Interview: SONIC SYNDICATE

Rencontre avec Nathan Biggs (chant) (SONIC SYNDICATE). Propos recueillis à Paris, le 27 septembre 2016

Quel changement chez Sonic Syndicate! Karin, la bassiste partie, le groupe se fait moins death et rugueux et plus catchy, poppy. Lien de cause à effet ou évolution naturelle, nouvelles aspirations? Nathan nous dit tout au sujet de ce nouvel album.

SONY DSC

 

Metal-Eyes : Comment vas-tu Nathan ?

Nathan : Assez bien, malgré une journée très chargée. Je me suis levé ce matin à 4 heures pour me rendre à l’aéroport et venir à Paris, depuis Stockholm, et je me rends demain à Londres pour vous parler de notre nouvel album !

Metal-Eyes : Nous allons en parler, mais revenons un peu en arrière : en 2014, Son ic Syndicate a publié un album éponyme, ce qui pouvait laisser croire à une sorte de renaissance du groupe. A quel point avez-vous changés pendant cette période. 

Nathan : Oui, 2014 est l’année de cet album qui porte le nom du groupe. C’était une sorte d’hommage à notre passé. Une célébration des racines du groupe, celles d’où nous venons, ce metal suédois… Ca incluait beaucoup de choses, Soilwork, In Flames, Dark Tranquillity… ce son de Göteborg, d’où nous venons. Nous savions que le groupe ne suivrait pas toujours cette voie, et nous avons voulu boucler la boucle dans ce genre musical. Simplement pour prouver que nous y sommes toujours liés, que nous faisons toujours partie de cette scène. C’était une manière d’honorer cette période, tandis que ce nouvel album regarde dans une autre direction, regarde l’avenir dans les yeux.

Metal-Eyes : Confessions est donc votre nouvel album, le 6ème depuis 2005. Le groupe a connu quelques changements, le plus récent étant le départ de Karine, votre bassiste, en 2015. Qu’est-ce qui, selon toi, pourrait aider Sonic Syndicate à stabiliser son line-up ?

Nathan : Ce nouvel album résume bien où en est le groupe aujourd’hui : un nouveau point de départ. Un nouveau label, un nouvel album. On est vraiment dans le présent. Karin était un membre très important du groupe, mais sur la dernière tournée, nous avons accueilli un nouveau frère d’armes, Michael, à la basse, et désormais, c’est nous trois, Robin, Michael et moi. Nous avons trouvé une nouvelle stabilité dans la mesure où nous sommes tous trois à 110% impliqués. Je n’ai jamais ressenti une telle cohésion, une telle éthique de travail au sein du groupe avant. Robin et moi avons été inséparables depuis que je suis arrivé dans le groupe en 2009. Nous avons cette relation particulière et, bien que nous ayons eu de grands moments de complicité avec les membres des line-ups précédents, Michael est sur la même longueur d’onde que nous, et ça, c’est génial.

Metal-Eyes : Cela signifie que, même s’il est le dernier membre du groupe originel, Robin n’a pas toute la charge de travail sur ses épaules, toute la responsabilité musicale, il s’agit vraiment d’un travail collectif à trois ?

Nathan : Oui. A vrai dire, depuis que je travaille avec Robin, nous avons toujours été comme une équipe. Pour tout ce que nous avons écrit. Ce nouvel album sonne vraiment comme une création de nous tous.

Metal-Eyes : J’ai pu écouter une partie de Confessions. Sonic Syndicate est généralement présenté comme un groupe de metalcore, or je n’ai rien écouté qui se rapproche du « core ».

Nathan : Non, tu sais nous avons toujours été assez autonomes malgré nos racines. Il y a toujours eu des éléments plus mainstream, catchy, d’autres plus foncièrement rock. L’album éponyme était plus un retour aux sources. Mais nous avons déjç fait cela, nous connaissons tous les aspects de ce genre musique, metalcore, comme les gens aiment appeler ça, ou death mélodique, d’où nous venons. Nous sommes vraiment fiers de ce que nous avons fait, mais pour rester créatifs et toujours être… amoureux de la musique, nous avons voulu,Robin et moi, ainsi que Michael aujourd’hui, trouver de nouveaux défis en tant que musiciens, et rester vrais envers nous-mêmes. Nous écoutons toujours plein de styles différents, du metal, de la house, du hip-hop, du rap, du rock… Notre palette musicale est si variée. Je pense que si nous restions sur ce chemin « metalcore » nous n’apporterions rien de neuf. Il y a plein de groupes dans ce domaine, et je pense que c’est un genre qui commence à se répéter. Il n’y a rien de vraiment neuf dans le style, il commence à se répéter. Or, pour pouvoir avancer en musique, si tu veux en faire ta carrière, tu dois aimer la musique et trouver de nouveaux défis, les relever. Autrement, tu te retrouves avec un certain confort, à avancer sur le même chemin et tu commences à te répéter. En cela, je pense que, si tu es dans cet esprit-là, jamais tu ne pourras ressortir ton meilleur album, tu rendras simplement hommage à ce que tu as déjà fait. Sans doute auras-tu quelques hits en chemin, ou ton son deviendra simplement plus actuel, mais on a déjà fait ça. Aujourd’hui, nous voulons simplement repousser nos limites en tant que groupe, voir jusqu’où nous pouvons aller tout en restant honnêtes vis-à-vis de nous-mêmes.

Metal-Eyes : Il ne s’agit donc pas d’enterrer votre passé – comme tu l’as dit, Sonic Syndicate est un hommage à votre histoire – simplement vous explorer en restant intègres. Et votre public, comment va-t-il réagir face à ce changement radical d’après toi ?

Nathan : Nous savons qu’il va y avoir des divisions… Tu sais, la communauté metal peut être très dure… Les fans ultimes… Si tu es fan de death, ce sera à vie… Certaines personnes sont dans cet esprit  et mon message à leur encontre est « profitez des anciens albums de Sonic Syndicate et si vous pouvez trouver dans ce nouvel album quelque chose que vous appréciez, tant mieux, on cherche simplement à écrire de bonnes chansons. » Mais, nous, nous grandissons. Nous avons commencé avec in Flammes, Pantera, Slayer, comme n’importe quel autre metalhead. La musique évolue, aujourd’hui. Les gens écoutent tant de choses différentes et sont influencés par un tel nombre de groupes… Je pense qu’il s’agit avant tout de comprendre notre manière d’écouter et de consommer la musique. Nous ne sommes que des fans de musique qui faisons de la musique. Nous ne sommes pas différent de n’importe quel auditeur de musique, nous créons simplement notre truc en utilisant ce qui nous influence. Et faisons ce que nous aimons. Dans les faits, j’ai parlé à des fans de Sonic Syndicate, ils évoluent aussi. Avant, tu économisais et tu te rendais chez ton disquaire pour acheter un album que tu passais en boucle, avec tes potes. Aujourd’hui, tu es chez toi, on t’envoie un lien, tu écoutes, puis tu t’interresse aux artistes similaires proposés par la plate-forme… Et au final, tu t’écartes de plus en plus de ce que fait le groupe originel. Le neuvième morceau que tu vas écouter ne seras pas ton préféré, mais sans doute vas-tu te dire « j’aime vraiment cette chanson ». Et avant même de t’en rendre compte, tu te retrouves avec un playlist de genres complètement diversifié. C’est ce que nous faisons : être un groupe moderne qui diversifie ses horizons. Il y a de la place pour ça dans l’industrie musicale aujourd’hui.

Metal-Eyes : C’est ce qu’on appelle être ouvert d’esprit, je pense. Comment décrirais-tu ce nouvel album à ceux qui découvrent Sonic Syndicate avec Confessions ?

Nathan : C’est un album très mélodique. Nous avons cherché à écrire de bonnes chansons de rock. Au départ, nous sommes un groupe de metal et il y aura toujours de traces de cela, dans nos chansons ou dans nos performances scéniques. En gros c’est de la musique moderne pour les amateurs de musique moderne qui aime le rock et le metal.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retrenir qu’un seul morceau de Confessions pour illustrer ce qu’est Sonic Syndicate aujourd’hui, ce serait lequel ?

Nathan : Je dirais That’s why we really start a war, le premier single qui donne le ton de l’album mais aussi qui a un sens plus profond que le reste de l’album. L’album traite d’honnêteté vis-à-vis de soi, de nos carrières, de faire ce qui te plait. Mais, nous avons découvert que la vie est courte et qu’il est primordial de faire ce que tu aimes. Comme je l’ai dit plus tôt, nous trouvons tous un certain confort à marcher le long du même chemin. Cela peut être moi, dans la musique, ou toi, dans ton travail quotidien, tu ne vis pas ta vie à fond, tu n’es qu’un passager de cette vie. Parfois, tu peux te rendre compte que tu ne fais pas exactement ce que tu veux faire. Il faut avoir une sorte de révélation pour pouvoir  sortir du moule , être heureux et prendre les rennes pour aller où tu veux te rendre. Autrement, ce sont les autres qui prennent le volant pour toi. That’s why we really start a war, c’est nous, dans nos guerres interieure et exterieure, simplement en tenatnt de faire ce que nous rend heureux. Ce message s’adresse à n’importe qui, pas satisfait : la vie ne fait que passer devant nous, si vous voulez  changer, la seule personne qui le puisse est vous-mêems, à la condition de commencer cette guerre.

Metal-Eyes : Vous allez tourner avec Amaranthe en France. Comment avez-vous monté cette affiche commune ?

Nathan : Nous les avons simplement contactés… Nous sommes amis, à Helsinki nous trainions ensemble backstage, nous avons joué sur quelque festivals ensemble en Suède, et nous nous sommes découverts des points communs: notre cursus “metal”, par exemple, et chacun ose faire son propre truc. Eux écrivent des chansons très catchy, dansantes, appelles ça comme tu veux… Je ne pense pas que les étiquettes aident l’auditeur… Et nous faisons pareil, ce que nous voulons, et nous savons que nos fan-bases aiment explorer différents types de musique. Les fans d’Amaranthe ne vont pas écouter seulement du Slayer, ils s’intéressent aussi à Katy Perry, Brintney Spears, mais aussi Soilwork, Mnemic… C’est pareil pour les notres, et je pense que ça va être un super package pour les spectateurs.

Metal-Eyes : Quels sont vos projets à l’issue de cette tournée ?

Nathan : La tournée va durer jusqu’à Noël, nous prendrons un break, et j’espère pouvoir passer du temps en famille en Angleterre, et ensuite, on a déjà des dates prévues pour 2017 : une petite tournée en Finlande, les festivals d’été commencent à arriver aussi… Notre label a un bon réseau de distribution – Sony gain – et ils nous poussent vraiment à nous investir aux USA. J’étais à Los Angeles il y a quelques semaines, et nous voulons vraiment tenter d’y percer. C’est un de nos gros objectifs.

Metal-Eyes : Une dernière chose, puisque nous parlons de lieux que vous souhaitez connaitre : y a-t-il des endroits où tu voudrais vraiment pouvoir te produire, ou simplement visiter ?

Nathan : Tu peux facilement voir où les gens écoutent notre musique, via Facebook, par exemple. On a des contact au Mexique, en Amérique du Sud, et tout le monde dans le groupe voudrait vraiment aller en Amérique du Sud et voir comment ça se passe là-bas. J’adore aller dans des endroits différents, les fans sont différents partout, en France, en Allemagne… Nous n’étions jamais allés en Chine, et nous y étions le mois dernier. Une belel expérience. La première fois que nous sommes allés en Russie, ça a été une vraie claque. Oui, l’Amérique du Sud serait vraiment bien !