TRUST live à Paris: le Bataclan, 8 octobre 2017

Pour son troisième concert de la série depuis longtemps annoncée de 5, Trust investit le Bataclan. La devanture annonce Trouble en première partie. Nom sympathique, voire prometteur qui, instantanément, m’évoque Deep Purple…

Un peu avant 19h30, Trust et son équipe montent sur scène. Bernie demande, simplement et sobrement au public encore peu nombreux de prendre la main de son voisin. « Nous allons faire une minute de silence à la mémoire de ceux qui sont tombés ici ».  Une minute naturellement respectée, puis applaudie. Sur un des retours, une bougie blanche est d’ailleurs allumée, et le restera tout au long du concert.

A 19h30, Trouble monte sur scène. Deux femmes aux basse et guitares, un gars, aux claviers. Et non… Le trio n’a rien de commun avec la légende mentionnée plus haut. Le groupe bruxellois nous propose un set new/cold wave, électro étrange mais poliment accueilli. La chanteuse communique aisément avec le public, et se met parfois à danser sans que l’on ne comprenne vraiment sur quel rythme…. Un truc dans sa tête qui fait effet, mais qui ne me touche pas du tout. A part le final de Revolution, son dernier morceau, Trouble n’est pas dangereux, et n’est pas mon truc. Passons.

Certains critiquent ce que Trust est devenu sur la base d’une prestation en demi teinte, sans superbe, au Hellfest, et d’un récent live quelque peu bousculé sur les réseaux sociaux… C’est la troisième fois que je vois Trust cette année et laissez moi simplement écrire ceci: si Trust n’est certes plus le grand groupe destructeur et dangereux qu’il fut naguère, celui des années 80, il a le mérite de ne pas proposer deux fois le même show, setlist mise à part. A Blois, Bernie était plus rappeur que rocker, enragé et engagé. Au Hellfest, étrangement réservé, sans doute parce que le show était enregistré et le temps limité. Ce soir, il est enjoué, dynamique et simplement en grande forme même si le vocaliste est plus… « raisonnable » dans sa relation avec le public, multi-générationnel mais surtout composé de sexagénaires venus saluer le mythe. Un détail me tracasse tout de même: là où, dans les années 80, Trust avait pour décor de scène un bulldozer, « symbole d’une jeunesse qui refuse vos magouilles politiques », le décor est aujourd’hui composés de chiens en peluche et d’une lampe de salon… Trust serait-il devenu un groupe pantouflard? C’était la blague que je ne pouvais rater, car, non, la tournée interminable et la pêche des frères ennemis Nono et Bernie tendent à prouver le contraire.

Mélangeant classiques (Préfabriqués, Au nom de la race, Marche ou crève, Fatalité et un plus que bienvenu Comme un damné ainsi que Certitude… solitude et l’indispensable Antisocial) à des titres plus récents (La mort rôde, Le temps efface tout) ou ceux que nous découvrirons sur le futur album (dont la sortie est désormais prévue – pourquoi? L’album est prêt – début 2018) et qui semblent prometteur d’un Trust très en forme. Il y a certes L’archange, presque un classique, qui ouvre chaque concert de ce Au nom de la rage tour, mais également le très groovy Démocrassie, ou un Exterminateur introduit par un joli discours de Bernie: « une chose est sure: nous sommes passés du stade de prédateurs à celui d’exterminateur. Ce morceau est dédié à tous les électeurs de Macron ». Euh, Bernie… Tu aurais préféré qu’on vote pour Marine? Ah, sans doute faisais-tu référence au premier tour !

En dehors de cela, il n’y a guère de saillie, Bernie est moins tranchant, moins vindicatifs que lors du concert de Blois, par exemple. L’humour est de rigueur, Bernie chariant son groupe lors de la présentation des musiciens: David Jacob, bassiste a pieds nus: « c’est ça, les bassistes, ça s’achète des instruments mais ça ne peux plus s’habiller », Christian Dupuy, le batteur: « on a adopté un enfant » (Nono avait parlé, à Blois, d’adoption de bébé), et Nono n’échappe pas à la règle, tout de blanc vêtu… La forme est là, cependant, et je ne formule qu’un regret: au regard de ce qui fut joué les deux jours précédents, la setlist ne bouge que peu. Deux-trois titres diffèrent alors que Trust aurait pu, comme l’a fait ADX lors du PMFF a chacun de ses 3 concerts en janvier dernier, proposer un tracklisting différent. D’autant plus pour ceux des fans ayant acheté les pass 5 jours proposés… On aurait bien voulu entendre des morceaux différents du reste de la tournée. L’élite est régulièrement joué, mais quid de Bosser 8 heures, Dialogue de sourds, Mr Comédie, Les sectes, Le mitard,  Paris, I shall return (plutôt que Surveille ton look). Et quid du tant décrié 4ème album? Par compromission, Idéal, Varsovie, Purgatoire? Ce disque ne mérite pas d’être oublié, mais bien redécouvert tant il recèle de pépites… Dommage, l’occasion aurait été vraiment belle d’enregistrer ces 5 concerts pour en faire un vrai document historique, complémentaire du Live Hellfest récent.

N’empêche, cela semble un choix de plus en plus judicieux que celui de faire le pari de salles de taille moyenne. La proximité avec le public est réelle, Bernie fustigeant ce soir ceux au balcon qui restent assis. « Et vous, là haut, levez vous! On est tous debout ici, c’est un concert de rock! » Trust est sans doute le groupe français qui aura, en 2017, joué – Hellfest mis à part – devant le plus grand nombre de spectateurs. Et personne ne semble pouvoir les concurrencer sur le nombre de salles visitées. Trust est en forme et ça fait plaisir à voir. Vivement le prochain album – et une autre tournée?

Ah, dernière chose: Bernie fut prompt à Blois – et sans doute ailleurs – à demander au public de regarder le concert avec ses yeux plutôt qu’à travers un téléphone. Ce soir, rien. Lassé de se répéter, le gaillard? ça ne rate pourtant pas, l’effet Antisocial, c’est ça :

La prochaine fois, tu veux rester tranquille avec tes fans, Trust? Commence avec Antisocial, ensuite on sera entre nous!

Merci à Sabrina et Veryshow d’avoir rendu ce report possible.