Interview: NOVA TWINS

Interview NOVA TWINS. Entretien avec Amy Love (chant, guitare) et Georgia South (basse). Propos recueillis à la Taverne de l’Olympia à Paris le 8 août 2019.

Trois heures à peine avant de monter sur la scène de l’Olympia, les deux membres fondatrices de Nova Twins accordent quelques interviews au sous sol d’un bar situé juste derrière la mythique salle. Un cadre agréable, au frais pour une courte rencontre plus que sympathique.

 

Metal-Eyes : C’est la première fois que nous nous rencontrons, je vais commencer par une demande habituelle : quelle est l’histoire de Nova Twins ?

Amy Love : Ca fait longtemps que nous sommes amis… Je suis allée au collège avec le frère de Georgia, sa famille m’a en quelques sortes adoptée

 

Metal-Eyes : C’est ce que je me disais,  vous êtes jumelles, mais vous ne vous ressemblez pas…

Georgia South : Exactement ! (rires)

Amy Love : Voilà ! On a toujours joué de la musique ensemble mais sans réellement monter un groupe. Parfois Georgia jouait mes chansons, parfois je jouais ce qu’elle composait. Un jour, nos projets respectifs semblait atteindre leurs limites et on était toujours fourrée l’une chez l’autre. Un jour, on s’ennuyait, et on s’est simplement dit « Ecrivons une chanson ». C’est ce que nous avons fait. C’était il y a 5 ans environs. (A Georgia) : tu avais ta basse, tu jouais quelque chose de groovy, j’ai ajouter un riff qui déchire, (à moi) et on a commencé à chanter l’air de Bad bitches, qui est devenue notre première chanson. Notre voyage a commencé ainsi, on est devenu un groupe à ce moment là.

 

Metal-Eyes : Un groupe de 2…

Amy Love : Ouais !

Georgia South : A cette époque, on était 2 et une boite à rythme. Maintenant, on a un batteur.

 

Metal-Eyes : D’après ce que j’ai pu lire, vous mélanger punk, hip-hop et autres influences. Comment décrirez-vous votre musique à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

Georgia South : Oh, bonne question… Je ne sais pas trop, c’est du Nova sound… On mélange rave, rock, pop, punk. C’est heavy, mais pas que ça

 

Metal-Eyes : J’en ai quelques unes…

Amy Love : Il y a des riffs heavy, avec un chant assez dingue, perché. C’est juste un mélange de différents sons.

Georgia South : Avec beaucoup de groove, très entraînant.

 

Metal-Eyes : Votre musique est très énergique, mais votre look semble très important aussi. Etes-vous influencées par Shaka Ponk ou (à Georgia) la reine Amidala dans Star Wars ?

Georgia South : La reine Amidala ? Non ! Je ne suis pas fan de Star wars en fait ! Pourquoi ? Je ressemble à la reine Amidala ?

 

Metal-Eyes : Regarde les photos, avec ses coiffures et maquillages.

Georgia South : Quand j’étais à l’école primaire, un garçon m’avait dit que je ressemblais à Jar-Jar Binks. J’ai dit OK, mais je ne connaissais rien à Star Wars.

 

Metal-Eyes : Tant que tu n’es pas stupide comme lui… Votre look est important, mais quelle importance lui accordez-vous dans votre performance scénique ?

Georgia South : On aime se sentir à l’aise, alors on porte les vêtements dans lesquels nous sommes à l’aise et qui ressemblent à notre musique.

Amy Love : Très colorés, un peu DIY. On les fait nous-mêmes.

 

Georgia South : Au début, on n’avait rien à se mettre, alors on a pris un T Shirt, une bombe de peinture et on l’a peint. Ca ressemblait un peu la cellule de notre vidéo, Devil face. On ressemblait à un mur (rires) !

 

Metal-Eyes : J’espère que vous ne ressemblerez pas aux murs ce soir ! Quelles sont vos principales influences musicales ?

Amy Love : Nos goûts sont très variés. Il y a des choses que nous aimons toutes les 2, du RnB, Missy Elliot, on aime beaucoup la nouvelle scène féminine. J’ai grandi dans une ville qui s’appelle Essex où il y avait de tout : du rock, de la pop, du garage, de la dance, des choses comme MC5, du punk, les New York Dolls, Deep Purple. Plein de choses plus modernes aussi…

Georgia South : Je partageais en quelques sortes un ipod avec mon frère. Il y avait des choses comme Eminem, Kayne West, Missy Elliot, Justin Timberlake. Tout ça, mélangé, nous a permis de créer le son qui est le notre.

 

Metal-Eyes : Donc une sorte de mélange entre le groove, le rythme et l’énergie ?

Amy Love : Oui, avec ce « swag » qui caractérise le hip-hop.

Georgia South : Si on peut danser dessus…

Amy Love : Il y a la lourdeur de certaines tonalités qu’on utilise, mais on veut pouvoir chanter et danser dessus.

 

Metal-Eyes : Y a-t-il des sujets que vous privilégiez et d’autres, au contraire, dont vous ne souhaitez pas traiter dans vos chansons ?

Amy Love : Ah, ah ! C’est une bonne question !

 

Metal-Eyes : Je t’ai dit que j’en avais quelques unes…

Amy Love : En gros, on parle de  nos expériences, de ce que nous vivons. Parfois, de ce qui nous inspire au cinéma, comme ce fut le cas avec le film Thelma et Louise qui nous a bien marquées..

 

Metal-Eyes : Justement, c’est le titres d’un de vos Ep, alors qui est Thelma et qui est Louise ?

Georgia South : On avait dit quoi ?

Amy Love : Euh… tu es Thelma…

Georgia South : Je suis Thelma ? On s’en fout…Je ne sais plus.

 

Metal-Eyes : Tant que vous ne finissez pas comme elles…

Amy Love : Non ! On parle de ce que nous avons vécu, deux filles qui ont grandi à Essex. On ajoute ça à l’énergie de notre ressenti dans notre musique, on parle de ce qui est arrivé. On ne parlera pas de choses trop personnelles, de détails, mais on peut aborder le sujet d’un point de vue musical

Georgia South : On ne parle jamais de nos peines de cœur ou de victimisation. « Oh, ce gars m’a brisé le cœur, le méchant ». Non, ce serait plutôt : « Putain, on va le flinguer cet enfoiré ! »

 

Metal-Eyes : C’est un peu plus punk.

Amy Love : On pourrait écrire une chanson d’amour tordu aussi…

 

Metal-Eyes : Vous avez récemment joué au Hellfest, quels souvenirs en gardez-vous ?

Amy Love : 22.000 personnes en face de nous, et c’était épique (elle affiche un large sourire)

Georgia South : Tant de monde, et on jouait à 11h30. On n’attendait rien, en fait… On jouait si tôt, les gens devaient encore cuver… On s’est retournées et il y avait cet océans de gens, cette marrée humaine, on ne pouvait voir le fond… Cette énergie qu’ils nous ont apportée, on l’a vraiment sentie et appréciée. C’est étonnant à cette heure là, le public est vraiment impliqué.

 

Metal-Eyes : Ce qui me surprends, c’est que la plupart des groupes avec lesquels je parle et qui ont joué tôt au Hellfest ont l’air étonné de voir autant de monde le matin. Or, au Hellfest, depuis quelques années, le public est matinal et se fait de plus en plus nombreux.

Georgia South : Et ça, c’est super.

Amy Love : Je crois aussi qu’il y a cette attitude, en France, ce comportement envers la nouveauté. Les gens semblent très ouverts à la découverte de nouveautés. Alors ils se lèvent et viennent découvrir.

 

Metal-Eyes : Crois-tu qu’il s’agisse simplement du fait que les gens sont curieux de découvrir de nouveaux groupes, ou qu’ils ont envie de voir un nouveau groupe composé de filles ? Un peu sexiste comme question, mais ça peut jouer…

Amy Love : Je crois qu’il y a un peu des deux, c’est vrai.

Georgia South : Nous sommes vraiment minoritaires à l’affiche, il y a peu de femmes. Ca joue certainement, en effet…

 

Metal-Eyes : Vous avez pu rencontrer des fans et discuter après ?

Georgia South : On a dû partir juste après… On avait un avion à prendre. On voulait tant voir certains groupes, discuter avec le public, rester et profiter de l’ambiance…

 

Metal-Eyes : Comment vous êtes-vous retrouvées à l’affiche de ce soir, avec Prophets Of Rage ?

Georgia South : On a joué avec eux il y a deux ans au Zénith à Paris, Nous sommes restés bons amis, Tom Morello nous a invitées pour sa tournée solo aussi au Royaume-Uni.

Amy Love : Ils sont super encourageants, ils nous soutiennent vraiment

Georgia South : Ils ont toujours été derrière nous. C’est super !

 

Metal-Eyes : Une dernière question : quelle pourrait être la devise de Nova Twins en 2019 ?

Les deux : La devise ? Waow…

Amy Love : En 2019 ?

Georgia South : « Continue d’avancer »

Amy Love : Oui : « débarrasse toi de ce qui t’emmerde et continue d’avance »

 

Metal-Eyes (à Georgia) : Je préfère ta version, elle est plus élégante ! (rire général)

Amy Love : Je ne suis pas très élégante, désolée ! (rires)

 

Metal-Eyes : Merci pour ces instants, et je vous vois tout à l’heure sur scène.

Georgia South : J’adore cette salle, il faut que je la voie plus…

 

Metal-Eyes : Tu dois y retourner, maintenant… Vous avez votre sound-check

Amy Love : Oui, on y va. Merci à toi, à tout à l’heure !

 

 

 

PROPHETS OF RAGE live à l’Olympia le 8 aôut 2019 (avec Nova Twins)

C’est un concert exceptionnel à plus d’un titre auquel je me rends ce soir: 1/Prophets Of Rage revient en France sans grosse campagne de com’, et 2/ un concert de cette envergure en plain mois d’août, c’est rare! Et franchement, en cette période estivale, seconde semaine du mois où Paris est la plus vide de l’année, ben… l’Olympia est complet ou presque.

Après un petit moment de doute (les photographes accrédités ne seront pas autorisées à rester après les 3 premiers titres de POR) vite réglé par l’ami Roger, nous découvrons les Anglaises de Nova Twins qui avaient  déjà ouvert pour Prophets au Zénith de Paris il y a moins de 2 ans, le 10 novembre 2017 et qui se sont fait remarquer lors de leur passage au dernier Hellfest, jouant tôt face à plus de 20.000 spectateurs. D’autres les auront déjà vues en 2017 au Zénith de Paris en ouverture de… Prophets Of Rage. Seraient-elles devenues, en quelque sorte, les protégées des Américains? Et si j’ai pu apprécié la surprenante courtoisie et gentillesse des deux jeunes femmes qui se réclament, entre autre, du punk au cours d’une interview deux heures plus tôt (à découvrir bientôt), je n’ai pas encore eu l’occasion d’écouter leur musique.

Georgia South (basse) et Amy Love (chant et guitare), accompagnées d’un discret batteur, montent sur scène habillées d’une improbable tenue vert fluo. Concentrées au départ, les filles proposent un rock électro groovy à la fois dansant et hargneux. Un style qui emprunte autant au funk qu’au rock, au heavy ou au punk. Indéfinnissable, la musique de Nova Twins est à l’image de ses musiciennes: un ovni indéfinissable.

 

Annoncés à 20h50, Prophets Of Rage ne démarre finalement son concert que 15 bonnes minutes plus tard. Et c’est DJ Lord (Public Enemy) qui se charge de chauffer le public avec un set… de DJ rappant et scratchant sur divers airs du metal ou US et populaires (de l’hymne américain à Slayer en passant par La marche impériale de Star Wars). Mais que cette intro est longue! 20 bonnes minutes qui finissent par lasser et laisser penser que le groupe ne fait que rogner sur le vrai temps de jeu. Car le public attend tout un groupe, et certains commencent à siffler cette trop longue prestation.

Enfin, la salle est replongée dans le noir pour accueillir Prophet Of Rage dont les musiciens se postent devant la scène, poing levé à la manière de Tommie Smith et John Carlos. Mais personne, ce soir, ne disqualifiera B-Real (Cypress Hill, en survêtement, comme à la maison…), Chuck D (Public Enemy), Tom Morello et Tim Commerford (Rage Against The Machine, Audioslave). Puis la machine se met en branle et les gaillards s’énervent, font sauter un Olympia qui se transforme rapidement en un gigantesque trampoline tant le sol bouge et rebondit.

Si le groupe avait retourné le Zénith deux ans auparavant, il est sur le point de faire de même ce soir. L’efficacité de la setlist imparable fait son oeuvre. Setlist sont on pourra simplement remarquer que 8 titres au minimum sont identiques à celle d’il y a deux ans (dans le désordre: Testify, Living on the 110, Fight the power, Unfuck the world, Guerilla radio, Know your enemy…).

La recette est efficace, un medley en milieu de set permet de caser d’autres titres… Un gimmick que l’on retrouve parmi d’autres comme ce message plaqué derrière la guitare de Morello (pour la France c’est « Soutenir les gilets jaunes », pour les autres pays, ce sera quoi?) L’énergie est présente, l’entente entre musiciens parfaite. On ne regrettera finalement que ce manque de communication avec le public, communication qui aurait pu transformer cette soirée en communion. Mais on ne chipotera pas plus loin, tant ce concert fut explosif de bout en bout.

Le groupe prend congé sur l’indispensable Killing in the name of (bon sang, que c’est encore d’une cruelle actualité!) avant de revenir pour un unique rappel avec le non moins incontournable Bombtrack. Prophets Of Rage n’est pas prêt à dire son dernier mot, c’est une évidence!

 

Merci à Gérard Drout Production et à Roger Wessier (Replica promotion) d’avoir rendu ce report possible