INTERVIEW: MONSTER TRUCK

Rencontre avec Steve (batterie) de Monster Truck. Propos recueillis par metalmp à la Maroquinerie, Paris, le 3 avril 2016

S’il est un groupe qui monte en puissance, c’est bien le quatuor canadien de Monster Truck. Metal Eyes ne pouvait qu’aller à la rencontre du groupe lors de son dernier passage parisien dont vous avez déjà pu lire le live report. C’est sous un soleil radieux que nous avons pu échanger avec Steve, tranquillement assis à la terrasse de la Maroquinerie.

Metal Eyes : Steve, merci de nous recevoir ici avant votre concert à la Maroquinerie. Depuis la sortie de Sittin’ heavy il y a quelques mois, Monster Truck fait partie de ces challengers très prometteurs. Le concert de ce soir en est la preuve puisqu’il affiche complet. Comment vivez-vous ce succès nouveau et fulgurant ?

Steve : Pour l’instant, je pense que nous devons nous faire à l’idée que nous allons passer la majeure partie de notre temps loin de chez nous. Nous en parlions il y a quelques instants et, d’ici la fin de l’année,  nous ne passerons chez nous que 4 ou 5 semaines à peine ! Se faire à cette idée est plus simple lorsque les concerts que nous donnons sont comme ce soir, complets. C’est difficile de construire tout ça. Nous passons la plus grande partie de l’année sur les routes et nous nous battons toujours pour construire notre réputation. Les gens ne viennent pas au concert, ne nous connaissent pas encore, tout ça demande beaucoup. Mais le mieux, c’est qu’aujourd’hui, nous pouvons nous rendre dans presque n’importe quel endroit du monde et donner un concert comme ce soir, tu vois ? Faire en sorte que le public apprécie l’album et l’achète, être mieux connus des gens…

Metal Eyes : Il y a une forme de revival du hard rock classique, teinté 70’s actuellement. Il existe un grand nombre de groupes un peu partout – Rival Sons, The Answer, Simo qui ouvre pour vous ce soir, et d’autres. Selon toi, qu’est-ce qui différencie Monster Truck des autres groupes et que pourrais-tu me dire pour me convaincre d’acheter votre album plutôt que celui des autres ?

Steve : Je pense que ce qui nous rend différents est notre approche de ce que nous faisons. Nous restons très naturels, nous ne cherchons pas à être autre chose que nous mêmes, à essayer de faire ce dont nous ne sommes pas capables. Nous plaçons en priorité l’amusement et le naturel, qu’il s’agisse de composer ou de la manière de nous habiller. Nous restons très ouverts, amicaux et les gens peuvent facilement nous parler. C’est presque aussi important que nos personnalités hors scène soient aussi désirables que sur scène. Tu sais, les gars du groupe et moi adorons nous amuser, nous nous entendons tous très bien et… n’essayons pas trop. Quand tu es trop dans l’essaie, parfois, le résultat est le contraire de ce que tu recherches, et loin d’être aussi amusant que ce que tu visais. Tu dois te donner à fond parce que ce business est dur, mais nous restons un groupe très musical. Nous avons tous de nombreuses influences, et des capacités au sein du groupe, et les gens ont plaisir à nous voir jouer, à voir comment nait une chanson…Si nous prenons du plaisir sur scène, le public le ressent et s’amuse aussi.

Metal Eyes : Une partie de votre travail consiste à composer. Lorsque vient ce moment, de quoi vous inspirez-vous  pour écrire et y a-t-il des thèmes que vous refusez d’aborder ?

Steve : Nos derniers albums ont été écrits de manière similaire : nous nous sommes retrouvés et nous sommes simplement dit : « ok, au cours des 3 prochains mois, nous nous retrouvons comme pour un boulot normal, du lundi au vendredi. On compose, on enregistre des démos et on développe des chansons.» Je pense que tout est lié à notre état d’esprit du moment. En ce  qui concerne les textes, nous tentons de ne pas être trop politiques ou trop personnels. Nous cherchons à rester le plus accessible possible auprès de tous. En évitant les aspects politiques, émotionnels, ça rend les choses plus faciles. La vie, le fun, les expériences. Par exemple, Black forest, sur le nouvel album, a été composée en partie alors que nous étions en Allemagne, dans la forêt noire. On a trouvé que c’était un titre cool pour une chanson. Après, il faut écrire les paroles, mais au fond, on n’y réfléchi pas trop, et je crois que ça doit fonctionner comme ça. C’est assez naturel comme fonctionnement.

Metal Eyes : Vous restez simples, inspires par ce qui vous entoure et n’écrivez pas sur des sujets qui pourraient fâcher les gens.

Steve : On ne veut pas être moralisateurs. Bien sûr, nous avons tous nos idées et nos points de vue, mais nous ne voulons pas faire du groupe un medium pour nos convictions. Certaines idées e font un chemin dans une chanson, mais nous ne les brandissons pas comme un étendard. Nous ne voulons pas prendre partie de façon trop ostentatoire, nous voulons vraiment rester accessibles.

Metal Eyes : “Accessible” est un mot que tu aimes vraiment…

Steve : (rires) Oui, oui, beaucoup!

Metal Eyes : Comment décrirais-tu l’évolution de Monster Truck entre Furiosity, votre précédent album et Sittin’ heavy?

Steve : Nous voulions montrer d’autres aspects dynamiques du groupe. Furiosity a servi, selon moi, d’exemple, il était tout en énergie. On fonce, pied au plancher. Nous savions que nous devions aller plus loin avec Sittin’ heavy, d’n point de vue dynamique. Nous avons fait en sorte de conserver l’énergie que les gens qui nous suivent depuis Furiosity et avant connaissent mais avons ajouté des éléments que nous n’avions pas encore exploré sans aller trop loin. Nous ne changeons pas notre son, mais l’étoffons. Maintenant, lorsque nous jouons une heure et demie, il y a deux trois moments dans le set où l’on ralenti un peu pour accélérer de nouveau ensuite. C’est ce que veulent les fans, qu’on leur apporte des sensations plutôt que de foncer, foncer, foncer…C’est ce que nous avons fait sur l’album précédent et il était temps, aussi, de montrer d’autres aspects de notre personnalité.

Metal Eyes : Vous avez déjà joué à Paris 4 fois, mais n’avez pas encore visité le reste de la France. Quelle en est la raison, et prévoyez-vous de jouer ailleurs, à Lille, Lyon, Bordeaux…

Steve : La raison principale est que notre planning, jusqu’à présent, est tellement chargé que nous avons fait le plus possible. Je ne crois même pas que nous ayons eu un jour de repos à Paris. Ça a été show, show, et on file !

Metal Eyes : Vous n’avez pas encore vu la tour Eiffel ?

Steve : Si, de loin, mais jamais de près, nous n’y sommes jamais montés. Je l’ai vu de ce cimetière, celui où est enterré Jim Morrison (NdMP : le père Lachaise), mais jamais de près. Nous revenons cet automne, je crois que Paris est prévu. J’adorerai passer plus de temps ici, j’adorerai jouer partout en France, mais ça dépend de la planification. Nous étions à Amsterdam hier, avions un jour off, et on en a profité pour nous promener un peu. Mais nous sommes encore au stade où nous nous occupons de monter notre matériel, de charger les camions. Sans doute, lorsque nous auront atteint un certain niveau, pourrons-nous profiter de quelques heures pour découvrir les villes. On peut le faire au Canada, mais on y a déjà tourné un million de fois ! (rires)

Metal Eyes : Comment t’es-tu forgé ta culture musicale ? Les goûts de tes parents t’ont-ils influencé, y avait-il beaucoup de musique chez toi ?

Steve : Ma mère, aussi loin que je puisse me rappeler, a toujours chanté à l’église. Elle chantait tous les hymnes, les cantiques. Quand j’ai eu 5 ou 6 ans, elle nous a inscrits, mes deux frères et moi, à des cours de piano. J’ai appris le piano très jeune, donc. Mon père a grandi en Angleterre et il était un très grand fan des Beatles. Voilà le genre de musique qu’il y avait à la maison lorsque j’étais enfant. J’ai détesté ces cours de piano à l’époque, mais aujourd’hui, je suis vraiment reconnaissant de les avoir suivis. D’un point de vue personnel, ça m’a permis de devenir un batteur plus « musical ». Les gens considèrent souvent les batteurs comme de simple frappeurs, et cette éducation me rend meilleur que ça. La musique n’a pas été ma vocation de toujours. Plus jeune, j’étais vraiment impliqué dans le sport, mais je suis également facilement sujet aux blessures, et ça m’est arrivé souvent ! (rires) La musique s’est avérée un bon choix, finalement !

Metal Eyes : Une dernière chose pour terminer : en tant que voisin, quelle est ton opinion concernant la situation politique actuelle aux USA, bien que vous n’en parliez pas dans vos chansons…

Steve : Woaw… J’espère qu’au moment de voter, au moment des élections, que les Américains vont surgir en disant « eh, tout ça n’était qu’une blague ! ». Mais je sais que ça n’arrivera pas. Pour moi, c’est comme le film Idiocratie, qui est sorti il y a une quinzaine d’années et qui prédit l’avenir des USA. Pour moi, c’est vraiment une énorme blague. C’est simplement incroyable de penser que, aujourd’hui, quoi qu’il se passe, Trump sera présent. Ce mur, il veut le construire entre les USA et le Mexique et le Canada. Et il veut que NOUS payons pour ! C’est une blague ? Je suis inquiet de ce qu’il va se passer. Les Américains sont à un tournant de l’histoire et ce qu’il se passe est… dingue. Je ne vais pas trop entre dans les détails, mais, même si nous ne participons pas au vote, nous sommes coupables par association. Nous sommes voisins… D’un autre côté, nous venons d’avoir un nouveau premier Ministre, qui est sans doute le meilleur que nous ayons eu depuis des décennies. La situation au Canada me plait, mais celle des USA me fait vraiment peur… Allez, j’arrête là, j’aime trop me rendre à l’étranger, voyager…

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