Interview HIGHWAY – entretien avec Ben Chambers (guitare) – propos recueillis par téléphone le 3 février 2023
Les sudistes de Highway viennent de sortir The journey (chro ici), leur quatrième album (cinquième production en comptant le Ep de leurs débuts) et une nouvelle fois encore parviennent à se démarquer avec une production 100% acoustique. Et franchement, depuis le temps que j’aime le rock simple et direct des sudistes, il était temps que je puisse m’entretenir avec eux. C’est donc le guitariste du quatuor qui se plie à l’exercice et franchement, des discussions comme ça, simple comme si « entre potes de toujours », ça fait du bien! Ben nous dit tout et plus sur ce nouveau disque plus que séduisant et réussi.
Metal Eyes : Ca fait un petit bout de temps que je suis Highway, et on va parler aujourd’hui de The journey, votre nouvel album…
Ben Chambers : Oui, je me souviens de chroniques sur Metal Eyes mais aussi sur un autre webzine il y a longtemps…
On ne va pas revenir sur l’histoire du groupe formé en 2002, vous sortez maintenant votre quatrième album…
Cinquième, même, sauf si on considère le premier comme un Ep, ce qu’il est… ok quatrième album.
Donc, un quatrième album, et vous avez fait le choix de sortir un disque acoustique. Un album a moitié composé de nouveautés et à moitié de reprises d’un groupe qui s’appelle Highway…
Oui, il est pas mal, c’est un groupe dont on est fans (rires)
Pourquoi avoir fait ce choix de reprendre certains de vos morceaux en acoustique ?
C’était un peu le point de départ de cet album : des concerts en acoustique, on en fait régulièrement et on adore ça. On avait revisité des morceaux en acoustique et on a toujours eu de bons retours, c’est une autre expérience. On s’est simplement dit que ce serait bien qu’on les enregistre, mais ça, c’était il y a longtemps. La pandémie est arrivée et on s’est simplement dit : « allez, faisons tout ce qu’on toujours voulu faire mais qu’on n’a jamais pris le temps de faire ». On a fait plein de choses, un clip dessin animé qui a pris beaucoup de temps, on a travaillé sur des jeux video et on fait cet album. On a pris des morceaux qu’on jouait déjà en live mais en poussant beaucoup plus loin les orchestrations et les arrangements… On a écrit de nouveaux morceaux dédiés à ce format acoustique. On a fait ça parce qu’on adore ça… On a plein d’influences d’albums de blues acoustique, de groupe de hard qui faisait ça à l’époque des MTV Unplugged… ça montre une autre facette de Highway mais avant tout, le moteur, c’est le plaisir. On a fait ça parce qu’on a envie de le faire. On est allé au bout de cette idée. Pourquoi on a choisi de reprendre 4 de nos morceaux ? Parce que ça permettait de laisser une trace de ce qu’on joue live et ça permet aussi aux personnes, comme toi, qui connaissent Highway d’écouter une autre version du groupe, avec un petit coup de neuf. Il y a des morceaux qui datent d’il y a quinze ans !
Le petit coup de neuf commence dès Like a rockstar puisque vous avez ajouté des cuivres, des chœurs et l’interprétation est totalement différente.
Ah ouais, totalement ! C’est pour ça que je dis qu’on est vraiment allé au bout du truc. On a voulu se réinventer et pas seulement faire un album guitare/voix. On a travaillé pour la première fois avec un producteur – jusque-là, c’était plutôt de l’autoprod – qui s’appelle Bret Caldas-Lima qui travaille avec plein d’artistes, metal et autre. Il nous a beaucoup aidés pour pousser au maximum ces arrangements et apporter une couleur à chaque chanson. On a travaillé vraiment de concert avec lui, il nous a poussés à ajouter des cuivres, du piano, les orchestrations sur le dernier morceau The Journey. C’était vraiment passionnant d’aller toujours plus loin, de voir comment on pouvait sublimer es titres avec ce travail d’arrangements… En tant que musicien, c’était vraiment très enrichissant de retravailler d’anciens morceaux et d’en créer de nouveaux dans cet esprit-là. Vraiment trop cool (rires) !
Le principal c’est que vous y ayez trouvé du plaisir, vous le faites pour vous d’abord.
Ah, oui, on s’est vraiment éclatés. On ne nous attendait pas là, et ça nous a permis de surprendre un peu les gens. Nous aussi, ça nous a surpris… Mais on s’est tous éclatés !
Vous avez aussi choisi un titre qui est très évocateur, The journey, le voyage. C’est un voyage dans un univers qui est le vôtre, un voyage musical, un voyage dans le temps avec ces chansons revisitées mais aussi un voyage au travers de toutes vos influences.
Tout à fait, tu as parfaitement résumé l’idée de ce voyage. C’est tout ça. Revoyager dans notre discographie, dans le temps, comme tu dis, dans l’espace et dans les atmosphères… Il y a du blues, de la soul, du flamenco, il y a tout ce qu’on aime et qu’on n’a jamais réussi à inclure et que le format acoustique nous permet de faire.
Vous avez attaqué le travail sur cet album quand ?
Les anciens morceaux existaient déjà, mais on a vraiment commencé à se pencher dessus avec le Covid et les confinements. C’est là qu’on s’est demandé quels morceaux on allait choisir d’enregistrer. Les enregistrements ont commencé fin 2021 et se sont terminés début 2022, plusieurs sessions sur 4 ou 5 mois. Le confinement nous a permis de pouvoir nous pencher sur les détails. Le prochain album, qui sera électrique, je peux le dire…
Ce sera pour 2029 !
Non, ce sera avant, même si on est lents…
Je suis certain que ce sera pour 2029. Quand on regarde l’écart entre chacun de vos albums, il y a toujours 6 ans… Donc, 2029, c’est logique.
Ouais, mais on a le droit de changer… (rires)
En même temps, ça fait trois 6, un chiffre un peu magique, non ? Mieux encore… Si tu tapes sur google « line-up highway », sais-tu combien de propositions sont affichées ? Il y en 666 millions, je l’ai fait tout à l’heure…
Génial, génial… C’est vrai que c’est un chiffre magique… ou satanique, je ne sais pas… (rires) Le prochain album électrique, ok, je ne donne pas de date mais il est déjà bien avancé, il sera électrique mais avec son lot de surprise. Si The journey est un peu un ovni dans notre discographie, il a quand même notre patte, il y a un fil rouge.
Il y a clairement l’identité musicale de Highway, du classic hard rock, la voix de Benjamin, le jeu de guitares…
Ben a aussi beaucoup travaillé son chant pour ce disque. C’est un autre format, l’acoustique. D’habitude il y a sa voix éraillée, il pousse des cris, mais là, il a dû travailler différemment et ça aussi c’est chouette. Bosser avec ce producteur lui a permis de travailler dans un registre plus clean, faire passer plus d’émotions… j’ai hâte qu’on continue dans cette voix, en électrique mais avec ce qu’on a appris de cet album.
Tu parlais tout à l’heure de concert, un groupe de rock c’est aussi la scène. Quels sont vos pprojets à venir ?
On ne va pas faire de tournée pour cet album. On continue les concerts électriques et c’est assez rigolo parce qu’on joue en acoustique des morceaux qu’on a électrifiés. Il y a certains concerts où on fera un petit set acoustique pour rendre hommage à cet album, et il y aura aussi quelques évènements spéciaux où on jouera cet album avec les invités, cuivres, piano… dans des endroits un peu spéciaux comme des théâtres, pour coller à l’univers de ce disque. Sinon ce sera surtout des concerts électriques. Si tu nous suis un peu, tu sais qu’on joue régulièrement en Espagne, là, on va aussi aller pour la première fois en Italie… On reste un groupe électrique.
Si tu devais ne retenir qu’un seul des 8morceaux de The journey pour dire « voilà, Highway, en acoustique, c’est ça », lequel retiendrais-tu ?
C’est pas facile, parce qu’ils sont tous très différents. Maintenant, je dirai, principalement lorsqu’on joue live, le premier titre, Like a rockstar. Parce que c’est la preuve que même en acoustique, ça peut être fun, dynamique… On est toujours debout, on fait la fête. Mais ce titre montre que, même en acoustique, on peut avoir la rock attitude.
Justement, qu’est ce que vous faites comme des rock stars ?
Un peu tout ! L’idée des paroles de ce morceau, c’est de dire que quoi que tu fasses, fait le à fond, avec le style, la pêche, l’assurance, avec passion et c’est ça qui fait que tu le fais bien, que tu es heureux et fier de ce que tu fais, que tu sois électricien, dentiste, musicien. Fais les choses à fond. Après, on n’est pas le plus décadent des groupes, on a un décadent dans le groupe et ça suffit (rires) Et puis, on n’a pas envie d’être tristes, on traverse tous des moments tristes et difficiles. Romain, mon frère, et moi, on a perdu notre papa en fin d’année, on lui dédie l’album. C’était dur, mais la musique aide aussi à cicatriser, à se concentrer sur le moment présent. Et c’est vrai que le faire à fond aide beaucoup à traverser des moments plus difficiles.
C’est aussi une thérapie. Et, je fais peut-être un lien douloureux, mais « the journey » peut aussi évoquer ce voyage de votre père vers un autre monde.
Aussi… On lui a dédié l’album, ça a été long, difficile, ça s’est fait pendant le processus de l’album et clairement, oui, c’est aussi ça, un autre voyage…
Alors on va revenir à quelque chose de plus positif, d’autant plus que tu as encore quelques interviews à suivre et si tu y vas complètement déprimé… Alors, si tu devais décrire la musique de Highway à quelqu’un qui ne vous connait pas du tout, que lui dirais-tu pour lui donner envie de se plonger dans votre discographie ?
Je dirais que Highway c’est un groupe de hard rock, classic hard rock, avec beaucoup de mélodie et d’énergie. C’est le groupe de notre vie, Highway, donc dedans, il y atout, du hard rock australien de nos premiers amours auquel on a intégré en grandissant toutes les autres influences qui sont arrivées. Donc c’est un groupe assez mélodique qu’on a beaucoup travaillé, on a rajouté des chœurs… Ça reste une base rock binaire avec du blues, de la mélodie… C’est du rock assez… varié, fin. On essaie d’avoir de la finesse dans notre musique. On ne veut pas être juste un groupe de hard rock binaire, que j’adore, soyons clairs, mais avec Highway, on cherche toujours à rajouter quelques éléments pour enrichir notre musique.
Qui est responsable de la pochette et des illustrations ?
Il s’appelle Christian de Vita. C’est quelqu’un avec qui on a travaillé sur le clip de Chemical trip qui est sorti pendant le confinement. On avait fait un clip dessin animé, et ce mec, c’est un graphiste qui travaille à Paris que j’avais contacté dans l’optique de ce type de clip. Il avait fait celui de Slash, Bad rain, que j’avais beaucoup aimé. Je l’ai contacté, il travaille en France et il a accepté. Le tout a aboutit à ce projet et quand on a eu le concept de cette pochette d’album genre ambiance ciné, on s’installe et on en profite comme au cinéma, je lui ai tout de suite proposé. Je savais qu’il avait déjà l’idée de l’ambiance de tout ça, du cinéma – il travaille chez Disney. Il a fiat ça en collaboration avec un autre graphiste de Nantes. Tous les deux ont fait la pochette et… une affiche de film, une illustration par chanson qu’on retrouve dans le livret du CD. C’est donc aussi tout un concept visuel associé à cet album : tu rentre dans un cinéma, un théâtre, voir le film de The journey où chaque chanson est une scène différente avec les mêmes acteurs.
Tu parles de Chemical trip : l’illustration vous montre tous les quatre sur un arc en ciel aux couleurs de la gay pride (il se marre). Il y a un engagement de votre part ?
Ah, ah, non, il n’y a aucun engagement. C’est juste parce que c’était psychédélique. Il n’y a pas de rapport au drapeau gay, c’était vraiment plus part rapport au côté psyché, champignons hallucinogènes et tout ça. Maintenant, c’est vrai qu’on peut y voir un message et une sorte d’engagement.
Sans même parler d’engagement, ça pourrait simplement être un clin d’œil…
Ça pourrait, amis ce n’était pas le cas…
Je termine avec la pochette. Elle est, naturellement très évocatrice de cinéma mais surtout de cinéma américain (il acquiesce). Vous avez une relation particulière avec les USA. Vous y voyagez régulièrement ?
C’est notre culture, oui… Tu sais quoi ? J’en reviens. Il y a trois semaines, je me suis fait un trip court en Louisiane et au Tennessee pour aller suivre la route du blues, du jazz, de la naissance du rock’n’roll. J’adore… C’est ma culture musicale, et être dans ce berceau où est né le rock… Quand tu vas à Memphis et que tu rentres dans les studios, les Sun studios où sont nés les premiers morceaux d’Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Johnny Cash… C’est incroyable, émouvant… J’adore… Oui, je suis fan, et ça transparait dans notre musique.
Et les Américains sont plus dans l’entertainement que dans la culture, fameuse « exception culturelle française ». Cependant, qu’est-ce qui manque aujourd’hui à Highway pour passer au stade supérieur, vous avez une carrière qui commence à être longue, une discographie assez riche… Que manque-t-il ?
Si je le savais… Peut-être les contacts, le fait de n’avoir pas été là, au bon endroit au bon moment… Tout ce qu’on fait, on le fait avec amour, petit à petit avec les moyens qu’on a. Aujourd’hui, on croit vraiment à cet album qui peut nous ouvrir des portes vers un public pas forcément hard ou metal. Nous on continue, on sait qu’on va rencontrer quelqu’un qui va nous permettre de franchir une nouvelle étape. Comme ça a été le cas à chaque album, on a rencontré des gens qui nous ont permis de franchir une nouvelle étape. On verra où nous emmènera ce nouveau voyage… « It’s a long way to the top » … J’ai déjà accompli beaucoup de rêves avec ce groupe depuis qu’on l’a fondé – des tournées européennes, avec Schenker, rencontré des gens géniaux partout en Europe, faire des journées promo à Paris… Je ne pensais pas qu’on serait encore là 20 ans après !
Quelle pourrait être la devise de Highway aujourd’hui ?
La devise ? Je crois que c’est toujours la même chose depuis le début : « Enjoy, have fun ». Profite, quoi. Eclates toi et ne pense pas au passé ou au futur, éclates toi aujourd’hui.
As-tu une dernière chose à ajouter puisque nous arrivons au terme de cette interview ?
Surtout, merci à toi qui nous soutiens depuis nos débuts, tu fais partie des premiers à avoir écrit à notre sujet, à avoir fait des chroniques. On va monter une tournée, et on va partout, alors s’il y a des organisateurs intéressés, n’hésitez pas !
Plus d’infos sur le site du groupe: www.highwayrocks.com