PRÉVISIONS second semestre 2025

Même si le second semestre est déjà bien entamé – juillet est passé et août sera calme, profitons tous de ces moments de repos mérités – la rentrée et la fin d’année s’annoncent déjà très prometteuses, tant du point de vue des albums attendus que des concerts à venir.

On attendait tout d’abord le retour des mighty Saxon aux Zénith de Paris, Nantes et Toulouse les 11, 12 et 13 septembre. Mais les Anglais ont publié récemment le live Eagles over Hellfest et annoncé le Castles and eagles tour en France, promettant d’interpréter l’intégralité de l’incontournable Wheels of steel avant de se voir contraints d’annuler 10 concerts cet été, Biff Byford, le chanteur de 74 ans, ayant dû subir une opération d’urgence. Une opération cardiaque qui a révélé, comme il l’a annoncé ce 15 août sur les réseaux, que les médecins lui ont également découvert un cancer. Les prestations annoncées en Europe sont ainsi reportées au printemps 2026. Nous ne pouvons que souhaiter à Biff un prompt rétablissement, qu’il se soigne, prenne soin de lui et soit totalement rétabli pour ce cinquième Zénith de Paris (quatrième en tête d’affiche, cf. le récap de l’histoire du groupe avec la salle) avec Sortilège en guest de luxe et son nouveau membre permanent, Michaël Zurita (il a notamment travaillé avec Satan Jokers – et connait donc bien Olivier Spitzer, l’autre guitariste de Sortilège – Furious Zoo, Gogol 1er, Big Ben, Fiona Gelin…) qui remplace feu Bruno Ramos. Une superbe affiche proposée par GDP pour une belle reprise d’activité.

On se rattrapera alors avec le duo américain le plus barré du moment, j’ai nommé KrashKarma qui, sur son World on fire tour, propose rien moins que 5 dates en France entre le 4 septembre (à Fontenay le Comte) au 13 septembre (à Belfort)! Metal Eyes sera présent au Dropkick bar d’Orléans le 11 septembre pour un nouveau moment qu’on imagine à la fois festif et explosif. Ralf et Nikki iront-ils chercher le public jusque dans la rue? Seuls les présents le sauront !

On ira sans doute ensuite à l’Olympia à Paris le 11 octobre pour célébrer comme il se doit Sidilarsen qui vient clôre sa tournée soutenant son dernier album en date, Que la lumière soit, sorti il y a maintenant plus d’un an. Le concert produit par Veryshow promet d’être grandiose tant les Toulousains sont en forme.

Comment manquer la venue de Disturbed qui sera, accompagné d’une première partie de choix (Megadeth), au Zénith de Paris le lendemain, 12 octobre. Une soirée proposée par Live Nation, tout à la fois brute et pleine d’émotion à n’en pas douter. Le groupe propose en effet une soirée spéciale célébrant les 25 ans de son album The sickness qui sera joué dans son intégralité ainsi qu’un Best-of de sa très riche carrière.

C’est ensuite la venue de Paradise Lost qui pourrait nous tenter… Garmonbozia propose 3 dates des Anglais en France: le 19 octobre à l’Aéronef de Lille, le 20 à l’Élysée Montmartre de Paris et le 21 à la Rayonnerie de Lyon. Il seront pour l’occasion accompagnés de Messa et, sur les deux dernière dates, Lacrimas Profundere.

Décidément, 2025 et GDP célèbrent les anniversaires! Après la publication de son nouvel album, Giants and monsters, en bacs le 29 août, les Allemands de Helloween viennent célébrer 40 ans de carrière au Zénith de Paris le 22 octobre. Ils seront pour l’occasion accompagnés de Beast in Black. Les Allemands s’étant montrés très en forme ces dernières années, nul doute que le spectacle sera à la hauteur des attentes du public.

Nous retournerons sans doute au Zénith pour une touche plus explosive. Arch Enemy viendra enflammer la salle le 27 octobre prochain, quatre jours après son passage à Lyon (le 23 au Radiant Bellevue) avec, là encore, une affiche plus qu’alléchante puisque le Bloody Dynasty tour produit par AEG réunira Gatekeeper, Amorphis et Eluveitie autour de la tête d’affiche.

Direction ensuite Issoudun pour y retrouver la nouvelle édition de la Firemaster convention les 24, 25 et 26 octobre. Trois journées dédiées au metal, entre conférences, expos et concerts divers. Cette année, l’orga nous propose de retrouver rien moins que les Français de Shâarghot, Locomuerte, Les Tambours du Bronx, Lofofora, mais aussi de découvrir Sun et son Brutal Pop ainsi que retrouver le Chris Slade Timeline venu pour nous faire une nouvelle fois voyager dans le temps.

Le mois d’octobre pourrait se conclure avec la venue des Anglais de The Darkness à l’Élysée Montmartre de Paris le 29. Un concert proposé par Veryshow qui promet d’être haut en couleurs, voire même croustillant, comme son dernier album, Dreams on toast, sorti en mars dernier.

Le 2 novembre marquera le grand retour des Danois de Volbeat qui viendront, produits par GDP, présenter leur nouveau guitariste, Flemming C. Lund, ex-The Arcane Order au Zénith de Paris. Ensemble, ils célèbreront la sortie du nouvel album God of angels trust, accompagnés de Bush.

Quelques mois après avoir enflammé la cité de Carcassone, les Français de Gojira lancent leur nouvelle tournée française qui débute le 27 à l’Arena de Reims pour se terminer le 12 décembre au Zénith de Strasbourg. Une douzaine de dates produites par GDP, dont Paris (Accor Arena, le 30 novembre), Marseille (Le Dôme, le 6 décembre) ou Lyon (LDLC Arena, le 10 décembre).

Rien ne semble pouvoir arrêter la croissance de la popularité des guerriers de Sabaton qui reviennent avec The Legendary tour – faisant référence à leur nouvel album, Legends, disponible dès le 17 octobre prochain. Année après année, le public se fait plus massif, les fidèles permettant aux Suédois d’investir des salles de plus en plus importantes, passant, ne serait-ce qu’à Paris, en une quinzaine d’années de l’Alhambra au Zénith, investissant également le Bataclan, le Trianon ou l’Élysée Montmartre avant de se retrouver, cette fois, à l’Accor Arena de Paris (le 28 novembre) puis, le lendemain au LDLC de Lyon. On attend comme toujours un show, une nouvelle fois produit par GDP, haut en couleurs.

Celebrating 50 years of LYNYRD SKYNYRD: Le Zénith de Paris, 10 juillet 2025 (avec Simon McBride)

C’est un Zénith de Paris presque complet qui accueille ce soir une version étonnante de Lynyrd Skynyrd qui vient célébrer le 50 ans du groupe. Etonnant car, d’une part, il ne reste aujourd’hui du groupe original que le nom, et le sentiment d’avoir plus à faire à un tribute band de luxe est assez légitime. Mathématiquement, aussi: LS a débuté sa carrière en… 1964! Ok, il y a eu une décennie de break mais les calculs restent faussés… Le premier album (Pronounced ‘lĕh-‘nérd ‘skin-‘nérd), peut-être? Il est sorti en 1973… Alors, je tente ceci: Gary Rossington, le dernier membre fondateur, est mort en 2023. Pourquoi pas se rabattre sur une tournée célébrant un demi siècle entre la sortie dudit premier album et la disparition de Rossington? Perso, ça me convient comme explication, mais on est surtout présent ce soir pour célébrer le southern rock plus que pour faire des calculs mathématiques, n’est-ce pas?

Simon McBride @Paris, le Zénith

C’est Simon Mc Bride qui ouvre le bal. Le guitariste désormais mondialement connu pour avoir rejoint – avec beaucoup de talent – les rangs de Deep Purple, se présente ce soir sous forme de trio. Il propose un blues rock à la fois enjoué et énergique et l’on a aussi le plaisir de découvrir le chanteur qui se cache derrière le guitariste. Une voix chaleureuse accompagne une musique variée.

Simon McBride @Paris, le Zénith

Le trio offre au public une alternance de titres originaux issus de l’album The fighter (Don’t dare, High stakes, king of the hill, just take time, Show me how to love) tous différents, allant du blues au rock, en passant par la ballade, et des reprises (The stealer de Free, Love song de The Cure). Mais il le sait, une partie du public veut entendre d’autres choses…

Simon McBride @Paris, le Zénith

Alors, tout en réaccordant sa guitare, Simon rappelle que « la dernière fois que je suis venu ici, c’était avec un autre groupe.. ».) Puis il entame la mondialement connue intro de Smoke on the water, ses compagnons de jeu disant « non, non, non » de la tête et des mains… Cependant, arrivé au deux tiers de son concert, il propose un medley explosif et instrumental de Black night, Child in time et Speed king du Pourpre Profond. Reprendre ces titres arrangés à la sauce guitare/basse/batterie se révèle très efficace, franc et direct.

Simon McBride @Paris, le Zénith

La formule « reprise » semble fonctionner, alors il enchaine avec un tout aussi explosif Kids wanna rock (hymne incontournable de Bryan Adams) qui fait mouche, avant de conclure son set avec Show me how to love, blues rock entrainant qui n’est pas sans évoquer un Bonamassa énervé. Simon McBride et ses compagnons de jeu ont bien chauffé le public avec un set efficace qui est monté en puissance. On attend maintenant les maitre de cérémonie de la soirée.

Simon McBride @Paris, le Zénith

Un film récapitulatif de l’histoire des Floridiens apparait sur l’écran. Puis la scène est voilée par des jets de fumée et de vives lumières laissant ensuite apparaitre un message in memoriam: la photo d’anciens membres avec la mention Their legacy lives on. Ce soir, la le Lynyrd Skynyrd actuel est bien là pour rendre un vibrant hommage à tous ses anciens membres disparus.

Lynyrd Skynyrd @Paris Le Zenith

Rapidement, on entre dans le vif du sujet. Les tubes défilent et sont magnifiquement interprétés – on ne regrettera que le mix mettant trop en avant le chant des choristes avec des ouh ouh parfois trop agressifs. Le groupe débute avec le classique Working for MCA (qui mettait certaines choses au point avec le label à l’époque de sa sortie) suivi du dynamique What’s your name. Déjà, le public est à fond bien que très observateur, profitant de chaque instants.

Lynyrd Skynyrd @Paris Le Zenith

La communication avec le public est d’ailleurs fréquente, même si on ne comprend pas un traitre mot de ce qui sort de la bouche du chanteur, Johnny Van Zant dont l’accent sudiste est vraiment à couper au couteau – et c’est un gars originaire du sud des USA qui l’écrit! Ce qui n’empêche nullement le vocaliste d’haranguer le public et d’aller le chercher, sillonnant la scène avec son pied de micro orné d’un drapeau US.

Lynyrd Skynyrd @Paris Le Zenith

Au moment où je me dis qu’il est dommage que l’écran ne fasse que diffuser des images du groupe sur scène, voici qu’apparaissent des scènes de bayous et d’alligators qui viennent animer Down south juckin’ qui précède Gimme back my bullets. Puis, après le poignant The needle and the spoon arrive l’instant émotions avec une vidéo relatant une bonne partie de la vie de Gary Rossignton, dernier membre fondateur disparu il y a maintenant deux ans. Un très bel hommage rendu tout au long du très émouvant Tuesday’s gone.

Lynyrd Skynyrd @Paris Le Zenith

Très beaux aussi sont les éclairages, remarquables de couleurs chaudes et variées tout au long du set. Les premières notes de Simple man voient une foule de portable sortis pour mieux filmer l’instant et le public acclamer encore plus fort les sudistes lorsque le drapeau français est projeté. Facile, mais toujours efficace de séduire le public avec ce type d’artifice.

Lynyrd Skynyrd @Paris Le Zenith

Si l’ambiance est chaude, la température monte d’un cran supplémentaire avec l’incontournable hymne Sweet home Alabama qui annonce déjà la fin du concert. Les musiciens quittent quelques instants la scène et reviennent pour un superbe final, autre classiques parmi les classiques, Freebird qui monte en puissance pour clore ce concert festif et célébratif. Décidément, les anciens en ont encore beaucoup sous le pied et savent offrir de très belles soirées. Ce fut encore le cas aujourd’hui avec ce concert plein de souvenirs et d’émotions.

Lynyrd Skynyrd @Paris Le Zenith

Merci à Anne-Lyse Rieu (Gérard Drout Productions) d’avoir rendu ce live report possible.

EUROCKEENNES DE BELFORT: Iron Maiden, Avatar et The Raven Age: report de la première journée – jeudi 3 juillet 2025.

Pour fêter son 35ème anniversaire, l’incontournable festival Les Eurockéennes a décroché la timbale avec une tête d’affiche de choix, Iron Maiden, qui, de son côté, célèbre 50 ans d’existence. C’était pour Metal Eyes l’occasion de se déplacer pour la première fois à Belfort et découvrir ce mythique festival. J’arrive malheureusement trop tard pour faire l’interview prévue de The Raven Age (qui va s’avérer être mon groupe maudit de la journée!)

@EUROCKEENNES 2025

Après une longue route, c’est une très tout aussi longue file de voitures qui s’étend le long d’une simple voie. Une fois enfin installés sur le parking – le terrain de l’aérodrome transformé comme tous les ans en lieu d’accueil de véhicules – nous rejoignons une autre file, celles des festivaliers qui attendent tranquillement de pouvoir monter dans une des très nombreuses navettes nous menant à l’entrée du site. Arrivé sur place, je découvre un lieu qui, en temps normal, doit être paisible. La presqu’île du Malsaucy est située sur un vaste plan d’eau qui offre un décor exceptionnel.

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Jusque-là, l’organisation est parfaite. Avant même d’entamer le voyage, l’accueil et la communication sont au top. C’est ma première venue, et à peine ai-je demandé à Ephélide, en charge des RP du festival (et aussi de Rock en Seine, de Solidays et d’autres évènements) s’il était possible de venir couvrir le festival que je reçois une réponse des plus chaleureuses. Puis, quelques jours avant, je reçois par mail confirmation des interviews planifiées. La veille au soir, c’est un mail expliquant les conditions photos et, enfin, le jeudi matin, premier jour du festival, une des attachées de presse d’Ephélide communique les noms des photographes accrédités pour le concert d’Iron Maiden. Des réponses par mail rapides, pas de stress, pas d’attente, c’est clair, efficace, et plus qu’appréciable et apprécié. plus encore, bien que nous soyons, médias, privilégiés, nous sommes tous conviés, le premier soir, à un « pot metal ». L’occasion de faire connaissance avec les journalistes et photographes que nous ne connaissons pas encore, d’échanger avec Kem, l’organisateur et de passer un moment simplement convivial.

@EUROCKEENNES 2025

Alors que je m’apprête à aller photographier The Raven Age, premier des 3 groupes à jouer aujourd’hui, je réalise que l’accueil ne m’a pas donné mon pass photo… Il faut donc qu’un des membres du service médias file à vélo pour le récupérer à l’autre bout du site mais… Lorsqu’il me remet enfin le sésame, il est trop tard, les trois premiers titres sont terminés. Dommage car si musicalement The Raven Age propose un metal à la fois moderne et classique, la formation a travaillé son look, les musiciens apparaissant tous le corps grimé de noir, du torse jusque sous la mâchoire. L’effet interpelle sans détourner pour autant l’attention du propos musical.

Le public semble réceptif mais, on le sait, même s’il s’agit du groupe fondé par George Harris, le fils de Steve, la foule est présente uniquement pour Iron Maiden. Tant et si bien que, le lendemain, L’Est Républicain rapportera cet « incident surprise » (et, heureusement, sans conséquence) lié à l’ouverture des portes: c’est devenu une tradition que le directeur du festival accueille le premier festivalier à accéder aux Eurockéennes pour lui offrir des cadeaux. Là, il s’est retrouvé face à des fans courant pour arriver au premier rang lui disant « on n’a pas le temps« ! Le sac de goodies sera donc offert au premier festivalier le lendemain.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Ceux qui sont au premier rang ne bougent pas. Le reste de la foule s’éparpille quelque peu le temps du changement de plateau. La colline faisant face à la Grande Scène se remplit de nouveau à l’approche de l’heure tant attendue. Quelques spectateurs, proches du malaise ou simplement trop serrées par la foule compacte, sont évacués par la sécu juste avant que ne retentissent les premières mesures de Doctor, doctor (UFO). C’est parti, la folie s’empare de la marée humaine qui hurle sa joie. Puis, en intro, The ides of march, l’instrumental qui introduit l’album Killers retentit tandis que le gigantesque écran de fond de scène diffuse des animations relatant les premières années de la Vierge de Fer.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

La folie s’empare du public dès l’arrivée des six sur scène pour un premier moment d’anthologie, un Murders in the rue Morgue pas joué depuis 2005 suivi de Wrathchild, quant à lui bien intégré aux setlists. Puis c’es au tour de Killers, plus rare encore puisque sorti des setlist depuis… 1999! Et voici la première apparition d’Eddie, gigantesque monstre en colère qui vient, armé d’une hache, tenter de s’en prendre aux musiciens. Heureusement, super Bruce est là qui vient lui glisser une main dans l’entrejambe, ce qui perturbe la mascotte qui se plie et se retire.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Bruce s’adresse ensuite au public, annonçant, en français évidemment, que « ce soir, c’est une naissance et un anniversaire! Une naissance parceque c’est la première fois qu’on joue à ce festival, et un anniversaire parce qu’on fête les 50 ans d’Iron Maiden« . En faut-il plus pour que le public entame un « Joyeux anniversaire » avant que Maiden enchaine sur Phantom of the opera pas joué depuis une bonne décennie?

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Chacun se montre dans une forme éblouissante, Janick Gers toujours aussi virevoltant, Adrian Smith concentré dans un esprit « force tranquille », Steve Harris, maitre de cérémonie, allant chercher le public, Dave Murray toujours souriant et simplement heureux d’être là, et, s’il saute moins dans tous les sens qu’il y a quelques années, Bruce Dickinson continue d’arpenter la scène en tous sens et d’haranguer la foule qui lui mange dans la main! Et puis, aussi, il y a le nouveau batteur, Simon Dawson que les fans connaissent déjà pour être le compagnon de scène de Steve Harris au sein de British Lion. Si j’ai maintenant vu le groupe plus de 20 fois, c’est mon premier témoignage avec ce line-up (la seule formation que je n’ai jamais vue est celle de 1981 marquant l’arrivée de Smith), et on ne peux que constater que si le batteur n’a pas le charisme ni la côte de popularité de Nicko McBrain, sa frappe est redoutable et efficace. Mieux, il apporte de temps à autres une touche personnelle.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

L’écran géant diffuse des animations complémentaires aux chansons et pendant deux heures, Iron Maiden revisite ses premières années, de Iron Maiden jusqu’à Fear of the dark. Powerslave est particulièrement à l’honneur avec 4 titres (d’affilée, Powerslave avec un énorme Eddie sphinx en 3D qui envahi l’écran tandis que Bruce revêt un masque à plumes comme sur le World slavery tour de 84/85, 2 minutes to midnight, sur lequel la pluie commence à tomber, et le gigantesque Rime of the ancient mariner, Aces high arrivant quant à lui en rappel). Killers fait part égale avec The number of the beast, ce dernier alignant également 3 extraits ( le morceau titre, Run to the hills et Hallowed be thy name avec Bruce enfermé dans une cage sombre et inquiétante).

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Iron Maiden a certes décidé de ressortir quelques morceaux plus joués depuis des lustres, dont The Clairvoyant de nouveau disparu après la tournée Maiden England de 2014, mais reste fidèle à ses classiques. The trooper voit un nouvel Eddie tunique rouge débouler, celui-ci, bien connu du public, Bruce portant la même tunique mais allant échanger son drapeau anglais pour revenir avec celui de notre pays, ce qui ne manque naturellement pas de faire hurler la foule.

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Avec Iron Maiden, on le sait, le concert touche à sa fin. Le groupe quitte quelques instants la scène, puis le discours de Churchill annonce la rappel qui débute avec Aces high. Là encore, Iron Maiden surprend en interprétant Fear of the dark à la suite, là où cet hymne faisait partie du corps principal du show. Mais plus encore, le concert se termine, étonnamment selon moi, avec le superbe Wasted years… Que veut nous dire Iron Maiden? Que ces 50 ans ont été gâchés? ou alors que cette tournée marque un nouveau départ? Peu impporte au final, car Iron Maiden a livré ce soir, pour sa première date française du Run for your lives tour, un concert dantesque qui prouve une fois de plus que le groupe est encore dans une forme olympique. Superbe concert de bout en bout!

IRON MAIDEN @EUROCKEENNES 2025

Alors que retentit le désormais incontournable Always look on the bright side of life qui accompagne les spectateurs vers la sortie, nous filons vers la Plage pour le concert d’Avatar. Au fil des ans et de leurs nombreux concerts en France, les Suédois se sont eu aussi forgés une solide fan base. Une bonne partie du public est grimée comme le Joker représenté par le chanteur Johannes Eckestrom. Qui a déjà vu Avatar live le sait, là encore, le spectacle est plus qu’une promesse.

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

Un serviteur (ou serait-ce un bourreau?) quelque peu mal à l’aise arrive sur scène transportant une grosse boite cadeau, la pose devant la batterie. Satisfait, il en retire le chapeau, le pose et se retourne vers le public, incitant ce dernier à applaudir. résultat: un ballon rouge s’élève au bout d’une corde, suivi d’un chapeau et du chanteur qui sort tranquillement, le regard à la fois interpellé et narquois. Il s’avance vers le micro, malaxe le ballon qui explose, transformant instantanément le personnage en fou furieux incontrôlable. Dance devil dance lance les hostilités et donne le top départ aux slammers qui vont occuper la sécu tout le long du concert.

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

The eagle has landed (et ses « ladies and gentlemen… » chantants et repris en chœur par le public) offre un premier moment plus… calme suivi d’une nouveauté étonnante et efficace, Captain goat, titre à l’issue duquel Johannes informe le public que, ce soir, c’est le premier concert d’Avatar depuis bientôt 9 mois et que c’est la première fois qu’ils interprètent ce morceau sur scène. « On n’a jamais joué ce morceau live… Peut-être devrions nous en jouer un autre? » In the airwaves, vraisemblablement prévu au prochain album est une exclu du soir et se révèle tout aussi efficace et furieux que ce qu’on attend maintenant d’Avatar.

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

Les désormais classiques sont aussi au rendez-vous, principalement issus du gigantesque Hail the apocalypse (Bloody angel, Tower et le morceau titre qui vient clore le concert) mais c’est l’ensemble de la discographie du groupe qui est passée en revue, même le quelque peu décalé Avatar country qui lance le rappel avec, après le chant fédérateur Glory to our king, Welcome to Avatar country.

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

Ce soir encore, Avatar a livré une prestation exceptionnelle, un spectacle de haut niveau comme le groupe en a désormais l’habitude. Et si ce premier concert n’était qu’un « tour de chauffe », alors on attend la suite avec impatience. rendez-vous au Zénith de Paris? En tout cas, ce set d’Avatar est une très belle manière de terminer cette longue journée. Un dodo s’impose avant de revenir demain!

AVATAR @EUROCKEENNES 2025

Report de la seconde journée à suivre…

HEAVY WEEK END: report du vendredi 6 juin

Quel énorme week end que cette seconde édition du Heavy Week End ! Malgré quelques couacs au lancement de cette seconde édition, notamment dans l’arrivée plus que tardive des annonces et de l’affiche complète, le bilan de ce premier week end du mois de juin au Zénith de Nancy, dans sa version open air, est plus que positif malgré une météo capricieuse et un démarrage quelque peu difficile. Mais ne nous emballons pas, commençons par le commencement.

Si on a pu quelque peu s’inquiéter quant à la fréquentation de cette seconde édition – Gérard Drouot Productions balançant sur les réseaux de très nombreux posts chaque jour qui ont pu ressembler à un appel au secours, annonçant tardivement une affiche a priori pas au niveau de la première édition (exceptionnelle, rappelons-le) entrainant nombre de commentaires peu enthousiastes – l’arrivée sur le site tend à confirmer cette inquiétude. Ce vendredi est loin, très loin d’afficher complet – à peine 6.000 personnes ont fait le déplacement – mais, d’une part, le public est bien présent dès l’ouverture des portes et, d’autre part, on constate rapidement deux grosses améliorations par rapport à l’an dernier: tout d’abord, un espace assez vaste est réservé aux lieux de soulagement individuels (les WC, donc). Mais surtout, c’est affiché en très grand à l’entrée du site, le placement est libre. A moins d’avoir un pass VIP ou Carré or, le public peut, « à l’ancienne », se positionner dans la fosse ou s’installer dans les gradins, au choix. Résultat: bien que démarrant plus tôt que l’an dernier – un groupe a été rajouté – j’ai l’impression que le public est, en ce début de festival, à peu près équivalent à celui de 2024. Pas génial, mais encourageant, et nous ne sommes que vendredi, certaines personnes travaillent encore.

Adrian VANDENBERG @Heavy Week End 2025

Adrian Vandenberg, qui inaugure cette édition, investit la scène à 17h30 devant un parterre bien fourni… Quel plaisir de pouvoir enfin revoir le guitariste sur scène. Et en forme! Le géant hollandais (1,98m des pieds à la tignasse) a fait le choix de proposer un set 100% axé sur sa période avec Whitesnake, soit la période 1987 et Slip of the tongue. S’il n’a particpé qu’à la tournée célébrant le premier, il n’a composé aucun des titres de 1987, contrairement à son successeur dont on retrouve ici deux extraits (Fool for your lovin’ qui remonte en réalité à Ready an’ willing, en 1980, et Judgement day). Les 5 autres titres sont des incontournables du légendaire 1987 (Bad boys, Give me all your love, Cryin’ in the rain*, Still of the night et Here I go again* – deux titres (*) remontant quant à eux à l’album Saint and sinners de 1982)

Adrian VANDENBERG @Heavy Week End 2025

Le groupe dans son ensemble est en forme. On apprécie la tessiture de la voix de Mats Lévin, que l’on connait déjà pour ses participation avec Yngwie J. Malmsteen ou Treat, parmi d’autres. Le vocaliste n’est peut-être pas au niveau d’un Coverdale des grands jours mais son timbre et la personnalité qu’il met dans chacun de ces morceaux rendent plus qu’hommage au Serpent blanc.

Adrian VANDENBERG @Heavy Week End 2025

Si déjà la paire Vandeberg et Levens chauffe le public, la section rythmique en rajoute une jolie couche également. En quarante minutes, le géant blond démontre être parfaitement en forme (il avait été victime de la maladie de Lyme, qui l’a empêché de revenir comme il l’eût souhaité sur le devant de la scène) et à sa place. Si on aurait volontiers apprécié quelques extraits autres que Whitesnake (de Vandenberg, ancienne ou nouvelle mouture, ou Vandenberg Moonkings), on ne peut que savourer ce qui nous a été offert. Le public le sait et a, au passage, posé les jalons de l’ambiance à venir.

Adrian VANDENBERG @Heavy Week End 2025
BATTLE BEAST @Heavy Week End 2025

Après le hard rock, on passe au power metal finlandais. Non, pas Lordi… Si j’avais été peu sensible à Battle Beast lors du dernier passage du groupe au Hellfest, les conditions du jour me permettent de découvrir le groupe sous un autre angle. Force est de reconnaitre que les cinq se donnent à fond, la voix de Noora Louhimo faisant toujours office d’arme (plus vraiment) secrète.

BATTLE BEAST @Heavy Week End 2025

On sent les musiciens concentrés et quelque peu statiques, malgré l’envie de Eero Sipilä (basse) d’haranguer le public. Mais tous les regards sont portés sur la chanteuse au casque corné. Au gré des titres, l’ensemble du groupe va chercher la foule qui répond là encore plus que positivement d’autant plus que Noora, visiblement heureuse d’être là communique avec le public aussi chaleureusement que les flammes qui viennent réchauffer l’atmosphère.

BATTLE BEAST @Heavy Week End 2025

Battle Beast nous a offert une très belle prestation, celle qui ressemble à une jolie mise en bouche pour accueillir la tête d’affiche.

BATTLE BEAST @Heavy Week End 2025
SAXON @Heavy Week End 2025

Mais avant, place à un monstre sacré du heavy metal. Saxon, du haut d’une carrière longue d’un demi siècle, est toujours bien présent. Les Anglais s’apprêtent à sortir leur nouveau live, Eagles over Hellfest, et se lancent ce soir dans leur nouvelle tournée européenne qui, rappelons-le, les verra revenir pour trois dates en France les 11, 12 et 13 septembre aux Zénith de Paris, Nantes et Toulouse (avec, exclusivité de ces dates, le show Castles and eagles. Nous y reviendrons.)

SAXON @Heavy Week End 2025

Bien qu’on sache à quoi s’attendre, on a toujours plaisir à retrouver Biff et sa bande qui jamais ne déçoivent. Les anciens se massent devant la scène et dès les premières mesures de Hell, fire and damnation, le ton est donné. Les bouches à feu crachent leurs flammes tandis que le public scande le refrain de ce futur classique avec entrain. Et Biff, majestueux observe avec sérieux et attention la foule devant lui.

SAXON @Heavy Week End 2025

Si Saxon a composé certains hymnes incontournables que l’on retrouve ce soir (besoin de les citer? Alors, en vrac, Motorcycle man, Strong arm of the law, Wheels of steel, Heavy metal thunder, Dallas 1pm, 747 (strangers in the night)…) le groupe nous dégaine quelques raretés qui font du bien.

SAXON @Heavy Week End 2025

On a ainsi droit à Power and the glory et Dogs of war, nouvellement réintroduit dans la set list ainsi que 1066, un des trois extraits du dernier album. Les connaisseurs le savent, ils sont en train de vivre un de ces grands moments, un de ces concerts francs et directs, sans chichi. Et même si Biff, qui referme régulièrement son manteau, semble avoir froid, le public lui mange dans la main. Le concert se termine magnifiquement avec Princess of the night, toujours aussi imparable.

SAXON @Heavy Week End 2025

Si Saxon ne surprend pas les fidèles, le groupe impressionne toujours par sa puissance et ses prestations toujours aussi solides. Désormais parfaitement intégré, Brian Tatler confirme être le meilleur choix possible pour remplacer Paul Quinn. On remarque aussi que, de son côté, Nibbs Carter est beaucoup plus calme qu’il y a quelques années, headbangant avec plus de raison. Reste que la machine de guerre est de sortie (malheureusement pas le Fuckin’ pigeon… mais ça, ce sera pour le mois de septembre !)

SAXON @Heavy Week End 2025
POWERWOLF @Heavy Week End 2025

Elles sont là, elles sont de sortie les meutes de loups-garou, impatientes de répondre à l’appel d’Attila Dorn et de Falk Maria Schlegel. Qu’on aime ou pas sa musique, un concert de Powerwolf est toujours prometteur de bons moments. Au pluriel. Car plus que le show, c’est le partage, la communion entre le groupe et le public. Un grand voile cache la scène, et dès que ce dernier tombe, le public se libère.

POWERWOLF @Heavy Week End 2025

Bless ’em with the blade lance les hostilités – Powerwolf débute également sa nouvelle tournée ce soir, le public du HWE a donc droit à l’exclusivité du show! – et, très vite, très tôt, Attila s’adresse au public. Toujours en français, délivrant son éternel message « heavy metal is religion ». Forcément, ceux qui découvrent ce soir Powerwolf ne peuvent qu’être séduits tant par cette communion que par l’excellence du show proposé. Pas une seconde ne se passe sans un clin d’œil, un sourire, une complicité tant entre les musiciens qu’avec, surtout, le public.

POWERWOLF @Heavy Week End 2025

Les frères Greywolf monopolisent la scène lorsque Falk se retrouve coincé derrière ses claviers. Il est naturellement bien souvent présent en avant scène, accompagnant Attila, très en voix, dans cette grand-messe célébrant le heavy metal et son armée (Army of the night).

POWERWOLF @Heavy Week End 2025

« On va faire bouger nos hanches« , annonce Attila. « Qui veut danser avec moi? Avec Falk? » Le teasing lancé, tous deux font deux pas de danse annonciateurs de Dancing with the dead et, crachés ses premières banderoles qui retombent légèrement sur le public.

POWERWOLF @Heavy Week End 2025

Attila invite ensuite le public à chanter quelques mesures avec lui, le préparant ainsi à l’accompagner sur Armata strigoi. Chacun chante aux ordres d’Attila: tout le monde, puis les femmes puis les hommes (quelque peu plus nombreux) et même… « maintenant, la sécurité privée, allez, chantez avec nous la sécurité privée!« , rappelant que « je suis le maestro de cérémonie » lorsque le public s’élance avant son ordre. Communication, communion même, et humour font ce soir très bon ménage.

POWERWOLF @Heavy Week End 2025

Un loup garou sur fond bleu blanc rouge accompagne La bête du Gévaudan, titre chanté en français pour le plus grand bonheur de tous, suivi par le classique Demons are a girl’s best friend. Jamais Powerwolf ne laisse retomber la pression, que ce soit avec la pyro et les confettis – encore – sur Fire and forgive ou en faisant – toujours – participer le public, qui ne se fait pas prier.

POWERWOLF @Heavy Week End 2025

Le combat des « Uh » (coté Falk) et « Ah » (côté Attila) fait toujours son effet, et fonctionne à merveille, plus encore, une fois le « concours » terminé, lorsque 6.000 gorges reprennent le gimmick tout au long de Werwolves of Armenia, suivi de Heretic hunters.

POWERWOLF @Heavy Week End 2025

Les festivités continuent jusqu’à la conclusion habituelle, l’incontournable We drink your blood. Clairement, ce soir, Powerwolf a brillamment lancé sa nouvelle tournée. Le public repart ravi, la bave de la meute s’étant transformée en sourires marquant des visages simplement heureux d’avoir vécu ce moment. Un grand, très grand concert qui, malgré le froid, vient clore une première journée plus que prometteuse d’un week end de très belle fête. On sera de retour demain, promis!

POWERWOLF @Heavy Week End 2025

THE SILENT ERA: Wide and deep and cold

Angleterre, Metal (M&o, 2024)

Après une introduction évoquant l’aventure d’Ulysse et des sirènes, une mer à la fois inquiétante et attirante, The Silent Era nous invite à plonger dans son univers qui s’étend tout au long de Wide and deep and cold de l’océan à l’espace. Le groupe anglais nous propose un album certes sombre et froid, mais aussi un disque aux ambiances variées, parfois proche du gothique, à d’autres moments plus foncièrement pop. Avec des envolées vocales qui évoquent Kate Bush ou le ton narquois de Robbie Zana (Shadow Queen), des rythmiques qui parfois me rappellent Dio, le groupe explore divers horizons par des sonorités qui alternent entre spatial (la fin allumée et hypnotique de On the run), invocation indienne de mère nature, des rythmes à la à la fois bruts et martiaux, des influences doom et new wave… Le groupe interpelle et se faufile même du côté du cinéma avec cet interlude horrifique très bien nommé Peur. Mais… Si les idées sont là, la prod est quelque peu absente… Le son, trop étouffé à mon goût, ne rend pas justice à l’originalité recherchée par The Silent Era qui a pourtant de nombreux atouts à mettre en avant.

HEAVY WEEK END: report du dimanche 23 juin

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Cette troisième journée promet d’être aussi passionnante que diversifiée avec 4 groupes d’horizons variés mais de nationalités plus restreintes puisque nous avons trois groupes américains (Ayron Jones, Tom Morello et Alice Cooper) et un seul anglais (Judas Priest).

Ayron Jones @HEAVY WEEK END

Décidément très en vue et très présent en nos contrées, c’est un Ayron Jones concentré qui a l’honneur de lancer la journée. Bob Lovelace, son bassiste est quant à lui, et comme à son habitude, une véritable pile électrique qui va chercher le public tandis que le guitariste Matthew Jaquette (absent lors du concert à l’Elysée Montmartre en octobre dernier) use de ses charmes et de son sourire pour séduire le public, malheureusement encore peu présent en ce milieu d’après midi.

Ayron Jones @HEAVY WEEK END

Ayron Jones a choisi d’aller à l’essentiel en concentrant son set sur les principaux morceaux de ses deux derniers albums en date, favorisant même Child of the state dont il présente pas moins de 5 extraits (Boys from the pugget sound, Emily, Supercharged, Mercy et Take me away), les trois autres morceaux (On two feet I satnd, Otherside – et sa partie reprise de Smells like teen spirit de Nirvana – et Blood in the water) provenant quant à eux du plus récent Child of the state.

Ayron Jones @HEAVY WEEK END

A force de fréquenter l’Hexagone, Ayron se plie au jeu de l’apprentissage de la langue, et, après On two feet I stand, s’adresse au public en Français: « Comment ça va? Ca va bien? » suffisant pour être acclamé avant de présenter ses compagnons de scène.

Ayron Jones @HEAVY WEEK END

Si une bonne partie du public semble découvrir la formation, elle semble également réceptive à sa musique, savant mélange de rock, de blues et de soul, qui puise autant chez Lenny Kravitz que Jimi Hendrix en passant par Prince ou Michael Jackson. Oui, il y en a pour tous les goûts et Ayron Jones se retire avec le sentiment du devoir accompli.

Ayron Jones @HEAVY WEEK END
Tom Morello @HEAVY WEEK END

Tom Morello prend la suite devant un public plus dense. Arrivant sur scène le poing levé, le guitariste engagé attaque son instrument sans pitié. L’attitude de l’Américain, comme à son habitude, mélange sérieux, engagement et rage.

Tom Morello @HEAVY WEEK END

On admirera tout au long de son set les immenses portraits projetés en fond de scène mais les spectateurs peuvent également se demander qui sont ces personnages, principalement africains ou afro-américains, et quel message Morello veut transmettre. Sans doute l’a-t-il verbalisé pendant son concert, et si tel est le cas, je ne l’ai pas entendu…

Tom Morello @HEAVY WEEK END

Pendant une heure, le quatuor délivre certains de ses titres les plus emblématiques que ce soit avec RATM, Audioslave, des reprises, ou encore sous son nom. Soldier in the army of love, Vigilante nocturno côtoient ainsi les classiques que sont Killing in the name, les medleys Bombtrack/Know your enemy… ou encore The ghost of Tom Joad et Power to the people. Le public est conquis et l’on ne peut que regretter un temps de jeu trop court… Tom Morello remercie ensuite Ayron Jones d’avoir ouvert et fait part de son honneur de partager la scène avec Alice Cooper et Judas Priest, « deux de mes groupes préférés de tous temps » et cède la place pour la suite.

Tom Morello @HEAVY WEEK END
Alice Cooper @HEAVY WEEK END

On attaque avec l’un des gros morceaux de la soirée. Alice Cooper joue ce soir pour la toute première fois de sa carrière à Nancy et réserve la surprise du décor, un gigantesque voile noir cachant la scène aux yeux du public. Puis, deux êtres masqués font sonner leurs cloches avant de s’emparer chacun d’un des cotés du voile, le faisant tomber. Une gigantesque une de journal apparaît, annonçant qu’Alice Cooper est banni de France, mais le héros sanguinaire apparait enfin.

Alice Cooper @HEAVY WEEK END

Le show est lancé et, si la setlist reste sans surprise, si le spectacle regorge des effets désormais classiques, le show et la mise en place des chacun des musiciens sont simplement impeccables et dantesques. Chacun des musiciens connait naturellement son rôle sur le bout des doigts, proposant une mise en scène énorme, qui emporte tous les suffrages.

Alice Cooper @HEAVY WEEK END

Là encore, les classiques – No more Mr. nice guy, I’m eighteen, Billion dollar babies, Welcome to my nightmare, Elected, Poison, Hey stupid!… – sont de sortie mais Alice nous réserve quelques surprises, se faisant notamment accompagner par son boa sur Snakebite.

Alice Cooper @HEAVY WEEK END

Les artifices classiques sont toujours d’une redoutable efficacité: le paparazzo trop insistant qui fini par se faire planter par Alice, l’infirmière assassinée, la femme SM prise à son propre jeu fouettée par Alice qui, un meurtre de trop, fini par être décapité sur la place publique avant de revenir, le monstre de Frankenstein… Le public est tellement aux anges que, contrairement aux soirs précédents, et profitant de l’absence d’un agent de sécu, un puis deux puis une dizaine de spectateurs décident de rejoindre la fosse. De l’autre côté, certains se voient empêchés ce même accès mais l’agent présent voit déferler des dizaines de spectateurs qui envahissent la fosse. Le pauvre bougre, dépassé par les évènements, semble lancer un appel au secours à l’orga qui fini par demander qu’on fasse sauter les chainettes…

Alice Cooper @HEAVY WEEK END

Retour au concert où tous les ingrédients attendus sont présents permettant à ce concert de remporter tous les suffrages. Sans aucun doute le meilleur concert de ce week end, à ce stade en tout cas!

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Car il reste maintenant la tête d’affiche. Judas Priest est, depuis quelques temps, dans une forme remarquable comme les Anglo-américains l’ont encore démontré à Paris. Alors que le fort à propos War Pigs de Black Sabbath résonne (« generals gathering their masses… ») le public se masse devant la scène. Même si le spectacle prévu est identique à ceux de Lyon et de Paris – le groupe réuni devant le kit de batterie avant d’investir la scène.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Là encore, on n’a pas de surprise, la setlist présentant cependant quelques différences avec celle proposée à Paris en avril dernier. Ainsi, ce soir, Judas Priest a retiré Lightning strikes, Love bites, Saints in hell ou encore Crown of thorns les remplaçant par Riding on the wind, Sinner et Invicible shield. Cependant, les classiques sont fort heureusement au rendez-vous, le public reprenant avec force Breaking the law, Turbo lover Electric eye ou Living after midnight.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Rob Halford est dans une remarquable forme, tant vocale que physique, arpentant plus la scène que tournant tel un lion en cage, Richie Faulkner et Andy Sneap occupent chaque espace de la scène et ian Hill tabasse son espace comme jamais. Seul Scott Travis, malgré sa remarquable frappe, est un peu moins enthousiaste surtout lorsqu’il s’agit, comme c’est son rôle depuis longtemps, de demander au public s’il veut encore une chanson. C’est un faiblard « Nancy, what do you wanna hear? » qui est lancé avant de démarrer un Painkiller annonciateur de la fin du show.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Sans surprise, The Hellion/Electric eye est le premier titre du rappel et Faulkner nous gratifie même, sur Hell bent for leather et l’arrivée à moto de Halford d’un solo inattendu à ce stade du concert, avant que Judas Priest ne conclue la soirée avec le classique parmi les classiques Living after midnight.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Ce soir encore, Judas Priest a récolté tous les suffrages et mis tout le monde d’accord. Le groupe en a encore sous le pied et on espère bien pouvoir les retrouver encore une fois dans cette même forme.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

Au moment de partir – et de clore ce report – un rapide bilan s’impose: le Heavy week end, malgré une trop faible fréquentation, a tenu toutes ces promesse: un lieu idéal, une capacité qui reste largement humaine pour un festival, un rythme permettant de voir l’intégralité des concerts… Les deux seuls points qu’il faudra revoir l’an prochain sont les tarifs des places en fosse qui, cette année, ont certainement freiné les envies d’une partie du public qui a préféré s’abstenir – et une beaucoup plus importante capacité en… WC, à répartir tout autour du site, sans doute, ce qui permettra, espérons-le, d’éviter que le public ne se rue pour se soulager à la fin des concerts, dans des files interminables, préférant se soulager le long de toutes les barrières possibles… Pour le reste, on ne peut que remercier et féliciter toutes les équipes présentes, GDP, sécurité, accueil, commerces… pour une organisation sans faille.

Judas Priest @HEAVY WEEK END

On attend maintenant avec impatience de connaitre les dates de l’édition 2025 ainsi que l’affiche. Les noms déjà retenus seraient du lourd… Comptez sur Metal Eyes pour se faire le relais de ces prochaines informations!

Merci à Anne-Lyse Rieu et Nicolas le Bouedec (GDP), Olivier Garnier (Replica promotion) et Sabrina Cohen Aiello (Verygroup) d’avoir rendu ce report possible

FIREMASTER CONVENTION: Back in the game!

La voici de retour! C’est Issoudun (36) qui, cette année accueillera la Firemaster Convention du 25 au 27 octobre 2024. Située e plein cœur de la Région Centre Val de Loire, entre Bourges et Châteauroux, Issoudun est facilement accessible par la route.

Au programme, des conférences, des expositions, un market, des masterclass et, naturellement, des concerts. Car c’est ce qui fait la force de cette convention quelque peu bousculées par la crise sanitaire et une part de doute. Alors, adieux – ou n’est-ce qu’un « au revoir’? – Châteauroux, bonjour Issoudun.

Les premiers noms annoncés ont de quoi donner envie, jugez-en plutôt: du heavy metal de Airforce – le groupe fondé par Doug Samson, le premier batteur d’Iron Maiden, au très brutal Beyond The Styx, en passant par Nightmare, les fiers « ancêtres » du heavy metal tricolore, et les heavy punks de Tagada Jones, la fête promet d’être belle. Très belle!

Toutes les infos sont à découvrir sur le site de la Firemaster Convention, qui propose un accès direct à la billetterie. Comme pour les précédentes éditions, il existe deux formules: un pass journée (journée individuelle – 4,90€ – ou pass 3 jours – 12,90€) donnant accès l’ensemble de la convention, hors concerts des têtes d’affiches, ou un Night&day pass (22,90€ par jour ou 44,90€ pour les 3 jours – soit même pas le prix de deux jours complets!) qui donne accès à toutes les activités et tous les concerts du festival. A ce prix-là, il serait dommage de se priver.

Alors, à tous ceux – et celles – qui se plaignent du fait que, en dehors de Paris, Lyon et Clisson il ne se passe jamais rien… ben, vous savez ce qu’il vous reste à faire: se rendre à l’adresse suivante:

Palais des Expositions et des Sports d’Issoudun – Rue Georges Brassens, 36100 Issoudun pour assister à trois journées festives avec des concerts à taille humaine !

Histoire d’une légende : JUDAS PRIEST (2nde partie)

Il aura fallu du temps, de la ténacité et une volonté de fer pour qu’enfin Judas Priest voit ses efforts récompensés à la fin des années 70. Le groupe traversera les années 80 en confirmant son statut d’incontournable de la scène heavy metal. mais les années 90, qui voient le grunge remettre en cause l’ordre établi, sera la décennie de tous les dangers, pour les Metal gods et bien d’autres. Une descente aux presque enfer avant une résurrection et la reconquête d’un trône laissé vacant. Voici la seconde et dernière partie de la biographie d’un des acteurs majeurs de l’histoire du heavy metal. (Retrouvez ici le début de ce dossier)

LES ANNEES 90

Le groupe envisage très rapidement d’intégrer un premier membre non anglais en choisissant le batteur américain de Racer-X, le gigantesque Scott Travis (bien plus jeune que les autres membres puisque né le 6 septembre 1961 à Norfolk, en Virginie) avec qui il entre en studio pour enregistrer l’explosif Painkiller. Mais alors qu’il s’apprête à entamer son travail, Judas Priest doit soudain stopper net : un procès lui est intenté aux USA. Le groupe y est accusé d’avoir poussé deux jeunes hommes à se suicider. Les comités de censure, PMRC en tête, veulent la peau du heavy metal et toute excuse est bonne à prendre. Ce qui est montré du doigt, c’est le texte de Better by you, better than me (Spooky Tooth), chanson qui apparaissait sur Stained glass en 1978 et qui contiendrait un message subliminal : passé à l’envers, on y entendrait les mots « Do it » (fais-le) maintes fois répétés. Pendant deux ans, tous les membres du groupe feront la navette afin de se défendre, de défendre le groupe et son honneur. Deux années à l’issue desquelles le verdict innocente totalement Judas Priest. Si certains prétendent qu’il s’agit de deux années de perdues, nombreux sont ceux qui y voient, au contraire, l’opportunité de jeter discrédit et ridicule sur les comités de censure américains qui jamais ne sont parvenus à prouver l’existence de messages subliminaux autres que ceux volontairement inclus par des groupes (comme Iron Maiden sur Piece Of Mind en 1984).

Lorsque Judas Priest retrouve le chemin des studios, c’est la rage au ventre. Le résultat est sans appel : Metallica, Slayer, Anthrax, Megadeth, Testament, Exodus sont passés par là, donnant naissance et crédibilité au thrash, hérault portant haut la bannière du metal, fière palissade s’élevant violemment contre le désormais ridicule hair metal, et les Anglais n’entendent simplement pas qu’on puisse marcher sur leurs plates-bandes. Durcissant le ton, Painkiller doit permettre à Judas Priest de définitivement reprendre sa place de grand leader du metal moderne. L’accueil reçu par l’album a en effet tout pour rassurer les différents acteurs présents car si Painkiller fait jeu égal avec son prédécesseur en atteignant la 24ème place des charts à domicile, il en gagne 5 dans le Billboard US en pointant 26ème. Mais, malgré une tournée irréprochable pour laquelle le public se déplace en masse, Priest connait pour la première fois un vrai retour de manivelle : à trop vouloir moderniser son son, le groupe est parvenu à diviser les fans en deux clans : ceux qui trouvent que le groupe est allé trop loin, flirtant trop avec le metal extrême, perdant ainsi de sa spontanéité, de son authenticité, même, et ceux qui estiment au contraire que le groupe n’est pas allé assez loin dans ses explorations, restant trop timide en comparaison de ce qui se fait désormais… Mais au final, peu importe, car on reparle beaucoup de Judas Priest qui ne laisse plus personne indifférent.

Revenus dans le cœur des fans, le groupe peut voir l’avenir en grand. Certains veulent même en profiter pour donner vie à un projet de longue date : Rob Halford émet le souhait d’enregistrer un album solo dont les morceaux ne peuvent convenir à Judas Priest. Las, CBS – désormais Columbia – ne l’entend pas de cette oreille et refuse de voir son artiste sous contrat aller faire de l’œil ailleurs. Ni une ni deux, voilà un Rob furieux qui rompt purement et simplement ses engagements et reprend sa liberté. Tout le monde le sait : ce chanteur est irremplaçable, et son départ risque fort de mettre un terme à la carrière du groupe. Tous, dès lors, tentent de raisonner chacun, vocaliste et/ou label mais le mal est fait. Rob donne le temps qu’il doit contractuellement à son label puis tire sa révérence. Le chanteur compte bien transformer ses envies d’album solo en véritable carrière d’un nouveau genre, brutal et vindicatif, à l’image du nom qu’il a choisi pour son groupe : Fight. Cependant, alors que son projet se monte en parallèle, il prend part avec ses futurs ex-collègues à la conception d’une nouvelle compilation. Metal works 73-93 retrace la carrière de Judas Priest sur les deux décennies écoulées, soit depuis la naissance du groupe. Puis, une fois ce « testament » en bacs, chacun vaque à ses occupations. La légende se meurt.

Pendant que Ian Hill, KK Downing et Glen Tipton s’attèlent à la recherche d’un vocaliste à même de remplacer l’irremplaçable, Rob Halford embarque Scott Travis pour enregistrer son premier méfait solo avec Fight chez Epic Records. War Of Words, qui sort en 1993, rencontre un succès d’estime et sera suivi deux ans plus tard par Small Deadly Space. Ces deux essais ne se vendent pas assez aux dires de la nouvelle maison de disques, entraînant de fait la rupture du contrat et la séparation du groupe.

Après avoir passé les trois dernières années à le chercher, Judas Priest peut, enfin, en 1996, annoncer le nom du nouveau chanteur : après avoir pensé à Ralf Sheepers, le choix des anglais s’est porté sur un jeune Américain, Tim « Ripper » Owens, chanteur de British Steel, groupe hommage à Judas Priest. Le gaillard a plusieurs atouts : il est jeune (né le 13 septembre 1967 à Akron, Ohio), connait parfaitement le répertoire de la formation de Birmingham et a une voix étonnamment semblable à celle de Rob Halford. Le jeune homme est rapidement embarqué en studio afin d’y enregistrer son premier album, qui sera suivi par l’épreuve de la route.

Parallèlement, à la préparation du nouveau disque et pour occuper le temps libre, Glenn Tipton exprime son désir de sortir, lui aussi et enfin, son album solo. L’expérience passée a porté ses fruits et personne ne songe à empêcher le guitariste de mener à bien son projet. Bapitizm Of Fire voit le jour en 1997 et reçoit un accueil positif tant des médias que du public qui, reconnait le talent du guitariste qui parvient à séduire avec une approche que Judas Priest ne pouvait lui permettre. Cependant, son groupe reprend le dessus rapidement pour revenir sur le devant de la scène.

Jugulator, qui voit revenir Scott Travis, libéré de ses obligations depuis la séparation de Fight, parait donc en 1997 sur le label SPV et bénéficie de la curiosité du public pour se vendre correctement et parvient à se classer 47ème des charts anglais et 82ème du Billboard US. Le groupe profite, en plus du phénomène de curiosité (mais certainement pas du côté artistique de l’illustration de couverture !), du capital sympathie qu’il s’est forgé tout au long de ces années passées à défendre le metal mais également d’une certaine rancœur que les fans éprouvent au sujet de la désertion brutale du chanteur historique. Mais Judas Priest sait que ce ne sera pas suffisant pour remplir de nouveau les stades. Tout est à refaire, et la tournée se passera dans des salles de moyenne capacité, ce qui permettra de rôder en douceur Tim aux obligations de la scène et de reconquérir tranquillement le public, un public pour qui le chanteur ne peut rivaliser avec son illustre prédécesseur.

Toutefois, un nouveau coup de théâtre vient alimenter les rumeurs. En 1998, alors qu’il s’est associé à Trent Reznor de Nine Inch Nails dans le projet industriel Two, auteur d’un unique album, Voyeurs, sorti l’année précédente, Rob Halford dévoile au grand public un secret de polichinelle : en pleine interview sur l’incontournable MTV, le chanteur fait son coming out, annonce officiellement son homosexualité, alors que Judas Priest officialise sa collaboration avec Tim Owens en publiant le témoignage Live meltdown. L’annonce d’Halford est-elle un moyen de court-circuiter une nouvelle percée de ses anciens comparses ? Ou est-ce simplement un moyen de ne pas se faire oublier ? Car, en 1998, la carrière des uns et des autres est au plus bas, et l’avenir de tous plus qu’incertain. Il semble que rien ne fut prémédité, que le moment était simplement venu pour le chanteur, aux tenues de plus en plus extravagantes, d’officialiser les choses afin de ne plus se cacher

1999 marque une étape importante dans la vie du heavy metal traditionnel, quelque peu chahuté tout au long de la décennie par le Grunge et l’explosion des courants les plus extrêmes du genre, le black et le death metal. Ce tournant est à imputer à Iron Maiden qui annonce réintégrer au chant Bruce Dickinson. La formation publie Brave New World la même année et rencontre un immense succès, ce qui donne matière à réflexion. Discrètement, Rob Halford reprend contact avec ses anciens camarades de jeu et lance l’idée de futures retrouvailles. Mais le chemin de la rédemption est encore long. Le mal fait n’est pas oublié.

Judas Priest enregistre en 2001 Demolition, toujours avec Owens. Cette fois, pourtant, la mayonnaise ne prend pas. Le soufflé retombe, et malgré un nouveau témoignage public (Live in London, en 2003), les cinq doivent se rendre à l’évidence : on ne peut changer une équipe qui a conquis le cœur du public. Maiden a moins tergiversé, n’a enregistré que deux albums avec le remplaçant du – également – démissionnaire Dickinson et se retrouve désormais, depuis bientôt six ans, au sommet de l’Himalaya du metal. Sans doute faut-il envisager également le retour de Rob au sein de Judas Priest ?

LE NOUVEAU MILLENAIRE

Pour l’heure, le chanteur se concentre sur son nouveau projet, foncièrement metal. Sous le nom de Halford, il publie en 2000 un premier album plus remarqué que ses autres tentatives, un disque au nom évocateur de Resurrection. Les fans s’avouent rassurés de savoir que le Metal God, leur Metal God n’a pas définitivement tourné le dos au metal. De plus, la tournée qui suit, qu’Halford joue en tête d’affiche dans des salles intimistes ou en ouverture d’iron Maiden dans des stades, rencontre un réel succès. Le groupe sort rapidement un album live, Live insurrection(2001) aussitôt suivi d’un nouvel effort studio, Crucible, en 2002. Le vocaliste a les crocs et le fait savoir. Ce qui donne de plus en plus matière à réflexion à ses anciens compagnons.

Les prémices d’un rapprochement se font avec le travail en commun que les cinq dispensent pour l’édition du coffret compilatoire Metalogy. Les relations sont courtoises, polies, et les cinq parviennent à se débarrasser de leurs griefs. C’est en juillet 2003 que Judas Priest annonce officiellement le retour de Rob Halford. Les cinq partent immédiatement à la reconquête du public perdu, tournant en tête d’affiche en Europe en 2004 et participant avec un succès salvateur et rassurant au festival itinérant Ozzfest. Puis il est temps d’offrir de nouvelles compositions au public.

La légende renait. Judas Priest est de retour en grâce de tous les côtés : le public l’acclame lors de ses concerts et les gros labels lui refont les yeux doux. Sony diffuse mondialement le nouvel album, Angel of retribution, en 2005. Tout a été pensé pour faire mouche : l’ange metallique qui illustre la couverture renait de ses cendres et rappelle indéniablement le Metallian des glorieuses 80’s. La signature historique est de retour. Les morceaux, aux tempi variés, font mouche, qu’il s’agisse de metal pur comme Judas rising au plus mid tempo Angel. Les cinq proposent même un long titre épique, Lochness, leur plus long morceau jamais composé d’une durée dépassant les 13’. Le public plébiscite à nouveau ses héros, avec une superbe 13ème place outre Atlantique et un classement un peu plus mitigé chez sa Gracieuse Majesté où il n’arrive que 39ème. La tournée qui suit, bien que ne passant pas partout (si mes souvenirs sont bons, la France fut oubliée…) fédère de nouveau le public qui, parallèlement pour une certaine partie, continue de suivre les pérégrinations de Tim « Ripper » Owens au sein de Iced Earth.

Si la machine semble enfin remise sur de bons rails, Judas Priest doit désormais confirmer qu’il ne s’agit pas que d’un vulgaire feu de paille. Pas question, pourtant de se précipiter… Le groupe compte bien marquer son retour au fer rouge et prend le temps de mettre sur pied un très ambitieux projet musical, une aventure qu’il n’a jusqu’alors jamais tenté : composer un album conceptuel, dont le thème traite de la vie de l’astrologue français Michel de Nostredame, dont l’histoire se souvient en tant que Nostradamus, de son époque et de ses quatrains prédictoires sinon prémonitoires.

L’album parait sous divers formats en juillet 2008. Tout au long de la campagne de promotion qui a précédé la sortie de l’album, les musiciens déclarent que si Judas Priest devait s’arrêter demain, ils seraient plus que fiers de partir en laissant cet album en guise de testament. Nostradamus regroupe de nombreux genres musicaux, qu’ils soient purement metal ou plus expérimentaux, Rob Halford module sa voix comme jamais auparavant, devenant parfois même lyrique. Bien que par moments surprenant, l’album fédère le public qui lui offre de belles places des deux côtés de l’océan : 30ème sur ses terres et 11ème aux USA. Sans surprise, la tournée qui suit se joue quasiment tous les soirs à guichets fermés, confirmant de nouveau ainsi le statut incontournable du groupe. Presque naturellement, un nouvel album en public voit le jour en 2009, A touch of evil : live qui ne rencontre quant à lui qu’un succès d’estime, n’étant rien de plus qu’une compilation de morceaux live enregistrés sur les précédentes tournées. Si encore il s’était agi d’une restitution de la tournée Nostradamus….

Rob Halford, de retour en grâce, décide de créer son propre label et réactive son projet Halford. Sous le nom de label Metal God Entertainement, il publie un recueil metallique de chants de Noel, Winter songs durant l’hiver 2009, prenant le public à contrepied. Si l’effet de surprise est garanti, tout le monde se demande où réside l’intérêt artistique du projet qui, pourtant, ne nuit pas au chanteur. Désormais libre et sans contrainte, il continue de mener sa carrière solo lorsque ses activités avec Judas Priest le lui permettent.

En 2010, Judas Priest annonce son intention de lever le pied et de dire adieux aux grosses tournées. Quel meilleur moyen pour saluer les fans « une dernière fois » que de mettre sur pied… une tournée ? Les dates pleuvent promettant un été 2011 partagé entre un Iron Maiden qui a décidé de ne donner qu’une cinquantaine de concerts et festivals, et un Judas Priest qui va écumer festivals (Hellfest et Sonisphere, parmi d’autres) et grandes salles et/ou stades avant de se calmer. Encore un grand qu’on ne verra plus ?

La surprise vient en fait de l’annonce faite par KK qui, lui, officialise son départ sans réelle raison, du moins, pas exprimées. Il ne participera pas à la tournée et se voit bientôt remplacé par un jeune guitariste anglais. Né le 1er janvier 1980 à Londres, Richie Faulkner a affuté ses armes au sein de Dirty Deeds, Voodoo Six ou le groupe de Lauren Harris. Il intègre officiellement Judas Pries le 20 avril 2011 et le public découvre un sosie rajeuni de KK. Fut-ce un critère de sélection ? Quoiqu’il en soit, si, au-delà de blondeur et de la tenue scénique du jeune homme, les premiers concerts font preuve d’un certain mimétisme avec son prédécesseur, le public constate une réelle complicité avec Glen et le reste du groupe. L’énergie dont il fait preuve sur scène, dont une tête d’affiche au Hellfest de Clisson le 19 juin 2011, apporte un regain de jeunesse à un groupe dont le chanteur a de plus en plus de mal à se déplacer, et le public adopte bientôt totalement le jeune Richie dans la famille des Metal Gods.

C’est une nouvelle vie qui commence et le groupe marque cette tournée avec la publication d’un nouveau témoignage live, Epitaph. Judas Priest décide d’enregistrer sa toute dernière date de la tournée, date au mythique Hammersmith Odeon de Londres le 26 mai 2012. Le public, véritable sixième homme de ce concert, sait qu’il vit plus qu’un concert historique. Car même si tout le monde sait que Priest interprète un morceau de « chacun » de ses albums, le résultat est une setlist simplement extraordinaire. Quand bien même il ne s’agisse pas de la période la plus reluisante des Anglais, on ne peut que regretter que l’ère Owens ne soit pas représentée, simplement effacée comme si elle n’avait jamais existé… Cependant, le résultat est à la hauteur des attentes et, surtout, annonciateur d’un bel avenir. D’ailleurs, fin 2013, c’est officiel : Judas Priest publiera un nouvel album en 2014.

Le groupe n’a pas menti… fin avril 2014, le public peut découvrir à travers le monde la vidéo du morceau titre de l’album à venir. Redeemer of souls arrive dans les bacs au mois de juillet. De la pochette – sorte de clin d’œil au précédent « album du retour », Angel of retribution, avec son « ange » qui semble renaitre de ses cendres – ce nouvel album trouve vite son public, se classant rapidement en 6ème position du Billboard US. On y retrouve tout ce qui a fait la légende de Judas Priest, ce heavy metal puissant et racé à la fois.

Le public est lui aussi bien présent, et Judas Priest tourne plus intensivement que sans doute prévu. Les festivals sont à la fête accueillant partout un groupe au sommet de sa forme et de son art. Croit-on… Le festival de Wacken, WOA, le 1er aout 2015. Ce concert est une nouvelle fois l’occasion d’enregistrer un superbe album live. Battle cry parait le 25 mars 2016 en format CD et DVD. Là encore, ce témoignage est superbement accueilli par le public, toujours présent et fidèle. Mais…

2018 se révèlera une année difficile pour tous. Disparu des écrans radar depuis des années de déboires judiciaires, l’année commence avec l’annonce, le 16 janvier, du décès de Dave Holland, le précédent batteur. Si la justice a fait son travail, le public ne peut que déplorer le peu d’écho de cette disparition d’un musicien qui aura participé à certaines des meilleures années de Judas Priest et enregistré les albums les plus emblématiques du groupe.

Le vrai choc se produit en fait le mois suivant. Le 12 février, Judas Priest annonce, alors que le nouvel album n’est pas encore sorti, que Glenn Tipton ne participera pas à la tournée qui approche. Atteint de la maladie de Parkinson, diagnostiquée près d’une décennie plus tôt, le légendaire guitariste ne peut plus tenir son poste. Il reste membre officiel du groupe mais la tournée se fera sans lui. Sa place est confiée à Andy Sneap, musicien réputé pour ses talents non seulement de guitariste mais également de producteur. Il a d’ailleurs été aux manettes au côté de Tom Allom pour l’enregistrement de Firepower.

L’album parait le 9 mars 2018. Sa pochette rappelle celle de Screaming et son contenu musical est simplement imparable. Bien qu’affichant un demi-siècle d’activité au compteur, Judas Priest est dans une forme créative éblouissante et exemplaire. Firepower atteint une qualité sans doute jamais égalée depuis les années 80. Un must, tout simplement.

Parallèlement, l’ex-guitariste du Priest, KK Downing refait parler de lui. Dans un premier temps, l’ange blond publie une autobiographie, Heavy duty : days and nights in Judas Priest. Un livre au cours duquel il raconte son histoire et sa version des faits, pas toujours de manière très glorieuse mais avec beaucoup d’humanité et de… regrets, est-ce le mot approprié ? Il y dévoile ses relations avec le reste du groupe, dont celles, parfois houleuses avec son « complice » Glenn qui s’appropriait, selon lui, les meilleurs soli… Sans totalement laver son linge sale en public, on y découvre certains travers de la vie de rock stars. KK tente plus tard de revenir sur le devant de la scène avec un groupe à peine revanchard : KK’s Priest qui publie 2 albums aux titres et aux chansons bourrés de références à la formation qui jadis fit sa gloire. Des références si grossières qu’elles ne peuvent qu’en devenir ridicules malgré un metal pur et dur. A l’annonce du retrait de Glenn Tipton, KK se plaindra du fait que Judas Priest aurait pu, dû, le rappeler pour compléter le line-up… Une aigreur qui pourrait cacher d’autres secrets qui, espérons-le, seront enterrés avec la fin de l’histoire. Pas encore demain…

Les tournées de Judas Priest, quant à elles, continuent. Plus courtes, certes, mais elles se suivent et les adieux sont oubliés… Tête d’affiche des plus grands festivals européens (Hellfest, Graspop et Wacken 2018 et 2022, Metaldays 2018…) et du monde, le groupe se montre dans une forme éblouissante – malgré un Rob Halford vieillissant – et la scénographie toujours renouvelée en donne au public bien plus que pour son simple argent.

Une forme simplement interrompue, en 2020 par… un virus qui entraine une crise sanitaire mondiale. Entre 2020 et 2021 le monde entier vit sous cloche, privé de réunions publiques et donc de spectacles. Comme beaucoup d’autres, Judas Priest en profite pour réfléchir à son avenir et en profite pour publier, en 2021, le gigantesque coffret 50 heavy metal years of music. Limité à 3.000 exemplaires, ce monstre regroupe 42 CD, soit toute la discographie officielle (studio et live) de Judas Priest et nombre d’autres albums live principalement enregistrés au cours des années 70 à 90. Le tout est agrémenté, entre autres goodies, de photos signées, d’un livre historique et d’une reproduction de la célèbre lame de rasoir de British Steel, numérotée. Il n’y en a naturellement pas pour tout le monde (mais il semble qu’il reste des exemplaires disponibles, sur le site du groupe uniquement. Attention aux frais de douane !) Ce coffret est doublé d’une compilation intitulée Reflections : 50 heavy metal years of music, naturellement bien moins conséquente mais cependant correctement fournie même si ce résumé laisse quelque peu sur sa faim.

Ce n’est pas tout, puisqu’en 2021, Rob Halford publie Confess, une passionnante autobiographie dans laquelle il se dévoile, de son enfance à aujourd’hui, en passant par ses souffrances, dont celle d’être un homosexuel qui, chanteur au sein d’un groupe de heavy metal en vue, ne peut dévoiler sa réelle nature et tout ce que cette frustration a pu engendrer, comportementalement et/ou addictivement.

2021 sera aussi, et surtout, marquée par le concert que donne Judas Priest au festival Louder Than Life le 26 septembre. Les Metal Gods y jouent juste avant Metallica, incontournable tête d’affiche. A l’issue du concert, une fois sorti de scène, après avoir ressenti des douleurs sur Painkiller, Richie Faulkner fait un malaise et est transporté de toute urgence à l’hôpital. On apprend bientôt que le guitariste a été victime d’un anévrisme aortique et a dû subir une longue opération à cœur ouvert- 10 heures sur le billard… Au delà de n’être pas tête d’affiche, ce qui a permis une évacuation et un transport très rapide, le public étant encore sur place, l’adrénaline créée pendant le concert pourrait être un des éléments qui ont sauvé le guitariste, aujourd’hui heureusement totalement remis.

L’année 2022 verra Judas Priest continuer de tourner. Le groupe ne fera cependant pas que sillonner les routes puisque, enfin diront certains, ils seront reconnus à leur juste valeur et honorés pour ce qu’ils ont pu apporter à la musique. Le 5 novembre de cette année, Rob Halford et ses comparses sont intronisés au célèbre Hall of fame qui honore ces musiciens ayant contribué à la musique rock dans le sens le plus large du terme. Seul Richie Faulkner n’est pas de la fête n’ayant pas assez dancienneté dans le groupe, tandis que sont invités à participer à la fête KK Downing et les Binks. Mais ce soir fait figure d’évènement puisque le toujours membre Glen Tipton est de la partie pour jouer Metal gods, You’ve got another thing coming et Living after midnight. Lui, certes, mais sont également de la fête l’ancien batteur Les Binks et… oui, le revanchard KK Downing. Un moment historiquement éphémère puisque simplement, malgré la rumeur qui enfle, temporaire. Non, KK ne rentre pas au bercail…

2024. Nouvelle année exceptionnelle pour Judas Priest ? Les Anglais reviennent en effet avec un nouvel album sous le bras, Invicible Shield, dont la sortie est prévue le 8 mars 2024. Judas Priest se lance dans une nouvelle tournée européenne, en compagnie d’autres légendes anglaises, Saxon et Uriah Heep (pas présent sur toutes les dates, absent chez nous), et sera, en France, présent à Lyon et Paris début avril et assurera la tête d’affiche du festival de Nancy, Heavy Week end en juin. Invincible ? Il semblerait bien que oui…

BRUCE DICKINSON: The Mandrake project

Angleterre, Heavy metal (BMG, 2024)

The Mandrake project ou chronique d’un succès annoncé… Depuis des mois déjà, c’est toute la planète metal qui s’émeut à l’idée de la sortie du nouvel album solo de Bruce Dickinson. Une promo comme seuls les plus grandes stars – et le chanteur d’Iron Maiden fait incontestablement partie de ces privilégiés – peuvent se la permettre, une promo soigneusement pensée et faite pour exciter les foules. Un battage fait de pubs dans la presse, tournée des radios, rencontres avec les (« des », le nombre de rencontres étant limité) fans pour des séances de dédicaces, production d’une version collector pour l’occasion… Comme si la promo officielle ne suffisait pas, même les fans les plus hardcore s’y mettent, se faisant le relai du décompte avant la sortie, des résultats des ventes, des témoignages lors de ces rencontres organisées… Bref une promo jusqu’à l’overdose qui pose une question: il est où le loup? Car oui, avec autant de remue-ménage, on peut avoir des a priori quant au résultat final de cet album que les fans auront attendus près de 20 ans. Certes, son retour au sein du giron Maiden l’a plus qu’occupé, mais force est de reconnaitre, à l’écoute de cet album, que ça valait le coup d’attendre. Une nouvelle fois, Bruce collabore avec Roy Z, qui tient ici guitare et basse et avec qui il compose la plupart des titres. D’emblée, on comprend que Bruce cherche à s’éloigner de l’univers purement heavy metal de la vierge de fer. Il nous propose un album au relents cinématographiques avec des chansons taillées pour le 7 art. La variété des genres, allant du heavy rock au metal symphonique, voire à l’acoustique est rafraichissante et interpelle plus qu’à son tour. L’émotion mise en scène est palpable, et Dickinson module et varie ses intonations avec un bonheur qu’on ne trouve plus forcément dans son autre groupe, même si certains moments évoquent naturellement Maiden. The Mandrake project s’en distingue cependant largement au travers de cette œuvre impressionnante et plus que réussie. Alors oui, voici un disque qui méritait bien un peu de tapage et on attend maintenant de retrouver le légendaire chanteur sur scène – un Olympia puis un Hellfest en bien meilleure position que British Lion…

Histoire d’une légende: JUDAS PRIEST (1ère partie)

Quinze ans déjà… Quinze années que Judas Priest a annoncé prendre sa retraite et, contrairement à tant d’autres, n’a finalement jamais arrêté nous offrant en 2024 un nouvel album studio – Invicible shield – et une nouvelle tournée, dont trois étapes sont prévues en France : le 5 avril à Lyon, le 8 à Paris et le 23 juin pour clore le Heavy week end de Nancy. Mais revenons quinze ans en arrière. Epitaph… C’est le nom qu’avaient décidé de donner les Metal Gods, à leur « tournée d’adieux en 2009. Vous vous en souvenez ? Oui, car cette « tournée d’adieux » n’avait d’adieux que le nom et le Priest a été, depuis back à de nombreuses reprises… Non seulement les Anglais « mettaient-ils un terme à leur carrière » mais, avec un nom pareil, on pouvait croire qu’ils avaient décidé de définitivement enterrer le mythe après quarante ans de bons et loyaux services. D’autant plus que le 20 avril 2009, Judas Priest postait sur son site www.judaspriest.com une nouvelle plus que surprenante : KK Downing, le guitariste co-fondateur du groupe, avait alors décidé de prendre sa retraite et de quitter le groupe. Une décision aussi soudaine qu’inattendue, d’autant plus surprenante qu’il ne semblait pas y avoir de réelle explication. Dont acte. Un départ brutal sans même des adieux live aux fans qui l’ont soutenu toutes ces années. Judas Priest n’a cependant pas tardé à lui trouver un remplaçant en la personne de Ritchie Faulkner, jeune guitariste alors âgé de 31 ans, présenté par le groupe comme plus que talentueux, et qui « va mettre le feu sur scène » dès le concert d’ouverture de cette nouvelle tournée, le 7 juin 2009 à Tilburg, en Hollande.

Mais ça, c’était avant… Car depuis, Judas Priest a publié non pas un, non pas deux mais bien trois nouveaux albums studio, un live et un méga coffret collector tiré à 3.000 exemplaires dans le monde, s’est lancé dans plusieurs tournées mondiales, expliquant que « finalement, non, l’idée de Epitaph était de mettre un terme aux longues tournées mondiales pour ne plus tourner que sur de courtes périodes et ne donner que quelques concerts soigneusement choisis ». En attendant de retrouver les Metal Gods sur scène, revenons sur (maintenant plus de) cinquante ans d’histoire.

Lorsque naquit Judas Priest du côté de Birmingham en 1970, personne n’aurait osé espérer une carrière aussi longue ni aussi riche. Celle-ci, pourtant n’est pas terminée. Car ce que le groupe enterre, ce sont les longues tournées, pas les concerts ni les enregistrements d’albums. Comme beaucoup d’autres formations à la carrière plus qu’honorablement longue, Judas Priest aura connu des hauts et des bas, tant en matière de réussite artistique ou commerciale qu’en termes d’image auprès du public. Mais une chose reste certaine : c’est que Judas Priest est devenu une référence incontournable depuis ses débuts.

LES ANNEES 70

Kenneth Downing, né le 27 octobre 1951, et Ian Hill, qui vit le jour le 20 janvier 1952, se connaissent depuis leur plus jeune âge. Ils ont fréquenté les mêmes écoles et, d’une certaine manière, se sont construits ensemble, se découvrant, au cours de l’adolescence des goûts musicaux communs. C’est naturellement qu’ils décident d’apprendre à jouer d’un instrument : Kenneth choisit la guitare, Ian la basse.

Lorsqu’ils s’estiment prêts, les deux compères décident de fonder un groupe. Nous sommes alors en 1970. Ils sont rejoints à cette époque par Alan Atkins, un chanteur dont le groupe, qui se nomme Judas Priest, vient de se séparer et qui leur propose ses services.

Si les débuts du groupe se font sous l’influence du blues, Downing insiste pour que Judas Priest durcisse le ton. Sa musique devient plus rock et plus dure, et le groupe, sans batteur attitré, écume la région de Birmingham. Mais des dissensions internes, dues, entre autres raisons, à des problèmes financiers, forcent le départ de Alan Atkins. Un premier changement s’impose alors, qui va avoir un impact déterminant sur le reste de la vie de Judas Priest.

Ian Hill fréquente à cette époque une jeune fille dont le frère chante au sein de Hiroshima. Elle suggère à son amoureux d’envisager la possibilité de le recruter. Rob Halford, qui a le même âge puisqu’il vint au monde le 25 août 1951, intègre ainsi Judas Priest et embarque avec lui son batteur John Hinch.
Si la légende n’est pas encore en marche, l’aventure peut toutefois commencer. Pour cela, le quatuor intègre, suivant la suggestion de son label, un second guitariste ; le fougueux Glenn Tipton, bien que de trois ans son ainé (il débarqua sur la planète le 25 octobre 1948) qui deviendra bien vite l’alter ego de celui qu’on appelle désormais KK Downing. Judas Priest ainsi complété entre en studio afin de donner naissance, sous la houlette du producteur Rodger Bain, à Rocka rolla, son premier effort. Une tentative qui ne marque pas l’histoire de la musique, le producteur ayant usé de son influence et de sa notoriété (il a notamment travaillé avec Black Sabbath) pour écarter des chansons que le groupe utilisera plus tard : The ripperGenocide ou encore Tyrant furent ainsi sacrifiées sur l’autel de la nécessaire production. La formation tire cependant les leçons de cet enregistrement afin de ne plus commettre ce type d’erreur et mieux se fier à son jugement.

Désormais, Judas Priest se donne un rôle actif dans la production, et commence, aux côtés de Jeffrey Calvert et Max West, dès l’enregistrement de Sad wings of destinyqui sort en 1976. Pour ce disque, Alan Moore tient les baguettes, mais il sera bientôt remplacé. La maison de disques, Gull, peut se déclarer satisfaite du début de succès rencontré par l’album de ses poulains. Les morceaux précédemment écartés touchent le public, tout comme le désormais classique Victim of changes.

La légende est en marche. Judas Priest commence à intéresser des majors, parmi lesquelles CBS qui finit par héberger, et pour de nombreuses années la formation anglaise. Le label compte bien capitaliser sur ce groupe à la réputation grandissante et obtenir un retour sur investissements. Dès 1977, Judas Priest sort le premier fruit de cette nouvelle collaboration : Sin after sin, enregistré avec le batteur Simon Philips, produit par Roger Glover (Deep Purple), est enregistré au Ramport Studios de Londres. Le groupe y signe les futurs classiques que sont Sinner ou Dissident agressor et reprend ce qui deviendra un incontournable lors de ses concerts, Diamonds and rust, que Joan Baez, chanteuse folk, a rendu intemporel. Sin after sin voit également l’équipe s’agrandir avec la venue de Roslav Szabo, un membre du team CBS, qui s’occupe de la conception et du design des illustrations des albums de Judas Priest. L’album marque par son orientation plus foncièrement heavy et parvient ainsi à séduire le public anglais qui lui offre une jolie 23ème place dans ses charts.

Le groupe renforce alors sa présence scénique afin de battre le fer tant qu’il est chaud. L’Angleterre tombe petit à petit et Judas Priest se voit même invité aux USA pour participer au Day On The Green Festival au côté de Led Zeppelin. Ce voyage outre Atlantique se fait en compagnie du nouveau batteur, Les Binks, et permet aux Anglais de voir grandir leur réputation chez l’oncle Sam. Le groupe découvre un pays qu’il lui faut absolument conquérir pour s’installer durablement dans le paysage musical mondial.

De retour en studio, Judas Priest s’attèle à l’enregistrement d’un nouvel album. Gull profite de l’aubaine pour sortir un premier Best Of Judas Priest coiffant sur le poteau la sortie, en 1978,de Stained class. Ce dernier, avec des titres un peu plus aérés comme SavageSaints in hellExciterWhite heat red hot ou encore Beyond the realms of death, présente une facette un peu plus « soft » du Priest, ce qui semble perturber légèrement le public anglais qui ne le place qu’en 27ème position. Ce disque, pourtant, confirme la position de leader de Judas Priest alors que la scène heavy britannique, qui subit de plein fouet l’explosion de débauche du Punk, est donnée pour moribonde.

Seulement, Judas Priest a l’esprit conquérant et propose dans la même année un disque beaucoup plus dur, forgeant (enfin) le style qui fit sa légende. Killing machine, pourtant subit la censure américaine à cause de son titre, bien involontairement cependant. Les USA ont récemment été le théâtre d’un massacre dans une école de Cleveland et « estiment » que le groupe fait ouvertement référence au meurtrier. L’album y est publié sous le nom de Hell bent for leather (une des chansons du disque) et marque les esprits au point que la tournée qui suit verra le nombre de dates grossir semaine après semaine. Car non content d’élaborer les codes musicaux du heavy metal moderne, Judas Priest en redéfini également l’image. Alors que nombre de musiciens évoluent avec l’apparence de hippies, Rob Halford et ses compères adoptent un look bien plus en rapport avec la musique : les vêtements de cuir tout de chaines et de clous bardés deviennent la marque visuelle bientôt indissociable du groupe. Un esprit sado maso, imposé au fil du temps par Rob Halford, entre au service d’une musique virile et macho. Judas Priest peut enfin décoller, ayant trouvé à la fois un son et une image. Les Anglais accueillent l’album à bras ouverts bien que lui offrant un moins bon classement dans les charts (n°32) et les Américains commencent à prendre le groupe au sérieux (n°128 du Billboard).

Le Japon est choisi pour que soit enregistré le premier témoignage public de Judas Priest qui parait en 1979. Unleashed in the east cartonne partout, se classant des deux côtés de l’océan (n° 10 en Angleterre et 70 aux USA) et sera bientôt soupçonné d’avoir été plus que retravaillé en studio, au point que certains le surnommeront « Unleahed in the studio ». Il faudra bien des années pour que le groupe parvienne enfin à convaincre que seul Rob Halford a dû réenregistrer ses parties tellement les prises live étaient mauvaises. Peu importe au final, car Judas Priest démontre avec brio sa maitrise de la scène, et l’engouement du public est bien réel. Mais la tournée aura eu raison du batteur. Les Binks quitte le groupe qui le remplace par Dave Holland. Débute alors une longue et très fructueuse collaboration qui durera toute la décennie suivante.

De son côté, Gull continue de tirer profit de son ancien poulain en sortant une nouvelle compilation sous la forme d’un double album, Hero, Hero qui relate, de nouveau, les premières heures des Anglais.

LES ANNEES 80

La légende s’installe, et cela sans perdre de temps. Profitant de son image – miraculeusement demeurée intacte malgré le raz de marée punk – et de l’afflux de jeunes groupes aux dents longues (mouvement que le monde connaitra bientôt sous l’acronyme NWOBHM), Judas Priest propose bientôt un nouvel album, présentant ainsi au monde son nouveau batteur, Dave Holland, né le 5 avril 1948 à Northhampton. British steel, produit par Tom Allom, fait un carton immédiat – et durable –grâce à son modernisme et sa détermination. Les désormais classiques Living after midnight et Breaking the law sont tout de suite la proie des radios qui en font de véritables hymnes du heavy metal, plaçant l’album en 4ème et 34ème place des Top anglais et américain. L’Angleterre cède, suivie par le vieux continent, les USA sont conquis, et Judas Priest connait enfin le plaisir des certifications en recevant disques d’or puis de platine. Le groupe se lance une nouvelle fois dans une intensive tournée américaine et se trouve enfin propulsé au rang de valeur sûre mondiale. L’Europe fera également l’objet d’un pilonnage en règle. Les années passées entre galères et espoirs sont désormais mises à profit, d’autant que la formation ainsi constituée (producteur inclus) restera stable tout au long de la décennie, et donnera naissance aux plus grands albums de Judas Priest.

Succès, formation stable, label confiant… Il est naturel pour tous les acteurs de vouloir capitaliser sur le nom de Judas Priest. Une obligation reste cependant à remplir : il est impératif de renouveler le succès américain. Pour cela, les six travaillent le son du groupe, et lorsque sort, en 1981, Point of entry, la surprise est de taille : les chansons plus lisses semblent mieux convenir aux radios américaines, ce qui, en cette période de renouveau metallique sur le vieux continent, n’a pas l’heur de plaire à tous les Européens. Le public américain ne s’avoue cependant pas totalement convaincu non plus, ne transformant ce nouvel essai qu’en disque d’or et n’offrant à l’album que la 39ème position du Billboard (et N° 14 GB). Mais loin de se décourager, les Anglais repartent sur les routes et sillonnent les deux côtés de l’Atlantique. Si le succès commercial de l’album est mitigé, de nombreux concerts affichent complets. Et sur scène, les You say yesDesert plains ou autres Heading out to the highway prennent une autre dimension.

Rapidement, pourtant, Judas Priest remet les pendules à l’heure. On ne joue pas avec les humeurs de ses compatriotes… Le groupe retourne en studio, toujours sous la houlette de Tom Allom, et donne naissance à Screaming for vengeance en 1982. Clairement, la formation s’éloigne des sirènes radiophoniques en durcissant le ton. L’aigle qui illustre la pochette, œuvre de Doug Johnson (auteur d’une trilogie priestienne qui commence ici) a les serres affûtées et son piqué n’a rien de pacifique : la bête metallique est lâchée et vient pour vaincre. Les morceaux lourds sont parfaitement taillés pour la scène, et la tournée qui suit continuera de mettre les USA à genoux. Screaming terminera double platine. Les intensifs coups de boutoirs chez l’oncle Sam durent pas moins de six mois, le public reprenant en chœur You’ve got another thing comin’Electric eye ou Bloodstone. Puis, une nouvelle fois, l’Europe cède, reconnaissant ses héros qui, désormais, sont surnommés les Metal Gods. Comme pour British steel, la force de l’album réside dans la variété des sons de l’ensemble. Jamais Judas Priest ne se répète, alternant riff acérés et lourdeur oppressante, hymnes de concerts et hits potentiels. Le succès se confirme à domicile (n°11) et sur le nouveau continent (n°17).

Pour la première fois, une année passe sans qu’un nouvel album de Judas Priest ne voie le jour. Mais en 1983, le groupe n’a pas d’autre choix que de se concentrer sur la route. Et sur son avenir. Il serait tentant de chercher à séduire plus encore le public américain, mais KK Downing et sa bande optent pour l’option heavy metal pur et dur. Le contraire serait malvenu en nommant son nouvel album Defenders of the faith. L’efficacité de Some heads are gonna rollRock hard ride free, Eat me alive ou Freewheels burning, démontre que le groupe n’a rien perdu de son mordant, bien au contraire. Plus agressive que jamais, la formation améliore autant que possible les recettes utilisées sur Screaming for vengeance, tout en travaillant ses nouveaux morceaux pour la scène. Seulement, voilà, nous sommes en 1984. Les Américains ont les oreilles tournées vers les sons développés par Van Halen et son méga succès Jump. Résultat : Defenders of the faith ne récolte qu’une « maigre » récompense de platine, mais en Europe, on reste persuadés qu’il n’y a pas de plus efficace porte étendard de la cause metal que Judas Priest, accompagné, soyons honnêtes, des désormais imposés Iron Maiden, Saxon et Def Leppard. Cependant, en ces heures de rude concurrence (le hard US et glam metal commencent à faire fureur), l’album est moins plébiscité, n’atteignant que la 19ème position à domicile, et 18ème aux USA. Pourtant, où qu’il passe, le groupe remplit stade sur stade, proposant un spectacle visuel complet. L’année 1985 sera principalement consacrée à la route avec succès avant que les dieux du metal n’entrent de nouveau en studio.

En deux ans, le glam ou hair metal a pris ses quartiers : les cheveux permanentés sont de mise, et les diffusions en radio un passage obligatoire. Si la couverture de Turbo est une nouvelle fois marquée de la signature de Doug Johnson, Judas Priest fait mentir l’illustration (par ailleurs un peu trop douce, faite d’un métal trop poli et brillant), car plutôt que d’enfoncer le clou du metal et passer à la vitesse supérieure, Rob Halford and Co. préfèrent flirter avec les ondes et introduisent – sacrilège ultime – des claviers et synthétiseurs dès que possible… Clairement, Turbo loverPrivate property ou le très engagé Parental guidance visent à séduire les fans de ce hair metal qui voit chaque album se transformer plusieurs fois en récompense de platine. Le public européen est déconcerté, d’autant que si le groupe conserve le look cuir et clous, il adopte des tenues pour le moins saugrenues et à l’opposé de l’image SM jusque-là développée. Le public fait quelque peu payer au Priest cette offense, mais fi ! La tournée est une nouvelle fois un triomphe qui se traduit par un (double) album live, un Priest… Live, à la couverture hideuse, un témoignage de nouveau destiné au public américain. Car ce sont cinq morceaux issus de Turbo qui sont ici présents et le verdict est clair : si les Yankees lui réservent un accueil raisonnable en transformant ce disque en Or, les fans européens restent intransigeants, et même distants.

Priest semble entendre le message et décide de durcir de nouveau le ton afin de remettre les pendules à l’heure. Mark Wilkinson récupère les pinceaux et frappe un grand coup afin de faire passer visuellement le message que le groupe développe musicalement tout au long de Ram It Down, qui parait en 1988 : le heavy metal reste l’apanage de Judas Priest et de quelques rares héritiers. Mais le mal a été fait et malgré de féroces morceaux comme Come and get itRam it downBlood red skies, la profession de foi heavy metal ou la reprise explosive de Johnny B. Good de Chuck Berry, le public européen boude ses anciens héros, pensant sans doute qu’il y aura un autre retournement de veste. Les Américains, de leur côté, semblent ne pas comprendre ce revirement et n’offrent qu’une faible récompense en Or au groupe. Pourtant, comme souvent, le public continue de courir les salles de concerts où les prestations restent d’un haut niveau. Et même si la tournée est un succès, ce public est moins nombreux, de même que les dates. Dave Holland, le batteur qui a traversé la décennie avec Judas Priest profite de ce moment pour quitter le groupe (ou, plus exactement, se fait remercier ayant quelques démêlées avec la justice qui l’envoie faire un séjour à l’ombre. On apprendra plus tard que le batteur a été condamné pour pédophilie. Il est décédé à Lugo, en Espagne, le 16 janvier 2018)

Bientôt la suite…