WORLDS BEYOND: Rhapsody of life

Belgique, Prog metal symphonique (Autoproduction, 2025)

Formé en 2017, le groupe belge Worlds Beyond propose dès ses débuts un metal symphonique inspiré des grands noms du genre que sont Nightwish ou Evanescence. La formation propose fin 2020 un premier album, Symphony of dawn et peaufine son ouvrage jusqu’à revenir début 2025 avec Rhapsody of life. Ce second essai permet au sextet de trouver son identité sonore. Même si les influences restent évidentes, Worlds Beyond s’en détache par l’apport original de touches régulières de violon (Jakob Declercq) et des compositions très progressives dans l’âme. Le chant haut perché de Valerie De Kempe colle parfaitement au genre tandis que les guitares de Tijmen Matthys (également compositeur et producteur du combo) touchent là et comme il faut. Jamais envahissant ni inutilement démonstratif, le guitariste sait aller à l’essentiel, soutenu dans ses approches mélodiques par les claviers de Robbe Adriaens qui apporte ces ambiances progressives, aériennes et symphoniques. Enfin, la section rythmique pose les bases solides des structures de l’envoûtant Familiar skies ou du doux One with the stars. Avec Rhapsody of life, Worlds Beyond nous offre un voyage sonore varié et apaisant qui célèbre simplement la vie. Une très belle découverte à l’image de la superbe et sobre illustration de cet album (signée Elise Tack).

INHERITED: No regrets

Pays-Bas, Hardcore (Autoproduction, 2025)

Vaut mieux pas les mettre en colère, nos voisins hollandais… Inherited est un jeune groupe formé en 2022 et dès son premier album, No regrets, le ton est donné. Le hardcore sans concession mélange vocaux gutturaux sans être hurlés (il va chercher au fond de ses poumons le vocaliste Jamie Versprille) et thrash sans concession à la Nuclear Blast meets Exodus. Les guitares de Midas Giele et Marvin Wesdorp charcutent et cisaillent tandis que la section rythmique pilonne sévèrement – la batterie parfois tribale (l’intro de GFY) de Neill Ray et la basse de Lucas Camonier sont d’une brutalité et d’une efficacité exemplaires. Du morceau titre No regrets à l’explosif Denial qui clôt l’album, Inherited ne laisse pas un moment de répit – hormi quelques vocaux plus proches du chant de temps à autres. Pas étonnant que le grope se soit retrouvé en finale de la Wacken metal battle. Ca castagne sévère!

GABRIEL PALMIERI: A portrait of existence

France, Metal instrumental (Autoproduction, 2025)

C’est, semble-t-il, la saison des albums instrumentaux qui est déclarée ouverte! Gabriel Palmieri est bien connu des métalleux puisqu’il joue au sein de Deficiency, mais c’est bien mal le connaitre si l’on s’en arrête à ça. Car le guitariste a bien plus que le thrash metal en réserve. Heureusement, d ‘ailleurs pour quelqu’un qui est passé par la MAI (Music Academy International) de Nancy. Avec ce premier album solo, A portrait of existence, il a, naturellement, pour intention de démontrer tout son savoir faire en matière de 6 cordes et plus. Débutant avec une Introduction très cinématique, le guitariste se lance dans plus de démonstration avec Beyond heaven. Ok, jusque là, rien de bien neuf, me direz-vous, « encore un clone de Satriani qui veut nous donner des leçons ». Oui, mais en fait, non… Car, sans jamais quitter des yeux le metal, Gabriel Palmieri sait se montrer versatile, alliant dextérité, vitesse, précision et, surtout, feeling. Il y a de la rage par instants, mais d’autres se font plus foncièrement jazzy et groovy. Loin de n’être qu’un album de guitare, A portrait of existence, l’album en cause, sait aller tailler le bout de gras avec les autres instruments, à commencer par les claviers (Groovin’ through waves) ou la basse/batterie sur le joyeux et aérien Crystal skies rappeler le bon gros hard rock bien gras (Timeless universe). On a même droit à un voyage dans le temps médiéval avec le très bien nommé Bard on the green. Avec A portrait of existence, Gabriel Palmieri nous présente diverses facettes de sa personnalité et de ses influences/amours musicales. Un album très riche à découvrir et à soutenir. Oui, on a des grands instrumentistes en France!

DUGARO: Play

France, instrumental (Autoproduction, 2025)

Les plus agés des amateurs de hard rock made in chez nous se souviennent (peut-être) encore de Dygitals, groupe parisien formé dans les années 80 qui a marqué les esprits avec des titres aussi puissants (aux débuts du groupe) que soignés et léchés. Un projet de premier album avorté en 1987, le groupe disparait, David Dugaro, le guitariste, et Hervé Traisnel, le chanteur se lançant dans un projet annexe – NDB – refondant Dygitals à l’occasion du PMFF de 2012, permettant enfin de réaliser une production discographique. Si le groupe existe encore, David a décidé de suivre son chemin et est allé fouiller dans ses archives sonores pour sélectionner 10 morceaux qui donnent aujourd’hui, sous son patronyme, Dugaro, ce premier album solo, Play. L’exercice de l’album instrumental est toujours délicat, car comment ne pas être tenté par la comparaison avec les géants du genre que sont, au hasard, Joe Satriani, Jason Becker ou Steve Vai? En France, nous avons eu – l’avons encore puisque lui aussi vient de sortir un nouvel album – Patrick Rondat qui a démontré qu’il est possible d’échapper à cette comparaison. Au travers de ces dix morceaux, David Dugaro démontre lui aussi que la guitare demeure un instrument avec d’innombrables possibilités. Tout au long de Play, il explore divers univers, allant du blues au metal furieux, en passant par le rock US, ajoutant ci-et-là une touche de folk pour un résultat frais et varié. Si la guitare prédomine naturellement, la présence de cuivres apporte une touche complémentaire à un ensemble qui, souvent, ressemble à la bande son d’un film de cinéma. Le guitariste explore avec bonheur de nombreux champs musicaux aussi étonnants, parfois, que la pochette de l’album (une œuvre signée Johanne Goll). Ne nous fions pas à une première impression, car il y a dans cette illustration une variété d’indices, qu’ils soient temporels (le titre pixélisé qui rappelle l’informatique naissante et les premiers jeux vidéos qu’on trouvait dans les bars des 80’s ou son propre nom avec une police bien plus moderne et lissée) ou géographiques avec cette toile qui le représente au milieu d’une route traversant le Grand Canyon et qui rappelle son amour pour le rock américain. Play est un disque qui s’écoute d’une traite et qui donne vraiment envie d’y revenir. Une tournée est prévue pour présenter ce premier album au public, alors, un conseil: déplacez-vous!

MAINKIND: Fool’s game

Hard rock, France (Autoproduction, 2025)

Ca fait un petit bout de temps qu’ils trainent, Mainkind. Amoureux du bon gros son hard rock vintage, celui toujours mélodique des 80’s avec ces riffs entêtants et ses airs à chanter en voiture, celui simple et, parfois, quelque peu maladroit, le groupe formé par le batteur Tony Treynel et le chanteur Terry Grumiaux est en effet loin d’être néophyte en matière de rock. « Titi » s’était fait remarquer notamment avec Factor Hate et son show digne d’un Alice Cooper débutant, tandis que Tony a donné la mesure à différents projets dont, si je ne me trompe pas, une des dernières incarnations de Dygitals. Pas étonnant, Hervé, le chanteur de ces derniers n’étant autre que le frangin du batteur. On n’est donc pas non plus surpris d’entendre Hervé donner de la voix sur un bon nombre de titres – il est même chanteur lead sur Paradise. Musicalement, on repart quelques décennies en arrière, avec un certain bonheur. Après une intro de casino, on entre dans le vif du sujet avec un Feelin’ free enjoué. On retrouve le son et l’envie des guitares d’alors (ici tenues par Vince Lawry et Bucky Tannen – un clin d’œil à la famille de roublards et molosses de Retour vers le futur?) et de la partie rythmique (la basse de Nicko Kalifornia, bonjour aussi les pseudos !) qui parfois explorent les univers de l’ouest américain (la ballade I am a man) ainsi que l’esprit du rock US qui fait mouche (cette intro à la batterie sur Right here, right now est digne d’un Alex Van Halen). Toujours rock, parfois heavy (Hang on suzy), ou simplement speedé (Take down easy, Hot girl, bad boy). Les thèmes abordés sont classiques – l’amour, la vie, le rock – et sans surprise. Loin d’être nostalgique, Fool’s game nous replonge sans équivoque dans un lointain passé, avec une envie réelle doublé de ces charmantes maladresses (dont un chant joliment éraillé mais parfois un peu poussif, et certainement sous produit). Mainkind ne réinvente rien, bien au contraire, mais, et c’est là le principal, se fait plaisir de bout en bout et, surtout, a tous les atouts pour faire s’agiter les foules en concert, véritable lieu d’expression de ce genre musical.

SUN: Krystal metal

France, Brutal pop (Autoproduction, 2025)

En 2022, nous avions été assez séduits par Brutal pop 2, l’Ep/démo de Sun qui nous permettait de découvrir une artiste versatile et quelque peu touche à tout. Sun revient aujourd’hui avec Krystal metal, un album complet d’une originalité et d’une efficacité remarquables. La jeune femme a parfaitement intégré l’ensemble de ses influences qui vont d’une pop énergique et mélodique à du metal bien burné. Dès Free your soul, on sait où on met les pieds. En tout cas, on croit le savoir tant la virulence de ses growls est puissante. Cependant, c’est pour mieux revenir à un chant doux et à des mélodies immédiatement mémorisables. Car c’est là la grande force de Sun: proposer des titres enjoués et entrainants sur fond de guitares rageuses et de mélodies efficaces, l’ensemble allant rencontrer aveuglément une brutalité soudaine. Il y a tout au long de cet album un mélange de pop et de metal enragé, virevoltant et saccadé. Les guitares sont déterminées et colériques, et les lignes vocales joyeuses, accompagnant avec bonheur des « Ohohoh » que le public chantera en concert balançant ses bras levés de gauche à droite (faisant, parions le, cette connerie de « coeur-avec-doigts » sur Warrior riot grrrl). Le morceau titre se fait martial et hypnotique, puisant autant dans l’esprit de Metallica que dans la folie d’Avatar tandis que Sirius love figurerait parfaitement au générique d’un film pour ados. Sun est douée, très douée même, son ouverture et ses inspirations musicales ont tout pour séduire un public varié. Alors, oui, plongez-vous dans ce Krystal metal, lumineux, attirant et séduisant comme le plus pur des cristaux et dur comme l’acier. Bravo.

LISATYD: Still

France, Stoner (Ep autproduit, 2025)

Après une intro planante, Loop, le morceau d’ouverture de Still, le nouvel album des Français de Lisatyd (acronyme de Life Is Shit And Then You Die, titre du premier Ep) s’enfonce dans les méandres éthérés d’un heavy stoner et psychédélique avec des sonorités extra terrestres. D’impros contrôlées en délires noisy, les six titres de ce nouvel Ep entraine l’auditeur dans un univers hors du temps. Grungy et crunchy, certes, souvent hypnotique et jamais dépourvu de mélodies, le quatuor sait lier efficacité, rugosité et densité. On remarquera l’évolution naturelle du groupe qu’on avait pu découvrir avec un première production en 2023. Si Lisatyd pouvait alors dérouter, il interpelait, aussi. On appréciait déjà, en effet, le côté décalé et planant de ses créations, deux paramètres à prendre une nouvelle fois en compte, la maturité du travail en commun en plus. Simon Garette (chant et guitare), John Babkine (guitare), Clément Verhaeghe (basse) et Angela Dufin (batterie) mettent chacun en commun leurs expériences acquises au sein d’autres formations d’univers variés. Etonnant et réussi.

FAT BASTARD: Barely dressed

Belgique, Very Hard Rock (Autoproduction, 2025)

De la pochette au contenu, tout ici évoque le rock crade et direct qu’on écoute dans les bouges enfumés qui puent les relents de cendres froides et de bière tiède. Fat Bastard coche toutes ces cases, et ça tombe bien en ce qui concerne la bière, ils sont Belges! Formé en 2007, nos voisins ont déjà publié deux Ep – Feel the pain en 2013 et Junk yard fest en 2018, plus proche d’un album d’ailleurs avec ses 7 titres… Pas pressés les gars, mais le résultat est là: Barely dressed est un premier album explosif de bout en bout. Après un Never told me her name qui évoque plus les grands espaces des westerns chers à Morricone doublé d’ambiances à la Tarantino, You know you are gone dévoile le jeu du quatuor. Si le groupe n’est pas fan de Motörhead, on se pose des questions! Mais Fat Bastard ne copie pas, il pose sa propre pate sur des riffs et des rythmes puissants, simples et directs qui nous replongent parfois dans une forme de rockabilly (très) énervé. On y retrouve certes l’esprit de la bande à Lemmy toutes époques confondues avec un chant rocailleux Jorn Mazet) et, souvent, une touche punk ainsi que, parfois, un riffing (Jan Sommeryns) à la Fast Eddie (Hammer), mais aussi beaucoup de rage irrévérencieuse (à qui en veut-il avec ce Piece of shit explicite?). On ne sera guère surpris de découvrir un officiel hommage à Maitre Lemmy avec Mister Rock. Barely dressed est sans doute l’album de heavy rock qu’on attendait depuis longtemps, le genre qui ne cherche pas à faire de l’esbrouffe, qui va droit au but avec une monstrueuse efficacité, une rythmique de tous les diables (Geller Van Reeth à la basse et Kurt Pals à la batterie) et qui me donne une furieuse envie de découvrir les précédentes productions. Fat Bastard pourrait-il être à Motörhead ce qu’Airbourne est à AC/DC? En tout cas, la relève est assurée. A découvrir d’urgence et à consommer sans modération. On se fera également plaisir en allant visiter le site du groupe et lire son « personal rider » hilarant (quoique… certains adeptes de la bien-pensance et du politiquement correct vont encore trouver des conneries à en dire, c’est évident)! On vous voit quand en France, hein, dites?

CUTTING CORNERS: Trampoline park

France, Punk (Cutting Corner records, 2025)

Ils sont deux – Ricardo à la guitare et Tommy à la batterie, les deux se partageant le chant – et ils ont envie de foutre un joyeux bordel. Guitare, batterie et un chant énergique et entrainant, la recette est simple et bigrement efficace. Avec Trampoline Park, Cutting Corner scande sa joie de vivre et sa liberté. Les douze titres sont directs et d’apparente simplicité. Quoi de plus complexe que de reproduire à deux ce que des groupes complets font? Alors les deux ne se prennent pas la tête, vont à l’essentiel avec des mélodies chantantes et percutante. On trouve des traces de The Offspring ou de QOTSA et, plus proche de nous, certains passages évoquent Sticky Boys. Simple, sobre et efficace. Et si l’énergie est retranscrite de cette manière sur scène, on nous promet de bons, d’excellents moments.

BLACK RABBIT: Chronolysis

Pays-bas, Thrash (Ep Autoproduit, 2025)

Située dans la province de Gueldre, Apeldoorn est une commune néerlandaise qu’on ira volontiers visiter pour ses… Ouais, on s’en fout, en fait. En tout cas, c’est là que Black Rabbit, groupe de thrash/death a vu le jour à la veille des années 2020. Les cinq musiciens – Nino Thomas au chant, Jelle Brekelmans et Hidde Hofland aux guitares, Thijs Mulder à la basse et Koen van der Voet à la batterie – crée le concept du lapin noir qui donne son nom au groupe, sorte de bestiole maléfique qui vient hanter nos nuits. Un premier Ep en 2020 est suivi d’un album, Hypnosomnia en 2023 avant l’arrivée de ce Chronolysis explosif. En cinq titres, les Néerlandais nous démontre leur savoir faire et leur détermination. Ca thrashe dans tous les sens et ce disque m’évoque la folie contagieuse de Crisix. Oui, Black Rabbit emporte tout sur son passage, surtout son auditeur pris au piège dans un déluge de riffs et de rythmes assassins et « cauchemardesques ». On se déboite la nuque avec bonheur. Live, ça doit démonter sévère! Fun, rentre dedans et explosif, bravo!