Interview PRAETOR

Interview PRAETOR. Entretien avec Alex (guitares, le 24 avril 2023)

Commençons avec une question originale et décalée, peut-être même la trouveras-tu impertinente : quelle est l’histoire de Praetor, qui vient de sortir son premier album ?

C’est tout simplement l’histoire de gens qui jouent ensemble dans d’autres groupes et qui ont envie de faire quelque chose ensemble et de jouer quelque chose qui leur plait, à savoir du thrash. Donc on s’est réuni et on a monté un groupe. C’est simple !

Le groupe est formé en 2019. Vous êtes 4, venant de Lost In Pain, Kryzees… (Il confirme). Tu disais à l’instant vous être réunis pour jouer de la musique qui vous plait, ça veut dire que ce que vous jouez avec les autres groupes ne vous plait pas ?

(Il rit) Non, absolument pas ! Hugo joue du thrash avec Lost in Pain, mais un thrash vraiment… « gentil », Kryzees c’est du heavy plutôt rock, Noémie c’est du… hard rock féminin… Et ce qu’on avait envie de faire, c’est du thrash violent. On voulait faire notre propre musique, simplement.

Vous vous connaissiez déjà avant ?

Oui, je joue dans différents tribute, Metallica, Megadeth, Sepultura, Pantera et chacun des autres joue dans l’un d’eux.

Donc vous vous connaissiez plutôt bien et ça semble assez naturel de monter un groupe avec des compos originales…

C’est exactement ça. Avec les 4 tribute, on est 10 musiciens, parfois ont partait en tournée ensemble. Et on s’est simplement retrouvé autour d’un groupe commun. Il y a eu des aléas, mais…

Le groupe ayant été formé en 2019, parmi les aléas, j’imagine que le Covid est passé par là…

Ah, carrément ! initialement, on devait donner notre premier concert je crois deux semaines après le confinement. On nous a coupé l’herbe sous le pied. Comme tout le monde, en fait.

Si tu devais décrire la musique de Praetor à quelqu’un qui ne vous connais pas, que lui dirais-tu ? Tu as beaucoup utilisé le mot thrash, mais est-ce tout ce qu’il y a ?

Oui, en partie… Dans le groupe, on a balayé entre guillemets toutes les autres influences. On entend régulièrement thrash death, crossover avec un chant plus punk… Nous on est, je crois, plus dans le thrash traditionnel : c’est très frontal, droit au but, les morceaux sont courts et, j’espère, efficaces.

Votre bio citre des influences assez classiques, comme Slayer, Metallica, Testament ou Anthrax. Lorsque j’écoute, j’y trouve aussi des choses plus rugueuses, comme Death Angel ou Nuclear Assault. Ils font partie de vos influences ?

Honnêtement, non. J’écoute Death Angel, Noémie aussi, mais ça ne fait pas partie de nos groupes phares. Tu n’es pas le premier à dire que ça ressemble aussi à Death Angel ou Nuclear Assault, donc c’est probable. Mais c’est plus un concours de circonstances mais ça ne fait pas partie de nos influences prédominantes. Ce qui nous fédère, qui nous a passionnés, c’est Metallica, Slayer, le thrash américain des années 80 à 90.

Revenons à votre album : il comporte 10 titres. Comment avez-vous procédé pour la composition ?

Il y a deux façons de faire : d’une part, Noémie qui vient avec des riffs, me les montre et on les travaille tous les deux en répèt, on en fait un morceau. Après, Hugo ramène son chant, deux trois bricoles et Seb pareil avec des ajouts à la basse. D’un autre côté, Hugo arrive avec des morceaux quasiment finis et là, on travaille beaucoup moins ensemble sur la compo. C’est sa composition et on vient simplement rajouter des détails par-dessus.

Vous êtes un groupe de thrash et le premier morceau de l’album s’appelle No return. Un lien avec le groupe français ?

(Il rit) Alors, ça n’a rien à voir, même si naturellement on les connait. Avec Noémie, on a une asso qui produit des concerts et on a déjà produit No Return, on se connait, mais, non, c’est simplement le premier morceau de l’album. C’est Hugo qui écrit les paroles et qui décide des titres. Je ne sais même pas s’il les connait, il n’est pas Français, il est Luxembourgeois.

Comme tu viens de le dire, c’est Hugo qui écrit les paroles, Hugo serait sans doute mieux placé pour me répondre : quels sont les thèmes abordés dans les textes ?

Globalement, on parle des maux de la société. Il y a une certaine esthétique, maintenant chacun pourra en tirer son interprétation, on n’est pas là pour donner des leçons non plus. Donc on parle des maux de la société, du monde moderne et de ses dérives. Le sujet est assez inépuisable (rires) !

Et y a-t-il des sujets que vous ne souhaitez pas aborder, qui n’ont pas leur place dans Praetor ?

On n’en a pas discuté… On est tous plus ou moins engagés, on a plein de valeurs en commun. On laisse Hugo totalement libre d’écrire ce qu’il souhaite et je ne vois pas pourquoi on se, on le briderait.

Si tu devais ne retenir qu’un titre de ce premier album pour inciter quelqu’un à se plonger dedans, un morceau qui soit vraiment représentatif de ce qu’est Praetor, lequel choisirais-tu ?

Je pense que ce serait Mass extinction. Parce que c’est un titre qui est très frontal, qui a un riff simple qui reste en tête, qui va vite. C’est très représentatif de ce qu’on fait, je pense.

Avec vos autres expériences, vous êtes habitués à la scène (il confirme). Y a-t-il des choses prévues en matière de concerts pour défendre cet album ?

On est fait pour la scène, c’est notre point fort. Là où on peut se distinguer, c’est justement la scène où on est super énergiques. Notre idée, c’est de faire un maximum de concerts. Je n’ai pas les dates en têtes, mais on a des dates au Portugal, en Hollande, Belgique, Allemagne, république tchèque, certainement en France aussi… On peut trouver les dates sur nos réseaux sociaux.

Si tu devais penser à une devise pour Praetor, ce serait quoi ?

(Il rit) la devise des Mousquetaires : « un pour tous, et tous pour un ! » On forme un groupe, on est potes, on s’entend bien, on s’aime, tout simplement. Au niveau position, il n’y a pas de qui fait quoi, tout ce qu’on peut toucher, c’est divisé par quatre. On est l’entité Praetor.

Tu parles des Mousquetaires… Vous êtes quatre, ils sont quatre, alors… Qui est qui ?

(Il se marre franchement) Alors, le gros, c’est Seb, ça doit être Portos… le blond, Aramis, ça doit être moi… D’Artagnan, c’est plutôt Noémie et Athos, le Portugais, c’est notre ami c’est Hugo !

PRAETOR

France/Luxembourg, Thrash (Meatal East, 2023)

Praetor déboule à 200 à l’heure avec un premier album de thrash ultra speedé et redoutablement efficace. Amateurs de finesse, passez votre chemin, même si cet album en est bourré. Le son clair, le chant puissant et éraillé, les guitares qui cisaillent, les doubles grosses caisses, tout est réuni pour que les crinières s’agitent et que se brisent les nuques. De No return à Distant road, Praetor ne laisse pas une seconde de répit. Ca tabasse dans tous les sens avec une violence contrôlée et salvatrice. Il y a tout au long de cette sublime carte de visite des références et influences incontournables puisées dans le metal old school et le thrash des grands jours. On pense aussi bien à Death Angel que Nuclear Assault, Sepultura, Machine Head ou encore, dans certaines structures à Slayer ou même Maiden. La précision et la vitesse d’exécution sont d’une imparable brutalité – ces guitares de Noémie Bourgois me rappellent la folie de Sibylle Colin Toquaine (Witches) en plus rapide encore. Le groupe aurait pu speeder pied au plancher et foncer droit devant écrasant tout sans pitié mais a l’intelligence de ralentir par instants apportant ainsi quelques moments de respiration bienvenue. Formé en 2019, le quatuor fait preuve avec ce premier album d’une maturité exemplaire. Il ne fait aucun doute que nous entendrons rapidement parler de Praetor à qui de grandes scènes sont promises. Pas étonnant, là où tant d’autres s’autoproduisent, que Metal East, label qui monte, se soit penché sur son cas. Impeccable!