LIZZARD: Eroded

France, Rock (Pelagic, 2021)

Il y a 3 ans, les Français de Lizzard nous proposaient Shift, un album de rock aux inspirations variées qui, selon Matthieu, guitariste chanteur de la formation limougeote avec qui nous avons échangé le 15 janvier, « nous a permis d’avancer, de débloquer pas mal de choses chez nous, de nous assumer artistiquement« . Quelle évolution Mathieu voit-il entre ces deux albums? « On s’assume mieux, on ne se prend plus la tête… On joue comme on joue et ça sonne comme ça sonne!« Ils reviennent aujourd’hui avec Eroded, nouvel opus de 11 chansons qui alternent entre soft rock (un peu), pop rock, et rock plus virulent aux accents parfois limite punk. En introduction, Corrosive, un titre instrumental qui laisse entrevoir une approche aérienne et presque progressive de la musique du combo qui nou soffre un contre-pied total avec les premiers accords de Blowdown, rugueux et rythmés. La suite est une recherche constante de cette mélodie qui fait bouger, de hargne et de rugosité musicale. L’album a été composé et enregistré après avoir assuré la promotion du précédent en 2019 (« Je ne sais pas comment d’autres font, mais nous, on est incapables de composer sur les routes… On a besoin de se poser et de en penser qu’à ça, même si j’emmagasine des idées sur la route« ), 2020 a été consacrée au mixage et à la recherche d’un label, et a été accueilli par Pelagic, qui héberge, entre autres, les compatriotes de Hypno5e et Klone. « Le label nous connait, artistiquement, et sait dans quoi il s’aventure avec nous! Il peut combler des choses sur l’aspect professionnel, le merch, l’image… »  Si l’on pouvait détecter quelques influences de The Police ou REM, de new wave aussi sur Shift, celles-ci on disparu. Mais « j’ai envie de dire c’est cool, mais, pour moi, c’est les pires années en musique. J’écoute peut-être les mauvais groupes! mais non, ça ne fait pas partie de nos influences. Nos parents écoutaient ça, donc, forcément, on a chacun été marqués par ce que nous entendions à la maison, mais il n’y a rien de conscient. » Alors, si ce n’est musicalement, est-ce visuellement? Y a t-il quelque recherche volontaire dans l’alternance des pochettes (premier et troisième album en noir et blanc, second et quatrième dans des tons plus « terriens »). « Bien, vu! mais non, on n’y pense pas comme ça. »). Contrairement aussi à beaucoup d’autres, la crise sanitaire n’a pas eu d’impact sur la réalisation de l’album: « le premier confinement, on était en plein mix de l’album, donc « restez chez vous »… on y était déjà. On ne l’a pas du tout senti passer ce confinement! Après, il y a eu l’été, et le second, on travaillait la préparation de la sortie avec le label, ça a été beaucoup de travail (…) Pandémie ou pas pandémie, il y aurait eu le même processus pour la sortie. » Comment Matthieu décrirait-il la musique de Lizzard à quelqu’un qui ne connait pas le groupe aujourd’hui? « Je lui dirais simplement de ne pas écouter Lizzard aujourd’hui (rires). Pourquoi? Parce que je trouve qu’on n’a pas des thèmes très joyeux même si on veut donner la patate aux gens. C’est du rock avec un twist, un petit brin de folie que peu osent faire aujourd’hui. Je dit qu’on est « art rock », on cherche l’expression artistique avant tout« . Alors quel titre de ce nouvel album considère-t-il comme étant le plus représentatif de ce qu’est le trio aujourd’hui? « Mhh… Avanlanche. Parce que ça a été l’un des morceau qui a suscité le plus de débat pendant la composition. On peut l’écouter de plein de manières différentes, il est vraiment en deux parties sans être progressif. Il est d’une simplicité à couper le souffle, mais en même temps, il fallait y penser. Il est entraînant sans qu’on ait besoin de taper du pied, tu peux faire du headbang si tu veux« . Pour ce quatrième album, Lizzard prouve évoluer et s’émanciper en s’approchant de plus en plus de son identité musicale. Ni foncièrement metal, ni totalement rock, mais entièrement sincère et direct, Eroded, sans doute l’album le plus mature du trio, s’adresse à tout amateur de rock mélodique et burné.

LIZZARD: Shift

Rock, France (Metalville, 2018)

Etrange sensation que l’écoute de ce Shift, troisième album de Lizzard. Indiscutablement rock, cet album puise dans les années 80 et 90, m’évoque The Police ou Sting en solo, REM et INXS. Je ne m’étendrais pas sur le chant qui me gêne. La voix est claire, précise, mais l’intonation ne me plait pas. Sans doute évoque-t-elle cette new wave que je trouvais insupportable. Musicalement, cependant, le riff est saillant, les mélodies efficaces, et j’admire cet instrumental, le morceau titre, qui est d’une finesse, d’une variété et d’une originalité remarquables. En bref, Lizzard nous offre un premier album attirant et réussi.