
France, Rock énervé (At(o)me, 2024)
En ces temps troublés, l’arrivée d’un nouvel album de Lofofora est tout sauf une surprise. Notre monde offre un terrain idéal de thèmes d’inspirations autant littéraires pour le toujours très engagé chanteur Reuno et musicales pour Daniel Descieux (qui nous tricote des riffs bien plus fins que la brutalité du propos ne pourrait le laisser penser) ainsi que Phil Curty et Vincent Hernault qui, à la basse et à la batterie, nous concoctent des rythmiques aussi rentre-dedans et directes qu’entrainantes. Avec sa pochette rouge sang (frais, le sang… une pochette dont on avait eu un aperçu lors du dernier Hellfest) et son cœur percé de ces inventions de violence humaines, Coeur de cible nous entraine, au travers de 11 nouveautés en ces terres de fusion lofoforiennes énergiques et engagées, voire enragées. Si on a naturellement l’impression de naviguer en terrain bien connu, Lofo nous laisse parfois croire à des reprises retravailler de ses propres titres. Les paroles de Konstat 2024 (avec un K comme Kalash?), par exemple, m’évoquent par instants Les choses qui nous dérangent. Logique, me direz-vous, car comme évoqué plus haut, les temps se prêtent à ce type de réflexion depuis tellement longtemps que l’on ne peut que faire un constat qui se répète, à l’envi. Comme à son habitude, le groupe puise dans différents styles qu’il mélange et malaxe pour en faire sa propre mixture sur laquelle Reuno vient cracher sa colère. Avec le temps on aurait pu penser que Lofo perde en colère, mais non, bien au contraire. Engagé un jour, engagé toujours, c’est ce qui colle le mieux au Lofofora 2024. Coeur de cible est une réussite de bout en bout, rien moins.