SATRA: Sands of time

Finlande, Metal symphonique (M&O music, 2024)

Le propos est clair dès les premières mesures de From the night, morceau d’ouverture de Sands of time: Satra évolue dans le registre du metal symphonique classieux, celui de Nightwish ou d’Evanscence, deux références immédiates. Le son est propre, le chant de Pilvi Tahkola clair et bienveillant. Mais loin de se contenter de naviguer sur les eaux des groupes précités, les Finlandais explorent des horizons orientaux, asiatiques… et s’amusent des différentes cultures intégrées à leur musique. Toutefois, malgré des compositions ultra carrées et entrainantes, il est difficile pour Satra de se défaire de ses influences, un peu encombrantes. Mais je me laisse entrainer dans cet univers apaisant avec bonheur tout au long des Golden city, Stars, Secret place et autres Shadow engine. Si le groupe a trouvé son registre mais pas encore tout à fait une identité sonore et musicale qui lui soit propre, Sands of time fait partie de ces albums vers lequel on revient facilement et avec plaisir. Pas étonnant que Therion les embarque sur les routes (à découvrir ce 25 février à la Machine du Moulin Rouge à Paris)

ORKHYS, HEVIUS et ARAE live à Orléans – Dropkick bar, le 27 mai 2023

Retrouvez ici la galerie du concert

C’est sans doute la première véritable journée complète de temps chaleureux et presque estival qui accompagne les Franciliens de Hevius, initiateurs de cette soirée metal varié, au Dropkick d’Orléans. Varié car ce sont ce soir trois groupes aux styles différents et complémentaires que le public va pouvoir écouter et voir. Un public qui va grossir très rapidement grâce à l’ambiance et la bonne humeur qui viennent de la salle en sous sol (qui, aujourd’hui, heureusement, propose un peu plus que d’affreuses lumières rouge – complètement disparues, d’ailleurs).

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

C’est Orkhys qui ouvre le bal. Le quintette vient défendre son dernier album, A way (dont vous pouvez ici retrouver la chronique) et semble à la fois en forme et concentré. Le heavy de la formation « à la harpe » est plus direct et moins symphonique en live que sur disque, Laurène et ses compagnons se donnant à fond tout au long des 50 minutes allouées à chacun des groupes. L’ambiance se faisant plus légère et festive au gré des titres, le public croit en nombre et en personnalités. Impossible de ne pas remarquer ce presque septuagénaire qui fait ses doléances à la chanteuse et donne ses conseils et avis entre chaque titre! Impossible également de ne pas  le voir arriver, marteau en main et casque sur la tête, le phénomène Thor – ou sa version féminisée – qui lui aussi approuve chacun des morceaux proposés par un groupe en forme!

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

Un groupe dont l’entente est visible – tant sur scène qu’en dehors – et la complémentarité entre les guitaristes – Brice et Henri – exemplaire. la section rythmique – Lancelot à la basse et Jean-Yves « PanPan » à la batterie apporte une solidité structurelle à cet ensemble plus que festif.

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

A way est ce soir à l’honneur avec 4 des 8 morceaux originaux proposés – A way (en intro), Brand new world, The devil & the impudent et Blood Ties, son EP se voyant honoré par les deux tiers des compos (Guardians of our lives et The end of lies).

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

La harpe de Laurène apporte une touche sonore des plus originales aux morceaux, harpe dont elle inaugure ce soir les éclairages led qui lui permettent de mieux voir les cordes et dont elle demande son avis au public. Oui, on garde, d’autant que les effets de lumière sont sympa.

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

Avant de conclure ce concert, Lancelot, s’offre un petit tour dans le public avant que Laurène présente ses compagnons de jeu et interpelle le public lui ordonnant presque de chanter le dernier morceau, l’imparable The Clansman d’Iron Maiden dans une versions fidèle bien que plus teintée de folk grâce aux apports de la harpe.

Orkhys @Dropkick Orléans, 27 mai 2023

Les Parisiens de Hevius viennent quant à eux défendre leur dernier album, Millénaire (la chro est toujours ici) dont Julien Ferrier, le fondateur nous avait parlé en pleine crise sanitaire (voir ici l’interview débridée). Le style radicalement plus heavy metal de Hevius est contrebalancé par la bonne humeur tant des musiciens (sérieux s’abstenir, svp) que le côté festif de la musique (sans toutefois se transformer en parodie de Happy metal). La musique et le fun comme thérapie, en somme, et le public est très réceptif.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Le groupe démarre pied au plancher avec les speedé De l’autre côté du miroir, premier titre qui nous montre une formation très en place avec des gimmicks efficaces (balancements et mouvements de guitares simultanés) Julien haranguant le public bientôt et régulièrement, toujours avec le sourire.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Public au sein duquel on trouve également ses énergumènes, dont ce  jeune gars en costume qui s’agenouille à l’issue de chaque chanson comme pour vénérer les musiciens, scandant des « exceptionnel! » ou autre « extraordinaire! » dès qu’il le peut. Mais demandant aussi à interrompre le concert parce qu’il a… perdu un bouton! A chacun son public, hein!

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Même si on circule aisément, le public fait la fête, pogotant, faisant une sorte de ronde avec Thor, sautant en tout sens… Le public est partie prenante de l’ambiance de ce set, réagissant à la bonne humeur des musiciens – le guitariste Olivier Louis-Servais souriant presque tout au long du concert, Ugo (basse) appliqué et complice en conneries, Florian (clavier) qui teste aujourd’hui sa Keytar, son nouveau jouet lui permettant plus de mobilité sur scène et Alex, seul coincé derrière sa batterie mais au sourire facile.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Le marteau de Thor et son casque – qu’il place sur la tête d’Olivier, ensuite récupéré par une Laurène très participative – sont sujets à amusement tout au long des festifs extraits de Millénaire (De l’autre côté du miroir, Millénaire, Une autre vie, Aux armes, Hevius et versa – la reprise du Vice versa des Inconnus!) Hevius nous fait aussi l’honneur de présenter ce soir deux nouveaux titres encore jamais joués live – l’engagé Ma Terre et Eternelle – avant de conclure avec un public qui chante à tue tête Nous sommes des rois, titre pendant lequel Laurène et Brice s’invitent sur scène pour une joyeuse zizanie.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Avec un public chaud comme la braise, Hevius a donné un concert impeccable de bout en bout. une ambiance comme on les aime qui se retrouve bientôt à l’extérieur, le temps de débarrasser le plateau pour laisser la place à Arae.

Hevius @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Le temps de discuter un peu avec les musiciens, je redescend pour une petite rasade de Death metal dispensé par les Tourangeaux d’Arae. A peine arrivé en bas, je découvre Nicolas Hirondelle, le guitariste soliste, qui prend la pose, à genoux ou presque sur la scène, sa guitare à plat sur ses jambes. Son compère Nicolas Macabrey, à la guitare et au chant, hurle ses paroles accompagné brutalement par Valentin Smolinski, au départ concentré sur sa basse et se lâchant rapidement, et Flo Aemeth qui fait souffrir ses peaux.

Arae @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Si le death n’est pas mon truc, nous ne pouvons que reconnaitre que les quatre sont appliqués, forgeant des riffs inspirés par les grands du thrash au death, des rythmes de plombs, Nicolas C. allant régulièrement chercher le public tandis que l’autre Nicolas (fut un temps, ils y en avait 3, des Nicolas… un critère de sélection?)reprend sa pose au sol… Mais la pose s’avère être plutôt de la souffrance, le guitariste ayant du mal à se relever et à tenir debout. Il terminera le concert assis sur une chaise, quelque peu soulagé.

Arae @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Brutal et efficace, je laisse Arae conclure cette soirée haute en couleurs dont on ne pourra que déplorer le manque de public, même si la salle était correctement fournie. On saluera la sympathie des groupes présents qui ont fait de cette première soirée estivale (les températures, pas la date) une soirée plus que festive.

Arae @Dropkick, Orléans, 27 mai 2023

Retrouvez ici la galerie du concert

ORKHYS: A way

France, Metal symphonique (Autoproduction, 2021)

A peine un an après nous avoir présenté les fruits de son travail via un Ep, Awakening, les frenchies d’Orkhys reviennent avec un premier album, A way. En deux mots, soit « un chemin ». Jean-Yves, le batteur de la formation à la harpe – belle manière de se distinguer, nous présente ce nouvel effort qui confirme les espoirs placés en son groupe. Huit titres composent ce petit album composé en plein confinement entre deux concerts (« on a eu la chance de pouvoir en donner« ). Le line up a évolué avec l’ajout de Henri, second guitariste, « ce qui va nous permettre de pouvoir faire sur scène ce que nous ne pouvions faire avant. sans compter que ses influences, plutôt thrash death vont se ressentir sur les prochaines compos. C’est quelqu’un avec qui, en plus, le courant passe très bien« . L’album propose des titres assez variés « dans la continuité de ce qu’on a proposé sur l’Ep tout en étant beaucoup plus riches« . On le sait désormais, la harpe est un élément qui distingue Orkhys, apportant une touche de cordes et un esprit celtique inhabituel. Plus encore, chaque morceau propose une ambiance particulière, du morceau éponyme, calme, qui introduit le disque à des passages plus speedés (A brand new world, The devil and the impudent), Blood ties réunissant au travers de ses 10′ un condensé de tout ce que le groupe peut proposer. Démarrant de manière légère et bucolique, le morceau monte en puissance, le chant n’arrivant qu’au bout de 4′. « Je pense que c’est en effet celui qui représente le mieux ce qu’on a voulu faire… Il y a du heavy, du pagan, du black, du death, des passages blastés… Et au niveau du texte, c’est un morceau très très violent » Les observateurs remarqueront que les deux disques commencent par la lettre A, mais le groupe a aussi voulu une continuité dans l’artwork. Et si les trois premier titres commencent aussi par un A, « c’est plus le fruit du hasard. on se penche sur les ambiances, et les morceaux, l’un à la suite de l’autre sont reliés« . démarrant avec le morceau éponyme, intro instrumentale, A way continue de manière plus speedée et brutale (A brand new world). Le groupe a varié les plaisirs et cherché « à mettre tout ce qu’on ne trouve pas chez les autres. Notre idée, c’est de faire la musique qu’on aimerait bien qu’on nous propose. Quand on compose, on voudrait bien que ça marque les gens, qu’ils vibrent. » On remarquera aussi cette reprise de The clansman revisité avec brio. Pourquoi cette reprise? « Il y a Brice qui est un grand fan de Maiden, et une chanteuse qui a craqué quand elle a vu le groupe sur scène. On a voulu le reprendre à notre sauce, avec de la cornemuse, de la harpe. Je trouve que ça fonctionne plutôt bien ». Le chant de Lorène est d’ailleurs ici plus grave et plus profond, plus fluide et passe partout, et lorsque je précise à Yves que je préfère cette manière de chanter au reste plus aigu – trop aigu pour moi, si haut que je le trouve agressif – il  me précise que « Lorène va en effet travailler cette voix plus grave, c’est une piste qu’on explore ces temps-ci, une piste qu’on a commencé à envisager« . Orkhys teste, ose et réussit à surprendre avec des titres variés et conclue avec The devil from a brand new world qui, s’il mélange deux titres de l’album se base sur les orchestrations de ces mêmes titres, sans chant, sans bases, simplement parce que ces arrangements fonctionnent. Original et bienvenu, Orkhys progresse. A way est à découvrir et Orkhys est à soutenir.

Propos recueillis le 22 octobre 2021 par téléphone.

ESQUYS: Instinct

Folk Metal Symphonique, France (Autoproduction 2021)

Nouveau venu sur la scène du metal, Esquys se montre avec Instinct, un premier album très ouvert d’esprit. Explorant tout à la fois les univers du metal symphonique que du folk metal, le « groupe » (?) nous propose 8 titres, dont 3 instrumentaux. Disons le tout de go: je suis bien plus sensible à ces derniers, fouillés et travaillés, qui entraînent l’auditeur dans des paysages médiévaux et bucoliques. Ah, qu’il est magnifique ce Ddansiwr! Si les chansons sont efficaces, variés et puissantes, elles souffrent trop souvent de comparaisons si évidentes qu’elles en perdent en qualité. Le chant d’Anna Fiori – chanteuse mexicaine déjà auteure de 2 albums – s’il est de très haut niveau, évoque d’une telle évidence Amy Lee (Evanescence) sur Open your Eyes, celui de la soprano Ranthiel ressemble comme deux gouttes d’eau à une certaine Tarja sur Ghosts, certaines parties de Frozen rappelant quant à elles Bon Jovi down tempo… de ces évidences résultent une perte d’efficacité. Dommage, car cet album préfigure de grandes possibilités musicales qui pourraient se résumer en trois mots: épique, médiéval et aérien. Hey, je retrouve même quelques traces de Mike Oldfield et de ses Tubular bells orchestra sur Your smile, mais c’est ici assez… hypnotique. Instinct nous propose donc une jolie variété de sons et tonalités et présente une formation plus que prometteuse qui pourrait trouver sa place en se démarquant de trop évidentes influences et, conséquence logique, en affirmant ou en se découvrant une identité vocale.

SURMA: The light within

Finlande, Metal symphonique (Metal Blade, 2020)

Démarrant et se concluant avec des instrumentaux symphoniques, ce premier album de Surma propose un metal à la fois symphonique (tiens donc?) et pop (attention à ne pas confondre ce Surma avec les Black metalleux du même nom, underground et également finlandais). Les cavalcades de grosses caisses n’y changent rien, on se trouve rapidement dans un univers à la Nightwish et Evansence – avec un chant encore un peu timide bien que cristallin et attirant. Le duo composé de Viktorie Surmova (chant) et Heri Joensen (guitare et chant) s’applique à bien faire. Le résultat de ce premier album, The light within, est impressionnant mais manque quelque peu d’âme. La production est certes impeccable et les arrangements, s’ils sont irréprochables, restent cependant sans réelle surprise, assez classiques sinon déjà entendus. Il faut attendre le troisième titre pour que le chant devienne mixte, genre Belle et la Bête, voix cristalline vs. chant rageur, sombre et guttural. Oui, l’ensemble est (très) bien fait, mais reste dans une veine somme toute habituelle. Le côté classieux n’a rien d’étonnant quand on connait le parcours des protagonistes, elle issue de Bohemian Metal Rhapsody et lui venant de Tyr. The light within est plus qu’agréable à l’écoute, sans que, pourtant, rien ne s’en démarque. Gageons que le titre se veuille être une lueur d’espoir en ces temps troublés…

ORKHYS: Awakening

Metal symphonique, France (Autoproduction, 2020)

Fondé sur les cendres de Nepenthys en 2018, Orkhys, quatuor mené par la chanteuse Laurène nous propose un premier Ep de trois titres (totalisant quand même 18’30), Awakening – « réveil » – qui nous plonge dans un metal certes symphonique mais qui étend plus loin son univers. Les influences celtiques et folkloriques ne sont jamais loin, pas plus éloignées que ne l’est une certaine forme de black metal, évoquées par des cavalcades de guitares de Brice, principal compositeur, et de doubles grosse caisses et autres blast beats insufflés par Jean-Yves, doyen du groupe. Si on ne peut que difficilement passer à côté des influences évidentes que sont Nightwish ou, plus discrètement, Iron Maiden, voire Helloween, Orkhys se démarque du reste de la scène par une utilisation judicieuse de la harpe, instrument cristallin qui trouve parfaitement sa place sous les doigts de Laurène, au chant tout aussi cristallin (attention à ne pas trop abuser des aigus…) Cette carte de visite ne souffre cependant que d’un défaut, de taille: on a envie d’aller plus loin et d’en écouter plus… Trois titres, c’est court,d’autant plus lorsque le temps passe vite. Alors… à quand un vrai Ep ou un album complet? En tout cas, Orkhys démontre qu’en France, aussi, on est capable du meilleur.

Interview: ORKHYS

Interview ORKHYS: entretien avec Laurène (chant, harpe) Propos recueillis par téléphone, le 2 octobre 2020

Metal-Eyes : Comment se passe cette journée promo, Laurène ?

Laurène : Très bien. C’est un peu une concrétisation puisqu’on présente notre projet. Ca fait quand même deux ans qu’on travaille sur ce groupe, Orkhys, et, je ne le cache pas, il y a une petite fierté à montrer notre travail et à en parler.

 

Metal-Eyes : Tu dis que ça fait deux ans que vous travaillez sur ce projet. Alors, sortons un peuy des sentiers battus : peux-tu me raconter l’histoire d’Orkhys ?

Laurène : Effectivement, on ne m’a jamais posé cette question ! J’étais dans un autre groupe de metal symphonique et suite au départ du guitariste, on a recruté quelqu’un d’autre. C’est comme ça que Brice a intégré Nepenthys. Il nous a dit qu’il était aussi intéressé par nous présenter ces compositions et s’il était envisageable de les intégré au groupe.

 

Metal-Eyes : Naturellement, j’imagine, vous lui avez répondu « sûrement pas ! »

Laurène : Voilà, « Sûrement pas, ça doit être nul ». Non, pas du tout ! On avait déjà un compositeur dans le groupe qui a super bien accueilli Brice et moi, j’ai vraiment eu un coup de cœur énorme pour ses compos et je me suis dit… En fait, il regroupe plein de choses que j’aime bien, des riffs de groupes que je n’écoute pas forcément, mais ça fonctionne super bien. On s’est demandé quel intérêt il y avait à garder l’autre groupe. Il n’y avait plus aucun membre fondateur, ni aucun de ceux qui avaient enregistré l’Ep. Alors plutôt que de recommencer à communiquer autour du nom de Nepenthys, il y avait un changement identitaire et musical. On faisait fausse route, il fallait que ce soit notre identité. Le groupe était dans un univers complètement différent, ce qui nous a poussé à créer Orkhys, fin 2017 il me semble. On a travaillé sur ce projet, on a cherché un batteur et un bassiste et on a trouvé Jean-Yves à la batterie et Lancelot, à la basse, qui est, à la base, un ami de Brice.

 

Metal-Eyes : Vous sortez maintenant votre premier Ep, The awakening, le réveil.

Laurène : Oui. C’est tout récent… On a fait notre release party le 25 septembre. On a présenté notre Ep à la scène metal et aujourd’hui il est disponible physiquement sur notre bandcamp et en version digitale sur les plateformes de streaming.

 

Metal-Eyes : Pourquoi avoir choisi le format 3 titres ? Ce n’est même pas un Ep, c’est plus un single…

Laurène : C’était une volonté de notre part parce que ça faisait déjà deux ans qu’on travaillait sur ce projet, on avait ces trois morceaux de prêts, et on avait envie de donner un avant goût , tester l’audience et voir si notre vision de la musique était partagée par d’autres personnes, si c’était bien accueilli par les gens. C’était notre décision d’y aller petit à petit. Lancelot, Brice et moi, on est des « petits-bleus », des nouveaux et on ne s’y connait pas vraiment en enregistrement. On est assez prudents. On préfère faire petit mais bien plutôt que de voir troip grand et risquer d’être mangés par notre volonté.

 

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu votre musique pour quelqu’un qui ne vous connais pas du tout ? Tu as parlé de metal symphonique, et je te rejoins entièrement, mais ce n’est pas tout…

Laurène : C’est très difficile, on s’est posé la question. Dans quelle catégorie nous classer ? Je ne sais toujours pas… En fonction des gens, de leur background musical, chacun va écouter, entendre des choses complètement différentes. Certains aujourd’hui vont nous classer dans du metal complètement symphonique, « pu », d’autres vont dire que c’est du metal mélodique, du heavy metal mélodique, et d’autres vont nous dire que c’est du thrash black celtico-pagan folk médieval…

 

Metal-Eyes : Peut-être avec une petite touche de disco new wave, non ?

Laurène (elle réfléchit, je ris) : Peut-être… C’est la première fois qu’on me dit ça…

 

Metal-Eyes : Je rigole… Tu as mis tellement d’étiquettes d’un coup qu’il fallait bien en rajouter un peu…

Laurène (elle rit franchement) : Ah, je préfère, j’étais en train de me poser des questions…. « Mais où on aurait pu trouver ça ??? » Tu m’as bien eu là ! Ce qu’on aime dire, c’est qu’on joue du metal mélodique, et qu’on a des influences un peu partout, on n’a pas envie d’être catalogués. On fiat la musique qui nous ressemble, c’est tout. On n’est pas des gens bornés, on écoute vraiment beaucoup de choses et notre musique est assez variée.

 

Metal-Eyes : Il y a aussi la particularité que ces 3 titres ne sont pas calibrés pour les radios – le plus court ne dure « que » 5’. C’est un choix délibéré que de vous bloquer ce type d’outil promotionnel ?

Laurène : Ce n’est pas un choix délibéré… On est au service de notre musique, et on ne veut pas la mettre dans une boite. Brice nous dit parfois qu’il est désolé, que le morceau est encore long, mais qu’il ne souhaite enlever aucun des passages, sinon l’histoire est incomplète. Il compose en fonction de ce qu’il ressent. Si une histoire a besoin d’autant de temps pour être racontée, ce n’est pas à nous de la couper. Elle est comme ça, un point c’est tout.

 

Metal-Eyes : Brice est donc le compositeur. Qui s’occupe des paroles ?

Laurène : C’est moi.

 

Metal-Eyes : Donc vous travaillez tous deux main dans la main pour pouvoir écrire ces histoires…

Laurène : Oui. Brice compose, il nous soumet ses compos sous forme de maquette et on lui fait un retour, si la compo nous plaît, s’il y a des choses qu’on aimerait revoir ou améliorer. J’écoute énormément les morceaux, je les passe en boucle et je vois ce que ça m’inspire, quelles images me viennent à l’esprit. Et je construis l’histoire et les paroles sur la composition de Brice.

 

Metal-Eyes : Et de quoi parles-tu ?

Laurène : De ce qui me touche, mais aussi de contes et de légendes qu’on a pu me raconter quand j’étais plus jeune. Le premier morceau, The end of lies, c’est un titre révolutionnaire », il parle d’un peuple à qui j’ai envie d’ouvrir les yeux, de dire à chacun « regarde autour de toi, regarde ce qu’il se passe ». Il y a un moment où il faut prendre les armes, se battre pour notre dignité, pour ce en quoi on croit… Guardians, on part sur complètement autre chose : je parle des anges gardiens. Là, c’est une interprétation qui est propre à chacun, en fonction de sa sensibilité, de sa spiritualité, on peut l’interpréter, que ce soit des personnes de chair ou des êtres de lumière, de différentes manières : ces êtres qui sont là, près de nous pour nous guider tout au long de notre vie, nous accompagner, nous faire grandir…Rest of the graves c’est l’histoire d’un homme blessé au combat et qui est en lutte contre lui-même parce qu’une part de lui a envie de lâcher, d’abandonner, de se laisser mourir et l’autre partie de lui dit qu’il a une famille, qu’il doit continuer, encore, parce qu’il a encore des choses à faire.

 

Metal-Eyes : Quelles sont vos influences principales ?

Laurène : Oh, il y en beaucoup ! Je pense que les plus grandes sont Iron Maiden, Nightwish, il y a aussi Kreator, Annihilator, pour la partie metal et une grande partie de musique celtique, et aussi de la musique classique. Pour le black metal, il y a Moonsorrow, un énorme coup de cœur pour Brice et moi.

 

Metal-Eyes : J’ai l’impression en t’écoutant qu’il y a un duo de base, Brice et toi. Quel est votre rapport avec les autres, quel est leur apport ?

Laurène : C’est un rapport amical. En fait, Orkhys c’est une bande de potes. Brice et Lancelot se connaissent depuis plus de dix ans, ils étaient à l’école ensemble et c’est la musique qui les a réunis. Lancelot, je l’ai connu via Brice et il est devenu un ami avant d’intégrer Orkhys. Après, musicalement, c’est vrai que le duo Brice/Laurène fonctionne assez bien… Panpan, le batteur, apporte sa patte puisqu’il n’hésite pas à donner son avis et faire des propositions à Brice, pareil pour Lancelot. On dit souvent que la démocratie dans un groupe, ça n’existe pas, je ne suis pas d’accord. Brice, en tant que compositeur a une importance capitale, mais tous les choix que l’on fait sont validés à 4.

 

Metal-Eyes : J’imagine donc que si certains membres du groupe ne sont pas d’accord avec une compo, n’accrochent pas, vous en parlez et certaoines choses peuvent être modifiées ?

Laurène : En fait, ça nous est arrivé une fois. Brice a proposé une compo et pour le coup, c’est moi qui lui ai dit… « Elle est très bien ta compo, mais elle n’est pas dans l’esprit d’Orkhys ». C’est étonnant parce qu’on joue une musique assez vaste, mais il l’a accepté et l’a mise sur sa chaine Youtube. Je pense qu’on apprécie vraiment le travail de Brice et qu’on est tous en cohésion.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un titre de cet Ep pôur expliquer à quelqu’un ce qu’est Orkhys, ce serait lequel des trois ?

Laurène : C’est compliqué… C’est aussi une des raisons qui font qu’on a choisi ce format : ces trois morceaux résument assez bien ce qu’il y a dans Orkhys. J’ai l’impression que l’histoire d’Orkhys, on ne peut pas la résumer à un morceau…

 

Metal-Eyes : Je t’interromps : je pose la question régulièrement à des gens qui ont un album de 10 ou 12 titres et ils y parviennent. Comment mettre la pression…

Laurène : Alors dans ce cas, je te dirais celui pour lequel j’ai un petit coup de cœur : Guardians. Parce que c’est celui où la harpe a une belle part, et qu’il me parle bien.

 

Metal-Eyes : Quelle pourrait être la devise d’Orkhys aujourd’hui ?

Laurène : Une devise ? Peut-être plus des mots clefs : Amitié, bienveillance et émotion…

 

Metal-Eyes : Ca me plait bien, ça résume bien tout ce que tu as pu dire… As-tu quelque chose à rajouter pour convaincre les lecteurs d’aller acheter cet Ep ?

Laurène : J’ai simplement envie de dire : allez écouter, vous pourriez être surpris. Soyez curieux. Il y a des gens qui nous ont dit qu’en voyant la description du genre ils étaient sceptiques mais qu’en écoutant, ils ont vraiment accroché, adhéré. C’est quelque chose qui fait plaisir, quand les gens ont un a priori mais qu’ils sont, au final, surpris.

 

Les plus curieux pourront, espérons-le, voir Orkhys live à Paris à la péniche Antipode, le 22 octobre. Masqués, mais pas que !

ELFIKA: Secretum secretorum

Metal symphonique, France (Valkyrie rising, 2020) – Sortie le 28 février 2020

Quand on parle de metal symphonique, impossible de ne pas penser à Nightwish, Within Temptation ou encore Therion. Difficile également de ne pas penser au chant féminin. Et en France, on pense à qui? Adagio, aux sonorités parfois extrêmes? Benighted Soul, qui malgré la meilleure volonté du monde ne trouve pas son public? Tout comme Whyzdom? L’arrivée d’Elfika pourrait modifier quelque peu la donne. Lire la suite

APOCALYPTICA: Cell-0

Metal symphonique, Finlande (Silver lining, 2019)

Après avoir célébré le vingtième anniversaire de la sortie de leur premier album, Plays Metallica by four cellos, c’est à dire en donnant une petite vingtaine de concerts qui se sont rapidement ttransformés en une interminable série de 250 shows à travers le monde, Apocalyptica revient à ses sources: le metal symphonique instrumental. Sans jamais renier l’importance de l’époque avec chanteurs, le quatuor finlandais retrouve la voie et la foi. Mieux, puisque c’est le groupe lui-même qui prend en charge la production de ce Cell-O. Le titre se prononce d’ailleurs « Cell Zero », comme la cellule zéro, originelle. Le point de départ. Pas celui du groupe, mais celui de l’humanité. Démarrant avec le très inquiétant et lourd Ashes of the modern world, Apocalyptica donne le ton de l’album: sombre et lourd, bien que ci et là plus léger et lumineux, Eicca, Perttu et Paavo rivalisent de dextérité et de vélocité, entraînes, ou soutenus, par le martèlement de Mikko. Speed et mélodique, inquiétant et enjoué, chaque titre fait preuve d’une parfaite maîtrise et d’un toucher sans équivalent. Construit comme un roman musical, Cell-O se veut un reflet de la vie: après la chute du monde, la joie de la renaissance cède le pas à la dure réalité, avant que la vie ne remporte son combat. La mélodie omni-présente cède parfois sous le poids d’une cacophonie aux relents punk. Et pour ceux qui se demandent si Apocalyptica est toujours un groupe de metal, les titres à rallonge, où se mêlent puissance et mélodie, apporteront une réponse incontestablement positive. Alors rendez-vous est pris au Zénith où le groupe ouvrira pour Sabaton le 7 février. Un concert à ne pas manquer!

WITHIN TEMPTATION: Resist

Metal symphonique, Pays-Bas (Vertigo, 2019) – sorti le 1er février 2019

Le voici donc, « enfin! » pourrait-on dire, ce nouvel album de Within Temptation. Originellement prévu en décembre, Resist a vu sa sortie repoussée au 1er février pour des raisons techniques. L’attente en valait la peine, d’autant plus après un Hydra moyennement reçu lors de sa sortie. Un album certainement mal compris d’une certaine frange de fans qui risque de revenir dans le giron familial. Ou pas. Car Within Temptation déroute encore avec des titres certes bien faits et entrainants, mais des aspects pop très, voire trop présent. Reste que… Sombre comme l’illustration de couverture, Resist aborde des thèmes d’une actualité inquiétante (Mad world, Endless war), tout en conservant un esprit particulièrement positif. C’est particulièrement remarquable dans certains arrangement « popisants » (Endless war), voire des touches electro (Supernova) parfois au détriment du metal symphonique et enjoué qui a fait la réputation des Bataves. Il est là, sans toutefois être omni présent. Les aspirations amérindiennes que l’on trouve sur Firelight développent encore cette palette de couleurs. Après avoir dérouté ses fans, Within Temptation repart à leur reconquête avec un album varié, puissant et populaire, au sens noble du terme. Sharon den Adel est en voix, ses compères d’une remarquable efficacité, chacun se partageant une jolie part musicale. Alors même si l’on peut reprocher à WT de beaucoup explorer, on ne peut que les féliciter de ne pas se répéter et de prendre des risques. A retrouver au Hellfest.