Interview: LITTLE CEASAR

Interview LITTLE CEASAR : entretien avec Ron Young (chant). Propos recueillis au téléphone le 9 septembre 2021

Metal-Eyes : Ron, pour te dire la vérité, je n’ai absolument pas eu le temps d’écouter votre nouvel album. Mais… il n’y a pas de nouvel album !

Ron Young : Il n’y a pas de nouvel album ! le plus récent date de 2018. Si nous avions eu cette conversation plus tôt, nous aurions pu avoir l’impression d’une sortie plus récente (rires). Mais malheureusement, tout s’est ligué pour transformer les choses en un vrai bordel. Nous tentons de reprendre où nous en étions, jouer dans des villes comme Paris où nous n’avons jamais joué, et continuer de réfléchir à un nouvel album, sortir une vidéo. Mais nous sommes un groupe quelque peu différent en ce sens que nous ne sortons pas nos albums sur un label pour le travailler 8, 10 semaines très intensément pour mieux l’oublier ensuite, on balance encore plein d’argent au groupe pour retourner en studio, composer, enregistrer… Nous faisons les choses à notre rythme, comme nous les sentons. Il y a plein de groupes aujourd’hui qui refusent d’enregistrer un nouvel album parce que ça leur cout trop cher et que personne ne les écoute. Ca me parait un peu manquer de respect, jouer de la musique pour de mauvaises raisons. Mais nous, ça nous démange d’y retourner, de pouvoir rejouer, maintenant que nous nous sentons un peu plus protégés, et que nous avons envie de retrouver notre créativité. Ressortir et nous rappeler pourquoi nous faisons les choses, et pour qui nous les faisons, dissiper le brouillard de l’an dernier, retrouver de cette magie qui se produit lorsque tout le monde se retrouve pour soutenir la musique live. C’est vrai, c’est magique…

 

Metal-Eyes : Puisque tu parles de musique, vous étiez censés lancer votre tournée européenne au Raismesfest qui a été annulé.

Ron Young : Oui. Nous avons toujours su que ce concert était « avec des si », parce qu’il y a tant de bureaucratie, de protocoles, des règles sanitaires que c’était très compliqué pour eux de tout mettre en œuvre logistiquement pour que le festival se tienne. C’est une des raisons pour lesquelles un grand nombre de groupes étirent leurs tournées. Nous avons la chance d’être « une unité commando » (rires). Nous pouvons jouer dans un club et passer sous les radars. Ce n’est pas comme jouer dans une salle plus grande qui a plus de liens avec les politiques et les autorités, qui attirent plus de regards, les règles peuvent changer, tout le monde doit avoir un pass sanitaire ou être testé sinon la salle peut être fermée, la licence retirée. La plupart des lieux où nous jouons n’ont pas ces contraintes. On joue underground, dans des petites salles, on ne voyage pas avec d’autres personnes qui pourraient être testées positives. Il y a une sorte de bénéfice à être les premiers à retrouver la route après la pandémie, et c’est ce que nous faisons. Un autre concert a été annulé en Belgique, à cause d’inondations. Des inondations qui sont le résultat du non changement climatique, c’est ce que disent certains de mes compatriotes… Certains Américains voudraient nous faire croire qu’il n’y a pas de changement climatique, et que cette pandémie n’existe pas.

 

Metal-Eyes : Donc, pour eux ce ne sont encore que des « Fake news »

Ron Young : Exactement. « Ne croyez pas ce que vous voyez, croyez ce que nous disons… » Donc, un des clubs où nous devions jouer a été très endommagé par ces inondations et ne pouvait pas être remis en état avant notre passage. En dehors de cette date et du festival, toutes les autres sont maintenues. Et tu sais quoi ? On prend les choses comme elles viennent, un jour à la fois. On verra ce qu’il se passe.

 

Metal-Eyes : C’est votre première fois en France ?

Ron Young : Non, on a déjà joué dans le Nord, à Arras et… je ne sais plus, mais on n’a jamais joué à Paris. Jamais ! Nous sommes si impatients, c’est une de ces choses qui résultent de coïncidences qui nous ont empêché de le faire, mais là, nous avons vraiment insisté pour qu’on nous trouve un endroit où jouer. Ce qui se fait, nous jouons aux Etoiles.

 

Metal-Eyes : Une salle sympa, avec une petite scène…

Ron Young : C’est ce qu’on aime, le contact direct avec le public. Il parait que c’est un lieu sympa, ce qui compte ‘est la qualité du lieux, l’intérêt du public. Ne jamais avoir joué à Paris, c’est criminel !

 

Metal-Eyes : Justement, Little Ceasar sur scène, c’est quoi ?

Ron Young : Little Ceasar sur scène, c’est un groupe honnête, reconnaissant, émotif et puissant. Nous avons conscience de la magie qui peut s’opérer entre le public et le groupe, sa spontanéité, et nous souhaitons traduire cette reconnaissance car c’est grâce aux gens qui viennent chaque soir nous voir que nous existons. Pas le contraire. Avoir la possibilité de faire ce que nous adorons faire, entre personnes qui s’adorent, c’est unique. Après le concert, nous venons rencontrer le public et remercier chacun. Comment ça va fonctionner avec le Covid, je ne sais pas. Je pense qu’il va y avoir des arrangements. Mais c’est important pour nous que les gens sachent que nous leur sommes reconnaissants. Nous sommes des fans de musique avant d’être des musiciens. Nous sommes sincères, sur scène, simples, il n’y a pas de fumée, on ne tend pas le micro au public pour qu’il chante – parce que « je ne suis plus capable de chanter des notes aussi hautes » – pour flatter mon ego ou gonfler mon portefeuille… Il n’y a rien de tout ça. C’est un voyage musical.

 

Metal-Eyes : Tu viens de dire que vous êtes « un groupe de gars qui adorent le faire ensemble ». bien sûr nous ne parlons pas ici de sexe…

Ron Young : Mais si, d’une certaine manière ça l’est ! (rires) Du sexe aural – a u r a l, pas l’autre !

 

Metal-Eyes : Si je comprends bien, tous les 5, vous regardez dans la même direction ?

Ron Young : Tout le temps, oui. Et le champ de vision est large. Nous n’inventons rien, nous nous faisons plaisir. Nous avons grandi avec les mêmes repères musicaux et nous cherchons simplement à être Little Ceasar. Lorsque nous composons une chanson, nous voulons être respectueux envers les gens que nous admirons. Ce titre a des airs d’AC/DC ? C’est juste parce que nous sommes des fans d’AC/DC… On ne va pas chercher à dire le contraire.

 

Metal-Eyes : Revenons à la musique. Tu nous a dit à quoi nous attendre avec Little Ceasar sur scène, mais toi, comment imagines-tu le public parisien ?

Ron Young : Je n’en sais rien du tout…Nous avons joué dans des endroits tout petit, la sono est un peu suspecte, on en parle à notre manager, lui faisant part de nos doutes – « tu es sûr, ça craint rien ? » – et il nous répond que ç ava être la soirée la plus fun de la tournée. Ben ouais, c’est ça ! On monte sur scène, et il y a ce public qui est prêt à tout donner, qui est chaud, spontané, sans freins, et on oublie tout, pas de retour, trois spots mais on se souvient de ce concert. Alors, on n’a pas d’attentes particulière quand on monte sur scène, c’est notre boulot que d’obtenir un retour du public. J’ai grandi à Los Angeles et j’ai vu des groupes, vraiment, qui se demandaient pourquoi le public ne réagissait pas… Ils ne sont venus là que pour avoir un semblant de vie rock star, mais faire bouger le public ? Ce qu’ils voulaient c’étaient les filles, la dévotion des fans, et ils ont fait de cette vie un stéréotype… Mais, mec, si tu n’as pas de réaction du public, c’est parce que vous craignez ! Vous devriez retourner à votre local de répète et vous poser les bonnes questions.

 

Metal-Eyes : J’espère en tout cas que le public sera en nombre suffisant…

Ron Young : On vit une drôle d’époque. Les gens font attention, et 1/ les gens n’ont pas encore repris entièrement confiance et 2/ notre public est dans la tranche d’âge où les chiffres du Covid ne sont pas bons (rires) ! Mais on jouera pour 20 personnes de la même manière que pour 200.

 

Metal-Eyes : Quel pourrait être la devise de Little Ceasar ?

Ron Young : Ouh, waow ! (…) « On n’aurait pas pu le faire sans vous ». Ça inclus tout le monde, toi, le gars qui nous organise ces interviews (Olivier Garnier et Roger Wessier de Replica promotion), le proprio de ce bar… C’est une immense chaine où chacun joue un rôle.