ELVENKING: Secrets of the magick grimoire

Folk metal, Italie (AFM, 2017)

Malgré d’incessants, ou presque incessants, changements de line-up, les Italiens d’Elvenking continuent de suivre leur chemin sur les voies d’un folk metal enjoué. Paru fin 2017, ce Secrets of the magick grimoire nous offre 12 nouvelles compositions qui fleurent bon la joie de vivre. Un peu pagan, très happy metal, cette nouvelle collection est sans aucun doute l’une des plus belles réussites artistiques du combo, toujours mené par un Aydan (guitares) inspiré. Alors, bien sûr, cette instabilité chronique pourra faire penser à un Ayreon ou un Royal Hunt, mais les inspirations diffèrent. Ici, Elvenking puise dans un folk metal traditionnel, chantant, proche du metal joyeux d’un Helloween ou d’un Freedom Call, et s’offre une variété, une exploration de paysages et d’horizons musicaux très variée. Mieux, c’est une invitation conquéranteet optimiste qui nous est ici proposée. Pourquoi, alors, devrions-nous, amateurs de métal  épique et mélodique, refuser d’emboiter le pas d’un Elvenking inspiré?

DIRKSCHNEIDER: Back to the roots – Accepted

Heavy metal, Allemagne (AFM, 2017)

Opportuniste, le père Udo? Le retour en force et en forme d’Accept depuis une bonne dizaine d’années est-il à l’origine de ce Back to the roots – Accepted, double live de l’ex-chanteur du groupe qui ne reprend ici, sous son nom, que des classiques d’Accept période Udo Dirckschneider? Le gaillard, légendaire voix d’un groupe non moins légendaire, surfe sur cette vague et l’on ne saurait l’en blâmer. C’est donc sous son propre nom, Dirkschneider, que le vocaliste entraine son groupe en Tchécoslovaquie où cet album a été enregistré le 9 décembre 2016. Et vous voulez savoir? Même si l’on peut s’offusquer d’une telle bassesse (exploiter uniquement le catalogue légendaire d’Accept et mettre de côté certains brûlots de son catalogue personnel), eh bien le vocaliste et son groupe sont tellement en forme que le plaisir est réel. Une belle série de classiques nous est ici proposée et l’on se délectera des Starlight, Flash rockin man, Wrong is right, Son of a bitch, Burning, autant que des indémodables Fast as a shark, Princess of the night ou Metal heart. Ce disque propose également la version DVD, mise en images de ce concert. Les titres sont certes imparables, et les plans mettent en avant un groupe soudé, et non uniquement son chanteur star. La salle, une sorte de Zénith pleine comme un œuf, abrite un public multigénérationnel tout acquis. Le traditionnel mur de Marshalls est remplacé par un mur de lights, ce qui rend parfois la mise au point difficile (allez regarder Breaker et ses lights blanches stroboscopiques). Si l’on peut regretter l’absence totale de bonus, ce double CD/DVD nous donne rapidement envie de retrouver Dirkschneider à Paris le 13 décembre prochain. Le concert annoncé comme Back to the roots part II semble dores et déjà prometteur. Alléchant, tout du moins!

KISSIN’ DYNAMITE: Generation goodbye – Dynamite nights

Hard rock, Allemagne (AFM, 2017)

Après un Generation goodbye plus que remarqué, nos voisins teutons de Kissin’ Dynamite ont décidé de faire parler la poudre et nous livrent aujourd’hui – il est déjà en bacs – un bien bel album live immortalisant leur dernière tournée. Enregistré à Stuttgart, ce témoignage fleuve – 25 titres – propose, oh surprise, c’est désormais une habitude, un double album audio doublé du visuel immortalisé sur DVD. A set list identique, ruons nous d’abord sur le DVD, l’audio sera à prévoir pour vos déplacements. La salle dans laquelle se produisent les Allemands, le LKA Longhorn de Stuttgart – en ce 3 décembre 2016 est vaste, la bonne visibilité du public seulement contrariée par ces vilains poteaux de soutènement centraux. Mais le public est présent en nombre – c’est mieux pour un live, non? – et KD a mis les moyens: si la scène est sobre, le décor est bien présent, le logo du groupe flashant en rouge au dessus des enceintes, les fumigènes utilisés à bon escient, les choristes présentes juste ce qu’il faut, la venue de Jennifer Haben (Beyond the Black) … Scéniquement et musicalement, il n’y a rien à dire: les amateurs de bon gros hard rock trouveront du plaisir avec cette setlist dont la seule faiblesse est ce passage plus calme des 3 ballades power ballads (Only the good die young, Out in the rain ou Against the world, interprété par Hannes Braun seul sur scène avec son piano). Le reste est puissant, axé sur le dernier album et sur les morceaux les plus explosifs de la formation. On regrettera seulement le manque d’espace scénique qui transforme vite la prestation en répétition de mouvements, et les lumières ne rendant pas justice au groupe. L’envie, l’énergie et le plaisir se reflètent cependant sur les visages des jeunes musiciens – qui n’ont rien à envier aux grands du genre – et du public multigénérationnel. Comme tout bon DVD, il faut compter sur les bonus. Au nombre de 3, on est vite frustrés aussi: une présentation de l’équipe (The crew behind the show) en hommage au road crew qui ne dure même pas 5′, ou des « Secret scenes » d’à peine 4’… On en demande plus! « KD goes Ukraine » permet de suivre le groupe hors ses frontières pendant 10’… Pourquoi n’avoir pas saisi l’opportunité de montrer plus de paysages, villes, publics??? Reste que Kissin’ Dynamite honore son statut de relève de la vieille garde et se tient prêt à la prendre, la relève…

ORDEN OGAN: Gunmen

Power metal, Allemagne (AFM, 2017)

N’étant pas particulièrement familier de Orden Ogan, je ne m’aventurerais pas ici dans un comparatif de ses différents albums. Je me contenterais donc, et, par la force des choses, toi aussi ami lecteur, de livrer quelques impressions sur ce 6ème album des Allemands. Déjà, quand on est germain et qu’on appelle son album Gunmen, que l’illustration évoque plus le far west que le vieux continent, on peut s’attendre à quelques surprises. On parle cependant de power mélodique, et Orden Ogan en connait parfaitement les ficelles: de grandes envolées épiques, des mélodies travaillées, de la puissance et de la vélocité rythmique, tous les ingrédients sont réunis tout au long des 10 chansons qui composent cet album. Bien produit, avec des chœurs comme il faut pour entrainer le public lors des concerts (les « We are » de The face of silence, par exemple) ou lune participation tout en douceur de Liv Kristine (Come with me to the other side), Orden Ogan met les petits plats dans les grands. Seulement, il n’y a guère de surprise… Si c’est bien fait, le groupe ne parvient pas à m’entrainer dans son univers, qui me semble très familier, déjà vu et entendu. Bien que manquant d’originalité, Gunmen reste un album sympathique qui s’écoute aisément. Pas prise de tête…

 

NIGHTMARE: Dead sun

nightmare-deadsun-2016Heavy metal, France (AFM, 2016)

Il va faire du bruit, ce nouvel album des Grenoblois de Nightmare… Il faut dire que depuis son retour sur le devant de la scène dans les 90’s, le groupe d’Yves Campion (basse) a su nous offrir des albums puissants d’un heavy metal sans concession et racé. Le départ brutal des frères Amore en a surpris plus d’un. Pas autant toutefois que l’annonce de la venue, au micro de Magalie « Maggy » Luyten en lieu et place de Jo. Pourquoi un tel choix? Yves s’en est expliqué lors de notre entrevue au Hellfest où nous sommes quelques uns à avoir découvert la puissance vocale et scénique de Maggy sur scène. Rassuré, c’est avec impatience que j’attends la confirmation sur CD de ces premières impressions. Autant dire que Dead sun fera taire les pessimistes et autres mauvaises langues. Car dès les premiers accords d’Infekted, le message est clair: Maggy en a. De la voix, et des ovaires. Une voix puissante, déterminée, elle s’amuse même à flirter avec le chant extrême sans jamais en abuser. La nénette s’impose dès ce premier titre avec un uppercut qui en dit long. Suivent une série de morceaux variés, Ikarus, le premier single en tête, Of sleepless minds plus power metal, Seeds of agony aux inhtonations thrashisantes et aux choeurs finaux d’enfants, Dead sun ou Tangled in the roots et leurs passages orientaux, le speedé Inner sanctum et ses doubles grosses caisses, ou encore Indifference qui évoque par instants le Egypt (the chains are on) de Dio autant que le Perfect strangers de Deep Purple… Au delà de la voix puissante, rugueuse, accrocheuse et de l’anglais de Maggy parfaitement maitrisé, on remarque aussi, bien plus que le travail des guitares  du duo composé de Franck Mililleri et Matt Asselberghs (tous deux désormais « anciens  » de la bande) totalement complémentaires, le jeu de batterie puissant, rentre dedans et impeccable du « petit nouveau » Olivier Casula qui, comme le confiait Maggy dans une récente interview « n’en met pas une à côté ». Dead sun n’est pas un simple nouvel album de Nightmare: c’est le disque d’un nouveau départ, d’une renaissance qui ne pourra être confirmé que si le quintette se donne les moyens d’aller vers son public, et de façon intensive.

Note: 9/10

Titre que je retiens: Seeds of agony