Interview: STUBORA

Interview STUBORA – Entretien avec Mick (basse, guitare, chant) le 11 octobre 2023

Mick, avant de parler du nouvel album de Stubora, Écorché vif, revenons en arrière. Vision obscure est sorti en 2020, juste un an après Horizon noir qui était sorti en 2019. Vous avez sorti Vision obscure un peu précipitamment comme me le disait Cyril (guitare et chant) pendant la crise sanitaire mais vous n’avez pas pu vraiment le défendre…

Un petit peu, mais tardivement… On l’a effectivement sorti Horizon noir fin 2019 mais on n’a pas pu le défendre. Dans la foulée, on a décidé de sortir un mini album, Vision obscure. On n’a pu reprendre un peu la route qu’en 2022. On a fait une petite tournée au printemps, on a fait quelques dates dans le sud de la France et quelques autres en automne dans l’est de la France. On a pu présenter l’album sur une petite dizaine de dates, et, c’est vrai, ça ne s’est pas déroulé comme on l’avait imaginé au départ.

En dehors de ces quelques concerts, comment avez-vous occupé ces trois années ?

2020, principalement avec l’élaboration du Ep qu’on a principalement composé à distance – la technologie nous permet de le faire. C’est un exercice qu’on a déjà rodé parce qu’on est éloignés géographiquement, donc, c’est un peu notre manière de travailler. Sauf que là tout avait été poussé à son paroxysme car on a tout fait à distance. Ça c’était l’année 2020. 2021, ça a été un peu plus compliqué musicalement… On a pu se voir de temps en temps, faire quelques répétitions et là on a décidé de se faire plaisir et, toujours pour garder le lien, on a enregistré quelques reprises pour lesquelles on faisait quelques vidéos autoproduites qu’on diffusait via les réseaux sociaux et YouTube. On a aussi commencé à emmagasiner quelques idées, quelques riffs. C’est à cette période qu’a commencé ce nouvel album, Écorché vif.

Justement, comment présenterais-tu cet album à quelqu’un qui ne vous connait pas encore ?

C’est toujours compliqué de définir sa musique… Je dirais que c’est un metal moderne, avec un son assez massif, des gros riffs mais aussi beaucoup de mélodie au niveau du chant, teinté de plusieurs influences mais, je pense, une sonorité qui reste moderne. Si je devais le mettre dans une catégorie, ce serait metal, metal alternatif… avec du chant en français, c’est important.

Je fais le lien entre Horizon noir et Vision obscure qui étaient liés par différentes choses, mais on va y revenir… Cependant, comment analyserais-tu l’évolution de Stubora entre ces deux albums et Écorché vif ?

Je pense qu’on a incorporé plus de mélodie au niveau du chant, et aussi que l’album est peut-être plus varié dans les différentes ambiances qu’on peut proposer sur les titres. Après, je considère qu’on a un album plus abouti, mais c’est un peu ce que disent tous les groupes pour leur nouvel album… On a été plus exigeants avec nous-mêmes, on est allés plus loin dans l’exigence qu’on pouvait avoir sur les différentes parties. Musicalement, tant qu’on n’était pas satisfaits à 100%, on n’a pas gardé des choses qu’on trouvait moyennes. Maintenant, sur les styles, ce n’est pas des choses qu’on analyse, on ne se fixe pas de but au départ, on n’imagine pas un concept. On compose et quand on a des choses qui correspondent à notre sensibilité, qui nous plaisent, on explore le filon et on y va à fond…

Vous explorez le filon… Au niveau des thématiques abordées, c’est très varié (il confirme) puisque vous parlez de l’actualité avec un peu de politique, il y a un regard sur ce que nous laissons à la nouvelle génération, et il y a aussi Again qui me semble traiter d’une addiction sans la nommer…

C’est tout à fait ça.

C’est quoi, cette addiction ?

C’est un thème général… ça peut être une addiction liée à l’alcool, aux drogues, chacun peut y trouver le sens qu’il voudra y trouver mais effectivement, ça traite de l’addiction de manière générale. Je n’avais pas une idée précise en tête quand j’ai écrit ces paroles, c’était plus pour traiter le thème des addictions de manière générale, et ça peut toucher plus de personnes qu’on ne le croit. Après, comme tu le disais, on aborde des thèmes en fonction de ce qui nous inspire dans l’actualité, de ce qui nous parle. On part d’un constat de ce qui nous entoure, c’est là qu’on puise notre inspiration.

Y a-t-il des thèmes que vous préférez ne pas aborder parce que vous considérez qu’ils n’ont pas leur place dans Stubora ?

Tu parlais de politique… On préfère éviter même si, tu me diras, on parle d’écologie, mais ce n’est plus vraiment de la politique. Ce sont des sujets qui concernent tout le monde, au-delà de la politique. La politique, c’est quelque chose qu’on ne veut pas aborder précisément parce que on n’a pas de leçon à donner sur le sujet, et on ne veut pas être assimilés à tel ou tel mouvement. Ce sont des sujets qu’on va éviter. On peut aborder des thèmes qui peuvent sembler politiques mais on les aborde de manière plus… sociétale.

J’ai les paroles de Exode sous les yeux et ça fait écho à une très cruelle actualité…

Oui, mais ça n’a aucun rapport à la base même si on peut faire de liens… En fait, quand j’ai écrit ce texte, c’est autre chose que j’avais en tête : il traite en particulier d’une histoire familiale : j’ai des origines espagnoles, mon grand-père et mon père ont vécu plusieurs exodes. Je l’ai écrit pour leur rendre hommage mais je voulais aussi que ça puisse résonner avec l’actualité. Que les ens puissent s’approprier les textes et y trouver ce qu’ils peuvent y trouver…

Il y a un autre lien que je fais, sans doute moins évident : Horizon noir et Vision obscure avaient un visuel commun, sombre avec un triangle – sont chaque côté représente chacun d’entre vous (il confirme). Là, vous avez radicalement changé de visuel avec des couleurs plus gaies. Toutefois, sur vos visuels de communication des albums précédents, vous étiez représentés sous forme de cranes à la place de vos visages. Sur Écorché vif, il ya ce personnage au visage écorché qui s’approche du crane.

Ah, oui, oui, c’est vrai…

Il y a un lien volontaire dans ce nouveau visuel ?

Non, pas du tout… les cranes dont tu parles, c’était pour des T Shirts, mais il n’y a pas de lien avec Écorché vif. Maintenant, c’est vrai, Vision obscure était une extension de l’album, on restait dans un visuel et une thématique assez similaire. Là, on voulu avoir un visuel différent, avec des couleurs qui changent, pour explorer quelque chose de différent. Quelque chose de plus lumineux mais différent. Maintenant, que ce soit au niveau graphique ou des paroles, on n’est pas dans des thèmes qui respirent la joie de vivre…

En fait, il fait très robot ce personnage. Je fais plus le lien avec un robot de SF qu’avec un humain écorché… Autre chose concernant le visuel : Niala, votre batteur,r essemble de plus en plus à Rob Halford…

Ah oui, c’est vrai ! Je ne m’étais pas fait la réflexion… Il faudrait que je lui dise de mettre des T shirts avec des chats (rires) ! Je ne pense pas que ce soit volontaire non plus.

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre d’Écorché vif pour expliquer ce qu’est Stubora aujourd’hui, ce serait lequel ?

Euh… je dirais Nouvelle génération. Parce que c’est un morceau dont les riffs ont été composés par Cyril, un morceau sur lequel le refrain n’était pas satisfaisant et sur lequel j’ai mis ma patte. C’est un travail, musicalement, qui illustre notre complicité dans la composition, un travail commun, et je trouve que c’est un morceau à l’image de ce qu’on veut proposer : il y a de la mélodie, mais en même temps, il y a un côté rentre dedans et assez entrainant.

Les derniers albums étaient auto-produits, là vous avez signé avec M&O. Ca vous apporte quoi de plus ?

Alors, sur toute la phase de production de l’album, rien n’a changé : c’est nous qui enregistrons tout de A à Z. Maintenant, travailler avec un label, ça va nous apporter, en tout cas on l’espère, plus de visibilité, un réseau de distribution puisqu’il travaille en partenariat avec Season Mist, donc une distribution nationale plus conséquente que ce que nous pouvions nous permettre sans label. Et on peut déjà le constater par rapport aux médias, il y a un œil plus attentif sur ce qu’on fait. Après, on espère que ça puisse permettre d’avoir plus de débouchés en matière de concerts, des premières parties et des festivals. C’est clairement notre but pour l’année prochaine…

Justement, avez-vous des choses en prévision dont tu peux parler ?

Oui, oui, on a déjà commencé à donner quelques concerts dans notre région, et on continue dès la semaine prochaine : on va jouer à Nancy, Barbache, au Luxembourg, à Saint Dizier, Bar-le-Duc… On a une date confirmée pour le printemps prochain à Reims et d’autres en cours de confirmation.

Quelle pourrait être la devise de Stubora ?

Une devise ? Qu’est-ce que je pourrais dire ? Allez, « ne rien lâcher », quelque chose comme ça…

Intéressant… J’ai posé la même question à Cyril lorsque je lui avais parlé et il m’a répondu « Ne lâche rien ». Vous êtes raccords, les gars !

Ben oui… On est passionnés, on essaie de passer une ou des étapes supérieures, donc on persévère…

Une dernière chose : on sait bien que, en France, un musicien ne vit pas de sa musique. Quels sont vos métiers dans vos autres vies ?

Cyril travaille dans les jeux vidéo, je suis fonctionnaire et Niala travail dans l’accueil d’enfants en difficulté, dans le social.

Merci à Roger Wessier pour l’orga de cette journée promo.