UNSPKBLE: Reconstruction

France, Metal (Autoproduction, 2023)

Réunion improbable de musiciens d’horizons variés – ça va du punk au jazz – Unspkble débarque avec un premier album bourré d’énergie qui suit un Ep « carte de visite », Friction, paru en juin 2020 alors que le groupe n’avait que quelques mois d’existence. Reconstruction, titre qui naturellement fait penser à tout ce que la pandémie à pu détruire autour de nous en 2020/2021, c’est un premier album qui puise son inspiration dans la rage irrévérencieuse du punk tout en conservant un sens de la mélodie catchy propre au rock. 10 titres qui tabassent autant qu’ils fédèrent, tout ce qu’on attend d’un groupe de rock, justement; non? Struggle (catch the elite) est à ce titre un parfait exemple qui fait taper du pied et agiter la nuque. on n’attend maintenant que de voir ce que Unspkble donne sur scène pour y défendre et y faire vivre son album.

RASPY JUNKER: Bad queen

France, Heavy metal (M&O music, 2023)

Formé dans la première moitié des années 2010, Raspy Junker se fait rapidement remarquer en décrochant le prix du meilleur show Emergenza en 2013, en proposant un Ep, Board the junker, en 2015 lui-même suivi en 2017 de World of violence, son premier album. Le line up évolue jusqu’à l’arrivée de Nathalie, chanteuse à la voix puissante qui s’intègre parfaitement au heavy metal tendance thrash du combo. Débarrassons nous de son seul défaut, encore trop habituel chez nous: si elle semble maitriser la langue de Shakespeare, sa diction est telle que je ne comprend qu’à peine 10% des paroles de ce nouvel album, Bad Queen. C’est d’autant plus flagrant sur le morceau clame de l’album, We are rising. Mais le reste… Les guitares cisaillent et charcutent soutenues par une rythmique imparable, l’ensemble montant en puissance tout au long des 10 titres. Si le groupe est présenté comme influencé par Metallica, Alice In Chains et Halestorm, il faut aller chercher aussi du côté des autres géants du genre. Certes, le riff de poison, qui clôt ce disque, évoque directement celui de Holier than thou, mais Raspy Junker s’inspire également de Maiden, Priest ou encore Slayer tout en apportant sa touche personnel. Résultat, on tient un album plus que solide, véritable invitation à headbanger. C’est bigrement efficace et on n’attend que de voir ce que donne le groupe en live. Ca tombe bien, une release party est prévue le 21 septembre au Dr Feelgood. Vous savez ce qu’il vous reste à faire!

FUZZY GRASS: The revenge of the blue nut

France, Stoner (Kosmik artefactz, 2023)

Pas de doute, une nom de groupe qui évoque l’herbe, un titre d’album déjanté, une pochette digne de la SF des 70’s, on va avoir à faire à du rock psyché. Fuzzy Grass, c’est la réunion de 4 musiciens du Sud Ouest qui évoluent dans un univers rock psyché – ce qu’on nomme aujourd’hui stoner – et qui nous proposent aujourd’hui The revenge of the blue nut (La revanche de la noix bleue, ça mérite des explications!), second album après un première essai en 2018, 1971. Un album à fleur de blues qui évoque Led Zeppelin aussi bien que Coheed and Cambria ou encore Kyuss. Les morceaux transpirent l’improvisation contrôlée et partent dans des délires qui évoquent les grandes heures du rock enfumé. La voix chaleureuse de Laura Luiz (également à la guitare) n’est quelque peu gâchée que par la difficulté à comprendre ce qu’elle chante. Fuzzy Grass parvient néanmoins à entrainer l’auditeur dans un voyage sonore d’un autre temps. Un trip avec une noix bleue… ça ne s’invente pas et c’est prometteur !

IN YOUR FEST 3: le 27 avril 2024

Le 27 avril prochain, au centre culturel de Thorigny sur Marne, se tiendra la troisième édition du festival In Your Fest avec une affiche 100% française. Et ça va déménager sévère, jugez en plutôt:

DTE – Despite The End – Asylum Pyre, Dust In Mind seront suivi des fous furieux de Loco Muerte avant que Loudblast ne vienne fermer le ban.

Le festival In Your Fest grandit chaque année, et c’est tant mieux. Passé de 3 groupes en 2022 à 6 en 2023 ( les temps de jeu étant alors équitablement répartis pour les 4 premières formations), on peut cette année s’attendre à une tornade dans le centre culturel. Et tout ça pour combien? Seulement 15 euros! 15 euros pour un plateau de cette qualité, c’est cadeau, alors pourquoi se priver 1/ de faire la fête, 2/ de soutenir la scène française et 3/ soutenir les organisateurs de ce type de festival à taille vraiment humaine?

MATW: Through the looking glass

France, Metal (Ep Autoproduction, 2023)

MATW c’est l’acronyme de Me Against The World. C’est aussi le nom d’un quatuor fondé à Marseille qui, avec son « Ep » Through the looking glass, propose un metal hybride qui puise dans nombre de styles énervés, voire enragés. Les 8 titres de ce disques (d’où le fait que EP soit noté entre guillemets – avec des titres qui vont jusqu’à 6′ parfois, on est plus proche d’un album que d’un simple Ep) puisent autant dans le metalcore que dans le punk, le hardcore ou le neo metal et fait quelques incursions dans le metal dit plus « traditionnel ». MATW s’aventure sur divers terrains de jeu sans complexe et parvient à saisir l’auditeur à la gorge (Spoiled, Endless disease) autant qu’il sait se faire séducteur (l’outro romantique de Never look down II, les choeurs doublés du morceau titre) et propose avec un naturel remarquable une variété d’ambiances de laquelle chacun pourra trouver son son. Ce nouvel essai (après Find your way, Ep de 2013, et MATW, premier album en 2015), ce disque quelque peu voyeur (le titre signifie « à travers le miroir sans tain ») présente ce qu’il faut pour avancer d’un grand pas sur l’échiquier.

TEMPT FATE: Holy deformity

France, Death metal (Autoproduction, 2023)

Après un premier album, Human Trap, paru en 2018, les Toulousains de Tempt Fate reviennent avec Holy deformity. Dire que la rentrée sera calme serait jouer la politique de l’autruche. Car ce nouvel album n’est que brutalité. Composé de 8 titres aussi volontairement explosif que directement « dans ta face », Tempt Fate ne laisse aucune place à une quelconque possibilité de paix sonore ou de réconciliation de l’humain avec lui même. Du virulent titre d’ouverture, Deadlights, à l’explosive sortie de route Erlebnis, on a l’impression que le combo règle ses compte avec ses pairs (le morceau titre, Filth of life, purge), la religion (God ends here, Grind fate)… Mais Tempt Fate ne nous offre pas qu’un album brutal, il nous propose aussi un disque sombre et inquiétant. Pour public averti et/ou amateur de sensations fortes.

PAERISH/ You’re in both dreams (and you’re scared)

France, Rock (Side one dummy records, 2023)

Formé en 2015 à Paris, Paerish propose au travers de ses deux premiers albums – Semi finalistes en 2016 et Fixed it all en 2021 – un rock aussi aérien qu’énergique. Le groupe puise son inspirations aussi bien dans le grunge que le rock dit alternatif. Après un changement de line up en 2022 – Loïc Fouquet, batteur, rejoint le chanteur guitariste Mathias Court, le guitariste Frédéric Wah et le bassiste Martin Dupras – Paerish revient avec un troisième album, You’re in both dreams (and you’re scared). Démarrant sur une touche assez légère et aérienne (Sequoia dont le riff d’ouverture m’évoque un Antisocial remanié), Paerish monte les potards dès Daydreaming, féroce et rentre dedans. La situe est à l’avenant, le groupe exprimant ses angoisses avec une force toute à la fois tranquille et déterminée. Il y a de la dualité et des contradictions tout au long de ce disque, sombre et lumineux, entrainant et oppressant. La douceur du chant s’oppose à la rage des guitares, les mélodies qu’on se surprend à siffloter se frottent à une rythmique directe et parfois syncopée. Des contradictions qui collent parfaitement avec le titre de l’album – les amateurs de David Lynch auront d’ailleurs fait le lien avec son film Mulholand drive – et l’opposition/complicité naturelle entre le poisson clown et l’anémone de la pochette. Si aucun titre ne se détache comme un single potentiel, c’est parce que c’est un album complet et se surprises – le jazzy The luck you had et ses cuivres discrets – que Paerish nous invite à découvrir.

FOREST IN BLOOD: Abyss

Hardcore, France (Autoproduction, 2023)

Après une pause de 20 ans, Forest In Blood était revenu en 2018 avec Pirates. Depuis, le groupe semble décidé à ne pas voir son navire couler et propose aujourd’hui le troisième album depuis son retour (après Haut et court paru en 2020), Abyss. Démarrant avec le morceau titre, prologue marin sombre et inquiétant qui se termine sur des cornes de brumes – l’ensemble m’évoque le film d’épouvante Fog – Forest In Blood entre rapidement dans le vif du sujet avec le très brutal Children of the 666. La messe (noire) est dite ou on se met un double dose de ratafiat? FIB ne me jamais le pied sur le frein, la rage est omni présente, brutale, directe et éprouvante comme le supplice de la planche. Si le principal des titres est chanté en anglais, FIB propose cette fois non pas un mais deux morceaux en français (Crève et A la vie, à la mortTénèbres est un interlude instrumental) et pourrait bien gagner à explorer plus avant encore cette voie (pas d’eau – ok je sors) tout en maintenant son respect musical pour les grands du thrash et du hardcore. L’album se termine une nouvelle fois sur un titre fun et plus léger, In pirates we trust qui permet de souffler un peu en bout de course. Et là on a envie de hurler « pieds à terre, marins d’eau douce, vous avez bien mérité un peu de repos« . Ca déménage sec, et ça nettoie les esgourdes. A retrouver sur scène très vite!

OGIVES: La mémoire des orages

Belgique, Rock/prog (Autoproduction, 2023)

Projet aussi surprenant qu’intrigant, Ogives est une formation composée de 9 musiciens formés à l’école du classique et qui proposent, avec La mémoire des orages, une approche musicale surprenante. Si on est aujourd’hui habitués au mélange de metal et de musique classique, qu’elle soit opératique ou symphonique, Ogives évolue sur le terrain de la musique de chambre, douce, contemplative parfois, mélancolique aussi, et ajoute des touches électro et plus rock. L’esthétisme musical est de mise, le groupe cherchant à créer des ambiances variées dans des univers sonores aussi légers qu’attirants. Parfois cérémonieux – cette résonnance de cloches au démarrage de l’album invite à entrer dans un lieu saint – souvent poétique dans le texte et son expression, La mémoire des orages interpelle et ne laisse pas indifférent.

VAN DER VAL: Relentless

Originaire d’Angers, Van Der Val est un duo constitué de Tom Lecomte (chant et guitare) et Lucas Manchette (batterie) qui unissent leur talent et leur amour du rock vintage dans une musique à la fois brute et envoutante. Le résultat, c’est Relentless, un Ep de 6 titres chantés dans un anglais rugueux, étouffé et maitrisé. Van Der Val replonge l’auditeur au cœur du rock naissant des 60’s, ajoutant une touche de folie et de modernité qui évoque parfois Royal Blood, une de leurs influences commune. Cet Ep est une carte de visite convaincante qui donne envie d’en écouter plus – et de découvrir le duo sur scène.