festival donné en hommage à Freddie Mercury, mort du Sida quelques mois plus tôt, avant de repartir aux USA. Le 17, le groupe entame à Washington DC une tournée commune avec Guns’N’Roses, ouverte par Faith No More.

Le package passe par le Canada et le 8 août, un incident pyrotechnique brûle James Hetfield au bras aux 2èmes et 3èmes degrés, entrainant la fin prématurée du concert de Metallica, et le début de celui des Guns. Las, ces derniers quittent la scène tout aussi rapidement, sans autre forme d’explication, déclenchant dans le public une émeute… L’état de James Hetfield, transféré dans un hôpital de Denver (Colorado) entraîne de fait l’annulation les concerts suivants. Le groupe lui cherche un remplaçant qui sera une nouvelle fois trouvé en la personne de John Marshall. Le groupe ainsi recomposé reprend du service dès le 25 août à Phoenix (Arizona) et continue de sillonner le nouveau continent jusqu’à la fin du mois de septembre, puis se rend en Europe.

L’année se termine, le Black Album, comme on le surnomme désormais, totalise plus de 10 millions de ventes sur le seul territoire américain, s’est hissé à la première place du Billboard, a reçu moult récompenses et distinctions internationales et le groupe a été vu par quelques millions de spectateurs ravis à travers le monde. En d’autres termes, Metallica, le groupe des petits gars boutonneux et impertinents fondé il y a une décennie, est devenu un monstre légendaire incontournable… et même respectable.

L’année 1993 est presque totalement consacrée à assouvir le monde. Metallica passe partout où l’on veut bien l’accueillir (la tournée ne s’appelle pas Wherever I May Roam – où que je puisse vagabonder – pour rien…). Seul un incident, de taille, est à déplorer : lors de son passage à Djakarta les 10 et 11 avril, d’énormes émeutes éclatent à l’issue des concerts. Lars, au nom de son groupe, publiera un communiqué officiel déplorant et regrettant ces incidents, « les premiers de ce type depuis le début de cette longue tournée de 21 mois ».

Le 22 novembre, Metallica publie un témoignage live à son image : monstrueux. Il s’agit d’un coffret – Live shit : binge & purge – constitué de trois vidéos et d’un triple CD accompagnés d’un livret de 72 pages, d’un pochoir et d’un backstage pass de 1993. Un superbe objet pas forcément abordable puisque son prix s’élève à environ 120 €… Le coffret, initialement prévu en édition limitée (10.000 exemplaires pour l’Europe) se voit réédité dans la même quantité par Phonogram. Entre le prix et la réédition, certains fans dénoncent la méthode commerciale mise en place par le label et validée par Metallica .

D’autres « événements » viennent confirmer la nouvelle image de Metallica : les achats des uns de pièces aux tarifs inabordables (voir, par exemple, la collection de tableaux de Lars Ulrich), les activités « réservées à l’élite » pour d’autres… En d’autres termes, Metallica donne maintenant l’image d’un groupe quelque peu embourgeoisé, alors qu’il ne fait que profiter des fruits de son labeur. Car depuis dix ans, du labeur, il y en a eu. Metallica n’a jamais, à moins d’y être contraint, arrêté, ne s’est jamais posé plus d’une semaine, et n’a presque jamais déçu son public.

Le groupe repart sur les routes dès le mois de mai 1994 avant de retourner en studio au mois de janvier 1995. Il en ressortira avec un visage tout neuf…

Cinq années se sont écoulées entre la parution de Metallica et celle, très attendue, de Load. En réalité, Metallica a accumulé tant de matériel qu’il a été décidé de sortir deux albums, Load en 1996 et ReLoad en 1997, plutôt qu’un double CD. Plus jamais le groupe ne souhaite voir autant de temps s’écouler entre deux offrandes à ses fans… et tiendra (presque) parole dans les années à venir, inondant régulièrement le marché de produits divers, audio et vidéo.

Afin de marquer sa maturité nouvellement acquise, Metallica , devenu un groupe adulte, décide de travailler le visuel : d’une part, sa signature est modifiée: plus compacte, moins agressive, surtout, elle se veut annonciatrice de nombreux changements. Ensuite, les musiciens sont passés chez le coiffeur (sauf Kirk Hammett) et le tailleur. La nouvelle tête, la nouvelle apparence plus branchée est un autre élément qui déplait aux fans… Ils sont trop propres, trop stylés et trop éloignés du Thrash les Four Horsemen. Le public les regarde d’un œil méfiant et aun comportement parfois accusateur. Et la musique dans tout ça ? Metallica offre un album dense, d’une heure quinze, et cherche à renouer quelque peu avec le blues. Si les mélodies de Ain’t My Bitch ou 2X4 qui ouvrent cet album sont dynamiques, les fans dénoncent vite le manque de riffs thrash et la « discrétion » des soli. Par ailleurs, les incursions dans l’univers de la country (Mama said) et l’omniprésence de rythmes mid tempo, ne sont tout simplement pas du goût de tous. Bien que la production de Bob Rock soit une nouvelle fois à la hauteur, l’album devient vite, tout comme son successeur ReLoad en 1997, le plus décrié de la discographie des gars de San Francisco. Pour autant, l’un et l’autre atteindront le statut multiplatine aux Etats-Unis. Un succès commercial, oui, mais décevant au regard des records atteints par le Black Album, certes, mais aussi une déception d’un point de vue artistique. Mais Metallica est désormais un groupe à part, entré dans les chaumières, et est devenu une véritable institution américaine incontournable. Comme Bon Jovi, Aerosmith ou Bruce Springsteen…

Les tournées qui suivent continuent, elles, d’attirer des foules compactes. S’il est en effet un domaine où Metallica a toujours été irréprochable, c’est bien la scène. Et le groupe ne lésine pas, démarrant le Load tour au mois d’avril 1996 à San Jose, en Californie, et clôt l’année au même endroit après être passé par l’Amérique du Sud, le Canada et l’Europe. Les cinq premiers mois de 1997 voient le groupe concentrer le gros de ses efforts sur les USA. Metallica s’accorde ensuite un break avant d’envahir les festivals européens et de simplement s’y faire plaisir.

1998 voit une nouvelle galette – double – de Metallica arriver dans les bacs. Garage Inc. est une sorte d’extension au Garage Days Revisited sorti une décennie plus tôt. Le concept est le même, Metallica , par le biais de reprises et de faces-B de ses singles, rend hommage à ceux qui l’ont inspiré et permis d’arriver où il en est aujourd’hui. L’année est ensuite consacrée à la route, Metallica donnant cette fois la priorité aux contrées lointaines : Australie, Nouvelle Zélande, Japon reçoivent les hommes en noirs qui retournent à domicile toute la seconde moitié de l’année…

Il est parfois bon de surprendre son public et de casser la routine. Cela se traduit par une nouvelle collaboration avec Michael Kamen, chef d’orchestre qui avait déjà apporté sa collaboration à certains arrangements de Metallica (et de Queensrÿche, parmi d’autres). Les 21 et 22 avril, Metallica donne deux concerts avec l’orchestre symphonique de San Francisco, dirigé par Kamen. La relecture des morceaux de Metallica emballe le public et se traduit par la sortie, fin novembre, du double CD live S&M. Certains remarquent que l’on retrouve le « M » du logo d’origine de Metallica… Un signe ? L’album est acclamé par les fans et la critique. Le mariage a priori contre nature se révèle totalement efficace, l’œuvre de Metallica réarrangée ne s’en trouvant pas du tout dénaturée.

L’année 2000 est marquée par un évènement de taille. Un évènement dont Metallica ne ressortira pas indemne. Car le groupe a enregistré un nouveau titre pour la bande originale du film Mission : Impossible 2. Mais alors que la première diffusion radio officielle de I Disappear devait se faire le 19 avril, le groupe découvre que le morceau est très largement diffusé sur Internet, via le site d’échange de données Napster, fondé par les frères Fanning (Shaun et John) et Sean Parker. L’explosion de l’univers numérique et la popularisation de l’informatique ont engendrés de nouveaux modes de consommation de la musique. Des nouveaux comportements auxquels l’industrie musicale ne s’était pas préparée. Et n’a donc rien vu venir. Car les nouvelles générations ont élaboré des systèmes d’échange de fichier. Un échange, c’est « je te donne, tu me donnes », et on ne parle que d’une chose par transaction… Mais ici, avec les nouvelles technologies, les choses se font à une échelle telle que le « tape trading » d’il y a vingt ans, ou même le piratage sur cassettes audio d’il y a dix ans à peine font pâle figure… Le piratage des années 2000 se transforme en une véritable industrie parallèle. Le combat dans lequel s’engage Metallica, et plus spécifiquement Lars Ulrich, est plus celui pour le contrôle de la répartition des droits d’auteurs qui, avec ces nouveaux systèmes, échappent à tout contrôle. Le procès, long, entrainera la disparition de Napster, mais les résultats de l’industrie musicale connaîtront, malgré tout, des chutes vertigineuses. L’image de Metallica auprès des plus jeunes, principalement, est également salement touchée car désormais les sales gosses de la Bay Area passent pour de vils capitalistes assoiffés de dollars…

Metallica aura du mal à redorer son image, d’autant que le 17 janvier 2001 Jason Newsted annonce quitter le groupe. S’étant vu, parmi d’autres raisons invoquées par le démissionnaire, notifier un refus catégorique de s’impliquer plus avant dans son projet Echobrain, le bassiste en poste depuis 14 ans reprend, comme l’avaient fait avant lui des artistes comme Bruce Dickinson et surtout Rob Halford, sa liberté. Cette démission est en fait la conclusion d’années difficiles passées au sein de Metallica puisque jamais Jason ne fut considéré comme membre à part entière du groupe. Ni ne trouva sa place.

Cette claque donne à réfléchir au trio restant tant sur sa démarche créative que sur ses relations au niveau humain. Et plutôt que de se précipiter à chercher un remplaçant, c’est Bob Rock qui occupera temporairement la place de Jason.

Lorsque le groupe entre en studio, commence un long travail, douloureux, pénible pour tous. D’abord, le départ de Jason est mal vécu et Metallica décide de mettre un terme à trop de conflits en embauchant à demeure un psychologue chargé de les accompagner sur le chemin de la rédemption. Ensuite, le groupe a accepté d’être en permanence filmé dans le cadre d’un documentaire. Les caméras de Joe Berlinger et Bruce Sinofsky s’immiscent dans l’univers cloisonné de Metallica de mai 2001 à juin 2003, retraçant sans pudeur le quotidien d’un groupe phare : les conflits internes qui voient James claquer la porte et disparaitre (pour une cure de désintox), la recherche d’un nouveau bassiste, les engueulades au sujet des nouveaux morceaux, les répétitions avec un Bob ROCK plus bassiste que producteur, et le choix de Robert Trujillo (ex-Suicidal Tendencies, Ozzy Osbourne et Black Label Society) qui rejoint officiellement Metallica le 24 février 2003 avant de partir sur les routes pour de nouvelles aventures. Au départ, le duo de réalisateurs avait pour objectif de tourner un documentaire sur les coulisses de la création d’un album, mais les évènements leur ont apporté un nouvel angle de travail qui verra Some Kind Of Monster récompensé au festival de Sundance en janvier 2004. Mais entre-temps…

L’intermède imposé par James Hetfield prend fin au printemps 2002, et le groupe doté d’un souffle nouveau peut s’atteler à la tâche. Lorsque parait – enfin – St. Anger, le public découvre un album sans signature ni titre (autre que sur la tranche). Si Robert Trujillo fait officiellement partie de Metallica, c’est bien Bob Rock qui joue de la basse sur des morceaux longs, complexes, au chant râpeux, mais des morceaux sans aucun solo. Malgré la présence de titres accrocheurs comme Frantic, Invisible Kid ou Purify, l’album, une nouvelle fois, divise les fans certains reprochant au DVD bonus, montrant le groupe répéter en compagnie de son nouveau membre, d’avoir un meilleur son que sur le CD. Ce n’est d’ailleurs pas la dernière fois que les fans pointent du doigt des problèmes liés au son.

Le groupe a pourtant d’autres préoccupations en tête. Le lancement de l’album se fait par le biais de trois concerts donnés à Paris le 6 novembre 2003. Les fans ont du faire un choix, car l’organisation rendait impossible l’achat de billets pour les trois concerts. Ces derniers ne furent mis en vente qu’aux caisses de chaque salle quelques semaines plus tôt. Ainsi le Trabendo, la Boule Noire et le Bataclan eurent les honneurs de recevoir un Metallica intimiste et revigoré par le défi d’une nouvelle ère. Si l’exploit rappelle celui que réalisa quelques années plus tôt Def Leppard qui donna, en 24 heures, trois concerts sur trois continents différents, Metallica, en se concentrant sur une même ville – et pas n’importe laquelle, s’il vous plait, Paris, tout un symbole ! – économise en fatigue l’énergie qu’il dépense sur scène. Puis Metallica reprend la tournée des stades, envahissant les USA, et le reste du monde avant de s’accorder une année de repos en 2005.

Metallica réapparait en novembre 2005 pour deux concerts donnés en compagnie des éternels et incontournables Rolling Stones, puis les quatre retournent en studio au mois de janvier 2006. Et là, surprise : Bob Rock, producteur grâce auquel Metallica a vendu plusieurs dizaines de millions d’albums, n’est pas de la partie ! Metallica a choisi de travailler avec Rick Rubin le grand manitou du rap US des années 80, fondateur de Def American Records, et qui s’était déjà distingué en produisant des artistes comme Slayer (oh, le scandale de cette annonce… Ahh! le résultat discographique – South Of Heaven, Seasons In The Abyss) Comme le groupe en a pris l’habitude, il donne, durant l’été, quelques concerts afin de s’oxygéner, et présente même deux nouveaux morceaux à quelques privilégiés allemands et japonais.

L’enregistrement de l’album sous le contrôle de Rubin débute en 2007. Le producteur veut que Metallica se lâche, renoue avec son passé, retrouve la rage et le naturel de ses débuts. Le résultat parait sous le titre de Death Magnetic le 12 septembre 2008. Rubin a souhaité que Metallica renoue avec son passé ? Est-ce lui le responsable du retour du logo d’origine ? Ce détail signifie-t-il un retour au Thrash direct et sans concession qui fit les grandes heures du Metallica des années 80 ? Pour célébrer le lancement de Death Magnetic, Metallica donne deux concerts de charité à Berlin puis à Londres avant de constater le résultat de ses efforts : la critique est (quasi) unanime, l’album se classe en première places de nombreux tops et charts. Mais… Mais un détail chiffonne nombre d’acquéreurs, c’est le mix de la batterie qui grésille et sature pour un rendu plus que désagréable rendant l’écoute à volume important ou au casque pénible… Comment un groupe comme Metallica , avec les moyens technologiques dont il dispose, a-t-il pu laisser passer ce « détail » ? Comment n’avoir pas envisagé la possibilité que de nombreux fans n’aient pas forcément les moyens de s’offrir du matériel aussi haut de gamme que Metallica ? Mais le succès l’emporte au final sur l’insatisfaction, l’album voyant d’anciens fans revenir au bercail.

Metallica repart une nouvelle fois sur la route, et traverse le monde à un rythme moins soutenu – moins fatigant et moins exigeant, donc – que par le passé, se concentrant sur des périples de deux semaines de concert/une semaine de repos. La tournée, sans surprise, fait une nouvelle fois carton plein, et donne naissance à deux DVD, dont Français pour une nuit, retraçant magistralement le concert que Metallica donna aux arènes de Nîmes le 7 juillet 2009 . En plus, Metallica se voit sollicité pour être au centre d’une édition spéciale du jeu vidéo Guitar Hero qui parait également en 2009. Il est loin, le temps où Metallica jurait ne jamais céder au démon de la vidéo… Puis, en 2009 encore, Metallica fait officiellement son entrée au Rock’N’Roll Hall Of Fame. Un minimum pour le 7ème plus gros vendeur de l’histoire de la musique américaine…

2010… Metallica retourne en Amérique du sud, rendant visite à des fans qu’il avait délaissés pendant près d’une décennie. Et revient en Europe au cours de l’été. Pas seul, loin de là ! L’organisation du festival Sonisphere a organisé un événement de taille puisqu’il a réussi à réunir sur une même affiche, et pour une série de sept festivals, ceux que l’on désigne depuis vingt ans comme « le Big 4 » du Thrash : Metallica sera précédé de Slayer, Megadeth et Anthrax, les quatre groupes prévoyant de jammer ensemble. Une de ces journées historiques, celle de Sophia, en Bulgarie, fera l’objet d’un DVD témoignage (et d’un quintuple CD) sobrement intitulé « The Big 4 Live from Sophia ».

La tournée Death Magnetic, quant à elle, se termine à Melbourne (Australlie) le 21 novembre 2010 et Metallica rentre au bercail avec un nouveau projet en tête.

Cette fois, Metallica a décidé de prendre tout le monde à contre pied. Et la surprise est de taille lorsque le groupe annonce s’associer à Lou Reed, mentor du Velvet Underground, icône d’un certain rock décalé, du pop art d’Andy Warhol, aussi. Bref, un artiste à l’opposé de l’univers de Metallica. Mais on pourrait aussi dire que Lou Reed a, également, pris tout son monde à contre pied en décidant de s’associer à Metallica, icône du Thrash violent et explicite, mentor de toute une génération de groupes bruitistes et extrêmes, groupe clamant que le mélange de sang et d’urine qui illustre la pochette de Load est de l’art… Une association a priori contre nature (celle de Metallica et de Reed, s’entend), et pourtant, l’art en est bourré de ces associations…

Le résultat parait fin octobre 2011. Une seule indication sur la pochette : le titre, Lulu, rouge sang, écrit en superposition du buste d’un mannequin de cire sans bras. Très vite, l’album est décrié, montré du doigt, médias et fans lui offrant directement et sans autre forme de procès le statut de pire album du groupe. Le verdict est sans appel, Lulu ne se vendant qu’à quelques milliers d’exemplaires la semaine de sa sortie. La pire vente jamais enregistrée par un groupe, par des artistes de cette envergure qui donnent une dernière chance au public de San Francisco lors de quatre concerts exceptionnels donnés par Metallica entre le 5 et le 10 décembre 2011.

Car Metallica a décidé de fêter dignement son trentième anniversaire. Pour ce faire, le groupe investit le Fillmore, petite mais mythique salle de San Francisco fondé par Bill Graham dans les années 60 afin d’offrir à certains artistes (dont les Grateful Dead) un lieu où jouer. Seuls les membres du fan club peuvent se procurer des billets. Mais ils sont trop nombreux pour être tous servis. Un tirage au sort désigne donc les heureux privilégiés qui pourront assister à ces shows. Quatre concerts donnés pour 2000 spectateurs, chacun, avec des setlists et des invités chaque soir différents, et un tarif défiant toute concurrence : 6 dollars le concert, moins de 20 les quatre. Metallica est à la fête et ses invités, anciens membres (Dave Mustaine, Jason Newsted ou même les plus anciens Lloyd Grant et Ron McGovney), ceux qui ont failli « en être » (Pepper Keenan, John Bush) ou autres illustres inspirateurs (Biff Byford, Rob Halford, King Diamond, Lou Reed, Marian Faithfull…) aussi.

Afin de tenter de se racheter de la débâcle Lulu, Metallica publie un maxi de « restes » de Death Magnetic, un quatre titres intitulé Beyond magnetic. Mais c’est une nouvelle fois l’annonce de sa nouvelle tournée des stades qui « crée le buzz ». Metallica a 30 ans, le Black album tout juste plus de 20. Ce dernier sera le centre de cette nouvelle tournée, le groupe axant sa communication autour du fait que Metallica sera interprété dans son intégralité. Cependant, les quatre de San Francisco n’ayant jamais rien fait comme les autres, il semble évident que bien d’autres choses attendent le public. Pour la France, rendez-vous donc au Stade De France le 12 mai 2012. Sans surprises, le concert affiche en quelques heures complet et, comme sur le reste de sa tournée, Metallica fait les choses comme il faut: Gojira en ouverture est un bel amuse gueule, mais, au delà du spectacle – irréprochable, comme toujours – Metallica a décidé d’inviter ses fans – membres du fan club français principalement – à prêter et exposer quelques souvenirs dans une sorte de mini musée que peuvent « visiter » quelques privilégiés. Malgré quelques égarements, Metallica, finalement, sait rester proche de ses fans.

Jamais à court d’idées novatrices, Metallica décide de se lancer dans un nouveau projet, au cinéma, cette fois! En fait, le groupe se trouve au centre des recherches que mène le jeune acteur dane Deehan, héros de Through the never, film réalisé par Nimrod Antal. Metallica y donne un concert, tandis que Trip, le héros, se voit confier la mission de récupérer un objet. Son périple est brutalement interrompu à la suite d’un accident etc… Bref, un scénario basique mais une mise en scène qui se veut novatrice, deux éléments qui permettent à Metallica de publier un nouveau live, double, enregistré au Canada (Edmonton et Vancouvert) courant aout 2012. Un album qui démontre, une fois n’est pas coutume, la puissance scénique intacte des Horsmen.

Devenu monstre sacré, Metallica se fait naturellement plus rare. Ses concerts prennent la forme de véritables événements; Mais ce n’est pas assez. Toujours soucieux de l’avis des fans, le quatuor décide d’organiser, en 2014, une tournée particulière qui se tient du 16 mars au 10 août 2014 pour 25 concerts : intitulée Metallica by request, les fans reçoivent la promesse de ne jamais avoir deux fois la même set list. un véritable défi pour jame, Lars, Kirk et Robert puisque ce sont les fans eux-mêmes qui décident de la set list du soir en votant par SMS. Les chansons interprétées ne sont connues du groupe que quelque minute avant que ne démarre le concert, à la clôture des votes. Mais au final, le public n’opte que rarement pour des titres rares et réclame les plus connus… une belle expérience et un beau pari, relevé haut la main, cependant.

En 2015, la France est touchée par le terrorisme aveugle à deux reprises. La seconde affecte particulièrement Metallica puisque le 13 novembre 2015, des groupes radicalisés s’attaquent au Stade de France (sans pouvoir y pénétrer), aux clients de restaurants et bars des Terrasses et pénètrent dans le Bataclan où ils commettent un massacre sans nom. Le monde est sous le choc, d’autres villes ont été et seront touchées mais Metallica connait le Bataclan et décide de publier, l’année suivante, en 2016, les enregistrements du concert donné en ces lieux pour la sortie de St Anger. Paru en édition limité, Liberté, égalité, fraternité, Metalllica! regroupe les 9 chansons (dont on a pu avoir quelques extraits sur le Ep Some kind of monster) interprétées lors du périple de 2003 et devient rapidement un objet recherché des fans.

Mais le groupe s’est également attelé à la création du successeur de Death magnetic. En novembre 2016, lorsque parait Hardwired to self destruct, les fans savourent le premier double album – pardon: double CD – de la carrière du groupe qui revient en forme. Malgré une pochette et un titre mystérieux, tout le monde est d’accord: Metallica est en forme, revient avec l’esprit des débuts et… a fait attention à ne pas se planter dans le son travaillé avec du matériel »plus abordable »! Il grimpe rapidement à la première place de nombreux classements nationaux (France, Autriche, Suisse, Irlande Allemagne…) et confirme la position dominante de Metallica dans l’univers du Metal. La tournée annoncée est rapidement complète et c’est désormais avec impatience et ferveur que les fans français attendent l’ouverture des portes de l’Accor Hotels Arena de Paris les 8 et 10 septembre prochains.

Le monstre vit encore; mieux: il est en pleine forme et plus fort que jamais!