SABATON: The war to end all wars

Suède, heavy metal (Nuclear Blast, 2022)

Séance de rattrapage… Après sa très belle prestation au Hellfest, sans doute est-il temps de se replonger dans le dernier album de Sabaton, The war to end all wars, paru en mars dernier. Privés de concerts pendant deux ans, les Suédois ont mis à profit ce temps subi pour donner une suite à The great war en explorant plus encore les noirceurs de cette guerre censée être la dernière… On remarquera la pochette et son soldat – sans doute le même qui figurait déjà, vivant, sur celle de The great war, mort, un journal annaonçant la fin de la guerre… En dix chansons, le groupe résume les moments phare de la grande guerre: démarrant avec Sarajevo qui conte l’assassinat de l’archiduc d’Autriche, moment déclencheur des hostilités jusqu’à la signature du traité de paix à Versailles, ce sont ces 5 années sombres qui sont revisitées. Sabaton utilise les recettes habituelles, celles qui font qu’on reconnait immanquablement son son, son style. Seulement, si c’est toujours efficace et très bien produit, il n’y a guère de prise de risque. La mise en son, le rythme, les refrains, tout est impeccable mais on arrive à ce stade où le groupe, pour avancer, va devoir se réinventer afin de ne pas lasser l’auditeur. Se réinventer tant musicalement que dans les thèmes abordés sans doute, même si la guerre restera au centre du propos du groupe. Si quelqu’un découvre Sabaton avec cet album, nul doute qu’il sera séduit. Ceux qui suivent les Suédois depuis quelques temps le sont sans doute un peu moins. Le résultat est cependant celui qu’on peut attendre, a minima, de Sabaton qui ne déçoit jamais et qui sait proposer des spectacles toujours renouvelés, eux. Un bon album, sans plus.

SABATON: The great war

Heavy metal, Suède (Nuclear Blast, 2019)

En quelques années, grâce à des albums impeccables et des concerts exemplaires, Sabaton s’est imposé comme un des fers de lance de la scène metal actuelle, ce malgré une carrière  qui voit la bande à Joakim Broden et Pär Sundstrom célébrer cette année son 20ème anniversaire. Force est cependant de reconnaître que les deux fondateurs ont pris la décision qu’il fallait en remodelant complètement le groupe avant l’enregistrement de Heroes. Depuis, Sabaton navigue de succès en succès et sa double prestation en roue de secours du Hellfest (on rappelle pourquoi?) ne fera qu’embellir encore l’aura des Suédois. Après avoir conté des épisodes de bravoures au cours de l’Histoire avec The last stand, Sabaton se plonge aujourd’hui, avec The great war, dans la première guerre mondiale. Toujours sur fond de ce metal joyeux, enjoué et entraînant, le groupe nous emporte dans ces sombres années de la grande guerre. The future of warfare, qui introduit l’album, déroute quelque peu par ses aspects lents et sérieux. Les touches plus prononcées d’électro – qu’on retrouve de façon plus importante que dans les derniers albums – y sont pour beaucoup. Heureusement, dès Seven pillars of wisdom – qui traite d’un certain Lawrence d’Arabie – on retrouve la recette qui fait mouche. La suite est une fête non stop composée de ces refrains imparables (The attack of the dead men et son refrain saccadé, Devil dogs et ses choeurs…) The red baron (de son vrai nom Manfred von Richtofen, pilote de légende) explore avec efficacité de nouveaux horizons et ses claviers typés orgue d’église et un rythme qui accélère subrepticement. L’album se conclue avec le mélancolique et lourd The end of the war to end all wars mais surtout avec le superbe chant In flanders fields. Une prière émouvante qui vient clore un album qui, sans conteste, divisera de nouveau; les anti vont le détester – il y en a encore, qu’ils passent leur chemin – les fans vont adorer – il y en a de plus en plus. La preuve? The great war est déjà entré dans les char(t)s mondiaux. On notera aussi, comme ce fut déjà le cas sur l’album précédent, la richesse des notes qui accompagnent chaque chanson. Alors pour le metal, le show et le fun: vivement le Zénith à Paris! Pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez retrouver l’interview que Joakim a accordée à Metal Eyes ici: Interview Sabaton

 

 

ROYAL REPUBLIC: Club majesty

Rock, Suède (Nuclear Blast, 2019)

Depuis ses débuts, Royal Republic est parvenu, avec chacun de ses 3 précédents albums, à surprendre ses fans avec des chansons foncièrements rock, entraînantes à souhaits, joyeuses et vivantes. Et le quatuor ne s’est jamais géné pour proposer des morceaux complètement déjantés (Underwear ou Full stream speed machine, sur We are the royal, Everybody wants to be an astronaut sur Save the nation ou encore People say I’m over the top ou Kung fu lovin sur Week end man, parmi d’autres). Avec leur nouvel opus, Club Majesty – qui aurait pu être le nom du groupe, grand bien leur a pris! – les Suédois réussissent encore à surprendre. En fait, tout est dit dans le titre. La notion de club est en effet prédominante tout au long des 11 nouveaux morceaux proposés, et cela dès Fireman & dancer, malgré le hurlement introductif d’Adam. Malgré l’omni présence de guitares, l’esprit disco domine. Celui des 70’s, pas celui de techno actuelle… Le dancefloor est en feu, et le titre suivant confirme l’orientation générale de l’album. Comment pourrait-il en être autrement quand on nomme une chanson Can’t fight the disco? Seulement voilà: Royal Republic a sans doute trop orienté ce nouvel album et si l’on reconnait sa marque de fabrique, un peu plus de rock direct aurait été bienvenu. On retrouve cependant tout au long de l’album les « gimmicks » propres aux Suédois: ce chant si particulier, ces guitares claires et saccadées, ces refrains qui tournent comme un manège, ces mélodies qui ne laissent pas de marbre. Royal Republic explore et tente, garde son identité même s’il se perd quelque peu dans son propos. A voir en live, car sur scène, le groupe est imbattable. Et c’est sans doute là que ces nouveaux titres prendront toute leur dimension.

BLUES PILLS: Lady in gold

blues pills 2016Suède, Hard rock (Nuclear Blast, 2016)

On en parle depuis quelque temps de ce Blues Pills, formation suédoise de hard rock un peu psyché et totalement inspirée par le rock des 70’s. Je ne découvre qu’aujourd’hui ce Lady in gold, le dernier album du groupe, paru à la fin de l’été 2016. Dès le départ, le charme de la voix grave de Elin Larsson fait son effet. Profonde, envoûtante, elle attire et séduit dès le morceau éponyme. Et dès ce premier titre un premier constat – pourquoi ne suis-je pas surpris? Origines, quand tu nous tiens – sur les influences. Oui, les années 70 sont omniprésentes sans qu’une once de nostalgie n’affecte l’ensemble. Blues Pills est parvenu à moderniser son son tout en conservant cet esprit un peu déjanté et défoncé – ce qui explique peut être une des seules faiblesses de ce disque, un anglais difficilement compréhensible. Mais surtout, les lignes de chant et les chœurs, sur les deux ou trois premiers morceaux, évoquent les compatriotes roi du disco, l’incontournable et inoubliable Abba, tout autant qu’elles s’inspirent sur l’ensemble de ce CD de la puissance soul d’une Aretha Franklin. La ballade I felt a chance, tout en sensiblité avec une simple voix et des claviers flirte avec la puissance d’un Rejection et ses « I’m running » haletants. Et l’on s’émerveille à l’écoute du solo sur Elements and things… C’est sans doute ce qui fait une des forces de Blues Pills, ne pas se contenter du rock mais aller puiser ailleurs et allier le tout dans un ensemble aussi hypnotique qu’entraînant. Un joli mélange qui émaille l’ensemble des 10 chansons de ce disque. Un joli moment de plaisir à partager.

Note: 8/10

 

BLACK STAR RIDERS: Heavy fire

Black Star Riders - Heavy Fire - 2017kHard rock, Irlande/USA (Nuclear Blast, 2017)

Avec Heavy fire, en bacs le 3 février 2017, Black Star Riders franchit le cap décisif du troisième album haut la main. Si l’on reconnait immédiatement le style du groupe plus qu’influencé par Thin Lizzy – rappelons que Black Star Riders fut à l’origine monté sous le nom de Thin Lizzy afin de rendre hommage au groupe de Phil Lynott et a changé de patronyme pour enregistrer son premier album. Cette influence est non seulement parfaitement assumée, elle est également parfaitement assimilée et intégrée. Ce Heavy fire est ainsi gorgé de ce blues si particulier. Les guitares de Scott Gorham et de Damon Johnson mettent en valeur le chant puissant, suave et de plus en plus proche du chant de Phil Lynott de l’ex-Almighty Ricky Warwick, encore réchauffé par l’ajout de choeurs soul (When the night comes in, Ticket to ride). En puisant autant dans les racines du rock (Testify or say goodbye, Who rides the tiger et son chant à la Billy Idol) que de celles du hard rock (Dancing with the wrong girl, Thinking about you could get me killed, Letting go of me, final entraînant et efficace), en incluant ballade irlandaise et mid tempo (Cold war love, True blue kid), Black Star Riders passe le cap mentionné plus haut avec brio. Un album remarquable d’efficacité et de simplicité, Heavy fire doit permettre aux irlando américains de franchir un nouveau palier.

Note: 8,5/10

Site internet: www.blackstarriders.com 

EPICA: The holographic principle

epica-2016Metal symphonique, Pays-Bas (Nuclear Blast, 2016)

Plus qu’une confirmation, The holographic principle, le dernier album d’Epica, est un aboutissement. Avec aujourd’hui 5 compositeurs dans le groupe, on aurait pu croire que les Bataves se disperseraient; il n’en est rien. Au contraire, on sent une plus grande maturité et une unité sans doute jamais atteinte par Epica dont les compositions sont riches, ingénieuses et percutantes. Variées, aussi. Avec des durées allant de moins de 3′ à plus de 11′ (Eidola et The holographic principle – a profound understanding of reality, respectivement en ouverture et en fermeture de l’album), Epica ne vise pas les radios. Le groupe cherche au contraire à ravir de nouveaux fans, en proposant des compositions à la fois familière et novatrices. En ceci, l’appel à de vrais instruments est remarquable car la différence avec les samples est nette. On retrouve certaines marques de fabrique d’Epica, les growls de Mark Jansen, la grandiloquence vocale de Simone Simons… En travaillant autour du thème de la réalité virtuelle (le principe holographique nous est expliqué par Mark dans cette interview), Epica continue dans la veine scientifique entamée plus tôt.  Sans être spécialement calibré pour séduire les radios, The holographic principle s’adresse au plus grand nombre, (on pense aux accents orientaux de A phantasmic parade, par exemple)en dépit d’une légère perte de vitesse à mi parcours (deux trois morceaux, à partir Divide and conquer) ou le morceau de cloture, sans doute trop long pour être vraiment digeste. une telle oeuvre aurait sans doute bénéficié d’un temps raccourci et Epica aurait certainement évité le côté parfois fouillis de la chose. Reste que ce The holographic principle est suffisamment varié pour qu’Epica ne perde pas l’auditeur en cours de route et que cet album remplit parfaitement son rôle: faire avancer Epica d’un grand pas.

Note: 8/10

Titre que je retiens: Tear down your walls