Interview Festival 666

Interview : Festival 666. Entretien avec Victor PÉPIN, propos recueillis le 3 juillet 2023

Juste avant de parler de la nouvelle édition du festival 666, peux-tu faire un retour sur la précédente édition de 2021 ? Quelles sont tes points de satisfaction, d’insatisfaction et autres ?

La précédente édition s’est déroulée en 2021 dans un contexte post covid. On était l’un des seuls festivals rock/metal à avoir été maintenu en France. On a eu un franc succès mais un succès tel que le festival a eu raison de ma Licence 1 en fac de droit. Le festival m’a demandé beaucoup de temps dans son organisation et j’ai dû redoubler ma licence 1. Mon but était aussi d’avoir un diplôme et ma place dans le cursus universitaire. J’ai décidé d’alléger le format du festival et de ne pas l’organiser en 2022 à part une soirée Off qui s’est déroulée le 19 août dernier au Crossroads, une salle à la Rochelle. On a accueilli Sick Of it All, Loudblast et Mobutu. De là, j’ai enfin pu passer en licence en fac de droit et on peut enfin organiser notre quatrième édition comme elle se doit.

Quelles sont tes satisfactions de l’édition 2021 ?

La première satisfaction est d’avoir réussi à réunir de nouveau tout ce petit monde. Les festivaliers n’avaient pas été en concert depuis deux ans, les artistes n’étaient pas montés sur scène depuis deux ans, donc on était super fiers de pouvoir réunir ces gens entre eux. C’était une belle communion, les artistes étaient émus d’être de nouveau sur scène et les festivaliers contents de sentir les basses faire vibrer leur corps, d’aller pogoter… On sentait que Cercoux était l’endroit où être en France le temps d’un week end. C’était vraiment génial !

J’imagine qu’une des insatisfactions c’est l’annulation en toute dernière minute de Phil Campbell…

C’est en effet la plus grande déception… Il a dû annuler la veille pour le lendemain son show pour cause de Covid. L’enjeu a été de pouvoir trouver en 24 heures une tête d’affiche pour remplacer Phil Campbell and the Bastard Sons. Ça a bien fonctionné puisque Bukowski a pris la relève de la plus belle des manières.

La nouvelle édition va se tenir du 11 au 13 août prochain. Y a-t-il des évolutions notables que le public va pouvoir constater ?

Il n’y a pas d’évolution majeure sur le site du festival, tout simplement parce que le public a apprécié le site et nous n’avons pas été désireux de le changer. On garde le même site. Simplement, en 2021, les scènes étaient face à face, cette année, nous allons les mettre côte à côte, ce qui permet de gagner du terrain et de pouvoir accueillir 2.000 personnes par jour au lieu de 1.500.

Il y a donc une évolution dans l’utilisation de l’espace et l’accueil du public. Camping, sanitaires… c’est toujours les mêmes que vous utilisez ?

Oui, toujours les mêmes. Le parking et l’aire de repos sont adjacents l’un à l’autre, le tout étant à moins de 300 m du site du festival.

Que donnent les relations avec les riverains à Cercoux ?

Les riverains accueillent très bien le festival et les festivaliers. Il y a tout un travail en amont puisqu’on va frapper chez les gens, on les prévient qu’il y aura du monde dans Cercoux ce week end là… Au-delà de ce travail en amont, les habitants sont maintenant habitués à voir arriver une fois par an des metalleux arriver. Ils sont contents, en fait, une fois par an, ça fait une animation dans Cercoux ! C’est un tout petit village, et pendant le festival, la population double, voire triple.

Quels sont les groupes à l’affiche, cette année ? j’ai vu pas mal de groupes français mais aussi quelques étrangers…

Notre objectif premier est toujours de promouvoir la scène française, que je trouve très belle et très qualitative. Il faut la promouvoir, et on essaie d’avoir le plus de groupes français à l’affiche tous les ans. Cette fois, nous avions pour objectif de faire passer le festival à une étape supérieur – sans être offensant envers les têtes d’affiches précédentes…  On voulait pouvoir accueillir plus de monde et faire grandir le festival. Pour ce faire, il faut inévitablement accueillir des groupes internationaux. Du coup, on est allé les chercher et, pour être honnête, c’était, de loin, la  programmation la plus difficile à mettre en place. Pour aller chercher des groupes internationaux, il faut être compétitif, savoir bien se vendre pour que l’agent envoie son groupe chez nous plutôt que dans un autre festival européen qui qe déroule en même temps. En plus, nous n’avions que trois éditions à notre actif, il faut donc vraiment que l’agent nous fasse confiance.

Tu es particulièrement fier d’avoir décroché qui ? Si tu es fier d’avoir décroché un groupe plutôt qu’un autre…

Ah, si ! Je suis très fier d’avoir pu décrocher Alestorm. Je trouve que pour une quatrième édition, les avoir en tête d’affiche, et avec une programmation aussi qualitative, c’est super ! Un ou deux groupes manquent à l’appel et je vais tout faire pour les avoir en 2024.

Ah ? On peut savoir ?

Ben non, pas tout de suite ! (rires)

Vous avez aussi décroché un groupe très en vue en ce moment : les Espagnols de Crisix qui, comme Alestorm, sont un gage de bonne humeur.

Tout à fait. Pour la petite histoire, Crisix est sur l’affiche depuis que nous avons eu l’annulation de Novelists, qui a annulé toute la tournée estivale à cause d’un changement de line up. J’ai dû passer quelques appels pour trouver un bon groupe pour les remplacer, et j’ai trouvé Crisix et je les ai tout de suite pris.

Cette édition s’intitule Look into your sins. Peux-tu nous en parler ?

Tu vois notre affiche ? Elle reprend Charlie, notre clown maléfique. Il est dans une position de Jésus en transe, un Jésus qui prêche. Afin d’être légèrement encore plus provocateurs, on a rajouté ce titre, Look into your sins, ce qui signifie Repentissez-vous. Ça tombe bien, notre festival s’appel 666, il y avait tout un univers à créer… Comme, cette année, on commence à recevoir des groupes internationaux, c’est le bon moment pour développer ce monde-là.

 Il y a donc tout un univers visuel que tu souhaites pouvoir développer à l’avenir ?

Exactement. Le clown, le petit diable qu’on voit tous les ans sur l’affiche est là. On reprend un peu le rituel d’Iron Maiden qui a toujours Eddie sur ses visuels… Charlie sera toujours là et évoluera avec le temps. On a également pour la première fois proposé un teaser pour lequel on a fait appel à un réalisateur, des acteurs… On a publié ça en décembre, on a vu Charlie personnifié dans un très beau petit film.

Pour pouvoir se procurer les places, il y a la billetterie en ligne (https://my.weezevent.com/festival-666-2023-4), mais peut-on les acheter ailleurs ?

Pas à ce jour à moins d’être de Cercoux, où les places vont être mises en vente à la superette qui se trouve à 50 m du festival. Sinon, tous nos billets ne sont en vente que sur le site internet. Aujourd’hui, on est à 65% de billets vendus, ce qui est rassurant à un mois du festival. Nous sommes en avance sur la billetterie par rapport à 2021, donc, a priori, on devrait finir sold-out. La fête va être belle !

Le seuil de rentabilité se situe à combien de spectateurs ?

Comme on a une capacité maximale de 2.000 spectateurs, on devrait égaliser vers 1.600 billets vendus.

Tu as obtenu ta licence, envisages-tu de faire de ce festival un évènement annuel ?

Oui, maintenant, je dois aussi obtenir ma licence 3… J’attends les résultats le 13 juillet, en espérant avoir réussi pour ne pas redoubler une nouvelle fois (rires) ! J’ai envie de faire progresser ce festival qui a le vent en poupe.

Le faire progresser, jusqu’à combien de personnes ?

A Cercoux, on peut, en fonction des aménagements du site, aller jusqu’à 4.000 personnes par jour. Donc on peut encore faire progresser le festival dans Cercoux, changer de champs et des choses comme ça, on peut aménager le site différemment… En tout cas, on a encore une belle marge de manœuvre pour atteindre ce chiffre.

Combien de temps te prend l’organisation d’un tel festival ? Tu prévois déjà 2024, penses-tu aussi à 2025 ?

2025, ça fait beaucoup ! 2024, c’est largement suffisant pour moi. Il faut 13 mois pour organiser le festival, le treizième mois, c’est maintenant, le mois de juillet. C’est maintenant que débute la programmation, j’ai déjà envoyé quelques offres à quelques têtes d’affiches. Si elles répondent « oui », tant mieux ! Le vrai festival, on va commencer à l’organiser vers septembre ou octobre.

Sans dévoiler les têtes d’affiche de 2024, y a-t-il un ou des groupes que tu voudrais vraiment pouvoir avoir à l’affiche du 666 ?

Il y en plein ! J’ai à cœur de promouvoir la scène française, donc, inévitablement, le groupe que je suis désireux d’accueillir, c’est Gojira. Je vais tout faire pour être un jour suffisamment crédible aux yeux du groupe pour les accueillir chez nous. Ça demande beaucoup de travail. C’est mon objectif final. Sinon, il y a des groupes que je voudrais vraiment pouvoir accueillir, comme Hatebreed, que j’adore.

Pour terminer, as-tu une ou des anecdotes à partager sur les éditions passées ?

On peut reprendre dans l’ordre… 2018, je n’ai pas d’anecdote si ce n’est le fait que Nico (Tagada Jones) m’expliquait comment organiser un festival. Je n’avais que 15 ans, on était en septembre 2017, le festival allait se passer en août 2018 et j’étais en contact avec lui pour que Tagada Jones vienne jouer chez nous. Il m’a prévenu qu’un festival, ça demande des fonds, des choses à prendre très sérieusement ; Il a été très bienveillant avec moi, il m’a aidé à monter ça… Ensuite, en 2021, ce qui m’a surpris c’est que c’est Phil Campbell lui-même qui a demandé à venir jouer au festival. Il m’a envoyé un message sur Instagram… J’étais honoré, tout simplement ! je ne pouvais pas refuser une telle demande et on l’a intégré au line-up. Le souvenir qui restera le plus marquant pour moi, je pense, c’est quand je suis monté sur scène en 2021 pour remercier les festivaliers d’être venus après autant d’absence et de nous avoir fait confiance. Je ne suis pas habitué à tenir un micro, j’étais stressé, j’avais peur de bégayer, mais les gens étaient très réceptifs. Juste après, je suis allé pogoter avec eux pendant le concert de Mass Hysteria. C’est un très bon souvenir !

Une dernière chose avant de terminer ?

Oui : on est une bande de jeunes qui nous démenons, avec les bénévoles, pour organiser une fête les 11, 12 et 13 août prochains. Ça tombe bien puisque le 15 août est férié, les festivaliers pourront faire le pont pour se reposer après 3 jours de festival. Et comme on est à 20’ de Saint Emilion, on pourra faire les vignes tous ensemble pour déguster du bon vin !

Victor PÉPIN, fondateur et organisateur du festival 666

FESTIVAL 666: L’affiche complète

La 4ème édition du festival 666 se tiendra à Cercoux (17) du 11 au 13 août prochain. Et c’est une très belle affiche que nous propose le petit festival qui voit grand! Jugez-en plutôt: un bon paquet de groupes français – Forest In Blood, Titan, 6:33, Sleeping Romance, Dropdead Chaos, Working Klass Heroes, Betraying The Martyrs, Hangman’s Chair, Gorod, Smash Hit Combo ou Rise Of The Northstar seront rejoint par Crisix, Get The Shot ou encore Alestorm!

A noter que, contrairement à d’autres fests mais comme un certain vous savez lequel, le parking et le camping sont gratuits.

Toutes les infos, le running order et la billetterie en ligne se trouvent ici: Billetterie Festival 666

 

Festival 666: les survivants

Située à 45′ au nord de Bordeaux et à 30′ de St Emilion, entre Cognac et Bordeaux, la petite ville de Cercoux (Charente Maritime, 17) accueille depuis 2018 le festival 666. Comme tous les autres évenements, ce festival s’est vu annulé l’an dernier pour les raisons que l’on connait. Mais il en faudrait plus à Victor, son jeune fondateur (19 ans) pour baisser les bras. Cercoux accueillera donc la troisième édition du festival entre le 20 et le 22 août prochains et il y aura de quoi faire: des têtes d’affiches de haute volée (No One Is Innocent, Mass Hysteria et Phil Campbell) côtoieront une vingtaine d’autres formations, principalement fançaises, et pas des moindres: Loudblast, Sidilarsen, Shâarghot, Smash Hit Control, Psykup… Une affiche riche et variée. Nous avons pu en discuter longuement avec son fondateur, Victor, qui nous dit tout de son bébé en commençant par « on a vraiment hâte de pouvoir organiser cette troisième édition. Même moi, à titre perso, j’ai hâte de pouvoir aller pogoter dans le pit et retrouver les festivaliers. »

Bien sûr, 2020 fut une année noire. Mais plutôt que de proposer un remboursement ou un report de l’affiche initialement prévue, l’organisation « a préféré ajouter une journée supplémentaire. Ainsi, les gens qui ont acheté leur billet pour 2020 entreront gratuitement sur la troisième journée« , et n’ont rien de plus à débourser pour assister à un festival plus long. Une belle initiative qui pourrait plomber le budget du festival? Non, une des fiertés de Victor est d’avoir, dès la seconde année, atteint l’équilibre, sans perte financière.

Mais comment est né le festival? « J’ai créé l’association Festival 666 en septembre 2017 alors que j’avais 15 ans, dans le but de faire notre première édition en 2018. L’idée m’est venue en allant au Hellfest, notamment celui de en 2017. Je me suis demandé comment faisaient les porteurs de projets pour créer un tel évenement. je me suis demandé ce que ça donnerait à Cercoux, bien sûr à plus petite échelle. J’ai contacté la mairie, je leur ai parlé de mon projet de festival metal et ils ont tout de suite été partants. Elle a tout de suite soutenu le projet, nous a accompagné… Notre passion du metal, ça peut faire peur – les clichés… En septembre 2017, je suis allé voir Nico de Tagada Jones, après un concert à Angoulême. Je lui ai proposé d’être la première tête d’affiche de mon premier festival. L’idée lui a plu, aider un petit jeune qui se lance lui pas plu. Il m’a proposé deux autres groupes et on a pu faire notre première édition en 2018. »

L’annulation de 2020 n’a pas pour autant inquiété l’organisation: « quand on a reporté le festival, on avait pas avancé de fonds. En plus, on n’est que des bénévoles, il n’y a pas de salaires à payer. Le réel enjeu, c’est qu’on est en pleine période de pérennisation, de consolidation du festival, et l’enjeu c’est de faire en sorte que les festivaliers se souviennent de nous. »

Et pou cela, rien de tel qu’un peu d’intimité: une jauge à 1.000 personnes par jour, des groupes qui « descendent de scène pour aller au stand de merch et rencontrer les festivalier, signer des autographes, prendre des photos... » alors que la capacité est de 2.500 personnes /jour. La raison? « On se met dans la pire des situations, il y a un variant qui arrive… Si on peut faire plus, tant mieux, autrement, nous serons prêts« .

En tout cas, les têtes d’affiches sont belles: « Mass Hysteria, pour moi, c’était un objectif, dès la première année. Mais , c’était encore un peu tôt. Pour ce qui est de Phil Campbell, en revanche, c’est assez marrant: il s’est abonné à notre compte Instagram et je lui ai écrit pour le remercier parce que j’étais assez honoré. Il m’a répondu qu’il serait prêt à venir jouer à mon festival et demandé de contacter son agent. En fait, c’est lui qui a demandé à venir! C’est très motivant pour la suite. Mon challenge « ultime » c’est de pouvoir un jour accueillir Gojira, mais là, c’est à un autre niveau. »

Quelles sont les relations avec les riverains? « Au début, ils se méfiaient, mais maintenant, tout le monde apprécie et se respecte. On travaille beaucoup avec les commerces locaux, la boulangerie, la superette… et tout le monde y gagne ».  Et quid de l’hébergement? « On propose un bivouac sur un champs, à côté du site. A une minute à pieds... » Avec une plage horaire musicale qui s’étend de 15h à 2h, avec la mer située pas trop loin, des distillerie et caves à visiter, forcément, les relations commerciales peuvent être bonnes.

Il reste des places pour l’édition de 2020, alors à 66,6€, pour quoi se priver d’une fin d’été rock’n’roll? Toutes les infos sont ici : billetterie Festival 666.

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