OVERDRIVERS: Rockin’ hell

Hard rock, France (Autoproduction, 2016)

Overdrivers, c’est qui? Formé en 2011 dans la Région des Hauts de France par Adrien Desquirez (chant et guitare) et Anthony Clay (guitare), Overdrivers ne se stabilise qu’en 2015 avec l’intégration du bassiste Sébastien Lorquet et du batteur Florian Morgano. Le quatuor, amoureux du gros rock australien, donne plusieurs concerts dans sa région et en Belgique avant d’entrer en studio pour autoproduire Rockin’ hell qui parait en 2016.

Rockin’hell, ça donne quoi? Avec Overdrivers, c’est simple, on peut le clamer haut et fort: la France tient là son Airbourne! Et comme beaucoup considèrent qu’Airbourne est le digne successeur d’AC/DC, osons le dire sans détour (comment ça, cette chronique commence par un joli détour???): la France tient son AC/DC! Simplement. Je vous vois venir avec vos sarcasmes, vous moquant déjà sous prétexte qu’AC/DC a des milliers de clones. Oui, c’est vrai. Mais tout comme un… Airbourne, justement, Overdrivers ne se contente pas d’être une pâle copie imitant ses mentors. Les guitares, les riffs, la gouaille du chanteur, avec ce premier album Rockin’ hell, tout ressemble au prestigieux groupe vénéré par des millions de fans. Mais Overdrivers va plus loin que d’autres: le chant, mélange de Bon Scott et d’Udo Dirkschneider, est mis en valeur par des guitares aussi déterminées qu’acérées. Les quatre vont droit au but, sans fioritures, et sans avoir d’autre prétention que de se faire plaisir avec les fameux trois accords. La simplicité mise au service de l’efficacité, c’est ce que l’on retrouve tout au long de ces 10 chansons qui parlent de filles, rock, bagnoles et autres gros engins (en tout genre, je vous laisse imaginer!) Overdrivers est assurément un groupe à soutenir!

Note: 8/10

Site web: www.overdirvers.com

Facebook: www.facebook.com/overdriversrocknroll/

WORSELDER: Paradigms lost

Heavy metal, France (Autoproduction, 2017)

La grosse difficulté que nous, chroniqueurs de tous horizons, rencontrons souvent, c’est la profusion. De groupes « uniques », de CD « novateurs », « exceptionnels » ou doté de tout autre superlatifs hâtifs. Alors, quand on écoute un CD et que celui-ci fait vibrer certaines cordes, là, on se dit qu’on tient quelque chose. C’est le cas de ce Paradigms lost, nouvel album des Français de Worselder. Et ce qui me fascine, c’est que le groupe utilise un nombre conséquent de ficelles connues de tous sans que cela ne soit un instant gênant. Rien que le long Infighting qui ouvre ce disque est explicite: Worselder puise son inspiration au sein des 80’s (les lignes vocales, la guitare shreedée, les rythmes qui vont du metal à la Dio au thrash des premiers jours…) et des 90’s ou dela décennie contemporaine. N’hésitant jamais à casser le rythme ou à changer de thème, Worselder maintient l’auditeur en éveil, curieux . Le chant est puissant, rauque, parfois un peu hurlé. Alternant au sein d’un même titre différents styles, il est légitime de se demander combien de temps l’auditeur peut tenir. 54′, sans soucis, c’est la durée de ce disque qui regorge de surprises. Paradigms lost mélange avec bonheur heavy, power, speed ou thrash, glam, death… Bref, le groupe réussit aujourd’hui à créer un son non pas unique mais vraiment original qui donne envie de plonger en son sein. C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs plats, dit-on? Worselder se pose en véritable challenger du renouveau du metal hexagonal.

Note: 8/10

DAYSHELL: Nexus

Metal, USA (Spinefarm records, 2016)

Paru à la fin de l’année dernière, je redécouvre Nexus, le second album des Américains de Dayshell aujourd’hui. Et ce qui me semblait peu attirant se révèle au final assez efficace. Pour les plus jeunes en tout cas. Car Dayshell est parfaitement actuel, contemporain et moderne. En mélangeant des sonorités électro à des guitares aussi furieuses que parfois calmes, un chant doux à des hurlements hystériques, travail impressionnant de Shayley Bourget, et une batterie toujours énervée, Dayshell s’inscrit dans cette catégorie furieuse des formations metal actuelles qui réinventent le genre en incluant à la fureur ambiante des sonorités pop, RnB… Nexus propose un mix de metal rugueux et syncopé et de mélodies pop et chantantes sur fond de batterie syncopée et de guitares rageuses. Dayshell, t’es pas mon genre, mais t’es bien fichue !

Note: 7,5/10

BLUES PILLS: Lady in gold

blues pills 2016Suède, Hard rock (Nuclear Blast, 2016)

On en parle depuis quelque temps de ce Blues Pills, formation suédoise de hard rock un peu psyché et totalement inspirée par le rock des 70’s. Je ne découvre qu’aujourd’hui ce Lady in gold, le dernier album du groupe, paru à la fin de l’été 2016. Dès le départ, le charme de la voix grave de Elin Larsson fait son effet. Profonde, envoûtante, elle attire et séduit dès le morceau éponyme. Et dès ce premier titre un premier constat – pourquoi ne suis-je pas surpris? Origines, quand tu nous tiens – sur les influences. Oui, les années 70 sont omniprésentes sans qu’une once de nostalgie n’affecte l’ensemble. Blues Pills est parvenu à moderniser son son tout en conservant cet esprit un peu déjanté et défoncé – ce qui explique peut être une des seules faiblesses de ce disque, un anglais difficilement compréhensible. Mais surtout, les lignes de chant et les chœurs, sur les deux ou trois premiers morceaux, évoquent les compatriotes roi du disco, l’incontournable et inoubliable Abba, tout autant qu’elles s’inspirent sur l’ensemble de ce CD de la puissance soul d’une Aretha Franklin. La ballade I felt a chance, tout en sensiblité avec une simple voix et des claviers flirte avec la puissance d’un Rejection et ses « I’m running » haletants. Et l’on s’émerveille à l’écoute du solo sur Elements and things… C’est sans doute ce qui fait une des forces de Blues Pills, ne pas se contenter du rock mais aller puiser ailleurs et allier le tout dans un ensemble aussi hypnotique qu’entraînant. Un joli mélange qui émaille l’ensemble des 10 chansons de ce disque. Un joli moment de plaisir à partager.

Note: 8/10

 

WHISKEY MYERS: Mud

whiskey myers 2017Hard Rock, USA (Spinefarm, 2016)

Cet album est une petite merveille. Pardon: je trouve que cet album est une petite merveille. Une perle de hard rock sudiste qui sent le bayou. Mud, le nouvel album de Whiskey Myers, est bourré de ces moments qui attirent et éveillent. Dès le premier titre, On the river, le groupe me saisit par l’utilisation d’un violon qu’accompagne une guitare claire. Puis Cody Cannon pose sa voix. Étouffée, rauque et embuée… L’ensemble respire la joie de vivre, une joie qui monte en puissance malgré la tristesse que peut apporter le violon. Puis, au fil des chanson, d’autres éléments apparaissent au fil des Mud, Lightning bugs and rain, Deep down in the south: les chœurs très soul et gospel, splendides et superbement utilisés, l’orgue et les cuivres s’imbriquent tous à merveille dans cet ensemble qu’on imagine volontiers dans un bouge crasseux du fin fond du Sud profond des USA. Whiskey Myers joue de ce rock sudiste qui sent la crasse, les effluves d’alcools et de cendres froides qui se joue dans un club au fond des bayous (pour un groupe texan…) Album dense, Mud ne perd jamais l’auditeur J’écoute cet album de bout en bout, un sourire aux lèvres et me dandine à chaque instant. Mud renferme tous ce qui fait un grand album et Whiskey Myers évolue en totale liberté, sans jamais se répéter. L’osmose entre les 7 (oui, sept! A la Lynyrd Skynyrd, un vrai gang!) musiciens est palpable, transformant cet album en une oeuvre sincère, organique, riche en couleurs musicales qui donne envie de se plonger dans le reste de l’oeuvre de ce groupe que l’on découvre seulement aujourd’hui, en France…. A écouter sans modération.

Note: 9,5/10

Site web : www.whiskeymyers.com 

ALEX CORDO: Origami

AlexCordo-2017Instrumental, France (M&O music, 2016)

Vous connaissez les origamis, cet art, ce jeu, ce passe temps qui consiste à créer des personnages, animaux ou autres objets à base de savants pliages d’une feuille de papier? Pas facile, ça demande de la patience et de l’attention. Pas facile non plus, aujourd’hui, de se lancer dans le rock instrumental pur sans qu’automatiquement Joe Satriani, Steve Vai, Patrick Rondat et consorts ne soient évoqués. C’est pourtant le parti pris et le pari pris par Alex Cordo avec son album Origami. 9 morceaux aériens, légers ou rapides, d’une durée parfaitement raisonnable pour éviter de tomber dans la démonstration inutile (le plus long, Himalaya, dure un peu plus de 6′). Bien sûr, Straight, Above the clouds ou Prism évoquent les maîtres mentionnés plus haut. Seulement, Alex Cordo pose sa patte, son toucher et sa personnalité. Chaque titre se distingue du précédent, évitant sagement la lassitude de l’auditeur. C’est toute la générosité musicale du guitariste qui est ici exploitée pour un rendu simplement convainquant car le musicien évite de ne s’adresser qu’à ses pairs. Au contraire, c’est à un public bien plus vaste qu’il offre ces mélodies, et ça, ça fait du bien.

Note: 8/10

SPIRIT: Ni dieux ni maîtres

SPIRIT 2017Heavy Metal, France (Emanes metal, 2016)

Spirit nous revient avec un troisième album, son second avec le chanteur Arnaud Ducrocq, qui permet à Thierry Tripenne de se concentrer sur la guitare. Il est cette fois accompagné d’un nouveau guitariste, Aurélien Pauchet, qui vient se joindre à Christophe Tripenne (basse) et Jean-François Chapelet (batteur). Ce Ni dieux ni maitres se veut engagé, direct et puissant. Aux frontières du thrash, le morceau éponyme qui ouvre ce disque (après l’introduction de chœurs d’église) nous met dans le bain. La voix est puissante, grave, les guitares rugueuses taillent dans le vif. Triades, qui suit, est forgé dans le metal des années 80, au son modernisé, inspiré par des échanges maidenesques ou priestiens. Lourd et efficace, on veut en savoir plus. Si les Prophètes, Nuova malizia (Metallica n’est pas très loin!) entraînent l’auditeur dans leur sillage, si Spirit connait son affaire, si les chansons alternent entre titres speedés et thrashisant et chansons plus lourdes et lentes, la voix fini par me lasser: elle est profonde, puissante , certes mais, à mon goût, pas assez variée, et ne parvient pas à me maintenir en éveil tout au long de l’album. Attention, elle colle parfaitement à l’esprit musical, mais là où les rythmes changent, étonnent, attirent, le chant peut, malgré quelques instants de rage, passer pour quelque peu linéaire. Ça fonce, ça cogne, c’est entraînant, l’ensemble de ce Ni dieux ni maîtres est, une nouvelle fois engagé. Le disque aborde des thèmes de société et d’actualité, qu’elle soit politique ou religieuse. Un retour qu’on espère gagnant. Reste à nous proposer des concerts partout et enfoncer le clou avant que 4 nouvelles années – une éternité dans l’univers musical – ne s’écoulent.

Note: 7,5/10

JEFF ANGELL’S STATICLAND

STATICLAND_UDR_DIGIPAK_Cover_600pxHard blues, USA (UDR, 2016)

Voici une découverte tardive, et il n’est jamais trop tard pour se rattraper. Jeff Angell est un guitariste de blues rock qui a fait ses armes au sein de The Missionary Position ou Walking Papers. Pas de gigantesque gloire, mais d’incontestables références en blues rock et progressif. En décidant de faire précéder le nom du groupe, Staticland, par son nom, le message est clair: c’est sa formation et il la dirige. Le guitariste chanteur s’est ici entouré de Benjamin Anderson (instrument à touches: piano, orgue, synthé…) et Joshua Fant à la batterie (sauf sur quelques titres). Ensemble le trio nous invite à replonger dans le blues des années 60, celui teinté de rock des 70’s. L’esprit de Woodstock n’est jamais loin et l’orgue évoque – invoque – l’esprit de Jon Lord. La voix suave d’Angell est d’une infinie douceur, pleine de bonté et de tendresse. Si l’on excepte quelques longueurs (l’album est selon moi difficile à écouter d’une traite) on s’amuse cependant à suivre quelques pistes et influences. Ainsi, ça et là se trouve des airs de Bruce Springsteen, Sting ou The Police, un peu de Pink Floyd, aussi. Des instants légers et aériens qui côtoient d’autres plus foncièrement blues ou simplement rock. Un plaisir à partager en somme.

A noter: le groupe est actuellement en tournée européenne et passera à Paris le 31 janvier (Les étoiles)

Site: http://www.staticland.com/en/

Note: 8/10

Interview: BLACK STAR RIDERS

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Entretien avec Damon Johnson (guitare). Propos recueillis à Paris le 30 novembre 2016

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C’est dans le cadre luxueux cadre d’un grand hôtel Parisien que Damon Johnson et Scott Gorham, les deux guitaristes de Black Star Riders, reçoivent la presse pour parler de Heavy Fire, nouvel album à paraître début 2017. Fraîchement arrivé le matin de Nashville et à quelques heures de prendre un avion pour l’Allemagne, c’est un Damon Johnson serin et posé qui accueille Metal Eyes.

 

Metal-Eyes : Damon, revenons rapidement en arrière, si tu le permets : à la fin de 2012, les membres de la nouvelle incarnation de Thin Lizzy décident d’enregistrer quelques chansons ensemble mais pas sous ce nom, est-ce exact ?

Damon Johnson : En réalité, au départ, nous voulions enregistrer cet album sous le nom de Thin Lizzy. On en a parlé. De nombreuses chansons avaient cette tonalité Thin Lizzy, quoi que puisse être ce son. Nous avons ensuite décidé qu’il serait certainement bien plus respectueux, au regard de  l’héritage musical de Phil Lynott, qui n’était pas qu’un grand front man mais surtout un grand compositeur, il a écrit toutes ces chansons… Ca a été vraiment une sage décision qui a oté beaucoup de pression de nos épaules, principalement Ricky, qui est lui-même un superbe compositeur, il était plus censé d’appeler cet album Black Star Riders tout en conservant cet esprit.

Metal-Eyes : En mai 2013, vous publiez votre premier album, All hell breaks loose, deux ans plus tard, parait The killer instinct et début 2017 arrive Heavy fire. Comment décrirais-tu l’évolution du groupe entre ces trois albums ?

Damon Johnson : Comme je l’ai dit un peu plus tôt, nous voulions nous concentrer sur le premier album que l’on voulait très « thin Lyzziesque » si je peux m’exprimer ainsi. Il y avait beaucoup de riffs de guitares, dans les tempos, même dans le chant, les harmonies vocales. La plus grande différence entre les deux premiers albums est que nous n’étions plus sous cette étiquette « Thin Lizzy ». Nous avons eu du succès avec All hell breaks loose, ce qui nous a grandement soulagés. On était comme… « woaw, les gens apprécient vraiment » alors continuons sous ce nom et voyons ce que ça donne. Travailler avec Nick Raskulinecz, notre producteur est superbe. Il est très spécial, extraordinaire, il connait nos forces, nos faiblesses, et sait exactement comment obtenir le meilleur de nous. Après avoir fait ce second disque avec Nick, nous savions ce qui nous attendait pour Heavy fire. L’objectif était d’écrire 20 chansons, retourner voir Nick, avec lui, décider des 10 meilleures et en faire un album. Nous étions très impliqués dans le process et, en même temps, très surpris par le résultat. On a laissé Nick avoir le dernier mot sur ce qu’il pensait être les chansons qui finiraient sur l’album.

Metal-Eyes : Il est le producteur, mais sur les deux premiers albums, tu étais le compositeur principal. C’est encore le cas pour Heavy fire ?

Damon Johnson : Oui. Ricky et moi écrivons la base des chansons. Il y a une grande alchimie entre nous, beaucoup de respect mutuel. Il est un frère pour moi.

Metal-Eyes : Aux cheveux roux…

Damon Johnson : (rires) Oui, mon frère roux d’Irlande du Nord (rires) ! Tu sais, nous avons une éthique de travail identique : se lever tôt, faire de l’exercice, prendre soin de nous, et faire ce qui doit être fait. Donc, oui, nous nous occupons de la base, Scott a toujours quelques superbes riffs à proposer, et ça a été la même chose sur cet album. Je suis vraiment content que Robbie, notre bassiste, ait proposé quelques idées, aussi.

Metal-Eyes : Le process d’écriture devient un peu plus un travail collectif que simplement le fruit du travail de deux personnes, donc ?

Damon Johnson : Oui, c’est vrai que la structure des trois albums c’est Ricky et moi. Et ce sera sans doute pareil à l’avenir. Mais on aime quand les autres apportent leurs idées. Tu dois te souvenir que Ricky et moi composons depuis longtemps, au sein de nos groupes précédents. C’est une situation unique que de trouver un guitariste légendaire et deux gars tous dans le même groupe avec toute cette expérience de composition. Tu ajoutes Jimmy (de Grasso) et Robbie, qui ont enregistré des dizaines de supers albums de rock… C’est une excellente équipe !

Metal-Eyes : Peut-on considérer qu’aujourd’hui, pour chacun d’entre vous, Black Star Riders est votre priorité ?

Damon Johnson : Sans aucun doute.

Metal-Eyes : Vous parvenez donc à répéter ensemble et vous retrouver ? Vous enregistrez ensemble ou vous utilisez la technologie moderne pour envoyer des dossiers ?

Damon Johnson : Quand on écrit,  on utilise la technologie pour nous envoyer des idées. Pour chacun des albums, Ricky et moi tentons de nous retrouver pendant 4 ou 5 jours et construire les débuts des nouvelles idées. On s’est retrouvés en janvier de cette année, puis avons passé le reste du printemps et de l’été à travailler. Dès que nous sommes ensemble, nous travaillons sur diverses choses. On a passé une semaine chez Scott, par exemple. Mais pour la réalisation de l’album à proprement parler, nous voulons nous retrouver tous les 5 dans la même pièce, on branche les amplis et on transforme tout ça en chansons de Black Star Riders. On doit être tous les 5 pour pouvoir le faire.

Metal-Eyes : Je n’ai pas vraiment pu écouter totalement Heavy fire, cependant ce que j’en ai entendu laisse entrevoir des touches, naturellement, très Thin Lizzy, et ce qui m’a vraiment marqué c’est la voix de Ricky qui ressemble de plus en plus à celel de Phil Lynott. Est-ce volontaire ou une évolution naturelle de sa tessiture depuis The Almighty ?

Damon Johnson : C’est une évolution totalement naturelle. Tu dois garder en mémoire qu’une des raisons qui ont fait que Ricky était aussi parfait pour que Scott l’intègre comme chanteur de Thin Lizzy est qu’il a grandi en étudiant Phil. Pas seulement sa musique, tout…

Metal-Eyes : Et ils viennt du même pays, ont la même culture.

Damon Johnson : Oui, ils ont cette culture en commun, et ils ont également ces mêmes capacités vocales. Phil avait ce tte voix exceptionnelle de baryton, de même que Ricky. Il a un réel sens de la mélodie vocale, comme Phil. Tu ajoutes les influences de Ricky que sont Joe Strummer, Bruce Springsteen, van Morisson… Il est le chanteur parfait pour Thin Lizzy et pour Black Star Rider.

Metal-Eyes : Chaque titre d’album évoque le western d’où le groupe tire son nom; C’est volontaire, j’imagine?

Damon Johnson : (il rit) Je ne sais pas, en fait. Ce que je sais, en revanche, c’est que cela lie notre groupe ; nous regardons beaucoup de westerns ensemble, sur la route, des films de guerres aussi. On discute beaucoup à table, dans les loges, dans le bus… Je sais que Ricky, enfant des années 70 ayant grandi en Irlande, a vécu des moments terribles à Belfast… Il n’est pas étonnant que cela influe sur sa manière d’écrire. Il va simplement au-delà de la lutte, il se met dans la peau, dans l’esprit des personnages, pas qui ils sont, mais aussi d’où ils viennent, comment ce qu’ils font peut affecter leur vie dans 20 ans… Ricky est vraiment un suer conteur, et, encore une fois, c’est une vraie joie pour moi de travailler avec lui. Il est aussi bon guitariste, et il apporte ses idées, gratte quelque chose et me demande mon avis. À partir de là, on délire et on envoie des idées comme ça. Nous avons vraiment beaucoup de chance d’avoir au sein du groupe un écrivain de son calibre. Il est très spécial.

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu Black Star Riders et Heavy fire à quelqu’un qui ne vous connais pas?

Damon Johnson : C’est très simple: Black Star Riders vient d’un environnement classique mais avec un son modern. Nous prenons vraiment comme un compliment – pas que des fans, d’autres groupes, aussi – leurs commentaires sur ce que nous avons réussi à accomplir. Il ne fait aucun doute que nous avons tous étudié le classic rock, mais le produit final, avec la collaboration de Nick Raskulinezc et de Jay Rustin, qui mixe nos albums, le produit final a un son intemporel. Je pense que chaque auditeur le ressent, quel que soit son âge. Nous avons tous des enfants, d’âges différents, qui aiment ce genre de musique, et leurs amis apprécient aussi le classic rock, et Black Star Riders. De vraies chansons, classiques avec un son moderne.

Metal-Eyes : je sais qu’un album est une unité, cependant, si tu devais ne retenir qu’un seul titre pour que je comprenne ce qu’est Black Star Riders aujourd’hui, lequel choisirais-tu?

Damon Johnson : C’est vraiment difficile… Si je ne devais retenir qu’une chanson… Tu sais, ça devrait sans doute être notre premier single, When the night comes in. Parce qu’elle est énergique, il y a un refrain ultra efficace, de superbes paroles, un phrasé vocal très intéressant et une unité joyeuse… J’espère que cela se retrouve ailleurs, pas seulement sur Heavy fire mais aussi sur les deux premiers albums. Nous voulons faire de la musique populaire, pas des chansons folks. Notre musique a vocation à être jouée sur de grandes scènes, avec un public qui chante. Nous pensons être sur cette voie et j’espère que Heavy fire nous en rapproche encore, qu’il soit le prochain chapitre.

Metal-Eyes : Il y a donc un nouvel album qui arrive, j’imagine qu’une tournée est en prévision. Quels sont vos plans pour 2017 ?

Damon Johnson : Tout d’abord, il y a une tournée anglaise en mars. Le Royaume-Uni est là où tout a commencé, là où se trouve notre premier fan base. Nous allons donc démarrer notre tournée là-bas, avoir une belle affiche avec d’autres super groupes, et j’espère que nous ajouterons rapidement d’autres dates en Europe. Nous voulons vraiment revenir en France, nous y avons tant de fans qui nous ont exprimé leur amour et leur soutien et qui connaissent, comprennent l’histoire de ce groupe. J’espère avoir une meilleure visibilité des dates vers le 1er février. Ensuite il y aura une tournée des festivals, on vient de confirmer le Sweeden Rock. J’espère que 2017 sera une année occupée.

Metal-Eyes : Vous voyagez beaucoup, vous rencontrez beaucoup de gens, des fans, des journalistes… Quand tu t’installes avec quelqu’un pour discuter comme nous le faisons là, t’arrive-t-il d’imaginer de quoi la personne en face de toi va parler ?

Damon Johnson : J’ai vraiment l’impression que les journalistes avec lesquels j’ai pu échanger ont une grande connaissance pas seulement à notre sujet mais aussi en ce qui concerne l’histoire de la musique rock. Bien plus en Europe qu’aux USA, d’ailleurs. Il y a une véritable appréciation non seulement du travail que Scott a pu réaliser durant sa carrière, mais également de notre travail. C’est assez spécial de sentir cette flamme en vie dans un seul endroit. En général, je trouve sympa – c’est arrivé une ou deux fois aujourd’hui, avec toi à l’instant, tu viens de poser une question qu’on ne m’avait encore jamais posée, ce qui est une bonne chose parce que ça nous pousse à réfléchir. Je trouve toujours flatteur que quelqu’un prenne le temps d’écouter des chansons que j’ai participé à créer, prendre des notes, en tirer des questions et venir en parler avec moi. Ce ne sera jamais un acquis, c’est un honneur, un privilège pour nous de pouvoir le faire.

Metal-Eyes : Y a-t-il des sujets dont tu voudrais pouvoir parler avec un journaliste, sans raport avec votre musique ?

Damon Johnson : Tu sais, on a tous des familles super, nous avons énormément de soutien de nos épouses, de nos enfants. Ils font entièrement partie de cette histoire, une des raisons pour lesquelles ce groupe fonctionne. Pour chacun de nous, si nous avions des familles frustrées, nous reprochant de ne pas être assez à la maison… Elles comprennent que c’est d’une certaine manière notre destin d’être musiciens, artistes. C’est un sujet de nous ne parlons pas beaucoup, je pense. En tout cas Ricky ou moi. Nos femmes… Elles ont un travail bien plus difficile que le nôtre, et les savoiraussi supportrices dans ce que nous faisons est un énorme soutien.

Metal-Eyes : une dernière chose : le monde entier a été très surpris il y a quelques semaines, voire choqué. En tant qu’Américain, quelle est ton opinion au sujet de l’élection de votre 45ème président, Donald Trump ?

Damon Johnson : C’est un sacré coup pour moi… Je n’ai pas voté pour lui, je n’ai jamais envisagé un scénario dans lequel il serait vainqueur, alors cette nuit-là a été très choquante, dans tous les sens du terme. Ça a permis de faire avancer les discussions, même avec mes amis qui ont voté pour lui, ça a ouvert les portes à un dialogue que nous n’avons jamais eu avant… Pour nombre d’entre nous, il est acceptable que tes amis aient un point de vue différent, on se retrouve pour un verre, un diner, nos gosses jouent ensemble. Maintenant, cela a ouvert les portes à la discussion, pas dans la colère, ais plus « aide moi à comprendre comment ce type a pu mener une campagne en disant de telles choses, horribles, inintelligentes, comment a –t-il pour rallier le soutien d’une telle proportion de gens dans notre pays ? » Comment est-il parvenu, selon moi, à démoraliser une telle quantité de gens ? La communauté LGBT, els immigrants… Nous n’élevons pas nos enfants ainsi, et c’est très difficile pour eux de comprendre comment cet homme a pu devenir président des USA sans réalisme… « On va expulser les Mexicains ! On va changer les lois, abolir l’avortement ! » C’est d’une agressivité à laquelle mon pays n’a pas été confronté… La bonne nouvelle c’est qu’il fait machine arrière sur certains points, ce qui nous laisse un peu d’espoir, contrairement à ce que nous avons vécu cette soirée là…

 

Merci à Valérie Reux pour l’organisation de cette interview.

THE DEAD DAISIES: Make some noise

Make_Some_Noise_-_Dead_Daisies_coverHard rock, Australie/USA (SPV, 2016)

Deux de ses membres étant parti conquérir des planches certainement beaucoup plus larges et profondes (Richard Fortus et Dizzy Reed), The Dead Daisies s’est adjoint pour son troisième album, Make some noise, paru au mois d’aout dernier – et dont j’ai envie de vous parler six mois après, histoire de réchauffer les chaumières, pas de commentaire, svp! – de Doug Aldrich à la guitare. Douze nouveaux titres (enfin, dix nouvelles chansons et deux reprises – Fortunate son de Creedence Clearwater Revival et Join together de The Who) qui puisent dans le rock bien gras et groovy. La voix étouffée de John Corabi colle parfaitement à la rugosité des guitares, Marco Mendoza parvenant plus que souvent à imposer un joli groove. Brian Tichy se révèle au fil du temps un excellent batteur à la frappe sûre et puissante. Si l’on parle souvent de la vie dans cet album, The Dead Daisies s’engage également sur la voie de l’humanité, notamment avec le premier morceau, Long way to go, triste constat de notre société actuelle. Le quintette ne réinvente rien, se fait plaisir en pondant des airs facilement mémorables (Song and a prayer, Mainline, Freedom) mais s’égare quelque peu en route sur certains passages. Toutefois, l’ensemble est chaleureux, les deux reprises efficaces et le tout se laisse écouter avec aisance. Du bon gros rock, en somme.

Note: 8/10

Site web: thedeaddaisies.com