PRIMAL RAGE: Awakening the masses

France, Thrash/Hardcore (M&O, 2021)

On ne va pas passer par 4 chemins: Awakening the masses, le premier album de Primal Rage depuis deux décennies, est un de ces putains de crochets qui te mettent genoux à terre en moins d’un round. Le groupe Savoyard a décidé de refaire parler la poudre et nous propose un album coup de maitre. Le thrash hardcore que propose le groupe est simplement redoutable. L’efficacité réside, au delà de la qualité des composition, dans les refrains et les chœurs qui présentent un groupe à l’unisson, une formation avec pour objectif commun d’entrainer l’auditeur et/ou le spectateur dans cette tempête de rage contrôlée. Putain, ces mec ont leur place à la Warzone direct! Zou, allez me faire des circle pits et des wall of death! Ca bastonne et ça dézingue à tout va! On pourrait faire l’analyse de chaque titre qu’on en reviendrait à la même chose: de Repression au morceau éponyme en passant par FFF (un rapport avec le groupe? mais non…) Racial hate, No cure for hate ou… bref, une conclusion s’impose: « ça le fait grave et sévère ». C’est certes brutal mais c’est également, surtout, salvateur. Alors, simplement, tout simplement, laissez-vous tenter et entrez dans cette massez que Primal Rage veut réveiller. Espérons simplement qu’il ne faille pas une nouvelle double décennie pour un nouvel album, mais laissons celui-ci vivre pleinement sa vie!

 

FEED THE SHARKS

France, Heavy metal (Ep, M&O, 2021)

Ils sont originaires de la station balnéaire de Thonon les Bains, en Haute Savoie, et si le nom du groupe, autant que l’illustration de ce premier Ep, peut laisser croire à du metal saignant, il n’en est rien (et, notons le, de toutes façons, on ne trouve pas de requins dans le Léman ^_^). Feed The Sharks propose un metal carré, puissant, au chant clair, un metal qui s’inspire de la vague heavy américaine avec tous les codes du genre. C’est super efficace, d’autant plus d’ailleurs que tout est réuni pour que ce groupe puisse exploser: une production grasse à souhait, un chant anglais parfaitement maitrisé, des guitares rageuses et tranchantes, une rythmiques genre char d’assaut et 5 titres aux mélodies groovy et redoutables taillées pour des passages en radio sans être « friendly ». Ces gars ont été biberonnés au son des guitars heros de groupes, avant d’être plongés dans le bain du renouveau metallique des années 2000. Parler de la scène metalcore semble trop limitateur, mais oui, il y a cette rage à la Killswitch Engage ou cette puissance et ce sens de la mélodie chères à Avenged Sevenfold. C’est moderne et bigrement réussi. un premier essai  imparable, point. A découvrir d’urgence. Bravo! Euh… un album, c’est possible?

TIGERLEECH: Melancholy bridge

France, stoner (M&O music, 2021)

Nous avions pu découvrir Tigerleech en 2019 avec leur premier album lourd et intrigant. La sangsue tigre – c’est ce que signifie le nom du groupe – revient avec ce Melancholy bridge au titre et au contenu aussi lourds que l’illustration est déprimante (et ce verso dans la même veine… On dirait des travailleurs de l’uranium enrichi de l’ancien temps). Les onze titres de ce nouvel essai confirment l’orientation musicale de Sheby (chant) et sa bande: un stoner proche du doom grave et saisissant. The messenger – bonne idée que de démarrer l’album avec ce titre annonciateur de ce qui suit – donne la ligne directrice sur un fond oppressant. La lenteur des riffs évoque la noirceur du monde, ambiance parfois contrebalancée par un blues triste et mélancolique (Melancholy bridge) ou par un We. As we are plus up tempo mais tout aussi pesant. La production d’Andrew Guillotin – on ne change pas une équipe qui gagne – de retour derrière les manettes apporte à cet ensemble gravité et sérieux. Dans son style, avec Melancholy bridge, Tigerleech se fraye un chemin vers les sommets.

DEAFBROOD: Hell reel

France, Hard rock (M&O music, 2021)

Glisser le CD dans le lecteur. Appuyer sur « play ». Courir vers le coffre à souvenirs et se saisir de la guitare en carton. Se poser devant le miroir puis sauter et gratter à s’en bruler les ongles fraichement manucurés. C’est gros, c’est gras, c’est direct et c’est simplement rock’n’roll. Deafbrood, c’est un quatuor de dignes descendant de ce qui se fait de plus basique et efficace en matière de hard rock. Tout sur ce Hell reel, premier album du groupe composé de Julien Hoarse (chant et basse), Aymeric Quidu et Martin Arzh (guitares) et Cyrille Chevalier (batterie), évoque avec le plus grand respect possible les Motörhead, AC/DC et Ramones des années 70’s, avec quelques lignes de guitares qui évoquent le metal d’un jeune Maiden. Les groupe est franc du collier, ne cherchant qu’une chose: une puissante efficacité. Mais se limiter à ces références est trop limitatif tant Deafbrood se plait à pondre des pépites entrainantes et brutes de décoffrage. Simples et efficaces, les 12 morceaux sont taillés dans ce rock indémodable qui te fait sauter et t’emporte dans un univers d’insouciance enfantine. La voix de Julien, grave et profonde au possible, rassure par sa chaleur autant qu’elle inquiète par sa puissance. Les thèmes abordés ne surprendront personne, de la fête à l’alcool en passant par la fête et les filles et laissant un peu de place au rock et à la fête. Simple, certes, mais pas tant que ça, le groupe cherchant partout le petit truc qui surprend et interpelle. Vulcain ayant pris sa retraite, Deafbrood pourrait aisément combler le siège laissé vacant. Une sacré belle découverte à soutenir d’urgence!

BLACKBEARD: New horizon

France, Stoner/Hardcore (M&O music, 2021)

La légende prétend que le pirate Barbe Noire aurait caché son trésor, ou une partie, quelque part au milieu des Outer Banks, cette série d’iles et presqu’îles qui longent les côtes américaines de Caroline du Nord. Son héritage de bruit et de fureur, il semble aussi l’avoir laissé trainer quelque part en France et placé en partie dans les mains des stoners punkisants de BlackBeard. Ou pas, va savoir. On s’en fout après tout…  Reste que le quatuor français nous offre un New horizon explosif et enragé, teinté de bout en bout d’un irrésistible groove, résultat du travail d’une basse imparable. Dès Vultures, ce groove fait mouche, interpelant l’auditeur avant de le prendre à la gorge avec une rage hardcore directe et sans merci. La ligne directrice est donnée, Helpless continuant avec un riff hypnotique de guitares aux limites de la techno. Alternant chant clair et rageur, groove et colère, Black Beard ne laisse guère indifférent comme il le démontre avec Addicted to. Le groupe sait aussi se faire plus heavy, lourd et presque doom, lorgannt du côté de Candlemass (Sorry). Et finir avec le morceau titre, New horizon, franchement… Une pépite, véritable invitation au voyage dominée par le chant clair. un final lumineux et envoûtant qui donne simplement envie d’en entendre plus. BlackBeard, c’est la belle découverte parue en fin d’année 2021. Il est encore plus que temps de découvrir et soutenir New horizon.

HOPES OF FREEDOM : Light, fire and iron

France, Metal épique (2021)

Nous avions rencontré les Rouennais de Hopes of Freedom en avril 2016 pour parler de leur second album, Burning Skyfall. Il aura fallu pas moins de 5 ans au groupe pour proposer une suite, Light, fire and iron, parue en fin d’année dernière. Pour un jeune groupe, 5 ans, c’est une éternité. le chanteur guitariste Lucas s’en explique: « Le covid a rajouté presque une année, mais on est toujours un peu long… Il y avait déjà presque 4 ans entre nos deux premiers albums. Pourquoi? Je ne pourrais même pas te l’expliquer… Il y a beaucoup de choses dans ces morceaux et il nous faut du temps en préparation, en répétition. L’album devait en réalité sortir en 2020, puis en 2021 et ensuite on s’est dit qu’on arrêtait de repousser… » Un groupe évolue aussi avec le temps. Pour le coup « il y a eu deux changements de line up: Thibault a été remplacé à la guitare par Charles – qui a enregistré l’album – puis a été lui-même remplacé par Grégoire Maille qui est guitariste dans un groupe de folk mais très fan de power. Il arrive à un moment qui nous donne une belle bouffée d’air frais« . Du temps a passé alors comment le groupe analyse-t-il son évolution entre ce nouvel album, Light, fire & iron et son prédécesseur? Loris estime que ce nouvel album « est un condensé des deux premiers: il contient les riffs joyeux du premier et la puissance et le côté plus rentre-dedans du second ». Lucas confirme: « On s’est vraiment posé la question de comment conclure cette trilogie. Le but était de garder certains thèmes mais en allant plus loin. On a 9 choriste cette fois au lieu de 4, 3 invités au lieu de 2… Il y a eu beaucoup de débrouille, on a réussi à convaincre pas mal de personnes de participer« . Clément également abonde en ce sens ajoutant que « dans les orchestrations, il y a plus de choses qu’on ne trouvait pas avant ou qui n’avait pas forcément leur place« . En effet, on retrouve sur ce nouvel album les ingrédients qui font Hopes Of Freedom: un esprit heroic fantasy, du power metal enjoué mais avec plus de luminosité. Là encore, Lucas confirme avoir eu « envie de plus de lumière, même si quelques morceaux pouvaient être assez sombres. Mais on a eu envie de revenir à quelque chose de plus léger, dansant, fun« . Il s’agit donc de la fin d’une trilogie. La suite est-elle déjà envisagée? Pas encore, selon Loris qui pose la question « est-ce qu’on va continuer dans cette voie là? Aucune idée… Pour le moment, on fait vivre ce nouvel album et on va le défendre sur scène« . Au delà des évolutions musicales, le groupe a également visuellement changé. Si Lucas est désormais très chevelu et barbu, vestimentairement « on a travaillé avec une costumière qui nous a fait des costumes sur mesure. Si on avait eu mes moyens, on aurait pu faire des décors mais pas encore. » Car oui, la musique de HOF est très visuelle, l’auditeur pouvant aisément créer un univers cinématographique avec cette bande son. Mais HOF n’a pas encore les moyens financiers ou logistique de pouvoir s’offrir des décors de scène. Pour s’en convaincre, « il suffit de l’écouter sur les plateformes. Spotify, Deezer… L’écouter, c’est l’adopter!« . Lucas continue en précisant que « on a vraiment le côté power metal qui va chercher le côté mélodique avec des sonorités folk entrainantes. On a rajouté toute une imagerie celtique avec de la cornemuse et d’autres choses. Pour nous, ce sont deux univers qui se marient très bien. On voit cet album comme la BO de n’importe quel jeu de rôles, bouquin ou film de cet univers« . Pas faux, j’ai même parfois l’impression d’écouter un groupe qui a su rester, dans le bon sens du terme, naïf, garder son esprit d’enfant dans cette musique joyeuse. Mais cette fois, contrairement au démarrage bucolique et léger de Burning Skyfall, ce nouvel album va droit au but avec une prise à la gorge dès les premières salves de Lost humanity. Une batterie qui tabasse, une rythmique enlevée avant un retour à des temps plus calmes. Quel titre serait selon chacun le plus représentatif de ce qu’est aujourd’hui Hopes Of Freedom? Lucas n’a aucune hésitation: « pour moi, ce serait Light, fire & iron. C’est le morceau le plus long, 15′. un morceau long permet de prendre le temps de raconter des choses, d’expliquer tout. Il y a aussi des rappels aux autres albums. » Pour Clément, « ce serait le premier morceaux, Lost humanity. J’aime bien ce principe de mettre le CD et que ça rentre dans la tête directement. » Joris, lui, opte pour « The heroes line. C’est un morceau joyeux, qui reprend un peu la formule de The call, avec les aspects folks, orchestrations… » Hopes Of Freedom nous propose donc un album riche, enjoué et complet qui s’adresse à un public plus large que les simples fans de Powerwolf ou Freedom Call. 10 titres qui viennent conclurent une trilogie lumineuse et efficace. Alors, avec un espacement de 4 puis 5 ans… rendez-vous en 2027 pour la suite?

Entretien Skype avec Loris (basse), Lucas (chant et guitare) et Clément (batterie), le 21 janvier 2022

VOLBEAT: Servant of the mind

Danemark, Metal (Universal, 2021)

Même si j’avais, à sa sortie en 2019, apprécié Rewind, replay, rebound, force est de reconnaitre que les aspects moins metal manquaient. Avec Servant of the mind, son nouvel opus, Volbeat revient à ses amours et ses racines. La puissance du metal, ses rythmiques, ses riffs de guitares côtoient avec bonheur – c’est bien ce qui fait la spécificité du groupe de Michael Poulsen, les mélodies rock des débuts du genre, 50’s et 60’s. Si l’accroche est moins évidente sur Dagen for, un duo chanté avec Stine Bramsen (vocaliste pop danoise qui sévit avec Alphabet) car trop sirupeuse, les Temple of Ekur, Say no more, Step into light ou Shotgun blues, single imparable, se font irrésistibles de puissance et de mélodie. Tout n’est pas parfait (Step into light a ce refrain prenant mais un couplet qui peine parfois, Wait a minute girl stagne quelque peu, dommage, c’est le second titre…) mais on ne pourra que saluer cette gnaque retrouvée, cette pêche renouvelée (cette patate sur l’intro de Becoming!), ce sens de la mélodie doublée d’accents orientaux (Temple of Ekur, Lasse’s Birgitta) et ces chœurs imparables qui nous manquaient quelque peu. Les effets de la pandémie? Oui, Volbeat renoue avec ce qu’il proposait avant son dernier live, retrouve puissance et efficacité. C’est simple, après une période de semi flottement, Volbeat parvient à retrouver cette flamme magique qui caractérise sa musique, une alchimie entre genres parfaitement compatibles. On attend quoi maintenant? Le retour de Poulsen et sa bande sur les routes!

EMIGRATE: The persistence of memory

Allemagne, Rock (Sony music, 2021)

Il y a 3 ans, en 2018, Richard Z. Krupse nous avait épaté avec A million degrees, l’album précédent de Emigrate, son projet hors Rammstein. La force  de cette formation est de ne pas proposer une répétition de ce son groupe principal mais bien une musique travaillée pour séduire un vaste public, amateur de rock et de pop, avec des mélodies léchées et passe partout, sans pour autant être sirupeuses ou faciles. The persistence of memory à la pochette aussi sombre que la précédente était brillante propose 9 chansons accrocheuses et efficaces dont une reprise – Always on my mind – chantée avec son complice de Rammstein Till Lindeman – aisément reconnaissable sur le refrain mais bien moi sur le reste. Une version originale qui s’intègre parfaitement aux Rage, Hypothetical, You can’t run away ou autre Freeze my mind. 9 chansons, 9 ambiances et 9 moments de plaisir auditif. Si la période actuelle n’a pas souri à Krupse et l’a plutôt même déprimé, il a su relever la tête et trouver l’inspiration pour composer ces nouvelles chansons et nous proposer un album enjoué pour nous accompagner tout au long des mois qui viennent.

AFTER US: Breaking the dark

France, Rock (EP, autoproduction, 2021)

Originaire des Yvelinnes, le quintette rock After Us sort en cette fin d’année son premier Ep, Breaking the dark, qui sonne comme une jolie promesse. En quatre titres, le groupe passe par une pop énergique avec les deux premiers morceaux, Home again (qui peut parfois évoquer Toto) et City lights, avant de s’engouffrer dans un univers plus énergique, très rock, qui s’approche parfois du metal, avec les deux suivants, Get out et Last goodbye, deux morceaux qui rentrent dans le tas. Bien fait, joliment mis en son, cet Ep pourrait tracer un beau chemin à After Us si le groupe confirme rapidement avec un album aussi ouvert et énergique. Une belle découverte de fin d’année que ce disque.

SANDSTONE: Epsylon Sky

Irlande, Metal (Limb music, 2021)

Quatrième album des Irlandais de Sandstone, Epsylon sky propose 8 morceaux (plus 1 bonus sur la version CD) à la fois complexes et accessible. Epsylon sky se révèle rapidement un album ambitieux et plein de surprises. Malgré un chant parfois un peu forcé, le groupe fondé en 2003 (son premier album n’est sorti que 6 ans plus tard) puise dans le rock tendance heavy (I know why et son refrain entêtant, Worn soul), dans la pop énergique (Cuts to you), le proche du doom (Dies irae, un titre décidément à la mode!), et se laisse influencer par des sonorités jazzy (Silouhette drawn) ou les beaux sentiments (la douceur de Critical), parfois en mêlant différents genres (Fractured time qui navigue entre heavy et pop). Sandstone nous propose donc un album varié et attirant, même si pas toujours d’un accès très aisé. Il faut plus d’une écoute pour se l’approprier, certes, mais c’est très bien foutu et le groupe mérite d’être plus exposé. Devons-nous évoquer ce clin d’œil de la pochette: une créature portant un masque humain lui même orné d’un masque qu’on ne connait aujourd’hui que trop bien? Non, bine sûr…