JIRFIYA: W

France, Metal (Autoproduction, 2023)

Après 2 Ep, Wait for dawn (2019) et Still waiting (2020) – plus proche de l’album que du Ep avec ses « 6 titres + 2 bonus » – Jirfiya nous propose aujourd’hui son premier album éponyme. Le groupe aura pris quelques temps avant de nous offrir ce premier véritable album. Covid oblige, soit, mais n’y a-t-il que ça? Le groupe a pris son temps pour peaufiner des compos alambiquées, taillées dans un metal protéiforme, puisant autant dans le thrash que dans le prog. Ce dernier est omni présent dans les risques pris – débuter avec un Asylum alambiqué de plus de 9′, fallait oser – que dans ses explorations hors metal. Les inspirations orientales (Sister in blood, The factory, voire aussi cette illustration qui évoque l’entrée d’une pyramide ou d’un temple autant qu’un univers de SF) sont en effet toujours présentes, certes, la mélancolie aussi, mais on retrouve aussi d’autres choses, comme ces cuivres (toujours sur Asylum, pardon… mais, oui, j’ai aussi écouté la suite!) ou la mélancolie de qui évoquent l’univers radicalement différent de La Maison Tellier (rien à voir ici avec le fondateur guitariste, chanteur et compositeur Jérôme Thellier). Le chant d’Ingrid Denis est toujours torturé et ses envollées accompagnent à merveille les instrumentations exploratoires d’univers souvent improbables. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne (ou le mérierait sans doute plus…), le combo a une nouvelle fois eu recours aux services d’Andrew W aux Hybreed studios. Si ce premier véritable album ne souffre aucune critique, une question demeure: qu’est-ce qui peut aujourd’hui distinguer Jirfiya d’une scène très encombrée? Sans doute, justement, la scène. A suivre.

DEWOLFF live à Paris: La Maroquinerie, le 28 février 2023

Sous l’empire Romain, le 28 février était le dernier jour de l’année. Alors pour célébrer ça, je me rends à la Maroquinerie de Paris pour soutenir nos voisins néerlandais de DeWolff qui viennent de publier un nouvel album, Love, death and in between, et tournent pour le soutenir à travers l’Europe. Si le concert est annoncé sold-out, le public est accueilli dès l’ouverture des portes par une étonnante première partie. DJ Wim, un sexa/septuagénaire qu’on dirait échappé du far-west avec ses tiags en peau de serpent, son Stettson rivé sur la tête et sa barbe blanche, s’amuse avec ses vinyles à diffuser de vieux standards su rock US – ou typé US. C’est dans ces moments qu’on se dit que notre culture musicale est plus qu’incomplète… Mais le bonhomme ne fait que passer morceau après morceau sans jamais communiquer avec le public, sans jamais l’inciter, l’inviter à danser, bouger, réagir. 45′ durant, le temps que la salle se remplisse… C’est long.

Le changement de plateau se fait en à peine 20′ et lorsque les frangins Van Den Poel (Pablo à la guitare et Luka à la batterie) et leur complice Robin Piso (aux claviers) arrivent sur scène, une scène illustrée du sol au backdrop de la pochette de leur dernier album, la température monte d’un cran. Le trio est ce soir accompagné de deux choristes et d’un bassiste – qui fait le job, guère plus – et dès Nightrain embarque le public avec lui.

L’énergie et la bonne humeur sont les deux constante de ce soir, Pablo nous offrant une incalculable nombre de lancer de jambe et déchanges avec un public ultra réceptif. Témoin cet échange avec cette spectatrice au premier rang qui, après Live like you, se retrouve avec une bière à la main alors que Pablo lance « je crois qu’il est temps de se rafraichir avec une bière! Hey, je croyais que c’était ma bière, ce que tu as entre les mains! Ce soir on est là pour tout vous donner, alors je te la donne. Et je te donne tout, si tu veux! » Et ça repart aussi sec sur  Sugar moon.

L’esprit 70’s transpire de tous les port des musiciens, le trio portant des vestes brodées à la country man, les choristes toutes de rouge vêtues, mini short et bottes, se dandinant en rythme au son de ces morceaux au son vintage mais toujours d’actualité et d’une efficacité sans pareille. Et puis, surtout, le groupe nous offre des solos à faire pâlir de nombreux musiciens…

Pablo à la guitare nous offre un instant d’émotion intense, une leçon de style et de maitrise comme on aimerait plus souvent en entendre, Robin joue avec le touches de son clavier pour en tirer des sons d’un autre âge… Sans jamais s’étendre, DeWolff fait preuve d’un professionnalisme exemplaire. Et l’on se dit que le groupe mérite des salles de plus grande capacité pour pouvoir pleinement s’exprimer. Ce ne serait que justice…

Il est 22 h à peine passées lorsque le rappel a lieu. Un seul titre, Rosita, qui vient conclure un concert inhabituellement long pour cette salle (1h45, quand même) et qui fini de convaincre le public qu’il a assisté à un moment de rock comme on n’en fait (presque) plus. Nous ne sommes plus sous l’empire romain, et ce premier concert de l’année – pour Metal-Eyes – augure de beaux moments à venir. Une superbe soirée!

6

WORSELDER: Redshift

Metal, France (Autoproduction, 2023)

Cette gueule à la Jack Nicholson qui illustre Redshift, le nouvel album des thrashers (et plus encore) de Worselder! La folie d’un nid de coucou? celle d’un homme à la dérive dans Shining? Tout ça à la fois réuni dans ce nouvel album des Frenchies qui nous avaient déjà plus qu’épatés avec Paradigm Lost, paru en 2017. Punaise, les gars, pourquoi a-t-il fallu 6 longues années pour revenir nous caresser les esgourdes? Qu’on ne prétexte pas Covid et compagnie… Quoiqu’il en soit, la réalité est là: Worselder n’a rien perdu de sa rage et de sa fureur et se lâche tout au long de ces 9 titres qui mixent thrash moderne et death mélodique. La détermination des guitares rivalisent avec des rythmes cassés et brutaux, ensemble auquel se mêlent des chants toujours en adéquation avec le propos. Il y a de la puissance claire – qui monte et qui vibre, impressionnant – et de la rage gutturale qui lorgnent autant vers le death que le black pour un ensemble toujours efficace. J’avais déjà craqué sur le premier album, je n’espérais plus rien du groupe jusqu’à cette surprise de me voir remettre un Ep promo lors du dernier Hellfest… Un Ep plein de promesses brillamment confirmées avec cet album superbe de bout en bout. Worselder doit maintenant enfoncer le clou en allant trouver son public là où il se trouve et lui proposer des nouveautés avant que six nouvelles années ne s’écoulent. En toute simplicité, Redshift est sans aucun doute un des albums incontournables de ce premier semestre 2023 – toutes nationalités confondues, s’il vous plaît!

METAL INSEINE FESTIVAL 2023

Metal Eyes est fier d’être partenaire de la seconde édition du Metal Inseine Festival qui se tiendra les 22 et 23 avril prochains

A l’affiche, rien moins que Chabtain, Orkhys, DemonTool , Elfika , Rankken , Kingcrown , Cécile Delpoïo , Adaryn , 22 Acacia Avenue et Erocis, certains de ces groupes ayant déjà fait l’objet de chroniques et/ou d’interviews au sein de ce webzine.

La billetterie est désormais ouverte, alors foncez soutenir le metal hexagonal dans des conditions optimales! Ca se passe au Seguin Sound de Boulogne Billancourt

Toutes les infos avec ces liens:

Billetterie du METAL INSEINE FESTIVAL 2023 : https://shotgun.live/fr/festivals/metal-inseine-festival-ii
Preview du samedi : https://fb.watch/j2S5w1xra8/
Preview du dimanche : https://fb.watch/j2S3NubvkU/

BURN THE DAY: Drive by

Rock, France (M&O, 2023)

Ne nous fions pas aux apparences… Avec le char d’assaut qui illustre la pochette de Drive-by, et avec un patronyme comme le leur, on pourrait s’attendre à une déflagration en règle tout aux long des 11 titres de ce premier album des Franciliens de Burn The Day. Black metal? Death metal? Que nenni… Du chant enragé, dégueulé et hurlé? Même pas en rêve… Burn The day nous propose un rock direct qui puise son inspiration au cœur de la vague alternative et du grunge des 90’s avec un son résolument moderne que ne renierait sans doute pas Seether ou Soen. Le chant, parfois à la limite du faux, évoque celui torturé de la new wave qui fit les The Cure et Indochine. Les morceaux proposent une variété qui empêche la lassitude de s’installer, avec des structures variées. Burn The day propose ainsi, en quelque sirte, du neuf avec du vieux et nous renvoie à notre chère adolescence.

CYADO: Horizon

France, Metal (Ep, M&O music, 2023)

Démarrant sur des sonorités SF – on se croirait dans un vaisseau spatial en perdition – Dawn of decline sombre rapidement dans un metal ultra speedé au hurlement puisé dans un black metal en souffrance. Le « chant » se fait par la suite plus guttural avant que Cyado (difficile de trouver ce nom de groupe sur la pochette… je croyais qu’il s’agissait de Horizon…) ne calme quelque peu son propos avec un Empty path plus… « consensuel ». Les touches indus et électro, la voix off qui revient régulièrement continuent d’évoquer cet univers SF tout au long de ce disque qui recèle finalement quelques petites trouvailles sonores sympathiques (dont un Exode qui parle de lui même). Une fois passés le cap du « chant » et de la speederie souvent difficile à suivre pour le néophyte ou non amateur du genre. Bref, un Ep pour public averti ou en quête de sensations fortes. Pas mon truc, mais je garde cependant le coté SF qui reste très cinématique.