Interview: NIGHTMARE – rencontre avec Maggy Luyten

nightmare-logo

Rencontre avec Maggy (chant) (NIGHTMARE). Propos recueillis à Paris, le 28 septembre 2016

SONY DSC

 

Le 25 novembre prochain paraît le nouvel album de Nightmare. Une petite révolution en soit car le premier interprété par Maggy Luyten, chanteuse remplaçant le démissionnaire Jo Amore et que nous avions pu découvrir live lors du dernier Hellfest. Aussi efficace sur scène que devant son micro, la sympathique et détendue chanteuse a reçu Metal Eyes à Paris pour tout vous dévoiler sur ce nouvel opus, un album charnière dans l’histoire des Grenoblois.

Metal-Eyes : Magalie, tout d’abord, comment vas-tu depuis que nous nous sommes vus au Hellfest en juin dernier ?

Maggy : Très bien, aussi simple que ça.

Metal-Eyes : Revenons un peu en arrière puisqu’il s’agit de ta première tournée et de ton premier album avec Nightmare. Que tires-tu de ce concert au Hellfest et des autres concerts que vous avez donnés depuis ?

Maggy : Ce qui m’a fort marquée, c’est qu’on a fait le Hellfest, puis Metal days, Sabaton Open air, et je trouve que c’était assez frappant… Quand tu es dans l’apprentissage de quelque chose, il y a plusieurs étapes: première étape, la découverte. Hellfest. On découvre, ça s’est super bien passé, on se dit qu’on va améliorer certaines choses. Deuxième étape: on réalise. Metal Days. Et troisième étape: tu profites. En Suède, au Sabaton open air, on en a profité. On a senti qu’à ce troisième concert, on enfonçait le clou.

Metal-Eyes : Vous aviez, chacun, trouvé vos marques ?

Maggy : En tout cas, les bonnes bases déjà. Après, il y a encore beaucoup de travail, parce qu’on a que quelques festival dans le dos, et ce n’est pas après X petites dates que tu peux prétendre avoir un show qui tourne et qui est rodé. Donc, il y a encore pas mal de taf, mais je trouve qu’après un petit nombre de scènes, ça se passe très bien. Je n’ai pas l’impression qu’on ne se connait, qu’on est dans le groupe que depuis un an, ensemble. À partir de la Suède, c’était comme si on jouait ensemble depuis des années, et c’est plutôt bon signe…

Metal-Eyes : Quels sont les retours que vous avez eus du public ?

Maggy : Bien, bien… on n’a ^pas eu de retours négatifs. Il y a toujours des gens qui préféraient le passé, mais c’est minime. Ça se passe bien, la preuve : ici, j’avance peut-etre sur les questions, on vient de sortir le clip de Ikarus qui vient de franchir les 20.000 vues en seulement quelques jours. C’est donc bien accueilli. Est-ce que les gens accueillent bien le nouveau line-up ? Oui, jusqu’à présent, je ressens une bonne énergie.

Metal-Eyes : Parlons justement de l’album : la première chose que je remarque, c’est la puissance qui s’en dégage, et surtout, ma question est peut-être machiste, mais ton introduction : c’est un cri de rage, très masculin. Est-ce une façon pour toi de dire : « OK, il y a maintenant une nana dans Nightmare, mais c’est une nana qui a des couilles » ?

Maggy : Je ne l’ai pas fait pour ça. En fait, j’aime chanter comme ça, je me découvre une passion pour le chant un peu extrême, mais je n’ai pas envie de tomber dans l’extrême pour autant. C’est plus une couleur que j’avais envie de mettre, qui colle bien au texte, à une intro d‘album. Mais, oui, c’est sûr que j’ai, indirectement, voulu m’imposer un peu. Ce n’est pas parce qu’on fait partie de la « gente féminine » qu’on n’a pas de puissance non plus….

Metal-Eyes : Il y en a quelques unes qui l’ont déjà prouvé, nous sommes bien d’accord. J’imagine que tu as dû te plonger dans l’histoire musicale de Nightmare. Comment décrirais-tu l’évolution de Nightmare, toi, nouvelle arrivée, entre The aftermath et ce nouvel album ?

Maggy : Je trouve que c’est assez cohérent. Le son de batterie a vachement changé (NdMP : le batteur ayant changé aussi, c’est d’autant plus évident), mais au niveau du son des guitares, c’est assez fidèle. C’est Franck, principalement et Matt qui, de plus en plus – l’air de rien, ça fait déjà 4 ans – sont hyper complémentaires, c’est impressionnant ! je pense que l’évolution on l’entendrait plus sur quelque chose comme Dead Sun : c’est plus épuré, il y a moins d’orchestrations, le mix, le mastering font que le son évolue. Et, par défaut, la voix : il n’y a rien à faire, la voix c’est aussi l’identité d’un groupe…

Metal-Eyes : Si tu devais décrire cet album, que m’en dirais-tu ?

Maggy : Hum… (elle sourit) C’est toujours difficile de vendre sa propre musique… On n’a qu’une envie c’est de dire « va écouter ! ». Mais… je dirais que si tu aimes le metal, que tu aimes le metal puissant, direct, avec des lignes bien mélodique, du grain dans la voix, une batterie hyper calé, un jeu de batterie hyper intéressant mais qui n’en fait pas trop pour autant, des grattes avec des lignes de guitares qui se superposent… Va écouter ! et des textes, aussi, intéressants, je pense.

Metal-Eyes : De quoi parlent-ils, ces textes ?

Maggy : On est très souvent dans la métaphore ce qui, comme beaucoup de groupe aiment faire, te permet d’avoir ta propre explication. Mais c’est principalement basé sur des expériences personnelles, en gros. Avec Yves, il y a deux trois choses dans l’album… Il y a un gros point commun entre nous, qu’on relate sur Inner sanctum. Il y a  pas mal de belles choses à aller chercher, qu’on dévoilera petit à petit, je pense.

Metal-Eyes : Comment vous êtes-vous organisés au niveau du travail ? ça a été collectif, ou avez-vous travaillé à distance ? Tu es basé en Belgique, il est donc difficile de se retrouver facilement en studio…

Maggy : C’est sûr… ça a été assez vite, en fait, parce que Franck avait pas mal de compos rangées dans un tiroir, il attendait de pouvoir les ressortir au bon moment. Matt est aussi arrivé avec des compos, Yves avec son jeu de basse Olivier Casula, avec son jeu de batterie – il n’en met pas une à côté, il a vraiment apporté cette dynamique… On a débarqué avec Yves en studio Honoris Factory, en Belgique pour faire mes lignes de chant. Je suis arrivée avec toutes mes idées, en chantier, de textes et de ^paroles, en me disant « c’est opbar, on verra bien » (rires), et Yves pareil, il est arrivé avec ses idées mélodique. On s’envoyait des idées avant d’entrer en studio, et, j’enregistrais aussi, chez moi, des idées. On a fait des démos, très vite, mais sans entrer dans le détail parce qu’on voulait garder ça pour le studio. En studio, tout est né, en collaboration avec Allison Down (?) qui m’a coachée, et qui est invité sur l’album. Je lui ai demandé de ne rien laisser passer. Il m’a bien poussée au niveau du chant. On a eu la chance d’avoir ce lifting par un Américain, artiste, pas un prof d’anglais qui va te corriger la grammaire et oublier la poésie. Les textes ont été liftés aussi, ce qui enlève cette touche « frenchie » qu’il aurait pu y avoir quand ce n’est pas ta langue maternelle.

Metal-Eyes : Au niveau de l’anglais, en effet, je n’ai rien à dire.

Maggy : Parce qu’il était là ! je n’avais pas envie de laisser passer une erreur de prononciation… C’est dommage, si tu veux t’exporter, autant bien le faire !

Metal-Eyes : Si tu devais retenir un seul titre de cet album pour décrire ce qu’est aujourd’hui Nightmare, ce serait lequel ?

Maggy : (elle chuchote) Oh, c’est dur… Pfou… Je vais te répondre de façon très stratégique : Ikarus.

Metal-Eyes : Parce que le clip ?

Maggy : Oui, mais pas que. Ce n’est pas pour rien qu’on a choisi cette chanson-là pour le clip. Je pense qu’on retrouve dans Ikarus un peu tout ce qu’il y a dans l’album. Même si ça me fend le cœur de dire « Ikarus » dans le sens où j’ai envie de dire « toutes », mais celle-là me va très bien pour représenter la suite.

Metal-Eyes : Il s’agit du dixième album de Nightmare, un chiffre symbolique. Vous prévoyez quelque chose de spécial pour la future tournée ?

Maggy :Si c’est quelque chose de spécial, ça veut dire que c’est un peu une surprise…  Par contre, ce que je peux te dire, c’es qu’à La Belle Electrique, à Grenoble, le 25 novembre, on compte vraiment mettre le paquet au niveau du light show, du son – on aura eu le temps de bien préparer tout ça. Les conditions seront optimales, et on n’a pas d’excuse pour faire un mauvais show. On a intérêt à être prêts, et on le sera !

Metal-Eyes : Une chose qui m’a surprise en faisant quelques recherches, c’est que le site de Nightmare n’est pas du tout à jour…

Maggy : Absolument pas…

Metal-Eyes : Est-ce parce que les gars sont resté scotches sur le passé, qu’ils n’ont pas digéré, pas fait le deuil du départ des frères Amore?

Maggy : Non pas du tout… C’est simplement qu’on a été tellement occupées à faire le reste qu’on a mis le site en stand by. On essaie déjà de maintenir la page facebook plus ou moins à jour…

Metal-Eyes : Mais aujourd’hui, il y a quand meme un grand – deux grands – changement.

Maggy : Tout à fait. Le site arrive, on y travaille, parce que il n’y a rien à faire. On a beau avoir une page Facebook, ce n’est pas suffisant.

Metal-Eyes : Aujourd’hui, tu te considères plus comme une musicienne ou comme une artiste ?

Maggy : Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre… Tu peux être musicien sans pour autant avoir l’âme d’un artiste. J’en connais qui jouent superbement bien en lisant des partition, et tu leur enlève la partition, ils sont perdus… Mais j’ai du mal à considérer ça comme un artiste parce que ça veut dire que tu n’utilise pas tes oreilles, ton feeling. Et quand tu es artiste, tu n’es pas obligé d’être musicien non plus… (NdMP : ce qui contredit donc la réaction première de Maggy) Je me sens les deux , mais je me sens musicienne avant d’être chanteuse. Dans le sens où, pour moi, le chant est un instrument, et que, quand tu l’utilise avec cette optique de musicien, c’est beaucoup plus riche que de simplement dire « moi, je suis chanteur ». C’est un tout… Merci pour ta question, on ne me l’a jamais posée, c’est sympa !

Metal-Eyes : Nightmare a beaucoup voyagé au cours de sa carrière. En tant que nouvelle arrivante il y a des endroits où tu voudrais te produire avec Nightmare ?

Maggy : Je veux aller partout… Enfin, « partout »… Je me comprends ! (rires) Je me souviens, quand j’ai tourné avec Beyond the Bridge, les pays de l’Est sont hyper chaleureux, accueillant. L’Autriche, aussi. Après, c’est peut-être aussi un coup de bol… C’est vrai qu’on sent fort les public, dans le Nord, les réactions sont différentes du Sud, mais ce n’est pas pour autant que c’est bien ou mieux : c’est juste différent. Maintenant, on en a dit beaucoup de choses, que c’est dangereux, des trucs comme ça, mais j’irai bien en Amérique du Sud. Ils ont l’air bien chauds-bouillants.