IN THIS MOMENT: Godmode

USA, Metal (BMG, 2023)

Les fans le savent, In This Moment ce n’est pas que du metalcore comme on aime à le penser. Godmode, le huitième album des Américains est là pour nous le rappeler. S’il commence brutalement avec le morceau titre et The purge, ce disque alterne les tempi et varie les plaisirs tout au long des 10 morceaux. Maria Brink s’y montre très en voix et passe d’un chant enragé à une bienveillante douceur. Elle est en cela soutenue par son complice de toujours, le guitariste Chris Howorth qui démontre, si besoin était, sa versatilité guitaristique. Sans être un spécialiste du groupe, je me prend au jeu d’une écoute continue et la variété des styles m’accroche de bout en bout. Chaque titre parvient à surprendre et interpeller. Il y a plus à ce Godmode que du simple metalcore, In This Moment évitant de se répéter et parvenant à se renouveler.

Corey TAYLOR: CMF2

USA, Metal et plus (BMG/Warner, 2023)

Il se fait plaisir, le vocaliste de Slipknot et Stone Sour, et il a raison. Mais franchement, si quelqu’un laisse trainer ses doigts dans le rayon CD à la recherche de quoique ce soit, se laissera t-il séduire par cette pochette au goût douteux et plus qu’absent? Même le verso est discutable avec ce personnage plus qu’inspiré de Bowie. Et si le contenu de la galette est à cette image, il y a fort à parier que l’objet sera vite amené à prendre la poussière… Allez, soyons donc un peu curieux. Il ne faut pas aller bien loin pour faire le constat que Corey Taylor se laisse porter par ses envies musicale très variées. Tellement que l’on se demande si le chanteur a cherché un quelconque liant dans ces 13 titres. Tout y passe, avec la prod qui va et qui transforme chaque titre, pris indépendamment, en morceau taillé pour séduire radios et publics les plus vastes possibles. On trouve tout au long de ce CMF2 des références à la pop US, au punk tous public, au rock de toutes les époques, des années 80 à 2000, en passant par la demeure principale Slipknot et la résidence secondaire Stone Sour, faisant preuve au passage d’une impressionnante variété vocale… Mais à vouloir ratisser trop large, Corey Taylor ne risque-t-il pas de dérouter son public? C’est un risque qu’il prend avec ce qui, au final, se révèle un album plus qu’intéressant et dans l’ensemble très réussi. Tout le monde pourra trouver de quoi se satisfaire et ça, c’est aussi la marque des grands.

BRYAN ADAMS: So happy it hurts

Canada, Rock (BMG, 2022)

J’ai toujours beaucoup aimé la musique de Bryan Adams , cette puissance des Cuts like a knife et autres Reckless (on parle du Live! Live! Live!?) mais je l’ai moins suivi après ses errances en BO cinématographiques. Le gaillard  a cependant toujours su composer des chansons qui se retiennent et font bouger. Même si ses attirances pour le rock tendance pop, c’est toujours un plaisir de le retrouver. So happy it hurts, son dernier album en date, ne déroge pas à la règle, proposant des morceaux allant du rock à la ballade, variant ses plaisirs et ceux de l’auditeur. Premier constat: aucun des 12 titres  de ce nouveau disque ne ressemble à un autre. Alors, tout s’écoute, d’une traite, et lorsqu’on se plonge dans les paroles, on se dit qu’Adams a laissé parler ses tripes, qu’il a puisé son inspiration dans une (nouvelle?) déception amoureuse et règle ici quelques comptes (le morceau titre et Never gonna rain) avant de renouer avec l’espérance (You lift me up, I’ve been looking for you). Et aussi, il se souvient de qui il est, un musicien de rock qui a été, comme tant d’autres, privé des plaisirs de la route qu’il retrouve enfin, cette route où il est vraiment lui-même (On the road). Et il s’amuse avec « Dieu », redéfinissant la création. Non, non, Kick ass n’est pas une chanson de bigot mais bien la prise de conscience que ce soi-disant créateur a pris conscience que quelque chose manquait, que l’Homme s’était quelque part fourvoyé. Et ce n’est rien d’autres que cette musique rock qui te botte le cul. bref, Bryan Adams nous offre un album vrai, simple et qui ressemble à celui qu’il est aujourd’hui avec ses plaisirs et ses souffrances. Un beau retour qui, espérons le, nous permettra aussi de le retrouver sur scène. Ouais, j’aime bien Bryan Adams.

THUNDER: Dopamine

Angleterre, Hard rock (BMG, 2022)

Retrouver Thunder, c’est toujours un plaisir. Presque la garantie de se délecter de ce hard rock classieux, simple, chaleureux et dansant que les Anglais savent si bien proposer. De nouveau, les voici de retour avec Dopamine, non pas un album mais un double, s’il vous plait! Depuis leur retour en 2015, jamais les gars de Thunder n’on proposé un album plus faible que sont précédent. Ce cinquième album studio en 7 ans prouve que Thunder a encore des choses à dire, de l’envie et de l’inspiration.  Quand bien même le style de Thunder est immédiatement reconnaissable, le groupe démontre titre après titre savoir encore se renouveler. Bluesy et rock, les mélodies de The western sky, alliant rudesse et douceur (cette frappe de Harry James), de One day we’ll be free again et ses choeurs à tomber, l’optimiste mid tempo Even if it takes a lifetime et son banjo, l’étonnant Black, les ballades Unraveling (cd1) et Just a grifter (CD2), le « réveil matin » dynamique The dead city qui évoque les origines du groupe… tous les éléments sont une nouvelle fois réunis pour ravir l’amateur de belles et efficaces mélodies. Et cela sur les deux CD, Dancing in the sunshine, simplement rock, Big pink supermoon bluesy à souhaits, Across the nation speedé et syncopé, le plus inquiétant et poppy I don’t beleive the world… On n’oublie pas, naturellement, la voix magique de Dany Bowles, ni le sens de la composition du guitariste Luke Morley qui signe ici une collection de 16 chansons qui font mouche. Thunder a même convié un certain nombre d’intervenants dont un certain « The professor » – Pat Mac Manus pour les plus jeunes, ancien Mama’s Boys – parmi d’autres. Avec Dopamine, Thunder continue sa reconquête de son public. C’est avec impatience que nous les attendrons, nombreux, devant la Mainstage 1 du Hellfest le jeudi 23 juin à 17h.

CHEAP TRICK: In another world

 USA, hard rock (BMG, 2021)

En ces temps bizarres, moroses, étonnants, l’arrivée de ce nouvel album de Cheap Trick, le très bien nommé In another world, fait un bien fou. On dit que ce n’est pas au vieux singes qu’on appren. à faire la grimace? Eh bien, ce n’est pas aux vieux rockers qu’on apprend à composer des chansons qui font systématiquement et immédiatement mouche. Cheap Trick nous propose une de ces oeuvres simplement rafraîchissantes qui ne peut laisser de marbre. En plusieurs décennies d’existences, la bande menée par Rick Nielsen et Robin Zander en a vu passer des groupes, des styles et des modes. Les influences sont nombreuses, allant des Beach boys avec le très festif The summer looks good on you aux Rolling Stones (Boys & girls & rock n roll) en passant par Kiss période Destroyer (Here’s looking at you) ou Alice Cooper (The party), toujours en apportant sa propre marque de fabrique: cette joie de vivre et de jouer, d’entraîner l’auditeur dans une ronde envoûtante. Imparable de bout en bout, on notera également cette originalité qu’est Another world, présentée en deux versions différentes: d’un côté ballade, de l’autre rock festif, chacun a le choix de sa version. Cheap Trick propose avec In another world un des meilleurs albums rock, tous genres confondus et en profite même pour annoncer un retour scénique en France après 40 ans d’absence. Avec un tel album, il est certain que ce sera l’événement à ne pas manquer! Ce sera à l’Alahambra de Paris le  9 février 2022

EGO KILL TALENT: The dance between extremes

Brésil, Hard rock (BMG, 2021)

Loin de réinventer un genre – du hard rock mélodique enjoué et entraînant – les Brésiliens de Ego Kill Talent proposent avec Dance between extremes un album rafraîchissant, carré et simplement réussi. Oui, on connait par cœur ces formules qui font mouche, ces riffs soutenu par des rythmiques dansantes et ce chant charmeur et accrocheur. On connait tellement bien qu’on pourrait vite se dire que cet album n’ira pas loin. Mais c’est sans compter sur la réelle efficacité de chacun de ces 12 titres qui explorent tour à tour le rock radio friendly sans être FM, le hard couillu et charmeur à la fois, la ballade incontournable. 12 morceaux qui font des clins d’oeil à l’auditeur qui se laisse prendre dans les filets. Et en redemande. L’album s’écoute d’une traite sans, temps mort, et chacun des morceaux proposés est un nouveau voyage. Après Sepultura et Angra, Ego Kill Talent est-il la relève du heavy rock brésilien? Ça y ressemble.

SERJ TANKIAN: Elasticity

USA, Rock Alternatif/Progressif (Alchemy/BMG, 2021)

Impossible d’évoquer Serj Tankian sans aborder le sujet System Of A Down? Tentons quand même… Après avoir quasiment enterré SOAD malgré une tentative de retour en live, le chanteur revient en solo avec Elasticity, un Ep de 5 titres qui n’auraient pas totalement dénotés sur un album de vous savez qui. D’ailleurs, ces morceaux, moins hard et plus rock, étaient à l’origine destinés à figurer sur un nouvel album de System. Le destin en a décidé autrement. Si le gaillard se fait plus rock, il reste bien allumé. Son chant navigue entre gravité et délire vocal et fait mouche à tout instant. Allant de rock symphonique en ballade, le chanteur laisse libre court à son imagination et sa folie qu’on aime tant. Certains pourront se plaindre qu’un Ep est trop court. Ils n’ont pas tort, loin de là. Mais ce n’est que le prélude à ce que Tankian nous promet pour 2021: deux albums, rien que ça! N’empêche que non, définitivement, il n’est pas possible de ne pas évoquer le chanteur sans mentionner son(ex) groupe…

SMITH/KOTZEN

Hard rock, Angleterre/USA (BMG, 2021)

Lorsque cette union sous le nom de Smith/Kotzen a été annoncée, ce fut une vraie surprise. Pensez donc, le guitariste d’Iron Maiden, Adrian Smith, qui va frayer avec l’Américain Richie Kotzen, connu pour ses participations avec Poison, The Winnery Dogs ou encore pour une prolifique discographie solo… Des styles à priori différents mais que les deux guitaristes chanteurs ont sagement contournés pour se concentrer sur d’autres aspects rock et hard rock. Les voix radicalement différentes se complètent, et le duo explore les sonorités très groovy, voire funky (Taking my chances, Some people), plus rock (Running) autant que des ballades bluesy (Scars) qui évoquent même la chaleur d’un Bonamassa. Au delà de la guitare et du chant, ils se partagent même la basse sur la moitié des morceaux, Kotzen se frayant un chemin vers la batterie, notamment sur Taking my chances et Glory road. A ce sujet, comment ne pas évoquer la frappe d’un certain Nicko Mc Brain (sur  le très enjoué et rythmé Solar fire)? La famille n’est jamais bien loin, au point que cet album a même été mixé par Kevin Shirley. Oui, vous savez, celui  a produit la plupart des albums de Maiden depuis le retour de Smith et Dickinson… Là encore, tous s’éloignent radicalement des repères que pourraient être le son de la vierge de fer pour proposer une identité sonore propre. Avec le passif de Shirley, qui a collaboré avec les plus grands et variés des groupes internationaux (The Black Crowes, Rush, Bonamassa, Beth Hart, Black Country Communion, Black Star Riders…), c’est heureux (d’ailleurs, c’est BMG et non Parlophone qui récupère le duo…). Au final, avec ses 9 titres, ce Smith/Kotzen est un plaisir qui mélange avec bonheur un panel d’influences musicales qui a bercé les deux musiciens. Un must de cette première moitié d’année.

THUNDER: All the right noises

Angleterre, Hard rock (BMG, 2021)

Les amoureux de hard rock classieux vont être servis. Les Anglais de Thunder, depuis leur retour de 2015 (Wonder days arrivait après un break de 8 longues années) sont d’une précision sans faille, proposant un nouvel effort tous les deux ans. Et dire que le groupe a, depuis quatre albums maintenant, suivi un parcours sans faute est un euphémisme. All the right noises s’ancre parfaitement dans la ligné de ses 3 prédécesseurs, qui, déjà, proposaient cetet touche si spéciale et reconnaissable. La voie de Danny Bowles semble ne pas faiblir malgré les années qui avancent, les guitares de Luke Morley et Ben Matthews sont complices comme jamais, la rythmique à la fois simple et plombée de l’impayable Harry James, victime involontaire de ses camarades de studio, et de Chris Child donnent cette structure autour solide et imparrable. Thunder, c’est simple, c’est du rock direct et sans fioriture, alternant entre titres directs et entraînants et ballades jamais gratuitement sirupeuse. Du nerf et du feeling, c’est ce qui fait la force de Thunder. Et puis on s’amuse avec ces paroles souvent à double sens comme ce « Shut up! I can’t hear another word another lie, Four years you been banging on and on » qui introduit l’album sur Last one out turns out the lights qu’on croirait volontiers être un message adressé à un certain Donald… Il y a aussi ces clins d’œil aux grands de ce monde, comme ce Going to sin city qui pourrait être signé AC/DC tant le riff et l’ambiance sont proches des premiers albums des Australiens. Le groupe sait aussi se faire taquin, comme sur You’re gonna be my girl. Une nouvelle fois, Thunder nous offre un album varié, aux chansons enjouées et toujours séduisantes. All the right noises tape dans le mille avec un rock classieux et sans autres prétention que celle de faire plaisir.

PUSCIFER: Existential reckoning

USA, Rock électro et expérimental (BMG, 2020)

Maynard James Keenan n’a de cesse de surprendre. Avec ce nouvel album de Puscifer, le gaillard nous fait entrer dans un univers improbable de sonorités d’un autre temps… Comment prendre cet album proche d’une cold wave des 80’s? Le duo vocal qu’il forme avec Carina Round tout au long des 12 titres de ce Existential reckoning est intriguant, les deux échangeant de telle sorte que l’auditeur est entraîné là où il ne s’attend pas. Les machines utilisées par Mat Mitchell jouent aussi un rôle important dans le résultat final – on dirait les premiers synthétiseurs grand public – quelque peu déstabilisant. L’ensemble est étrange, planant comme si le groupe se trouvait dans une autre dimension, une dimension bizarre, intrigante. Si certains peuvent crier au génie, je ne parviens pas à accrocher, tout simplement. MJK peut bien tout se permettre, et c’est bien son rôle, d’autant plus au travers de ses divers projets, il n’oblige personne à adhérer. Trop complexe pour moi, sans doute…