MAGICAL HEART: Heartsonic

Allemagne, Heavy rock (Fastball, 2022)

Ils auront dû patienter, nos voisins teutons, avant de sortir cet album. Les Allemands de Magical Heart ont en effet sorti leur premier album, Another wonderland, en 2018 et ont eu la bonne idée de teaser leur public en publiant, en 2020, deux singles prometteurs de l’album à venir. Sauf que… 2020 a vu nombre de projets avortés, repoussés sin die. Magical Heart a sagement préféré attendre la fin de la crise sanitaire et plus pour enfin sortir ce Heartsonic, second album puissant et mélodique. Dès Bad habits, le groupe séduit avec son hard rock mélodique, puissant, entraînant, la voix de son guitariste/chanteur, Christian Urner, y est pour beaucoup. Rugueuse, profonde, elle correspond parfaitement à ce type de hard rock. Il y a chez Magical Heart un amour évident des années 80, celles de ce heavy qui osait explorer des horizons variés, allant du hard FM au heavy racé tout en proposant un son résolument moderne. Le groupe varie les plaisirs et alterne intelligemment les tempi, passant du rapide Heartsonic à la power ballad My own way – peut-être le titre le moins marquant de cet album-  avant de revenir à du heavy mélodique et poétique (Waiting for so long) puis de retrouver les chemins du heavy rentre dedans et déterminé avec Daydream. On retrouve tout au long de Heartsonic des références à Bon Jovi ou Giant, parmi d’autres (Free of pain, Raise, Take your time) sans évoquer le visuel, très réussi, clin d’œil évident aux compatriotes de Helloween période Keeper. Au travers de ces onze titres, Heartsonic réunit tous les ingrédients pour séduire un public amateur de jolies et puissantes mélodies, toujours joyeuses et entrainantes. A découvrir et à soutenir sans hésiter!

OCTANE: Back in the game

France, Heavy rock (Autoproduction, 2022)

Les années de crise sanitaire ont de nouveau transformé Octane qui revient avec Back in the game sous forme de trio. une configuration qu’on définit souvent sous le terme de power trio et qui prend ici tout son sens. Le heavy rock d’Octane est à l’image de la pochette de son album: déjanté et fun. Le groupe nous propose un rock crade et généreux, gras et entrainant et les 8 ttres font directement mouche. impossible de résister à cette voix rauque ni à cette guitare aussi simple que ravageuse soutenue comme il le faut par une rythmique solide comme un mur. Octane ne s’encombre pas de fioritures, va droit au but et… ça marche du fe de dieu. Il est simplement impossible, pour un amateur de rock, de rester de marbre. Avec Back in the game, Octane se montre d’une efficacité redoutable de bout en bout, c’est aussi simple que ça!

DANKO JONES: Power trio

Canada, heavy rock (Mate in Germany, 2021) – sortie le 27 août

Première grosse sortie de cette rentrée, Power trio, le nouvel album de Danko Jones est une belle source de jovialité rock’n’roll direct et sans fioriture. On retrouve tout au long des 11 morceaux des Canadiens ce qui fait la force et l’identité du trio: pas de prise de tête, des chansons simples, courtes et efficaces. Covid oblige, le groupe a ajusté ses méthodes de travail comme nous l’explique le bassiste JC Calabrese au cours de sa longue interview: comme de nombreux autres, au lieu de se retrouver, les compos se sont écrites et enregistrées à distance, chacun travaillant ses parties, les envoyant aux autres et corrigeant par la suite. Le résultat en est tout simplement superbement plaisant. Power trio, c’est du rock comme on l’aime. Un vrai cadeau de rentrée. Pas besoin d’en ajouter d’avantage, il est désormais temps de retrouver le chemin des scènes.

MASON HILL: Against the wall

Angleterre, Heavy rock (7Hz, 2021)

Voila des gens qui ont visiblement tout compris… Mason Hill est une formation anglaise qui propose un heavy rock traditionnel et très moderne. Un peu fourre tout et facile comme descriptif? Ecoutez donc ce Reborn qui introduit avec douceur Against the wall. Sa guitare légère bientôt doublée de claviers et d’un chant chaleureux pose l’ambiance sinon le cadrer avant d’entrer dans le vif du sujet avec No regret, titre que ne renierait aucune des formations actuelles de metal mélodique entraînant. Une basse au groove prenant et intemporel, des changements de rythmes en veux-tu, en voilà, une production au top… Mason Hill met les petits plats dans les grands et réussit un tour de force: il y a une véritable identité musicale dans ce Against the wall qui, pourtant reste toujours familier. Old school meets modern school pourrait-on dire… On ne s’ennuie pas un instant, Mason Hill parvient à nous maintenir attentif, donne envie de bouger, de chanter (ces « Oh oh » simples et imparables sur Broken son) et alimente au travers de 11 titres toujours la curiosité de son auditeur (11+une autoreprise de Reborn qui vient aussi clore l’album). Voilà le genre de groupe qui donne furieusement envie de retrouver encore plus vite les concerts…

Interview: MASON HILL

Interview Mason Hill : entretien avec Scott Taylor (chant). Propos recueillis par Skype le 2 février 2021

 

Mason Hill? Un nom à retenir… Voilà un jeune groupe écossais plus que prometteur. Le premier album, Against the wall qui vient de paraître, propose un heavy rock qui puise autant dans les sonorités « classic » que moderne. Impossible de ne pas discuter un peu avec Scott, bon vivant à l’accent… costaud comme sa vision musicale. Un groupe à suivre de très près.

Metal-Eyes : Mason Hill sort son premier album le 5 mars. Que peux-tu nous dire de l’histoire du groupe ?

Scott Taylor : Mason Hill a commencé comme un groupe de potes à l’école. James (Bird, guitare) et moi sommes à l’origine du groupe. On s’est rencontrés en Ecosse, où nous avons grandi, je jouais de la guitare et j’ai commencé à chanter vers 16-17 ans. Il n’y avait pas d’autre chanteur, les autres musiciens, en gros, ce n’était que des guitaristes… On a commencé à monter des groupes, on est allés assez loin avec l’un d’entre eux. Nous avons eu l’occasion de nous rendre à Londres, ce qui nous a donné quelques opportunités. On ne se rendait pas compte à quel point c’était bon, cette adrénaline. En rentrant en Ecosse, nous avons commencé à chercher le line up pour Mason Hill, pour en arriver au groupe d’aujourd’hui. Marc Montgomery est arrivé en second guitariste, ce qui m’a permis de ne me concentrer que sur le chant. Ça a depuis été un grand huit d’émotions, de concerts, de fun !

 

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu la musique de Mason Hill à quelqu’un qui ne connais pas votre musique ? Et pour tout te dire, je fais partie de ces gens… Je n’ai pas eu le temps d’écouter une seule note de ce que vous faites !

Scott Taylor (il rit) : Ok, ok, je vois… Alors, nous sommes un groupe de rock moderne qui rencontre le rock classique. Je dis ça parce que nous avons tellement d’influences dans ce groupe, ça va du classic rock et le rock moderne. On adore expérimenter, trouver des sons actuels, mais on adore le rock plus traditionnel aussi, avec des solos et ces trucs-là. On essaie juste d’être nous-mêmes plutôt que d’imiter ce que d’autres groupes font…

 

Metal-Eyes : Quelles sont vos influences principales ?

Scott Taylor : Il y en a un certain nombre, prioritairement les groupes avec lesquels nous avons grandi – Alter Bridge, Black Stone Cherry, Nickelback – et ce son des 80’s – la section rythmique adore Metallica. Ce qui est étrange, c’est que notre bassiste adore le hip-hop et nous essayons d’intégrer ce type de rythme aussi…

 

Metal-Eyes : Votre album s’intitule Against the wall. C’est ce que vous ressentez aujourd’hui, d’être le dos au mur ?

Scott Taylor : Pas aujourd’hui, non. L’album est la représentation de tout notre travail depuis 6 ans, avec des hauts et des bas, des moments de notre vie où nous ne savions ni où nous étions, ni où nous voulions aller… Nous en avons tiré cette détermination, pour et grâce à nos fans, et quoiqu’il arrive, nous savons où nous voulons aller ! Aussi loin que nous le pourrons et voici l’album du commencement.

 

Metal-Eyes : La pandémie a impacté le processus d’enregistrement ?

Scott Taylor : Oui, clairement. Le groupe a enregistré la plupart des instruments juste avant le Covid, mais il restait les voix à faire. Je devais les enregistrer en mars 2020, au moment du confinement américain. Et je me trouvais à New York à ce moment là. C’était une sensation étrange, deux des semaines les plus surprenantes de ma vie, je dois le reconnaitre. Ça a eu un impact sur nous, et sur la sortie de l’album. Nous pensions que ça durerait6 mois, 9 mois, donc nous pensions être prêts pour mars 2021. Mais quand on s’est rendus compte de ce qu’il se passait… On aurait pu retarder encore la sortie de l’album, mais les gars ont insisté. Ca fait si longtemps qu’n attend…

 

Metal-Eyes : D’ailleurs, en parlant de la pandémie : la bio sur votre site web précise que votre bassiste, Ward, a étudié la microbiologie et la virologie. Il aurait pu être utile à plus de monde s’il avait poussé plus loin ses études…

Scott Taylor (rires) : Je sais, je sais ! Il a étudié à l’université mais, voilà, c’est ce qu’il se passe avec les musiciens : combien y en a-t-il qui auraient pu avoir une vie stable ? Mais ils préfèrent arrêter pour se lancer dans l’aventure du rock.

 

Metal-Eyes : C’est comme toi : tu t’es entrainé des années avec pour objectif de devenir champion olympique de natation. Ça n’aurait pas été plus simple d’atteindre cet objectif que de se lancer dans une carrière de musiciens de rock à succès ?

Scott Taylor (rires) : C’était un rêve de gosse, oui, mais j’étais trop jeune pour me rendre compte de la réalité des choses. Je devais avoir 13 ou 14 ans. Tu fais partie d’une équipe et tu progresses. C’était bizarre d’être avec des gens qui se projettent 8 ans plus tard… J’en suis arrivé au stade où ce n’était plus un plaisir. J’ai appris ceci de la vie : si je n’ai pas de plaisir, je peux faire les choses, je me forcerai à les faire, mais quand quelque chose te botte, comme me tenir face à un public et chanter pendant 45’, je serai stupide de ne pas foncer !

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de Against the wall pour définir ce qu’est votre groupe, laquelle serait-ce et pour quelle raison ?

Scott Taylor : Je pense, si je devais ne choisir qu’une chansons… que ce serait Broken son. Parce que le voyage qu’a connu cette chanson est le plus long que nos titres aient connu… J’ai écrit cette chanson avec John quand on avait 16 ans, je crois, il y a très longtemps, j’ai 27 ans maintenant. Elle a tant changé, elle a reçu tant de contributions de chacun, je crois que c’est le titre qui a vraiment reçu la contribution de chaque personne du groupe. Le truc avec cet album c’est qu’on a commencé à l’écrire vers 16 ans, et tout le monde ne faisait pas encore partie du groupe… Mais cette chanson, nous y avons tous participé, elle symbolise vraiment où nous pouvons aller ensemble lorsque chacun apporte sa patte.

 

Metal-Eyes : C’est votre premier album. Comment avez-vous procédé ? Vous êtes-vous retrouvé en studio, avez-vous plutôt utilisé les moyens numériques qu’offre la technologie actuelle ?

Scott Taylor : Nous avons pu travailler en studio à Glasgow, et avons travaillé avec Duncan Cameron. J’ai pu enregistré les voix à New York, mais, perso, je préfère pouvoir être en présence d’autres personnes, passer du bon temps ensemble. Duncan a fait un travail fabuleux, je suis vraiment content de ce qu’il nous a apporté.

 

Metal-Eyes : Justement, que vous a apporté le fait de travailler avec un producteur ?

Scott Taylor : Plein de choses ! J’étais un chanteur amateur un peu naïf… J’ai appris sur le tas, simplement en ouvrant ma bouche et en laissant les sons sortir. Là, j’ai pu apprendre la discipline, le contrôle de mon souffle, prendre conscience que je n’étais pas dans le bon ton… J’ai beaucoup appris de ce point de vue et ça change la vie !

 

Metal-Eyes : Against the wall sortira en divers formats, dont une version de vinyles en couleurs, 5 couleurs, plus précisément…

Scott Taylor : Oui. Quand on a commencé à en parler avec notre management, ils nous on montré plusieurs options. Nous les aurions voulues pour nous, donc on a tout pris. Ces versions couleur, je les mettrais volontiers au mur, elles sont trop cool ! Et c’est la concrétisation de ce voyage de 5 ou 7 ans, aussi, alors pourquoi se limiter.

 

Metal-Eyes : Et si tu les exposes au mur, elles seront vraiment « contre le mur » !

Scott Taylor : Exactement (rires) !

 

Metal-Eyes : D’où vient le nom du groupe ?

Scott Taylor : Ben… du fait que nous avions besoin d’un nom… Nous avions un nom avec un groupe de lycée, mais il ne collait pas… Je feuilletais un magazine, et, en gros, il y avait, sur une page un article au sujet d’un certain Docteur Mason – je ne sais absolument pas de quoi il parlait… – et de l’autre côté un article sur les collines d’Ecosse. Ça m’a frappé, j’ai trouvé que l’union des deux sonnait bien – Mason Hill. J’en ai parlé à James, et il a approuvé

 

Metal-Eyes : Ça sonne aussi comme un lieu de bataille, une victoire militaire…

Scott Taylor : Oui, aussi… Des gens m’ont dit que ça évoquait un nom de vin – tu veux un verre de Mason Hill ? – et je crois qu’il existe en Ecosse une colline de ce nom. Il y a plein de visions différentes. Et je pense que quand Queen a décidé de s’appeler Queen, ça ressemblait à une bonne idée. Mais leur musique devait être aussi classe que leur nom, ce n’est pas comme AC/DC, plus simple et direct…

 

Metal-Eyes : Que pourrait être la devise de Mason Hill ?

Scott Taylor : Depuis deux ans, je m’applique une devise qui pourrait coller au groupe : faire des efforts et partager pour atteindre nos objectifs. Je pense que nous comprenons tous à quel point il est difficile de réussir dans ce milieu. Nous avons tous la vingtaine, si nous faisons les choses, c’est maintenant, qu’avons-nous à perdre ? On y va, on fonce. On a peut-être le dos au mur, mais si on ne fait rien, rien ne changera.

 

Metal-Eyes : Et vous devez être les artisans de votre avenir…

Scott Taylor : Exactement, si nous ne faisons rien, personne ne le fera pour nous.

 

Metal-Eyes : Vous ne pouvez pas pour l’heure envisager de tourner. Comment allez-vous utiliser le temps qui vient ? Allez-vous en profiter pour composer et proposer une suite rapide à ce premier album ?

Scott Taylor : Absolument ! J’ai d’ailleurs quelques idées à travailler pour proposer de nouvelles choses cette année, les autres aussi, d’ailleurs. Nous sommes ouverts à beaucoup de choses, travailler pour proposer un nouvel Ep, un nouvel album… Nous n’en avons pas encore vraiment parlé mais je pense que nous allons simplement proposer du nouveau matériel, pourquoi pas ?

 

 

Interview: DREADFUL HIPPIES

Interview DREADFUL HIPPIES : entretien avec Nico (chant) et Stéphane (basse). Propos recueillis à Paris, le 4 mars 2020

Metal-Eyes : Dreadful Hippies est né en 2015, a sorti un Ep en 2016 et vient de publier Rover, son premier album. Mais l’histoire du groupe, c’est quoi ?

Nico : Dreadful Hippies est un groupe qui est né avec le guitariste, Eric Lorsey, et moi-même, et une bassiste qui n’est plus dans la formation, Tara. C’était l’idée de recréer un projet dont la base était de faire un rock simple. Ensuite, il a évolué. Il a évolué en Heavy Rock Simple et Efficace (il rit)

 

Metal-Eyes : Donc vous êtes les inventeurs du courant HRSE, qui est comme tu l’as précisé, un style à part entière. Ça va les chevilles ?

Nico : Ouais, ça va très bien. Parce que c’est vraiment simple et efficace, (il se marre) on a produit ce qu’on a créé, donc ça va.

 

Metal-Eyes : Le côté « simple », vous n’avez pas peur que ce soit un peu trop réducteur ?

Nico : L’idée c’est que c’est un peu un piège, parce que c’est pas si simple que ça !

 

Metal-Eyes : Alors vas-y ! Explique-nous !

Nico : Le côté simple du HRSE, ou en tout cas de la musique de Dreadful Hippies c’est la structure des morceaux. On est presque que sur du couplet-refrain-couplet-interlude- couplet-refrain-outro. C’est ça, le côté « simple ».  Mais dans les compositions, c’est beaucoup plus recherché.

 

Metal-Eyes : Comment définiriez-vous l’un et l’autre, la musique de Dreadful Hippies pour quelqu’un qui ne vous connais pas ? En dehors de Heavy Rock Simple et Efficace…

Stéphane : On a été cherché des sonorités assez rock des années 90. C’est surtout ça. En cherchant à… être simples et efficaces surtout (rires) ! Tu m’as tendu la perche…

Nico : Oh, ça va être dur… très très dur comme interview ! Alors, je confirme effectivement cette recherche de son, l’idée c’était d’apporter cette touche qui nous tient à cœur dans le rock, au sens large du terme. On a travaillé là-dessus pour arriver au son qui est le nôtre aujourd’hui.

 

 

Metal-Eyes : Quelles sont vos influences respectives ?  

Nico : Moi, des influences très variées. Mon père était guitariste, il jouait dans un groupe de blues à l’époque sur Marseille. Mais on a toujours été éclectiques à la maison, mes origines antillaises. Donc la musique créole, du jazz, du reggae, du jazz, du classique… On a toujours tout écouté, c’est ce qui me définit dans mon approche musicale.

Stéphane : Dans mes projets, j’aime bien travailler différentes choses : dans la chanson, avec Dreadful Hippies, beaucoup plus metal rock, et c’est pareil pour la musique que j’écoute, peu importe le style.

 

Metal-Eyes : Le plus important, c’est que vous preniez votre pied…

Nico : Et que les gens prennent leur pied aussi.

Stéphane : Il faut que ça marche dans les deux sens. J’ai pas de style favori… j’écoute beaucoup de metal plus jeune, après j’ai découvert le jazz, et d’autres choses

Nico : Ah, si, je suis fan d’opéra aussi !

 

Metal-Eyes : Vous avez donc sorti un Ep en 2016, et vous revenez aujourd’hui avec Rover, un album. Qu’a-t-il de particulier ? Vendez-le moi…

Nico : En fait, Rover c’est la continuité du Ep, qui s’appelle Burn it, qui définissait le style. On tentait de voir quel type de musique on voulait faire. Quand on a commencé à donner des concerts et qu’on a vu que les gens accrochaient, on s’est dit qu’on allait rester dans ce style. Rover est sorti en gardant les mêmes ingrédients et le même esprit que l’Ep.

Stéphane : Moi j’y vois un truc assez énergique qui est lié aux répétitions et aux concerts qu’on a pu donner. Quand j’écoute l’album, c’est le côté énergique qui ressort.

 

Metal-Eyes : Vous l’avez enregistré comment cet album ? En conditions live ou vous avez profité à plein des outils technologiques à votre disposition ?

Nico : Pour la production même de l’album, on a fait ça en studio, piste par piste. Une fois qu’on a eu toute les pistes, on a tenté de faire un produit de qualité. L’album a été co-produit avec Izakar, l’ancien guitariste de Dagoba et actuel Blazing War Machine. Il a son propre studio. Il est ingé son de formation. Pour le mastering, on a travaillé avec un studio de Montpelier.

 

Metal-Eyes : Votre mascotte, c’est quoi ?

Nico : C’est un monstre. Un vagabond, « rover » en anglais. Ce vagabond cherche à se libérer de ses fardeaux. C’est l’image de sa chute, de la chute de tout le poids qu’il porte. L’un monte et l’autre tombe…

 

Metal-Eyes : Y a-t-il un thème de prédilection dans ce que vous chantez ?

Nico : Comme dans l’Ep, l’approche d’écriture c’est le voyage onirique de ce vagabond. C’était déjà le cas dans le Ep, même s’il ne sortait pas dans le nom du disque. L’idée, c’était d’avoir ce héros que l’on suit dans des aventures humaines, à travers d’émotions, par rapport à son environnement : de l’introspection, mais aussi par rapport à son environnement extérieur. Le but, c’est qu’on puisse tous se retrouver dans les textes. On a tous traversé des épreuves, amoureuses, sociales, conflictuelles, même politiques puisqu’il y a des morceaux qui sont assez engagés, et de se dire qu’il faut avancer dans la vie. D’où l’idée de la montagne. Que je perde tout ce poids et que je me libère.

 

Metal-Eyes : Quels thèmes politiques abordez-vous ? Quand on regarde les temps troubles partout dans le monde…

Nico : Ce qui est bizarre, c’est qu’entre l’écriture des deux disques, un an ou deux, ce sont toujours des sujets abordés et d’actualité : des politiques sociales en démocratie, en occident où on est censés être en démocratie mais on n’y est pas vraiment. Elle existe, mais elle est très limitée. Ces textes-là disent que, nous, on est tout petits mais que tous ensemble on peut être plus grands. The other 99, c’est l’idée du 1% qui a tout et 99% qui triment. Nous, les 99%, si on est tous ensemble, on peut vous faire plier.

 

Metal-Eyes : Y a-t-il au contraire des thèmes que vous ne souhaitez pas aborder ?

Nico : Pas du tout, il n’y a pas de tabous.

Stéphane : Au niveau des textes…

Nico : Ah, pardon ! Des thèmes musicaux ? Je croyais que tu parlais de questions ! (il éclate de rire). Maintenant, les thèmes abordés dans le hip hop moderne ne nous intéressent pas du tout… Bling-bling, l’argent et tout ça, non… Ce qui est bien avec notre projet, c’est la simplicité, le fait de prendre du plaisir. Si on prend le morceau Dreadful Hippies, c’est juste une communion, tous ensemble. On est juste des hippies lamentables, on est là, libres et on partage ensemble.

 

Metal-Eyes : Justement, votre album est très festif, très rock. Qu’avez-vous voulu mettre dans cet album ? Quelle en était la ligne directrice ?

Nico : C’était ça : avoir une structure de morceaux simple, essayer d’y apporter toutes les essences, les sonorités qui nous plaisent dans ces styles musicaux. Il y a des morceaux bien stoner, ou d’autres très planants avec une rythmique qui nous permet d’être bercés, des choses plus brutes, et des choses au milieu, un peu plus expérimentales.

Stéphane : Je pense que, vous trois, en écrivant les morceaux, vous avez voulu vous faire plaisir avec des rythmiques, des chorus… Basse-batterie, c’est un peu plus basique, dans le sens où c’est pas forcément facile à jouer, mais ça ne part pas dans tous les sens. Eric va s’éclater un peu plus à la guitare.

Nico : Ce que tu pointes est vrai, car avec Eric, on a un projet annexe, de rock progressif à la King Crimson. Là on parle de structures compliquées, de rythmiques changeantes en permanence. Peut-être, effectivement que quand on s’est dit qu’il fallait qu’on ait un projet rock, simple… et efficace, notre but était d’arriver à s’éclater tout en étant efficace…

 

Metal-Eyes : Si vous deviez l’un et l’autre ne retenir qu’un titre de Rover pour expliquer ce qu’est Dreadful Hippies à quelqu’un qui ne vous connait pas, ce serait lequel, et pour quelle raison ?

Nico : Dreadful hippies. Au-delà du nom qui est venu naturellement, c’est ces ingrédients d’énergie et de… C’est une ligne droite : de la première seconde à la dernière, tu sais où tu vas et tu ne quittes pas la route.

Stéphane : Un morceau comme Untitled, aussi, qui est à l’opposé. Il y a du groove… C’est difficile de définir l’album avec un seul morceau…

Nico : Faites-vous votre propre idée en écoutant l’album !

Stéphane : C’est vrai que le plus représentatif serait Dreadful Hippies, mais il ne représente pas non plus tout l’album.

Nico : C’est vrai que c’est celui-là qu’on fait en général écouter en premier aux amoureux du rock. Ceux qui aiment un peu moins le rock, on leur fait écouter Untitled.

 

Metal-Eyes : Quelle pourrait être la devise de Dreadfull Hippies en 2020 ?

Nico : Euh… Se faire plaisir, sachant que je connais beaucoup de groupes depuis longtemps qui ont des hauts et des bas. On en a eu, on en aura, mais c’est important de garder cette énergie commune pour avancer.

Stéphane : Laisse-moi réfléchir… En 2020 ? « Dreadful Hippies sur la route », ça peut le faire ?

 

Metal-Eyes : ça peut (note : quoique, avec le recul, le confinement ayant commencé moins de deux semaines après cette interiew…) Il n’y en a pas un qui ait dit « HRSE forever », mais bon… (ils explosent de rire)

Nico : Non, ça, on a les T-shirts !

 

 

DREADFUL HIPPIES: Rover

Heavy rock, France (Autoproduction, 2020) – Sortie le 7 février 2020

Bon, ok, en matière de groupes de heavy rock festifs et légèrement déjantés, la France s’y connait. Alors Dreadful Hippies qui débarque avec son premier album (que précédait, en 2016, un Ep, Burn it) peut-il envisager révolutionner le monde? Est-ce seulement son intention? Non, car visiblement les inventeurs du courant HRSE n’ont pour objectif que de s’amuser et de permettre à leur public de passer du bon temps. Euh… pardon, mais HRSE, kézako? Heavy Rock Simple et Efficace. Rover, le susmentionné premier album, est doté de dix titres variés et entraînants. OK, Derrick Green, pardon, Niko Green (excusez la confuse, mais il est marron foncé comme le hurleur de Sepultura et il a le même patronyme. Je sais, on a dû te la faire environ un million de fois, celle là, non, Niko?) est parfois difficilement compréhensible, n’empêche que sa voix puissante et rauque, genre forgée à la dure à coup de papier de verre, de houblon et de clopes dans des tripots malfamés) fait le job. Et la grande force de ce disque réside en une variété musicale qui maintient en éveil. Démarrant sur un Who? digne de Motörhead par sa puissance et sa détermination, le groupe (Eric Lorcey à la guitare, Stéphane Mugnier à la basse et Vivien Bénard à la batterie accompagnent le chanteur lui aussi sus mentionné) explore rapidement d’autres horizons, tels que le grunge de Nirvana, le psyché des 60’s, et ajoute une touche de stoner ci et là. Si l’ensemble est puissant et groovy, si le propos général passe facilement, il manque toutefois cette petite touche qui pourrait faire passer Rover du statut de simple disque à une oeuvre marquante. Ce n’est que le premier album (l’ai-je déjà écrit quelque part? La mémoire me lâche…) et les promesses sont là. A Dreadful Hippies de transformer cet essai.

 

Interview: STUBORA

Interview STUBORA. Rencontre avec Mick (chant, basse). Propos recueillis au Hard Rock Cafe à Paris le 21 novembre 2019

 

Metal-Eyes : Comment se passe cette journée de promotion, Mick ?

Mick : Bien, très bien. De façon intensive, mais c’est toujours agréable de parler de sa musique…

 

Metal-Eyes : Ah ! C’est donc pour ça qu’on est là ?

Mick : C’est pour ça, je pense…

 

Metal-Eyes : Alors allons-y : Stubora s’est formé en 1996, dans la Meuse. Depuis le début de votre parcours, vous n’avez connu qu’un changement majeur de musicien…

Mick : Non, il y en a eu plus. En fait, il y a trois phases, pour résumer : Cyril, guitare chant, est à l’origine du groupe qu’il a formé en 1996. A cette époque le groupe était orienté hardcore. Première partie de l’histoire jusqu’en 2004-2005 où il y a des problèmes de line-up.

 

Metal-Eyes : Donc après l’album What we see is not what we wanna see ?

Mick : C’est ça, juste après. Cyril me propose alors de le rejoindre. On se connait depuis longtemps, depuis le collège, et on a déjà joué ensemble mais rien de sérieux. Il me propose de les dépanner pour deux concerts prévus – leur précédent bassiste s’est fait la malle. Je les dépanne, Cyril me demande de rester dans le groupe, il a envie de s’orienter vers un style plus metal rock, et moi, c’est aussi ce vers quoi je tends. Le hardcore ne m’intéresse pas. J’aime en écouter mais pas forcément en jouer. On commence notre partenariat musical, on compose tous les deux, on se partage le chant et on va comme ça jusqu’en 2012-2013, on sort un Ep et un album et on a des difficultés avec le batteur qui, dans un premier temps, a un accident de moto qui le laisse invalide pendant quelques temps. L’activité du groupe est un peu suspendue, et à la reprise, il est moins motivé et finalement il quitte le groupe. On reste quelque temps sans batteur, mais on recommence à composer, et en 2014, on trouve Niala par le biais d’une annonce. On trouve un super batteur, quelqu’un avec qui on s’entend bien, qui, lui aussi cherchait un groupe… On a la même démarche, à peu près le même âge, des goûts qui se rejoignent et il a un niveau technique qui nous permet tout de suite d’aller loin dans la composition. On ne se fixe pas de barrière… De là, on sort notre premier album avec ce line-up en 2015, Résurrection, le bien nommé parce que le groupe végétait. On a fait quelques concerts par la suite et in a entamé la composition de ce nouvel album, Horizon noir, qui sort hier (le 20 novembre, donc)

 

Metal-Eyes : Puisqu’on en est à l’histoire du groupe, quelle est la signification du nom du groupe, Stubora ?

Mick : A la base, ça vient de l’anglais Stuborn, qui veut dire entêté, têtu. A l’époque, il y avait beaucoup de nom en A, Cyril n’a pas voulu garder le mot en entier… Ça s’est transformé en Stubora, ça sonnait bien et on l’a gardé.

 

Metal-Eyes : Comment définirais-tu la musique de Stubora à quelqu’un qui ne vous connait pas ?

Mick : C’est toujours difficile de décrire sa propre musique… Avec Cyril, on est les deux principaux compositeurs – paroles ou musique. On se rejoint sur certains groupes, mais on a aussi des influences complètement différentes… Donc on fait des concessions, on apporte nos univers différents et on essaye de proposer, malgré nos facettes différentes, quelque chose d’homogène. On se situe dans un heavy rock, mais pas heavy comme dans les années 80. Plus dans le sens de ce qui peut se faire aux Etats Unis, c’est-à-dire rock avec des gros riffs, avec des mélodies de chant accrocheuses, et une musique pêchue et accrocheuse aussi.

 

Metal-Eyes : Une des particularités du groupe c’est que vous êtes tous deux chanteurs. Comment vous répartissez vous le chant ? Quelque part, ça parait assez évident : l’un se charge de ce qui est plus heavy, l’autre de ce qui est plus rock.

Mick : C’est en fait naturel puisque j’ai tendance à composer des choses plus rock, Cyril des choses plus metal, plus extrême. En gros, pour schématiser, les morceaux qu’il compose, c’est lui qui chante dessus et vice-versa.

 

Metal-Eyes : Ca peut arriver, justement, que l’un chante sur une chanson de l’autre ?

Mick : Oui, dans la phase de composition ou de production, on se rend compte que, pour servir le morceau, sur ce passage là, ce serait intéressant d’avoir une voix plus agressive, ce sera alors plus Cyril, sur tel autre passage, ça passerait mieux avec quelque chose de plus mélodique, donc, ma voix. On peut être amenés à chanter sur le morceau que l’autre a composé. Après, il y a aussi un vrai échange dans la composition, même si on apporte quelque chose de bien avancé. On peut proposer des changements, des arrangements, une mélodie de chant sur le riff d’un autre…

 

Metal-Eyes : Quelles sont vos influences ? J’ai l’impression qu’il y a du heavy typé Metallica, presque thrash mais pas que ça, et parfois, au-delà d’un côté rock, c’est parfois assez pop. J’avais fait, pour l’album précédent, une comparaison avec Niagara et l’album Quel enfer qui, en son temps était très typé hard rock à la Aerosmith.

Mick : Oui, c’est vrai. C’est certainement le résultat de nos influences très variées. Même si dans la composition je suis porté sur des choses plus mélodiques, j’aime aussi des choses très agressives et extrêmes. Je ne me fixe pas de barrières. Il y a de la bonne musique et de la mauvaise. J’aime autant des choses classique, rock influencé blues, que des choses plus extrêmes. Le côté pop des mélodies… Je n’irai pas jusqu’à dire « pop », mais un de nos but, c’est toujours proposer une mélodie accrocheuse, quelque chose qu’on retient, des bons riffs puissants et entraînants et des lignes de chant qui vont rendre le morceau accrocheur.

 

Metal-Eyes : Tant que ça passe, que ça accroche, que ça vous accroche, j’imagine.

Mick : C’est ça, c’est la base.

 

Metal-Eyes : Si on revient un peu en arrière, les albums avant Résurrection avaient des titres en anglais, et depuis, tout est en français. Je ne connais pas les albums précédents ; le chant était aussi en anglais ?

Mick : Alors, sur la période hardcore, le chant était intégralement en anglais…

 

Metal-Eyes : Donc sur Oropa’A et What we see…

Mick : C’est ça. Sur le Ep, Bleeding my world, aussi, et sur The almighty, on commence à intégrer des chansons en français. Pour Résurrection, on prend un virage complètement en français.

 

Metal-Eyes : Qu’est-ce qui vous a décidés à ce changement ?

Mick : L’anglais, même si c’est la langue qui colle le mieux au rock, il faut le maîtriser à 100%, rien que sur les sonorités. Alors, sur les deux premiers albums, quand c’est du chant hurlé, les problèmes de prononciation, on ne les entend pas. Quand on commence à attaquer sur de la mélodie, on n’a pas le droit à l’erreur. Et on se rendait compte qu’on n’avait pas une maîtrise parfaite de l’accent…

 

Metal-Eyes : Le problème principal des groupes français…

Mick : Oui, et ça revenait souvent dans des remarques, ça nous embêtait. En termes de composition et d’écriture, aussi, il n’y a que dans notre langue maternelle qu’on peut aller au bout des choses, avoir une palette de vocabulaire riche, avoir plus de possibilités dans l’écriture. Alors… c’est un risque de chanter en français mais on le prend parce que…

 

Metal-Eyes : La question qui s’impose, alors : est-ce que vous avez une carrière internationale ?

Mick : Non… On n’a pas ce type de carrière… Et on peut exprimer plus de choses, être plus personnels, plus riches en termes de paroles.

 

Metal-Eyes : Vos deux derniers albums sont donc en français, alors comment analyses-tu l’évolution de votre musique entre Résurrection et Horizon noir ? 4 ans ont passés, il y a une stabilité dans le line-up, le chant est en français, mais à part ça ?

Mick : L’évolution, elle est surtout au niveau technique… On est en autoproduction intégrale, on est dans une meilleure maîtrise technique, dans une expérience de l’enregistrement, de l’enseignement qu’on a pu tirer de nos erreurs d’un point de vue technique. Et on a développé une méthode de travail et je pense qu’on s’est améliorés en tant que compositeurs. La grosse différence ? C’est qu’on a été beaucoup plus exigeants envers nous-mêmes et envers les autres sur le dernier album. Dès le départ, on avait décidé qu’on devait être satisfait à 100% de l’album, qu’on allait présenter les meilleurs riffs, les meilleures mélodies et on n’a pas hésités à nous auto critiquer, à proposer des choses pour aller toujours plus loin. Si on sentait qu’un passage était plus faible, on n’hésitait pas à le dire.

 

Metal-Eyes : C’est sans doute lié au fait que c’est le second album avec le même line-up. Le titre de ce disque, Horizon noir, fait, je pense, plus référence à votre vision du monde actuel qu’au groupe d’Etampes qui s’appelle Black Horizon (il rit). Quel est le regard que tu portes aujourd’hui sur notre monde ?

Mick : On n’est pas des gens pessimistes… Mais lorsqu’on n’écrit des paroles, ça ne nous intéresse pas d’écrire sur ce qui va bien. La musique, c’est un exutoire, c’est proposer des choses qui vont nous toucher, des expériences de la vie, des constats de ce qui nous entoure. Effectivement, il n’y avait pas de thèmes, mais on s’est retrouvés, avec Cyril, à écrire sur des thèmes communs, liés à l’environnement, l’écologie, des thèmes qui, je pense, commencent à toucher tout le monde. On a des enfants, on est inquiets de voir que ça ne va pas assez vite, et pas dans le bon sens… Mais il y a toujours de l’espoir, sinon, on ne ferait pas d’enfants.

 

Metal-Eyes : Et quel regard portes-tu sur la scène metal française ? Vous en faites partie depuis quelques temps…

Mick : En France, on a vu une évolution, on n’a plus rien à envier aux scènes américaines ou européennes. On a atteint un niveau avec une vraie scène, des musiciens talentueux, des grosses productions, avec du niveau et de la qualité de composition… On n’a plus rien à envier aux autres, et il ne faut pas avoir peur de garder cette identité française, de proposer des paroles en français. Même si nos influences musicales sont anglo-saxonnes, je pense que la scène française se porte plutôt bien.

 

Metal-Eyes : Il faudrait quoi pour qu’elle explose cette scène française ?

Mick : C’est compliqué, c’est culturel… On n’est pas en Allemagne, en Angleterre… En Allemagne, ils ont des groupes qui font carrière chez eux parce qu’il y a un public, que les gens bougent. Le public metal français c’est vraiment un public de passionnés, il se bouge mais n’est peut-être pas assez nombreux pour vraiment soutenir nos groupes. On est quand même encore très ancrés dans la variété…

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un titre de Horizon noir pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Stubora aujourd’hui, ce serait lequel ?

Mick : C’est compliqué… Un seul titre pour expliquer ce qu’on est ? Je dirais peut-être Identité. Parce qu’on propose un mid tempo avec en même temps un côté sombre… Mais c’est difficile. C’est accrocheur, il y a du riff, oui, Identité peut être un bon choix.

 

Metal-Eyes : En parlant d’identité, vous avez un visuel qui est assez morbide (note : le visage de chaque musicien est remplacé par une tête de mort). Quelle en est la signification ?

Mick : Le titre et le visuel se sont imposés après la composition. Il s’est avéré que les chansons étaient assez noires en général, on s’est dirigés vers quelques chose qui illustre bien les paroles. Après, on est des metalleux, on aime bien les têtes de mort, les choses sombres (il rit).

 

Metal-Eyes : Une dernière chose : quelle pourrait être la devise du groupe ?

Mick (il réfléchit) : C’est compliqué… Je pense que c’est « Stay stuborn », on est entêtés, on ne lâche pas le morceau. Tous les problèmes qu’on peut rencontrer, malgré l’âge qui passe, la motivation et l’envie de proposer de bonnes chansons sont toujours là.

 

DEAD BONES BUNNY: What’s up rock?

Rock, France (Autoproduction, 2018)

Oh la claque! Du rockabilly ultra puissant, grrovy et dansant, un esprit à la Stray Cats (pour des lapins, c’est original…) déjanté sur fond de chant rageur… C’est le programme que nous propose Dead Bones Bunny sur son album What’s up rock?, véritable source de fraicheur et moment de bonheur à partager sans modération. Dès Team Bunny, le ton est donné: on navigue entre le rock des années 50/60 et le metal de Slayer ou Motörhead. Lemmy d’ailleurs s’était acoquiné de Brian Setzer au sein de Headcat, non? Eh bien l’esprit est le même tout au long de ces 12 morceaux qui mélangent guitares, batterie et contrebasse. Malgré quelques approximations entre chant et chœurs , cet album fait énormément de bien. L’esprit « team » ou « famille » qui transpire se confirme à la lecture des crédits, puisque non seulement les musiciens remercient, mais également l’équipe scénique (danse, lumières, décors, photographe). C’est frais, ça bouge, c’est à la fois rugueux et entraînant… Ce What’s up rock? ne laisse pas de place à l’ennui, c’est une évidence… A écouter d’une traite et à ne pas rater!

Interview: TURBOWOLF

Interview TURBOWOLF. Entretien avec Chris (chant). Propos recueillis à l’Alba Opéra Hotel, à Paris, le 16 mai 2018

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Metal-Eyes : Je découvre Turbowolf avec ce nouvel album, The free life. Il s’agit déjà de votre troisième album, mais peux-tu me raconter brièvement l’histoire de Turbowolf ?

Chris : Absolument. Nous avons débuté le groupe en 2006, à Bristol, Andy, le guitariste, et moi. Nous avons eu différents bassistes et batteurs à cette époque, mais je crois que nous avons un line-up stable désormais. Ça fait 6 ou 7 ans que nous avons le même bassiste. Notre vision, et notre « mission », dès le départ, est de créer quelque chose qui nous excite, nous, en musique rock. Pas seulement quelque chose de nouveau, quelque chose qui nous plaise. C’est encore ce que nous cherchons aujourd’hui.

Metal-Eyes : Quels sont, jusqu’à aujourd’hui, les grands moments vécus par le groupe ? Sans doute l’enregistrement du premier album ?

Chris : L’enregistrement du premier album, c’est certain ! Comme je l’ai dit, nous avons formé le groupe aux alentours de 2006 et notre premier album n’est sorti qu’en 2011. Entre temps, nous avons donné beaucoup de concerts, peaufiné notre son, travaillé et décidé quelles chansons allaient terminer sur l’album, celles que nous écartions. C’était un grand moment pour nous de faire ce premier album. De travailler avec un label, c’était la première fois que nous travaillions avec une maison de disques. Nous avons fait partie de groupes depuis que nous sommes ados, mais là c’était nouveau : il a fallu trouver qui allait sortir le disque, comment tourner plus professionnellement… Avant même la sortie de l’album, nous avons tourné, en 2010, avec Korn et Dimmu Borgir sur la même affiche. C’était une affiche très particulière mais ça a plutôt fonctionné. Nous faisions un peu tâche parce que nous ne sonnons comme aucun de ces deux groupes…

Metal-Eyes : Aucun des groupes ne sonne comme l’autre, ce sont 3 styles différents.

Chris : Exactement. C’était une affiche très diversifiée. C’était un grand moment pour nous parce que nous n’avions jamais joué devant autant de monde. Avant ça, nous jouions dans des caves, des petits clubs, et là, on joue dans des grandes salles… C’était cool. Ensuite, un autre grand moment a été l’enregistrement de notre second album avec notre ami Tom Dougherty, qui a travaillé avec Royal Blood, il vient de terminer le nouvel album de Ghost. A ce moment là Tom était simplement notre ami. Maintenant, il est ce producteur rock mondialement connu…. Mais il reste un super ami. Rabbits est devenu une sorte de hit pour nous, c’est notre chanson la plus connue aujourd’hui. Nous avons pur tourner en Amérique, où nous avons eu pas mal de passages radios et où nous avons été plutôt bien exposés… Nous avons aussi rencontré un de nos groupes préférés de tos temps, Death From Above, et avons même eu le plaisir que Sebastian, le chanteur du groupe, chante sur notre nouvel album. Voilà quelques grands moments qui nous mènent à aujourd’hui.

Metal-Eyes : Je n’ai pas pu écouter l’album entièrement, mais ce que j’en retire c’est du Black Sabbath, du psyché et beaucoup de choses heavy. Qu’avez-vous mis dans ce disque et quelles sont vos influences ?

Chris : Nos influences sont de ne pas nous laisser trop influencer. Comme je l’ai dit, dès le départ, nous avons voulu faire quelque chose de neuf dans la musique rock, trouver un son qui nous soit propre, trouver notre chemin. De nombreux groupes que nous apprécions n’entre dans aucune case : Rage Against The Machine, System Of A Down, Smashing Pumpkins… De nombreux groupes que les gens ont, plus tard, voulu catégoriser. Rap metal, grunge, neo metal… Ces groupes sont uniques, et nous souhaitons faire de même, que les gens aient du mal à nous définir. On aime ça, et si les gens ont du mal à classer notre musique, cela signifie, pour nous, que nous sommes sur la bonne voie.

Metal-Eyes : De quoi parlez-vous dans les chansons ?

Chris : J’essaye de ne pas faire de déclaration trop ouverte, littérale. De ne pas donner de réponse ouverte. Je préfère poser des questions et peindre autour d’un thème, laisser l’auditeur en tirer ce qu’il souhaite. Je trouve intéressant, en tant qu’auditeur, d’écouter un album et de me faire ma propre idée des ce qui est traité dans les paroles.

Metal-Eyes : Y a-t-il, au contraire, des sujets que vous ne souhaitez pas aborder ?

Chris : Nous voulons que le groupe soit une échappatoire de la réalité, nous ne voulons pas devenir trop politique dans notre musique.

Metal-Eyes : Pourquoi, parce que c’est trop personnel, ça marque trop une époque ?

Chris : Non, même si, évidemment, ce sont des facteurs. Nous ne voulons pas être attachés à ce monde, nous voulons créer un nouvel espace, une nouvelle dimension cosmique vers laquelle les gens puissent s’évader. Aller ailleurs avec notre musique.

Metal-Eyes : Vous ne souhaitez pas plus aborder des thèmes comme la religion ou d’autres choses intimes ?

Chris : J’ai le sentiment que je traite ces sujets en écrivant les paroles. Mais je les rends suffisamment abstraites pour que les gens y trouvent leur propre interprétation, y mettent un sens qui leur soit propre. Je trouve cela plus important de poser un sujet et d’être amené à y réfléchir, en parler, plutôt que de se voir imposer une vision. Si je peux inspirer une réflexion, je suis un homme heureux, j’ai fait mon travail !

Metal-Eyes : De même que si tu peux provoquer une discussion autour d’un sujet, j’imagine…

Chris : Bien sûr !

Metal-Eyes : Que pourrais-tu me dire pour me convaincre de filer acheter The free life dès la fin de cette entrevue ?

Chris : Je dirais… Tout d’abord, je te demanderais si tu aimes la musique bruyante. Tu pourrais me répondre que non. Je te répondrais alors : « Eh bien, même si tu n’aimes pas la musique bruyante, tu pourrais aimer ce que nous faisons. Parce la manière dont nous écrivons… nous cherchons à créer un pont entre le « bruit » et tous ces sons que les gens appellent horribles et de choses plus douces, les enrober dans du coton. Et tu devrais trouver des choses qui te plaisent dans notre groupe car il y a beaucoup de pop, de funk dans notre musique. Tu devrais donc trouver de quoi te satisfaire ». Et si tu aimes la musique bruyante, tu vas apprécier nos riffs et nos mélodies.

Metal-Eyes : Un groupe de rock joue aussi sur scène. Vous n’avez cependant pas été souvent à Paris…

Chris : On a joué à Paris… 3 ou 4 fois, je crois.

Metal-Eyes : Et y a-t-il une tournée prévue ?

Chris : Nous venons de terminer une tournée européenne, mais nous n’avons pas joué à Paris, ni en France. Je ne sais pas trop pour quelle raison… On a un agent. Il n’est plus notre agent, pas pour cette raison, mais aujourd’hui, on en a un autre. Pourquoi on n’a pas joué en France ? Nous avons donné 8 ou 9 concerts en Europe, ce qui n’est pas beaucoup. Paris, nous y jouerons en octobre. Je ne peux te donner de date, ni avec qui, mais c’est un groupe pour lequel nous ouvrirons. Dans une grande salle, mais nous ne pouvons l’annoncer pour le moment. Nous attendons que ce soit confirmer.

Metal-Eyes : Après 3 albums, et une stabilité de 8 ans, quelle pourrait être, aujourd’hui, la devise de Turbowolf ?

Chris : (il réfléchit)… Soyez différent ?

Metal-Eyes : Sympa, je prends. Maintenant si tu devais ne retenir qu’une chanson de The free life pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas ce qu’est Turbowolf, laquelle serait-ce ?

Chris : Ok… Je choisirais… la chanson The free life, qui est la dernière chanson du disque. Parce que je pense que de nombreux sons, de nombreuses choses que nous faisons se trouvent sur ce titre. Les parties dures, un peu punk, celles un peu plus pop, des passages plus énervés…

Metal-Eyes : Et comment décrirais-tu l’évolution du groupe entre vos deux derniers albums ?

Chris : Ok, d’accord. Le précédent, nous l’avons co-produit avec notre ami Tom Dougherty, celui-ci, Andy et moi l’avons produit et mixé. Nous avons pris les choses beaucoup plus au sérieux pour ce disque. Passer plus de temps afin d’obtenir les choses que nous voulions. C’est l’évolution principale, devenir de plus en plus autonomes. Musicalement et artistiquement, nous ne voulions pas répéter les deux premiers disques et en créer un qui rentre dans leur lignée. Je crois que nous y sommes parvenus.

Metal-Eyes : Une dernière choses : vous êtes ici depuis ce matin, vous répondez à de nombreuses questions : quelle a été selon toi la meilleure question, celle qui t’a le plus surpris, étonné, que tu as préféré ?

Chris : Ma question préférée ? En fait, jusqu’à présent, j’ai préféré ton interview…

Metal-Eyes : Je n’ai pas dit interview, seulement la question. Même si je suis le meilleur (rires)

Chris : Oui, tu es le meilleur, c’est ça ! Sérieusement, c’est jusqu’à présent la meilleur interview, alors bravo !

Metal-Eyes : Merci !

Chris : Je pense que parler de ce que nous ne souhaitons pas traiter directement dans nos textes était intéressant parce qu’on ne nous pose pas souvent ce genre de question. C’était une question différente.

Metal-Eyes : Merci beaucoup pour cette interview et bonne chance avec The free life qui est sorti en mars.

Chris : Merci à toi !