KONTRUST: Madworld

Autriche, Metal Electro et folklorique (Napalm records, 2023)

il aura fallu près d’une décennie aux Autrichiens de Kontrust pour donner un successeur au remarquable sinon remarqué Explositive. Entre temps, le groupe de yoddle metallique aura vu l’arrivée de Julia, la voix féminine complémentaire de Stefan, et celle d’un nouveau batteur, Johannas. Certains auront pu découvrir le groupe qui a mis en joie le Hellfest en 2022, d’autres pourront le découvrir avec Madworld, le nouvel album aux forts relents électro. Car, oui, un groupe évolue avec le temps et si la folie rock et l’entrain folklorique de Kontrust sont toujours là, la formation a également volontairement inclus une forte dose de sonorités électroniques. Et ça marche, croyez-moi! De I physically like you à I can’t control it, en passant par ce qui sera bientôt un hymne en concert, Lederhosen overkill, ou le plus sombre Blacksoul, Kontrust parvient à transformer un parterre metalleux en dancefloor de rave party. Ne nous y trompons pas, les guitares sont bel et bien de mise, mais se font plus discrètes e=tout en visant l’efficacité brute. Si Madworld porte bien son titre, il n’en reste pas moins un album tellement plein d’énergie qu’il en est totalement réjouissant. Fun et réjouissant.

Interview: KONTRUST

Interview KONTRUST. Entretien avec Julia (chant) et Manuel (percussions). Propos recueillis le 13 novembre 2023.

Metal-Eyes : Avant de commencer, comment se porte la famille Lederhosen (ndMP : nom du pantalon typique du folklore autrichien)

M : Ah, ah ! on est encore en mode festif… Nous venons de sortir l’album, il y a une dizaine de jours, et c’est génial. On a de super retours tant de la part des fans qui se sont montrés vraiment patients que de la part des médias. Pour nous, c’est très encourageant. Presque émotionnel…

« Patients » est le mot approprié puisque votre précédent album, Explositive, date de 2014, bientôt 10 ans. Entre temps, la fille aux cheveux rouge a rejoint le groupe. Que s’est-il passé avec Agata, votre ancienne chanteuse ? Et nous parlerons de ton arrivée juste après, Julia…

M : Simplement, elle a fondé une famille, donc elle a priorisé ça et a préféré quitter le groupe. Je suis certain qu’elle a une super vie avec ses deux enfants. Elle a pris du recul ?

Julia, comment as-tu rejoint Kontrust ? Connaissais-tu le groupe avant ou l’as-tu découvert à cette occasion ?

J : je ne connaissais pas le groupe avant. Je l’ai découvert par le biais d’amis communs et j’ai décidé de tenter une audition pour devenir la nouvelle chanteuse. Il y avait d’autres candidatures, j’ai enregistré certains extraits des chansons les plus connues de Kontrust, les ai envoyées au groupe. Quelques temps plus tard, j’ai reçu une invitation me disant « ok, on souhaite te rencontrer, on aime vraiment ce que nous avons entendu ». On s’est rencontré, le courant est passé et il me semblait évident que ça fonctionnait bien entre nous. Ça sentait bon dès le départ et ça continue dans ce sens.

Tu as intégré le groupe quand, précisément ?

J : Je dirais il y a environ deux ans et demi…

Donc avant la pandémie…

J : oui, un peu avant mais pendant la pandémie, nous ne pouvions pas travailler ensemble. Ce n’est qu’après que nous nous sommes mis au travail.

M : C’était en effet avant la pandémie, donc, oui, on a vraiment commencé à travailler ensemble fin 2020, début 2021…

Manuel, il y aussi eu un autre changement important puisque vous avez recruté un nouveau batteur, exact ?

M : Absolument. Nous avons beaucoup de chance d’avoir Johannas avec nous. Il est vraiment au point, il fait un super boulot et il est très précis. Pour moi, particulièrement, c’est très important : je suis percussionniste et nous devons vraiment coller l’un à l’autre. Tout fonctionne presque parfaitement, aussi bien d’un point de vue musical que personnel.

Etait-ce un critère de sélection important que ces deux nouveaux membres aient un prénom débutant par un J ?

Les deux : Ah, ah !

M : C’est comme ça qu’on les a choisis, en effet !

J : C’était le plan !

Kontrust n’a jamais beaucoup tourné en France. Cependant, vous avez enfin pu jouer au Hellfest en 2022. Quels souvenirs en gardez-vous ?

M : Il faisait chaud et c’était un jour très spécial pour nous : le Hellfest est un des festivals les plus importants en Europe et c’était le second concert que nous donnions avec Julia et Johey (Johannas). Nous avions joué au Grasspop la veille. Ces deux shows leur ont permis de montrer ce dont ils sont capables et ils ont visiblement su nous démontrer que nous avions fait le bon choix.

J : C’était vraiment cool !

Dans quel sens ? Parce qu’il faisait chaud, ce jour-là !

J : Alors imagine, jouer en portant des Lederhosen quand il fait 45° !

J’étais présent, j’ai non seulement vu le groupe jouer dans les tenues traditionnelles mais je t’ai aussi vue dans cette épaisse robe…

J : Imagine la chaleur en plus !

Venons-en à votre nouvel album, Madworld. On ne va pas s’étendre sur le titre du disque parce que nous vivons dans un monde de plus en plus dingue, mais qu’avez-vous mis dans ce disque pour qu’il soit différent du précédent ? j’imagine, Julia, que tu as pu apporter ta personnalité à l’ensemble…

J : Oui, j’y ai mis tout de moi ! Travailler avec un nouveau groupe… Il fallait que je montre ce dont je suis capable, alors il y a ma voix, bien sûr, mais aussi… ma folie et mes cheveux rouge (rires). J’y ai mis mon expérience pour avoir un cocktail un peu dingue…

Et toi, Manuel, comment décrirais-tu l’évolution musicale de Kontrust entre Explositive et Madworld, en dehors du fait d’avoir intégré deux nouveaux membres ?

M : La différence principale est que Madworld est, pour nous tous, le premier album que nous avons entièrement autoproduit, sauf pour le mastering que nous avons fait en France. Tout le reste a été fait par nous. Personnellement, j’ai commencé à composer du nouveau matériel pendant la crise sanitaire, à peu près au moment où nous avons accueilli Julia et Johey. A ce moment-là, j’écoutais beaucoup de musique électronique, du hip-hop, aussi. Je pense que sur Madworld, tu peux vraiment entendre les influences électro, surtout quand tu le compares à nos anciens albums… Selon moi, Madworld est un pont vers notre style futur, nous nous sommes réinventés. Nous continuons de placer des percussions et instruments plus rock mais on a inclus plus de programmation, ce que nous ne faisions pas autant dans le passé. C’est vraiment l’évolution la plus remarquable, et le plus important contraste.

Il y a beaucoup de différences entre ces deux albums. Avez-vous, comme tant d’autres, utilisé les moyens technologiques modernes pour l’enregistrement ou vous êtes-vous retrouvés en studio pour enregistrer ensemble ?

M : Les deux en réalité. Pour nous, il était important que tout soit fait manuellement par nous, en partant de rien. C’était un défi parce que là où se trouvait le studio, il y avait des constructions qui devaient débuter pendant que nous enregistrions. Il a fallu qu’on se dépêche, qu’on trouve un autre studio… C’était désordonné mais au final, on a vraiment tout fait nous-mêmes. En même temps, nous avons pu utiliser la technologie moderne pour obtenir des choses que nous ne pourrions pas faire autrement…

Julia, en tant que membre la plus récente du groupe, comment décrirais-tu la musique de Kontrust à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

J : Ouf… Je dirais que c’est une… combinaisons de genres et de sons qui ne sont habituellement pas associés. Un mélange un peu dingue entre des sons électroniques et des percussions, deux chanteurs un peu dingues… Plein de contrastes, en fait. Tu entends ça une fois, tu ne confondras jamais Kontrust avec autre chose (rires).

Et toi, Manuel, que dirais-tu à ces gens qui ne vous connaissent pas ?

M : Que nous proposons une musique très colorée, avec plein d’influences et d’éléments de différents genres musicaux. Parfois même des influences extérieures à la musique et le résultat est un… oui, un contraste permanent. Ce n’est pas une voie à sens unique, c’est plein de couleurs, de styles…

Comment des artistes comme vous parviennent-ils à imaginer des paroles aussi profondes que « Riggiriggiding » ou « Jo didl jo, didl didl jo »… ? (Rires des deux) Vous cherchez avant tout la tonalité pour que ça colle à la musique de Kontrust ?

M : Clairement, sinon ça ne collerait pas à l’esprit…

Si chacun de vous devait ne retenir qu’un titre de Madworld pour expliquer ce qu’est l’esprit de Kontrust aujourd’hui, lequel serait-ce et pour quelle raison ? (Silence de quelques secondes) Euh, il y a quelqu’un, vous êtes encore là ?

M : Julia ?

J : Je pensais que tu commencerais…

M : Non, non… Honneur aux dames, Julia…

J : Ah, d’accord, mais ne dis pas la même chose que moi (rires)… Je dirais I physically like you, la première chanson. A cause de ses « Riggiriggiding », justement ! C’est assez dingue pour définir l’esprit de Kontrust. C’est aussi un titre heavy, dansant, groovy… Il y a tout dans cette chanson.

M : Pour moi… J’ai eu beaucoup de mal à choisir lorsque notre label nous a demandé quelle chanson devrait faire office de single. Il devait y avoir 3 singles avant la sortie de l’album et sur les 11 titres, il y en a 7 qui sont mes préférés. Alors si tu me forces à me limiter à un seul titre, c’est compliqué…

Dans ton état d’esprit d’aujourd’hui, laquelle est représentative de l’esprit du groupe ?

M : Ouais… Si tu veux une réponse vraiment concrète à cette question, je… dois… dire… Black soul. C’était le premier titre que nous avons enregistré, environ 6 mois avant d’enregistrer les autres titres, et c’est une des premières chansons que j’ai composées et elle s’est avérée très efficace, dès le départ. Tout semblait si évident… j’aime son groove, elle est plus heavy que les autres chansons et contient les nouvelles influences. Il y a des percussions très sympas aussi… Oui, ce serait Black soul.

Est-ce que Kontrust parvient à vivre de sa musique désormais ?

M : Partiellement.

Je pose la question depuis la crise sanitaire car beaucoup de musiciens ne vivent pas de leur musique. Quels sont vos métiers respectifs dans votre autre vie ?

M : On est nombreux à avoir un job régulier, mais également lié à la musique. Julia, par exemple, est une chanteuse professionnelle, donc, elle fait du chant à temps plein. Je m’occupe de tout le travail de back office et du management de Kontrust, donc j’en tire un peu d’argent aussi, Stefan et Johey ont d’autres métiers : Stefan travaille pour une boite de marketing, Johey travaille dans l’industrie automobile, Mike est technicien de studio – il a son propre studio où nous avons pu enregistrer et mixer l’album – et Gregor est prof de musique.

Y a-t-il des thèmes que vous ne souhaitez pas aborder dans vos chansons parce que vous estimez que ça n’a rien à faire dans la musique de Kontrust ? Ou pensez-vous que Kontrust peut parler de n’importe quel sujet ?

M : Désolé Julia, je vais commencer… En général, les musiciens et les artistes devraient pousser les limites. A mon sens, ils devraient être autorisés à dire ce qu’ils veulent. Ce n’est pas spécifique à Kontrust. Donc si la question est de savoir si les artistes devraient pouvoir tout dire, ma réponse est clairement « oui ».

J : Je ne peux répondre que de mon point de vue… Mais si les autres me demandent ce que je ne voudrais pas chanter, ce serait au sujet de la politique ou de la religion. Je préfère en rester éloigner autant que possible, il y a tant d’autres sujets à traiter…

Avez-vous quelque chose à ajouter pour conclure ? Julia ?

J : Ah, « les femmes d’abord » (rires) ! Peu importe ce qu’il se passe dans ce monde de dingues, soyez vous-mêmes, aimez et vivez votre vie, écoutez de la bonne musique, écoutez Kontrust, et profitez de chaque jour de la vie. Restez Rock n roll.

M : Je suis impatient de revenir en France, on y a toujours passé de super moments… Jusque-là, écoutez l’album, streamez le, regardez les vidéos, achetez-le si vous le pouvez, et on se retrouve sur scène.

HELLFEST XV Part 1: Beyond this road

On s’en souviendra de ce Hellfest 2022, le, enfin là, 15ème du nom – « on » étant ici utilisé dans ses formes aussi impersonnelle que généraliste. Oui, on s’en souviendra : une édition dantesque, énorme, gigantesque. On s’en souviendra à bien plus d’un titre : tout d’abord, Hellfest prod a surpris tout le monde en annonçant que ce HF XV se tiendrait sur 2 week ends. Une édition de 7 jours réunissant plus de 350 groupes dont, l’un des rêves du public, la venue de Metallica en clôture du festival. Un choix pas si étonnant qui a permis à cette machine désormais bien huilée de renflouer les caisses qui se sont vidées depuis 2 ans. Le produit de la vente de ce second week end permet d’avoir un fonds de roulement suffisamment important pour prévoir la 16ème édition. Logique, d’autant plus, qu’encore une fois, les places se sont vendues en un clin d’œil.

On s’en souviendra aussi pour sa météo. Infernale le premier week end avec des températures dépassant les deux premiers jours les 39° à l’ombre. Et l’ombre, à Clisson, en dehors de la forêt du muscadet, celle qui mène à la Warzone, ben, de l’ombre… Si le premier week end nous a montré une version de l’enfer, le second nous en a gardé son inverse, les températures chutant drastiquement – autour de 20° maximum – et le ciel nous offrant généreusement une pluie constante détrempant le terrain et le transformant en une gigantesque étendue de boue évoquant pour certains l’enfer de l’édition 2007… Orage et pluie ne sont pas toujours les bienvenus en festival. Et aussi, ce Covid qui se remet à circuler, et que nombre de festivaliers – moi et nombre de photographes et spectateurs amis inclus – ont attrapé… Oui, on s’en souviendra de cette XVème édition !

Pour Metal Eyes, le week end a débuté dès le 16 juin en milieu d’après-midi. Rien que l’installation de quelques photos à l’espace presse fut un début d’épreuve dans une étuve. Mais trêve de plainte, voici deux ans que nous attendons ce retour, alors on s’y met ! Petit résumé de ces 7 jours, histoire de se mettre en jambes :

Du 16 au 19 juin et du 23 au 26 juin, ce sont 152 km parcourus (soit une randonnée moyenne de 21 km/jour de fest !), des litres d’eau bus et à peine une bière par jour, 94 groupes shootés, 5 scènes visitées (l’état de mes pieds m’a empêché d’aller à la Warzone), la satisfaction de voir les anciens encore en forme, même si sans surprise réelle, la grande satisfaction de voir la relève arriver, la déception de ne pas voir certains concerts autrement que par écrans interposés tant il était impossible de circuler (Nightwish, Sabaton, Black Label Society, Ugly Kid Joe et… suivez mon regard) et surtout cette fatigue qui m’a forcé à reprendre la route avant le feu d’artifices du dimanche soir… Une double édition une fois, un one shot, qu’on espère ne pas voir se renouveler.

Arrivé le jeudi, donc, et une fois débarrassé de mes obligations de préparation, j’aperçois une porte entrouverte et je file faire un petit tour des lieux ; Pour une fois, profitons-en, avant l’ouverture officielle… Visiter la terre sainte sans foule est suffisamment rare pour pouvoir en profiter tranquillement, errer sans but précis. Quelques changements sont notables, à commencer par la nouvelle statue de Lemmy. L’ancienne, attaquée par les éléments, menaçant de s’effondrer a été retirée, une nouvelle, superbe œuvre de Caroline Brisset, a pris sa place. Celle-ci restera et fera partie du patrimoine de Clisson pour les siècles à venir.

On notera également le retour du corbeau qui scrute et surveille le pôle restauration des festivaliers. Une autre belle œuvre qui semble plus maousse que celle qui fut incendiée volontairement il y a quelques années.

Enfin, l’accès à la forêt se fait par un portail dominé d’une cage très sympathique dans laquelle se trouvent les âmes bannies du festival. Et bannies… il y en aura d’autres ces deux week ends. Place ensuite à mes impressions plus ou moins à chaud.

Par où attaquer le principal de ce report ? Par un premier constat, sans doute… Au-delà des éléments, usants, éreintants, ce type d’évènement, sur 2 week-ends est tout sauf reposant d’autant avec des journées qui s’étalent de 10h à 2h (exception faite du jeudi 23 où le premier concert a débuté à 15h30). Des souvenirs plein la tête ? Certes, mais il devient très difficile de vraiment tout savourer.  Commençons par le commencement, HF XV part 1 – je vous invite à visiter la galerie photo dédiée, avec ce lien: http://metal-eyes.com/galerie-hellfest-2022

Vendredi 17 juin

Arriver au HF, c’est foncer au merch en espérant ne pas avoir à faire la queue trop longtemps. Il n’est pas encore 10h et la foule est déjà dense… je rate ainsi les deux premiers sets, Heart Attack et Frog Leap mais fonce me rattraper avec Laura Cox qui, comme à son habitude pourrait-on désormais dire, dégaine ses cartouches d’un rock hard classique et efficace. Elle qui devait inaugurer la MS 2 a bénéficié d’un heureux hasard (sa participation à l’édition HF from Home a sans doute joué aussi) et se retrouve un tout petit peu plus haut sur l’affiche. Elle tient le public dans sa main et est fière d’annoncer l’arrivée d’un troisième album et d’une release party à la Cigale de Paris. A suivre.

Déjà il fait chaud, très chaud. Déjà, les pieds commencent à gonfler. Déjà, l’eau coule à flots et déjà les conférences de presses annoncées sont annulées tant la chaleur est intenable à l’espace presse. Rien ne se fera sous la tente ces deux premiers jours, point à la ligne. Les interviews se mènent à l’extérieur, et les groupes tentent de se réserver un coin d’ombre. Dur. On n’est que jour 1 !

Je bifurque vers la MS1 pour avoir ma première bonne surprise avec Ferocious Dog : un rock irlandais qui évoque autant Dropckick Murphys que Flogging Molly avec des musiciens qui se protègent du soleil (l’accordéoniste a piqué son bob à Bernie !) et qui délivrent une musique entrainante et enjouée. A suivre !

Un petit tour sous Temple puis Altar me permet de découvrir Numen et ASG mais je n’en garde pas de souvenirs particuliers. Je retourne donc vers mon repaire – pour certains c’est la Warzone, pour moi, les MS, vous l’aurez compris – pour soutenir les Orléanais de Burning Heads. Un peu de punk sur la MS alors que le soleil commence à taper fort sur les têtes, quoi de mieux ? Le groupe est en forme, monte sur scène comme il est à la ville et dispense son rock dur pendant une bonne quarantaine de minutes. Simple, direct et efficace.

Leprous, dont on fait tant de gorges chaudes, me laisse quasi indifférent. Beaucoup d’espoir et de curiosité qui tombent à l’eau malgré les indéniables qualités musicales du combo. Est-il à la bonne place ?

Contrairement à Shinedown qui, même en passant plus tôt que ce qu’il mérite, fonce dans le tas. Ok, ce n’est pas forcément mon truc, mais force est de reconnaitre que les Floridiens ont un look, une prestance et une énergie qui forcent le respect.

Energie qu’on retrouve dès l’arrivée sur scène de Frank Carter & The Rattlesnakes. Enragé comme toujours, le rouquin tatoué saute dès le premier titre dans le public qui le porte, le soutien, le laisse plonger tête la première avant de le rapatrier vers la fosse. Et le gaillard de remettre le couvert sur fond de punk explosif et entraînant. Immanquable !

A côté, Opeth est bien plus sage… Si le groupe démarre son set avec de titres chantés et aériens, il se rappelle bientôt aux premiers fans avec ses titres extrêmes. Calme, sobre et pas forcément la prestation la plus marquante de la journée, il y en a cependant pour tous, Opeth ne reniant en rien son glorieux passé.

Les dernières fois que j’ai vu The Offspring, je m’étais ennuyé. Cette fois, Noodles et sa bande, même avec une setlist sans surprise, donnent tout au public qui le lui rend bien. La prestation est festive et enjouée, le groupe semble vraiment heureux d’être là et s’amuse. Nous aussi !

Même si le groupe a sorti un album dantesque, la chaleur assommante force la pause et je rate Mastodon. Je reviens vers MS 1 pour ne pas shooter Dropckick Murphys mais profite de sa prestation et de sa musique simplement imparable. Le spectacle est aussi dans le public qui dans et pogote à souhait. Comment pourrait-il en être autrement, hein ?

Un petit tour sous Valley, enfin, pour écouter Baroness. Là encore, le groupe est efficace et direct, et se donne à fond pour un public à fond. Une très belle et généreuse prestation nous est offerte.

Je retourne voir Five Finger Death Punch, un groupe au look renouvelé, Yvan Moody habillé d’un T-shirt blanc (on le comprend) et d’un surprenant pantalon jaune ! Bon, il a commencé en rouge, mais a préféré se changer. Les hits du groupe défilent, le public est réceptif et reprend naturellement en cœur l’imparable Lift me up, taillés pour les concerts de toute taille.

Peu sensible à Deftones, je préfère prendre mes marques pour le concert de Volbeat, très attendu. Une heure dix d’un show haut en couleurs, avec un peu de fraicheur dans l’air – enfin – et des titres actuels ou plus anciens qui défilent trop vite. Une des plus belles prestations auxquelles j’ai pu aujourd’hui assister. Il est cependant temps de rentrer, d’aller trouver un peu de sommeil avant la reprise de demain, journée annoncée au moins aussi chaude…

 

Samedi 18 juin

La chaleur écrasante est de retour… Titan, que j’avais shooté à Châteauroux lors de la Firemaster Convention, ouvre le bal. Sa prestation est tout aussi carrée bien qu’on sente le groupe légèrement perdu sur cette immense scène. L’Irlande au cœur pourrait bien devenir Hellfest au cœur, une nouvelle version de l’hymne de la bande de Le Calvez.

Autre déflagration, plus brutale… Sous Altar, Karras, l’autre projet de Yann, guitariste de Mass Hysteria, fait exploser les potards. La rage et la colère du trio ne sont guère contenues et ça défouraille sévère. Lui qui, il y a 3 ans, venait clôre la journée se retrouve aujourd’hui, avec beaucoup de plaisir, semble-t-il, à l’ouvrir. Quand on aime…

La curiosité me pousse à aller écouter Fire From The Gods, groupe américain explosif qui tire à boulets rouge sur le public. Le soleil n’est pas encore au zénith, et tant mieux, parce que ça pète dans tous les sens. Mais aujourd’hui, il semble mieux pour certains groupes de jouer sur la main 2… La tête d’affiche du soir ayant fait rehausser la MS1, alors direction…

Les très prometteur Last Temptation avec la surprise de retrouver à la batterie Farid Medjane, ex vous savez qui. Le hard rock du combo est simple, sobre, efficace et le quatuor se donne à fond avec passion et bonheur. Un groupe décidément à suivre pour les amateurs de classic rock.

La déception du jour – qui impose un premier break – vient de l’annulation tout juste annoncée de The Dead Daisies. Pas d’explication particulière, on imagine un passage par la case Covid. Tant pis, on remplace par un passage sous Valley pour retrouver The Picturebooks, duo que j’avais déjà vu à Paris au Divan du monde en ouverture de, je crois, The Answer. Puissant, efficace, un guitariste chanteur qui joue à l’instinct. Un bon remplacement, en somme.

L’un des groupes que je souhaitais voir, pour la pureté et le dépouillement apparent de son style, c’est Soen. Une jolie foule s’amasse sous le soleil plombant – on le saura… – pour assister à cette jolie prestation, sobre et efficace, d’une quarantaine de minutes. Pas de grande surprise mais une des satisfactions de ce premier week end.

Je file sous Altar pour jeter un œil à la furie thrash de Xentrix. Grand bien m’a pris car, sur le planning du jour, j’avais entouré Loudblast et Exciter, tous deux jouant devant tant de monde – tant mieux – que la tente en fut inaccessible. Xentrix démonte cependant les nuques comme il faut.

Retour devant les mains pour voir, enfin, et pour la première fois, les Anglais de The Darkness. On s’attend à un peu de folie visuelle et je ne suis pas déçu : les tenues de Justin Hawkins sont tape à l’œil et franchement les gaillards sont en forme. Mais là encore, une pause s’impose, une vraie, histoire de m’alléger en déposant une partie de mon matériel.

Le temps d’un aller retour, je rate, sans grand remords, Alestorm et, je le regrette un peu plus, Rival Sons dont j’assiste à la fin d’une prestation rock à laquelle le public semble réceptif. Avec de grands albums à son actif, le groupe ne peut que séduire.

On les connait, on sait ce à quoi on va avoir droit… Une débauche de filles sur scène (cette fois-ci, aucune n’est invitée dans la fosse au début du set) en fin de show, d’incessants appels à nichons… Steel Panther est en ville, la gaudriole de sortie et de mise ! Surprise – je n’ai pas suivi grand-chose au sujet du groupe – Lexxi Foxx est out, remplacé par je n’en sais rien mais le groupe a moins de charme et semble plus « sérieux » qu’avec son blond bassiste efféminé. Plus de miroir, plus de poses ambiguë, Steel Panther m’a moins surpris. A-t-on fait le tour ?

Un tour du côté des légendes du Thrash sous altar remet les pendules à l’heure. Flotsam & Jetsam est suffisamment rare en nos contrées pour éviter l’insulte de ne pas aller rendre hommage à ces légendes US qui ont accueilli – et ont stagné après son départ – un certain Jason Newsted. Dans ta face et efficace, rien à dire !

Impossible de rater Megadeth, avec un Dave Mustaine veillissant mais toujours en forme. Dommage seulement que cette MS1 soit si haute, il est compliqué de profiter pleinement de ce show dont on se délecte pourtant d’une setlist aux petits oignons.

Deep Purple, quelques mètres plus loin est tout aussi veillissant, et c’est avec surprise que je m’aperçois que Steve Morse n’est pas de la partie… Le guitariste souffrant de problèmes de main est ici remplacé par Simon Mc Bride totalement respectueux des classiques du groupe. Mais voilà, on sent Deep Purple en bout de course, les nombreuses parties instrumentales, longues, semblant être utilisées en remplissage plus que rendant service aux chansons. Le set souffre ainsi de longueurs, et c’est bien dommage.

Ghost, annoncé en tête d’affiche de ce samedi à la fin de son concert parisien, rempli toutes les cases. Un show soigné, un papa Emeritus en forme, une setlist efficace, un visuel à tomber, mais… mais une voix qui flanche malheureusement en fin de set forçant Ghost à écourter son show…

La chaleur du début de week end , mais maintenant le vent, ont forcé l’annulation du feu d’artifice. C’est donc avec un peu d’avance que montent sur scène les Australien d’Airbourne qu’on retrouve, qui en sera surpris, plus que déchainés. Comme toujours, Joel O’Keefe attire tous les regards, comme toujours, encore, il semble n’avoir qu’un jean noir toujours aussi déchiré que lui. Airbourne propose un set classique mais explosif, le guitariste chanteur terminant sur les épaules d’un gars de la sécu le portant devant le public un autre l’arrosant copieusement afin de le rafraichir. Même si on sait de quoi il en retourne, Airbourne fait partie de ces groupes qui font plus que le job. Dommage d’avoir raté le combo la semaine suivante, mais là, les Australiens concluent avec brio cette soirée. Au dodo !

 

Dimanche 19 juin.

La météo est certes plus clémente, les pieds crient leur douleur ! Ce n’est donc qu’après avoir plié bagages, rangé la voiture et les affaires que je me dirige vers le site pour assister, enfin, à une prestation des Autrichiens folkloriques de Kontrust. Et la mise en jambe vaut le détour : entre une musique très enjouée et des tenues tyroliennes de mise, le groupe fait dans er un public encore épars mais curieux et réceptif. Un beau début d’une journée pourtant très « traditionnelle » et riche de découvertes.

Je vais passer le plus clair de mon temps devant les MS aujourd’hui, et avoir quelques belles surprises… A commencer par un Sortilège en forme que j’avais malheureusement raté lors de son passage parisien en avril. Un set raccourci, mais des gars au taquet et un Zouille très en voie. Un nouvel album nous est promis, alors maintenant, patience.

Je suis moins sensible au métal de Lacuna Coil mais visuellement, les Italiens mettent le paquet. Une prestation haute en couleur qui mériterait certainement d’être vue dans une salle sombre.

Battle Beast reste une valeur sûre, sans grande surprise. Un spectacle travaillé pour le visuel et un metal sympa et passe partout. Mais un ensemble sans doute un peu trop kitsch (à ce sujet, on repassera la semaine prochaine…)

Je rate Car Bomb pour cause d’interview mais impossible de rater la metal queen. Doro, ça fait des siècles qu’on attend son retour en terre sainte et le public ne se fait pas prier. Si son set est principalement axé autour de ses grands succès d’antan, Doro et sa bande prouvent une nouvelle fois savoir ce que c’est que d’avoir un public dans la main. Un set impeccable, plein de bonne humeur et de bienveillance. Merci ! Aura-t-on droit à un duo avec le Metal God plus tard ce soir?

Une foule curieuse s’entasse devant la MS 2 , deux drapeaux ukrainiens flottant au vent. Jinger, on le sait depuis peu, a reçu l’autorisation de son gouvernement de quitter le pays pour aller promouvoir la culture ukrainienne sur les festivals d’été. La rage est là, féroce mais de message politique, on ne trouve que peu de traces. Un set puissant d’un groupe qui tire profit de la situation anormale de son pays en guerre.

De l’autre côté, Michael Schenker connait un renouveau de carrière mérité. Il déboule avec son MSG et propose une heure de ce hard rock classieux planqué sous sa chapka noire. Il n’a pas un peu chaud le gaillard ? En tout cas, il est souriant, heureux d’être là et de transmettre du bonheur. Un vrai plaisir de retrouver en si grande forme celui qui fut naguère connu comme l’ange blond.

Quel dommage en revanche que les Japonais de Maximum The Hormone aient interdit toute photo ! Quelle énergie, quelle débauche visuelle le groupe nous propose. Son metal groovy et parfois disco entraine le public et le groupe ne s’en laisse pas compter, allant même, en s’en amusant, jusqu’à faire répéter au public des mots nippons qui semblent bien déplacés. Mais on s’en fout tant la dose d’énergie reçue est forte. La découverte du jour.

Il avait été rayé de listes – celles des notables du coin, pas de Barbaud ou du HF – il y a quelques temps, mais on savait qu’il reviendrait. Rien ne viendra ruiner cette amitié qui lie le Hellfest à Phil Anselmo qui déboule aujourd’hui avec un Down en pleine forme. Une heure d’un metal débridé, sauvage et entrainant, une déflagration qui fait du bien.

Le temps de me restaurer, je rate Korn sans grand regret, n’étant guère sensible au nu metal, même si le show est là. Mais rien ne me fera rater la prestation de Judas Priest, sans doute une des dernières fois que la légende anglaise se présentera à nous. Et ce n’est pas peu dire que depuis l’intégration de Richie Faulkner et le remplacement forcé de Glenn Tipton par Andy Sneap le groupe est très en forme. Même si on sait à quoi s’attendre – un Rob Halford mécanique, un Ian Hill seul dans son coin, un Scott Travis qui interpelle pour « one last song » qui sera sans surprise Painkiller, une Harley qui vrombit… le groupe connait parfaitement son affaire et propose un show superbe visuellement et musicalement. Un des musts de cette première partie, incontestablement.

Si les Français n’étaient pas au premier programme, les modifications de l’affiche nous font revenir Gojira en tête d’affiche, clôturant explosivement la MS1 de ce premier week end. Une heure trente d’un show puissant aux lights superbes finissant d’achever le public qui va devoir, pourtant, encore tenir pour Running Wild.

De mon côté, un passager m’attend. Le temps de le récupérer, d’aller à la voiture, de faire le plein et voilà que… sans l’avoir annoncé, cette première partie se termine par le feu d’artifices qui devait avoir lieu la veille… Tant pis, on en verra d’autres. Pour le moment, retour à la maison pour un peu d’activité pro avant de revenir dans quelques jours. Dans des conditions différentes mais tout aussi compliquées. A suivre…

 

Interview: KONTRUST

Interview KONTRUST : rencontre avec Mike (guitares) et Stefan (chant). Entretien mené le 23 octobre 2017 au Hard Rock Cafe, Paris.

 

metal-eyes: J’ai récemment découvert Kontrust, qui a été formé en Autriche en 2001, a publié son premier album, Welcome home en 2005. Vous vous êtes distingués des autres groupes entre autre par le fait d’avoir deux chanteurs, et depuis, vous avez sortis 3 autres albums. Est-ce correct ?

Mike: Absolument.

metal-eyes: Pour ceux qui ne connaissent pas bien le groupe, quels ont été les moments marquants de la vie de Kontrust ?

Mike: Eh, bien, commençons par le début, en 2001. En réalité, c’est un peu plus vieux que ça, mais c’est loin de toute reconnaissance, alors… On s’appelait The Trial Face. 2001 a débuté, en gros avec des shows donnés en Autriche, concerts ou festivals. On a fait ça pendant 3 ou 4 ans et avions besoin de changer quelque chose. Ça allait, mais nous n’allions pas où nous souhaitions nous rendre… Ensuite, on s’est rendu compte que, malgré nos racines très hard rock, on apprécie beaucoup d’autres choses. Nous avons toujours apprécié la diversité, les groupes avec plus d’un chanteur. Nous avons donc décidé de chercher un second chanteur, et, visiblement, c’est une chanteuse ! Agata nous a écrit, disant qu’elle voudrait bien chanter avec nous. Elle est arrivée, et l’alchimie a été immédiate. Soudain, nous avions deux chanteurs. Ce qui nous a aussi différenciés, c’est que nous avons deux batteurs, ou plus précisément, un batteur et un percussionniste à la caisse claire, ce qui ajoute au rythme. Personne ne fait ça, c’est donc difficile de nous comparer à un autre groupe.

metal-eyes: D’autres groupes utilisent des percussions, mais pas de la même manière.

Mike: Exactement, mais ça reste très traditionnel. C’est de la force brute ! En 2005, le groupe avait trouvé ses marques, et la première reconnaissance a été de perticiper à un concours avec de très importants groupes autrichiens. Nous n’avons pas gagné, mais sommes arrivés 3ème.  Bon, les autres groupes de cette époque ne sont plus là, nous avons survécu. En avançant, nous avons participé à plus de festivals, été invité à la télé, toujours en Australie. Un des tournants importants a été 2008 lorsque nous avons été découverts par un studio en Allemagne. Les gars appréciaient notre son et nous on dit qu’ils aimeraient faire une chanson avec nous. Ensuite, ce titre a fini sur un album. C’était Bomba. Il est sorti fin 2009, n’a pas eu beaucoup de retour au début. Et en mars 2010, un animateur de radio en Hollande a découvert la chanson et a commencé à la diffuser. A 3 heures du mat’ ! Le lendemain, la radio a reçu des appels d’auditeurs qui voulaient savoir qui était ce groupe, et si la radio pouvait diffuser le morceau de nouveau. Et tout d’un coup, ça tournait en boucle. Nous avions trouvé notre place. Ensuite, c’est devenu dingue, on donnait 100 – 120 concert par an, avons donné de gros shows en Hollande devant 50.000 personnes, un gros festival où on a joué devant 300.000 personnes… En Autriche, on a aussi commencé à jouer dans des festivals, en fin d’après midi. Ensuite, on a enregistré Secondhand wonderland qui est devenu notre plus gros succès à ce jour, pour des raisons qui nous dépassent : c’était un album très coloré, très pop… Enfin, notre dernier album, Explositive, est sorti en 2014, s’est très bien vendu, a reçu de très bons retour de notre public en concert, du label, les ventes ont suivi. Maintenant… Oh, nous sommes rejoints par Stefan qui est l’un des chanteurs de Kontrust.

Stefan (en français) : Salut !

Mike: Ensuite, en juin dernier, nous avons donné notre premier concert en France, ce qui était super.

metal-eyes: Nous allons en parler dans un instant. Kontrust est généralement décrit comme un groupe crossover. J’ajouterai d’autres groupes au traditionnel System Of A Down qui revient souvent : il y a la folie d’Avatar, le côté folk et déjanté de Steve’n’Seagulls. Que mettez-vous dans votre musique ?

Mike: Trop d’alcool ! (Rires)

Stefan : On y met quoi ? Rien de spécial, en fait…

Mike: Du sel, du poivre, de l’huile et du vinaigre, du bacon frit ! Je pense que si nous parlions de nos influences, il faudrait prévoir le reste de la journée…

metal-eyes: Alors comment décrirais-tu la musique de Kontrust ?

Mike: Crossover, indiscutablement du crossover. On est ancré dans le rock et le metal, mais on y ajoute du funk, de l’électro… Tout ce qui peut trouver sa place. C’est ce que nous avons fait ces dix dernières années, et c’est ce à quoi nous sommes bons : faire de la musique qui nous rend heureux et qui, visiblement, touche une ou deux personnes aussi !

metal-eyes:  Agata votre chanteuse a quitté le groupe il y a quelque temps, pas définitivement mais parce qu’elle était enceinte. Elle a donc été remplacée pour certains concerts, dont votre premier show français en juin dernier. Qui était alors votre chanteuse ?

Mike: Agata était – est toujours apparemment – en congé maternité, et nous la félicitons pour son bébé.

Stefan : Elle  va revenir, quoiqu’il en soit…

Mike: Oui, elle va revenir, bien sûr. Nous n’avons pas encore la date exacte, mais ce sera début 2018, normalement. Elle a été remplacée par Junes alors que nous cherchions une voix complètement différente et il s’avère qu’elle est le substitu parfait d’Agata dans tous les sens du terme : non seulement a-t-elle les qualités vocales mais également l’attitude scénique, le comportement. Elle a déjà fait de la musique dans le passé, pas à notre niveau, cependant ça a été une vraie belle expérience pour elle. Nous avons beaucoup de chance de l’avoir car elle fait vraiment du bon travail sur scène. Tout le monde semble l’apprécier tout  autant.

metal-eyes: C’est donc elle qui assurera les concerts français de décembre prochain. Avez-vous commencé à travailler sur le futur album ?

Mike: Oh oui !

metal-eyes: Alors comment décririez-vous l’évolution de votre musique entre Explositive et le prochain ?

Stefan : Nous avons commencé à écrire les chansons du nouvel album il y a 8 ans ! (rire général) Nous avons des tonnes de matériel, brut, dans nos archives. Nous avons commencé à tout réécouter et il y a des chansons qui sont surper mais qui n’avaient pas leur place sur Explositive, ce qui ne signifie pas qu’elles étaient moins bonnes. Il faut avoir une certaine cohésion sur un album. Nous sommes en train de tout sélectionner, en local de répétition, testons de nouvelles choses…

Mike: Comme tu l’as dit, nous n’avons pas vraiment de limites avec le crossover, ce qui est un vrai avantage.

Stefan : Et nous n’avons pas de plan quant à notre manière de composer… Un jour c’est Peter qui va jouer des percussions, un autre, la basse, le chant… Ca reste interssant parce que ce n’est jamais ennuyeux.

metal-eyes: Vous serez de retour en France en décembre, qui ne sera que votre seconde visite en France. Tout d’abord, que retenez-vous de votre première visite française, au mois de juin  dernier, lors du Download Paris ? C’était sur une des petites scènes…

Mike: Oui, sur une des petites scènes où nous tenions la tête d’affiche, ce qui était très bien pour nous parce que nous avions un des derniers créneaux avant que les grosses têtes d’affiches ne jouent sur les mainstages. Au moment où nous somes passés, personne d’autre ne jouait, et la tente s’est très vite remplie. Il y avait beaucoup plus de monde que même les promotteurs du Download ne l’avaient envisagé. Tout le monde était très content. Dès que nous sommes montés sur scène, il y a eu une intensité… Comme si le public nous attendait. Nous ne  nous attendions à rien… Nous ne savions pas à quoi nous attedre n’ayant jamais joué en France !On savait que ce serait un festival sympa, avec une affiche cool… Ca ne pouvait pas être mauvais. Nous sommes arrivés sur scène et les gens se sont mis à chanter nos chansons. Nom de Dieu ! Même moi je ne connais pas toutes nos paroles ! Les gens qui faisaient du crowdsurfing, ceux dans des déguisements dingues, l’interaction avec le public, les circle pits, les wall of death… On a eut droit à tout ! Et il semblait qu’il y avait une telle connexion avec le public que nous avons eut peu d’effort à faire… Le contact avec Junes, c’était son second concert, a été top. Tout le monde a été ravi de notre prestation, et c’est réciproque.

metal-eyes: Maintenant que vous savez que le public français peut-être dingue, comment vous préparez-vous pour vos prochains concerts chez nous ?

Mike: On va faire un mélange : il y aura de nouvelles chansons, des « classiques de toujours » – il y a des chansons que nous devons jouer, sinon nous aurons des problèmes – et il y a plein de choses que nous n’avons pas jouées depuis des années. Concernant le show, ce ne sera pas un simple concert d’un groupe qui interprète ses chansons… Ce sera… Je ne veux pas dire « interactif » parce que ça peu faire frimeur,  mais ce sera plus une fête : que les gens ne viennent pas seulement assister à un concert, mais qu’ils viennent s’amuser, danser, s’éclater – ne vous faites pas mal, svp – et ils partiront, ils faudra que ce soit comme après une super séance d’amour : ils devront être épuisés…

Stefan : Fumer une clope, c’est ce que tu veux dire ? (rire)

Mike: Fumer une cigarette, oui… Mais il faut surtout qu’ils soient satisfaits…

metal-eyes: Vous porterez vos costumes traditionnels ?

Mike: Oui, oui…

metal-eyes: Parce que l’affiche de la tournée vous montre sans vos costumes…

Mike: C’est exact ! ça a été un sujet de promotion… Au début, nous ne portions nos costumes que le temps d’une ou deux chansons en concerts, pour les rappels. Et les gens les ont tellement réclamés que nous avons décidé de les mettre pour tout le concert. Mais nous n’avons jamais fait de session promo avec ces tenues. Des videos, oui, mais pas de photos ! Nous en avons jamais eu besoin. Mais en avançant, nos promoteurs nous ont demandé des photos « maintenant ». Les meilleurs clichés que nous ayons pu leur fournir étaient ceux des sessions noir et blanc de Secondhand wonderland, sans les tenues traditionnelles. Mais dorénavant, vous nous verrez uniquement avec nos tenues traditionnelles…

Stefan : Ca a plus été dû au manque de temps, car les concerts ont été mis sur pied assez rapidement. Les gens devraient venir, comme ça ils pourront prendre des photos de nous en costumes !

metal-eyes: Quel a été votre premier choc musical, le groupe ou l’artiste qui vous a fait dire « voilà ce que je veux faire plus tard » ?

Mike: J’avais 11 ans, et j’ai vu un concert d’Iron Maiden. Ça a tout changé, je me suis dit « merde ! C’est ce que je veux faire plus tard ». 15 ans plus tard, je me retrouve à partager la scène avec ces gars ! Nous sommes arrivés à ce stade où nous partageons la scène avec ces grandes vedettes, ces groupes qui nous ont influencés, donné envie de jouer de la musique. Vraisemblablement, nous avons fait quelque chose de bien dans le passé.

Stefan : Il n’y a pas eu un moment en particulier… J’ai grandi, plus ou moins avec ça. Ce qui est intéressant, c’est que dans la famille rock/metal, c’est aussi Iron Maiden… Je possède tous les albums en cassette – je ne sais pas s’il y a beaucoup de gens qui savent ce que c’est qu’un lecteur cassettes !

metal-eyes: Quelles pourrait la devise de Kontrust ?

Stefan : « Tout est permis ! »

Mike: « Drugs, sex and Lederhosen ». Ce sont les pantalons traditionnels que nous portons sur scène.

metal-eyes: Quelle a été la question la plus intéressante, surprenante qu’on vous a posée aujourd’hui ?

Mike: … Il y a eu une question similaire…

metal-eyes: Quelqu’un a piqué ma question ?

Mike: Non, non, c’était quelque chose du genre : « quelle est la pire question qui vous ait été posée »…

Stefan : Il y avait cette question au sujet du groupe… Comment était-elle tournée ?

Mike: … Je crois que c’était quelque chose comme « quel groupe a influencé Kontrust mais vous ne l’avouerez jamais » ?

Stefan : Oui, oui, c’est ça !

Mike:  C’est une question piège mais je pense que quiconque joue de la musique trouvera quelque chose dans son répertoire qu’il souhaite ne pas dévoiler ! En ce qui me concerne (il chuchote), c’était Boney M. Mais j’étais jeune, je ne connaissais rien d’autre ! Et au final… Rivers of Babylon ? Un classique !

Stefan : Un classique du metal !

metal-eyes: Bonne chance avec vos prochains concerts français, je rappelle que vous serez à Paris, Strasbourg et Lille entre le 12 et le 14 décembre.

Mike: Merci beaucoup de nous avoir reçus