Interview PRIMAL AGE : entretien avec Benoit (guitare). Propos recueillis par téléphone le 7 juin 2021
Metal-Eyes : Benoit, Primal Age, en 2021, c’est quoi ?
Benoit : Déjà, en 2021, Primal Age c’est un groupe qui est toujours là, qui n’a pas succombé à la pandémie. C’est la sortie d’un nouvel album. C’est surtout les précurseurs du metal hardcore en France, un groupe qui a apporté le mix entre ces deux genres…
Metal-Eyes : Mais ça c’était hier. Tu viens de le dire, votre nouvel album sort ce mois-ci. Il s’appelle Masked enemy, ce qui se traduit par Ennemi masqué. Il sort un an après le début de la pandémie. Question quelque peu évidente : s’agit-il d’un hasard, d’une coïncidence une y a-t-il une volonté de votre part de l’intituler ainsi ?
Benoit : C’est un pur hasard… Il faut savoir que la composition a démarré il y a 3 ou 4 ans, que les textes et les titres ont été trouvé en amont. On nous le dit à chaque fois, mais, non, c’est un pur hasard…
Metal-Eyes : En même temps, vous parlez d’un ennemi masqué alors qu’aujourd’hui, c’est nous qui sommes masqués… Quels thèmes abordez-vous sur cet album ?
Benoit : Comme depuis les débuts du groupe : on aborde les thèmes de l’écologie, de la cause animale, de la politique, tout ce dont on a pu parler sur les albums précédents, on reste sur ces thèmes.
Metal-Eyes : Vous abordez également le thème du végétarisme (il confirme), ce qui est assez contradictoire avec le nom du groupe qui signifie « âge primaire ». Nos ancêtres étaient assez peu végétariens ou végétariens…
Benoit (il rit) : C’est sûr… Il y a 3 végé/végan dans le groupe, ce n’est pas moi qui pourrait le mieux t’en parler…
Metal-Eyes : Alors tu leur diras que le nom n’est pas cohérent par rapport à l’histoire du groupe. Tu es arrivé en 2015 avec Flo, le batteur. Tu as enregistré A silent wound et The light to purify avant celui-ci.
Benoit : Exact. Sur A silent wound, c’est Sylvain des Seekers of the truth, un ami de longue date, qui nous a dépannés sur la tournée japonaise – il a pris la place de Yohann à la guitare sur la tournée japonaise et m’a remplacé sur la tournée brésilienne.
Metal-Eyes : Comment me vendrais-tu Masked ennemy ?
Benoit : Je pourrais te dire que c’est un bon mix de tous les genre metal edge hard core à l’ancienne, qu’on a pu retravailler pour le moderniser, avec un bon gros son de Guillaume Doussaud au mixage et Alan Douches au mastering. On a beaucoup de retours médias positif et on attend avec impatience les retours des personnes qui ont précommandé l’album. Pour nous, c’est certainement le meilleur album produit par Primal Age ?
Metal-Eyes : Le meilleur album, de quel point de vue ? Compositions, production, efficacité… ?
Benoit : A tout point de vue !
Metal-Eyes : OK, on va faire simple, alors…
Benoit : On va faire simple et efficace ! Il y unanimité là-dessus.
Metal-Eyes : Comment analyserais-tu l’évolution de Primal Age entre The light to purify et Maked enemy, toi qui a justement participé aux deux ?
Benoit : Beaucoup de modernité due aux nouvelles technologies qui ont pu arriver, dans mon cas, en ce qui concerne les amplis de guitare, mais aussi dans les micros, les techniques d’enregistrement… On s’est un peu servis de tous ce qu’on aime en matière d’effets par exemple. Je pense que notre arrivée, à Flo et moi, ça a aussi apporté un coup de « refresh » aux composition. Mais le groupe continue avec la même rage.
Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de ce nouvel album pour expliquer ce qu’est le groupe aujourd’hui, ce serait lequel ?
Benoit : Euh… Je vais te dire I warn you, mon titre préféré. Pour le côté bien pêchu de certains riffs, mais aussi pour le côté très technique de certains sons. Il y a aussi le côté un peu punk, c’est un peu un mix de plusieurs genres, mais que du meilleur.
Metal-Eyes : ça veut dire que les autres sont moins bons.
Benoit : Ah, non ! Non, ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dit (rire) ! Je vais me faire taper sur les doigts après ! C’est sur ce titre-là, qu’on répète toujours en studio, que j’ai vraiment envie de sortir de mes gonds !
Metal-Eyes : Ça fait 6 ans que tu es dans ce groupe qui s’est formé en 1993. Comment décrirais-tu la musique de Primal Age à quelqu’un qui ne vous connait pas ?
Benoit : Je dirais que c’est avant tout une musique de passionnés, une musique qui transmet… Je compare ça à un défouloir, pour certains c’est le sport, nous c’est la musique. Les retours que nous avons, c’est que les gens nous disent qu’on sent qu’on vit la musique quand on la joue, c’est sincère. Même entre nous, on a beau être de plusieurs générations, on est en osmose, tous ensemble sur un même bateau. Une déferlante de rage, mais de rage positive.
Metal-Eyes : Depuis sa formation, Primal Age a donné 700 concerts, a tourné au Japon, au Brésil, au Mexique, a joué en festivals mais au regard de l’ancienneté du groupe, ça fait un nombre de concerts trop peu nombreux pour que le nom de Primal Age s’impregne dans l’esprit des gens (Il approuve). Que manque-t-il à Primal Age pour passer à l’étape supérieur ?
Benoit : Ça, c’est une bonne question ! Je vais te donner mon avis : pour moi, ce serait la communication et augmenter notre présence sur scène, plus de dates, de festivals. On n’est pas un groupe professionnel, on a tous un boulot, on doit s’adapter… Peut-être que le manque de communication via les médias ou les réseaux sociaux, pas assez fait depuis le début, a freiné certaines choses. On essaye de se rattraper. Depuis que je suis arrivé dans le groupe, j’ai proposé de gérer les médias. Je suis le plus jeune du groupe – je vais avoir 24 ans – je pense connaitre un peu mieux que Didier ou Dimitri le fonctionnement des réseaux. Pour l’instant, ça porte ses fruits, même si on ne pourra jamais rattraper le temps perdu.
Metal-Eyes : Ce que je constate aussi c’est que, malgré un gros trou dans votre parcours, vous semblez avoir trouvé un rythme dans la sortie de vos productions avec une nouveauté tous les deux ans environ. Sans doute, en effet, que le nom du groupe s’ancrerait plus avec la communication dont tu parles.
Benoit : Oui, c’est sûr.
Metal-Eyes : Ce qui pourrait être un message, comme d’autres le font, c’est de repartir de zéro avec un album auto nommé.
Benoit : Oui, c’est vrai, toute idée est bonne à prendre, je n’y avais pas pensé…
Metal-Eyes : Si tu devais envisager une devise pour Primal Age, quelle serai-elle ?
Benoit : Mmmmhhhh…. Alors là… tu me poses une colle, terrible… J’y réfléchis, je vais te dire dans un instant…
Metal-Eyes : On va y revenir. Parlons de l’illustration de ce nouvel album : il s’intitule Ennemi masqué, nous voyons un cadavre dont les yeux sont bandés – on aperçoit aussi un troisième œil – et au-dessus de lui, une créature cornue qui a une capuche qui lui couvre la tête. Lequel des deux est le véritable ennemi ?
Benoit : Ça … c’est à chacun de l’imaginer après écoute de l’album… C’est Greg, de Visual Injuries, qui travaille avec nous depuis 2015. Il fait notamment des designs pour le Hellfest et il connait très bien le groupe. On lui donnait des directives, on lui demandait quelques modifications, mais pour cet album, on lui a laissé carte blanche. On lui a envoyé les textes, les sons, il nous a fait un premier envoi et ça a été du one-shot. Il nous a dit qu’il s’était senti vachement inspiré. Quand tu lis les paroles, que tu écoutes certains sons, tu fais tout de suite le lien avec certains détails.
Metal-Eyes : Cet album a été finalisé en pleine période de pandémie. Comment avez-vous procédé pour son enregistrement ? Vous avez modifié vos habitudes ?
Benoit : Oh, oui… Oui. Comme je te le disais, la composition a commencé il y a 3 ou 4 ans On avait encore Mehdi à la batterie, on a repris le tout premier batteur avec qui on a tourné mais quand on a commencé à penser nouvelles compositions, il nous a expliqué qu’avec son changement de travail, ça allait être compliqué. On a retrouvé un batteur, Toki de The Arrs (Note : Vincent Bertuit), qui a fait une tournée avec nous. Mais arrivés à la composition, on n’était pas sur la même longueur d’ondes. Là, on a cherché une solution, on a envoyé quelques sons à notre pote, Rudy, d’Explicit Silence, en lui demandant si ça lui parlait. Il nous a envoyé un premier son et ça l’a fait direct. On lui a proposé d’enregistrer l’album avec nous et ça nous a enlevé une grosse épine du pied. Tout ce qui est compositions, Dimitri, le bassiste, avait écrit une bonne moitié de l’album. Quand il a un son e n ête, il l’a en entier – chant, basse, guitare – et Flo a su s’imprégner de l’univers de Primal Age et il a composé l’autre partie des sons.
Metal-Eyes : La situation sanitaire semble commencer à s’améliorer : est-ce que vous avez commencé à ré-envisager des dates ?
Benoit : Oui, absolument. Notre tour manager a commencé à en caler quelques-unes. Si tout se passe bien, on devrait faire notre rentrée scénique en octobre. Après, je ne peux pas encore parler des projets de 2022, mais tout commence à se décanter. Ça commence à sentir bon.