BACK IN TIME: IRON MAIDEN

Heavy metal, Royaume-Uni (EMI, 1980)

Le 14 avril 1980, apparaît dans les bacs un visage inhumain, qui va rapidement devenir le symbole de ralliement de toute une génération de headbangers… Originellement destiné à représenter les punks, et déniché par hasard par Rod Smallwood, Eddie the ‘ead illustre la pochette du premier album éponyme d’Iron Maiden, lequel précède Saxon (qui vient de publier Wheels of steel) dans les charts en arrivant numéro 4. Rien, absolument rien, n’a été laissé au hasard, et l’on peut même se demander si l’ordonnancement des morceaux n’a pas été travaillé avec au moins autant d’attention : le titre introductif, Prowler (le rôdeur) doit-il nous faire comprendre que nos nuits seront désormais hantées par Eddie ? Que penser alors de la conclusion, Iron Maiden, dont le refrain n’est autre que « Iron Maiden’s gonna get you, wherever you are » ? Steve Harris est déterminé à imposer son groupe partout, et, de ce point de vue, l’entente avec Rod Smallwood, éternel manager aujourd’hui encore présent, est parfaite ; le manager du groupe n’a, lui non plus, rien  laissé au hasard puisque le contrat que Harris and Co. ont signé avec EMI concerne pas moins de cinq albums dont trois fermes. D’après Rod, ce détail était une obligation afin que la maison de disques s’engage réellement pour soutenir Maiden. Trop de groupes voient leur avenir corrompu du fait d’un engagement limité à un seul disque… ce qui ne force pas les responsables commerciaux à s’engager plus avant dans la promotion de jeunes artistes, aussi talentueux qu’ils puissent être. Ce premier album d’Iron Maiden, produit par Wil Malone dont l’enregistrement s’est effectué au studio Kingsway de Londres, mêle allègrement puissance (Phantom of the Opera, Prowler), douceur (Remember tomorrow), instrumentaux (Transylvania) et hits potentiels (Running free, Iron Maiden).Bref, de véritables perles classiques du metal nouveau. Même si le leader avoue être loin d’apprécier le son de ce disque, trop éloigné de ce qu’il attendait. D’une certaine manière, la production imparfaite (qui provoque la colère d’un Steve Harris insatisfait), avec ses relents punk crades, participent à sa légende. Tant mieux.

 

SAXON: 1979-1988 – Decade of the eagle

Heavy metal, Royaume-Uni (BMG, 2017)

Quelques semaines avant la parution du nouvel album studio des vétérans anglais de Saxon, BMG publie 1979-1988, decade of the eagle, une compilation retraçant les dix premières années discographiques du groupe. Notons avant tout que Biff Byford a été associé à ce produit, dans la conception de sa pochette et la sélection des titres; Saxon ne se voit donc pas acculé ou trahit par de vils capitalistes voulant se faire du fric sur son dos. Un peu quand même, mais là n’est pas la question. Existant en version CD simple ou double et quadruple vinyle, BMG ne se moque de personne: ce sont ainsi 34 chansons extraites de la période Carrère et EMI qui nous sont ici offerts, soit la meilleur période et le début de la moins inspiré. La meilleure, c’est celle constitué de cette sainte trilogie Wheels of steel / Strong arm of the law / Denim and leather / Power and the glory. Je sais, ça en fait 4, et alors? Vous jetteriez lequel, vous? Le premier album se voit aussi mis à l’honneur, aux côtés de Crusader, tous deux indispensables également. A cette époque, Saxon et Iron Maiden sont au même niveau de popularité, et les choix faits pour les premiers seront malheureux. Car malgré leurs qualités, Rock the nations suivi de Destiny voient Saxon changer de son et, pire que tout, de look, dans le but managérial de séduire le marché US.  Opération raté qui décrédibilisent un groupe jusqu’alors irréprochable dans son approche prolétaire du metal. Pourtant, si le public tourne un peu le dos, certains morceaux méritent qu’on se repenchent dessus. les fans de la première heure ne découvriront sans doute pas grand chose, ceux qui rejoignent les rangs ont ici un beau résumé d’une carrière quasi exemplaire. En tout cas, celle d’un groupe qui n’a jamais rien lâché. Le livret, riche de textes et de photos (24 pages) est un plus à ce produit.