ADX: Étranges visions

France, Heavy metal (Ultim records, 2021)

« Bonjour Phil! ADX revient avec un nouvel album de 10 nouveaux titres que personne dans le monde n’a encore jamais entendu!

-Ah, ah! Alors la base des titres a déjà été écoutée « par la terre entière » comme tu le dis, mais c’était l’opportunité, depuis 30 ans, de sortir la version française de l’album » 

Eh oui, si Etranges visions est le nouvel album d’ADX, il ‘na rien de véritablement neuf puisqu’il s’agit des réenregistrements de Weird visions, le seul album que Phil, Dog, Deuch, Betov et Marquis ont enregistré en anglais en 1990. C’est la formation actuelle (les immuables chanteur et batteur accompagnés des guitaristes Niklaus et Neo et du bassiste Julien) qui a réenregistré ces 10 pistes avec des textes français. Et plus: « La base des morceaux est identique mais certains, riffs, certains solos différents, une ligne de chant forcément différentes avec un chant français adapté pour les morceaux. » Sorti au moment de la chute du mur de Berlin, les textes alors envisagés ont légèrement évolués, notamment pour mieux coller à ces nouvelles versions. Qu’on pu apporter les deux « nouveaux » guitaristes qui ne figuraient pas sur l’enregistrement original? « Ils ont gardé les memes bases mais ont adapté les phrasés. Il se sont très bien entendus pour partager les solos et approter chacun leur patte, remodeler le tout, apporter certaines rythmiques qui n’y étaient pas ». L’album a été enregistré chez l’incontournable Francis Caste, une nouvelle fois. « C’est le troisième qu’on enregistre avec lui. Ce qu’il a apporté? C’est une dynamique au niveau du son, un mixage avec un son actuel et, il y a un tel engouement musical chez lui, il a su faire ressortir certaines choses qu’il n’y avait pas avant. »  Autre incontournable en France, c’est l’illustrateur Stan W. Deker qui a retravaillé la pochette originelle tout en en conservant l’esprit. « On lui a demandé de mettre sa patte et on voulait la guillotine, qui ne figure pas sur la première version. Il a modernisé cette pochette en conservant les détails et l’esprit ». Une nouvelle fois, ADX est passé par le financement participatif. Je rappelle à Phil que ce fut déjà le cas pour Bestial qui, comme le groupe l’avait expliqué lors de notre rencontre à Châteauroux en février 2020, était déjà prêt, le financement devant alors servir à offrir plus aux « financeurs ». Est-ce également le cas? « Là, ça a été fait pendant, on a lancé le financement participatif en cours d’enregistrement. L’avantage, c’est que c’est réconfortant de savoir qu’il y a des gens qui nous soutiennent, qui nous accompagnent. Et tout le monde y gagne, on sait que le produit sort dans de bonnes conditions. Les paquets sont en cours de préparation, chacun va le recevoir avec ce pour quoi il a participé. » Je demande à Phil si l’album sera signé par chacun des membres. « Oui, oui, bien sûr, c’est un minimum. D’ailleurs, on ne va leur envoyer que ça! ah, ah! » Trois instrumentaux figurent sur Etranges Visions accompagnés de 7 chansons dont on distinguera Sacrifiés pour la cause et Terre de colère sur lesquelles, aux côtés de Julien, intervient Deuch, le bassiste originel. Marquis, décédé, ne pouvant naturellement pas poser sa patte, reste à savoir si Betov a été invité. « On l’a contacté, mais il était occupé, il n’a pas pu se libérer ».  Le chant en anglais est-il définitivement mis au rebut? « Il y a une époque, on s’est posé la question – anglais ou français – et on s’est vite aperçu que les seuls que le chant en français dérangeaient, c’étaient les journaliste français. Là, on a donné des concerts au Japon, en Allemagne, on a même joué pour la première fois en Suède pour Bestial, et le chant français ne gêne personne. Maintenant, on ne se pose plus la question… » Si ADX se bonifie avec le temps et si on retrouve l’esprit musical des dinosaures de la scène metal française, pour Phil, Génération perdue  est représentatif de ce qu’est le groupe aujourd’hui. Ce qui, naturellement, n’ôte rien à la puissance du reste de l’album. Dog reste une machine de guerre rythmique qui tient la baraque, Julien renforçant cette structure pour la blinder tandis que Niklaus et Neo apportent technique, vélocité précision et un brin de folie rendant ces titres particulièrement actuels. Et Phil… Une voix identifiable qui se bonifie avec le temps. Etranges visions s’inscrit parfaitement dans la continuité des productions d’ADX. Une devise pour terminer? « Une devise? « Tant qu’on peut le faire, on le fait! » Ca fait un peu bourrin, mais on n’est peu de choses, alors on y va ». Mot de la fin qui confirme que nous pouvons, devons, profiter de ce qu’ADX peut nous offrir, et ça relève du meilleur!

Propos de Phil (chant) recueillis par téléphone le 29 octobre 2021

ADX: Bestial

France, Heavy metal (Ultim records, 2020)

Les voici de retour nos défenseurs du speed metal à la française! Malgré de réguliers mouvements de personnels, ADX a toujours su maintenir le cap. Le départ de Betov, figure historique du groupe aurait pu marquer un vrai tournant mais il n’en est rien. Neo, le bien nommé nouveau guitariste qui le remplace, a aujourd’hui un vrai défi à relever. Mais on peut compter sur l’épine dorsale du combo que sont Dog et Phil, batteur et chanteur aux commandes depuis le début, pour ne pas faire un choix à la va-vite. Julien Rousseau (basse, arrivé en 2014 pour Ultimatum) puis Nicklaus (2016 sur Non serviam) ont tous deux su apporter leur personnalité et un vrai capital sympathie tout en donnant un nouveau souffle aux anciens et apporté un renouveau d’énergie scénique. Et voici que ça se répète avec Neo pour ce nouvel album Bestial qui n’est là que grâce à la levée de fonds réussie via Ulule. ADX sonne comme à ses débuts, speed, enragé, tout en ayant un son totalement moderne. Phil n’a rien perdu de sa voix, les guitares de Neo et Nicklaus rivalisent d’énergie, mélodie et vélocité, la basse de Julien claque et bastonne sec, et Dog… Punaise, rien ne va en venir à bout de ce batteur! Il bûcheronne et martèle comme un diable en cage! Il reste sans aucun doute un des plus efficaces et puissants batteurs en matière de metal et n’a rien à envier aux plus jeunes. Ce serait même plutôt le contraire! Le style d’ADX est certes immédiatement reconnaissable dès Au dessus des croix noires, mais on se plait à découvrir des rugissements proches du black en fond, des cris discrets et justifiés. Et textuellement, le groupe continue de diversifier son propos, explorant mythes et légendes (Au dessus des croix noires, Collecteur de chair au refrain pourtant d’actualité), de faits divers (Les sanguinaires) ou historiques (Overlord). Mais on se penchera également sur cette longue pièce qui a donné son nom à l’album: Bestial, conte d’heroic fantasy, est divisé en trois chapitres de deux parties chacun. Un morceau épique, varié, puissant et, parfois oppressant et inquiétant. Nos vétérans et ardents défenseurs d’une certaine idée du metal sont loin, très loin d’avoir dt leur dernier mot. Car Bestial porte bien son titre et se place dans la ligné de ses meilleures productions, toute époque confondue. Un must!

ADX Non serviam

adx 2016Heavy metal, France (Ultim records, 2016)

Reproche-t-on à AC/DC de faire du AC/DC? A Iron Maiden de répéter à l’envi une même recette depuis une bonne quinzaine d’années? Non, bien sûr que non. Alors ne soyons pas surpris et, surtout, évitons de nous offusquer, si ADX, un des groupes phare et historique et symbole du metal hexagonal nous propose ce qu’il sait faire le mieux: du ADX. Soit un heavy speed et racé, aux guitares acérées, complices et incisives doublées d’une rythmique en béton, dont une batterie, on en a désormais l’habitude, qui pilonne. D’aucun pourra naturellement se demander quel impact a sur ADX l’intégration de Nicklaus. La réponse tien en trois mots: du sang neuf. Le guitariste semble parfaitement connaitre le catalogue du groupe et, s’il n’a pas participé à la composition de ce Non serviam, s’est vu commandé la réalisation de soli. Précis, le guitariste permet même à ADX de renouer avec son glorieux passé, celui de La terreur ou, plus encore, Suprématie. Bien sûr, l’album traite de thèmes chers au groupe, la guerre et la religion, mais on remarque surtout l’efficacité de chacun des titres, exception faite des moins marquants Cosaques et La furie. Pour le reste,on tape du pied et on secoue la tête sur l’incisif La mort en face, sur le guerrier B17 phantom, sur le diversifié et entraînant L’énigme sacrée ou sur le Théâtre de sang dans la plus pure lignée ADXienne. Le groupe parvient même à surprendre avec l’intriguant et presque dansant L’Irlandaise aux relents celtiques. Non serviam vient donc se glisser fièrement aux côtés des derniers albums en date d’ADX, une jolie collection entamée avec Division blindée il y a déjà dix ans. Reste à défendre ce très bel album sur scène.

Note : 8,5/10

Titre que je retiens: Théâtre de sang