Interview KORITNI – entretien avec Lex Koritni (chant) – propos recueillis le 16 mai 2023
Koritni 2023 © Nidhal Marzouk
Lex, nous échangeons aujourd’hui pour que tu puisses nous parler du – enfin, après 5 ans d’attente – nouvel album de Koritni, Long overdue. C’est bien ça ?
Exactement ! Ça fait 5 ans, en effet ! Je n’étais pas en train de méditer en forêt…
C’est pourtant ce qu’on m’a dit…
(Rires) J’étais peut être en forêt saoul et inconscient, mais pas en méditation. Même si, parfois, j’aime prendre le temps de méditer…
Long Overdue arrive 5 ans après Rolling, ton précédent album. Entre-temps, il y a eu le passage du Covid, qui a sans doute affecté la conception de ce nouvel album, et du groupe qui a vu de nombreux changements. Comment as-tu vécu ces 2 années de crise sanitaire ?
En réalité, le Covid a été incroyable pour moi ! J’ai apprécié chaque minute de la crise sanitaire, vraiment. A la fin de 2019, j’ai acheté une maison, j’ai quitté un appartement de merde à Paris, et je suis arrivé en pleine forêt, à côté de Saint Germain en Laye. Je pensais qu’il me faudrait un an et demi, deux ans pour rénover cette maison. J’ai un jardin, je suis à 2 minutes à pied de la forêt. Le Covid m’a donné la possibilité de travailler dans la maison. Personne ne pouvait travailler… Si… mon épouse pouvait travailler de la maison, moi pas. J’ai pu tout rénover en 6 mois au lieu de deux ans. J’ai pu installer un barbecue, j’ai acheté un chien, je me suis occupé de son dressage, ce qui n’était pas pénible parce que j’étais présent H24 pendant 2 ans, on a fait un bébé et j’ai une fille, ce qui est génial, et… J’ai fait un album ! Ça m’a donc permis de me poser, réapprendre la guitare – j’ai toutes les infos sur comment jouer dans la tête mais mes muscles et mes mains sont si paresseux qu’ils ont tout oublié ! Ça m’a donné plein de temps pour me réentraîner et composer un nouvel album. Si tu peux écouter cet album c’est grâce au Covid (rires) !
Le groupe a changé depuis Rolling. Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre ces deux albums ? j’imagine que l’apport de nouveaux musiciens a eu un impact sur le processus d’enregistrement…
Pas vraiment, en fait… Je suis un super enfoiré de dictateur totalitaire…Il y a une raison pour laquelle je produis chacun de mes albums… C’est moi qui suis en studio pour enregistrer, pour obtenir le son. C’est la raison pour laquelle cet album sonne comme un disque de dictateur, je suis le capitaine du navire. J’ai tout écrit, j’ai programmé la batterie, j’ai enregistré la basse… puis j’ai tout donné aux musiciens. Heureusement, la batterie sur l’album est meilleure que ce que j’aurai pu programmer, car il y a aussi la personnalité du batteur. Ce qui importe pour moi, en matière de batterie, c’est la construction du rythme, le groove de la basse et les riffs de guitare. Les musiciens ont apporté leurs couleurs mais ça sonne toujours comme un album de Koritni car je suis le maître à bord et… c’est mon nom sur le disque ! Si je faisais partie d’un autre groupe dont je ne serai que le chanteur, ça pourrait sonner différemment. Pour ce nouvel album, j’ai tout écrit à l’exception de Funny farm qui a été composé avec Tom Frémont – c’est un super guitariste et un très bon ami. Pour le prochain album, on travaillera différemment, je pense. Je trouve que ce groupe sonne vraiment bien, on a répété ensemble et tout le monde est plus que compétent. Donc le prochain album, nous le travaillerons ensemble, ce ne sera plus seulement moi en tant que trou du cul totalitaire ! Tom et moi avons déjà écrit deux morceaux ensemble, et on va continuer avec le groupe.
Donc il y aura un peu plus de démocratie sur le prochain album…
Va te faire foutre, non, il n’y aura pas de démocratie ! (Rires) Mais il y aura plus d’apport et d’échange d’idées. Les paysans lèveront la main mais je les écraserai quand même (rires) !
Et ton évolution entre ces deux albums ?
Je n’en vois pas vraiment, il y a toujours une partie de titres électriques, d’autres plus soft… Je ne réfléchis plus en termes de satisfaction des fans, je cherche d’abord à me faire plaisir, et c’est déjà assez compliqué ! Si ça plait aux fans, tant mieux, sinon… Je fais de mon mieux, en tout cas. Ce n’est qu’un moment de ma vie, de ce que je vis. La seule véritable évolution musicale, si tu compares à Green Dollar Colour, mon premier groupe, ou Lady luck, mon premier album avec Koritni… J’étais un gamin, tu écoutes certains titres, et tu te dis : « ok, sympa ». Il y a plus de maturité et, depuis Game of fools, je crois que j’ai trouvé mon identité vocale. Depuis, je continue sur le même chemin musical, et c’est toujours la même destination. Je crois que je n’ai pas tant évolué, j’ai plutôt trouvé une méthode qui me convient pour écrire de la musique avec mes tripes et mon âme et me donner à 100% pour ceux qui apprécient ce que je fais.
Imaginons que quelqu’un découvre Koritni aujourd’hui, comment lui décrirais-tu ta musique pour le convaincre d’écouter Koritni ?
Hum… Je crois que je commencerai par lui dire d’aller chercher une bière fraiche, qui est indissociable du rock – un peu comme cette putain de musique électro l’est de l’ecstasy… On a besoin de drogues pour écouter de la musique de merde un peu comme on a besoin de bière pour écouter du rock et du blues. Prends une bière, monte le son, et laisse-toi porter ! C’est l’esprit de Koritni, et de n’importe quel groupe de hard rock, Airbourne, AD/DC, The Poor, Angel City, Rose Tattoo… Si tu n’aimes pas la bière et le rock, ce n’est pas une bonne idée ! Le rock et la bière, c’est un peu comme des patates et du fromage à raclette : ça fonctionne à tous les coups !
Tu l’as précisé : tu as acheté une maison en France, où tu vis depuis plus de 10 ans. Comment va ton français aujourd’hui ?
(En français) C’est pas mal. Cette année j’ai fait toutes mes interviews en français… sauf avec toi !
(Reprise en anglais) Si tu devais ne retenir qu’un titre de ce nouvel album, Long overdue, pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Koritni aujourd’hui, lequel choisirais-tu ? Pas ton préféré, simplement celui qui vous représente le plus ?
Je dirai No strings attached, qui est aussi un de mes préférés. Parce qu’il débute avec Tom Frémont qui joue un putain de blues lent, un peu comme une chanson de Popa Chubby avant de monter en puissance. Je trouve qu’il y a du blues, un putain de rythme, une mélodie au top, et tu ne peux pas t’empêcher de taper du pied. Et tu ne peux pas t’empêcher d’aller ouvrir ton frigo et choper une bière (rires). Je pense que c’est une bonne introduction pour n’importe qui ne connait pas Koritni. C’est à la fois basique et technique.
L’album contient 12 titres et débute justement avec No strings attached. Est-ce aussi un moyen de dire « bon vent » à tes anciens compagnons de jeu ?
Non, mais c’est un point de vue intéressant, une bonne analogie. Je la garde, j’aime bien l’idée ! Ce n’était pas mon idée à la base, mais, oui ! c’était bien mon message (rires) ! En anglais, « no strings attached » signifie plutôt la liberté sexuelle, le libertinage. Mais mon idée c’était plutôt qu’on est comme des marionnettes, alors coupons nos liens et vivons librement. Il y a plusieurs interprétations possibles, mais ce que j’avais en tête c’était plutôt ça. Il y a des journalistes qui ont mis le doigt sur d’autres interprétations auxquelles je n’avais pas pensé, et elles fonctionnent aussi. C’est bien là le but d’écrire des chansons, de l’art en générale : une fois que j’ai terminé ma chanson, chacun l’interprète comme il le souhaite. Parfois mieux que moi ! Je préfère largement ton interprétation qui est bien plus intelligente que ce dont j’avais l’intention (rires) !
No strings attached peut aussi faire penser aux cordes de guitares. Mais s’il n’yen a pas, sur quoi joues-tu ?
Je suis le chanteur, alors j’en ai rien à foutre (rires) ! Maintenant, on peut aussi penser aux cordes : power chords, cordes vocales, allez, on peut explorer cette idée aussi !
Quelle pourrait être la devise de Koritni en 2023 ?
La devise de Koritni ? Ah… Tu a des questions emmerdantes, mec ! Je dois étudier pour répondre à ce genre de connerie ! Je n’ai pas de réponse toute faite… « Entrons tous dans cette pièce, jouons de la musique, donnez-moi la chair de poule et buvons un coup après la répétition ! » On n’a pas de devise, même si à la fin de chaque concert je termine en disant « Vous avez été géniaux, nous avons été Koritni ». Le public est toujours au top, et c’est à lui de décider qi on a été bons ou pas.
Un concert est prévu aux Etoiles à Paris le 2 juin. Quels sont vos autres projets de concerts ?
Après ce concert, on file en Espagne pour un festival à côté de Bilbao, un autre à Mulhouse… Ce sont pour le moment les seules dates annoncées mais d’autres sont en cours. Je suis mauvais avec les chiffres, je suis musicien, je ne sais compter que jusqu’à 4 ! On a un groupe WhatsApp et notre management nous propose des dates. Chacun répond OK ou pas en fonction de ses disponibilités. Il y a cependant d’autres dates qui arrivent.
Vous êtes toujours signés par Verycords, avec qui vous travaillez depuis 2012…
Oui, à peu près. Je ne suis pas capable de compter aussi loin ! Mais c’est une super équipe ! Un journaliste m’a rappelé il y a peu que nous étions la première signature de Verycords ! Les gens qui travaillent là-bas, les filles, l’équipe, ce sont vraiment des gens super, ils nous ont toujours soutenu depuis le premier jour. Pas de pression, un appel de temps en temps pour vérifier si je suis toujours en vie, et je pense que notre relation est faite pour durer. Je ne peux rien dire de négatif à leur sujet.
As-tu quelque chose à ajouter pour conclure ?
Non… Je crois que nous avons fait le tour… Tu m’as posé quelques questions agaçantes, qui m’ont donné l’impression d’être naze, mais je t’en remercie, ça change des questions de merde habituelles ! Encore une fois, si tu veux découvrir Koritni, commence par quelque chose de cool, du blues, Gary Moore, et monte en puissance avec AC/DC, Airbourne puis nous, et va choper une bière !