FIFTY ONE: Love/hate

France, Punk/Thrash (M&O, 2024)

En ouvrant son album avec l’instrumental Adios motherfucker, le groupe de punk rock Fifty One (à ne pas confondre avec la formation hard rock Fifty One’s kidnapée au début des années 2000 après quatre albums) se pose comme une formation thrash explosive. Pourtant, dès Stroke of midnight, le groupe s’oriente vers ce punk rock US festif et télévisuel. Ne serait-ce – encore une fois, comme trop souvent avec les groupes hexagonaux – ce ridicule accent anglais qui vient gâcher mon écoute, la Californie, le soleil et la fête sont au rendez-vous. On cite les influences? Fifty One s’inspire directement de ses ainés, Sum 41, The Offspring ou Green Day en tête. Musicalement enjoué, ce Love/hate bénéficie d’une production soignée qui rend justice au genre. Le groupe ne réinvente rien mais met tant de cœur à l’ouvrage que l’on a envie de les soutenir. On a envie de sauter, chanter et surfer… Reste un détail à travailler pour séduire un public étranger.

ANTHARES: After the war

France, Thrash (M&O, 2024)

Ils sont sérieux, ces Bretons? Comment ça thrashe sévère ce After the war, quatrième album d’Anthares ! C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs plats, dit-on. On dit aussi que ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. Anthares entre dans ces deux catégories. Le groupe se forme en 1994 à Morlaix, en Bretagne, publie Eps et album, tourne avant de se séparer au tournant du millénaire. Le trio d’origine, Fanfan (guitares), Fanch (batterie) et Phil (basse) décident de remettre le couvert en 2013 et sont rejoints par Julien (chant) et Tanguy (guitare). Ensemble, ils publient To my last breath en 2014 et Addicted to chaos en 2019, se produisent en 2014 au Hellfest et se forgent avec le temps et les concerts une solide réputation. C’est encore plus déterminés que les cinq d’Anthares se rappellent aujourd’hui à notre bon souvenir avec After the war qui prend l’auditeur à la gorge du premier au dernier riff – sans parler de cette pochette plus démoniaque que tout ! C’est simple: la fureur ne subit qu’un « temps calme » au milieu de Lost (plus heavy que thrash, avec un peu de clarté dans le chant. Mais tout est relatif) tant l’ensemble est puissant. Les riffs, directs, incisifs et tranchants, le chant agressif, hargneux et déterminé, la rythmique dans ta face qui pilonne comme une batterie de missiles, tout est réuni pour que se cassent les nuques. Circle pits assurés ! De Arise the war cry à After the war, aucun des neuf titre ne laisse indifférent. On se demande simplement pour quelle raison Anthares se fait aussi rare…

ROLLYWOODLAND: Dark fate for judgement day

France, Hard rock (M&O music, 2024)

Ca commence avec une intro que les amateurs de SF – et des concerts d’Airbourne – connaissent bien. Le thème générique de Terminator ouvre ce Dark fate for judgement day des Français de Rollywoodland dont le premier album, Appetite for seduction, avait vu le jour en… 2012. Les voici donc qui reviennent, plus d’une décennie plus tard, avec un nouveau méfait sous les bras, un album de 15 titres (Judgement day, l’intro, inclus) dans un esprit potache et décalé. On sourit au démarrage avec les Ugly, No shit (on the sidewalk) – un coup de gueule personnel comme nous l’explique le leader du groupe (interview à suivre) – ou autre Nunchaku qui évoquent aussi bien Steel Panther (sans les références sexuelles) que les plus récents Princesses Leya. L’ensemble fleure bon l’amour du heavy rock 80’s, du hair metal, certes, seulement voilà… Rapidement la recette retombe comme un soufflé qu’on aurait trop fait attendre. Même si Rollywoodland n’a pas la prétention de renouveler le genre, et malgré la chasse aux références distillées tout au long de cet album, il manque ce petit grain de folie, cette étincelle, qui (me) donnerait envie d’écouter ce disque d’une traite. Même si le tout est très correctement produit, et réserve quelque très agréables surprises (comme cette reprise de Michael Jackson, Another part of me), je passe un bon moment sans que pour autant quoi que ce soit ne m’envahisse l’esprit. Dark fate est un album de pure détente qui donne envie d’être réécouté, et, finalement, on ne lui en demande finalement pas plus.

SATRA: Sands of time

Finlande, Metal symphonique (M&O music, 2024)

Le propos est clair dès les premières mesures de From the night, morceau d’ouverture de Sands of time: Satra évolue dans le registre du metal symphonique classieux, celui de Nightwish ou d’Evanscence, deux références immédiates. Le son est propre, le chant de Pilvi Tahkola clair et bienveillant. Mais loin de se contenter de naviguer sur les eaux des groupes précités, les Finlandais explorent des horizons orientaux, asiatiques… et s’amusent des différentes cultures intégrées à leur musique. Toutefois, malgré des compositions ultra carrées et entrainantes, il est difficile pour Satra de se défaire de ses influences, un peu encombrantes. Mais je me laisse entrainer dans cet univers apaisant avec bonheur tout au long des Golden city, Stars, Secret place et autres Shadow engine. Si le groupe a trouvé son registre mais pas encore tout à fait une identité sonore et musicale qui lui soit propre, Sands of time fait partie de ces albums vers lequel on revient facilement et avec plaisir. Pas étonnant que Therion les embarque sur les routes (à découvrir ce 25 février à la Machine du Moulin Rouge à Paris)

EVE’S BITE: Blessed in hell

France, Heavy metal (M&O music, 2024)

Formé à Saint Etienne en 2014 par le guitariste chanteur Olivier Jourget, Eve’s Bite publie 2 Ep (Dive into the vice en 2015 et Holy waters en 2017) avant de voir sa section rythmique jeter l’éponge en 2018. Il faudra à Olivier de la patience, deux années de patience, avant de compléter sa formation aujourd’hui composée de Anthony Coniglio à la seconde guitare, Nicolas Matillon à la basse et Laurent Descours à la batterie. Deux années puis un covid… mais rien ne semble vouloir entamer la volonté du leader dont le groupe revient aujourd’hui avec un album complet, Blessed in hell. Amoureux du heavy 80’s, foncez! Car si les influences sont évidentes – au hasard, Iron Maiden, Judas Priest, Metallica, Megadeth, Motley Crue, Ratt, sans parler de Skid Row (ce chant à la Sebastian Bach qui manque cependant parfois d’un peu de précision mais quand même…), voire même l’influence d’un Existance de plus en plus en vue – elles sont parfaitement intégrées à un ensemble entrainant. Ce Blessed in hell monte en puissance, fait taper du pied et secouer la tête. Alors s’il y a quelques défauts (une ballade pas forcément nécessaire, un chant parfois mal maitrisé, des arrangements qui pourraient être mieux arrangés), si les Stéphanois ne réinventent rien, on se laisse facilement prendre au jeu de Eve’s Bite. C’est frais, ça déménage et on n’en demande pas plus. De l’envie et du plaisir.

DEEP WITHIN

USA, Metal (M&O music, 2024)

Fondé à Los Angeles en 2020, Deep Within développe son concept visuel et musical avant de s’engager sur les routes et d’entrer en studio pour nous proposer aujourd’hui ce premier album auto-nommé. Dès le morceau d’ouverture, Fractured, le ton est donné: les Américains proposent un heavy metal burné, doté de riffs efficaces qui fait s’agiter les crinières jusqu’à… jusqu’à ce qu’intervienne ce qui fait office de chant. Une voix rageuse, hurlée proche du black metal parfois qui rentre dans le tas et dans le lard. Mais bientôt, Deep Within interpelle et surprend en variant ses plaisirs: dès On coming storm, le groupe propose une variété de chants, débutant ici avec ces voix typique du heavy US mélodique moderne avant de s’orienter vers du black que rencontre une voix féminine claire et bienveillante, transformant sa musique en un metal hybride, pêchu et riffu à souhaits. On retrouve ci et là des traces d’Evanscence, d’Iron Maiden ou encore d’Amon Amarth, des montées en puissances efficaces et de purs moments de headbanging et neckbreaking (Ground, Time machine, Valhalla, Strong arm ou encore le morceau éponyme) ou d’autres plus simplements joyeux et festifs (Devil’s den). Ce premier essai, réussi, est une invitation à taper du pied et se révèle efficace de bout en bout. Belle découverte!

HEADS UP: The way of the cure

France, Punk rock (M&O music, 2024)

Avec sa illustration d’un maxi burger géant à la poursuite de 4 énergumènes, on se dit d’emblée que Heads Up n’a rien de très sérieux. Et, une fois l’intro de The way of the cure passée, on replonge dans ce punk rock US festif et enjoué. L’esprit de The Offspring et de Sum 41, voire de la série Friends, plane en effet tout au long de ces 10 chansons qui font taper du pied. Ok, on est en terrain connu, celui d’une musique calibrée pour faire s’agiter les pieds lors d’un spring break, celui d’un rock déconneur et pas prise de tête. Alors on pardonnera volontiers cet accent franchouillard (quoique… pas sûr que ça n’irrite que moi). On identifie en effet immédiatement l’origine du groupe. Car, oui, Heads Up est une formation française, un combo qui a grandi avec les références précitées, et qui, bien que ne réinventant rien, s’en donne à cœur joie. On tape du pied mais est-ce suffisant pour vraiment percer? Il ne fait cependant aucun doute que Heads Up entraine son public dans son délire une fois sur scène, car sa musique est taillée pour.

SIGNS OF DECLINE

France, Metal extrême (Ep, M&O music, 2023)

Quatre titres. Quatre petits morceaux se trouvent sur ce premier Ep et le diable sait que l’auditeur en sort exsangue tellement ça tabasse sec! Signs Of Decline nous offre un condensé de brutalité et de mélodie au travers de ce premier Ep qui propose des duels vocaux mêlant rage hardcore et hurlement black, parfois teintés, adoucis, d’un chant clair. Oui, il y a de la brutalité tout au long de ce disque mais au delà du hardcore ou du black/death, on trouve également des relents de heavy metal pur jus. L’ensemble est bigrement bien foutu, se laisse écouter d’une traite et on sort de l’expérience rincé, lessivé. Si Signs Of Decline s’adresse à un public averti, le curieux amateur de sensations fortes trouvera aussi de quoi se repaitre. Un groupe à suivre!

DEAD EARTH: From the ruins

Thrash/Hardcore, USA (M&O, 2023)

Comment ça envoie! Formé en 2018 à Cleveland, Dead Earth a publié un premier album, Truth hammer, en 2019. Crise sanitaire oblige, il a fallu aux Américains patienter avant de revenir armé de ce From the ruins qui thrashe de bout en bout. Dès Fear no one, le message est clair: un chant enragé, des guitares qui cisaillent et charcutent, une rythmique en béton armé et des mélodies qui vont du heavy metal traditionnel au thrash des vieux jours, l’ensemble mené par un esprit résolument hardcore. On trouve tout au long des 11 titres des influences évidentes – Slayer, Exodus, Suicidal Tendencies, Sick Of It All… – et d’autres qui le sont moins mais bien présentes – Iron Maiden, Motörhead, le punk anglais de la fin des 70’s. Dead Earth parvient à proposer des morceaux qui alternent les tempi, frappent aussi sévèrement qu’ils entrainent l’auditeur dans des recoins plus calmes (ce break quasi acoustique sur Monster est une bouffée d’air frais!) La grande force de Dead Earth est de proposer un album dont la variété des titres – et dans les titres eux-mêmes – n’essouffle pas et même interpelle. Ok, ça bourrine sévère, mais certains passages se révèlent si fédérateurs qu’on ne peut résister à cette explosion d’énergie positive. Un défouloir d’une superbe efficacité!

ABOUTMEEMO: Zugzwang

Irlande, Rock (M&O, 2023)

Étonnant album que celui-ci… Déjà le titre – Zugzwang – peut se traduire de deux manières (somme toute similaires) : le mot allemand signifie être au pied du mur, mais le terme est également utilisé aux échecs pour désigner un coup contraint. Et l’artiste se nomme About Meemo. La lecture des crédits du CD indique que l’album a été « enregistré pendant la difficile période de 2022/2023 (…) La pire période de ma vie. Mais je suis encore debout ». Disque défouloir, exutoire? Le gaillard nous offre une introspection tout en douceur. Malgré l’avertissement qui pourrait laisser supposer un album sombre, ce Zugzwang s’avère en réalité plein de vie, et de chaque titre émane une lumière. Cet album est simplement rock et évoque parfois U2 ou Pink Floyd, mais l’ensemble reste très personnel. Sans être forcément joyeux, ce disque ne sombre jamais dans la plainte facile et gratuite et cherche bien plus l’optimisme et la résilience que le vide et l’oubli.