KONTRUST: Madworld

Autriche, Metal Electro et folklorique (Napalm records, 2023)

il aura fallu près d’une décennie aux Autrichiens de Kontrust pour donner un successeur au remarquable sinon remarqué Explositive. Entre temps, le groupe de yoddle metallique aura vu l’arrivée de Julia, la voix féminine complémentaire de Stefan, et celle d’un nouveau batteur, Johannas. Certains auront pu découvrir le groupe qui a mis en joie le Hellfest en 2022, d’autres pourront le découvrir avec Madworld, le nouvel album aux forts relents électro. Car, oui, un groupe évolue avec le temps et si la folie rock et l’entrain folklorique de Kontrust sont toujours là, la formation a également volontairement inclus une forte dose de sonorités électroniques. Et ça marche, croyez-moi! De I physically like you à I can’t control it, en passant par ce qui sera bientôt un hymne en concert, Lederhosen overkill, ou le plus sombre Blacksoul, Kontrust parvient à transformer un parterre metalleux en dancefloor de rave party. Ne nous y trompons pas, les guitares sont bel et bien de mise, mais se font plus discrètes e=tout en visant l’efficacité brute. Si Madworld porte bien son titre, il n’en reste pas moins un album tellement plein d’énergie qu’il en est totalement réjouissant. Fun et réjouissant.

Interview: KONTRUST

Interview KONTRUST. Entretien avec Julia (chant) et Manuel (percussions). Propos recueillis le 13 novembre 2023.

Metal-Eyes : Avant de commencer, comment se porte la famille Lederhosen (ndMP : nom du pantalon typique du folklore autrichien)

M : Ah, ah ! on est encore en mode festif… Nous venons de sortir l’album, il y a une dizaine de jours, et c’est génial. On a de super retours tant de la part des fans qui se sont montrés vraiment patients que de la part des médias. Pour nous, c’est très encourageant. Presque émotionnel…

« Patients » est le mot approprié puisque votre précédent album, Explositive, date de 2014, bientôt 10 ans. Entre temps, la fille aux cheveux rouge a rejoint le groupe. Que s’est-il passé avec Agata, votre ancienne chanteuse ? Et nous parlerons de ton arrivée juste après, Julia…

M : Simplement, elle a fondé une famille, donc elle a priorisé ça et a préféré quitter le groupe. Je suis certain qu’elle a une super vie avec ses deux enfants. Elle a pris du recul ?

Julia, comment as-tu rejoint Kontrust ? Connaissais-tu le groupe avant ou l’as-tu découvert à cette occasion ?

J : je ne connaissais pas le groupe avant. Je l’ai découvert par le biais d’amis communs et j’ai décidé de tenter une audition pour devenir la nouvelle chanteuse. Il y avait d’autres candidatures, j’ai enregistré certains extraits des chansons les plus connues de Kontrust, les ai envoyées au groupe. Quelques temps plus tard, j’ai reçu une invitation me disant « ok, on souhaite te rencontrer, on aime vraiment ce que nous avons entendu ». On s’est rencontré, le courant est passé et il me semblait évident que ça fonctionnait bien entre nous. Ça sentait bon dès le départ et ça continue dans ce sens.

Tu as intégré le groupe quand, précisément ?

J : Je dirais il y a environ deux ans et demi…

Donc avant la pandémie…

J : oui, un peu avant mais pendant la pandémie, nous ne pouvions pas travailler ensemble. Ce n’est qu’après que nous nous sommes mis au travail.

M : C’était en effet avant la pandémie, donc, oui, on a vraiment commencé à travailler ensemble fin 2020, début 2021…

Manuel, il y aussi eu un autre changement important puisque vous avez recruté un nouveau batteur, exact ?

M : Absolument. Nous avons beaucoup de chance d’avoir Johannas avec nous. Il est vraiment au point, il fait un super boulot et il est très précis. Pour moi, particulièrement, c’est très important : je suis percussionniste et nous devons vraiment coller l’un à l’autre. Tout fonctionne presque parfaitement, aussi bien d’un point de vue musical que personnel.

Etait-ce un critère de sélection important que ces deux nouveaux membres aient un prénom débutant par un J ?

Les deux : Ah, ah !

M : C’est comme ça qu’on les a choisis, en effet !

J : C’était le plan !

Kontrust n’a jamais beaucoup tourné en France. Cependant, vous avez enfin pu jouer au Hellfest en 2022. Quels souvenirs en gardez-vous ?

M : Il faisait chaud et c’était un jour très spécial pour nous : le Hellfest est un des festivals les plus importants en Europe et c’était le second concert que nous donnions avec Julia et Johey (Johannas). Nous avions joué au Grasspop la veille. Ces deux shows leur ont permis de montrer ce dont ils sont capables et ils ont visiblement su nous démontrer que nous avions fait le bon choix.

J : C’était vraiment cool !

Dans quel sens ? Parce qu’il faisait chaud, ce jour-là !

J : Alors imagine, jouer en portant des Lederhosen quand il fait 45° !

J’étais présent, j’ai non seulement vu le groupe jouer dans les tenues traditionnelles mais je t’ai aussi vue dans cette épaisse robe…

J : Imagine la chaleur en plus !

Venons-en à votre nouvel album, Madworld. On ne va pas s’étendre sur le titre du disque parce que nous vivons dans un monde de plus en plus dingue, mais qu’avez-vous mis dans ce disque pour qu’il soit différent du précédent ? j’imagine, Julia, que tu as pu apporter ta personnalité à l’ensemble…

J : Oui, j’y ai mis tout de moi ! Travailler avec un nouveau groupe… Il fallait que je montre ce dont je suis capable, alors il y a ma voix, bien sûr, mais aussi… ma folie et mes cheveux rouge (rires). J’y ai mis mon expérience pour avoir un cocktail un peu dingue…

Et toi, Manuel, comment décrirais-tu l’évolution musicale de Kontrust entre Explositive et Madworld, en dehors du fait d’avoir intégré deux nouveaux membres ?

M : La différence principale est que Madworld est, pour nous tous, le premier album que nous avons entièrement autoproduit, sauf pour le mastering que nous avons fait en France. Tout le reste a été fait par nous. Personnellement, j’ai commencé à composer du nouveau matériel pendant la crise sanitaire, à peu près au moment où nous avons accueilli Julia et Johey. A ce moment-là, j’écoutais beaucoup de musique électronique, du hip-hop, aussi. Je pense que sur Madworld, tu peux vraiment entendre les influences électro, surtout quand tu le compares à nos anciens albums… Selon moi, Madworld est un pont vers notre style futur, nous nous sommes réinventés. Nous continuons de placer des percussions et instruments plus rock mais on a inclus plus de programmation, ce que nous ne faisions pas autant dans le passé. C’est vraiment l’évolution la plus remarquable, et le plus important contraste.

Il y a beaucoup de différences entre ces deux albums. Avez-vous, comme tant d’autres, utilisé les moyens technologiques modernes pour l’enregistrement ou vous êtes-vous retrouvés en studio pour enregistrer ensemble ?

M : Les deux en réalité. Pour nous, il était important que tout soit fait manuellement par nous, en partant de rien. C’était un défi parce que là où se trouvait le studio, il y avait des constructions qui devaient débuter pendant que nous enregistrions. Il a fallu qu’on se dépêche, qu’on trouve un autre studio… C’était désordonné mais au final, on a vraiment tout fait nous-mêmes. En même temps, nous avons pu utiliser la technologie moderne pour obtenir des choses que nous ne pourrions pas faire autrement…

Julia, en tant que membre la plus récente du groupe, comment décrirais-tu la musique de Kontrust à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

J : Ouf… Je dirais que c’est une… combinaisons de genres et de sons qui ne sont habituellement pas associés. Un mélange un peu dingue entre des sons électroniques et des percussions, deux chanteurs un peu dingues… Plein de contrastes, en fait. Tu entends ça une fois, tu ne confondras jamais Kontrust avec autre chose (rires).

Et toi, Manuel, que dirais-tu à ces gens qui ne vous connaissent pas ?

M : Que nous proposons une musique très colorée, avec plein d’influences et d’éléments de différents genres musicaux. Parfois même des influences extérieures à la musique et le résultat est un… oui, un contraste permanent. Ce n’est pas une voie à sens unique, c’est plein de couleurs, de styles…

Comment des artistes comme vous parviennent-ils à imaginer des paroles aussi profondes que « Riggiriggiding » ou « Jo didl jo, didl didl jo »… ? (Rires des deux) Vous cherchez avant tout la tonalité pour que ça colle à la musique de Kontrust ?

M : Clairement, sinon ça ne collerait pas à l’esprit…

Si chacun de vous devait ne retenir qu’un titre de Madworld pour expliquer ce qu’est l’esprit de Kontrust aujourd’hui, lequel serait-ce et pour quelle raison ? (Silence de quelques secondes) Euh, il y a quelqu’un, vous êtes encore là ?

M : Julia ?

J : Je pensais que tu commencerais…

M : Non, non… Honneur aux dames, Julia…

J : Ah, d’accord, mais ne dis pas la même chose que moi (rires)… Je dirais I physically like you, la première chanson. A cause de ses « Riggiriggiding », justement ! C’est assez dingue pour définir l’esprit de Kontrust. C’est aussi un titre heavy, dansant, groovy… Il y a tout dans cette chanson.

M : Pour moi… J’ai eu beaucoup de mal à choisir lorsque notre label nous a demandé quelle chanson devrait faire office de single. Il devait y avoir 3 singles avant la sortie de l’album et sur les 11 titres, il y en a 7 qui sont mes préférés. Alors si tu me forces à me limiter à un seul titre, c’est compliqué…

Dans ton état d’esprit d’aujourd’hui, laquelle est représentative de l’esprit du groupe ?

M : Ouais… Si tu veux une réponse vraiment concrète à cette question, je… dois… dire… Black soul. C’était le premier titre que nous avons enregistré, environ 6 mois avant d’enregistrer les autres titres, et c’est une des premières chansons que j’ai composées et elle s’est avérée très efficace, dès le départ. Tout semblait si évident… j’aime son groove, elle est plus heavy que les autres chansons et contient les nouvelles influences. Il y a des percussions très sympas aussi… Oui, ce serait Black soul.

Est-ce que Kontrust parvient à vivre de sa musique désormais ?

M : Partiellement.

Je pose la question depuis la crise sanitaire car beaucoup de musiciens ne vivent pas de leur musique. Quels sont vos métiers respectifs dans votre autre vie ?

M : On est nombreux à avoir un job régulier, mais également lié à la musique. Julia, par exemple, est une chanteuse professionnelle, donc, elle fait du chant à temps plein. Je m’occupe de tout le travail de back office et du management de Kontrust, donc j’en tire un peu d’argent aussi, Stefan et Johey ont d’autres métiers : Stefan travaille pour une boite de marketing, Johey travaille dans l’industrie automobile, Mike est technicien de studio – il a son propre studio où nous avons pu enregistrer et mixer l’album – et Gregor est prof de musique.

Y a-t-il des thèmes que vous ne souhaitez pas aborder dans vos chansons parce que vous estimez que ça n’a rien à faire dans la musique de Kontrust ? Ou pensez-vous que Kontrust peut parler de n’importe quel sujet ?

M : Désolé Julia, je vais commencer… En général, les musiciens et les artistes devraient pousser les limites. A mon sens, ils devraient être autorisés à dire ce qu’ils veulent. Ce n’est pas spécifique à Kontrust. Donc si la question est de savoir si les artistes devraient pouvoir tout dire, ma réponse est clairement « oui ».

J : Je ne peux répondre que de mon point de vue… Mais si les autres me demandent ce que je ne voudrais pas chanter, ce serait au sujet de la politique ou de la religion. Je préfère en rester éloigner autant que possible, il y a tant d’autres sujets à traiter…

Avez-vous quelque chose à ajouter pour conclure ? Julia ?

J : Ah, « les femmes d’abord » (rires) ! Peu importe ce qu’il se passe dans ce monde de dingues, soyez vous-mêmes, aimez et vivez votre vie, écoutez de la bonne musique, écoutez Kontrust, et profitez de chaque jour de la vie. Restez Rock n roll.

M : Je suis impatient de revenir en France, on y a toujours passé de super moments… Jusque-là, écoutez l’album, streamez le, regardez les vidéos, achetez-le si vous le pouvez, et on se retrouve sur scène.

Interview: KONTRUST

Interview KONTRUST : rencontre avec Mike (guitares) et Stefan (chant). Entretien mené le 23 octobre 2017 au Hard Rock Cafe, Paris.

 

metal-eyes: J’ai récemment découvert Kontrust, qui a été formé en Autriche en 2001, a publié son premier album, Welcome home en 2005. Vous vous êtes distingués des autres groupes entre autre par le fait d’avoir deux chanteurs, et depuis, vous avez sortis 3 autres albums. Est-ce correct ?

Mike: Absolument.

metal-eyes: Pour ceux qui ne connaissent pas bien le groupe, quels ont été les moments marquants de la vie de Kontrust ?

Mike: Eh, bien, commençons par le début, en 2001. En réalité, c’est un peu plus vieux que ça, mais c’est loin de toute reconnaissance, alors… On s’appelait The Trial Face. 2001 a débuté, en gros avec des shows donnés en Autriche, concerts ou festivals. On a fait ça pendant 3 ou 4 ans et avions besoin de changer quelque chose. Ça allait, mais nous n’allions pas où nous souhaitions nous rendre… Ensuite, on s’est rendu compte que, malgré nos racines très hard rock, on apprécie beaucoup d’autres choses. Nous avons toujours apprécié la diversité, les groupes avec plus d’un chanteur. Nous avons donc décidé de chercher un second chanteur, et, visiblement, c’est une chanteuse ! Agata nous a écrit, disant qu’elle voudrait bien chanter avec nous. Elle est arrivée, et l’alchimie a été immédiate. Soudain, nous avions deux chanteurs. Ce qui nous a aussi différenciés, c’est que nous avons deux batteurs, ou plus précisément, un batteur et un percussionniste à la caisse claire, ce qui ajoute au rythme. Personne ne fait ça, c’est donc difficile de nous comparer à un autre groupe.

metal-eyes: D’autres groupes utilisent des percussions, mais pas de la même manière.

Mike: Exactement, mais ça reste très traditionnel. C’est de la force brute ! En 2005, le groupe avait trouvé ses marques, et la première reconnaissance a été de perticiper à un concours avec de très importants groupes autrichiens. Nous n’avons pas gagné, mais sommes arrivés 3ème.  Bon, les autres groupes de cette époque ne sont plus là, nous avons survécu. En avançant, nous avons participé à plus de festivals, été invité à la télé, toujours en Australie. Un des tournants importants a été 2008 lorsque nous avons été découverts par un studio en Allemagne. Les gars appréciaient notre son et nous on dit qu’ils aimeraient faire une chanson avec nous. Ensuite, ce titre a fini sur un album. C’était Bomba. Il est sorti fin 2009, n’a pas eu beaucoup de retour au début. Et en mars 2010, un animateur de radio en Hollande a découvert la chanson et a commencé à la diffuser. A 3 heures du mat’ ! Le lendemain, la radio a reçu des appels d’auditeurs qui voulaient savoir qui était ce groupe, et si la radio pouvait diffuser le morceau de nouveau. Et tout d’un coup, ça tournait en boucle. Nous avions trouvé notre place. Ensuite, c’est devenu dingue, on donnait 100 – 120 concert par an, avons donné de gros shows en Hollande devant 50.000 personnes, un gros festival où on a joué devant 300.000 personnes… En Autriche, on a aussi commencé à jouer dans des festivals, en fin d’après midi. Ensuite, on a enregistré Secondhand wonderland qui est devenu notre plus gros succès à ce jour, pour des raisons qui nous dépassent : c’était un album très coloré, très pop… Enfin, notre dernier album, Explositive, est sorti en 2014, s’est très bien vendu, a reçu de très bons retour de notre public en concert, du label, les ventes ont suivi. Maintenant… Oh, nous sommes rejoints par Stefan qui est l’un des chanteurs de Kontrust.

Stefan (en français) : Salut !

Mike: Ensuite, en juin dernier, nous avons donné notre premier concert en France, ce qui était super.

metal-eyes: Nous allons en parler dans un instant. Kontrust est généralement décrit comme un groupe crossover. J’ajouterai d’autres groupes au traditionnel System Of A Down qui revient souvent : il y a la folie d’Avatar, le côté folk et déjanté de Steve’n’Seagulls. Que mettez-vous dans votre musique ?

Mike: Trop d’alcool ! (Rires)

Stefan : On y met quoi ? Rien de spécial, en fait…

Mike: Du sel, du poivre, de l’huile et du vinaigre, du bacon frit ! Je pense que si nous parlions de nos influences, il faudrait prévoir le reste de la journée…

metal-eyes: Alors comment décrirais-tu la musique de Kontrust ?

Mike: Crossover, indiscutablement du crossover. On est ancré dans le rock et le metal, mais on y ajoute du funk, de l’électro… Tout ce qui peut trouver sa place. C’est ce que nous avons fait ces dix dernières années, et c’est ce à quoi nous sommes bons : faire de la musique qui nous rend heureux et qui, visiblement, touche une ou deux personnes aussi !

metal-eyes:  Agata votre chanteuse a quitté le groupe il y a quelque temps, pas définitivement mais parce qu’elle était enceinte. Elle a donc été remplacée pour certains concerts, dont votre premier show français en juin dernier. Qui était alors votre chanteuse ?

Mike: Agata était – est toujours apparemment – en congé maternité, et nous la félicitons pour son bébé.

Stefan : Elle  va revenir, quoiqu’il en soit…

Mike: Oui, elle va revenir, bien sûr. Nous n’avons pas encore la date exacte, mais ce sera début 2018, normalement. Elle a été remplacée par Junes alors que nous cherchions une voix complètement différente et il s’avère qu’elle est le substitu parfait d’Agata dans tous les sens du terme : non seulement a-t-elle les qualités vocales mais également l’attitude scénique, le comportement. Elle a déjà fait de la musique dans le passé, pas à notre niveau, cependant ça a été une vraie belle expérience pour elle. Nous avons beaucoup de chance de l’avoir car elle fait vraiment du bon travail sur scène. Tout le monde semble l’apprécier tout  autant.

metal-eyes: C’est donc elle qui assurera les concerts français de décembre prochain. Avez-vous commencé à travailler sur le futur album ?

Mike: Oh oui !

metal-eyes: Alors comment décririez-vous l’évolution de votre musique entre Explositive et le prochain ?

Stefan : Nous avons commencé à écrire les chansons du nouvel album il y a 8 ans ! (rire général) Nous avons des tonnes de matériel, brut, dans nos archives. Nous avons commencé à tout réécouter et il y a des chansons qui sont surper mais qui n’avaient pas leur place sur Explositive, ce qui ne signifie pas qu’elles étaient moins bonnes. Il faut avoir une certaine cohésion sur un album. Nous sommes en train de tout sélectionner, en local de répétition, testons de nouvelles choses…

Mike: Comme tu l’as dit, nous n’avons pas vraiment de limites avec le crossover, ce qui est un vrai avantage.

Stefan : Et nous n’avons pas de plan quant à notre manière de composer… Un jour c’est Peter qui va jouer des percussions, un autre, la basse, le chant… Ca reste interssant parce que ce n’est jamais ennuyeux.

metal-eyes: Vous serez de retour en France en décembre, qui ne sera que votre seconde visite en France. Tout d’abord, que retenez-vous de votre première visite française, au mois de juin  dernier, lors du Download Paris ? C’était sur une des petites scènes…

Mike: Oui, sur une des petites scènes où nous tenions la tête d’affiche, ce qui était très bien pour nous parce que nous avions un des derniers créneaux avant que les grosses têtes d’affiches ne jouent sur les mainstages. Au moment où nous somes passés, personne d’autre ne jouait, et la tente s’est très vite remplie. Il y avait beaucoup plus de monde que même les promotteurs du Download ne l’avaient envisagé. Tout le monde était très content. Dès que nous sommes montés sur scène, il y a eu une intensité… Comme si le public nous attendait. Nous ne  nous attendions à rien… Nous ne savions pas à quoi nous attedre n’ayant jamais joué en France !On savait que ce serait un festival sympa, avec une affiche cool… Ca ne pouvait pas être mauvais. Nous sommes arrivés sur scène et les gens se sont mis à chanter nos chansons. Nom de Dieu ! Même moi je ne connais pas toutes nos paroles ! Les gens qui faisaient du crowdsurfing, ceux dans des déguisements dingues, l’interaction avec le public, les circle pits, les wall of death… On a eut droit à tout ! Et il semblait qu’il y avait une telle connexion avec le public que nous avons eut peu d’effort à faire… Le contact avec Junes, c’était son second concert, a été top. Tout le monde a été ravi de notre prestation, et c’est réciproque.

metal-eyes: Maintenant que vous savez que le public français peut-être dingue, comment vous préparez-vous pour vos prochains concerts chez nous ?

Mike: On va faire un mélange : il y aura de nouvelles chansons, des « classiques de toujours » – il y a des chansons que nous devons jouer, sinon nous aurons des problèmes – et il y a plein de choses que nous n’avons pas jouées depuis des années. Concernant le show, ce ne sera pas un simple concert d’un groupe qui interprète ses chansons… Ce sera… Je ne veux pas dire « interactif » parce que ça peu faire frimeur,  mais ce sera plus une fête : que les gens ne viennent pas seulement assister à un concert, mais qu’ils viennent s’amuser, danser, s’éclater – ne vous faites pas mal, svp – et ils partiront, ils faudra que ce soit comme après une super séance d’amour : ils devront être épuisés…

Stefan : Fumer une clope, c’est ce que tu veux dire ? (rire)

Mike: Fumer une cigarette, oui… Mais il faut surtout qu’ils soient satisfaits…

metal-eyes: Vous porterez vos costumes traditionnels ?

Mike: Oui, oui…

metal-eyes: Parce que l’affiche de la tournée vous montre sans vos costumes…

Mike: C’est exact ! ça a été un sujet de promotion… Au début, nous ne portions nos costumes que le temps d’une ou deux chansons en concerts, pour les rappels. Et les gens les ont tellement réclamés que nous avons décidé de les mettre pour tout le concert. Mais nous n’avons jamais fait de session promo avec ces tenues. Des videos, oui, mais pas de photos ! Nous en avons jamais eu besoin. Mais en avançant, nos promoteurs nous ont demandé des photos « maintenant ». Les meilleurs clichés que nous ayons pu leur fournir étaient ceux des sessions noir et blanc de Secondhand wonderland, sans les tenues traditionnelles. Mais dorénavant, vous nous verrez uniquement avec nos tenues traditionnelles…

Stefan : Ca a plus été dû au manque de temps, car les concerts ont été mis sur pied assez rapidement. Les gens devraient venir, comme ça ils pourront prendre des photos de nous en costumes !

metal-eyes: Quel a été votre premier choc musical, le groupe ou l’artiste qui vous a fait dire « voilà ce que je veux faire plus tard » ?

Mike: J’avais 11 ans, et j’ai vu un concert d’Iron Maiden. Ça a tout changé, je me suis dit « merde ! C’est ce que je veux faire plus tard ». 15 ans plus tard, je me retrouve à partager la scène avec ces gars ! Nous sommes arrivés à ce stade où nous partageons la scène avec ces grandes vedettes, ces groupes qui nous ont influencés, donné envie de jouer de la musique. Vraisemblablement, nous avons fait quelque chose de bien dans le passé.

Stefan : Il n’y a pas eu un moment en particulier… J’ai grandi, plus ou moins avec ça. Ce qui est intéressant, c’est que dans la famille rock/metal, c’est aussi Iron Maiden… Je possède tous les albums en cassette – je ne sais pas s’il y a beaucoup de gens qui savent ce que c’est qu’un lecteur cassettes !

metal-eyes: Quelles pourrait la devise de Kontrust ?

Stefan : « Tout est permis ! »

Mike: « Drugs, sex and Lederhosen ». Ce sont les pantalons traditionnels que nous portons sur scène.

metal-eyes: Quelle a été la question la plus intéressante, surprenante qu’on vous a posée aujourd’hui ?

Mike: … Il y a eu une question similaire…

metal-eyes: Quelqu’un a piqué ma question ?

Mike: Non, non, c’était quelque chose du genre : « quelle est la pire question qui vous ait été posée »…

Stefan : Il y avait cette question au sujet du groupe… Comment était-elle tournée ?

Mike: … Je crois que c’était quelque chose comme « quel groupe a influencé Kontrust mais vous ne l’avouerez jamais » ?

Stefan : Oui, oui, c’est ça !

Mike:  C’est une question piège mais je pense que quiconque joue de la musique trouvera quelque chose dans son répertoire qu’il souhaite ne pas dévoiler ! En ce qui me concerne (il chuchote), c’était Boney M. Mais j’étais jeune, je ne connaissais rien d’autre ! Et au final… Rivers of Babylon ? Un classique !

Stefan : Un classique du metal !

metal-eyes: Bonne chance avec vos prochains concerts français, je rappelle que vous serez à Paris, Strasbourg et Lille entre le 12 et le 14 décembre.

Mike: Merci beaucoup de nous avoir reçus

 

EDENBRIDGE: The great momentum

edenbridge 2017Metal symphonique, Autriche (Steamhammer/SPV, 2017)

Edenbridge revient avec un neuvième album studio. The great momentum est en réalité un album dédoublé puisqu’il est présenté sous deux formats : en versions électrique et instrumentale. 9 morceaux qui démarrent avec un Shiantara (sans doute la chanson la plus immédiatement mémorisable de tout le disque) introduit à la batterie aquatique et aux guitares tranchantes. La voix de Sabine Edelsbacher, cristalline et sensible, apporte toujours les accents pop  aux ambiances travaillées comme des BO de James Bond ou autre films d’action. On pense naturellement à la construction de Live and let die, mais pas que. La construction des chanson est souvent complexe, alternant entre une certaine furie des guitares au grain saturé de Dominik Sebastian et Arne Stockhammer et les paysages dessinés aux claviers par ce dernier. Et lorsque l’on sort de ces ambiances cinématographiques, on se retrouve ici plongé dans des paysages ensoleillés et là projetés dans l’espace, voire en orient (les accents prononcés de Return to grace). Deux chansons ralentissent nettement le tempo, In the end of time, tout d’abord avec son duo vocal sur lequel Sabine chante avec Erik Martensson, un air au piano qui monte en puissance, et A whiff of life, basé sur le même modèle voix/claviers. Seulement, si la production est claire, limpide, l’ensemble parfaitement réfléchi et interprété est trop propre. Le chant est sage, et manque d’une certaine singularité. Sabine est appliquée et semble éviter un petit grain de folie… C’est dommage car, bien que The great momentum soit bien fait, et survolé de l’esprit de 007 meets Nightwish, il reste trop traditionnel. Maintenant, le piège réside aussi sur le second CD qui n’est autre que la version instrumentale de l’album. Sans le chant, donc, ce qui approte uine réelle dimension cinématographique au disque. De là à dire que Edenbridge pourrait envisager un nouvel avenir, il y a un pas que je ne franchirais pas. Mais la démarche est pour le moins surprenante et le résultat agréable et intéressant.

Note: 7,5/10

MOTHER’S CAKE: No rhyme, no reason

mothers-cake-2017Rock, Autriche (Membrane, 2017)

Parfois inspiré par le côté aérien de Pink Floyd (Big girls), à d’autres moments revisitant Hendrix (Street Ja man), Mother’s Cake se positionne sur la scène rock en clamant haut, fort et clair, son amour du rock bien fait, et au delà. Car on touche aussi bien à l’univers psychédélique que rock, funk que progressif tout au long de ce No rhyme, no reason, son troisième album.  Mother’s Cake ne s’impose de barrières que celles qu’ils entend ne pas franchir, et elles semblent peu nombreuses. Peu importe l’époque, le trio autrichien est aussi moderne que fondu de vintage. Si l’on peu regretter ne pas comprendre l’anglais du chanteur Yves Krisner, on appréciera en revanche la variété des genres présents au sein de ces 10 chansons. Le groupe explore et teste, comme cet étrange passage au milieu du déjà mentionné Street Ja man (z’ont fumé quoi???) qui en dit long sur la maturité des musiciens. Il est une faiblesse, cependant: des longueurs lors des passages les plus allumés. Dans un monde où tout va très – trop – vite, on a le sentiment, parfois, de se perdre en route. Mais le travail et la volonté sont là. Il n’est guère étonnant de découvrir que sur ses deux réalisations précédentes (Creation’s fines en 2012 et Love the filth en 2015) on trouve de prestigieux participants, comme Ikey Owens, ex-claviériste de The Mars Volta, autre influence, ou Jack White. Un troisième album est souvent décisif dans une carrière – sans doute une vérité moins évidente de nos jours, mais quand même – et ce No rhyme no reason pourrait permettre une meilleure exposition publique à Mother’s Cake. C’est en tout cas tout le mal qu’on peut lui souhaiter.

Note : 7,5/10

 

WHITE MILES : The duel

white miles-the duel 2016Rock, Autriche (Long Branch Records , 2016)

J’ai découvert White Miles en avril 2015, en ouverture de The Answer à Paris. Un duo à l’esprit punk. Une guitariste/chanteuse (Medina) et un batteur (Lofti). Sur scène, ça donnait plutôt bien. Et sur disque? Eh! bien, la surprise est de taille. Le duo – car il reste sous cette forme (sans basse) bien que l’on imagine aisément avoir un orchestre complet – explore de nombreuses contrées musicales. Lire la suite