Lors de notre entrevue, Mark Jansen et Simone Simons expliquaient qu’Epica travaillait sur le prototype d’un nouveau type d’éclairages pour la tournée The holographic principle. Depuis quelques temps, la technologie holographique est mise en avant et, au lendemain de ce concert, un candidat à la présidentielle se dédouble pour envoyer son égo holographique à un endroit où il ne se trouve pas. Alors, cette nouvelle technologie promise par Epica est elle basée sur l’utilisation d’hologrammes qui permettraient aux musiciens de se projeter dans la salle ? Patience
Pour le savoir, il faut que le public du Zénith, complet ce soir – une première pour un show des Hollandais jusque là habitués à des Elysée Montmartre et Bataclan, même si ce Zénith est en petite configuration – suivent les prestation des nouveaux Beyond The Black et de Powerwolf, très attendu.
Beyond The Black a donc pour mission de chauffer la salle, une demi heure durant. Bénéficiant de bonnes, d’excellentes conditions (les lumières sont généreuses et le son bien meilleur que pour nombre de premières parties) le sextet allemand signé par Universal et UDR propose un heavy symphonique assez efficace bien que classique. Et si l’envie est là, BTB a encore besoin de s’affirmer scéniquement. Sans doute la demi heure impartie est elle trop courte pour permettre au public de totalement apprécier la musique de Beyond The Black qui ne propose que 5 chansons. La chanteuse Jennifer Haben a beau sourire et posséder une belle voix, les cordistes (comprenez guitaristes et bassistes) afficher une belle complicité, bien que le groupe soit carré et bien en place, il manque cette petite étincelle qui ferait succomber le public. Pourtant, musicalement, le groupe en impose. Si l’ombre de Nightwish plane, la formation s’en distingue en apposant sa propre touche (l’album sera prochainement chroniqué) et pourrait devenir un futur grand du metal symphonique. Mais ce soir, malheureusement, avec ce qui arrive juste derrière…
Changement de plateau rapide, les techniciens font monter un rideau noir flanqué des lettres PW- pour Powerwolf. Derrière, on aperçoit un joli décor médiéval. Je n’ai jamais vu Powerwolf sur scène. Pire: je n’ai jamais écouté sa musique non plus. Je n’ai que vu des photos et lu des reports souvent enthousiastes. C’est donc une grande première. Dans le pit photo, la sécu demande aux photographes de ne pas s’approcher car il va y avoir des flammes. Inquiets, les gars? C’est prometteur. Et vlan!, le groupe monte sur scène sous le feu des flammes.
Pendant une heure et quart, les Allemands nous offrent une prestation tout simplement exemplaire. Parfaitement en place, chacun des musiciens connait son rôle et sait comment aller chercher ce public qui lui mange littéralement dans la main. Attila Dorn possède une voix puissante et lyrique et fait preuve d’un charisme sans pareil. S’adressant au public dans un français qu’il estime ne pas être bon, il fait tout pour que la température et les décibels augmentent. « Nous avons besoin d’une armée de heavy metal! Serez vous notre armée de Heavy metal? » annonce Army of the night, « Nous sommes ici car nous sommes possédés par le heavy metal! Etes-vous possédés par le Heavy metal?« . Très communicatif, il n’hésite jamais à faire participer le public et manie l’humour avec brio: « Je chante et vous répétez… Non, tu n’as pas compris: d’abord je chante, ensuite vous répétez!« . Falk Maria Schlegel, dont deux claviers entourent le set de batterie, descend dès qu’il le peut haranguer la foule, l’exciter.
Avec Attila, ils prennent quelques minutes pour faire chanter la foule divisée en deux, sur des « Ouh! Ah! » explosifs. Puis viennent les remerciements à l’équipe pour la scène et les éclairages et le chanteur annonce enfin que « nous sommes Powerwood… What, Powerwood? Powerwolf » et explose de rire. Setlist impeccable, mise en son et en lumière splendides, scénographie et attitude irréprochables… Powerwolf a ce soir donné le concert parfait et a recueilli nombre de nouveaux fans. Vivement le Hellfest!
Après une telle prestation, le pari est difficile pour Epica. On est à deux doigts d’une vedette volée de manière magistrale. Le décor est installé – des pyramides transparentes, backdrops et autres spots composés non pas de leds mais d’une multitude de bulles permettant de jouer sur l’orientation et la puissance des faisceaux. De nouveau, les photographes sont maintenus à l’écart de la scène et pour cause: les lumières éteintes, Epica débarque sur scène sous des explosions et jets de flammes. Pour sa première dans une salle de cette taille à Paris , la formation batave semble avoir mis les petits plats dans les grands.
The holographic principle, son dernier album, est particulièrement bien représenté avec 8 extraits (sur les 12 que comporte l’album), soit plus de la moitié du concert (bon, ok, si l’on excepte Eidola, l’intro, tout juste la moitié du show…), ce qui indique le niveau de confiance des 6 musiciens. Très vite on remarque que Coen Janssen s’amuse avec ses claviers, le kit installé sur des roulettes lui permettant de se déplacer de chaque côté de la batterie et de s’exposer à l’ensemble du public. Les guitaristes, Mark Jansen et Isaac Delahaye, sont en forme, souriants et… Simone Simons semble avoir quelque problèmes avec son retour interne. Et malheureusement, on constate que le son, s’il est puissant sans être trop fort, n’avantage pas le chant. Mal mixé, les voix de Simone, principalement, et de Mark ne sont pas assez en avant, quelque peu étouffées par les claviers et la basse… De plus, le chant de Simone est particulièrement aigu ce soir, ce qui n’est pas des plus agréables sur la longueur…
Et surtout, si les bretteurs s’amusent – Mark s’adressant régulièrement au public avec des « Vous en voulez plus? Nous sommes tous ici pour la liberté et le métal! » – il n’y a guère de folie dans ces crinières qui s’agitent en cadence, un mouvement trop conventionnel, calculé et qui manque de vie. Simone glisse sur scène dans des gestes eux aussi précis, trop précis… Heureusement, les lumières sont belles – jolis effets lasers au travers des pyramides – et la pyrotechnie irréprochable. Les flammes mobiles, les explosions d’artifices et de fumigènes, tout y est. Ce n’est cependant pas suffisant pour faire de ce concert un moment vraiment spécial, malgré la séquence émotion lorsque la chanteuse annonce vouloir porter un toast, une bouteille d’eau à la main: « depuis nos tous débuts, la France a toujours soutenu Epica. Je veux vous remercier pour cela!« . Tous quittent ensuite la scène, laissant le public éclairer la salle en brandissant portables et allumant briquets avant un solo de Coen muni de son clavier en arc de cercle. Solo qui se termine par les premières notes de notre hymne; il n’en fallait pas moins pour que le public chante une Marseillaise toujours aussi émouvante en ces conditions. Une bonne prestation mais pas exceptionnelle. Et un Powerwolf qui, sans conteste fut le roi de la soirée, et la découverte pour bon nombre de spectateurs.