Rencontre avec Hannes Braun (chant) et Andy Schnitzer (batterie) de Kissin’ Dynamite. Propos recueillis à Paris, le 1er juillet 2016
Metal-Eyes : Megalomania est sorti il y a moins de deux ans et vous revoici avec un nouvel album. D’où proviennent cette énergie et cette créativité ?
Hannes : La créativité peut provenir de partout… Tu es comme une antenne, tu écoutes attentivement, observes attentivement ce qu’il se passe et tu n’as pas besoin d’être trop réceptif à ce qui t’entoure tellement il se passe de choses, politiquement, les médias sociaux… On peut parler de mégalomanie. Tout ça se retrouve sur Generation goodbye en matière d’e thèmes et d’idées. Il n’a jamais été question de réaliser un concept album, bien que ça y ressemble. Il y a eu comme un fil rouge qui nous a traversés, et nous sommes très fiers du résultat qui est très organique. Pour la première fois , nous avons tout fait nous-mêmes, de la composition à la pochette, la production…
Andy : Je crois que si tu as le contrôle de ce que tu fais, si tu aimes ce que tu fais, ça te donne l’énergie, et tu paux encore mieux travailler. Si tu n’es pas satisfait de ce qu’il se passe, parce que quelqu’un a pris le contrôle, cette énergie disparait. Mais nous sommes vraiment contents du résultat.
Metal-Eyes : Comment décrirez-vous votre évolution depuis Megalomania, qui était déjà très bien accueilli ?
Hannes : Tout d’abord, Megalomania était très important à nos yeux parce qu’il nous a vraiment permis de comprendre nos limites en ce qui concerne ce que nous pouvons mélanger entre nos influences 80’s, d’où nous venons, et la musique moderne avec laquelle nous vivons. C’était un cheminement naturel. Pour trouver la balance, le juste équilibre, tu dois parfois pencher plus à droite, d’autres fois, plus à gauche jusqu’à trouver cet équilibre. Pour nous, je pense que cet équilibre est Generation goodbye, parce qu’il y a moins de sonorités électroniques. Il y en a encore, si tu écoutes Hastag your life ou She came she saw, il y a des parties industrielles, mais plus aussi agressives, elles sont plus en arrière plan. La construction est plus organique…
Andy : Ca fait partie des morceaux, mais vraiment en fond, en soutien des chansons.
Metal-Eyes : Vous êtes revenus à quelque chose d’un peu plus rock’n’roll basique ?
Hannes : On peut dire ça, oui. Mais sans renier ce que nous avons fait avec Megalomania. Megalomania a été très important pour nous, Nous avons soudain joué dans des salles 5 fois plus grandes qu’avant, nous avons eu de plus nombreux fans… Certains de nos fans les plus anciens ont dit qu’ils ne pouvaient pas accepter ça, les plus conservateurs, et ça arrive. Mais ce qui est important à nos yeux est que nous ne cherchons jamais à satisfaire les attentes des fans. Si nous faisions cela, nous enregistrerions toujours le même album ! Les fans ne sont pas si ouverts que ça, ils veulent que leurs groupes préférés, ceux qu’ils aiment le plus, restent les mêmes, toujours –
Metal-Eyes : Il y a AC/DC pour ça !
Andy : Oui, mais AC/DC est comme ils sont. Nous sommes ce que nous sommes aujourd’hui, mais nous ne pouvons en dire autant de notre passé, il y a 4 ans à peine.
Metal-Eyes : C’est ce qu’on appelle généralement « évolution ».
Hannes : Oui. Tu sais, on a une image, ce que j’appelle notre « boussole interne », ce qui te montre toujours la bonne direction. Il suffit d’observer, de sentir ce que cette boussole t’indique. Nous écrivons toujours nos chansons en tenant compte de ce que notre boussole nous indique pour combler au mieux NOS désirs. Le pire qui puisse arriver, c’est d’écrire une chanson pour les fans, chanson que nous n’aimons pas vraiment et que nous imaginons puisse leur plaire. Mais si tu n’aimes pas profondément ce que tu fais, tu peux être 100% certain que les gens ressentirons la même chose.
Andy : Tu ne peux pas toujours tout aimer, mais tu ne peux pas satisfaire tout le monde
Hannes : Tu peux seulement être juste envers toi-même. Si tu célèbres totalement ce que tu fais, si tu es à 200% dedans – et c’est mon cas, j’écoute en permanence notre CD dans la voiture, ce qui est bon signe, car si je n’en étais pas fier, je me cacherai – c’est ce qui peut t’arriver de mieux. Si tu aimes vraiment ce que tu fais, tu peux être certains qu’il y aura des gens pour l’apprécier aussi !
Metal-Eyes : Quelle est la signification du titre, Generation goodbye?
Andy : Cela reflète juste notre époque et notre génération… C’est devenu un sujet important à nos yeux, comme une ligne rouge pour cet album, qui au final traite du même thème. Notre génération, dispose de tant de possibilités aujourd’hui, en matière de médias, réseaux sociaux, streaming – en un clic, tu peux écouter des millions de chansons – Youtube, les avions, la mondialisation… Tout est possible, mais nous pensons que c’est trop pour nos cerveaux. Les gens ne sont pas plus heureux, mais ils sont plus nerveux, stressés, car ils voient toutes ces possibilités et pensent « mince, j’ai peut-être raté quelque chose… » Tu vois ce gars sur cette plage et tu te dis que cette plage est mieux que celle que tu as choisie…
Hannes : L’herbe est toujours plus verte chez le voisin…
Andy : Ce n’est pas bon, si cette technologie te rend nerveux… Nous rappelons simplement aux gens, avec cet album, ce qu’est la vie, Carpe diem, prenez votre temps, vivez le moment présent, on ne peut se trouver à deux endroits en même temps. Faites ce que vous faites à fond et ne cherchez pas à gagner de l’argent, de la célébrité, du pouvoir sur tout… C’est inutile, aveugle et stupide ! Dites simplement bonjour à la vie.
Metal-Eyes : Hannes, la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, tu me disais que, généralement, on vous demandait si vous pensiez pouvoir faire mieux pour votre prochain album. J’inverserai donc la question en te demandant si tu es à 100% certain que Generation goodbye est meilleur que Megalomania ?
Hannes : oui, oui, sans l’ombre d’un doute, et voici pourquoi: Generation goodbye ne perd pas cet esprit accrocheur, cette énergie qui définit Kissin’ Dynamite. Il y a de grosses mélodies qui rentrent dedans, que lles gens chantent… Nous avons travaillé comme toujours, mais le feeling qui émane de ces chansons est tellement plus vrai, sincère que nous avons vraiment le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’important.
Andy : Nous voulons diffuser un message avec cet album, c’est volontaire. Avec les disques précédents aussi, mais c’était vraiment un objectif cette fois-ci, ce qui est cool pour un artiste, je pense.
Hannes : Et je ne pense pas qu’on puisse faire de la musique sans message. Je suis radical, oui. La musique est un art, et l’art devrait toujours porter un message. Nous avons composé des chansons avec un message dans le passé, mais pas aussi poussé, profond. Je pense qu’un message doit être transmis, pas simplement « quelque chose que le monde doit savoir » pas une simple pensée. Nous ne sommes bien sûr pas les seuls, et je crois que ce qui se passe dans le monde n’est pas équilibré, et il y a beaucoup de personnes qui le disent. Nous le faisons avec notre propre langage, celui de Kissin’ Dynamite.
Andy : Pour moi, le message n’est pas simplement compose des paroles, mais aussi par notre musique. Quand Hannes m’envoie ses idées musicales, il y a comme une vibration et je sais quel type de paroles je dois écrire pour coller à l’esprit.
Hannes : Andy et moi avons souvent des conversations philosophiques, ce que nous adorons. ET nous sommes tous deux à 100% convaincu que quoi que tu fasses dans ta vie sera meilleur si c’est sincère, authentique et si ça vient de manière organique, sans pression ou stress. Il faut sentir cette magie qui te fait avancer, qui fait glisser les choses naturellement. C’est pourquoi je crois vraiment que Generation goodbye est l’album le plus accrocheur et authentique, celui qui sera retenu de tout notre travail.
Metal-Eyes : Si vous deviez choisir, chacun, une chanson de Generation goodbye pour décrire ce qu’est aujourd’hui Kissin’ Dynamite, laquelle serait-ce?
Hannes : Ouh, c’est un décision difficile! Choisir un seul titre ? Tu sais, c’est comme une photo pleine de détails… Kissin’ Dynamite est toujours un groupe d’entertainement et notre message n’est pas négatif, nous ne disons pas que le monde est en feu que tout va mal, ne sortez plus jamais de votre chambre ! Nous sommes là pour dire aux gens que le monde actuel n’est pas équilibré mais que l’on peut s’en sortir, et nous sommes là pour leur montrer. En tout cas, avec nos moyens. Tout commence avec l’humain. Le monde ne brûle pas, il se fait brûler par les hommes. Je choisirais Generation goodbye, je ne sais pas pour toi, Andy ?
Andy : Oui, je choisirai le même morceau, pour ce que tu viens de dire, mais aussi parce que cet album est composé de ballades et de titres plus rentre-dedans et que Generation goodbye est un bon mix des deux. J’aime cette chanson, c’est une de mes préférées, car elle a cet esprit doux amer.
Hannes : Elle traite du fait, ce que nous vivons tous, de quitter ce que tu connais, et ce n’est pas facile de quitter ce qui n’a jamais changé, qui est devenu une habitude. Ça, c’est le côté amer, tandis que la douceur, c’est se dire que nous pouvons réaliser de nouvelles choses, meilleures, si l’on regarde ce qu’il y a au-delà de l’horizon, des villes, des murs. Avoir l’espoir de pouvoir commencer quelque chose de neuf, d’avoir le courage de ne pas accepter ce qui est tel que c’est. C’est un sujet totalement rock’n’roll. Ne pas accepter ce que tu es, ce qui est, si tu as le sentiment qu’il y a quelque chose de mieux.
Metal-Eyes : Vous êtes actuellement en voyage promo, et c’est le première fois pour toi, Andy. Trouvez-vous le temps de visiter les villes où vous vous arrêtez ?
Hannes : Non (rires) ! Mais nous sommes déjà venus 5 ou 6 fois à Paris, et nous avons pu voir la superbe tour Eiffel. Hier, nous allions en voiture à notre hôtel et nous avons pu apercevoir, rapidement l’Arc de Triomphe, style « oh, l’Arc de Triomphe… trop tard ! » Mais malheureusement, nous ne faisons pas de tourisme… MAIS : nous allons au restaurant et mangeons fabuleusement bien !
Andy : Et on s’installe aux terrasse et regardons les femmes passer.
Hannes : Nous sommes toujours épatés par la beauté de femmes françaises ! Il y a tant de jambes !
Andy : Des jambes jusqu’au ciel…
Metal-Eyes : Bien que le temps ne soit pas le meilleur pour ça.
Hannes : Que se passe-t-il par beau temps ???
Metal-Eyes : Les tenues se raccourcissent! Kissin’ Dynamite est le titre d’une chanson d’AC/DC. Que pensez-vous des derniers événements dans la vie du groupe ?
Andy : J’ai toujours été un grand fan d’AC/DC et, d’un côté, ce qui s’est passé l’an dernier est dingue, et Generation goodbye aborde aussi ce thème, nos héros les plus anciens qui disparaissent… J’ai vraiment aimé le chant d’Axl qui m’a vraiment scotché, mais d’un autre côté, je suis triste parce qu’il n’y a plus Brian Johnson qui distille la joie de vivre. Il a toujours le sourire, je crois qu’il a toujours pris son pied avec AC/DC. Je crois qu’Axl est un bon musiciens, un bon chanteur, mais il n’est pas aussi heureux. Ce n’est pas ainsi que devrait être AC/DC.
Hannes : Je crois que tous les débats qu’il y a eu sur internet et les réseaux sociaux étaient inutiles, car qui sommes nous pour juger d’une décision que prend un groupe comme AC/DC? Nous sommes les fans, et, naturellement, les fans aiment leurs repères. Mais nous n’avons aucun droit de juger une décision. Nous pouvons la critiquer, oui, mais j’ai lu tant de choses « ils devraient arrêter plutôt que de monter sur scène avec ce gars ! »… En fait, j’ai été beaucoup plus attristé par la situation de Brian, qui m’a toujours semblé vivre pour le rock, être terre à terre, et il a un vrai problème de santé. On doit toujours prendre sérieusement ces soucis de santé. Jai été heureux il y a quelques semaines lorsque j’ai appris qu’il avait trouvé un spécialiste qui pourrait l’aider et qu’il pourrait revenir sur scène. J’espère qu’AC/DC le laissera revenir. Je suis jeune, et je n’ai jamais eu le sentiment que Brian Johnson était le « nouveau » chanteur d’AC/DC. Il a tété leur chanteur pendant 40 ans, il est LE chanteur d’AC/DC ! Je ne dis rien de mauvais au sujet d’Axl Rose qui a prouvé qu’il pouvait le faire…
Andy : Et je suis simplement content d’avoir pu voir AC/DC à plusieurs reprises, et si j’ai des enfants et des petits enfants, je pourrais leur raconter !