FIREMASTER CONVENTION #3: vendredi 29 avril

Les 29 et 30 avril et le 1er mai 2022 s’est tenue la troisième édition de la Firemaster Convention de Châteauroux. Celle de l’an dernier s’était adaptée à la crise sanitaire et avait fait l’objet de diffusion de concerts à distance. Cette année marque le retour d’un accueil physique dans ce même hall des expos de la préfecture de l’Indre plus tardivement dans l’année que lors de l’édition de 2020 (qui, pour rappel, vit Vulcain donner son dernier concert – sans que le groupe ne le sache lui-même). Et c’est une bonne chose car cette fois, la température intérieure est normale, on ne se les gèle pas!

La site est une nouvelle fois divisé en deux: une grande partie réservée au market et activités annexes (projections de films – Metal hurlant et Lords of chaos – débat et conférences, jeux divers, photo booth), la salle de concert se trouvant dans le dernier tiers. L’espace occupé par la scène est plus vaste qu’il y a deux ans, les lights et décors clairement plus travaillés et professionnels. Pourquoi, avec une affluence à la base limitée, ne pas avoir proposé un point rencontre et dédicaces? C’eut été le lieu idéal pour tout le monde en cette reprise de concerts… A voir pour l’an prochain.

Dès mon arrivée, un triste constat s’impose: le public est absent… Dans un si grand hall, c’est flagrant. Maintenant, nous ne sommes que vendredi, certains travaillent encore, alors espérons que les concerts du soir attireront plus de monde. L’affiche de ce vendredi est pourtant alléchante proposant des styles variés, du metal sympho au thrash en passant par le hard rock.

Les concerts débutent avec les Lyonnais de Whyzdom, seul groupe à jouer pour tout public détenteur de pass « Day » ou « Night ». Devant à peine une centaine de spectateurs, Vynce Leef (fondateur, guitariste passé depuis à la basse) et ses comparses terminent de jouer un titre avant qu’il ne lance au public: « c’était le soundcheck! Maintenant, on sort, et on revient après l’intro! ».

La bonne humeur est visiblement de sortie, d’autant que, Marie, la chanteuse le dira plusieurs fois, c’est le premier concert que le groupe donne depuis 3 ans. Avec un set de 45′, Whyzdom propose 8 titres au public auxquels s’ajoute une sympathique mise en scène – le regard sévère de Marie maniant l’épée! une très agréable mise en bouche.

Ce sont ensuite les Grenoblois d’Amon Sethis qui viennent présenter leur dernier album en date, Part 0: the queen with golden hair (2020). Toujours inspiré par l’Égypte antique, Julien, le chanteur et dernier membre fondateur se présente masqué , enflammant son pupitre tel un rituel d’alors.

Le heavy presque prog fait son effet, malheureusement devant un public toujours peu nombreux, mais qu’importe. Les gars sont à la tâche et se font plaisir pendant les trois quarts d’heure alloués, distillant leur metal progressif sans être prise de tête et teinté de ces ambiances orientales qui font mouche. Un set efficace, un groupe au taquet, des musiciens qui semblent ravis de disposer d’une vaste scène. Julien arbore en fin de show son livre de chevet, « une édition de Champollion – celui qui décrypta les hiéroglyphes – trouvée dans un vide grenier pour à peine 50 centimes… » histoire de participer un peu plus à la culture du quidam châtellerain.

Le premier gros morceau du jour se nomme Titan. Reformé presque par hasard, le groupe de Patric Le Calvez a publié l’an dernier l’un des albums français les plus remarqués de 2021, Palingenesia. Prévu à l’affiche du « Firemaster à distance » de l’an dernier, le groupe n’avait pu se déplacer, car « on finalisait l’album. En plus, les conditions de circulations étaient telles qu’on a préféré se concentrer sur les derniers aspects du disque« .

La salle commence à bien se remplir, le nombre de T-shirts floqués du logo du groupe tendant à démontrer qui est la vedette du jour. Nous le savons, Titan sera également à l’affiche du Hellfest. Quand je leur demande comment on se prépare à un tel évènement, la réponse est simple « On ne se prend pas la tête. On connait nos titres, on ne va pas s’amuser à vouloir prendre toute la place au HF… Mais on y va, tranquillement. », au point qu’après son show, certains des musiciens concèdent ne pas avoir été vraiment en place. Pas si vrai, même si une moitié d’entre eux arbore un look cuir biker et l’autre est plus cool.

Mais scéniquement, rien à dire: Titan propose un heavy metal brut et thrashisant qui séduit de bout en bout. Le Calvez est en voix, on sent une formation complice et heureuse de profiter du temps présent quelque peu béni. Et si le public n’a pas encore entièrement assimilé ce dernier album, il reprend en chœur l’hymne L’Irlande au coeur. Et dans quelques semaines, avec quelques milliers de personnes, je dirai sans trop m’avancer que « frissons garantis ». Oh, oui, vivement le HF même s’il sera très tôt!

Trust, la légende, la fierté nationale qui a révolutionné le hard français est le groupe qui joue le plus longtemps. Une heure quinze allouée aux Parisiens et j’ai envie de dire: pour ça? Déjà, Trust est le seul groupe à n’avoir pas proposé de merch. Pourquoi? Mais plus encore, le groupe se contente, hormis Antisocial, de ne jouer que des titres de ses deux derniers albums en date, Dans le même sang (2018) et Fils de lutte (2019), deux albums pourtant de très bonne facture, sans véritable enthousiasme. Trust offre un concert… ennuyeux.

Bernie, d’ordinaire si engagé et harangueur, ne s’adresse au public qu’en donneur de leçons (« C’est bien d’accueillir les réfugiés ukrainiens, mais quand il s’agit des Syriens ou des Afghans, c’est une autre histoire… Ouais, ils sont blonds aux yeux bleus, ça fait un peu raciste, non? ») mais guère plus. Au nom de la rage? Elle est finalement loin. même sur Fils de pute, tête de liste, pourtant d’actualité, rien. On fait participer le public, un peu, mais la rage n’est pas là ce soir. David Jacob et Izo Diop, en dehors d’un moment sautillant, font de la figuration et Nono… le concert démarrant avec des problèmes de guitare, qu’il doit changer, a-t-il eu une influence sur le renfrognement général? Reste que le bulldozer est en panne. On se contente aujourd’hui de peluches posée en observatrices sur les amplis personnalisés. Décevant.

Phil Campbell and the Bastard Sons investissent la scène vers minuit. Le public est bien présent, se massant devant les planche pour voir l’ex-guitariste de Motörhead. Mais le Gallois est là pour son groupe et bien que des titres de son ancienne formations soient un passage obligatoire, les deux tiers du set voient le quintette proposer du matériel original et bigrement efficace. C’est simple, le bougon laisse place au sourire à plus d’une reprise, et ça fait du bien à voir.

Le rock, le vrai, un peu hard, un peu punk, direct et crasseux, c’est ça. inutile d’en faire des tonnes, les gars connaissent leur boulot et retournent rapidement la salle. Neil Starr (le seul qui ne soit pas un des ses fils mais en a une putain d’attitude!) se met le public dans la poche en un temps record, ne le ressortant que pour mieux le tenir dans sa main.

On pourra s’étonner que la première reprise de Motörhead fut un titre de l’époque de Fast Eddie, Iron Fist, mais on ne boude pas son plaisir. Quelle que soit la formule – originale ou passée – ça joue grave et ça regarde devant. Et, devinez quoi? devant, c’est un nouveau hellfest à ne pas manquer. Phil Campbell fait aisément oublié le concert d’avant et le public peut s’en retourner heureux. Bravo!

Metal Eyes ne fut pas présent pour les deux autres journées. Charge aux amis de United Rock Nation et de Live And Tracks – punaise, ça fait du bien de vous retrouver les gars! – de vous conter la suite des évènements.

A l’année prochaine, si tout va bien. Car sans soutien du public, ces initiatives sont amenées à disparaitre, alors, bougeons-nous, bougez-vous! Des concerts, fest et conventions pullulent, allez-y!

Concerts from home: TRUST

Puisque nous sommes privés de concerts depuis trop longtemps et pour une durée indéterminée, Metal Eyes a décidé de revisiter certains albums live avec cette nouvelle rubrique « Concerts from home ». De grands classiques intemporels à des témoignages plus « locaux » ou intimistes nous pourrons ainsi nous replonger dans le bruit et la fureur de ce qui fait notre monde, sillonner le monde des décibels et du fun sans avoir, puisque de chez nous, à nous soucier de gestes barrières. En attendant de nous retrouver devant les scène locales ou d’arenas. Enjoy!

 

Il est sans doute temps de rendre hommage à l’un des groupes français les plus influents de tous les temps. Trust est donc à l’honneur pour ce troisième volet de la rubrique Concerts from home avec son second live – le premier chronologiquement. Retour sur une époque explosive et révolue.

 

TRUSTTrust (Epic, 1992)

1980, la France cède sous le poids des mastodontes du rock qui, cette année-là, publient des classiques par palettes entières. Trust n’est pas en reste proposant un Répression qui confirme plus encore que son premier remarquable album paru l’année précédente et qui vient d’être certifié or, sa place en tête des groupes de rock français. Place uniquement disputée par un Téléphone également au mieux de ses capacités. Avant même la sortie de ce second album qui, rapidement, deviendra majeur et historique (cf le dossier 40 ans de Répression), Trust se lance dans une tournée qui le voit sillonner la France de long en large, de haut en bas et en travers du 7 juin (Créteil) au 6 décembre (Lyon) avec quelques longues pauses. Comme d’autres avant lui, Trust enregistre certains de ces concerts sans, pourtant, qu’un live ne soit prévu. Sur la route avec Dennis Weinrich, leur producteur d’alors, Trust capte les dates de Nice (23 et 24 octobre), Nantes (29 novembre) et Lyon (6 décembre). Le résultat est sans appel : aucun live ne témoigne de cette tournée. Les bandes, en effet, restent coincées dans les locaux du label Epic sans que personne ne s’en soucie. Ni n’y pense, d’ailleurs. Jusqu’à ce que quelqu’un aille fouiller dans les tiroirs « dans le sous-sol d’un immeuble à Neuilly » comme l’écrit Bernie dans le livret du CD. Il faut en effet attendre la fin de l’année 1992 pour voir apparaître ce témoignage de ce que fut Trust en 1980 : une machine de guerre. Entre temps, le groupe de Bernie aura eu le temps de se dissoudre (1985) avant de se reformer le temps de deux dates en ouverture d’Iron Maiden à Bercy, dans le cadre des Monsters of rock de 1988 et de proposer son tout premier album live, Paris by night, fin 1988 (chronique à venir aussi). De se dissoudre de nouveau… Mais Trust est entré dans les mémoires collectives et la sortie de cet album live auto intitulé fait écho. Bernie (chant), Nono (guitares) et Vivi (basse) se voient contraints, en août 80, d’accueillir Kevin Morris à la batterie en remplacement d’un Jeannot démissionnaire. C’est ce quatuor qui enregistrera donc ce qui deviendra ce live, accompagné, également, d’un second guitariste, Moho (après un passage éclair de Thibault Abrial en ce même mois d’août). C’est donc un quintette que captent les micros de Dennis Weinreich lors de ces 4 dates. Le résultat est explosif : Trust, accompagné de celui que Bernie appelle tendrement « Dynamite » (son public) démonte tout sur son passage. La hargne de la jeunesse, l’envie et la détermination de vaincre et de s’imposer font le reste : Trust est vrai, donne tout ce qu’il a dans sa position de pas encore « star », se livre et se met à nue, brut, sans fioritures. Démarrant avec Darquier, peu connu du grand public car « face B » d’un 45t du premier album, ses deux disques sont passés en revue avec force et détermination. Mieux, au milieu des classiques que sont désormais les Bosser 8 heures, Préfabriqués, Police milice, Antisocial ou Fatalité (oui, à l’évidence il manque L’élite…), Trust propose également une nouveauté, Les brutes, qui figurera sur son futur album, ainsi que, hommage évident à Bon Scott, Problem child et Live wire (AC/DC). 14 titres qui, parfois, craquent (l’usure de bandes mal ou pas entretenues), mais qui, toujours, montrent un Trust au mieux de sa forme, un Trust en train d’écrire l’histoire. Douze années auront été nécessaires avant que le grand public ne puisse découvrir ces enregistrements. D’autres ont depuis suivi, célébrant avec, sans doute, moins de bonheur, cette période, faisant de ce live un must du rock hard pas seulement français. Un monument, tout simplement.

TRUST: 40 ans de Répression

Quel amateur de hard rock couillu peut-il, en France tout du moins, passer à côté de Répression, le second album de Trust passé depuis de nombreuses années au rang d’album de légende, de référence ultime ? Le 30 mai 2020, Trust pourrait célébrer en grande pompes le quarantième anniversaire de ce pilier du rock français, paru, donc, le 30 mai 1980. Mais ne le fera pas, le groupe regardant plus l’avenir que le passé.

 

Metal Eyes a pourtant voulu regarder dans le rétro et comprendre la genèse de cet album toujours aussi efficace et actuel quatre décennies plus tard. De longs échanges avec Vivi, le bassiste d’alors, vous permettront de découvrir les secrets de la naissance de Répression.

 

Première question : à quand dater cette genèse ? Arbitrairement, j’ai décidé de retenir l’intégration de Vivi qui arrive au sein de Trust en mai 1979, au moment de la sortie… du premier album. Ray, le premier bassiste de la bande, a en effet décidé de céder sa place pour s’occuper des affaires du groupe sur la route en prenant le poste de tour manager.

 

Enter, donc, Yves Brusco dit « Vivi », qui est alors bassiste au sein de Volcania, formation avec laquelle il enregistre un unique album teinté de punk, L’agression. Il rencontre les membres de Trust lors d’un concert donné « au Swing Hall, un club situé dans les Halles de Paris. Le seul public présent était Bernie, Nono, Raymond, Jeannot (ndMP : respectivement chant, guitare, basse et batterie soit Trust au complet) et leur manager. Ils avaient bien aimé notre set et après, on a fini au bar et nous sommes devenus potes ». Lorsque Ray décide de quitter son poste, après avoir toutefois enregistré le premier album c’est naturellement que Trust fait appel à Vivi, qui n’hésite que peu, Volcania stagnant sans entrevoir d’avenir. Un point qui pèse dans la balance du choix est avancé par Nono : le fait que Vivi chante, ce que personne dans le groupe, hors Bernie naturellement, ne fait et qui peut apporter une touche supplémentaire.

 

Le premier album de Trust paraît le 28 mai 1979 avec le succès que l’on connaît. La force de ses morceaux emblématiques (Bosser 8 heures, L’élite, Police milice, Préfabriqués ainsi que la reprise de Ride on d’AC/DC) propulse le groupe aux premières loges du rock français, aux côtés des Téléphone, Starshooter et autre Océan. Vivi est ainsi embarqué sur les routes avec deux premiers concerts donnés à Aubenas en Ardèche (le 1er juin 1979) et Vic Fezensac dans le Gers (le 2 juin) ville en fête où « les seuls commerces ouverts sont des bars ». Premiers concerts, premiers souvenirs, voire premières peurs aussi comme l’explique le bassiste : « Little Bob Story joue avant nous, pendant leur show, un mec défoncé arrive à monter sur scène, s’agrippe à un câble qui soutient une Genie-tower d’une dizaine de mètres, déséquilibre la structure et la tour s’effondre avec ses projecteurs dans le public » faisant quelques blessés, sans gravité, heureusement.

 

Il n’y a pas encore de tournée cependant, seuls quelques concerts ci-et-là (Mulhouse, Nantes, Le Mans) avant de donner un premier show à Paris, au Bataclan, le 26 juin. La salle est comble, un signe, mais le groupe ne le prend pour rien de moins qu’un autre concert. Après deux concerts donnés début juillet (le 6 à Saint Auban, dans les Alpes Maritimes et le 7 à Tonneins dans le Lot et Garonne), Trust bénéficie de quelques semaines pour pouvoir composer son second album. Le quatuor investit les studios EAB à Mesnil le Roy, dans les Yvelines. Si, nous le verrons à la sortie de l’album, les titres sont signés Bernie et Nono, la composition se fait sous forme de jams. Un riff de Nono permet à tous de développer la structure et les bases du morceau. C’est pendant cette période que le premier album devient disque d’or (soit, à l’époque 100.000 exemplaires vendus).

 

Ce n’est qu’en fin d’année 1979 que le groupe enfile les kilomètres, sillonnant la France de long en large en donnant une quarantaine de concerts entre le 29 septembre à Annecy et le 30 novembre à Roubaix. Le groupe tourne intensivement, les salles se remplissent. Il y a un intérêt pour Trust que Vivi décrit simplement : « Les salles grossissent en capacité ainsi que l’engouement du public, l’album commence à bien fonctionner, on ne s’en rend pas trop compte, notre plaisir c’est d’être sur scène et d’envoyer. » Chaque région est visitée, Amiens, Metz, Strasbourg, Orléans, Rennes, Saint Malo, Lyon, Dijon… Trust s’offre également une première escapade de l’autre côté de la frontière avec deux concerts donnés les 1er et 2 décembre en Belgique (à Schaerbeck puis à Charleroi) qui viennent clore cette première vraie tournée, scellant l’intégration de Vivi. Quand je lui demande si le groupe est alors dans le trip « sex, drugs and rock n roll », sa réponse est claire : « Oui, on s’amuse bien ; imaginez un groupe dans ses débuts qui passe la majeure partie de sa vie sur les routes, ce n’est que du bonheur ». Ah ! Insouciance de la jeunesse…

 

L’année 1979 cède le pas à une nouvelle décennie. Pour Trust, 1980 débute avec deux concerts spéciaux : le premier au Pavillon de Paris le 12 janvier dans des conditions un peu particulières. Le quatuor y joue pour la première fois 5 morceaux du futur album. Comment réagit alors le public à l’écoute des Au nom de la race, Mr Comédie, Saumur, le Mitard et Passe ? « Les titres sont super bien passés, se rappelle Vivi, mais cette journée fut un peu floue. Le concert a failli être annulé cinq heures auparavant, une bataille juridique s’est engagée entre l’organisateur de spectacle (NdMP : KCP) et la maison de disque pour que le concert ait lieu, (il y avait) 12 000 personnes devant la salle qui attendaient l’ouverture des portes. » Et si certains pourront s’étonner de ne pas voir Antisocial à cette liste de nouveautés, c’est simplement que le titre n’existe pas encore…

Le second concert se tient le 24 janvier à la maison d’arrêt de Fleury Mérogis. « C’est Philippe Adler – journaliste qui écrivait dans Rock & Folk (entre autres) qui nous a fait part de cette possibilité. » Pourquoi pas, mais les autorités pénitentiaires doivent imposer des consignes particulières…  Pas vraiment, selon le bassiste pour qui « à part avoir des papiers en règles pour pénétrer dans l’enceinte, la seule consigne était qu’il serait bien de ne pas jouer quelques titres un peu trop subversifs (Police Milice, etc). »

 

Après ces deux dates, Trust se prépare à rejoindre, début février, Londres pour y enregistrer son nouvel album. En 1980, les conditions financières n’ont rien de commun avec aujourd’hui. Les labels financent généreusement les groupes qu’ils produisent et dans lesquels ils croient. Si Vivi ne se souvient pas du budget exact – Bobby Bruno, l’intransigeant et efficace manager du groupe doit garder ces données quelque part – cela « englobait séances de studio (nous y étions à demeure, personne d’autre n’y enregistrait), hôtel, bouffe, argent de poche (Per diem) » (« par jour »). Cependant, la veille de leur envol pour la capitale anglaise, Trust joue 5 titres au théâtre de l’Empire, alors connu pour abriter les émissions dominicales de Jacques Martin (rappelez-vous L’école des fans). Bosser 8 heures et L’élite du premier album y côtoient trois nouveautés encore inédites : Fatalité, Le mitard et Mr Comédie, tous enregistrés dans le cadre de l’émission Chorus, animée sur Antenne 2 par Antoine de Caunes et Jacky (souvenez-vous, oui, le rouquin foufou avant qu’il ne rejoigne le Club Dorothée). Après leur diffusion le 10 février 1980, ces images resteront inédites jusqu’à la parution du CD/DVD Le Best of publié en 2008 par Sony BMG.

 

Trust investit donc les Scorpio studios de Londres jusqu’à la fin du mois de février. Les lieux sont connus de Bernie, Nono et Jeannot qui y avaient travaillé le premier album sous la houlette de Dennis Weinreich en qui ils replacent leur confiance. Cependant, ce dernier n’agit pas comme un producteur au sens classique du terme. Il respecte l’essence de ce qu’est Trust et se charge de mettre chaque chanson en son, dispensant parfois quelques idées. Mais c’est bien d’un travail commun qu’il s’agit.

 

Le Scorpio sound studio est situé dans le quartier londonien de Camden, à Euston road. Il est localisé au rez de chaussée d’une tour. Les lieux ne sont pas grands « mais l’acoustique était très bonne. » De plus, hasard des calendriers, le groupe croise aussi le chemin de Bon Scott, sur place en repérage pour l’enregistrement du futur album d’AC/DC. Il s’attèle à la traduction des textes de Bernie car, comme le rappelle Vivi, « nous avions l’intention de traverser les frontières, donc une version anglaise s’imposait, les textes de Bernie avaient un sens. » Bon Scott assiste en partie aux sessions d’enregistrement et est même celui qui suggère, alors que le titre a pris spontanément forme en répétition, l’idée des chœurs finaux sur Antisocial.

 

Si les autres membres de Trust connaissaient déjà l’Australien, Vivi le rencontre et le découvre. Des liens se nouent aussi autour d’une pinte : « Je ne parlais pas un mot d’anglais à l’époque, mais dès qu’on avait bu deux, trois pintes au pub du coin on se comprenait. » C’est d’ailleurs au cours de ce séjour au Scorpio sound qu’est enregistré, le 13 février 1980, ce qui va devenir un document demeuré inédit jusqu’à sa publication en 2000 : « nous étions en train d’enregistrer quand Bon est passé nous voir la première fois. Nous l’avons aperçu à travers la vitre qui nous séparait de la cabine et nous avons stoppé net, Bon est rentré dans le studio pour nous dire bonjour et c’est à ce moment que Nono a entamé Ride on et, comme par magie, Bon est venu au micro avec Bernie et a commencé à chanter ; cela n’était pas prévu bien sûr. C’est pour cette raison qu’il manque le début du titre, car l’ingénieur du son Dennis Weinreich a été surpris et a appuyé sur record pour immortaliser ce moment. » – Ce document a fait l’objet de deux singles édités en promo à 500 exemplaires chacun, donc, difficilement trouvables.

 

A Londres, Trust s’occupe également de la pochette de l’album et fait de nouveau appel à Herb Schmitz qui avait réalisé les clichés genre taulards d’alors et photo d’identité d’aujourd’hui, des musiciens sur le verso du premier album. Pour le nouvel album, toujours sans nom au moment du shooting, il organise la session dans son studio de Londres et propose de faire poser le groupe, avec une sorte d’effet miroir. Ce que l’on pourrait prendre pour la laque du plateau d’un piano est en réalité un artifice : « ce sont des grands rouleaux de papier réfléchissant posés sur des tréteaux tout simplement. » Idem pour la photo verso montrant le groupe avec une bande de potes : « Nous ne connaissions pas ces personnes. Ce sont juste les clients présents dans ce bar punk, qui ont accepté de poser avec nous. »

 

Plus tard, Trust reçoit la visite surprise de toute l’équipe de CBS, venue lui remettre son premier disque d’or, récompensant les ventes du premier album.  Ce n’est qu’au matin du 19 février, après une nuit de fête bien arrosée que le groupe apprend la nouvelle de la mort de Bon Scott. Cette tragédie a-t-elle eu un impact sur la suite de l’enregistrement ? « Non, l’album était bien avancé. Nous sommes rentrés à Paris pour faire un break et sommes revenus à Londres pour le mixage de l’album. »

 

De retour en France, Trust donne quelques concerts, participant notamment au festival Europe rock 80 au Pavillon Baltard de Nogent sur Marne, un temps pensé pour accueillir des concerts parisiens de moyenne capacité. A l’affiche de ces 8 concerts se trouvent, parmi d’autres, Bernard Lavilliers, Starshooter, Téléphone ou Joe Jackson. Le 15 mars, Trust y dévoile cinq nouveautés – seul Bosser huit heures est extrait du premier album – et joue pour la première fois un Antisocial encore inconnu du public. Un public très réceptif, notamment, grâce au « premier album (qui) avait beaucoup de succès ; naturellement, l’audience était très bonne ».

 

Ce sont ensuite deux dates parisiennes que s’offre Trust. Tout d’abord, le 3 avril, un passage au mythique Golf Drouot, salle qui a vu défiler tout ce que la France a pu faire de mieux en matière de rock, de Johnny Halliday à Eddy Mitchell et ses Chaussettes Noires, en passant par Ange, Magma, Little Bob, Bijou et tant d’autres. Le lendemain, Trust investit le Bataclan. De rares concerts qui permettent sans doute de mettre en place la tournée annoncée dans des conditions réelles. Tout comme son passage au tout jeune Printemps de Bourges qui, pour sa 4ème édition, accueillent les Parisiens le 11 avril. Une date qui peut marquer pour d’autres raisons : « c’est très loin dans mes souvenirs, c’était sous un chapiteau, je me souviens d’une rencontre avec Coluche, une photo existe ».

 

Trust s’offre par la suite quelques escapades hors de nos frontières. L’Italie est visitée lors de deux concerts à Milan et Rome (22 et 23 avril), la Suisse l’est quatre jours durant (du 1er au 4 mai) ainsi que la Belgique, à trois reprises (les 9, 10 et 15 mai) – « C’était les débuts du groupe à l’étranger ; super l’Italie, un public très rock ! ». Autant de concerts grandeur nature et annonciateurs de ce qui va suivre. Trust se permet toutefois de tester, quelques jours avant la sortie de Répression, le public hexagonal au cours de 6 concerts entre le 17 et le 24 mai.

 

 

Avant la sortie de Répression – le titre a été enfin dévoilé – le monde du hard rock voit cependant apparaître une tonne de nouveautés, de groupes déjà en place (Black Sabbath, Scorpions, Van Halen) ou plus récents, parmi lesquels se distinguent Saxon, Iron Maiden, Def Leppard, Angel Witch ou Samson. Le rock dur semble vouloir reprendre ses droits tandis que le punk des Pistols semble s’essouffler. Il y a, en tout cas, une scène vivace, explosive et un public demandeur et de plus en plus présent. Les mois qui suivent confirmeront d’ailleurs cet engouement populaire pour ce renouveau métallique avec d’autres sorties non moins remarquables (Whitesnake, Blue Oÿster Cult, AC/DC, Thin Lizzy, Status Quo, Motörhead chez les anciens, ainsi qu’une palette de jeunes loups que sont Girlschool, Accept, Samson, Diamond Head, Tygers Of Pan Tang, ou encore le retour de certaines gloires telles Michael Schenker Group ou Ozzy Osbourne). Pourtant, Trust est centré sur son nouveau bébé sans porter une attention particulière à ce qui est en train de se passer.

 

La sortie de Répression est planifiée au 30 mai 1980. Il y a un signe qui ne trompe pas, selon le bassiste : ce sont les nombreuses pré-commandes chez les disquaires. Un signe de bon augure. D’autant plus que, il faut le rappeler, il n’y a en France que 2 magazines rock (Best, assez généraliste, et Rock’n’Folk, qu’on le veuille ou non, plus élitiste), 3 chaînes de télé (TF1, Antenne 2 et France Régions 3, toutes nationales) et 4 stations de radio (France inter, RTL, Europe 1 et RMC). Rapidement, Trust bénéficie du soutien inconditionnel de Michèle Abraham qui s’emballe et diffuse dès que possible Antisocial sur les ondes d’Europe numéro 1.

 

Ce n’est sans doute qu’un détail, d’ailleurs le groupe en a changé depuis… Le grand public découvre le logo de Trust (cependant, il figurait déjà sur le 45 tours L’élite, paru en 79). Une signature plus « brillante » et peaufinée par un designer de CBS, son label. Vivi se souvient encore : « Pas d’informatique à l’époque, les pochettes étaient réalisées avec des calques superposés et du Letraset. »

 

Le public se rue sur Répression, album qui confirme tout le potentiel d’un Trust qui explose tout sur son passage. Répression, c’est 10 chansons, 10 titres aussi impeccables les uns que les autres. Bernie avait démontré avoir la langue bien pendue, et cette fois encore, il dit ce qu’il a à dire sur fond d’un rock teinté de punk, plus brut et direct, moins varié sans doute aussi, que sur le premier album. Baigné de blues et de rock, chacun des morceaux a sa propre identité. Les paroles toujours compréhensibles sont crachées à la face du monde par un Bernie aussi sec que les guitares de Nono qui devient rapidement le guitar hero made in France. Le modèle de toute une génération. La basse groovy de Vivi apporte une puissance et un rythme que soutien toujours Jeannot derrière ses fûts. Un groupe uni, au sommet de son art et de sa créativité. Politique, religion, police, société, tout y passe, y compris l’hommage à Bon Scott avec cette photo souvenir d’un temps suspendu qui figure sur la pochette intérieure.

 

Le premier single est aussi le morceau d’ouverture de l’album. Avec son riff immédiatement reconnaissable – qui devient rapidement aussi légendaire que ceux de Highway to hell (AC/DC) ou Smoke on the water (Deep Purple) – Antisocial se hisse rapidement au rang de hit incontournable. Il deviendra bientôt intemporel grâce à la puissance du riff, à l’entrain d’une rythmique d’une efficacité jamais prise en défaut et à cette gouaille…  Des éléments que l’on retrouve tout au long de Répression. Et cette fin, cette répétition de « An-ti-so-cial », savez-vous qui en a eu l’idée ? D’après Vivi, c’est Bon Scott qui a suggéré ces chœurs pour terminer le morceau. Impensable d’imaginer cet hymne s’achever sans faire participer le public avec ces quatre syllabes. On passera cependant sur la vidéo qui présente 4 garçons qui se veulent plus mauvais qu’ils ne le sont réellement, déambulant timidement dans cette casse automobile où ils semblent ne pas oser « casser de la vitre ». Reste que, avec ses textes de rebelle éternel, ce premier morceau fédère toute une génération qui trouve en Bernie, les chansons suivantes de l’album viendront vite confirmer cet état de fait, un grand frère qui dit tout haut ce que peu osent dire.

Comme dénoncer l’accueil réservé par notre beau pays à certaines personnes pas forcément recommandables. Mr Comédie dénonce les exactions commises par l’ayatollah Khomeiny, qui, avant de retourner prendre le pouvoir en Iran, a préparé la révolution islamique et la destitution su Shah d’Iran depuis la France qui l’a accueilli, hébergé et protégé. Quatre décennies plus tard, rien n’a vraiment changé (« Nouvelles dictatures, exécutions sommaires, les femmes doivent se voiler, la musique prohibée. Ils massacrent leurs frères, tout devient absurde ! »).

En empruntant son titre à l’ouvrage de Jacques Mesrine, Instinct de mort dénonce les violences policières et l’exécution, le 2 novembre 1979 en pleine rue, de celui qui fut l’ennemi public numéro 1. Ce titre est rapidement montré du doigt par certains comme prônant le monde criminel, faisant l’apologie des malfrats et voyous de tous rangs. Mais surtout, cette vindicte anti-policière dénonce ouvertement les conditions de vie carcérales déjà inhumaines à cette époque « dans cette prison modèle qu’est Fleury Mérogis. 5 par cellule, il reste une place pour ton fils ». Ce titre n’a pourtant pas été trop source d’inquiétude pour le groupe selon Vivi : « Rien de spécial, nous avons eu quelques soucis pendant nos concerts (grenade à plâtre lancée sur scène), mais rien de très grave. » Trust se veut d’ailleurs préventif en précisant que « Crois le la main tendue vaut mieux que les chaines, surtout quand tu es gosse, tu apprends vite la haine ».

Tout est dit dans le titre : Au nom de la race dénonce quant à lui le racisme ambiant. Sous toutes ses formes. Trust utilise ici un complément sonore que l’on trouvait déjà sur le premier album, une section de cuivres. Si seul Bimbo Acock jouait en 1979 sur Le mateur, ils sont cette fois 4 à souffler sur Au nom de la race : Bud Beadle, John McNicol et Peter Thoms, vraisemblablement des habitués des lieux, rejoignent Bimbo. Bernie y parle déjà de ces cités et de ces regards mauvais que la « bonne » société peut jeter à ceux qui y vivent.

Enchaînement avec Passe se révèle parfait puisque Bernie continue de prévenir l’auditeur qu’il n’est pas prêt à se taire : « J’ai tant de choses à dire, de zones à te décrire (…) Avec toute ma rage je parle de ceux de ma cage ». Cette cage qui pourrait être la cité HLM de Nanterre qui l’a vu grandir, ce qu’il semble confirmer en scandant que « le langage que je parle je l’ai appris dans ma cour. C’est mon environnement, les ordures et les gens ».

A l’époque de sa sortie, les plus anciens le savent…, il faut retourner le disque pour pouvoir écouter la suite. La face B commence avec cette autre claque dans ta face qu’est Fatalité, également second 45t (dont la face B est Passe). C’est un rock endiablé avec une intro au piano que ne renierait pas John Lee Hooker. Mais toute trace du pianiste de Fatalité a disparu tandis que l’on retrouve Bimbo Acock dans une folie au saxophone qui illumine ce titre qui, pourtant, traite d’un sujet grave : l’immobilisme ambiant face au désarroi des cités. Que des tranches de vie, en fait comme le rappelle Vivi : « c’était notre vécu dans nos banlieues. C’est encore pire de nos jours. »

Saumur arrive sur un rythme plus lent et bluesy. Bernie y vomit presque toute sa haine pour la ville du Cadre noir, ville dans laquelle, jusque-là, Trust n’a jamais joué. Qu’est-ce qui vaut un tel ressentiment, une telle haine de la part du chanteur ? Vivi se souvient encore : « Bernie n’avait jamais mis les pieds à Saumur, c’est lors d’une discussion dans un resto avec pote, journaliste à Rock and Folk, qui a raconté une époque de sa vie dans cette ville » qui semble avoir inspiré ce texte. Donc, « l’ami, celui qui m’a souri dans la vieille ville de Londres » n’est pas Bon Scott, comme on aurait pu le croire. Reste que Trust ne s’est pas fait beaucoup d’amis dans cette ville qui transpire la bourgeoisie étriquée sur laquelle flotte une aura passée de respect militaire.

Vient ensuite l’autre morceau de bravoure de Répression. Seul texte que Bernie n’a pas rédigé, Le mitard débute par la narration des mots écrits par Jacques Mesrine. Une narration triste et mélancolique que vient assombrir et alourdir la basse de Vivi avant que plus tard, bien plus tard, la guitare de Nono ne vienne déchirer l’air comme un cri de désespoir. Véritable poème carcéral dans lequel tout une génération peut aussi se reconnaitre – la prison n’est pas seulement faite de barreaux et de cellules – Le mitard inquiète autant qu’il fascine.

Et puisque les morceaux semblent faire appel les uns aux autres, Sors tes griffes continue de parler de la vie de taulard. Plus précisément, de toutes les difficultés qu’un ex-taulard pouvait rencontrer – et peut encore – sur le chemin de sa réinsertion. Tout semble fait pour l’empêcher de trouver une place dans la société. Là encore, le riff de Nono lacère l’air avec une rage et une férocité uniquement doublées par le phrasé tranchant et unique de Bernie.

Répression se termine avec le vindicatif et explosif Les sectes. Besoin de plus de précisions quant au thème abordé ? Speed et déterminé, il s’agit du morceau le plus violent de cet album qui reflète une saine colère contre toute forme d’embrigadement, religieux, sectaire, voire même idéologique au sens le plus large du terme et qui se réfère à la situation de l’époque : les adeptes de Krishna, reconnaissables à leur tenue orange, les illuminés disciples de Jim Jones, pasteur responsable d’un suicide collectif au Guyana. Un titre qui allume joyeusement ces illuminés : « Marche dessus ce sont des insectes, rien à voir dans ce monde d’allumés, ces larves ne sont pas à plaindre, cette vie de zéro, ils l’ont choisie » qui pourrait se résumer en cette simple question « quel est ton dieu quel est ton but ? » La conclusion est un énorme Et merde! doublé d’un éclat de rire aussi horripilant que démoniaque, digne d’un film d’horreur…

 

L’album se vend par palettes entières. Les précommandes ne suffisent pas à assouvir les besoins des disquaires. On peut imaginer que rapidement le quotidien des quatre musiciens a été bouleversé… « Cela se passait bien ; même les flics nous demandaient des autographes ! » se souvient le bassiste qu’on imagine sourire…

 

Répression, on le sait aujourd’hui, est un disque intemporel. Si Antisocial se révèle sans doute comme étant le titre le plus « personnel » de l’album, quand on se penche sur les autres textes, l’engagement est total, Bernie dénonçant et mettant le doigt où ça fait mal. Et l’on ne peut que déplorer que 40 ans plus tard, rien n’ait changé…  Des violences policières (Instinct de mort) qu’on retrouve démultipliées aujourd’hui (contre les Gilets Jaunes, les pompiers, les infirmiers récemment, faut-il le rappeler ?), à l’embrigadement religieux (Monsieur Comédie, Les sectes) qui se transforme de nos jours en un radicalisme religieux sans pareil dans nos cités et banlieues menant, entre autres, à des vagues d’attentats (tuant au nom d’un soi-disant dieu), au racisme et au communautarisme (Au nom de la race), phénomènes grandissant de manière indécente, ou à cette Fatalité, qui touche toujours les gamins (et adultes) des cités, les plus démunis qui errent dans les rues et qu’on regarde toujours aussi bien installés au chaud… Les noms ont changé, les situations ont, elles, empiré… Répression est 40 après sa sortie, toujours autant d’actualité qu’à sa sortie en 1980. Et toujours d’une aussi brutale efficacité.

 

Si quelques concerts sont donnés au moment de la sortie de Répression, un évènement vient cependant marquer de façon durable la vie du groupe : Jeannot décide de quitter le groupe début juin. Les raisons ? Le sujet est sensible ? Le bassiste reste en tout cas évasif : « C’est toujours pour des conneries qu’un musicien quitte son groupe. Quand nous n’étions pas en tournée nous passion notre temps à répéter et une sorte de lassitude peut s’installée. » Si l’on regarde de plus près les dates, la tournée était entamée, et le creux de dates entre le 25 mai et le 6 juin laisse croire que le batteur a pu partie sur un coup de tête. Et qu’il était absent lors de la sortie de Répression, forçant ainsi Trust à lui dénicher dans l’urgence un remplaçant. « L’heureux élu » se nomme Kevin Morris, qui restera jusqu’à la fin de la tournée au Danemark où le groupe joue au Rockslide festival le 27 juin. Les dates prévues au mois de juillet sont annulées et… Là, il faut suivre un peu, puisqu’il semble que l’un des premiers concerts de son remplaçant fut donné le 1er aout à Etaples (près du Touquet). Ce dernier fut rencontré à Londres, au Scorpio sound où Dennis Weinrich présente un certain Nicko Mc Brain à Trust. Mais voilà, le batteur retourne à Londres et est remplacé pour la suite de la tournée par… Kevin Morris recruté à l’origine à la suite d’auditions organisées au local de répétition d’Arcueil.

 

C’est donc Kevin Morris qui répète avec Trust pour le plus gros de la tournée. La période estivale est mise à profit pour que le groupe soit au carré. Bernie, Nono, Vivi et Kevin s’isolent dans le petit village de Wassy où ils trouvent résidence dans un club afin de préparer la tournée Répression dans l’Hexagone. C’est dans ce même secteur que seront tournés les clips de Répression et de Paris is still burning, future version anglaise de… nous y reviendrons ! C’est également à cette période que Trust devient quintette. D’abord rejoint par Thibault Abrial, bientôt remplacé par Moho « La venue de Moho apporte un plus au son du groupe, Moho est un excellent guitariste et un pote d’enfance de Nono. » L’apport d’un second gratteux ne peut que donner plus de relief et de puissance au groupe, en live en tout cas.

Le groupe repart sillonner la France entre le 1er octobre et le 6 décembre. Une tournée intensive quasi non-stop (une petite semaine de repos leur est accordée début novembre) qui part du nord du Pays (Amiens) pour se terminer à Lyon. Le public grossit, la Trust mania commence à se faire sentir. Nombre de concerts se donnent à guichets fermés. De ces derniers, deux choses sont à noter : en 10 jours, la ville de Nice, cité de retraités friqués, est visitée à 3 reprises… Alors quand on lui demande quelle était la relation de Trust avec la cité de la Promenade des Anglais, rappelant que c’est une ville dont Jacques Médecin, alors quasi éternel maire (élu depuis 1965), avait une réputation assez mafieuse… eh bien, Vivi se concentre sur le public plus que la politique : « Les concerts au Théâtre de verdure de Nice étaient chauds bouillants, un super public ! » On veut bien le croire sur parole ! Pourtant, Trust ne peut tourner partout où il le souhaite. Certaines villes ont-elles interdit des concerts ? « Certainement, il y a des villes où nous étions interdits de passage. Trust dérangeait ! »

La seconde chose qui marquera, ce sont ces dates de Nice (23 et 24 octobre), Nantes (29 novembre) et la dernière de Lyon (6 décembre) qui feront l’objet d’enregistrements. Des bandes dont nous reparlerons puisqu’un live ne fut publié que des années plus tard, en 1992.

 

Quelques jours après la fin de la tournée, le 15 décembre (bien qu’une autre date mentionne le mois de janvier 1981), le public voit apparaître dans les bacs Répression version anglaise. Tout est dit dans le titre, et l’objectif de cet album est naturellement de séduire le marché international. Les ambitions grandissantes de Trust sont naturelles. Si la musique est celle enregistrée à Londres, Bernie est allé capter cette nouvelle version au studio Miraval dans le sud de la France au cours des mois d’été. C’est Bon Scott qui s’est attelé à la traduction, ou plutôt l’adaptation des écrits de Bernie. Mais le sort a brusquement interrompu cette tâche et Bernie reste aujourd’hui encore persuadé que ces écrits ont été récupérés et cachés par le management d’AC/DC… Alors, c’est Jimmy Pursey, membre des keupons de Sham 69 qui s’y colle. Seul Le mitard reste en français, tandis que Saumur, étonnement, devient Paris is still burning, qui deviendra le nouveau single. Chose surprenante, la photo qui orne la pochette de ce 45t – qui montre Nono, Bernie et Vivi live, est identique à l’une des versions de l’album…  Mais surtout, pourquoi zapper Saumur ? Ben, pour la simple raison que, comme le résume si bien Vivi, « Personne ne connait Saumur à l’étranger. » Logique.

 

Cependant, alors que Trust est en pleine gloire, cette nouvelle version souffre d’une faiblesse énorme : le chant anglais passe beaucoup moins bien. Est-ce dû à l’accent franchouillard de Bernie ? Au fait que sa gouaille passe moins bien en anglais ? Ou encore au fait d’avoir enregistré seul, et n’avoir, par conséquent, pas pu retrouver l’énergie des studios londoniens ? Reste que Répression version anglaise constitue une carte de visite non négligeable pour séduire le marché international.

 

L’année 1980 se termine néanmoins avec un Trust au firmament. Sur le terrain du rock énervé made in France, seuls Téléphone, et, dans une moindre mesure, Océan jouent dans la même cour. Les premiers ont sortis leur troisième album, Au cœur de la nuit, le 20 octobre (il finira 3ème des ventes), précédé du film documentaire – mi live, mi interview – Téléphone public, réalisé par Jean-Marie Périer. Les seconds ont également occupé le terrain avec deux publications, leur second album connu sous le nom de Je suis mort de rire, et un album mi live mi studio intitulé A live + B. Mais Antisocial a profondément marqué les esprits et l’aventure Répression ne se termine pas avec l’année.

 

Aujourd’hui, personne n’en est plus surpris : début 1981, Trust se retrouve sans batteur. Le groupe se rend à Londres afin d’y organiser des auditions en vue de la tournée qui se prépare. Vivi se souvient : « Nous étions partis à Londres pour auditionner des batteurs, Nicko étant au courant il est passé nous voir.  A la fin de l’audition Nicko s’est mis à la batterie, on a jammé et c’était reparti ! Nicko est quelqu’un de très attachant, toujours le mot pour rire et un des meilleurs batteurs du monde. » Heureusement, le bassiste avait commencé à apprendre l’anglais, chose d’autant plus nécessaire que l’équipe technique est anglaise.

 

Nicko, le joyeux drille, se trouve ainsi embarqué dans la nouvelle aventure qui voit Trust sillonner le Royaume-Uni en première partie des jeunes loups d’Iron Maiden qui sortent leur second album, Killers. Pendant un mois, les Frenchies – ou, comme ils sont communément appelés outre-Manche, les « froggies » – séduisent un public avide de décibels et d’énergie. Le périple maidennien démarre le 17 février pour s’achever le 15 mars à Londres. Mais comment Trust s’est-il retrouvé sur cetet affiche ? « : On ne connaissait pas Maiden, ils venaient de sortir leur second album Killers. Ce sont les maisons de disques et notre management de l’époque en relation avec celui de Maiden, qui nous ont permis de participer à cette tournée. » Aussi simple que ça, et de cette tournée, on le sait, naît une grande amitié et un grand respect entre les deux groupes.

 

Pour dignement fêter cette première escapade britannique épuisante (24 concerts en 27 jours…), Trust investit le mythique Marquee dès le lendemain, 16 mars. Une salle mythique qui a vu les premiers pas de légendes telles que les Rolling Stones, David Bowie, The Police, The Who, The Cure, Jimi Hendrix, Pink Floyd, Joe Cocker… Malheureusement, il n’existe aucune trace audio de ce concert.

 

Si le printemps est assez calme, Trust donne toutefois quelques concerts : une soirée à Reims suivie d’un nouveau passage au Bataclan (20 et 21 mars 1981) avant de faire un saut de puce chez sa gracieuse Majesté les 28 mars (Leeds, en ouverture de Motörhead) et 29 mars à Londres (nouveau passage en tête d’affiche au Marquee). Des concerts donnés « juste le plaisir de jouer, nous demandions au management de nous organiser des dates hors cadre des tournées. »

 

Le public anglais est si réceptif au hard rock de Trust – la presse à même désigné son rock sous le terme de « Boogie with brain » – que les Français organisent, exploit unique en France, une tournée en tête d’affiche. Le rythme y est aussi effréné que sur la tournée Killers : entre le 22 mai (St Albans) et le 11 juin (Londres), ce sont pas moins de 18 concerts qui finissent de séduire nos voisins. Si Vivi conserve de nombreux souvenirs, la date de clôture au légendaire Hammersmith Odeon « reste un grand moment » . On peut l’imaginer, en effet (même si la date de Londres indique le Lyceum, salle tout aussi légendaire mais de moindre capacité et surtout située dans une autre quartier). Ces concerts ouvrent au groupe les portes du festival de Reading. Mais c’est une autre histoire… Car désormais stable, Trust envisage déjà, naturellement, de donner un successeur à Répression et profite de toutes ces dates pour tester un peu de nouveau matériel, toujours en compagnie de Nicko dont Vivi parle avec admiration : « Nicko a un jeu incroyable ; autant visuellement que rythmiquement, c’est un plaisir pour un bassiste de jouer avec lui, j’ai beaucoup appris. »

 

Répression est entré dans la légende. Il reste un album exemplaire et indispensable. Un disque, une période même, qui a permis à Bernie, Nono, Vivi, Jeannot, Moho, Nicko et Kevin de, comme le conclut Vivi, vivre « Une très grande période de notre vie, c’est comme un rêve d’enfant qui se réalise… » Un rêve qui a hanté nombre d’esprits et ouvert de très nombreuses perspectives au heavy rock hexagonal.

 

Une période qui refait surface douze ans plus tard lorsque parait un album live enregistré lors des dates de Nice, Nantes et Lyon. En 1992, en effet, le public peut découvrir ce disque noir témoignage explosif de cette période. 14 titres – plus une intro – dont le rare Darquier (face B du single Le mateur paru en 1979) et deux reprises d’AC/DC – Problem child et Live wire. D’une manière quelque peu étonnante, il ne figure que 3 titres de Répression (Monsieur Comédie, Fatalité et Antisocial). Mais le public peut également découvrir un nouveau titre, Les brutes qui figurera sur le futur album. Peu importe après tout, car ce live entre vite dans la catégorie des indispensables du genre. Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour le publier ? Les causes en sont principalement techniques, comme l’explique Vivi : « Effectivement, plusieurs concerts ont été enregistrés durant cette tournée et les bandes sont restées dans les locaux de CBS pendant des années. Les enregistrements se faisait en analogique sur des bandes magnétiques 24 pistes, qui avec le temps se dégradaient. Un mauvais stockage avait abîmé les bandes. A la première lecture sur un magnéto, l’oxyde de fer se décollait de la bande magnétique et s’accumulait sur les têtes de lectures. Il a fallu trouver un studio équipé de magnétos Studer qui permettait de lire une seule fois la bande et de la copier directement en numérique. » Ce qui explique sans doute l’absence de nombreux titres de Répression. Mais on ne se lasse pas de ce live, dernier vestige d’une époque révolue magique.

 

Merci à Vivi d’avoir apporté spontanément tous ces éclairages et répondu à mes nombreuses sollicitations et questions, ainsi qu’à Sabrina (Verycords) d’avoir tenté d’organiser une rencontre avec Nono, rencontre avortée à cause d’un certain confinement…
Source des illustrations (affiches, billets de concert, disques…): internet

 

 

TRUST: Fils de lutte

Hard rock, France (Verycords, 2019)

Malgré une carrière en forme de montagnes russes, Trust reste une des valeurs sûres du hard rock français. Aujourd’hui plus rock que hard, d’ailleurs, ce que Bernie a toujours clamé haut et fort. Depuis les retrouvailles avec Nono et l’enregistrement du remarqué Europe et haines en 1996, Trust a trouvé une nouvelle voie musicale, franche et directe. Cette voie s’est retrouvée sur l’album « interdit » paru en 2000, le splendide Ni dieu ni maître, et bien plus récemment sur Dans le même sang, le dernier album en date du gang paru seulement l’an dernier. Un an seulement sépare deux albums studios de Trust! Comme à ses débuts, en somme. Et Trust nous l’avait prouvé lors de sa dernière tournée qui a sillonné la France, en passant, enfin, par le Hellfest: le groupe est en forme. La niaque est bien présente alors tant qu’à faire, « battons le fer tant qu’il est chaud ». D’autant que, engagé comme toujours, la période est propice pour nourrir la colère de Bernie. Fils de lutte propose aujourd’hui 12 titres, parfaitement mis en son par Mike Fraser. De Portez vos croix à Delenda, chaque titre fonce droit au but. Le verbe haut, Bernie continue de dire ce qu’il a a dire, sans détour. On sourit avec Miss Univers, qui a tout de la diatribe anti Macron, on approuve cette vérité que l’on veut cacher qu’est « la saloperie humaine, on n’en fera jamais le tour » sur Y’a pas le feu mais faut brûler, les éternelles excuses trouvées par tout un chacun sur C’n’est pas ma faute. Bernie est vindicatif, et il y en a pour tout le monde, de la droite qu’il exècre à la gauche qu’il ne tiens pas – plus – en très haute estime. Les gilets jaunes alimentent d’ailleurs une bonne partie de l’album, eux désignés par Bernie comme « le peuple des ronds-points », et illustrés dans le masque à gaz de la pochette. Avec Fils de lutte, Trust démontre simplement être très en forme. D’ailleurs, ça fait combien de temps qu’un batteur n’a pas joué sur deux albums successifs de Trust? De mémoire, ça doit remonter à… 1979 et 1980, soit les deux premiers méfaits. Ici, c’est encore plus fort puisque c’est le line-up même qui reste inchangé! Un bel exploit, rarissime, donc qui semble montrer que le groupe a trouvé un juste équilibre. Il le prouve tout au long de ces 12 titres finalement imparables composés en quelques semaines et enregistrés dans l’urgence en 3 jours. A l’ancienne, afin de garder une certaine spontanéité. C’est réussi.

TRUST: Dans le même sang

Hard rock, France (Verycords, 2018)

Il n’est jamais trop tard pour bien faire. On en a parlé de ce disque lors de sa sortie, mais pas ici; alors profitons d’un peu de calme pour revenir sur Dans le même sang, le dernier album studio de Trust. Près de dix ans après un 13 à table de moyenne facture, le duo Bernie-Nono se retrouve, réintègre David Jacob à la basse – ce qui a bien fait rager Vivi, normal… – récupère Iso Diop à la seconde guitare et déniche un certain Christian Dupuy, un gamin adopté pour tenir les baguettes et rythmer le tout. Lire la suite

TRUST: Live Hellfest 2017

Hard rock, France (Verycords, 2017)

Il en aura fallu du temps pour que Trust se produise au Hellfest. Nous ne reviendrons pas sur le premier rendez-vous raté qui devait voir notre fleuron national jouer en tête d’affiche, ni même sur cette prestation en demi-teinte qui, d’un commun accord, ne fut guère représentative de ce qu’est vraiment Trust. Nous n’en aurons jamais confirmation, mais je reste persuadé que le concert étant enregistré pour ce live, le groupe a reçu pour consigne de ne pas s’emporter et Bernie de laisser ses humeurs au vestiaire. Même si ce Live Hellfest 2017 a, depuis sa sortie fin 2017, été disséqué, décortiqué et critiqué sous toutes ses coutures, même si le look de vacancier plagiste de Bernie surprend toujours autant, même si, même si… on reste surpris par l’étonnant choix que fait Trust, face à quelques dizaines de milliers de spectateurs, de démarrer son set par L’archange, titre d’une remarquable efficacité mais encore inconnu de ceux qui n’ont pas vu les Parisiens sur scène lors de leur récente tournée marathon. Ce morceau, tout comme le non moins efficace Democrassie, figurera sur le nouvel album à paraître cette année. Le reste de la setlist est quasi impeccable: on aurait pu se passer d’un Surveille ton look au profit d’un Idéal ou d’un Par compromission par exemple (il est urgent de réhabiliter ce quatrième album trop injustement décrié!) et gagner un peu de temps au lieu d’imposer un rappel. Car, sur l’heure qui lui est allouée, Trust offre un set d’à peine plus de 57′. Franchement, malgré le souvenir mitigé que m’a laissé cette prestation, si l’on s’en tient à l’audio (les images confirment le rôle purement musical et figuratif de David Jacob et Iso Diop à la mobilité limitée, mais montrent un Christian Dupuy simplement  heureux de battre le rythme), Trust confirme que sa musique se suffit à elle même. Un rock puissant, direct, d’une efficacité redoutable et remarquable. On pouvait s’attendre à pire, et le résultat est, finalement, une agréable surprise (même si un livret manque cruellement…)

TRUST live à Paris: le Bataclan, 8 octobre 2017

Pour son troisième concert de la série depuis longtemps annoncée de 5, Trust investit le Bataclan. La devanture annonce Trouble en première partie. Nom sympathique, voire prometteur qui, instantanément, m’évoque Deep Purple…

Un peu avant 19h30, Trust et son équipe montent sur scène. Bernie demande, simplement et sobrement au public encore peu nombreux de prendre la main de son voisin. « Nous allons faire une minute de silence à la mémoire de ceux qui sont tombés ici ».  Une minute naturellement respectée, puis applaudie. Sur un des retours, une bougie blanche est d’ailleurs allumée, et le restera tout au long du concert.

A 19h30, Trouble monte sur scène. Deux femmes aux basse et guitares, un gars, aux claviers. Et non… Le trio n’a rien de commun avec la légende mentionnée plus haut. Le groupe bruxellois nous propose un set new/cold wave, électro étrange mais poliment accueilli. La chanteuse communique aisément avec le public, et se met parfois à danser sans que l’on ne comprenne vraiment sur quel rythme…. Un truc dans sa tête qui fait effet, mais qui ne me touche pas du tout. A part le final de Revolution, son dernier morceau, Trouble n’est pas dangereux, et n’est pas mon truc. Passons.

Certains critiquent ce que Trust est devenu sur la base d’une prestation en demi teinte, sans superbe, au Hellfest, et d’un récent live quelque peu bousculé sur les réseaux sociaux… C’est la troisième fois que je vois Trust cette année et laissez moi simplement écrire ceci: si Trust n’est certes plus le grand groupe destructeur et dangereux qu’il fut naguère, celui des années 80, il a le mérite de ne pas proposer deux fois le même show, setlist mise à part. A Blois, Bernie était plus rappeur que rocker, enragé et engagé. Au Hellfest, étrangement réservé, sans doute parce que le show était enregistré et le temps limité. Ce soir, il est enjoué, dynamique et simplement en grande forme même si le vocaliste est plus… « raisonnable » dans sa relation avec le public, multi-générationnel mais surtout composé de sexagénaires venus saluer le mythe. Un détail me tracasse tout de même: là où, dans les années 80, Trust avait pour décor de scène un bulldozer, « symbole d’une jeunesse qui refuse vos magouilles politiques », le décor est aujourd’hui composés de chiens en peluche et d’une lampe de salon… Trust serait-il devenu un groupe pantouflard? C’était la blague que je ne pouvais rater, car, non, la tournée interminable et la pêche des frères ennemis Nono et Bernie tendent à prouver le contraire.

Mélangeant classiques (Préfabriqués, Au nom de la race, Marche ou crève, Fatalité et un plus que bienvenu Comme un damné ainsi que Certitude… solitude et l’indispensable Antisocial) à des titres plus récents (La mort rôde, Le temps efface tout) ou ceux que nous découvrirons sur le futur album (dont la sortie est désormais prévue – pourquoi? L’album est prêt – début 2018) et qui semblent prometteur d’un Trust très en forme. Il y a certes L’archange, presque un classique, qui ouvre chaque concert de ce Au nom de la rage tour, mais également le très groovy Démocrassie, ou un Exterminateur introduit par un joli discours de Bernie: « une chose est sure: nous sommes passés du stade de prédateurs à celui d’exterminateur. Ce morceau est dédié à tous les électeurs de Macron ». Euh, Bernie… Tu aurais préféré qu’on vote pour Marine? Ah, sans doute faisais-tu référence au premier tour !

En dehors de cela, il n’y a guère de saillie, Bernie est moins tranchant, moins vindicatifs que lors du concert de Blois, par exemple. L’humour est de rigueur, Bernie chariant son groupe lors de la présentation des musiciens: David Jacob, bassiste a pieds nus: « c’est ça, les bassistes, ça s’achète des instruments mais ça ne peux plus s’habiller », Christian Dupuy, le batteur: « on a adopté un enfant » (Nono avait parlé, à Blois, d’adoption de bébé), et Nono n’échappe pas à la règle, tout de blanc vêtu… La forme est là, cependant, et je ne formule qu’un regret: au regard de ce qui fut joué les deux jours précédents, la setlist ne bouge que peu. Deux-trois titres diffèrent alors que Trust aurait pu, comme l’a fait ADX lors du PMFF a chacun de ses 3 concerts en janvier dernier, proposer un tracklisting différent. D’autant plus pour ceux des fans ayant acheté les pass 5 jours proposés… On aurait bien voulu entendre des morceaux différents du reste de la tournée. L’élite est régulièrement joué, mais quid de Bosser 8 heures, Dialogue de sourds, Mr Comédie, Les sectes, Le mitard,  Paris, I shall return (plutôt que Surveille ton look). Et quid du tant décrié 4ème album? Par compromission, Idéal, Varsovie, Purgatoire? Ce disque ne mérite pas d’être oublié, mais bien redécouvert tant il recèle de pépites… Dommage, l’occasion aurait été vraiment belle d’enregistrer ces 5 concerts pour en faire un vrai document historique, complémentaire du Live Hellfest récent.

N’empêche, cela semble un choix de plus en plus judicieux que celui de faire le pari de salles de taille moyenne. La proximité avec le public est réelle, Bernie fustigeant ce soir ceux au balcon qui restent assis. « Et vous, là haut, levez vous! On est tous debout ici, c’est un concert de rock! » Trust est sans doute le groupe français qui aura, en 2017, joué – Hellfest mis à part – devant le plus grand nombre de spectateurs. Et personne ne semble pouvoir les concurrencer sur le nombre de salles visitées. Trust est en forme et ça fait plaisir à voir. Vivement le prochain album – et une autre tournée?

Ah, dernière chose: Bernie fut prompt à Blois – et sans doute ailleurs – à demander au public de regarder le concert avec ses yeux plutôt qu’à travers un téléphone. Ce soir, rien. Lassé de se répéter, le gaillard? ça ne rate pourtant pas, l’effet Antisocial, c’est ça :

La prochaine fois, tu veux rester tranquille avec tes fans, Trust? Commence avec Antisocial, ensuite on sera entre nous!

Merci à Sabrina et Veryshow d’avoir rendu ce report possible.

Histoire d’une légende: TRUST

logo Trust (FRA)

 

Trust. Un nom qui claque aussi sèchement qu’une corde de guitare qui cède en plein solo. Un nom prédestiné pour un des rares mythes français du rock tant les obstacles dressés sur le chemin de la gloire furent parfois – souvent – difficiles à surmonter. Car en cette année 1976, année où tout a commencé, il en fallait de la foi et de la confiance en soi. Il fallait y croire ! Depuis, Bernie et Nono sont devenu au rock français ce que Mick Jager et Keith Richards ou Joe Perry et Steven Tyler sont à l’international: les enfants terribles, un duo aussi conflictuel qu’inséparable. C’est ce qui fait d’un groupe une légende…

Bernard Bonvoisin est né le 9 juillet 1956 à Nanterre, en banlieue parisienne. Son enfance, il la passe au milieu des murs gris des cités dortoirs qui fleurissent à l’année. Autant dire que la zone devient son terrain de jeu, son domaine privilégié. « Bernie », comme on le surnomme, n’a pas 20 ans lorsqu’il intègre Taxi, groupe au sein duquel il rencontre le bassiste Raymond Manna.

Au cours de l’été 1977, les deux compères rencontrent Norbert « Nono » Krief, lui aussi né en 1956, et guitariste au Club Méditerranée. Le courant passe entre les trois hommes et il n’en faut pas plus pour qu’ils décident de fonder leur propre groupe, Trust. Pendant quelques temps, la batterie est tenue par Omar Benmalbrouk, juste assez longtemps, en fait, pour que Trust puisse donner son premier concert, en ouverture de Bang, au Golf Drouot, le 1er septembre 1977.Et déjà Trust se démarque du reste de la scène hexagonale par ses guitares incisives et ses paroles directes, ainsi qu’une attitude rebelle qui n’est pas sans évoquer celle que développent, outre-Manche, ceux que l’on appellent les « punks »

Dans les semaines qui suivent, Trust obtient un contrat discographique avec Pathé Marconi et investit les studios de Boulogne Billancourt pour y enregistrer, en compagnie de Jean-Émile « Jeannot » Hanelat, son nouveau batteur, son premier 45 tours, Prends pas ton flingue. Par un heureux hasard, un certain Bon Scott, chanteur d’AC/DC, est présent, repérant les lieux pour l’enregistrement du futur album des Australiens d’AC/DC. Or, Bernie et Nono sont tous deux de grands fans du groupe et n’hésitent pas un instant à embarquer Bon afin de lui faire écouter leur version du Love at first feel, dans la version que Trust a intitulée Paris by night et qui doit figurer en face B dudit 45t.

Pourtant, sans que Trust ne le sache, un coup bas se trame dans les locaux de Pathé Marconi : la maison de disques a pleinement conscience du potentiel des Parisiens et n’a signé Trust que pour mieux le contrôler. Ou, plus précisément, pour s’assurer que Trust ne fasse pas d’ombre aux autres poulains du label, Téléphone. Les belles promesses de ce 45t ne représentent finalement qu’un leurre, une carotte derrière laquelle court l’âne – ou ceux que l’on prend pour tels – sans pouvoir l’attraper. Mais Bernie n’est pas du genre à se laisser… berner impunément et c’est dans une rage folle qu’il envahit les bureaux du label exigeant l’annulation du contrat. Il est, ce jour-là comme bien d’autres à l’avenir, suffisamment persuasif pour l’obtenir.

L’esclandre a tôt fait le tour de Paris, aux bons soins des responsables de Pathé, et d’aucun pourrait dès lors penser que la carrière de Trust n’ira pas plus loin. Et pourtant… Bernie, Nono, Ray et Jeannot ne baissent pas les bras et envahissent les studios de répétition et les scènes dès que se présente une opportunité. Chaque concert attire un public plus nombreux que le précédent, un public amateur de décibels, de l’énergie brute du punk et de l’efficacité directe du hard rock. Hervé Muller, journaliste, se prend alors de passion pour Trust et propose de manager le groupe. C’est une véritable aubaine qu’un homme « d’influence » décide de le prendre sous son aile. Mais ce n’est toutefois fois rien, ou presque, en comparaison de l’offre que reçoit Bernie de Bon Scott, avec qui il a gardé contact, en personne : que Trust ouvre pour AC/DC lors du concert que les   australiens donneront au Stadium de Paris le 24 octobre 1978. Bien évidemment, AC/DC attire un vaste public, au sein duquel se trouvent les responsables de CBS. Scotchés par la prestation, et faisant fi du scandale encore tout chaud, ils ne tardent pas à offrir un contrat en or à Trust. Et cette fois, l’accord n’a rien de commun avec la mauvaise expérience de Pathé. Les moyens déployés traduisent la volonté de CBS de permettre à Trust de percer.

C’est ainsi que les 4 s’envolent pour Londres, la mythique, et prennent possession des studio Scorpio sound. Bien que manager, Hervé Muller décide de produire l’album mais s’avère bientôt incapable de tenir ce rôle et se voit remercié avant la fin de l’enregistrement. Heureusement, pour avoir travaillé avec des pointures du rock (Jeff Beck) ou de la variété (Supertramp ou Elton John), l’ingénieur du son, Denis Weinrech, connait son métier sur le bout des doigts et termine l’enregistrement du disque.

C’est donc un album – presque – sous le bras, et sans manager, que Trust rentre en France. La recherche d’un nouvel « homme d’influence » se conclue par un accord avec un certain Bobby Bruno, dont l’objectif avoué est de tout mettre en œuvre pour que le groupe tourne le plus possible et de l’imposer, rapidement, sur le marché français.

Au mois de mai 1979, CBS commercialise le premier album éponyme de Trust. C’est peu dire que ce disque fasse l’effet d’une bombe ; sur fond de hard rock survolté, Bernie crache son venin et critique ouvertement la société moderne. Qu’il s’agisse de politique, de mode, de mœurs, quelques phrases, parfois seulement quelques mots prononcés dans L’élite, Bosser huit heures, Palace, Préfabriqués…  suffisent à dénoncer et pointer du doigt des états de faits « acquis » que Bernie – et nombre de jeunes ou moins jeunes – refuse d’accepter comme tels. Ce qui aurait pu ne passer que pour un incident dû à la colère non contenue dans les bureaux de Pathé se traduit par un album simplement explosif. Et Police milice transforme vite Bernie en une cible prioritaire de la flicaille hexagonale.

A peine cet album en bacs, Trust repart en croisade sur les routes françaises, avec un nouveau line-up : Ray vient de partir et se voit remplacé au pied levé par Yves « Vivi » Brusco. De septembre à novembre, Trust aligne 3 mois de tournée qui débutent bien difficilement à Lille devant à peine plus de 10 personnes… Mais le bouche à oreille, conjugué aux ventes croissantes du premier album, fait son office : les salles se remplissent plus que celles de la veille et Trust termine son périple dans des salles archi-comble. Un phénomène vient de naitre, il ne reste qu’à le viabiliser.

Les ventes, d’ailleurs, sont telles que Bobby Brune envoie ses poulains jouer en dehors des frontières nationales ; Trust se rend ainsi en Belgique, en Suisse, en Italie avant de rentrer en France et d’y découvrir que Trust est devenu disque de platine ! Un véritable exploit pour un groupe qui chante en français, langue habituellement « inconvenante » au rock mais qui, paradoxalement, n’a rien de surprenant au regard de la qualité des textes qui sortent largement des sentiers battus ou qui n’ont plus rien de rebelle. Les mots de Bernie sont « vrais », crus et directs. C’est donc en triomphateur que Trust joue, le 12 janvier 1980, dans un Pavillon de Paris survolté avant de se démarquer, une nouvelle fois, en donnant un concert exceptionnel devant les détenus de la maison d’arrêt de Fleury Mérogis le 24 janvier.

Sans perdre un instant, le groupe retourne à Londres et retrouve ses marques au Scorpio Sound afin d’y enregistrer son second album. De nouveau, et sans que rien n’ait été planifié, Trust y retrouve Bon Scott et AC/DC, venus donner naissance au successeur du multiplatine Highway to hell. Les deux chanteurs s’attèlent même à la traduction en anglais des textes du futur album de Trust mais leurs efforts sont stoppés nets lorsque, le 19 février, le corps inerte de Bon Scott est retrouvé à l’arrière d’une voiture. Le vocaliste est mort par étouffement après avoir, la veille au soir, bu plus que de raison. Le choc est rude, mais l’enregistrement de Répression continue malgré la colère que peuvent éprouver les Français.

Lorsque Trust retraverse la Manche, au mois de mars, c’est pour repartir sur les routes. Bobby Bruno a mis en place une nouvelle tournée qui doit définitivement imposer Trust à domicile. Et ailleurs, autant que possible. La tâche lui est facilitée par l’implication de ce que l’on désigne alors comme une radio périphérique (il n’y a en France, en 1980, que 4 stations de radio). Europe 1 diffuse en boucle, ou presque, Antisocial, le premier 45t extrait de Répression. Plus qu’un hymne, ce titre devient rapidement le cri de ralliement d’une jeunesse française en plein éveil.

Répression sort enfin le 30 mai 1980. La France entière lui fait un triomphe à nul autre pareil. Vendu par palettes entières, Répression devient disque d’or puis platine dans l’année. Bernie tape sur tout et tout le monde ; tous les thèmes sensibles et d’actualité y passent de manière à la fois aussi directe et plus subtile que sur le premier album. L’ayatollah Khomeiny et Jacques Mesrine mis à part, Bernie vise tout le monde sans citer personne transformant ses paroles, puisées dans l’actualité (Fatalité, Instinct de mort, Les sectes, Antisocial…) en textes intemporels, touchant bien plus qu’une génération. Dès lors, Bernie devient une sorte de grand frère. Sans surprise, la tournée Répression dans l’Hexagone – qui voit arriver un second guitariste en la personne de Mohammed Chemleck – se déroule dans des salles pleines. Mais le rythme infernal que vit le groupe pousse Jeannot à quitter Trust. Il est alors remplacé par Kevin Morris pour le reste de cette tournée.

Devenu, avec Téléphone, le groupe phare de la scène rock hexagonale, Trust peut terminer l’année 1980 en beauté. C’est donc confiant que CBS commercialise dès le début de l’année suivante la version anglaise de ce disque, simplement baptisé répression version anglaise. Les versions de travail traduites avec Bon Scott ayant – un malheur n’arrive jamais seul, dit-on ? – été volées, les textes ont été retravaillés en anglais par Jimmy Pursey. Le groupe veut percer à l’étranger et se retrouve embarqué dans une tournée anglaise en première partie d’Iron Maiden. Un nouveau batteur fait son apparition en la personne de Nicko Mc Brain (notez ici qu’aucun batteur ne fait long feu chez Trust, Jeannot étant le seul à avoir enregistré 2 albums studio…) Les Anglais ne pouvaient rêver meilleurs chauffeurs de salle tant l’énergie déployée par les Français est intense. Le Royaume-Uni adopte facilement Trust qui s’offre même le luxe d’y organiser une tournée de 20 dates en tête d’affiche – incluant le mythique Marquee – entre le 20 mai et le 11 juin 1981.

Un mois à peine après ce périple européen, la formation s’envole en direction de Stockholm où les studios Polar ont été réservés. Trust doit y enregistrer le plus qu’attendu – quoique commercialement, le groupe pourrait continuer de capitaliser sur les ventes – successeur de Répression. Mais ce troisième album représente une étape primordiale dans sa carrière. Alors, de nouveau, les moyens sont là : la production est confiée à Tony Platt, ingénieur du son d’AC/DC ou Foreigner (au côté du producteur Robert John « Mutt » Lange sur Highway to hell, Back in black ou 4…). Il suffit d’à peine 6 semaines, du  15 juillet au 25 août, pour mettre en boite Marche ou crève dont le mixage se fait dans la foulée à Londres. Trust profite de ce nouveau séjour anglais pour participer au légendaire festival de Reading, le 29 aout.  De nouveau, le groupe y fait un triomphe, au grand dam de la tête d’affiche, Ian Gillan, ex-chanteur de Deep Purple qui craint de voir les Français lui voler la tête d’affiche. Il exige alors que la sono soit, purement et simplement, coupée à la fin du set, empêchant Trust d’assurer le rappel pourtant demandé par le public ; Sans surprise, Gillan doit affronter tout un groupe dont les musiciens et techniciens sont furieux de ce coup bas et de ce manque de fair play. Rapidement, la « discussion » se transforme en pugilat. Gillan, il faut le croire, n’a jamais eu vent du fameux épisode Pathé… Mais le caractère de Bernie est bien le même. Fin de l’histoire…

Profitant du mixage de Marche ou crève, Trust décide d’en enregistrer une version anglaise, qui sera intitulée Savage. A grand renfort de pub, la VF parait en France le 12 octobre 1981, dans un pays en pleine mutation depuis l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, premier socialiste à la tête de l’Etat depuis plus de deux décennies. Quelle que soit la couleur qu’affiche le pays, cependant, force est de reconnaitre que Bernie manie le verbe avec autant de tranchant, de précision, de rage et de sens critique. Certitude… solitude, premier extrait de l’album, devient vite un tube, Ton dernier acte, hommage à Bon Scott, un hymne, mais l’album est bientôt considéré moins efficace que Répression. Le défi et les attentes, il est vrai, étaient de taille.

Il n’empêche… Starifié en France, presqu’idolâtré au Royaume-Uni, Trust se voit proposer d’ouvrir pour Judas Priest (également chez CBS) à travers le monde. Une opportunité en or sur laquelle n’importe quel groupe sauterait. Mais Trust n’est pas n’importe quel groupe et fait le choix de monter une nouvelle tournée qui doit débuter au mois de novembre. Trust refuse donc cette offre et sort l’artillerie lourde. Le spectacle met en scène un gigantesque bulldozer, symbole de Trust et de toute « une jeunesse qui refuse vos magouilles politiques ». Mais le public répond moins à l’appel. En France, car le nom de Trust circule au-delà de nos frontières. Ainsi, le quintette assure-t-il la tête d’affiche du festival Rockpalast à Cologne (Allemagne) le 5 juin 1982. Un événement suffisamment important pour que ce concert soit en partie rediffusé à la télévision française. Trust profite de sa présence sur place pour tourner en Allemagne en assurant la première partie de… Iron Maiden. Cependant, après avoir connu un démarrage fracassant, Marche ou crève voit ses ventes faiblir. Il est très difficile de donner un successeur à la hauteur d’un Répression (d’autres groupes ont subi le même sort…) et le public fait part de sa déception, ou d’une certaine lassitude, en se rendant moins nombreux aux concerts. Le monde aurait-il été, finalement, un choix plus judicieux ?

Pour ne rien arranger, alors que l’entente était au beau fixe, Nicko McBrain décide de quitter Trust. La tournée marathon qu’a effectué Iron Maiden à travers le monde pour promouvoir The number of the beast a littéralement épuisé Clive Burr pour qui un retour à la vie civile est nécessaire. Nicko rejoint donc le groupe de Steve Harris (qu’il ne quittera jamais) tandis que Trust, prêt à enregistrer un nouvel album, embauche… Clive Burr !

Ce disque, trust le veut exceptionnel à tout point de vue ; sans pouvoir parler d’échec, Marche ou crève n’a pas eu le succès escompté et Bernie, Nono et Vivi savent qu’ils doivent frapper un grand coup. Enregistré et produit par Andy Johns, qui a notamment travaillé avec Led Zeppelin, Trust – également appelé IV ou Idéal, du nom du premier single – laisse, dès sa parution en septembre 1983, le public coi. Oui, on peut parler de surprise ! Trust réussit à plus que surprendre son public, ses fans et la critique en explorant de nouveaux univers et horizons musicaux, en ajoutant des instruments inhabituels pour le rock, plus encore pour le hard rock (des violoncelles, un saxophone, ce dernier déjà utilisé sur les albums précédents) ainsi que des chœurs d’opéra. De plus, si les 5 premiers titres traitent de thèmes chers à Bernie (des dérives religieuses – Par compromission – à la politique internationale –Varsovie – ou l’absurdité de la guerre –Idéal), IV déroute le public avec sa seconde partie, la célèbre « face du diable ». Quatre chansons purement conceptuelles qui traitent du bien et du mal, de vendre son âme au diable et des conséquences à affronter. Dérouté, le public n’adhère pas (à tort…) et hurle même à la trahison. Et pourtant, Trust signe là une œuvre magistrale, avant gardiste (les arrangements classiques sont depuis devenus monnaie courante, non ?) et totalement incomprise par un public qui, fermé ?, n’attend qu’un nouvel Antisocial sans accepter la possibilité que les artistes puissent simplement souhaiter d’évoluer en ne se répétant pas.

Las… Non seulement le public n’achète pas le disque, mais il déserte également la gigantesque « tournée des cent jours » que Trust voulait tout aussi exceptionnelle. Le résultat est sans appel : les frais engagés se soldent par des pertes financières proportionnelles et Trust se voit dans l’obligation d’annuler de nombreuses dates… Face à cet échec retentissant, Clive Burr décide de quitter son poste.

Comment une formation devenue en l’espace de deux albums le symbole du hard rock français, la fierté hexagonale, a-t-elle pu se retrouver décrédibilisée en si peu de temps ? La réponse est multiple et complexe… D’abord, dès ses débuts, Trust a été comparé à AC/DC, un rapprochement uniquement basé sur l’esprit musical. Certes, les des formations jouent un hard rock direct, efficace et qui va droit au but. Certes, les musiciens sont devenus amis et proches. Certes, les deux groupes ont travaillé avec des personnes communes. Néanmoins, il s’agit de deux groupes distincts et si le son des Australien est immédiatement identifiable – AC/DC jouant « toujours la même chose » – Trust a su développer sa personnalité propre en explorant d’autres horizons. Ce que le public semble difficilement accepter. Ensuite, surtout, le succès fulgurant rencontré par les deux premiers albums de Trust a secoué les maisons de disques et suscité de nouvelles vocations chez les jeunes musiciens. Ainsi, dès 1981, la concurrence a déployé une véritable armada, Warning (Polydor) et Satan Jokers (Vertigo) démontrant que le hard rock français ne tient pas qu’en un seul nom. A partir de 1983, d’autres formations émergent soutenues dans leurs ambitions par de nouveaux labels non moins ambitieux (Axe Killer, Devil’s records…) et envahissent le territoire ; Sortilège, Vulcain, Blasphème, H-Bomb, ADX… Chacun attend qu’arrive, à force d’originalité et de tournées, son heure de gloire. Bref, si Trust est un modèle, personne n’hésite à venir marcher sur ses plates-bandes et lui faire de l’ombre. Enfin, et c’est sans doute là une erreur stratégique, Trust aurait dû accepter cette tournée en première partie de Judas Priest qui aurait pu lui ouvrir le marché mondial… mais cela, personne ne le saura jamais.

Malgré les différends qui croissent au sein du groupe, Trust remet – du mois l’espère-t-il – les pendules à l’heure en publiant au mois de septembre 1984 son cinquième album studio, sobrement intitulé Rock’n’roll. A l’instar de Lemmy, Bernie n’a jamais accepté l’étiquette « hard rock », bien trop réductrice. Trust est un groupe de rock, point ! Mais, une fois encore, les fans ne l’entendent pas de cette oreille. Le rock français, c’est téléphone, Trust reste LE symbole du hard rock… Les familles s’étripent jovialement dans une inutile guerre de clochers… Alors, lorsqu’en plus les premières notes du nouveau single arrivent sur les ondes, plus personne ne comprend : serre les poings baigne dans une atmosphère de claviers et n’est pas sans rappeler le Jump de van Halen. Si les Américains jouent ce  qu’ils appellent du Big rock et peuvent tout se permettre, Trust, en clamant ne jouer que du rock déstabilise encore plus ce qui reste de son public. User d’un instrument qui « n’a pas » sa place au sein du triptyque guitare basse batterie relève presque de l’hérésie selon certains. De fait, la nouvelle tournée, réduite au minimum, n’attire guère de monde au point même que le France Festival, qui se voulait être la grande fête du hard rock français en réunissant près d’une trentaine de groupes les 6 et 7 juillet 1985 et pour lequel Trust est tête d’affiche, n’attire qu’a peine plus de 2.000 personnes. C’est la débandade, le discrédit pour plus d’un groupe et le 31 juillet 1985 lors d’un concert en Bretagne – à Ploubalay – Bernie annonce la dissolution de Trust. On enterre ce soir la légende, le mythe, la fierté du hard rock hexagonal. Mais quelle autre possibilité y avait-il dans un pays où le public ne soutient que timidement ses propres groupes ? RIP Trust. Ce fut bon quand même…

La disparition de Trust sonne le glas du hard rock français. Non seulement la majeure partie des jeunes formations nationales jette-t-elle l’éponge, les plus anciennes aussi se éparent…Coïncidence ? L’autre géant du rock français, Téléphone, annonce aussi mettre un terme à ses activités. Bref, il ne reste en France que les « seconds couteaux » – Vulcain, ADX, Killers… – animés d’une passion pour la musique qui demeurent et persévèrent, espérant pouvoir occuper la place laissée vacante.

Chacun des désormais ex-Trust vaque à ses occupations. Nono joue au côté de Johnny Haliday tandis que Bernie s’adonne à sa passion du blues et enregistre Couleur passion. La France ne dispose plus, pour l’heure, d’une formation phare. La séparation de Trust a fait entrer le groupe dans la légende, en dépit du mauvais accueil reçu par ses dernières productions. Le vide devient bientôt oppressant et le public espère, réclame même, une reformation. Demande confirmée, et de quelle manière !, par l’accueil triomphal que lui réserve le public lors d’un concert d’AC/DC au Zénith de Paris (le 6 avril 1988) qui a invité certains des membres de Trust à monter sur scène. Trust reformé ? LA rumeur enfle, augmentée par le fait que les thrashers new-yorkais d’Anthrax prévoient de sortir leur version d’Antisocial, qui apparait sur State of euphoria, dont la sortie est prévue en septembre 1988. Enfin, cerise sur le gâteau, ce sont les amis d’Iron Maiden qui annoncent que si Trust se reforme, ils les accueilleront en ouverture des futures dates parisiennes de la vierge de fer. Les indicateurs sont au beau fixe, les planètes alignées comme il faut.

Bernie et Nono parviennent à trouver un terrain d’entente et annoncent la reformation officielle de Trust, sous un nouveau visage : Nono est aujourd’hui secondé à la guitare par Vivi, lui-même remplacé à la basse par Fred Guillemet, Farid retrouvant son poste de batteur. Après avoir donné quelques concerts d’échauffement à Monaco, Nice et Marseille, Trust se retrouve, le temps de deux soirées, embarqué au milieu du barnum Iron Maiden qui promet son album Seventh son of a seventh son sous la houlette des Monsters Of Rock. Avec seulement 4 groupe (se trouvent également à l’affiche Helloween et Anthrax), ces deux concerts tiennent plus du mini-festival. Mais peu importe ! Les 24 et 25 septembre 1988, Trust joue au Palais Omnisports de Paris Bercy, enfin ! Seul Vulcain a pu, deux ans avant, faire entre le hard hexagonal dans ce lieu en assurant la première partie de… Iron Maiden, justement ! Tout au long de ces deux soirées, l’accueil réservé à Trust est explicite : personne n’a oublié la légende et, dès les premiers pas du groupe sur les planches, le public réagit comme un seul homme. C’est un véritable triomphe que reçoit Trust qui profite de ces deux dates pour enregistrer son premier album live.

Paris by night parait au début de l’année 1989 sous la forme d’un double live. Il n’en fallait pas moins pour rendre un juste hommage à Trust et ne donner qu’un aperçu de ce que le groupe peut donner à son public. Instinct de mort, Saumur, L’élite, Antisocial… de nombreux classique sont ici revisités  et Bernie n’a aucune difficulté à faire manger 18.000 personnes dans sa main. Le seul regret que l’on puisse avoir est l’absence d’un bœuf avec Anthrax sur Antisocial. Pour le reste, la satisfaction est là.

La carrière de Trust semble dès lors relancée, le public attendant avec impatience un nouvel album studio. Ce n’est pourtant qu’au début de l’année 1990 que parait un mini album, … En attendant, qui doit faire patienter les fans. Seulement, ce disque passe rapidement su statut de lueur d’espoir à celui de déception, car malgré de titres très rock, il ne présente rien de vraiment original. Certes, la version explosive de petit papa Noël fait sourire une ou deux fois, mais force est de constater que la mayonnaise ne prend pas.

Les fans, donc, attendent. Longtemps, même. Car entre les musiciens, le soleil n’est toujours ^pas au beau fixe. Chacun reprend ses activités, Nono retrouvant Johnny tandis que Bernie enregistre un nouvel album solo, En avoir ou pas, et tourne pour le promouvoir. Il profite aussi de ce temps pour dévoiler une autre de sa personnalité artistique au cinéma. Il tient tout d’abord un rôle au côté de Lambert Wilson dans le film consacré à l’abbé Pierre, Hiver 54, avant de passer derrière la caméra. Bernie met en scène Les démons de Jésus, un chef d’œuvre d’humour noir et glauque, une véritable satire de notre société.

Personne ne parle plus de Trust jusqu’à ce jour de 1992 où une véritable bombe fait son apparition chez les disquaires. Trust est un « nouvel » album live, tiré des bandes de la mythique tournée Répression dans l’Hexagone de 1980 ! Et l’on comprend pourquoi et comment Trust a atteint de si haut sommets aussi rapidement. Cet album, rien moins qu’un bâton de dynamite, se voit justement récompensé d’un disque d’or.

Mais ce succès n’est pas pour autant suffisant pour envisager une reformation durable, malgré la réalité des attentes publiques. Un public en manque de nouveautés rock’n’roll. Ces dernières arrivent cependant pour Trust en 1993 sous la forme d’un mini recueil de 6 raretés, The backsides. Un vrai plaisir de retrouver des faces B presque jamais sorties dont Jack le Vaillant (découvert par beaucoup sur le susmentionné live) ou Limousine

1995. Soit dix longues années après sa séparation initiale, la surprise est de taille lorsque Bernie et Nono annoncent reformer Trust sur des bases, semble-t-il, durables. WEA a réussi à convaincre les deux musiciens d’enterrer la hache de guerre. Mais cette fois-ci, Vivi ne fait pas partie de l’aventure. Il est remplacé par David Jacob, tandis que les baguettes sont tenues par John Nirox. Tous s’enferment à L’Elite studio, aux Mureaux, pour y enregistrer Europe et haines. Lorsque l’album sort, début 1996, il suffit de quelques semaines pour qu’il soit certifié disque d’or. Dès le titre d’ouverture, le ton est donné : On lèche, on lâche, on lynche est dans la plus pure tradition trustienne, direct et sans concession. Lutter sans cesse, J’ai vu Dieu, Fais où on te dit de faire montrent un couple Bernie-Nono en pleine forme et Trust revient en force. Une nouvelle tournée est mise sur pied, mais, de nouveau, le batteur se fait virer avant de prendre la route. Il est alors remplacé par Hervé Koster qui, sur la route, semble parfaitement s’intégrer. À de rares exceptions, chaque date affiche complet et c’est dans un Zénith de Paris que Trust termine cette tournée en y enregistrant un nouvel album live.

A-live est le reflet de cette tournée à succès. Le seul reproche qui puisse être fait à ce disque est d’être trop centré sur le dernier album, mais c’est bien le but d’une tournée que de promouvoir son dernier né. Pourtant, décidément instable, Trust se sépare une nouvelle fois, les dissensions internes étant à l’origine de la rupture. Et, « comme d’habitude » pourrait-on presque dire, pour combler ce vide, Sony publie une nouvelle compilation, Anti best-of, un album réunissant les meilleurs titres de Trust de la période pré 85. Eh, oui, depuis le rachat de CBS, c’est Sony qui détient de droit de cette période dorée… mais n’a aucun pouvoir sur les morceaux les plus récents.

Chacun des musiciens est donc reparti de son côté retrouver ses activités jusqu’à ce qu’un label indépendant, XIII bis records, parvienne à trouver un accord qui résulte en de nouvelles retrouvailles. Bernie et Nono retrouvent ainsi David Jacob et Hervé Koster pour se réunir une nouvelle fois à L’Elite studios où le groupe enregistre Ni dieu ni maître. La campagne de promotion démarre largement avant la sortie de l’album, et c’est d’ailleurs un double album qui est annoncé, le premier CD étant composé de nouvelles chansons, le second proposant raretés et démos dont, surtout, ce fameux enregistrement de Ride on (AC/DC) que Trust avait enregistré lors d’une jam improvisée avec Bon Scott ! C’est donc un petit bijou qui va être offert au public au mois de juin 2000. On évoque même la possibilité que Trust ouvre – enfin ! – pour AC/DC au Stade De France.

Las ! Pour des raisons « techniques », Ni dieu ni maître, parait sous la forme d’un album simple. Pas une rareté en vue, rien que des nouveaux titres. Tous, d’ailleurs, salués par la critique qui retrouve le Trust des « grands » jours avec son mordant, sa rage et tout le panache de textes engagés et enragés. Cependant, malgré l’ensemble de ces qualités, l’album ne parvient pas à être certifié disque d’or. Pourquoi ? On peut imaginer que le public ait attendu avec impatience la version double promise, une version qui, finalement, ne verra jamais le jour. Pourtant, quelques explications auraient sans doute suffi à faire patienter le public quelques semaines supplémentaires, mais non… Bernie, furieux, scande qu’on ne l’y reprendra plus. L’affaire devient scandale et se voit jugée par la justice qui tranche : Ni dieu ni maître est retiré des bacs et les enregistrements d’origine doivent être détruits. Dommage, réellement dommage, car des titres comme Môrice, Maréchal, En manque de trop sont dignes de figurer aux côtés des plus célèbres morceaux de Trust.

N’ayant rien à perdre, XIII Bis en profite pour publier un nouvel album live, Still a-live, un « double » album qui n’est autre qu’une copie de A-live avec un CD supplémentaire ne contenant que 6 titres… Un album et demi qui n’est, en plus, destiné qu’au marché étranger. Les fans français ne peuvent donc se le procurer qu’en import, un comble que la presse remarquera largement, autant que la pauvreté du livret… Un autre label, FGL, profite également de l’espace laissé vacant pour publier, comme c’est alors la mode, un double album Tribute to Trust. Le plus important des groupes hard de France est ici repris par des compatriotes d’horizons variés (ADX, Nightmare, Oberkampf, Parabellum, Misanthrope…) et par des formations étrangères (Australie, USA, Italie, Suisse…) Il était temps de rendre un sérieux hommage à Trust.

6 années passent avant que Trust ne remonte sur scène, le 8 juillet 2006, au festival des Terres Neuvas à Bobital. C’est le line-up d’anthologie qui revient, composé des éternels Bernie et Nono, qui retrouvent Vivi à la basse et Farid à la Batterie. Un second guitariste rejoint ce quatuor en la personne d’Iso Diop que l’on retrouvera à l’avenir. Trust retire de ce concert un nouveau live, Campagne 2006 : soulagez-vous dans les urnes qui, outre le CD,  exploite le format DVD et propose 3 chansons inédites: Sarkoland, La mort rôde et Chaude est la foule. Pour ces retrouvailles, quelques concerts sont prévus dont un, le 4 décembre 2007,  à l’Olympia célébrant au jour près les 40 ans du premier passage du groupe dans la mythique salle. Là aussi, un témoignage DVD sera publié – Trust à l’Olympia qui rencontre un large succès malgré les surprise que réserve ce line-up pour le moins original puisqu’est intégré un nouveau membre, le DJ, Bruno Le Goff. La setlist est totalement remanié, sans être axée sur le premier album dont seuls 5 morceaux sont issus. Le public est chaud, les médias moins. Trust continue ses allées et venues, et pourtant…

Un nouvel album est enregistré et proposé au public en septembre 2008. 13 à table se veut encore plus engagé, la politique du moment inspirant de plus en plus Bernie. Mais l’album, malgré des chansons de la trempe de Toujours parmi nous ou Tout est à tuer, peine à trouver son public. Trust continue cependant de donner quelques concerts, ici et là, plutôt que de tourner intensivement, ce qui semble lui réussir. Le Apocalypse tour se fera sur une trentaine de dates, dont une belle partie dans différents Zénith de France et quelques festivals et escapades à l’étranger. Le groupe continue de jouer en 2009, dont de nombreux festivals, ce qui suscite l’intérêt de celui qui est en passe de devenir l’incontournable du monde français du metal.

Le coup d’éclat a lieu deux ans plus tard, en 2011, lorsque Ben Barbaud, organisateur du festival qui monte, annonce que Trust sera à l’affiche du Hellfest en juin 2011 et y jouera l’intégralité de ses 3 premiers albums ! Il n’en fallait pas moins pour exciter les fans. Mais 2 mois avant l’évènement, en avril 2011, un communiqué de presse en provenance du management annonce que Trust cesse sur le champ toute activité scénique. Tous les concerts sont annulés ! Forcément, des explications sont demandées et le groupe ne parvient pas à convaincre le public. Des excuses considérées comme fausses fusent, certains membres ayant déjà pris ailleurs et bien avant des engagements qui ne sauraient être rompus. Forcément on leur rétorque « mais quand vous avez signé pour le Hellfest, vous aviez déjà connaissance de ces engagements… Alors ? »  Ben Barbaud annonce, à son tour, qu’on ne l’y prendra plus. Pourtant…

XIII bis réussit un joli coup fin 2011, alors que Nono vient enfin de sortir son album solo, attendu depuis deux décennies. Mais le résultat final n’est pas aussi satisfaisant que le public l’aurait souhaité. ce qui retient l’attention, c’est que le label a convaincu Trust de publier un CD/DVD du concert du Rockpalast de 1982. Le groupe était alors invité par la télé allemande pour un concert exceptionnel, mettant en avant les grands noms du rock. Enregistré le 5 juin 1982, Live au Rockpalast montre un Trust au meilleur de sa forme qui interprète ses titres en anglais – pas forcément le meilleur des accents diront certains, mais peu importe. Le public est plus que réceptif.

Un nouveau long break vient rythmer la vie de Trust qui se reforme en 2016 et promet une longue tournée… David Jacob, au grand dam de Vivi qui ne cache pas sa déception (le mot est faible), est de retour à la basse, Iso Diop tient la seconde guitare et c’est Christian Dupuy qui s’installe derrière la batterie. Il est jeune, enthousiaste et devient rapidement la mascotte des anciens. Trust a décidé de sillonner la France, et chois des salles de capacité moyenne, moins de 1.000 places, et généralement plus petites. Le Au nom de la rage tour s’étale sur 2016 et 2017, avec quelques interruptions, mais dans l’ensemble, Trust renoue avec son public. Et cette fois, lorsqu’un communiqué de presse annonce la participation de Trust au Hellfest 2017, tout le monde s’assure qu’il n’y aura pas un coup de Trafalgar. Le contrat est bétonné, carré et le samedi 17 juin, 50.000 personnes peuvent enfin accueillir Trust à Clisson ! Une belle journée, très orientée Hard rock/Metal vintage d’ailleurs, qui sied très bien aux Parisiens. Trust en profite pour enregistrer un nouveau live, prévu en fin d’année, dont la sortie précède une série de 5 concerts d’affilée dans autant de salles de la capitale. Entre-temps, le groupe sillonne les festival hexagonaux (Artefacts, Harley Days, Evreux…) et a  trouvé une place quasi naturelle à la fête de l’huma, le 16 septembre 2017. La tournée, qui reprend à la rentrée de septembre, semble loin, très loin de se terminer…  Rebelle et toujours debout.

Blois, mars 2017

 

 

HELLFEST: One hell of a ride (2ème partie)

Samedi 17 juin 2017                                                                                   

Réveil un peu difficile, je rate la prestation de Jared James Nichols. Mais devant interviewer les New Roses, je me pointe devant la Main 1 dès mon arrivée. Une plateforme a été installé devant la scène principale handicapant la mobilité des photographes, mais, bon… On va pas se plaindre, ce soir, c’est Aerosmith qui fait ses adieux. Reste que l’on doit faire le grand tour à chaque fois et que des kilomètres, on va en bouffer aujourd’hui, sous un nouveau soleil de plomb ! The New Roses, c’est pile ce que j’apprécie : du rock hard couillu, le genre qui évoque les Quireboys de Spike ; La prestation est simple et les sourires de sorties ; une bonne mise en jambes. Le groupe, éminemment sympathique nous offre une demi-heure de ce rock roots qui fait vibrer. Pas assez long à mon goût, mais ce n’est que partie remise !

The New Roses

Je vais voir ce qu’il se passe sous la Temple, où se produit Monolithe. Comment dire ? Ce que j’en vois et entends me fait fuir : je m’ennuie… C’est monotone, les gars ne bougent guère… Je m’offre donc une mini pause, car la suite du programme est chargée : non stop Main 1/Main 2 jusqu’à 22h15 minimum. On verra pour la suite.

Monolith

Encore un groupe pas assez haut sur l’affiche, The Dead Daisies ne bénéficie que de 30 toutes petites minutes pour séduire la foule qui se masse devant la scène. Exit donc les reprises habituelles (sauf Helker skelter), et place à l’efficacité. Long way to go, Going to Mexico, Make some noise, Mainline… vont droit au but et le public ne peut rester impassible. Faut dire que nous avons à faire à de vieux briscards qui voient leur following augmenter de jour en jour. Une des prestations les plus plaisantes du fest. Et les premières chaises roulantes commencent à survoler la foule (j’en ai compté pas moins de 9 rien que pour la journée du samedi !) Lors de l’interview que le groupe accorde à Metal Eyes, je demande s’il n’est pas frustrant de jouer aussi tôt. La réponse de John Corabi est simple : pas avec autant de monde présent.

The Dead Daisies

Les Nantais d’Ultra Vomit attirent également une foule conséquente. Le dernier album, l’inénarrable Panzer surprise ! est à l’honneur, et le quatuor est en forme. Voilà un groupe qui mérite le premier prix de la bonne humeur communicative. Très tôt, Fetus annonce « on va faire une Hell pêche : on va crier hellfest et vous levez les doigts et criez ». La consigne est traduite en anglais (« For those of you who don’t speak French… » jusqu’à ce qu’il renonce « on s’en fout ! ») et il commence à hurler « Download ! ». Un humour potache, pas graveleux (sauf l’ultra court Pipi vs. caca), un premier Wall of death, et un set qui donne simplement la banane. Vivement que l’on retrouve le groupe en salle, dès cet automne, semble-t-il.

Ultra Vomit

Phil Cambell est attendu, mais… Le guitariste de feu Motörhead and the Bastard Sons qui n’a publié qu’un Ep, donne un concert en demi-teinte. Il déambule tranquillement, sans chercher à vraiment convaincre le public. En plus, il ne prend guère de risque avec une setlist principalement composée de standards de Motörhead: seuls 2 titres sont issus de son récent Ep. Pas convainquant, pas convaincu…

Phil Campbell and the Bastard Sons

The Treatment en revanche fait tout pour gagner plus de voix en France. Les Anglais profite de l’opportunité qui leur a été proposée de remplacer Jorn « le lâcheur » pour venir séduire le public du Hellfest. L’énergie est au rendez-vous et la formation est particulièrement à l’aise sur une grande scène. Le chanteur (qui a perdu une dent lors du dernier concert du groupe à Paris – il s’en expliquera en interview dans l’après midi) aime la France et le fait bien sentir au public. Voilà encore un groupe qui mérite de grossir encore et encore !

The Treatment

La Main 1 serait-elle l’antre des déceptions du jour ? Ça fait pourtant quelques temps qu’on attend d’accueillir Ugly Kid Joe en festival, mais… Les américains semblent prendre le public un peu de haut, Whitfield Crane s’approchant pour déposer deux bouteilles d’eau sur l’avancée. Bien sûr, Neighbour et Everything about you remportent un franc succès, tout comme la reprise de Ace of spades ou celle de Cats in the cradle (qu’on réentendra sans doute ce soir…) mais est-ce suffisant. Pas la prestation la plus marquante du jour.

Ugly Kid Joe

En revanche, Pretty Maids veut en découdre et attrape son public à la gorge dès son arrivée sur scène. Red hot and heavy fait toujours autant d’effet, les deux piliers que sont Ronnie Atkins, le vocaliste très en voix, et Ken Hammer, guitariste en pleine forme, s’assurant de l’adhésion du public. Je n’ai encore jamais vu le groupe en salle, mais vivement que ça se fasse ! Dommage que l’interview prévue n’ai pu avoir lieu… A revoir !

Pretty Maids

Devant la main stage 1, Steel Panther attire une foule digne d’une tête d’affiche. Le groupe parodique ne change pas de recette, l’humour gras « bite couilles cul nichons » est toujours de rigueur, les pauses du narcissique Lexxi Foxx aussi, les filles massées devant la scène aussi, et le discours est le même : « Hellfest ! c’est vraiment le meilleur festival ! – C’est pas vrai, hier au Download tu disais que c’était eux »… « Oh, Satchel, je vois que tu as assorti ton pantalon à ta guitare »… Bref, on prend les mêmes, et on recommence. Ça marche, il y a du fun, du rock et des nichons, oui, mais combien de temps ça va durer ? Surprenez-nous, les gars !

Steel Panther

Initialement prévu au programme, Blackie Lawless a été contraint d’annuler la participation de W.A.S.P au Hellfest et a été remplacé au pied levé par Dee Snider. Pour moi, on y gagne au change. Le chanteur est en forme et raconteque c’est Blackie en personne qui lui a demandé de remplacer son groupe aujourd’hui. Alors, bien sûr, le chanteur ne cache pas sa satisfaction d’être de retour à peine un an après sa dernière venue poru le derneir concert français de Twisted Sister (dont il reprend pas moins de 3 titres) mêem si on le sent quelque peu frustré de n’avoir que peu de temps. Dee attire sur lui tous les regards, son groupe est vraiment au second plan, mais il fait le show. Après avoir rendu hommage à Dio et à Lemmy les années précédentes, et après un long discours sur les disparitions de géants du rock de plus en plus nombreuses, c’est à Chris Cornel que vont ses pensées avec une reprise de Soundgarden. Un show puissant et plein d’émotion aussi.

Dee Snider

Après l’annulation de sa venue en 2011, on n’espérait guère voir Trust au Hellfest. Pourtant, en pleine tournée intensive Au nom de la rage, le plus important et/ou influents des groupes français ne pouvait pas ne pas être accueilli en terres clissonaises. On connait les prises de positions de Bernie et certains, dans le public, craignent ce qu’il risque de se passer. Mais voilà : rien à signaler… Sauf que Bernie arrive en tenue de vacanciers (ok, le soleil est de la partie !), chemise à fleurs et bob vissé sur le crane (ne manquent que le bermuda et les claquettes), et la communication avec le public se limite à des « vous êtes extra » « Hellfest ! »… Le vocaliste est plutôt calme, son chant plus rock que ce que j’avais entendu à Blois (plus rap que rock) et le choix des titres se révèle efficace. Certains considèrent la prestation moyenne, d’autres la disent même décevante. Le calme apparent est-il le fait que le concert soit enregistré en vue d’un live, donc « pas de débordements » ? C’est possible, il faudra voir sur le reste de la tournée.

Trust

On n’a pas de surprises avec Saxon. Le groupe donne toujours le meilleur show possible et aujourd’hui ne fait pas exception. Bénéficiant d’un bon créneau et d’une belle heure de jeu (les précédents passages au Hellfest se firent largement avant 20h et, pire, la venue de Saxon l’an dernier à la première édition d’un grand festival anglais se fit à 15h30…), les Anglais déroulent un Best of retraçant bien leur carrière. Les classiques sont présents (à quelques exceptions près) et s’avèrent toujours aussi efficaces. Biff, en apercevant une nouvelle chaise rou/volante, s’exclame « Those are wheels of steel ! »… Puis comme à son habitude, il propose au public de choisir entre 4 morceaux avant d’annoncer qu’ils vont les jouer tous les 4. C’est juste, mais Princess of the night entre pile dans le temps imparti, et c’est tant mieux. Grande ou petite scène, Saxon reste impérial.

Saxon

On sait aussi à quoi s’attendre avec Airbourne. Dynamitant tout avec le désormais classique Ready to rock, les yeux restent rivés sur Joel O’Keeffe qui fait le show à lui seul, investissant dès que possible l’avancée scénique. On en oublierait presque de s’intéresser à Harri Harisson, le nouveau guitariste remplaçant David Roads depuis peu. Le gaillard fait le job, discrètement. La puissance d’Airbourne est bien son leader, et un répertoire imparable. Une énergie débordante dont on ne lasse pas.

Airbourne

Je rate Apocalyptica, sans réel regrets, le temps d’une pause alimentaire nécessaire. Puis, de retour devant la scène pour accueillir Aerosmith, un constat s’impose : il y a beaucoup de monde venu faire des adieux au flamboyant groupe américain. Cependant, on constate rapidement que la formation donne l’impression d’être en pilotage automatique. Les lights sont top, les poses habituelles et la setlist sans grande surprise. Il est sans doute temps, en effet, de prendre une retraite méritée. Sympatrique prestation sans plus.

Kreator devrait apporter plus de piment à cette fin de soirée, mais là encore, la fatigue, doublée des kilomètres parcourus, remporte la partie. Direction dodo pour préparer une dernière journée plus light mais intense quand même !

 

TRUST live à Blois – le Chato d’O, le 18 mars 2017 (avec David Sparte)

La grande salle du Chato d’O de Blois affiche complet pour cette date blésoise du Au nom de la rage tour de Trust. Le mythique groupe français, une nouvelle fois réuni autour de Bernie et Nono, fête le quarantième anniversaire de sa formation avec cette tournée entamée en 2016 et qui se soldera par un double événement en fin d’année: la sortie d’un nouvel album chez Verycords, et une série de 5 concerts donnés dans différentes salles de la capitale entre le 6 et le 10 novembre prochains (dans l’ordre: Bus Palladium, Maroquinerie, Bataclan, Trianon et Elysée Montmartre avec, pour les plus assidus, un pass pour les 5 dates à moins de 180€). On peut imaginer que les différentes parties de la tournée actuelle servent à reconquérir le public et à se réapproprier un répertoire vaste afin de proposer des setlists différentes à Paris. Rendez-vous est pris pour la fin d’année, mais d’ici là, c’est fête ce soir!

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Nono est le premier à monter sur scène pour présenter le groupe de première partie, David Sparte. « C’est mon fils, et c’est son premier concert » annonce-t-il, non peu fier avant d’ajouter un avertissement quant à la musique, différente, et que chacun pourra apprécier ou pas. Un homme averti en valant deux, l’attention est d’autant plus grande. Le chanteur et sa petite troupe proposent une musique qui emprunte à de nombreux styles. Le rap est bien présent, certes, symbole d’une génération, et l’on trouve également de belles traces de reggae, typé Jamaïque de Bob Marley ou Jimmy Cliff naturellement, ainsi que du rock. Le public écoute avec attention, et accueille le jeune homme d’une bonne trentaine d’années avec bienveillance. Une jolie prestation qui s’améliorera avec l’assurance de plus nombreux concerts. Ce soir, avec environ 40′ de temps de jeu, David est parvenu à séduire, se détendant au fil des minutes.

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Après une pause, le public – plus proche des sexagénaires que d’autre chose – se rassemble devant la scène. Les roadies finissent d’installer le matériel, se charriant, occupant les quelques minutes de retard avant qu’enfin la salle soit plongée dans le noir.

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On le sait, Trust, c’est avant tout la sulfureuse union qui lie depuis plus de 40 ans Bernie et Nono. On aurait bien voulu que le duo intègre de nouveau Vivi, et l’on est en droit de se demander qui sera derrière les fûts. Les batteurs, il y en a tant eu chez Trust qu’on ne les compte plus et, surtout, on ne s’offusque plus de voir une nouvelle tête. Sauf que la première surprise vient de celui qui pose ses fesses sur le tabouret. Un gamin à peine sorti de l’adolescence. Y aurait-il une seconde première partie? Eh bien, non! Les lumières s’éteignent, Nono balance les premiers accords d’un morceau qui m’est inconnu. Info prise, il s’agit de L’archange, un nouveau titre au riff aiguisé. Le public est attentif, mais explose dès la chanson suivante, un Au nom de la race qui ouvre les portes à une séries de classiques. Les musiciens sont précis, Bernie et Nono semblent très en forme, et complices. Clairement, à part quelques échappées, Iso Diop reste cantonné dans son espace côté cour et, en dehors de jouer, ne sert pas vraiment à grand chose. David Jacob, le bassiste revenant de la période Europe et haine et Ni dieu ni maître (album parfaitement oublié aujourd’hui, malheureusement), difficilement reconnaissable, est à peine moins discret. Trust est clairement le groupe de Bernie et Nono qui font le show. Le chanteur marque par son attitude désinvolte, sa gestuelle et son verbe rapés, une influence plus prégnante que jamais. Les classiques sont revisités, et, une fois la surprise passée, ce lifting étonnant s’avère intéressant.

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Le vocaliste est aussi particulièrement affable, et ne rate pas une occasion de dire ce qu’il pense et remettre le public à sa place. Dès la fin de Marche ou crève, Bernie demande au public d’avoir la gentillesse d’éteindre les téléphones. « Ca fait des images de merde, ça a un son de merde. Et si vous venez ici, c’est pas pour regarder à travers un écran… » et l’on ne saurait que lui donner raison. A celui-ci qui le somme de jouer, il répond tranquillement « c’est moi qui suis sur scène et si j’ai envie de parler deux heures, je parlerais deux heures », à ceux qui manifestent leur désapprobation d’un faux départ, il rétorque que ça arrive à tout le monde, à celui-là qui, alors que Bernie demande au public de répéter une simple phrase du nouveau morceau F-Haine, lui dit « pas de politique dans le rock »… Je vous laisse imaginer la réponse! En tout cas, que penser de cette remarque d’un soit-disant fan? Trust sans engagement politique, c’est une blague… Ils sont loin d’être les seuls (en vrac: Tagada Jones, Lofofra, Mass Hysteria, Vulcain, No One Is Innocent, Noir Désir, Abinaya… combien sont-ils, rien qu’en France, à exprimer leurs idées? La politique a bien sa place dans le rock!) En tout cas, ce soir, Bernie aura eu tant de mal à faire chanter les Blésois « la haine est une blonde qui surfe sur une vague marine » qu’il sera intéressant de scruter les résultats locaux des prochaines élections!

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Si les nouveautés présagent d’un nouvel album engagé, les classiques démontrent une nouvelle fois que la musique de Trust est intemporelle. Si l’on regrette de n’avoir pas eu droit à, allez, en vrac, L’élite, Bosser 8 heures, Idéal, Par compromission (de mémoire, d’ailleurs, aucun extrait du quatrième album n’était ce soir au programme. dommage, l’album mérite amplement d’être réhabilité), Ton dernier acte parmi d’autres, les Police milice, Le mitard (que certains « connaisseurs » ce soir – dont le journal local ! – appellent « Mesrine »  font leur effet. Mais ce public a besoin d’être recentré alors que Trust revient rapidement pour le rappel; Bernie s’empare du micro avec une nouvelle super triste qu’on vient de lui annoncer: la mort de Chuck Berry. Interrompu par certains, il clame même être tellement dégoutté qu’il n’a qu’une envie: se barrer. Accompagné sur les premiers accords, reconnaissables entre mille, d’Antisocial. Besoin d’être coaché par deux roadies pour donner de la voix afin que cet hymne vienne clore le concert.

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Même si l’on peut exprimer certains regrets, une chose est certaine: Trust, si Nono et Bernie parviennent à véritablement enterrer la hache de guerre, va nous offrir quelques belles prestations. C’est avec impatience que nous les retrouverons au Hellfest et à Paris sur au moins une des cinq dates annoncées!

Ah, au fait, le nouveau batteur de Trust. Nono présente les musiciens et annonce « on a adopté un bébé. Il a 21 ans, à la batterie, Christian Dupuy! » qui reçoit une salve d’applaudissement juste avant les rappels.

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Merci à Veryshow – Sabrina, Mehdi, Maxime – d’avoir rendu ce report possible.