DOKKEN: Heaven comes down

USA, Hard rock (Silver lining, 2023)

Il y a trois ans, Don Dokken s’était rappelé à notre bon souvenir en publiant la compilation de démos The lost songs: 1978-1981, relatant les débuts de son groupe, Dokken. Avant cela, il faut remonter à 2012 pour trouver trace d’un album studio, le bien nommé Broken bones. Bien nommé parce que depuis, le chanteur a connu des déboires de santé qu’on ne souhaite à personne. Paralysie du bras, reconstruction, doute… Le voici cependant de retour avec un groupe reconstitué. Le chanteur s’est entouré du guitariste Jon Levin, du bassiste Chris McCarvill et du batteur B.J. Zampa, le quatuor nous offrant aujourd’hui Heaven comes down, un album que les fans n’espéraient plus. Tu m’étonnes, plus d’une décennie s’est écoulée depuis le dernier méfait discutable de Don, et la compilation de raretés ne s’adressait vraiment qu’aux fans ultimes. Il était alors facile de penser que Dokken, le groupe, était fini. Seulement, voilà… Avec ces 10 nouveaux titres, Dokken se retrouve, sans se réinventer. Il nous propose des compos efficaces et rentre dedans, dotées de refrains accrocheurs. Le sens de la mélodie du gaillard n’a rien perdu, autre que sa voix. C’est sans doute le plus gros défaut de cet album, un chant un peu trop doux, presque faiblard même, au regard de l’énergie développée par Levin and Co. Musicalement, Dokken propose des pépites de mélodies qui nous replongent dans les meilleures années des 80’s. Du heavy très mélodique (Fugitive), du hard rock racé (Gypsy, Is it me or you?, Over the mountain…) et les incontournables ballades (I’ll never give up et I remember), un ensemble que vient conclure l’acoustique Santa Fe, ville où le chanteur a élu domicile. S’il n’est pas révolutionnaire, Heaven comes down est plus qu’une agréable surprise. Une douceur à consommer sans modération.

BAD RAIN: Room to breathe

Allemagne/Royaume Uni, Hard rock (Ep, Fastball music, 2023)

Ces quatre là ont grandi au son du classic hard rock qui a égayé nos années 80! Tout au long des 5 titres de Room to breathe, Bad Rain propose un condensé de ce qui les a inspiré: un heavy rock franc du collier qui donne irrésistiblement envie de bouger avec le morceau titre, du hard rock classieux et quelque peu langoureux avec Afterlife, de la tendresse avec les ballades/heavy ballad Your chains et Kingdom et du hard rock pur jus avec Twisted love. On ne cherche pas trop loin au niveau des thèmes abordés, ce n’est pas le sujet. Bad Rain pousse le « vice » jusqu’à s’offrir un son vintage qui colle parfaitement au genre. Voici exactement le genre d’Ep qu’on souhaite voir rapidement être suivi d’un album. Un groupe à découvrir.

THE DEAD DAISIES live à Paris (La Machine du Moulin Rouge, avec Spike, le 5 novembre 2023)

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Voilà un des concerts que je ne voulais pas rater, d’autant plus depuis le retour de John Corabi dans la famille The Dead Daisies. Si le groupe à entrées et sorties permanentes a toujours suivi les aspirations du commandant de bord David Lowy, j’ai, malgré deux bons albums, moins accroché à la période Hugues. Et puis, le alors quatuor n’a jamais vraiment posé ses valises chez nous avec « The voice of rock » – deux concerts en 2022 (à Vienne et Pennmarch), un Hellfest annulé en dernière minute… Bref, après la crise sanitaire, le capital sympathie est à reconstruire. Et ça, c’est quelque chose d’inné avec Corabi.

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Ce soir, la Machine du Moulin Rouge est plus que correctement remplie et le public accueille un Spike, ex chanteur de The Quireboys, qui propose ce soir un set acoustique; Seul en scène, accompagné de sa guitare et entouré s’un chevalet et de ce qui fait office de mini bar avec deux verres, le chanteur est de très bonne humeur. Tout au long de son set, il ne fera que blaguer, évoquer des souvenirs entre deux chansons. Sa démarches se faisant moins assurée au fil des minutes, nous sommes quelques uns à nous demander quel est exactement le contenu de son verre à bière…

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Le gaillard sème quelque peu le doute évoquant régulièrement un nouvel albu de « The real Quireboys »..; Serait-il donc de retour au bercail? Non, il a désormais son propre groupe qu’il a nommé The Real Quireboy. Est-ce le meilleur choix de patronyme? Permettez moi d’en douter, mais l’avenir sera plus explicite.

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Son set est composé de classiques des Quireboys et de quelques reprises, mais il est surtout composé de souvenirs qu’il évoque, des ces moments passés sur la route avec Whitesnake et Aerosmith (c’est la plus belle année que j’ai vécue. On n’a touché aucune drogues cette année là, non, non, rien du tout! ») et partage facilement, toujours avec le sourire et sa bonne humeur communicative, anecdotes sur anecdotes. Le public se marre, et tant mieux. Car le set musical en lui même peut, sans ces intermèdes, sembler un peu longuet, même si le public reprend en chœur certains des titres les plus connus. Mais le gaillard, malgré les signes du staff lui indiquant qu’il est temps d’arrêter, continue de jouer, cherchant un titre dans son classeur… Un set dont on se souviendra plus pour la déconne simple que pour le contenu musical, aussi sympathique soit-il.

Spike live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Un pupitre, un pied de micro et une caisse, c’est assez rapide à sortir de scène. A peine 15′ après la fin du set de Spike, la Loco… euh, la Machine est replongée dans le noir. The Dead Daisies déboulent pied au plancher avec Resurrected. Un choix de titre d’ouverture qui sonne comme les meilleures augures et qui, je le pense, n’est pas un choix fait à la légère. D’ailleurs, la tournée elle-même s’intitule Resurrected Tour…

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Il faut peu de temps à Doug Aldrich et John Coraby pour saisr le public à la gorge, public qui découvre ce soir le « petit nouveau », le bassiste Michael Devin, presqu’un clone de Marco Mendoza en plus… concentré. C’est aussi le cas du capitaine David Lowy qui se lâche au fil des titres.

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Corabi est ce soir très en forme, et communique très facilement avec le public. Il est visiblement heureux d’être de retour au bercail. Si, ce soir, TDD fait naturellement la part belle à sa discographie avec Corabi, le groupe n’écarte pas la période Hugues dont trois petits morceaux sont joués (Unspoken et Bustle and flow de Holy ground et Born to fly de Radiance).

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Le public reste cependant particulièrement réceptifs aux désormais classiques du groupe qui défilent les uns après les autres. Les musiciens occupent chaque espace de la scène, allant chercher e public autant que faire se peut.

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Brian Tichy nous gratifie d’une superbe et puissant solo de batterie avant que Corabi ne prenne le temps de présenter chaque musicien, prétexte à mini medley. « Si vous aimez ce que vous entendez, c’est grâce à moi! Si vous n’aimez pas ce que vous entendez, c’est de sa faute » dit-il en désignant David Lowy qui entame Highway to hell (AC/DC). Puis vient le tour de Brian Tichy (Living after midnight, Judas Priest) et du nouveau venu… « Je suis allé chez mon ex-femme, un jour, et dans mon canapé, ce mec était assis. Je t’ai déjà remercié de m’avoir soulagé d’elle? » demande-t-il à Michael devin avant que ne résonnent les premiers accords de Heaven and hell (Black Sabbath). « L’homme aux cheveux dorés » c’est naturellement Doug Aldrich, désormais le plus ancien membre « permanent » de TDD (Smoke on the water, Deep Purple). Puis c’est au tour du chanteur de se voir présenté avec We’re an American band (Grand Funk Railroad).

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

La tension est telle qu’on sent l’approche de la fin du concert. Mais avant cela, toujours de bonne humeur, Corabi vient taquiner le public: « Vous avez ce truc en France avec le vin. Mais aimez-vous la bière? Et le whisky? Vous aimez la tequila? Voulez-vous faire un tour au Mexique? » et c’est parti pour un explosif Mexico baigné de lumières vertes, rouges et blanches, au couleur du drapeau mexicain.

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

TDD quitte la scène après sa version de Midnight Moses avant de revenir pour offrir l’incontournable Long way to go – plus que jamais d’actualité… – et de conclure avec sa dernière reprise en date, Slide it in. Marrant quand on pense que deux des membres actuels des Daisies sont passés dans le giron du Whitesnake de Coverdale…

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Ce soir, si la Machine n’affichait pas complet (faut dire que cette salle est tout sauf pratique pour circuler ou voir correctement), The Dead Daisies nous a offert un concert chaleureux, nous montrant un groupe très en forme – mais ne s’est pas prêté à son habituelle séance de dédicaces après son show… Avec une telle énergie, nul doute que le groupe sera bientôt de retour avec un nouvel album et de nouvelles dates. En tout cas, la soirée fut à l’image du groupe: rock’n’roll et chaleureuse!

The Dead Daisies live@La Machine du Moulin Rouge, le 5 oct 2023

Merci à Olivier Garnier d’avoir rendu ce report possible.

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THE DEAD DAISIES live à Paris: la galerie

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RIVAL SONS live à Paris (L’Olympia, le 27 octobre 2023) – Avec LA Edwards

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Après m’être présenté 24 heures plus tôt pour le concert de ce soir (voir le report du concert de Sortilège au Bataclan), je reviens le bon jour pour assister – enfin – au concert de Rival Sons à l’Olympia. Mettons les choses au clair dès maintenant: la sécurité de l’Olympia, si elle reste courtoise et professionnelle, c’est du grand art dans le n’importe quoi… Ces derniers temps, les photographes sont accompagnés vers la sortie après les 3 premiers titres sauf s’ils ont une place. Mais ce soir, arrivés à la salle, les photographes ont l’agréable surprise de découvrir que, pour une fois dans ce lieu mythique, ils pourront shooter tout au long du concert. Deux groupes de dix, deux titres par groupe puis vous allez où vous voulez. C’est affiché à l’accueil et cela nous est confirmé par la manageure de Rival Sons tête d’affiche de ce soir. Seulement… Le groupe 1 peut shooter seulement 2 titres de la première partie, LA Edwards, avant de se faire éjecter par la sécu (on nous avait pourtant dit pouvoir shooter tout le set…) et se retrouve parqué à côté de la scène. Pas de second groupe de photographes pour la première partie… Ceux d’entre nous qui sont allés – espéraient en tout cas – prendre une bière ou aux toilettes sont rappelés par la sécu et concentrés dans un mini camp à coté de la scène. Stalag indiqué par une lampe torche par un autre agent… Avec un des mes collègues et amis, nous trouvons refuge dans le sas. Un des agents de sécu nous y retrouve, nous explique que nous sommes deux groupes de 10 photographes et que chacun, sauf si invité, sera raccompagné à la sortie après ses deux titres. « Euh, mais, le management nous a dit et confirmé et c’est écrit à l’entrée qu’on pouvait photographier tout le concert de la salle… » « Mais non, on n’a pas eu ces consignes. » Nous demandons si nous pouvons aller aux toilettes (!) et, OK, mais, il nous y accompagne. On est en taule ou quoi? On fait des prélèvement urinaires pour recherche de came? « On se retrouve dans 10 minutes dans le sas pour le briefing ». OK. Là, ce sont 20 photographes qui entendent les mêmes consignes. Rock Hard, My Rock, le Parisien, webzines, tout le monde réagit en expliquant que, à l’entrée, il est bien stipulé qu’on peut tout shooter. Quelqu’un envoie un SMS à la manageure pour lui expliquer la situation. Vérification de l’agent auprès de son responsable… (…) re… La manageure de Rival Sons passe devant nous et nous confirme que, oui, on peut tout photographier, d’où on veut, balcon inclus. l’agent de sécu n’a pas la même version: « OK, vous pouvez photographier tout le concert depuis le fond du hall » Hein? Vous allez vous mettre d’accord, bordel? Qui décide, le groupe ou la salle? Nous entrons dans le pit photo, et là, l’agent revient pour nous informer, bon et grand seigneur, que, oui, « vous pouvez photographier tout le concert d’où vous voulez ». Enfin! Oui, mais, après les deux titres, devine quoi? trois ou quatre d’entre nous nous rendons au balcon et là… « Non, les photographes vous ne rentrez pas »… Mais, mais, mais… Re vérification d’un autre agent de sécu (pas la sécu du public mais la sécu de la salle, va comprendre) qui revérifie avec son boss et… « Tout le concert? Même du balcon? Ok, c’est bon, vous pouvez y aller ». Alors, je ne suis pas dans le secret de l’orga des concerts, mais j’imagine qu’il y a un briefing avec les acteurs principaux, dont les représentants de la salle, de la prod et, peut être, éventuellement, possiblement mais c’est pas sûr, du groupe qui doit, possiblement peut-être donner ses instructions. Alors, merci à la sécurité de l’Olympia de nous avoir pourri un bon tiers du concert, d’autant plus nous qui nous chargeons de la photo et de la rédaction des reports. Ok, c’est écrit, pouvons nous maintenant parler du concert de ce soir?

LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Je serai bref sur la prestation de LA Edwards qui pratique un rock plus que teinté de country. Pendant 45′ les Américains donnent un set dont la musique ne me semble appropriée ni pour la tête d’affiche ni pour le public français. Trop « country western », trop club américain, et pas assez « chauffeur de salle » pour le groupe de rock bluesy enlevé qui assure la tête d’affiche. Les 45′ me semblent longues, d’autant plus en étant coincé dans le sas. La formation ne présente à mes oreilles que peu d’intérêt.

LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Le changement de plateaux se fait rapidement et, là encore, les informations sont contradictoires. On nous annonce, à l’accueil, l’arrivée de Rival Sons à 21h15, le running annonçait 21h, heure à laquelle le public commence à faire entendre sa voix.

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Quelques instants plus tard, la salle est plongée dans le noir et les enfants rivaux investissent la scène. Tous les regards se portent vers Scott Holiday (guitares), sa moustache, ses lunettes et son chapeau et Jay Buchanan, le chanteur aux pieds nus tout de rouge vêtu. Dave Beste (basse) se meut discrètement, avec son éternelle casquette vissée sur la tête, tandis que, derrière sa batterie juchée sur une belle estrade, Michael Miley frappe avec sourire et assurance.

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Parus à quelques mois d’écart, il n’est guère étonnant que Rival Sons axe sa setlist sur Darkfighter et Lightbringer dont 7 titres seront joués en tout. L’accueil du public, dès les premières notes de Mirrors est chaud et la température va monter en intensité tout au long de ces deux heures… Jay Buchanan est très en voix ce soir. Le hard rock bluesy teinté de soul fait des merveilles tout au long des Do your worst, Electric man, Rapture

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Le groupe semble ne vouloir laisser aucun temps mort jusqu’à ce solo de batterie comme on n’en fait plus qui permet aux autres musiciens, après Open my eyes, d’aller reprendre quelques forces. Un solo magistral, varié et superbement mis en lumières.

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Le groupe reprend avec un Sweet life soutenu comme jamais par un public déjà conquis malgré le manque de communication de Buchanan qui conclu d’un simple « Merci, c’est très gentil ». S’il était resté jusque là discret, le chanteur se lance dans une émouvante explication pour présenter Pressure and time: « c’est un titre que nous n’avons pas mis dans notre setlist pendant longtemps » et lance un message optimiste à tous ceux qui vont mal: « Vous n’êtes pas seuls, nous sommes là, avec vous! » puis c’est un temps plus posé qui monte en intensité, Jay invitant le public à participer sur la fin du titre, fin sur laquelle il s’arrache les cordes vocales avant d’entamer un superbe Jordan.

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Le groupe se lance dans des séances d’impro à l’ancienne, Scott Holiday sortant moulte guitares, simple et double manches, offrant au public solo électrique (sur Face the light) et acoustique (Shooting stars) avant que le groupe ne termine sur un superbe triplé composé de Too bad, Mosaic et d’un Keep on swinging qui retourne l’Olympia de fond en comble. Personne ne reste sans se dandiner sur cette fin de concert dont on ne pourrait qu’espérer qu’il s’étende sans fin. Royal Sons nous a ce soir offert un show magistral de bout en bout. Bravo et merci !

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Merci à Valentin Gilet d’avoir rendu ce report possible

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RIVAL SONS live à l’Olympia: la galerie

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GRETA VAN FLEET: Starcatcher

USA, hard rock (Lava, 2023)

Le revival 70 sourit plus à certains, et Greta Van Fleet fait partie de ceux-là. Avec Starcatcher, son troisième album, il y a fort à parier que les Américains vont continuer de faire parler d’eux, avec des pro et des anti… Car dès Fate of the faithfull, il est clair que le groupe évolue dans sa formule tout en conservant ce son vintagequ’il affectionne et n’est pas près de renier ses influences. Impossible sur Waited all your life de ne pas entendre le mimétisme avec Robert Plant lorsque Josh Kiszka implore avec tristesse ses « Please stay » répétitifs ou sur l’outro Farewell for now... Alors oui, GVF sont les dignes héritiers de certaines légendes (Led Zeppelin, évidemment, mais également The Who (Runaway blues, morceau expéditif s’il en est!), évoque les grandes heures du funk (le très groovy The indigo streak). Cependant le quatuor apporte sa personnalité avec des sonorités plus modernes. La production, brute et fine à la fois, renforce cet esprit volontairement vintage d’une musique qui se veut aérienne et planante, sentiment renforcé par l’apport de discrètes touches de claviers ou d’harmonica (The falling sky). On pourra regretter que certains arrangements n’apportent rien de particulier et peuvent parfois sembler trop faciles mais le résultat est là: cet album s’écoute de bout en bout sans lassitude ou temps mort. Greta Van Fleet continue de creuser son sillon et atteint ce stade envié d’une reconnaissance publique qu’il doit maintenir et préserver. Ce très bel album y contribuera sans nul doute.

AYRON JONES: Chronicles of the kid

USA, Rock/Metal (Big machine, 2023)

On a un œil sur le gaillard depuis Child of the state, son album précédent paru en 2021. Depuis, il a parcouru du chemin, se produisant autant que possible et très souvent en France, pays qu’il a sillonné de long en large en 2022, visitant des « petites salles » ou participant à nombre de festivals (Hellfest, Nimes, Solidays…) avec pour point d’orgue la première partie des Rolling Stones le 23 juillet 2022… Ayron Jones est un musicien aux goûts et influences variées qui ont pour liant la guitare et la mélodie. Avec Chronicles of the kid, l’Américain s’approche de l’excellence. On retrouve tout au long de l’album la puissance et la rage avant de continuer d’explorer ses amours musicales dans leur grande variété. Celles-ci vont de Jimi Hendrix à Prince, en passant par Michael Jackson ou encore Living Colour (Strawman). Jones continue d’explorer sa vie, déjà très riche, et pose un regard critique sur la société. L’actualité fait que certains textes ont plus de résonnance si on les transpose à d’autres régions du monde que les USA (My America), mais il parle de son vécu pas toujours facile (Blood in the water, living for the fall, The sky is crying) et se livre avec un réel bonheur auditif. En allant à l’essentiel avec 10 titres, Ayron Jones nous offre un des grands albums de rock – tous styles confondus – de l’année.

Interview: ROBERT JON & THE WRECK

Interview Robert Jon & The Wreck. Entretien avec Robert Jon (chant, guitare) à Talcy le 28 septembre 2023

Il y a deux ans, j’ai pu échanger avec Steve Maggiora. Que devient-il puisqu’il n’apparait plus sur votre site web ?

Il nous a quittés il y a quelque temps pour aller rejoindre Toto, nous ne pouvons que lui souhaiter le meilleur !

Qui le remplace alors ?

Il s’appelle James Abernathie, il nous a rejoints en début d’année.

Comment l’avez-vous rencontré ?

Nous n’avons fait connaissance avec lui que cette année… On a donné plein de concerts depuis janvier et il n’y a pas meilleur moyen de faire connaissance que d’être sur la route ensemble. On l’avait croisé à divers endroits, c’est un peu confus : à l’époque Steve était approché par Raval Sons, on a demandé à un de nos potes qui a fait des recherches sur internet, il l’a trouvé mais on ne s’était jamais rencontrés avant qu’il n’intègre le groupe.

Et ça a l’air de fonctionner…

Oui, c’est fantastique !

Ride into the light est votre nouvel album, toujours taillé dans une veine typiquement rock sudiste, même si c’est, comme vous le dites, du rock sud californien. Maintenant, comment décrirais-tu la musique de Robert Jon & The Wreck à quelqu’un qui ne vous connait pas afin de l’inciter à acheter votre album ce soir ?

Nous jouons du rock’n’roll. Du rock influencé par le blues, la soul, le rock sudiste. Je crois que notre musique est principalement considérée comme du rock sudiste à cause du son des guitares et notre façon de composer nos chansons. Mais on est très éloignés du rock sudiste de Lynyrd Skynyrd. Il y a plus dans notre approche, je pense. Mais je crois que nous étiqueter « rock sudiste » aide les gens à savoir ce qu’ils vont écouter. En ce sens, les étiquettes ont du bon : ça aide les gens à identifier. Mais il y a un peu plus que du « simple » rock sudiste.

Alors c’est quoi, ce « plus » ? Du blues…

Du blues, de la soul… Et on appelle ça du rock sudiste de Californie ou du rock sud californien – Southern Californian rock’n’roll (rires). Après, les interprétations de chacun sont bonnes pour nous, ce que chacun ressent, et la manière dont chacun l’exprime est toujours positive.

Le groupe existe depuis maintenant plus de 10 ans, et pourtant, je ne sais pas si c’est propre à la France, vous continuez de jouer dans des endroits comme celui-ci, à Talcy, au milieu de nulle part. Quelle est la situation du groupe dans le reste du monde ? Que manque-t-il pour faire vraiment grandir le groupe ?

Oh, waow… Tu sais, ça dépend en fait de là où nous allons. Ce soir, c’est une salle de, quoi ?, 250 places à peu près. Dans cette petite pièce, je ne sais pas comment ils vont faire entrer autant de monde !

Il va faire chaud !

Oh que oui (rires) ! Il y a quelque chose de particulier à chaque concert. Il y a une énergie quand tu joues devant 800 personnes que tu ne reçois pas partout. Mais il y a aussi cette énergie avec 250 personnes que tu ne retrouveras pas avec 800, alors… On fait en sorte de tirer le meilleur de chaque show. Aucun de nous ne fait la fine bouche selon le lieu ou le nombre de personnes. On est tous impatients de jouer ce soir, vraiment !

Vous étiez il y a quelques jours au Raimes Fest…

Oui, et chaque jour est différent. Tu ne peux pas mettre les concerts dans des cases, tu ne sais jamais à quoi t’attendre. Chaque show est différent. On a donné des concerts devant 100 personnes avec plus d’énergies que certains concerts face à 800. On ne doit pas faire attention au nombre de personnes mais bien plus à l’énergie qui va en émaner, et nous donner de l’énergie.

C’est un échange, en fait…

Absolument. Alors, on aurait du mal à jouer dans une salle comme celle-ci devant 20 personnes, mais qui sait, ça pourrait être aussi absolument génial ! Qui sait !

Et j’imagine aussi que pour le groupe, d’un point de vue marketing, il est plus intéressant de jouer dans un lieu comme celui-ci qu’on peut annoncer « complet » que dans un lieu plus grand incomplet…

Exactement.

Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre vos deux dernier albums, Shine a light on me brother et Ride into the light ? Hormis le remplacement de Steve…

Je crois qu’il y a énormément de différences, je crois même qu’il y a plus de différence entre ces deux albums que dans tous le reste de notre catalogue. On a composé Shine a light on me brother pendant le Covid. On était dans nos chambres et n’avons jamais eu la possibilité de les jouer live avant de les enregistrer – on ne savait même pas si on allait pouvoir redonner des concerts… Ride into the light a été différent : on enregistrait deux chansons à la fois, avec des producteurs différents, tout au long de l’année. Analyser les différences et l’évolution ? Ils sont radicalement différents !

S’agit-il plus d’un effort collectif qu’avant ?

Je dirai que nous avons composé Ride into the light dans une pièce avec une batterie très bruyante. Il y a beaucoup de chansons sur Shine a light on me brother que nous avons composées en acoustique, chacun de son côté. J’aime vraiment cet album, mais nous n’avons jamais joué ces chansons comme un groupe avant d’arriver au studio. Et ça fait une vraie différence. Je pourrais décortiquer chaque chanson, mais pas ici. Ces deux albums sont supers, mais, tu sais, quand tu joues des morceaux forts, avec les soundchecks, inévitablement, elles sonnent mieux en les jouant live.

Le précédent a été composé en plain Covid.

Oui, Shine a light a été composé pendant le Covid, tandis que Last light on the highway a été enregistré avant mais sa sortie a été frappée de plein fouet par la crise sanitaire…

Justement, j’allais venir à ce disque : voici 3 albums d’affilée dont le titre comporte le mot « light ». C’est volontaire, surtout avec cette période sombre…

Oui, et le mot « light » est ressorti beaucoup plus souvent pendant le Covid. Tout le monde se trouvait enfermé, dans un environnement sombre, et c’est assez facile de se laisser emporter. C’est bien plus facile de se laisser entrainer dans la noirceur – ça devient bizarre, cette interview (rires) ! – que de se diriger vers la lumière. Nous tenter toujours d’avancer, il y a toujours un chemin, une lumière au bout du tunnel, et nous cherchons à avancer, toujours. Nous ne voulons pas nous laisser emporter en arrière. Je pense que nous sommes un groupe positif, je suis, la plupart du temps, quelqu’un d’optimiste, et nous essayons de retranscrire cela dans ce que nous composons et écrivons. Nous essayons simplement d’être qui nous sommes…

Et qui êtes-vous donc ?

(Rires) Je me nomme Robert Jon, je vis en Californie du Sud et je suis quelqu’un de très positif !

Peux-tu m’expliquer le sens, la signification de l’illustration de ce nouvel album ?

Non. On a simplement demandé à un de nos amis artistes de nous créer une œuvre d’art, et c’est ce qu’il a fait. Je pourrais trouver une explication, trouver ce que cela nous évoque ou ce que ça évoque à quelqu’un, mais nous voulions avant tout un œuvre d’art… L’album a été écrit à différents moments, et, sans le vouloir, il y a cet œil au centre, avec toutes ces lignes qui s’en éloignent pour aller à différents endroits.

Ou alors qui rejoignent un même lieu…

Nous sommes l’œil, et il y a tous ces lieux ù nous sommes allés qui rejoignent ce centre, où nous nous trouvons.

Une explication étonnante, mais on la prend !

Oui, oui, laisse-moi boire une bière de plus et je t’expliquerai mieux le concept !

Si tu devais ne retenir qu’une chanson de cet album pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Robert Jon & The Wreck, laquelle serait-ce et pour quelle raison ?

Woaw… Elle est compliquée, celle-là ! Je devrais en fait prendre une autre bière avant de te répondre (rires) ! Alors… Le dernier titre que nous ayons publié, Ride into the light – qui est aussi le titre de l’album. C’est une chanson qui a été composée de manière très cohérente. C’est un titre auquel tout le monde dans le groupe a participé. Certaines, c’est avant tout Henry (James, l’autre guitariste) qui les composons principalement, d’autres seront plus l’œuvre de Henry, mais celle-ci, tout le monde y a participé, chacun a apporté un élément du puzzle que nous avons rassemblé. Et ça nous représente bien. Nous sommes un groupe, même si mon nom figure sur le nom du groupe, mais en réalité, au quotidien, chacun a son rôle à jouer. Sans la participation de chacun, ça ne peut pas fonctionner. Cette chanson est vraiment représentative.

Vous allez continuer de tourner jusqu’à la fin de l’année, avez-vous déjà des choses prévues pour 2024 ?

Oh, oui, plein de choses ! Nous serons de retour. Je n’ai pas tous les détails, mais je sais que nous serons de retour l’été prochain et à l’automne. Et les choses arrivent vite, il est probable que nous revenions avant. Nous avons des engagements jusqu’en 2025. Il y a certaines choses que nous n’avons pas encore annoncées, mais, oui, nous serons de retour.

Une question qui se pose depuis le covid, d’autant plus en ce qui concerne les musiciens. En France, et ailleurs, peu de musiciens vivent de leur musique. Est-ce le cas pour RJTW ou avez-vous chacun un autre emploi à côté ?

On fait en sorte de vivre de notre musique. Quand on est à la maison, si on a l’occasion de gagner un peu d’argent, on va aller bosser. Mais on n’a pas vraiment le temps, on n’est pas souvent chez nous. Notre occupation principale reste la musique.

Une toute dernière chose : quelle pourrait être la devise de RJTW ?

Mmh… Continues d’avancer. On va de l’avant, que faire d’autre ?

As-tu une chose à rajouter avant d’aller chercher cette bière ?

A chaque fois que nous venons en Europe, les fans font tout. Quand on monte sur scène, c’est là qu’on s’en rend compte. C’est tout ce qu’on fait ici : on monte sur scène, on donne un concert et ce sont les fans qui nous portent et c’est d’eux qu’on se souvient. Alors, si quelqu’un lit ceci, venez-nous voir, on vous en remerciera. Partageons cette énergie, c’est ce qu’on adore faire. Rencontrer les gens, voir les visages de ces personnes qui s’éclatent pendant nos concerts, c’est le principal !

ROBERT JON & THE WRECK live à Talcy (41), le 28 septembre 2023

Retrouvez ici la galerie photos du concert de Talcy

La camionnette du groupe ayant dû subir des réparations après qu’une vitre ait été cassée, Robert Jon & The Wreck n’a pu quitter l’Angleterre à temps pour honorer son concert à Le Thor le 27 septembre. C’est donc le lendemain, 28, que nous retrouvons le plus sudistes des groupes californiens au Quai’Son de Talcy. Et plus précisément, à Morée. Euh… Le Thor? Talcy? Morée? C’est où tout ça?

La route de Morée à Talcy (41)

Talcy est un petit village du Loir et Cher (41) situé entre Orléans (45′ de route) et Blois (30′). Un joli château médiéval, un vieux moulin en bois, un restau sympa, tout est réuni pour une visite touristique agréable.

Le Quai’Son

Morée est un village de la commune. Là se trouve la salle appelée le Quai’Son. une vielle bâtisse retapée et transformée en salle de concerts, une cour, quelques habitations autour… Si tu ne connais pas les lieux, tu passes devant sans le savoir et tu cherches. Ne seraient-ce les drapeaux qui flottent, les barnums dressés, la barrière filtrant ce qui pourraient être des entrées, si tu te paumes, tu rentres chez toi. Et trouver un habitant pour lui demander son chemin, c’est une autre histoire – j’en ai compté 2!

le Quai’Son

Pourtant, c’est bien ici que RJTW a posé ses flight cases et est en train de finaliser son sound check lorsque j’arrive sur place. Et ma surprise est de taille: la salle d’une capacité d’environ 250 personnes dispose d’une scène assez vaste – les 5 musiciens y seront à l’aise et pourront s’y mouvoir tranquillement – et dotée de lights en nombre et d’une mezzanine normalement non accessible au public.

Le Quai’Son

La vingtaine de bénévoles de l’association Red Daff s’active pour finaliser l’installation des barnums où le public pourra se restaurer et étancher sa soif. Et, chance, ce soir, alors que l’automne a officiellement débuté une semaine plus tôt: la météo est plus que clémente et il fait bon discuter et trainer à l’extérieur.

Le stand de merch attire les fans, mais pas encore autant sans doute que d’ici la fin du concert. Un public de connaisseurs vient compléter sa collection de CD ou de vinyles. Et il y en a pour tout le monde!

Pour le moment, cependant, entrons dans la salle… Il est 21h lorsque RJTW monte sur scène et lance le concert avec Pain no more. Si les gars peuvent sembler quelque peu déstabilisés par le lieu, on entre très rapidement dans le vif du sujet. Et l’esprit du rock’n’roll est omni présent ce soir. Ce n’est pas un accident si RJTW vient chercher son public dans des coins isolés. Une salle blindée et un public (il y a même un couple venu de la Meuse ce soir!) multi générationnel – bien que la moyenne d’âge soit plus proche de l’après retraite que de l’avant – un groupe au taquet… transforment vite cette soirée en concert exceptionnel.

Robert Jon And The Wreck, Talcy, 28 septembre 2023

Robert Jon & The wreck n’a certes pas de « hit » à son compteur, mais ses morceaux sont tels que la communion avec le public est immédiate. L’échange d’énergies positives se ressent tout au long de ce concert qui entre rapidement dans mon top de l’année. C’est simple: amateur de rock, de guitare, de voix chaleureuse, d’esprit vintage, tu ne peux qu’être emporté par le flot de générosité.

Robert Jon And The Wreck, Talcy, 28 septembre 2023

RJTW nous replonge dans cet univers 70’s où la musique dépassait les étiquettes, où un guitariste éblouissait son auditoire non par des poses convenues mais par une maitrise de la création de sons et l’offrande de notes qui vont droit aux tripes et au cœur. C’est exactement ce qu’a pu proposer ce soir Henri James, exceptionnel guitariste lead au toucher unique, à chacune de ses intervention. Si c’est son nom qu’on lit en premier, jamais Robert Jon ne s’impose, laissant, cédant même, volontiers sa place à chacun de ses compagnons de route et de scène.

Robert Jon And The Wreck, Talcy, 28 septembre 2023

Car oui, on a ici affaire à une entité plus qu’un groupe. Si l’espace scénique est réduit, aucun musicien n’est en retrait. Et chacun a son moment, son instant de communion avec le public, véritable sixième membre de ce concert, un public qui scande son approbation et en réclame plus, certaine se retrouvant même à danser sur le bar de la salle!

Robert Jon And The Wreck, Talcy, 28 septembre 2023

Robert Jon & The Wreck a ce soir été majestueux plaçant définitivement sur ma carte le village de Talcy, le bourg de Morée et la salle Le Quai’Son – ce concert trouvant sa place sur mon podium 2023. Tout fut réuni pour faire de ce concert un moment d’exception. mission accomplie, alors: merci, Messieurs!

Robert Jon And The Wreck, Talcy, 28 septembre 2023

Merci à Olivier Garnier d’avoir rendu ce report possible, à Fab et toute les bénévoles de l’association Red Daff pour l’accueil et la bonne humeur – si vous êtes toujours dans cette forme, mes prochaines venues sont prometteuses!

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