Interview: TURBOWOLF

Interview TURBOWOLF. Entretien avec Chris (chant). Propos recueillis à l’Alba Opéra Hotel, à Paris, le 16 mai 2018

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Metal-Eyes : Je découvre Turbowolf avec ce nouvel album, The free life. Il s’agit déjà de votre troisième album, mais peux-tu me raconter brièvement l’histoire de Turbowolf ?

Chris : Absolument. Nous avons débuté le groupe en 2006, à Bristol, Andy, le guitariste, et moi. Nous avons eu différents bassistes et batteurs à cette époque, mais je crois que nous avons un line-up stable désormais. Ça fait 6 ou 7 ans que nous avons le même bassiste. Notre vision, et notre « mission », dès le départ, est de créer quelque chose qui nous excite, nous, en musique rock. Pas seulement quelque chose de nouveau, quelque chose qui nous plaise. C’est encore ce que nous cherchons aujourd’hui.

Metal-Eyes : Quels sont, jusqu’à aujourd’hui, les grands moments vécus par le groupe ? Sans doute l’enregistrement du premier album ?

Chris : L’enregistrement du premier album, c’est certain ! Comme je l’ai dit, nous avons formé le groupe aux alentours de 2006 et notre premier album n’est sorti qu’en 2011. Entre temps, nous avons donné beaucoup de concerts, peaufiné notre son, travaillé et décidé quelles chansons allaient terminer sur l’album, celles que nous écartions. C’était un grand moment pour nous de faire ce premier album. De travailler avec un label, c’était la première fois que nous travaillions avec une maison de disques. Nous avons fait partie de groupes depuis que nous sommes ados, mais là c’était nouveau : il a fallu trouver qui allait sortir le disque, comment tourner plus professionnellement… Avant même la sortie de l’album, nous avons tourné, en 2010, avec Korn et Dimmu Borgir sur la même affiche. C’était une affiche très particulière mais ça a plutôt fonctionné. Nous faisions un peu tâche parce que nous ne sonnons comme aucun de ces deux groupes…

Metal-Eyes : Aucun des groupes ne sonne comme l’autre, ce sont 3 styles différents.

Chris : Exactement. C’était une affiche très diversifiée. C’était un grand moment pour nous parce que nous n’avions jamais joué devant autant de monde. Avant ça, nous jouions dans des caves, des petits clubs, et là, on joue dans des grandes salles… C’était cool. Ensuite, un autre grand moment a été l’enregistrement de notre second album avec notre ami Tom Dougherty, qui a travaillé avec Royal Blood, il vient de terminer le nouvel album de Ghost. A ce moment là Tom était simplement notre ami. Maintenant, il est ce producteur rock mondialement connu…. Mais il reste un super ami. Rabbits est devenu une sorte de hit pour nous, c’est notre chanson la plus connue aujourd’hui. Nous avons pur tourner en Amérique, où nous avons eu pas mal de passages radios et où nous avons été plutôt bien exposés… Nous avons aussi rencontré un de nos groupes préférés de tos temps, Death From Above, et avons même eu le plaisir que Sebastian, le chanteur du groupe, chante sur notre nouvel album. Voilà quelques grands moments qui nous mènent à aujourd’hui.

Metal-Eyes : Je n’ai pas pu écouter l’album entièrement, mais ce que j’en retire c’est du Black Sabbath, du psyché et beaucoup de choses heavy. Qu’avez-vous mis dans ce disque et quelles sont vos influences ?

Chris : Nos influences sont de ne pas nous laisser trop influencer. Comme je l’ai dit, dès le départ, nous avons voulu faire quelque chose de neuf dans la musique rock, trouver un son qui nous soit propre, trouver notre chemin. De nombreux groupes que nous apprécions n’entre dans aucune case : Rage Against The Machine, System Of A Down, Smashing Pumpkins… De nombreux groupes que les gens ont, plus tard, voulu catégoriser. Rap metal, grunge, neo metal… Ces groupes sont uniques, et nous souhaitons faire de même, que les gens aient du mal à nous définir. On aime ça, et si les gens ont du mal à classer notre musique, cela signifie, pour nous, que nous sommes sur la bonne voie.

Metal-Eyes : De quoi parlez-vous dans les chansons ?

Chris : J’essaye de ne pas faire de déclaration trop ouverte, littérale. De ne pas donner de réponse ouverte. Je préfère poser des questions et peindre autour d’un thème, laisser l’auditeur en tirer ce qu’il souhaite. Je trouve intéressant, en tant qu’auditeur, d’écouter un album et de me faire ma propre idée des ce qui est traité dans les paroles.

Metal-Eyes : Y a-t-il, au contraire, des sujets que vous ne souhaitez pas aborder ?

Chris : Nous voulons que le groupe soit une échappatoire de la réalité, nous ne voulons pas devenir trop politique dans notre musique.

Metal-Eyes : Pourquoi, parce que c’est trop personnel, ça marque trop une époque ?

Chris : Non, même si, évidemment, ce sont des facteurs. Nous ne voulons pas être attachés à ce monde, nous voulons créer un nouvel espace, une nouvelle dimension cosmique vers laquelle les gens puissent s’évader. Aller ailleurs avec notre musique.

Metal-Eyes : Vous ne souhaitez pas plus aborder des thèmes comme la religion ou d’autres choses intimes ?

Chris : J’ai le sentiment que je traite ces sujets en écrivant les paroles. Mais je les rends suffisamment abstraites pour que les gens y trouvent leur propre interprétation, y mettent un sens qui leur soit propre. Je trouve cela plus important de poser un sujet et d’être amené à y réfléchir, en parler, plutôt que de se voir imposer une vision. Si je peux inspirer une réflexion, je suis un homme heureux, j’ai fait mon travail !

Metal-Eyes : De même que si tu peux provoquer une discussion autour d’un sujet, j’imagine…

Chris : Bien sûr !

Metal-Eyes : Que pourrais-tu me dire pour me convaincre de filer acheter The free life dès la fin de cette entrevue ?

Chris : Je dirais… Tout d’abord, je te demanderais si tu aimes la musique bruyante. Tu pourrais me répondre que non. Je te répondrais alors : « Eh bien, même si tu n’aimes pas la musique bruyante, tu pourrais aimer ce que nous faisons. Parce la manière dont nous écrivons… nous cherchons à créer un pont entre le « bruit » et tous ces sons que les gens appellent horribles et de choses plus douces, les enrober dans du coton. Et tu devrais trouver des choses qui te plaisent dans notre groupe car il y a beaucoup de pop, de funk dans notre musique. Tu devrais donc trouver de quoi te satisfaire ». Et si tu aimes la musique bruyante, tu vas apprécier nos riffs et nos mélodies.

Metal-Eyes : Un groupe de rock joue aussi sur scène. Vous n’avez cependant pas été souvent à Paris…

Chris : On a joué à Paris… 3 ou 4 fois, je crois.

Metal-Eyes : Et y a-t-il une tournée prévue ?

Chris : Nous venons de terminer une tournée européenne, mais nous n’avons pas joué à Paris, ni en France. Je ne sais pas trop pour quelle raison… On a un agent. Il n’est plus notre agent, pas pour cette raison, mais aujourd’hui, on en a un autre. Pourquoi on n’a pas joué en France ? Nous avons donné 8 ou 9 concerts en Europe, ce qui n’est pas beaucoup. Paris, nous y jouerons en octobre. Je ne peux te donner de date, ni avec qui, mais c’est un groupe pour lequel nous ouvrirons. Dans une grande salle, mais nous ne pouvons l’annoncer pour le moment. Nous attendons que ce soit confirmer.

Metal-Eyes : Après 3 albums, et une stabilité de 8 ans, quelle pourrait être, aujourd’hui, la devise de Turbowolf ?

Chris : (il réfléchit)… Soyez différent ?

Metal-Eyes : Sympa, je prends. Maintenant si tu devais ne retenir qu’une chanson de The free life pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas ce qu’est Turbowolf, laquelle serait-ce ?

Chris : Ok… Je choisirais… la chanson The free life, qui est la dernière chanson du disque. Parce que je pense que de nombreux sons, de nombreuses choses que nous faisons se trouvent sur ce titre. Les parties dures, un peu punk, celles un peu plus pop, des passages plus énervés…

Metal-Eyes : Et comment décrirais-tu l’évolution du groupe entre vos deux derniers albums ?

Chris : Ok, d’accord. Le précédent, nous l’avons co-produit avec notre ami Tom Dougherty, celui-ci, Andy et moi l’avons produit et mixé. Nous avons pris les choses beaucoup plus au sérieux pour ce disque. Passer plus de temps afin d’obtenir les choses que nous voulions. C’est l’évolution principale, devenir de plus en plus autonomes. Musicalement et artistiquement, nous ne voulions pas répéter les deux premiers disques et en créer un qui rentre dans leur lignée. Je crois que nous y sommes parvenus.

Metal-Eyes : Une dernière choses : vous êtes ici depuis ce matin, vous répondez à de nombreuses questions : quelle a été selon toi la meilleure question, celle qui t’a le plus surpris, étonné, que tu as préféré ?

Chris : Ma question préférée ? En fait, jusqu’à présent, j’ai préféré ton interview…

Metal-Eyes : Je n’ai pas dit interview, seulement la question. Même si je suis le meilleur (rires)

Chris : Oui, tu es le meilleur, c’est ça ! Sérieusement, c’est jusqu’à présent la meilleur interview, alors bravo !

Metal-Eyes : Merci !

Chris : Je pense que parler de ce que nous ne souhaitons pas traiter directement dans nos textes était intéressant parce qu’on ne nous pose pas souvent ce genre de question. C’était une question différente.

Metal-Eyes : Merci beaucoup pour cette interview et bonne chance avec The free life qui est sorti en mars.

Chris : Merci à toi !