Interview DESPITE THE END: entretien avec Ludovic (guitare). Propos recueillis par téléphone, le 26 juin 2020
Metal-Eyes : Votre Ep est sorti le 24 avril. En plein confinement, à cause du Covid…
Ludovic : Il y a deux mois, oui. Exactement, à cause du Covid.
Metal-Eyes : Est-ce que tu rends compte que ton prénom comporte chacune de lettres de cette maladie ? C’est de la provocation gratuite ?
Ludovic (il explose de rire) : Non, je n’y avais pas fait attention, c’est vrai!
Metal-Eyes : Il y en a deux qui n’y sont pas, mais on pourrait prendre un accent et dire “lu covid”….
Ludovic (il se marre) : On me l’avait pas faite, mais j’aime bien! Allez, Lucovid, c’est parti !
Metal-Eyes : Malgré la fin, c’est le nom de votre groupe, votre album débute avec Despite the begining, donc “malgré le début”… C’est un peu le bordel chez vous!
Ludovic : Ah, ah ! Non, c’était pour faire le parallèle entre l’intro et l’outro, et le nom du groupe, Despite The End. C’est une intro, il fallait qu’on mette « begining », et le coté miroir. C’est pareil avec les morceaux, numérotés 0, 1, 2, 3, 2, 1, 0. Est-ce qu’il y a une notion particulière ? Je ne sais pas.
Metal-Eyes : Donc si je commence par mettre un terme à cette interview, ce ne serait pas étonant non plus ?
Ludovic (rires) : Non ! Faut pas dire ça ! Par contre, le terme Despite The End a une vraie signification pour nous.
Metal-Eyes : Expliques moi, alors…
Ludovic : Déjà, le nom du groupe a été imaginé par Vartan, le chanteur qui a initié le projet. Il a recruté des musiciens en septembre 2019, donc on est un tout jeune groupe. Il avait déjà le nom en tête et nous a expliqué pourquoi ce nom de groupe : c’est tout simplement parce que toutes ses paroles parlent de transition. De fin de cycle ou de début de cycle, des phases de la vie où l’homme a des choix à faire. Ça peut concerner des choix politiques, sur l’environnement, la psychologie, les sentiments… Beaucoup de thématiques. Si on prend Paralyzed, par exemple, c’est un titre qui parle d’un type qui est subitement handicapé, qui perd l’usage de ses membres. Il est en transition, de valide à invalide. Soit il l’accepte, ou pas, il y a des choix à faire.
Metal-Eyes : Tu m’as dit que le groupe a été formé en 2019. Vous êtes originaires de où ?
Ludovic : On vient tous d’Ile de France, on arrive à se voir, pour jouer et composer tous ensemble, une fois par semaine. On est éclatés : il y e a un à Rambouillet, moi, dans le sud de la Seine et marne, un à Alfortville… Mais on s’en sort.
Metal-Eyes : Quelles sont vos principales influences ?
Ludovic : On a trois grandes thématiques du metal, si on peut catégoriser comme ça : le neo, le metalcore et le thrash. On n’est pas tous ultra fan de néo ou de thrash, mais au final, on essaie de mettre l’ensemble de ces styles dans nos chansons. We won’t obey en est une parfaite illustration : au démarrage, il y a un riff très neo, presque indus, avec des couplets très neo metal, simples et rentre dedans, et on finit avec des riff très thrash à la Megadeth, très Dave Mustaine. Don on a adopté ce créneau qui, je ne sais pas si ça existe sur la scène metal, associe, si on peut dire, du Korn avec du Megadeth.
Metal-Eyes : J’avais effectivement noté des influence metal des années 2000. Mais je trouve aussi des sonorités metal plus traditionnel
Ludovic : Alors, oui, effectivement, l’Ep sonne moins neo que ce qui avait été prévu initialement. Vartan avait vraiment envie que ça sonne plus neo metal que ça. Après, on a fait des compromis pour que tous les riffs et les mélodies plaisent à tout le monde, mais sans concessions. Le processus d’écriture s’est passé sur deux axes : soit Vartan arrive avec une mélodie, comme sur Butterfly effect où il est arrivé avec le refrain qu’il a trouvé avant la mélodie de guitare, soit, ça a été comme ça la plupart du temps, j’ai proposé des riffs à la pelle au groupe et Vartan a choisi, parmi une quinzaine de riffs que je pouvais proposer quasiment quotidiennement, celui qui lui parlait le plus, et on a développé autour de ça.
Metal-Eyes : L’intro de Despite the begining me fait penser à l’univers égyptien, et à Dio dans sa période The last in line…
Ludovic : Je n’écoute pas ça. Maintenant, ce qui peut te faire penser à l’Egypte, c’est que ça a été compose en mineur harmonique, donc ça sonne tout de suite très exotique. Pour la petite histoire, cette intro faisait partie de Into the past, c’était un couplet. Et en en discutant avec le groupe, processus d’écriture, etc. on a décidé de s’en servir en tant qu’intro et ça, c’est parfait.
Metal-Eyes : Il y a plusieurs types de chant, à la fois rugueux, plus agressifs et clair. Pourquoi ce choix vocal?
Ludovic : Ça, c’est les influences de Vartan qui parlent d’elles mêmes. C’est un très grand fan de Corey Taylor de Slipknot, je pense que c’est son chanteur préféré. Il sait allier les voix très cleans, notamment dans Stone Sour, et les voix très rageuses. Il s’inspire aussi de Serj Tankian de System Of A Down qui apporte des sonorités arméniennes. Vartan étant Arménien lui même, il s’inspire beaucoup de musique folklorique arménienne. Et on retrouve par moments des sonorités de ce type là.
Metal-Eyes : Vou saves aussi choisi un format particulier, celui du Ep. Pourquoi pas plutôt un album?
Ludovic : Plusieurs raisons, je pense. Tout d’abord, quand Vartan a recruté ses musiciens, il voulait que le projet aille vite et je pense qu’il voulait qu’on lui prouve qu’on était sérieux dans le travail, bosseurs mais que, aussi, l’entente pouvait se faire. On s’est tous mis à l’ouvrage efficacement, dans la bonne humeur et la bonne entente. On ne se connaissait pas quand on a commencé à composer, donc ça a été un peu le baptême du feu, le test, voir si la mayonnaise prend, si on pouvait faire quelque chose tous ensemble. L’autre raison, c’est qu’avec son groupe précédent, Vartan, et aussi le bassiste, Victor, avait joué en ouverture d’un groupe qui s’appelle Viza, au Trabendo à Paris, et on avait pour projet d’ouvrir aussi pour Viza en mars, avril. Avec le confinement, ça ne s’est pas fait, mais pour ça, il nous fallait absolument des titres originaux, rapidement. On s’est donné ces objectifs, que nous avons atteints avec quasiment un titre par mois. L’Ep a été rapidement composé et exécuté. On n’a pas pris le temps de faire mature les chansons, de les jouer, de faire des bœufs, de les faire évoluer. C’est un one-shot, premier jet qui donne cette galette-là aujourd’hui
Metal-Eyes : Vous ne vous connaissiez pas avant, tu l’as dit. Quels sont vos passes musicaux respectifs?
Ludovic : On n’a pas tous le même âge dans le groupe, ça va de 24 à 40 ans. Je suis le doyen du groupe (rires). On a chacun un groupe qui a plus ou moins compté, renommé ou connu. Vartan et Victor au sein de Too Late, moi, j’ai joué au sein de Deep In Hate, du brutal death qui a sorti 4 album. Un autre univers… Roy a travaillé au sein de divers projets, mais je ne sais pas lesquels. Comme je te disais, le groupe a été formé il y a moins d’un an, et on n’a pas encore eu le temps de vraiment apprendre à se connaitre à fond, même si on y travaille. De plus en plus, on connait nos vies et nos problèmes perso, ce qui renforce nos liens, mais tout ça va se préciser dans les semaines et les mois à venir.
Metal-Eyes : Comment décrirais-tu votre musique pour quelqu’un qui ne vous connais pas?
Ludovic : C’est du metal plutôt axé tout public. On essaie avant tout de mettre en avant la mélodie, tout en gardant cet aspect metal, avec des gueulantes – sinon c’est pas du metal! Il faut que ça claque! Mais, pour nous 5, c’est la mélodie avant tout. Avant même la simplicité, c’est la mélodie qui compte, il faut que ça sonne.
Metal-Eyes : Si tu devais, sur cet Ep, ne retenir qu’un seul titre qui vous définisse, que tu puisse faire écouter à une personne en lui disant “voilà, c’est ce qu’on fait”, ce serait lequel?
Ludovic : Alors… Je suis un peu partagé. Les titres, on les aime tous parce que ce sont nos créations. C’est un peu comme de me demander lequel de mes enfants je préfère…
Metal-Eyes : Je ne te demande pas de faire le choix de Sophie, je te demande de faire le choix d’un titre!
Ludovic : Un titre? Je pense que celui qui nous représenterai le mieux, c’est Butterfly effect. C’est celui sur lequel on a tous participé au processus de composition, on y a tous mis notre patte, on a à la fois un chant sauvage et hargneux sur les couplets et très chanté, entraînant qui reste en tête, on a une envolée épique post solo de Vartan qui part de très calme pour aller vers le très énervé, qui se termine en thrash. Cette chanson, elle résume parfaitement notre univers.
Metal-Eyes : Si tu devais maintenant envisage une devise pour Despiute The End, ce serait quoi?
Ludovic : Waoh! Putain, je l’ai pas eue cette question encore! (rires)
Metal-Eyes : Heureusement! C’est la mienne!
Ludovic : Une devise? Ah! Tu me prends au dépourvu là… Euh… “Viens prendre ta claque mélodique mais en toute solidarité et en toute sociabilité”. Parce qu’on a aussi cette facette sociale chez Despite The End puisqu’on travaille aussi avec l’association My Ouai. Quand tu écoutes Despite The End, que tu achètes l’Ep et que tu viens nous voir en concert, il faut savoir que l’argent est reversé à l’association My Ouai qui permet de faire de l’éveil musical a des enfants handicapés. On est tous dans le groupe réquisitionné par notre producteur, Jean-Michel Kampf, qui a fondé l’association My Ouai, on a tous été volontaires pour faire participer ces enfants à l’éveil musical.
Metal-Eyes : J’imagine que cette asso a un site web, une page Facebook où on peut se renseigner?
Ludovic : Oui, c’est My Ouai Production. Il suffit de chercher sur Google (www.myouai.fr)
Metal-Eyes : Votre chanteur a des origins arméniennes, disais-tu. Est-ce la langue utilisée sur les dernier titre, Despite the end?
Ludovic : Oui, tout à fait. C’est de l’arménien.
Metal-Eyes : Pourquoi avoir fait ce choix de langue? Quel message y a t-il?
Ludovic : Ah ah… Je ne peux pas te le traduire phrase par phrase, mais je peux t’en expliquer la signification: en gros, ça dit que l’Homme a construit des choses merveilleuses avec ses mains, et les a également détruites avec ces mêmes mains. Il remercie le poète d’être resté jusqu’au bout, malgré la fin, la fin du monde, la fin de l’Ep…
Metal-Eyes : Tu es sûr qu’il s’agit bien de ça?
Ludovic : Ben… C’est ce que Vartan nous a dit, on n’est pas allé vérifié sur Google trad!
Metal-Eyes : Ça se trouve, il dit simplement “mes musiciens sont des enfoirés, j’aurais jamais dû les recruiter”…
Ludovic (rires): Ouais, peut-être, peut-être qu’il se fout de nous, mais je ne pense pas! Non, il y a vraiment une porté symbolique pour Vartan, et aussi pour moi, parce que nous sommes les auteurs de ce titre. Je l’ai compose il y a plus de dix ans, c’est une mélodie qui me tenait à Coeur et que je voulais enrgistrer. Vartan en a été inspire. La voix qu’on entend, derrière, c’est une voix feminine. Et cette voix, c’est celle de sa maman. Il lui a demandé de prononcer ces paroles – il parle arménien, mais sa mère a une prononciation parfaite – il l’a enregistrée et on l’a ajoutée. Pour lui, c’est très fort émotionnellement, ce qu’on peut comprendre.
Metal-Eyes : Maintenant que le monde se déconfine, est-ce que vous avez une visibilité sur vos possibilité de prendre la route?
Ludovic : Ça reste très flou… Tout ce qu’on sait, c’est que fin août on tourne le clip de Paralyzed, le 10 octobre, si tout va bien, on fait une date au Gibus de Paris, date qui sera filmée par des pros. On joue au clic, en fait, ce qui nous permet de travailler la post prod. Si tout va bien, on devrait avoir de quoi faire un clip d’un autre titre. Pour la suite, on verra en fonction du Covid…
Metal-Eyes : Ludovic, merci pour ces infos, as-tu quelque chose à rajouter?
Ludovic : Merci à toi, pour la bonne humeur et les blagues. Je pense que le mot de la fin serait de dire qu’on cherche à faire un metal qui touche le public le plus large possible, que ça touche aussi un public qui n’en écoute pas. On a été assez surprise des retours de Paralyzed, le morceau “tout public” qui a plus a nos amis, nos parents qui n’écoutent pas de metal et qui l’ont trouvé “audible”. C’est relativement rares, finalement pour des personnes non aguerries au metal d’écouter une chanson qui fout des baffes mais qui apprécie également ce qu’on fait!