BLACK BART : Casnewydd Bach

France, Heavy metal (Autoproduction, 2018)

Le metal pirate arrive en France et il se nomme Black Bart! Les moussaillons, en pleine préparation de leur 4ème album, ont décidé de se rappeler à notre bon souvenir en redistribuant ce Casnewydd Bach, troisième album sorti en 2018. A-t-il vieilli? Non, car les pirates, en campagne depuis 2007 avec un équipage inchangé (Babass’ au chant et à la… basse, Rudd et Zozio aux guitares,et Marco à la batterie) puisent leur(s) inspiration(s) dans le metal traditionnel, mélodique et rythmé. Celui des 80’s. Le monde de la piraterie en a inspiré plus d’un, de Running Wild à Alestorm, et reste aussi une source d’inspiration intarissable. Et Black Bart, ce nom si souvent évoqué qui fut aussi le thème d’une face B de Maiden (Black Bart blues). Si les sources d’inspirations sont souvent évidentes – allez ne pas reconnaître une basse à la Steve Harris, une intro à la Master de Metallica ou des riffs à la Priest ou Accept sans compter la détermination « vent en poupe » de la bande à Rock n Rolf), le quatuor les intègre joyeusement dans ses compos. C’est parfois si évident qu’on n’a même pas envie d’évoquer le mot de plagiat tant c’est fait avec amour et envie. La production est elle aussi marquée du sceau des années 80, tout comme le chant en français, rugueux et plein de rhum, est parfois étonnant (voire limite et déroutant, comme sur Le dernier voyage). Mais il y a du cœur à l’ouvrage et rien que ça, cette musique faite pour le plaisir sans forcément se prendre trop au sérieux, ça donne envie d’aller plus loin. Alors, en attendant le nouvel album promis pour bientôt, laissons le sourire nous barrer le visage et profitons de cet album plaisant. A suivre: chronique du Ep Pièce de huit.

Beth HART: Live at the Royal Albert Hall

Blues / soul, USA (Provogue, 2018) – sorti le 30 novembre 2018

Comme son ami Joe Bonamassa, Beth Hart est un bourreau de travail. On se demande quand elle arrête de jouer, de tourner, et de publier des albums. Ce Live at the Royal Albert Hall est un double qui n’a rien de commun avec son précédent live (Front and center – Live from New York city) également paru l’an dernier. 2 live en moins d’un an, il faut pouvoir le justifier… Ici, Beth nous colle le frisson dès le morceau introductif, As long as I have a song, chanté a capella avant d’annoncer que ce soir, sa mère (dont elle parlera tout au long du concert) est dans la salle avec un enthousiasme et un amour non feints, tout comme lorsqu’elle évoque sa défunte sœur en présentant Sister heroin. Le blues électrique arrive juste après avec un For my friends explosif. La dame chauffe le public, l’invite à se lever et à bouger, interagit en permanence… Beth Hart est sur scène comme un poisson dans l’eau. Les décibels et le rythme en plus. Je ne rentrerai pas dans le détail de sa performance qui reste simplement bluffante, impressionnante. Quelle énergie! Et quelle voix! Blues à souhait, parfois miaulante et surprenante, Beth Hart parvient à surprendre à chaque instant. Les 23 chansons de ce double album filent à belle allure, entraînant dans leur sillage le public, et l’auditeur n’ayant pas assisté à ce concert donné dans la célèbre salle londonienne le 4 mai 2018. Concert pour lequel Beth Hart (chant, piano, guitare et basse acoustique) était entourée de Jon Nichols (guitare) Bob Marinelli (basse) et Bill Ransom (batterie et percussion), compagnons qu’elle présente au fur et à mesure de ce show, plus rock et blues, moins jazzy aussi, que le précédent live. Même si cet album est sorti en fin d’année dernière, il est toujours temps de le découvrir et de, simplement, prendre une nouvelle leçon de blues live… Imparable!

ROYAL TUSK: Tusk II

Canada, Metal (eOne, 2018)

Certains albums arrivent en décallage et profitent d’une opportunité pour se dévoiler au grand jour. C’est le cas de ce Tusk II, second album des Canadiens de Royal Tusk qui vont bientôt tourner en Europe en première partie de leurs compatriotes de Monster Truck. Car Tusk II est déjà sorti en Amérique du Nord il y a quelque temps, et eOne se décide enfin à nous le proposer. « Enfin », car le groupe présente de nombreux atouts pour séduire un large public: des rythmes explosifs, une approche du metal très actuelle, une voix forgée à coup de clopes et papier de verre… Les First time, Aftermath, Reflection et autres Freedom ou Long shot évoquent tout autant Soundgarden ou Mudhoney que les plus récents Avenged Sevenfold, par exemple, et reflètent aussi l’esprit d’une certaine vague punk US des années 90. C’est à la fois rugueux et entraînant, très musical – la recherche du beat efficace et du refrain qui fait mouche – et authentique. Alors pour ceux qui le pourront, rendez-vous les 10 et 11 mai à l’Empreinte de Savigny le Temple et au Forum de Vauréal, ça risque d’être une jolie fête ! Pour les autres, vous voulez un bain d’une chaleureuse fraîcheur? Foncez découvrir Royal Tusk!

REVOLVE : Sin cara

France, Metal (Ep, Music Records, 2018)

Sombre et inquiétant comme la pochette de ce Ep, Artemisia, qui ouvre Sin Cara, travaille les ambiances oppressantes. Le chant me rappelle l’esprit gothique du début des années 90, sentiment bien vite oublié dès les premiers hurlements de Checkpoint 19, heavy et déterminé. Il ne s’agit pourtant pas que de bourriner, la mélodie s’invite aussi! Sur Tokkotai, Pierre Cozien prend une voix plus profonde et grave (un léger travail sur l’anglais sera à envisager…) et nous plonge dans l’univers de No Man’s Land, période Conteste – pour ceux qui se souviennent de ce groupe – s’éloignant ainsi du metal pour se faire rock. Et puis… Cette intro digne d’un film d’épouvante du morceau éponyme qui vient lourdement et tout en variations de thèmes, conclure ces courtes 20′. Revolve, avec ce premier essai, nous offre une jolie carte de visite qui ne mérite que confirmation. A suivre.

VOLBEAT: Let’s boogie ! Le DVD

Hard rock, Danemark (Vertigo, 2018)

Souvenez-vous: il y a peu, je vous disais tout le bien que je pensais de Let’s boogie, ce double live historique – dans la carrière du groupe, tout du moins – que Volbeat a capté lors de son passage à Telia Parken devant pas loin de 50.000 spectateurs. Un événement que Volbeat ne pouvait pas ne pas filmer, un témoignage indispensable pour le groupe et ses fans. Pensez-donc, jouer devant pas loin de 1% de la population de son pays doit faire quelque chose! Dès lors, je ne pouvais que visionner le DVD pour prolonger le plaisir. Eh bien, le voici. Et il va plaire à tous ceux qui aime ce rock heavy et festif de Michael Poulsen et sa bande. Combien de caméras ont-elles été utilisées, je n’en sais rien. Les images sont propres – malgré quelques flous – le son est parfait et ce DVD propose une traduction en anglais des discours enjoués de Poulsen dans sa langue maternelle, ce qui nous permet de mieux comprendre pourquoi, de temps à autres, il se marre… Une nécessité car qui comprend le danois? Les moments d’émotions sont fréquents, tant dans l’humour que dans le frisson (Godbye forever, la venue de Lars Ulrich, celle plus anecdotique de Mikkel Kessler sur A warrior’s call qui jette au public des gants de boxe comme, presque comme,  Klaus Meine balance des forêts de baguettes de batterie, ou ces enfants invités sur le final Still counting. Si le seul reproche que l’on puisse trouver est l’absence de bonus – on aurait apprécié un « behind the scenes » et autres témoignages des participants – il ne reste qu’une question à régler: vous revenez quand chez nous?
A noter: ce live existe en double CD, double vinyle, BluRay et DVD, il y en a donc pour tous!

 

ALMA ENCRIADA: Alien

France, Rock (Autoproduction, 2018)

Voici un Ep assez surprenant. Agréable, aussi. Alma Encriada est un groupe de rock sans prétention – dans le bon sens du terme – formé en 2006. A la limite du rock, du stoner et du psyché, le groupe puise ses influence tout autant chez Queens Of The Stone Age que Muse. Cette palette de couleur s’exprime tout au long de Alien au travers de 6 morceaux aussi variés que séduisants. Le très groovy et funky morceau éponyme cède la place à Coward, rock direct très 70’s. Friend or foe file du coté soft et bluesy avant que Alma Encriada n’explore le psychédélisme au travers de Death in the doorway. Toujours rock, Settle down précède un Angel’s down aux sonorités à la U2. Bien produit, avec un anglais très correct, ce disque mérite une attention particulière. A suivre…

 

VOLBEAT: Let’s boogie!

Hard rock, Danemark (Vertigo, 2019) – sorti le 14 décembre 2018

Ça, c’est le cadeau de fin d’année que les fans de Michael Poulsen attendaient avec impatience! Non content de donner un des plus gros shows que le Danemark ait connu, ou plutôt « le plus gros show jamais donné à domicile par un groupe danois » (48.250 spectateurs, dans un pays de moins de 6 millions d’habitants!), Volbeat nous offre Let’s boogie! (Live from Telia Parken), un luxueux double album live bourré de classiques du groupe et bien plus encore! Jugez-en sur pièce: 26 chansons, des invités en-veux-tu (parmi lesquels on notera la présence de Mille Petrozza, Johan Olsen, Danko Jones ou encore le compatriote Lars Ulrich). Je ne peux, pour le moment, que vous présenter la version CD de ce concert. Énorme, de bout en bout. Le son est énorme, la setlist au poil, les interventions parfaites… Volbeat nous présente là une machine parfaitement bien huilé, un monstre d’efficacité aux compositions puissantes, entraînantes et populaires, dans le meilleur sens du terme. Poulsen est à l’aise, et s’amuse. « A partir de maintenant, je vais passer à l’anglais. Parce que tous les Danois parlent anglais. Mais personne d’autre ne parle danois »; tu parles! Il est chez lui, et mélange les langues, ce qui apporte un charme supplémentaire. On aimerait voir les images du public lorsque le guitariste chanteur lance, à la fin de Fallen « qui sera le meilleur crowdsurfer ce soir? Il gagne une guitare Volbeat… Je crois que nous avons un gagnant! »Ou, plein d’émotion en introduction de Goodbye forever, avec frisson garanti en bout de course… De la tendresse aussi, lorsqu’il parle de son bébé né 3 mois avant, pour introduire For Evygt. Un peu provocateur aussi envers la famille royale lorsqu’il accueille pour 2 chansons, Lars Ulrich, « le véritable prince du Danemark ». La famille princière assistait-elle au show? Ce double live est simplement un témoignage indispensable, une superbe réussite d’un groupe unique dont on n’attend que 2 choses: un nouvel album – un nouveau morceau prometteur, The everlasting, est présenté – et un passage sérieux dans l’hexagone… Reste à voir ce concert en image pour profiter de toute la pyrotechnie qu’on entend. Merci, tout simplement.

HIGH ON FIRE: Electric messiah

Heavy metal, USA (SPV, 2018)

Rugueux, sale, franc du collier… Electric messiah, le nouvel album des Américains de High On Fire, frappe fort. La voix enfumée de Matt Pike fait de ce huitième album (eh, oui! le groupe s’est formé à Oakland, en Californie, en 1998) un condensé de lourdeur et de brutalité contenues. Proche de ‘esprit enfumé et stoner, les 9 titres de ce disques entraînent l’auditeur dans un univers électrique et presque oppressant. « Presque » parce que l’envie de taper du pied est omni présente. C’est la grande force des Spew from the earth, Sanctionned annihilation et autres God of the godless (réfléchissons un instant au sens profond de ce titre, voulez-vous?). Direct et brutal, cet album, sorti en octobre 2018, ne fera pas passer High On Fire au statut de valeur sure, mais le confirme parmi les challengers les plus sérieux et déterminés du genre qu’on espère vraiment voire franchir un pallier. Metal up!

HELLIXXIR: A dull light around

Trash/Black Metal, France (Music records, 2018)

Quel étrange parcours que celui d’Hellixxir… Formé à Grenoble en 2001, le groupe propose d’abord un heavy metal tendance extrême avec un premier album, War within en 2007, avant que le sort ne vienne frapper sa trajectoire en enlevant son bassiste chanteur, Camille Marquet en 2011. Le groupe lui rend un superbe hommage en terminant tant bien que mal Corrupted Harmony qui parait cette même année. Le groupe flirte alors ouvertement avec les ambiances sombres et extrêmes et dégote un nouveau chanteur – hurleur serait plus approprié, en la personne d’Alexandre qui amène Hellixxir aux limites du black metal. A dull light around, qui présente aujourd’hui les capacité vocales du nouveau venu (ainsi que celels de Baptiste, qui tient la basse) est un disque étonnant qui présente aussi bien certains morceaux live chantés par Alexandre – brutaux – et d’autres live ou studio chantés par Camille ou d’autres vocalistes (Arnaud Loubry, Julien Turnoud). Ces 10 titres s’étalent sur une période allant de 2003 à 2017, et l’on ne peut que constater l’évolution. Annonciateur d’un nouvel album studio, le trio d’ouverture – Blood writings, XXX et Birth of the evil – donnent clairement le ton: Hellixxir n’est plus un groupe de Heavy thrash, mais bien un nouveau venu sur la scène Black metal, et son avenir se situe dans ces trois morceaux. A suivre pour les amateurs du genre, le autres, dont je fais partie, se contenteront de headbanger au gré des autres titres de ce disque mi-compilation historique, mi-présentation d’une nouvelle facette. A suivre très prochainement!

EMBRYONIC CELLS: Horizon

France, Black metal mélodique (Apathia, 2018)

Certains le savent: je n’ai jamais été amateur de Black metal. Loin de moi, donc, l’idée de prétendre connaître Embryonic Cells qui, pourtant, sort son quatrième album. Mais le thème de ce disque me touche. Et devrait tous nous toucher, nous émouvoir. Horizon traite de tous ces « migrants » – qui naguère étaient nommés, venant d’autres terres mais vivant les mêmes drames, des « boat people ». Pas que je sois pour ou contre, mais ne vivons nous pas une époque d’une effroyable inhumanité qui pousse certains à fuir et tenter de connaitre un semblant d’espoir ailleurs? Et si les rôles étaient inversés? Alors toute action visant à dénoncer l’horreur de la fuite de ses terres, de sa patrie, de ses racines mérite d’être soutenue. Et c’est ce que fait Embryonic Cells, sur fond de 8 titres à la fois violents et mélodiques. Le chant mis à part – typique du Black et, parfois, du Death – cet album propose des ambiances ici lourdes et oppressantes (To horizon), là plus légères et mélancolique (le break de Carved in my skin, l’intro de Horizon…) . Chaque instrument est parfaitement utilisé et mis en avant pour un résultat réussi. Je ne parlerai pas de référence ou d’influence – j’en laisse le soin aux spécialistes du genre – mais nombre de passages incitent au headbanging (Never let you fall, To horizon). Embryonic Cells signe ici une oeuvre variée, sérieuse et remarquable (et cette pochette, lourde de sens…). On retrouvera avec une curiosité non feinte le groupe au Hellfest 2019 sous Altar le dimanche 23 juin à 10h30. Mais avant… Cette chronique est publiée en ce 2 janvier 2019 comme un voeu, celui que notre monde redevienne ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être: humain.