
C’est un Zénith de Paris presque complet qui accueille ce soir une version étonnante de Lynyrd Skynyrd qui vient célébrer le 50 ans du groupe. Etonnant car, d’une part, il ne reste aujourd’hui du groupe original que le nom, et le sentiment d’avoir plus à faire à un tribute band de luxe est assez légitime. Mathématiquement, aussi: LS a débuté sa carrière en… 1964! Ok, il y a eu une décennie de break mais les calculs restent faussés… Le premier album (Pronounced ‘lĕh-‘nérd ‘skin-‘nérd), peut-être? Il est sorti en 1973… Alors, je tente ceci: Gary Rossington, le dernier membre fondateur, est mort en 2023. Pourquoi pas se rabattre sur une tournée célébrant un demi siècle entre la sortie dudit premier album et la disparition de Rossington? Perso, ça me convient comme explication, mais on est surtout présent ce soir pour célébrer le southern rock plus que pour faire des calculs mathématiques, n’est-ce pas?

C’est Simon Mc Bride qui ouvre le bal. Le guitariste désormais mondialement connu pour avoir rejoint – avec beaucoup de talent – les rangs de Deep Purple, se présente ce soir sous forme de trio. Il propose un blues rock à la fois enjoué et énergique et l’on a aussi le plaisir de découvrir le chanteur qui se cache derrière le guitariste. Une voix chaleureuse accompagne une musique variée.

Le trio offre au public une alternance de titres originaux issus de l’album The fighter (Don’t dare, High stakes, king of the hill, just take time, Show me how to love) tous différents, allant du blues au rock, en passant par la ballade, et des reprises (The stealer de Free, Love song de The Cure). Mais il le sait, une partie du public veut entendre d’autres choses…

Alors, tout en réaccordant sa guitare, Simon rappelle que « la dernière fois que je suis venu ici, c’était avec un autre groupe.. ».) Puis il entame la mondialement connue intro de Smoke on the water, ses compagnons de jeu disant « non, non, non » de la tête et des mains… Cependant, arrivé au deux tiers de son concert, il propose un medley explosif et instrumental de Black night, Child in time et Speed king du Pourpre Profond. Reprendre ces titres arrangés à la sauce guitare/basse/batterie se révèle très efficace, franc et direct.

La formule « reprise » semble fonctionner, alors il enchaine avec un tout aussi explosif Kids wanna rock (hymne incontournable de Bryan Adams) qui fait mouche, avant de conclure son set avec Show me how to love, blues rock entrainant qui n’est pas sans évoquer un Bonamassa énervé. Simon McBride et ses compagnons de jeu ont bien chauffé le public avec un set efficace qui est monté en puissance. On attend maintenant les maitre de cérémonie de la soirée.

Un film récapitulatif de l’histoire des Floridiens apparait sur l’écran. Puis la scène est voilée par des jets de fumée et de vives lumières laissant ensuite apparaitre un message in memoriam: la photo d’anciens membres avec la mention Their legacy lives on. Ce soir, la le Lynyrd Skynyrd actuel est bien là pour rendre un vibrant hommage à tous ses anciens membres disparus.

Rapidement, on entre dans le vif du sujet. Les tubes défilent et sont magnifiquement interprétés – on ne regrettera que le mix mettant trop en avant le chant des choristes avec des ouh ouh parfois trop agressifs. Le groupe débute avec le classique Working for MCA (qui mettait certaines choses au point avec le label à l’époque de sa sortie) suivi du dynamique What’s your name. Déjà, le public est à fond bien que très observateur, profitant de chaque instants.

La communication avec le public est d’ailleurs fréquente, même si on ne comprend pas un traitre mot de ce qui sort de la bouche du chanteur, Johnny Van Zant dont l’accent sudiste est vraiment à couper au couteau – et c’est un gars originaire du sud des USA qui l’écrit! Ce qui n’empêche nullement le vocaliste d’haranguer le public et d’aller le chercher, sillonnant la scène avec son pied de micro orné d’un drapeau US.

Au moment où je me dis qu’il est dommage que l’écran ne fasse que diffuser des images du groupe sur scène, voici qu’apparaissent des scènes de bayous et d’alligators qui viennent animer Down south juckin’ qui précède Gimme back my bullets. Puis, après le poignant The needle and the spoon arrive l’instant émotions avec une vidéo relatant une bonne partie de la vie de Gary Rossignton, dernier membre fondateur disparu il y a maintenant deux ans. Un très bel hommage rendu tout au long du très émouvant Tuesday’s gone.

Très beaux aussi sont les éclairages, remarquables de couleurs chaudes et variées tout au long du set. Les premières notes de Simple man voient une foule de portable sortis pour mieux filmer l’instant et le public acclamer encore plus fort les sudistes lorsque le drapeau français est projeté. Facile, mais toujours efficace de séduire le public avec ce type d’artifice.

Si l’ambiance est chaude, la température monte d’un cran supplémentaire avec l’incontournable hymne Sweet home Alabama qui annonce déjà la fin du concert. Les musiciens quittent quelques instants la scène et reviennent pour un superbe final, autre classiques parmi les classiques, Freebird qui monte en puissance pour clore ce concert festif et célébratif. Décidément, les anciens en ont encore beaucoup sous le pied et savent offrir de très belles soirées. Ce fut encore le cas aujourd’hui avec ce concert plein de souvenirs et d’émotions.

Merci à Anne-Lyse Rieu (Gérard Drout Productions) d’avoir rendu ce live report possible.