Interview LAST ADDICTION. Entretien avec Gaël Augier, le 19 juin2024
Last Addiction est né vers 2018. Vous avez sorti un Ep en 2019 et un premier album il y a trois ans, Inner abyss en 2021 et vous revenez aujourd’hui avec Downfall. Dans la mesure où c’est la première fois que nous échangeons, peux-tu nous rappeler ce qui a généré la naissance du groupe ? Quel a été votre parcours à chacun et qu’est-ce qui a fait que vous vous êtes trouvés ?
Franchement, c’est super simple… On est une bande de potes, on s’est rencontrés soit à l’école primaire, soit au lycée. On a commencé à jouer des reprises entre nous, dans un garage – plutôt pop rock, d’ailleurs – et on a voulu commencer à proposer nos propres compos, avec des thématiques qui nous tenaient à cœur. On a décidé de créer Last Addiction en nous disant : « on va faire du metal, on va faire nos compos et on va pousser le plus loin possible, tant qu’on est jeunes et qu’on peut le faire ». C’est notre premier groupe à tous, on ne connait personne, on s’est dit qu’on allait faire des CD, donner des concerts et pousser le bouchon le plus loin possible, en apprenant sur le tas, en passant de bons moments.
Donc le plaisir est votre moteur…
C’est une passion… On travaille tous, et cette passion, on a envie de la vivre à fond…
Tu viens de devancer une de mes questions habituelles. Quelles sont vos activités en dehors du groupe ?
Notre bassiste est technicien dans des scaphandres, notre chanteur, Dylan Fournet, est assistant administratif, notre batteur, Thomas Chaverondier, est développeur, notre autre guitariste, Vincent Delphin – avec les cheveux long – est technicien de maintenance pour des machines industrielles, et je suis technico-commercial dans une boite de recyclage automobile.
Des métiers assez variés, et vous vous retrouvez autour de la musique.
C’est exactement ça. On se connait depuis longtemps maintenant et c’est une histoire de copains.
Cette « histoire de copains » donne une musique que je trouve la fois riche et pleine de dualité puisque on trouve du metal très moderne, parfois même très rugueux, et également des choses plus « passe-partout », entrainantes, et, sans être insultant, parfois radiophonique et commerciales. Comment décrirais-tu la musique de Last Addiction ?
C’est une question pas forcément évidente qu’on nous a posée maintes et maintes fois… On a des influences toutes différentes mais on a tous une base commune : le metalcore et le heavy metal. On prend cette base et on y ajoute des touches de ce qu’on aime, parfois des références punks, metal extrême, des sonorités plus passe-partout, catchy. Je dirais que Last Addiction, c’est du metalcore hybride… Je ne sais pas comment appeler ça. Les programmateurs, les webzines… Personne ne nous donne la même étiquette, et c’est aussi ça qui fait la richesse du groupe.
3 années se sont écoulées entre les deux albums. On l’a dit, le premier est sorti en pleine période de doute pour beaucoup de musiciens – vous sans doute un peu moins puisque vous n’aviez pas d’enjeu particulier (il confirme). Vous avez un nouvel album qui sort en 2024, alors comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre ces deux albums ?
Il y a une professionnalisation et une plus grande maturité entre ces deux albums, parce que on est sur quelque chose de beaucoup plus carré, plus aboutit, et, comme je le ressens, plus professionnel. Quelque chose qui tend vers ce dont on veut s’emparer, vers quoi on veut aller dans l’univers musical. On a franchi un gros pallier avec ce nouvel album, on propose quelque chose, avec Downfall, de beaucoup plus mature et professionnel.
Est-ce que la composition, l’enregistrement se sont également professionnalisés ? Vous avez modifié certaines choses dans l’approche de ces domaines ?
Pas tant que ça dans l’enregistrement. On est retournés au même endroit pour l’enregistrement parce qu’on était satisfaits. Pour le chant, on a décidé d’innover en le faisant nous-mêmes sur une partie, mais beaucoup de choses ont changé sur la production : on a travaillé avec un producteur, Hervé, et l’idée était de faire en sorte d’avoir un mastering qui satisfasse tout le monde. On a vraiment travaillé le son de chaque instrument, parfois sur plusieurs versions, 8 ou 9, en rajoutant des synthés, etc., pour avoir le meilleur son possible. Le premier album avait un son beaucoup plus simple, celui-ci est plus riche, plus recherché.
Il y a 9 titres sur Downfall. Si tu devais n’en retenir qu’un pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est Last Addiction, ce serait lequel, et pourquoi ? Celui qui vous représente le plus aujourd’hui…
Euh… Pour moi, ce serait Dead soul sisters parce qu’il représente l’énergie, la production et la dualité qu’on peut retrouver dans notre musique, c’est-à-dire quelque chose de très rythmé et agressif avec, derrière, un refrain ultra catchy, taillé pour la scène qui va permettre de faire chanter les gens et garder la mélodie en tête. Il y a un contraste entre metal extrême et metal plus « commercial », catchy, comme tu l’as mentionné avant. Quelqu’un qui veut nous découvrir, je lui conseille Dead soul sisters.
Vous abordez des thèmes assez sombres, tout comme le titre et l’illustration de cet album. Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos chansons ?
De la même manière que pour Inner abyss, on continue gentiment, mais de manière plus précise de traiter de la collapsologie, c’est-à-dire de parler de la fin d’une civilisation, de la fin d’un cycle en en parlant sous différents prismes, que ce soit l’écologie, la politique, toutes ces facettes de la collapsologie. Une fois qu’on a étudié tout ça, on ramène l’intégralité de ces sujets vers ce thème qui nous ramène, gentiment, vers le nom de l’album, Downfall, « chute ». La chute de l’humanité dans son ensemble.
Y a-t-il des thèmes qui, selon toi, selon vous, n’ont pas leur place dans la musique de Last Addiction ?
Clairement, et le premier, ce sont les textes engagés politiquement. J’ai horreur de ça, d’aller à un concert et qu’on me dise quoi penser… J’y vais pour profiter du groupe et de sa musique, je n’ai pas envie que, quand les gens viennent à un concert, de leur donner des leçons de morale. J’ai envie que les gens profitent des 40’ du concert, qu’on fasse la fête ensemble. La politique de manière globale, donner notre avis politique n’aura jamais sa place chez nous. On est spectateurs et témoins de ce qu’il se passe dans notre société actuelle.
De la chute de notre société…
Exactement.
Pour terminer, quelle pourrait être la devise de Last Addiction en 2024 ?
Aujourd’hui, l’idée c’est de tout donner pour ce groupe, aller le plus loin possible sur les scènes de France et d’ailleurs, donc le moteur c’est de nous donner corps et âme, de vivre cette passion et de toujours passer de bons moments entre potes, parce que c’est ça, le plus important.