Interview Death Decline. Entretien avec Fab (guitare) le 25 octobre 2024
Nous allons parler de votre nouvel album, Patterns of an imminent collapse. Mais d’abord, commençons avec ceci pour les observateurs : il s’agit de votre quatrième album – sortis en 2015, 2018, 2021 et cette année. Un album tous les 3 ans donc. C’est un rythme que vous vous êtes donné ?
Ouais, exactement (rires) ! Non, pas du tout, c’est surtout lié au rythme auquel on parvient à produire les albums, le temps qu’il nous faut pour composer assez de titres. C’est le rythme qu’on arrive à assurer plutôt qu’un « plan ». Toujours est-il qu’on essaye d’être régulièrement présent et d’avoir toujours quelque chose à proposer, de ne pas se faire oublier trop longtemps de manière à rester dans la tête des gens…
Trois ans, même si c’est un peu long, ça reste un rythme qui permet aux gens de savoir quand attendre de la nouveauté…
Après, comme tu le dis, nos quatre albums sont sortis avec ce délai, mais ce n’est pas quelque chose à quoi on tient particulièrement. Peut-être que vous aurez des surprises à l’avenir…
Que peux-tu nous dire au sujet de ce nouvel album pour nous convaincre d’aller l’acheter ?
Si tu aimes le thrash moderne avec une pointe de death metal, avec un son bien catchy et puissant… Eh bien, écoutes : cet album peut te plaire… Ça décrit un peu cet album.
C’est vrai que vous êtes dans une veine thrash très costaud, plus proche même du death. Tu aurais d’autres termes à utiliser pour décrire votre musique à quelqu’un qui ne vous connait pas ? Quand j’écoute cet album, ce n’est pas que du « bourrinage », il y a des aspects un peu plus… « mélodiques » …
Tu peux le dire, on a toujours incorporé dans nos albums des éléments qui peuvent être taxés de « mélodiques ». En soit, ce n’est pas une insulte. On tient toujours à amener ce côté, ça fait partie du son de Death Decline d’apporter des riffs mélodiques et des passages plus cools. Le but, ça n’a jamais été de proposer des albums qui bourrinent du début à la fin… Ce ne sera jamais dans l’optique du groupe, et comme tu le dis, il y a encore sur cet album pas mal de passages mélodiques qui alimentent des moments plus durs, pour les mettre aux standards de Death Decline.
Comment analyses-tu l’évolution de Death Decline entre A silent path, votre album précédent, et Patterns of an imminent collapse ?
Entre les deux, je pense que nous avons une évolution assez constante et logique. On ne force pas les choses, ça se passe assez inconsciemment. On a du mal à analyser les choses de manière plus techniques, on compose comme on le sent, pas en pensant à un moule ou un style musical en particulier. A partir du moment où on aime bien un riff, on compose un morceau à partir de ce riff. Ça amène des palettes vocales différentes, en fonction des morceaux et des sujets qu’on traite. C’est quelque chose d’assez naturel… Au niveau sonore, aussi, on a encore évolué un peu. C’est vrai que l’album peut paraitre plus direct et en même temps plus mélodique… En tout cas, on est totalement satisfait de l’évolution du groupe et de ce nouvel album.
Il y a un certain équilibre puisque le groupe n’a pas changé de line up ces trois dernières années. En revanche, The silent path est sorti en pleine crise sanitaire qui peut avoir eu un impact. Cette dernière a-t-elle eu un impact sur votre façon de faire ?
Je ne pense pas, pas dans les titres qu’on compose… Je pense plus dans notre méthode de travail et de composition : on avait dû s’adapter à l’époque et on a conserver certaines façons de faire. On s’est rendu compte qu’il y avait des choses qu’on avait mises en place pour The silent path qui fonctionnait plutôt pas mal – entre autres le fait de travailler les préproductions chez nous, bien avant l’album, chose qu’on ne faisait pas sur les deux premiers albums. On s’est un peu formés sur le sujet, on a investi dans du matériel pour faire des préprods chez nous et ça nous apporte quelque chose qu’on n’avait pas avant : une idée plus précise de comment el morceau va sonner avant d’entrer en studio.
Quels sont les sujets dont vous traitez ? Un titre comme celui de cet album (Les signes d’une chute imminente) c’est très positif, très enthousiasmant comme notion…
(Rires) Ben, écoute, j’ai envie de te dire qu’on ne fait pas du funk non plus (rires) ! Les sujets qu’on abordent ? Globalement les comportements humains, dans leurs mauvais côtés… Ça peut être au niveau social, écologique, des sentiments… On brosse un portrait qui peut paraitre pessimiste, nous, on a plutôt l’impression qu’il est réaliste. Comme je sais qu’Alexis, au chant, a tendance à écrire des paroles pour quelles soient libres d’interprétation pour l’auditeur. Il va composer se paroles d’une manière ouverte à l’interprétation.
Y a-t-il des thèmes qui selon toi, selon le groupe, n’ont absolument pas leur place dans Death Decline ?
Je pense que pour traiter d’un sujet il faut déjà qu’on soit tous à peu près raccord pour le traiter. On est plutôt ouverts à parler de tout, il n’y a pas de tabou. Je n’ai pas un sujet en tête qu’on n’évoquerait pas… On n’évoquera pas frontalement la politique. On n’est pas apolitique mais on ne donnera pas notre avis, ce n’est pas la vocation du groupe. Ce n’est pas le propos du groupe de partager des opinions politiques.
On parle de la pochette un peu ?
Oui…
Je pense que personne n’a dû vous le dire, mais elle m’évoque un peu celle de Quadra de Sepultura, surtout le verso qui représente un crane. Il y avait une volonté de faire un clin d’œil à Sepultura ?
Alors, vu que Sepultura a annoncé sa fin de carrière après ce dernier album, c’était purement volontaire pour prendre leur place sur la scène internationale (rires) !
L’ambition est là, claire et précise !
Tu parles au futur Andreas Kisser (rires !) Non, non, pas du tout ! On a déjà dit à Alexis, notre chanteur, qu’il ressemble à Max Cavalera, ça reste raccord ! Plus sérieusement, on reste clients et fans de Sepultura mais on n’a pas pensé à cet album au moment de faire faire l’artwork par Stan W. Decker, qui s’occupe de nos pochettes depuis le premier album. L’idée, c’était d’avoir quelque chose de thématique, une sorte d’écusson, une plaque de marbre… Quelque chose de frontal, un emblème… On n’avait pas, au départ, évoqué la pièce de monnaie mais ça rentrait dans les codes. Quand Stan nous a proposé cet artwork, on l’a trouvé tellement efficace qu’on est resté dessus, on n’a pas changé. On se doutait bien que le rapport avec Sepultura se ferait mais il n’y avait pas une volonté de s’influencer d’eux…
Surtout que le personnage que l’on voit de profil est identique à celui de The silent path – j en’ai pas les autres pochettes sous les yeux. C’est une sorte de mascotte ce personnage cornu ?
Oui, si tu regardes les deux premiers albums, tu verras qu’il est également présent, de façon plus humaine, plus… distinct. Sur The silent path, il est plus comme une statue, une divinité qui s’élèverait au-dessus des hommes. C’est un peu une mascotte et c’est une volonté de notre part de conserver ce personnage avec des cornes qui peut apparaitre sous plusieurs formes. C’est quelque chose d’assez classique sur la scène metal que d’avoir un personnage récurent qui apporte une identité visuelle.
Au verso, à la place du cou, il y a une sorte de mappe monde qui est, j’imagine, en lien avec le titre de l’album…
Euh, ouais… alors là, si tu veux… On a donné toute notre confiance à Stan qui a travaillé de concert avec Alexis pour créer toute une identité visuelle qui comme vraiment aux sujets abordés.
Si tu devais ne retenir qu’un titre de ce nouvel album pour expliquer aux gens ce qu’est aujourd’hui Death Decline, ce serait lequel ?
Elle n’est pas facile, ta question, parce que l’album a été composé pour que chaque morceau soit complémentaire, du coup, chaque morceau apporte quelque chose au spectre sonore de Death Decline et de cet album… C’est vrai que ce n’est pas une question facile…
Tu as 5’ pour me convaincre d’écouter le reste de l’album…
(Rires) Alors, sur Towards void and oblivion tu trouves beaucoup d’éléments qu’on aime développer : de la mélodie, des changements de rythmes, d’ambiances, des riffs thrashy bien rentre dedans… C’est un morceau qui est catchy, brutal, en même temps mélodique et incisif. Je pense qu’il représente plutôt bien ce qu’on est capables de faire… Sinon, tu as aussi un morceau comme…
Non, non ! Je n’en ai demandé qu’un ! Ne cherchez pas à négocier, Monsieur, ça ne marche pas ici !
(Rires) Alors Towards fera l’affaire !
Quels sont les 5 albums que tu as le plus « bouffés », usés jusqu’à la corde dans ta vie ?
Il y aura, concrètement, en premier lieu Ride the lightning de Metallica – ça reste mon album fétiche tous groupes confondus – Il y a aussi Bonded by blood d’Exodus…
On est dans les origines du thrash…
Ouais, exactement. Je suis plutôt fan de thrash, on va dire que c’est moi, le « parrain thrash » du groupe… Ensuite, il y a Defenders of the faith de Judas Priest. Après, qu’est-ce qu’il pourrait y avoir ? Le premier Led Zeppelin ? Oui, carrément… Il y a aussi… Leprosy de Death, et sans doute Killers d’Iron Maiden que j’ai énormément écouté étant jeune…
Ça en fait six…
Ouais, ben… tu choisiras (rires) !
Monsieur est dans la négociation aujourd’hui ! On le sait, un groupe de rock en France, d’autant moins de metal et encore moins dans votre style, ne vit pas de sa musique, ou très rarement. Quelles sont vos autres activités dans vos autres vies ?
Moi, je suis électricien du bâtiment, Alexis est chef cuistot, il tient une cave à bières et une taverne rock/metal sur Châlons sur Saône. Alex, à la basse, est mécanicien de formation, Jordan, à la guitare, est informaticien, et Arnaud, notre batteur, est pour l’instant ouvrier viticole.
Vous avez des concerts prévus pour les mois à venir ?
Là, on a pas mal enchainé… On était le week end dernier à Martigues pour une super date, on a fait la Vapeur à Dijon, le Ferrailleur à Nantes pour la release party… On bosse d’arrache-pied pour composer une tournée digne de ce nom pour 2025… Vous allez pouvoir nous voir aux quatre coins de la France en 2025 !
Il n’y a pas que les coins, en France, il y a tout l’intérieur ! Moi, je suis carrément dans le Centre…
Tu veux qu’on joue où, du coup ?
Je suis à Orléans.
Ça fait partie des villes qu’on essaye de faire depuis un moment. Ça devrait se faire…
Pour terminer, si tu devais penser à une devise pour Death Decline, ce serait quoi ?
Je ne sais pas… C’est peut-être classique mais je dirai « Strike hard, strike fast »