Interview: KONTRUST

Interview KONTRUST : rencontre avec Mike (guitares) et Stefan (chant). Entretien mené le 23 octobre 2017 au Hard Rock Cafe, Paris.

 

metal-eyes: J’ai récemment découvert Kontrust, qui a été formé en Autriche en 2001, a publié son premier album, Welcome home en 2005. Vous vous êtes distingués des autres groupes entre autre par le fait d’avoir deux chanteurs, et depuis, vous avez sortis 3 autres albums. Est-ce correct ?

Mike: Absolument.

metal-eyes: Pour ceux qui ne connaissent pas bien le groupe, quels ont été les moments marquants de la vie de Kontrust ?

Mike: Eh, bien, commençons par le début, en 2001. En réalité, c’est un peu plus vieux que ça, mais c’est loin de toute reconnaissance, alors… On s’appelait The Trial Face. 2001 a débuté, en gros avec des shows donnés en Autriche, concerts ou festivals. On a fait ça pendant 3 ou 4 ans et avions besoin de changer quelque chose. Ça allait, mais nous n’allions pas où nous souhaitions nous rendre… Ensuite, on s’est rendu compte que, malgré nos racines très hard rock, on apprécie beaucoup d’autres choses. Nous avons toujours apprécié la diversité, les groupes avec plus d’un chanteur. Nous avons donc décidé de chercher un second chanteur, et, visiblement, c’est une chanteuse ! Agata nous a écrit, disant qu’elle voudrait bien chanter avec nous. Elle est arrivée, et l’alchimie a été immédiate. Soudain, nous avions deux chanteurs. Ce qui nous a aussi différenciés, c’est que nous avons deux batteurs, ou plus précisément, un batteur et un percussionniste à la caisse claire, ce qui ajoute au rythme. Personne ne fait ça, c’est donc difficile de nous comparer à un autre groupe.

metal-eyes: D’autres groupes utilisent des percussions, mais pas de la même manière.

Mike: Exactement, mais ça reste très traditionnel. C’est de la force brute ! En 2005, le groupe avait trouvé ses marques, et la première reconnaissance a été de perticiper à un concours avec de très importants groupes autrichiens. Nous n’avons pas gagné, mais sommes arrivés 3ème.  Bon, les autres groupes de cette époque ne sont plus là, nous avons survécu. En avançant, nous avons participé à plus de festivals, été invité à la télé, toujours en Australie. Un des tournants importants a été 2008 lorsque nous avons été découverts par un studio en Allemagne. Les gars appréciaient notre son et nous on dit qu’ils aimeraient faire une chanson avec nous. Ensuite, ce titre a fini sur un album. C’était Bomba. Il est sorti fin 2009, n’a pas eu beaucoup de retour au début. Et en mars 2010, un animateur de radio en Hollande a découvert la chanson et a commencé à la diffuser. A 3 heures du mat’ ! Le lendemain, la radio a reçu des appels d’auditeurs qui voulaient savoir qui était ce groupe, et si la radio pouvait diffuser le morceau de nouveau. Et tout d’un coup, ça tournait en boucle. Nous avions trouvé notre place. Ensuite, c’est devenu dingue, on donnait 100 – 120 concert par an, avons donné de gros shows en Hollande devant 50.000 personnes, un gros festival où on a joué devant 300.000 personnes… En Autriche, on a aussi commencé à jouer dans des festivals, en fin d’après midi. Ensuite, on a enregistré Secondhand wonderland qui est devenu notre plus gros succès à ce jour, pour des raisons qui nous dépassent : c’était un album très coloré, très pop… Enfin, notre dernier album, Explositive, est sorti en 2014, s’est très bien vendu, a reçu de très bons retour de notre public en concert, du label, les ventes ont suivi. Maintenant… Oh, nous sommes rejoints par Stefan qui est l’un des chanteurs de Kontrust.

Stefan (en français) : Salut !

Mike: Ensuite, en juin dernier, nous avons donné notre premier concert en France, ce qui était super.

metal-eyes: Nous allons en parler dans un instant. Kontrust est généralement décrit comme un groupe crossover. J’ajouterai d’autres groupes au traditionnel System Of A Down qui revient souvent : il y a la folie d’Avatar, le côté folk et déjanté de Steve’n’Seagulls. Que mettez-vous dans votre musique ?

Mike: Trop d’alcool ! (Rires)

Stefan : On y met quoi ? Rien de spécial, en fait…

Mike: Du sel, du poivre, de l’huile et du vinaigre, du bacon frit ! Je pense que si nous parlions de nos influences, il faudrait prévoir le reste de la journée…

metal-eyes: Alors comment décrirais-tu la musique de Kontrust ?

Mike: Crossover, indiscutablement du crossover. On est ancré dans le rock et le metal, mais on y ajoute du funk, de l’électro… Tout ce qui peut trouver sa place. C’est ce que nous avons fait ces dix dernières années, et c’est ce à quoi nous sommes bons : faire de la musique qui nous rend heureux et qui, visiblement, touche une ou deux personnes aussi !

metal-eyes:  Agata votre chanteuse a quitté le groupe il y a quelque temps, pas définitivement mais parce qu’elle était enceinte. Elle a donc été remplacée pour certains concerts, dont votre premier show français en juin dernier. Qui était alors votre chanteuse ?

Mike: Agata était – est toujours apparemment – en congé maternité, et nous la félicitons pour son bébé.

Stefan : Elle  va revenir, quoiqu’il en soit…

Mike: Oui, elle va revenir, bien sûr. Nous n’avons pas encore la date exacte, mais ce sera début 2018, normalement. Elle a été remplacée par Junes alors que nous cherchions une voix complètement différente et il s’avère qu’elle est le substitu parfait d’Agata dans tous les sens du terme : non seulement a-t-elle les qualités vocales mais également l’attitude scénique, le comportement. Elle a déjà fait de la musique dans le passé, pas à notre niveau, cependant ça a été une vraie belle expérience pour elle. Nous avons beaucoup de chance de l’avoir car elle fait vraiment du bon travail sur scène. Tout le monde semble l’apprécier tout  autant.

metal-eyes: C’est donc elle qui assurera les concerts français de décembre prochain. Avez-vous commencé à travailler sur le futur album ?

Mike: Oh oui !

metal-eyes: Alors comment décririez-vous l’évolution de votre musique entre Explositive et le prochain ?

Stefan : Nous avons commencé à écrire les chansons du nouvel album il y a 8 ans ! (rire général) Nous avons des tonnes de matériel, brut, dans nos archives. Nous avons commencé à tout réécouter et il y a des chansons qui sont surper mais qui n’avaient pas leur place sur Explositive, ce qui ne signifie pas qu’elles étaient moins bonnes. Il faut avoir une certaine cohésion sur un album. Nous sommes en train de tout sélectionner, en local de répétition, testons de nouvelles choses…

Mike: Comme tu l’as dit, nous n’avons pas vraiment de limites avec le crossover, ce qui est un vrai avantage.

Stefan : Et nous n’avons pas de plan quant à notre manière de composer… Un jour c’est Peter qui va jouer des percussions, un autre, la basse, le chant… Ca reste interssant parce que ce n’est jamais ennuyeux.

metal-eyes: Vous serez de retour en France en décembre, qui ne sera que votre seconde visite en France. Tout d’abord, que retenez-vous de votre première visite française, au mois de juin  dernier, lors du Download Paris ? C’était sur une des petites scènes…

Mike: Oui, sur une des petites scènes où nous tenions la tête d’affiche, ce qui était très bien pour nous parce que nous avions un des derniers créneaux avant que les grosses têtes d’affiches ne jouent sur les mainstages. Au moment où nous somes passés, personne d’autre ne jouait, et la tente s’est très vite remplie. Il y avait beaucoup plus de monde que même les promotteurs du Download ne l’avaient envisagé. Tout le monde était très content. Dès que nous sommes montés sur scène, il y a eu une intensité… Comme si le public nous attendait. Nous ne  nous attendions à rien… Nous ne savions pas à quoi nous attedre n’ayant jamais joué en France !On savait que ce serait un festival sympa, avec une affiche cool… Ca ne pouvait pas être mauvais. Nous sommes arrivés sur scène et les gens se sont mis à chanter nos chansons. Nom de Dieu ! Même moi je ne connais pas toutes nos paroles ! Les gens qui faisaient du crowdsurfing, ceux dans des déguisements dingues, l’interaction avec le public, les circle pits, les wall of death… On a eut droit à tout ! Et il semblait qu’il y avait une telle connexion avec le public que nous avons eut peu d’effort à faire… Le contact avec Junes, c’était son second concert, a été top. Tout le monde a été ravi de notre prestation, et c’est réciproque.

metal-eyes: Maintenant que vous savez que le public français peut-être dingue, comment vous préparez-vous pour vos prochains concerts chez nous ?

Mike: On va faire un mélange : il y aura de nouvelles chansons, des « classiques de toujours » – il y a des chansons que nous devons jouer, sinon nous aurons des problèmes – et il y a plein de choses que nous n’avons pas jouées depuis des années. Concernant le show, ce ne sera pas un simple concert d’un groupe qui interprète ses chansons… Ce sera… Je ne veux pas dire « interactif » parce que ça peu faire frimeur,  mais ce sera plus une fête : que les gens ne viennent pas seulement assister à un concert, mais qu’ils viennent s’amuser, danser, s’éclater – ne vous faites pas mal, svp – et ils partiront, ils faudra que ce soit comme après une super séance d’amour : ils devront être épuisés…

Stefan : Fumer une clope, c’est ce que tu veux dire ? (rire)

Mike: Fumer une cigarette, oui… Mais il faut surtout qu’ils soient satisfaits…

metal-eyes: Vous porterez vos costumes traditionnels ?

Mike: Oui, oui…

metal-eyes: Parce que l’affiche de la tournée vous montre sans vos costumes…

Mike: C’est exact ! ça a été un sujet de promotion… Au début, nous ne portions nos costumes que le temps d’une ou deux chansons en concerts, pour les rappels. Et les gens les ont tellement réclamés que nous avons décidé de les mettre pour tout le concert. Mais nous n’avons jamais fait de session promo avec ces tenues. Des videos, oui, mais pas de photos ! Nous en avons jamais eu besoin. Mais en avançant, nos promoteurs nous ont demandé des photos « maintenant ». Les meilleurs clichés que nous ayons pu leur fournir étaient ceux des sessions noir et blanc de Secondhand wonderland, sans les tenues traditionnelles. Mais dorénavant, vous nous verrez uniquement avec nos tenues traditionnelles…

Stefan : Ca a plus été dû au manque de temps, car les concerts ont été mis sur pied assez rapidement. Les gens devraient venir, comme ça ils pourront prendre des photos de nous en costumes !

metal-eyes: Quel a été votre premier choc musical, le groupe ou l’artiste qui vous a fait dire « voilà ce que je veux faire plus tard » ?

Mike: J’avais 11 ans, et j’ai vu un concert d’Iron Maiden. Ça a tout changé, je me suis dit « merde ! C’est ce que je veux faire plus tard ». 15 ans plus tard, je me retrouve à partager la scène avec ces gars ! Nous sommes arrivés à ce stade où nous partageons la scène avec ces grandes vedettes, ces groupes qui nous ont influencés, donné envie de jouer de la musique. Vraisemblablement, nous avons fait quelque chose de bien dans le passé.

Stefan : Il n’y a pas eu un moment en particulier… J’ai grandi, plus ou moins avec ça. Ce qui est intéressant, c’est que dans la famille rock/metal, c’est aussi Iron Maiden… Je possède tous les albums en cassette – je ne sais pas s’il y a beaucoup de gens qui savent ce que c’est qu’un lecteur cassettes !

metal-eyes: Quelles pourrait la devise de Kontrust ?

Stefan : « Tout est permis ! »

Mike: « Drugs, sex and Lederhosen ». Ce sont les pantalons traditionnels que nous portons sur scène.

metal-eyes: Quelle a été la question la plus intéressante, surprenante qu’on vous a posée aujourd’hui ?

Mike: … Il y a eu une question similaire…

metal-eyes: Quelqu’un a piqué ma question ?

Mike: Non, non, c’était quelque chose du genre : « quelle est la pire question qui vous ait été posée »…

Stefan : Il y avait cette question au sujet du groupe… Comment était-elle tournée ?

Mike: … Je crois que c’était quelque chose comme « quel groupe a influencé Kontrust mais vous ne l’avouerez jamais » ?

Stefan : Oui, oui, c’est ça !

Mike:  C’est une question piège mais je pense que quiconque joue de la musique trouvera quelque chose dans son répertoire qu’il souhaite ne pas dévoiler ! En ce qui me concerne (il chuchote), c’était Boney M. Mais j’étais jeune, je ne connaissais rien d’autre ! Et au final… Rivers of Babylon ? Un classique !

Stefan : Un classique du metal !

metal-eyes: Bonne chance avec vos prochains concerts français, je rappelle que vous serez à Paris, Strasbourg et Lille entre le 12 et le 14 décembre.

Mike: Merci beaucoup de nous avoir reçus

 

EDENBRIDGE: The great momentum

edenbridge 2017Metal symphonique, Autriche (Steamhammer/SPV, 2017)

Edenbridge revient avec un neuvième album studio. The great momentum est en réalité un album dédoublé puisqu’il est présenté sous deux formats : en versions électrique et instrumentale. 9 morceaux qui démarrent avec un Shiantara (sans doute la chanson la plus immédiatement mémorisable de tout le disque) introduit à la batterie aquatique et aux guitares tranchantes. La voix de Sabine Edelsbacher, cristalline et sensible, apporte toujours les accents pop  aux ambiances travaillées comme des BO de James Bond ou autre films d’action. On pense naturellement à la construction de Live and let die, mais pas que. La construction des chanson est souvent complexe, alternant entre une certaine furie des guitares au grain saturé de Dominik Sebastian et Arne Stockhammer et les paysages dessinés aux claviers par ce dernier. Et lorsque l’on sort de ces ambiances cinématographiques, on se retrouve ici plongé dans des paysages ensoleillés et là projetés dans l’espace, voire en orient (les accents prononcés de Return to grace). Deux chansons ralentissent nettement le tempo, In the end of time, tout d’abord avec son duo vocal sur lequel Sabine chante avec Erik Martensson, un air au piano qui monte en puissance, et A whiff of life, basé sur le même modèle voix/claviers. Seulement, si la production est claire, limpide, l’ensemble parfaitement réfléchi et interprété est trop propre. Le chant est sage, et manque d’une certaine singularité. Sabine est appliquée et semble éviter un petit grain de folie… C’est dommage car, bien que The great momentum soit bien fait, et survolé de l’esprit de 007 meets Nightwish, il reste trop traditionnel. Maintenant, le piège réside aussi sur le second CD qui n’est autre que la version instrumentale de l’album. Sans le chant, donc, ce qui approte uine réelle dimension cinématographique au disque. De là à dire que Edenbridge pourrait envisager un nouvel avenir, il y a un pas que je ne franchirais pas. Mais la démarche est pour le moins surprenante et le résultat agréable et intéressant.

Note: 7,5/10

MOTHER’S CAKE: No rhyme, no reason

mothers-cake-2017Rock, Autriche (Membrane, 2017)

Parfois inspiré par le côté aérien de Pink Floyd (Big girls), à d’autres moments revisitant Hendrix (Street Ja man), Mother’s Cake se positionne sur la scène rock en clamant haut, fort et clair, son amour du rock bien fait, et au delà. Car on touche aussi bien à l’univers psychédélique que rock, funk que progressif tout au long de ce No rhyme, no reason, son troisième album.  Mother’s Cake ne s’impose de barrières que celles qu’ils entend ne pas franchir, et elles semblent peu nombreuses. Peu importe l’époque, le trio autrichien est aussi moderne que fondu de vintage. Si l’on peu regretter ne pas comprendre l’anglais du chanteur Yves Krisner, on appréciera en revanche la variété des genres présents au sein de ces 10 chansons. Le groupe explore et teste, comme cet étrange passage au milieu du déjà mentionné Street Ja man (z’ont fumé quoi???) qui en dit long sur la maturité des musiciens. Il est une faiblesse, cependant: des longueurs lors des passages les plus allumés. Dans un monde où tout va très – trop – vite, on a le sentiment, parfois, de se perdre en route. Mais le travail et la volonté sont là. Il n’est guère étonnant de découvrir que sur ses deux réalisations précédentes (Creation’s fines en 2012 et Love the filth en 2015) on trouve de prestigieux participants, comme Ikey Owens, ex-claviériste de The Mars Volta, autre influence, ou Jack White. Un troisième album est souvent décisif dans une carrière – sans doute une vérité moins évidente de nos jours, mais quand même – et ce No rhyme no reason pourrait permettre une meilleure exposition publique à Mother’s Cake. C’est en tout cas tout le mal qu’on peut lui souhaiter.

Note : 7,5/10

 

WHITE MILES : The duel

white miles-the duel 2016Rock, Autriche (Long Branch Records , 2016)

J’ai découvert White Miles en avril 2015, en ouverture de The Answer à Paris. Un duo à l’esprit punk. Une guitariste/chanteuse (Medina) et un batteur (Lofti). Sur scène, ça donnait plutôt bien. Et sur disque? Eh! bien, la surprise est de taille. Le duo – car il reste sous cette forme (sans basse) bien que l’on imagine aisément avoir un orchestre complet – explore de nombreuses contrées musicales. Lire la suite