ROYAL THUNDER: Wick

Hard rock, USA (Spinefarm, 2017)

Revival 70’s not dead! Royal Thunder, encore quasiment inconnu en France, propose sa quatrième production, Wick, taillée dans le rock psyché des années 70. A la fois simple et complexe, ce  disque mélange avec brio les influences variées. Ca va de Patti Smith à Black Sabbath, en passant par le rock engagé de la fin des années 60. Burning trees est une introduction lente et lourde, presque doom, qui contraste avec les guitares claires de April showers ou la rapidité d’un Tied tandis que le mid tempo Plans, sur fond de guitares acoustiques et de batterie lourde, offre une alternance à des titres plus rock – le rapide et colérique The sinking chair et le direct Anchor. Non content de proposer un album varié et efficace, le quatuor d’Atlanta se distingue également par l’excellence de l’instrumentalité et de la voix rauque, étouffée, puissante et parfois douce de Mlny, qui place, semble-t-il, l’amour au cœur de ses paroles (Tied, We slipped, Plans…) quand elle n’est pas, comme les guitares déterminées, enragée et hargneuse (April showers). Wick est un album certes vintage mais également difficilement descriptible et qui ne peut être classé que dans la catégorie Rock. S’il est un peu difficile de tenir sur la longueur, on saura apprécier chaque chanson à sa juste valeur, rasade par rasade. Une belle découverte qu’on attend de voir live!

Note: 7,5/10

 

interview: ROYAL THUNDER

Entretien Royal Thunder. Rencontre avec Josh Weaver (guitare). Propos recueillis à Paris le 22 février 2017

C’est dans le cadre feutré d’un hôtel parisien, qui naguère servit de studio lors de certaines session photo pour un magazine de charme français (les plus perspicaces auront deviné lequel…) que Josh Weaver, guitariste et fondateur de Royal Thunder est venu présenter Wick, nouvel album des Américains.

 

Royal Thunder 220217

Metal-Eyes : Tout d’abord, il s’agit de notre première rencontre, et je découvre Royal Thunder. Je sais que vous avez déjà sorti 4 albums, mais guère plus. Peux-tu raconter l’histoire du groupe ?

Josh Weaver : Oui, bien sûr. Le groupe a débuté sous la forme d’un trio instrumental. J’ai joué dans des groupes plus heavy, extrêmes, et j’en ai eu assez, j’avais envie de faire quelque chose de différent. Donc nous avons commencé, avec mon frère et mon meilleur ami, ce projet instrumental, vers 2004/2005. J’ai écrit différentes choses, ce qui sortait, sans chercher à composer dans un genre ou un autre. J’ai simplement laissé sortir ce qui venait. Puis les gens sont venus nous voir et j’ai réalisé que je voulais sérieusement continuer dans cette voie. Je me suis donc mis à la recherche du line up « correct », ce qui a pris un peu de temps mais j’y suis arrivé. Et depuis, c’est notre histoire. Il y a eu quelques changement entre le Ep et CVI, et ensuite.

Metal-Eyes : Votre biographie te cite ainsi : « Wick est différent, mais c’est toujours nous ». en quoi est-ce un album différent ?

Josh Weaver: On a évolué. Nous sommes devenus des musiciens différents, grâce au tournées et au voyages, et jouer live nous a permis d’avoir plus confiance en nous. Tu sais, nous avons vécu un peu plus sur cette Terre et acquis un peu plus d’expérience, et cela se erssent certainement dans notre musique.

Metal-Eyes : Mlny déclare aussi que Wick « a été le plus dur à faire ». Qu’est-ce qui a rendu les choses si difficiles ?

Josh Weaver : Je crois que chaque album est difficile à réaliser. On dit ça, oui, mais on y tient tant… Quand il s’agit de musique, nous ne faisons aucun compromis, nous y mettons notre sang, notre sueur et nos larmes, alors… Comme toujours, tu sais, si tu fais quelque chose qui te tient à cœur, qui va porter ton nom pour le reste de tes jours, ça va être un combat, difficile. Parfois, il faut repousser les limites, mais à la fin, ce que tu en tires est géant. Nous avons travaillé très dur sur ce disque, ça  a parfois été difficile, mais nous sommes très satisfaits du résultat. Travailler durement paye et nous ne pourrions célébrer quelque chose si ce n’était exactement ce que nous voulions.

Metal-Eyes : Donc ce disque est à l’image de ce que vous souhaitiez ?

Josh Weaver : Oui.

Metal-Eyes : Qu’avez-vous mis dans cet album ? Je l’ai écouté et j’entends beaucoup d’influences rock 60’s, de la country, un peu de psyché et du Black Sabbath toute époque confondue. Quelles sont vos influences ?

Josh Weaver : On en a beaucoup… On ne parle jamais vraiment de ce qu’on veut, en général, nous nous installons dans une pièce et commençons à jouer. Nous n’avons jamais cherché à sonner comme quiconque. A part Evan, qui est plus jeune que nous, Nous avons tous grandi dans les années 80 et 90, qui nous ont influencés. C’était une période très créative, vraiment un grand moment pour la musique. Et grandir à cette époque où la musique était si créative et unique, j’ai eu la chance de pouvoir en être témoin. Je ne crois pas que l’époque actuelle soit aussi créative.

Metal-Eyes : Il y a un grand retour au son des années 70, aujourd’hui…

Josh Weaver : Oui, exactement. Il y a beaucoup de choses avec ces deux décennies, et oui, je crois qu’elles influencent beaucoup la musique aujourd’hui. On aime tous les types de musiques, tu sais. En général, j’arrive avec la structure de base d’une chanson, je la joue pour tout le monde et, ensuite, chacun ajoute sa touche. Je ne dis pas qui doit jouer quoi. Chacun compose et écrit ses parties, ce qui apporte un super mélange de sons… Quand tu as 3 ou 4 personnes qui ajoutent leurs parties… Chacun se respecte, on n’a même pas besoin d’en parler. C’est si génial de découvrir le résultat ensemble. Même si tu as une idée et que tu commences à écrire en studio, tu commences à jammer et chacun apporte son truc… c’est vraiment un processus particulier, un super sentiment.

Metal-Eyes : Comment expliquerais-tu l’évolution du groupe entre vos deux derniers albums, Crooked doors et Wick ?

Josh Weaver : Encore une fois, le fait de jouer live nous a vraiment permis de découvrir ce que nous voulons en tant que musiciens. Je trouve que nos chansons – et nous n’y avons pas du tout songé – sont plus courtes, elles respirent mieux, elles sont plus ouvertes et vastes que sur Crooked doors. Au lieu d’écrire une chanson de 8’, on prend quelques idées et on fait une chanson de 4’. On a le même résultat sans avoir besoin d’autant de temps pour le faire.

Metal-Eyes : Vous allez droit au but…

Josh Weaver : Exactement, tout en sachant exactement comment atteindre notre objectif. Ça aussi, c’est le résultat de plus d’expérience, jouer live… Tu peux t’exercer autant que tu veux dans ta chambre, jouer live est si différent.

Metal-Eyes : Pour ceux qui vont découvrir Royal Thunder, comment décrirais-tu votre nouvel album ?

Josh Weaver : Je dirais que c’est sans d’aucun doute un album de rock alternatif… C’est une sorte de bande originale de la vie : il y a des passages durs, d’autres doux. Quand j’écris, que nous écrivons, il y a un tableau entier que nous voulons peindre, et il y a toute une histoire derrière cet album. Et une histoire derrière chaque chanson.

Metal-Eyes : Bbien que ce soit un  tout, si tu devais ne retenir qu’une chanson pour décrire à quelqu’un qui vous découvre ce qu’est Royal Thunder, quelle chanson retiendrais-tu ?

Josh Weaver : (Il réfléchit longuement) Elle est difficile celle-là…

Metal-Eyes : J’aime bien la poser…

Josh Weaver (rires): Je ne sais pas, je dirais peut-être April showers qui représente bien l’album. Le premier titre du disque est sans conteste un morceau assez représentatif du reste. Lun ou l’autre, Burning trees ou April showers

Metal-Eyes : Parlons de la pochette: qui en est l’auteur?

Josh Weaver : Nous avons travaillé avec un artiste avec qui nous avons communiqué à différentes reprises. Nous lui avons envoyé des idées tirées de pochettes qu’on adore et lui avons demandé de s’en inspirer. On avait déjà des compositions, Mlny lui a envoyé quelque textes, avec des explications… Tu sais, l’idée de Wick, la mèche qui ‘nest pas allumée, tu tiens une flamme dans une main, la mèche dans l’autre qui ‘n’attend que d’être allumée. Je crois qu’avec toutes ces indications, nous avons pu obtenir une illustration qui corresponde bien à ce que nous voulions et représente bien l’album, également.

Metal-Eyes : De quoi traitent les paroles? De prime abord, j’entends beaucoup de sentiments et d’amour dans les textes. Sur des chansons comme Tied, We slipped ou encore plans…

Josh Weaver : Elle (Mlny) écrit les textes et nous lui accordons toute notre confiance en tant qu’auteure. En réalité, on ne s’intéresse pas au contenu. Elle a expliqué avoir envisagé cet album du point de vue de l’auditeur, afin que chacun puisse avoir sa propre interprétation, en fonction de sa vie, de son vécu.

Metal-Eyes : Vous avez joué deux fois en France, la première fois en octobre 2013 et ensuite au Hellfest en juin 2014, quelques mois plus tard. Ce n’est pas vraiment assez pour pouvoir vous faire connaitre ici. Pensez-vous tourner de manière plus intensive afin d’asseoir votre réputation ?

Josh Weaver : Absolument, oui. Nous prévoyons de revenir cette année et organiser une tournée cet automne, d’autant plus avec la sortie de l’album. C’est vraiment très important. Une tournée commence en avril aux USA, donc l’Europe sera pour après.

Metal-Eyes : Comment considères-tu votre situation aux USA et en Europe ?

Josh Weaver : On fait notre truc, et nous frayons un chemin album après album. Nous avons une équipe que nous avons construite et qui nous soutiens, ce qui explique aussi que nous soyons ici, face aux médias. Nous ne sommes pas venus en Europe aussi souvent que nous le souhaiterions, et c’est important pour nous autant que pour le label de vous rencontrer, nous présenter et rappeler que nous existons. Maintenant, nous attendons la tournée. Aux USA, on grandi aussi, on tourne et grimpons les marches une à la fois.

Metal-Eyes : Une dernière chose : en tant qu’Américain, quelle est ton opinion concernant ce qui se passe chez-vous en ce moment, votre nouveau président et sa façon d’agir ?

Josh Weaver : Nous en parlons mais ne nous impliquons pas. La seule chose que je dirais, c’est que ce qui est dommage, c’est que les gens s’emportent tant à tel ou tel sujet, qu’ils transforment leur vision des Américains, ou, plus simplement, des gens. On se rend compte à quel point la politique peut corrompre les relations entre les gens. Nous, on emmerde la politique, ce qui nous intéresse, c’est de jouer du rock, de nous rassembler et communier autour de la musique. Nous ne sommes que des êtres humains, alors aimons nous, c’est tout. Les gens veulent tellement se focaliser sur l’aspect négatif des choses… Vivez, simplement et aimez la vie ! Écoutez de la musique et amusez-vous !

Metal-Eyes : Eh bien ce sera le mot de la fin ! Bonne chance avec votre album en tout cas !

Josh Weaver : Merci vraiment pour ton temps et à bientôt !